I carry the time we don't talk
In a back pack
Leave it on the side with the nights you didn't
Call me back

Cool girl, will be different
I'll be quiet, I'll be easy


Des regards qui se cherchent, les vagues océan emportant le cœur de l'égyptienne jusqu'au bord de ses lèvres. Des gestes qui frôlent, faisant fondre comme neige au soleil cet horizon de glace, distance entre elles qui se réduit avec les verres, au fil du temps. Elle se mord la lèvre, les flammes léchant ses iris ambrés, trahissant les idées qui traversent son esprit à chaque caresse portée. Et la soirée s'achève avec ces chuchotements sourds, ces pas minutieux mais pressés, cette porte de chambre s'ouvrant à la volée, se refermant avec discrétion. Les corps tombent, s'emmêlent dans les draps blancs. Le souffle se fait court, les baisers se multiplient, et la main de l'égyptienne parcourt les cheveux coupés, descend la chevelure pour refermer les doigts sur cette nuque pâle et douce, les doigts bien vite rejoints par ces lèvres qui goûtent au parfum de son amante. L'appeler à l'aide pour Halloween avait été la meilleure idée qu'elle ait eue. L'idée d'une autre, en somme, appliquée bien malgré elle. Un défi bienvenu, les conséquences s'ensuivant la débarrassant de tout doute aussi vite que de leurs habits. Si elle avait été frustrée alors, la soirée se finissant sagement, et pensé que la chanteuse n'était plus attirée, elle avait compris qu'il en était tout autre avec le sms de ce soir. Une invitation bienvenue. Une soirée prometteuse. Cueillant les lèvres de la rockstar, l'embrassant langoureusement, elle se presse tout contre elle, la chaleur de leurs corps lui embaumant le cœur. Et pas que. Quelques râles, bien vite étouffés par d'impérieux baisers, des doigts enjôleurs, parcourant les corps sous les frissons de désir. Et si les ébats furent bienvenus, les deux corps s'entremêlant pour leur plus grand plaisir, Dahlia ne put qu'apprécier, épuisée, de trouver repos dans les bras de son amante, quêtant un doux repos. Pour rien au monde elle ne changerait les choses. Et elle s'endormit sur ces pensées, le visage lové dans son cou, respirant ce parfum unique et familier. Elle s'assoupit, sereine.

Peu à peu, Morphée la quitta, semant en elle les premières poussières de l'éveil. Les jambes bougent, la tête se tourne ; et les paupières, lentement, s'entrebaillent, s'accoutumant difficilement à la lumière du jour levant. Cueillant ses lèvres, Dgee l'accueille avec tendresse. « Mmhm.. » gémit-elle, à la limite du grognement, acceptant le baiser avec plaisir ; le réveil un peu moins. Elle porte le dos de la main à ses lippes et bâille doucement. Ouvrant un peu plus grand les yeux, elle se relève, appuyant la tête sur un de ses coudes. « Bien dormi ? » lui demande-t-elle, le bâillement endormi laissant place à un sourire radieux. Etait-elle en train de rêver ? La personne qu'elle appréciait était à ses côtés, dans le lit, après une nuit magnifique. Car elle était bien là, Dgee. Elle n'était pas partie, comme la première fois. Un constat douloureux qui l'avait saisie alors. Non, elle était bien là, su ce lit avec elle, en jean et sous-vêtements. Les sourcils se froncèrent alors subitement, réalisant la tenue à moitié enfilée. Et un sentiment d'horreur pointa dans sa poitrine, levant des nuages d'inquiétude dans les yeux châtaigne. « Tu t'en vas ? » demande-t-elle, incrédule, la voix chevrotante malgré elle. Déglutissant, elle essaie de reprendre contenance, ne voulant pas paraître trop dépendante. Elle savait ce qu'en pensait la chanteuse, des relations trop émotionnelles. Il fallait qu'elle prenne ça à la légère. Peut-être voulait-elle aller chercher les croissants ? Ou bien avait-elle une urgence ? Rien de quoi s'inquiéter. C'était la première fois qu'elle l'invitait dans son lit. Son vrai lit, au manoir, l'y faisant entrer en douce. Et elle refusait de croire que la brune comptait s'en aller dès les premiers rayons du jour, comme si les deux femmes venaient à peine de se rencontrer. Non, elle avait changé. Elles avaient changés. Tout était possible désormais. L'espoir plein le cœur, Dahlia plaisanta : « Si tu vas chercher les croissants, passe par le balcon pour éviter les gardes, je te lancerais ma longue chevelure à ton retour.. » Les gardes, c'étaient le domestique, ou bien sa famille. Quand au balcon, mieux valait ne pas s'y risquer, étant quelque peu en hauteur. Mais si elle se faisait traiter comme une princesse, autant jouer le jeu. « D'ailleurs, t'es pas censée m'embrasser avant que je me réveille ? Comment savoir si tu es bien mon prince charmant maintenant ? Tss.. amateurs.. » Elle secoue la tête, les mèches auburn dansant joliment alors que les yeux roulent dans leurs orbites. Elle la charrie, parce qu'elle sait qu'elle est réceptive au second degré.

