C'est exactement cela. Lorsque l'on est conducteur, même si le feu est vert, le piéton est quand même prioritaire. Que je dis en regardant la dizaine d'adolescent prêt à commencer la conduite accompagnée. Je veux bien que cela rentre dans leur petite tête. Ce n'est pas parce qu'un piéton traverse à la va vite, quand son feu est rouge, qu'ils doivent foncer. Étonnement, ça en fait rire quelques uns. Je croise mes bras au niveau de ma poitrine et regarde le groupe de trois garçons au fond de la pièce et dis Vous avez peut-être envie de faire partager vos blagues ? Histoire qu'on en profite tous et qu'on se bidonne. Je les regarde et les toise légèrement, ne cherchant pas à leur faire peur mais bien à leur faire comprendre qu'on ne joue pas à l'abruti quand c'est moi qui donne des consignes. Je suppose que vous, ça vous faire rire, que vous voyez ça comme des quilles poussées par une boule. Sauf qu'une fois dehors, derrière un volant, vous êtes maitre de ce dernier et c'est tout sauf un jeu. Et les accidents peuvent très vite arriver, malheureusement. J'aurais bien envie de leur dire que le créateur de l'association en a payé les frais et pourtant, dieu sait qu'on est obligé d'être des conducteurs aguerris en formule un. Mais il suffit d'une erreur, un millimètre, d'une demi seconde d'inattention et c'est la catastrophe. Votre vie est importante mais aussi celle des gens autour de vous. Et je n'ai pas besoin de vous expliquer les répercussions d'un délit de fuite, non ? Je les regarde tous un à un et l'ambiance 'bon enfant' qui régnait devient un peu plus sérieuse. Je veux bien qu'il y ait un temps pour tout et non, je ne pense pas que l'apprentissage de ce genre de choses soit propice à la rigolade. Chaque chose en son temps. Et il est normal de ne pas vouloir discuter ou écouter de la musique lorsque vous conduisez. Vous devez trouver votre rythme. Avoir confiance en soi, en sa voiture, en connaître les gabarits et gérer tout déplacement. J'ai mis du temps à avoir mon permis voiture, la vitesse étant un grand soucis mais en me contrôlant, tout a fini par bien se passer. Je me dirige vers la porte, rallume la lumière et leur souris légèrement, voyant leurs yeux se réadapter difficilement à la lumière. Mieux vaut être prévenant que finir entre quatre planches. Que je lâche, clairement pour leur faire peur sur ce coup. Ce n'est pas la meilleure prévention que j'ai pu faire mais il faut aussi dire que c'est la première fois qu'un bon tiers de mon groupe décide de faire les andouilles. Cela pourrait presque se voir sur les routes. Les gens qui font bien attention et ceux que ça amuse. Ça ne finit jamais très bien. Quelques remerciements en fin de cours, je file vers une autre salle et discute quelques secondes avec Sasha. Un échange rapide qui se solde par un Je compte sur toi demain ! 10h au Karting ! Ma voix porte et quand je manque de rentrer dans Jupiter, je soupire légèrement. Jupiter. Une manière de dire "bonne journée" et "au revoir" en même temps. Très cordial quoi.

@Jupiter Lynch

Elizabeth n’est clairement pas la personne qu’il préfère, lorsqu’il entend sa voix un peu plus loin, Jupiter soupire. Il se méfie d’elle depuis l’accident. S’il a bien compris qu’il n’était apriori pas volontaire, il ne peut s’empêcher de ressentir une forme de méfiance et d’animosité. Elle est, après tout, celle qui a faillit le priver de Sasha, ce meilleur ami de toujours, une des personnes qu’il aime le plus dans ce bas monde. Et rien que pour cela, malgré le temps écoulé depuis, Jupiter conserve une forme de rancune, avec laquelle il n’a pu faire la paix. Latente et mauvaise, s’il n’en est pas ouvertement agressif, il n’est clairement pas le plus agréable avec elle, ni même le plus aimable.
Cheminant dans les locaux de Drive Safe, il se dit simplement qu’il va juste accomplir ce pourquoi il est là, à savoir récupérer quelques comptes de l’association et papier pour les futurs achats d’organisation du prochain événement. Le reste est accessoire, même s’il passera, bien sur, voir Sasha, comme à chaque fois. S’il peut éviter de croiser Elizabeth, il s’en portera tout aussi bien.