I carry the time we don't talk
In a back pack
Leave it on the side with the nights you didn't
Call me back

Cool girl, will be different
I'll be quiet, I'll be easy

Elle fait mine de s'offusquer à sa réplique, détournant le regard pour river ses yeux chocolat sur la fenêtre. Quelques oiseaux perchés sur une branche aux rares feuilles s'ébouriffaient les plumes, tentant de se parer aux fraicheurs apportées par les brises de ce début d'hiver. Si elle se sentait un peu mal pour eux, elle était d'autant plus heureuse de profiter de la chaleur et la douceur de ses draps, bien à l'abri dans le manoir. Revenant dans le lit, sentant la présence de Dgee de nouveau à ses côtés, elle cessa instantanément sa bouderie prétendue. Sentant les doigts de la femme courir sur ses épaules, elle en frissonna, tournant un regard presque amouraché vers celle qui avait décidé de rester. Malgré elle, cette petite voix qui avait crié en voyant la brune levée, se calma quelque peu, étouffant ses craintes de la voir se volatiliser. De n'être qu'un numéro sur un joli tableau, trophée de chasse.

Lui répondant du tac-au-tac, les iris perdent toute douceur quand Dgee l'invective. « Hey !! C'est pas de ma faute si tes grandes jambes dépassent des couettes ! » l'attaque-t-elle à son tour, moitié sérieuse, moitié rieuse. Une querelle banale, qu'elle aimerait qualifier de normale, si cela ne faisait pas aussi longtemps qu'elles n'avaient partagées leurs nuits. Lorsque l'échappade fut énoncée tout haut, Dahlia pointa un doigt accusateur et laissa échapper un cri de triomphe. « Aha ! Je l'savais ! » s'exclama-t-elle. « T'as juste oublié un détail : Cerbère qui monte la garde. » glousse la brune, penchant la tête pour la poser sur l'épaule de Dgee. Cerbère, gardien des Enfers. Chacune de ses têtes pouvait être vue comme un membre de sa famille, finalement. Si Dahlia était une princesse, elle serait sans doute Raiponce. Si elle était une déesse, elle serait alors Perséphone, prisonnière de l'Au-Dela. Parce qu'elle avait beau vivre dans un Palais doré, le nom de sa famille et l'emprise de son père et de sa culture sur elle étaient si fortes qu'il y avait des jours où elle se sentait prisonnière de sa propre vie. C'était souvent dans ces moments-là qu'elle cherchait la liberté, la folie de l'instantanéité, l'insouciance. Mais Dahlia était simplement Dahlia, et elle dut vite redescendre sur Terre. Elle n'était pas dans l'un de ses romans, ou dans les méandres d'histoire de quelque oeuvre d'art. Elle était dans sa chambre, avec cette femme qu'elle avait réussi à amadouer. Ou bien était-ce l'inverse. Celle à qui elle se devait de lui dire ce qu'elle ressentait, mais où ses lèvres restaient scellées, la peur lui nouant le ventre. Plus tard, se répétait-elle. Toujours plus tard. Pourtant, grandissait en elle cette question, dont elle brûlait de connaître la réponse.

Mais pour le moment, elle savourait l'instant, répondant à une Dgee prête à se glisser de nouveau sous la couette. « Promis juré. » articula-t-elle avec une délectation non dissimulée, se réjouissant de la voir rester. Certes, elle avait grandi la menace qui pesait sur sa tête de devoir se faufiler dehors à cette heure. Car en vérité, seul son père était matinal mais restait enfermé dans son bureau privé, la porte fermée. Peu de risques qu'elle croise donc la petite tribu à cette heure. Mais elle le savait, pas vrai ? Dahlia n'était pas bonne menteuse, aussi l'hydre présumée à éviter devait-elle être risible, la vérité se lisant clairement sur ses traits. Et quelle vérité ! En une fraction de secondes, l'autre arrivait à la faire chavirer d'émotion en émotion, passant tantôt de la peur à l'affection, du rire à la séduction. Ne la quittant pas des yeux, elle attendit qu'elle se retrouve de nouveau à ses côtés, s'adossant sur un coude. « Si je devais te jeter quelque part, là tout de suite, ce ne serait pas dehors, crois-moi.. » lui susurra-t-elle, se rapprochant dangereusement pour venir couler ses lèvres dans son cou, lui volant quelques baisers enjôleurs.

I carry the time we don't talk
In a back pack
Leave it on the side with the nights you didn't
Call me back

Cool girl, will be different
I'll be quiet, I'll be easy

Elle rit, gloussement futile aux bêtises qu'elles inventent, qu'elles se racontent pour éviter l'inévitable. Dahlia n'a pas envie de la voir partir. Pas tout de suite. Il faut qu'elle reste encore un peu. Toujours ? Les cils battent l'air, papillons noirs cachant ce regard fragile, amoureux. Plus elle la regardait, et plus elle sentait son pouls accélérer dans sa poitrine. Elle ignorait beaucoup de son passé, et pourtant elle se sentait bien avec Dgee. Elle se sentait complète. « Des preuves, mhh ? Je devrais pouvoir en fournir quelques-unes.. » se joue-t-elle de son amante, tentant de cacher ce petit sourire sournois alors qu'elle la dévore des yeux. Ses lèvres s'approchent, et embrassent ce cou tendre de délicieux baisers, pour finir par glisser sur ces lèvres rosées. Dgee ne se fait pas prier, renchérissant avec une sensualité presque bestiale. Et l'espace d'un instant, elle se laisse subjuguer, riant sans lui répondre.

Quelques instants passent, avant que Dahlia ne rompe leurs entrelacs. Ses yeux chocolat dévisagent lentement les traits de la chanteuse, comme s'ils les découvraient pour la toute première fois. La main passant sur ses cheveux, coulant sur sa joue, les doigts finissent par attraper gentiment ce menton, approchant leurs visages une énième fois. Ses lippes ravissent les siennes d'une affection pleine. Soupir tendre, étreinte douce, elle quitte la sensualité du moment pour fournir quelque chose de plus doux. Sans un mot, elle pousse ce petit cri du cœur, soufflant un 'je t'aime' muet alors que leurs lèvres se scellent pour finalement se quitter. Ses yeux ne mentent pas, et sont bien vite accompagnés par un petit sourire gêné, écartant quelques mèches brunes pour les mettre derrière son oreille. « Je sais que tu as une certaine réputation à tenir.. du moins, je présume. » commence-t-elle, détournant le regard comme si l'idée qu'elle tentait d'émette était plus embarrassante que leurs corps nus. « Je.. Tu sais, je t'apprécie, Dgee. Alors.. Enfin, si jamais tu voulais passer à l'étape supérieure, on.. enfin je.. » Elle balbutie, se perd dans les mots.

Inspirant doucement, elle braque son regard dans le sien, décidée à assumer le cheminement de sa pensée jusqu'au bout. Il fallait qu'elle lui dise, qu'elle lui fasse comprendre que pour elle, elle n'était pas qu'une super star, qu'elle n'était pas qu'une bonne partie de jambes en l'air. Elle était beaucoup plus. Perdant toute gêne, les joues pourtant encore rosées d'embarras, elle souffle avec confiance, le regard amoureux : « Je suis prête si tu l'es. » Quelques secondes passent, et Dahlia, soucieuse de s'être faite mal comprendre, explicite, un petit gloussement dans la voix : « Mlle Gabrielle Scott, voudriez-vous sortir avec moi ? Officiellement, j'entends..en dehors de ces draps. » Les yeux rieurs, le sourire enjôleur, Dahlia attend sans broncher la réponse de cette amante qu'elle pensait cerner. Et la naïve ignorait tout du faux pas dans lequel elle s'était fourrée, pas encore bien consciente d'à quel point son cœur pourrait être brisé.