Pourtant, alors qu’il observe les papiers, écoutant distraitement d’une oreille les bribes de conversation, la voix d’Elizabeth le sort brutalement de ses pensées pour laisser un vend d’inquiétude le faire vaciller. Aussi, d’un pas rapide, il se dirige vers elle, vers eux, puisque la réponse de Sasha ne tarde pas. Lui revient encore en mémoire quelques semaines après son divorce, la douleur fulgurante ayant frappé son meilleur ami après une séance de pilotage. Le souvenir est aussi douloureux qu’intact dans sa mémoire. « Elizabeth » Dit-il froidement après que leurs corps se soient bousculés sans douceur. Visage qui s’abaisse vers elle, puisque Jupiter est relativement grand. « J’ai bien entendu ? Tu emmènes Sasha faire du karting ? Sérieusement ? » Ose t-il demander sans demander vraiment, alors que l’inquiétude pulse dans chacune de ses veines. « Tu réalises qu’il n’est pas en état ? » Renchérit-il sans presque lui laisser le loisir de répondre. « Il est encore à peine en train de guérir, il n’y a même pas un an il avait encore des douleurs fulgurantes dés qu’il conduisait je… C’est trop dangereux » Et cette fois-ci, ce n’est pas de la colère qui transparait dans ses mots, c’est bel et bien de la peur. Jupiter n’a rien d’un être foncièrement mauvais et agressif, s’il l’est, c’est qu’il se passe quelque chose, d’autre, au fond de lui. Une rancune tenace, un blessure vive ou comme ici, une peur immense. De le perdre, lui, bêtement. Pour un excès d’adrénaline ou de zèle. Ses prunelles émeraude accrochent les yeux de la jeune femme. Elle doit comprendre, elle doit cesser de le pousser.

S'il y a bien une personne avec qui je n'ai pas envie de passer trop de temps à discuter, c'est bien avec Jupiter. Seulement, il est face à moi, je viens de manquer de lui rentrer dedans et je ne peux pas soupirer trop fort, ne voulant pas laisser Sasha entrer dans cette drôle de relation - querelle qui nous anime depuis un bon pour de temps avec le grand brun. Il y a des animosités qu'il vaut mieux garder secrète pour éviter de blesser trop de monde. Mais je me doute que ça risque d'être mon quart d'heure reproche, vu le regard du jeune homme. Oui ? Que je dis, comme pour répondre à ses précédentes questions et au fait que je sois sérieuse à l'idée d'emmener son meilleur ami au karting. Je ne cherche même pas à débattre puisque j'ai assez souvent eu ce genre de discussions avec Jupiter pour savoir qu'il va m'assassiner du regard, me dire que je suis inconsciente - volontairement ou pas - mais aussi mettre en avant le petit être chétif qu'il pense que Sasha est. Et si j'ai toujours été très cordiale et douce, n'osant pas tenir tête au jeune homme, la culpabilité de l'accident toujours trop présente. Les images ont montré que ce n'était qu'un concours de circonstance, que je ne l'ai pas volontairement poussé dans le décor mais elles ont aussi montré qu'à jouer à celui qui a la plus grosse, un de mes coéquipiers aurait pu perdre la vie. Je l'écoute, entortillant mes doigts sur les ficelles basses de mon hoodie. Je tourne le visage vers la salle dont je sors pour voir si Sasha est toujours là ou non. Il est parti. Bien. Tu réalises que tu l'étouffes comme si t'étais sa mère ? Que je lance, une question pour une question. Il faudrait un juste milieu entre Jupiter et moi mais c'est difficile. Plus il reste loin des circuits, moins il y a de chances pour qu'il y retourne un jour. Parce qu'en Formule un, on a pas vraiment le temps d'attendre et que tout le monde n'est pas Fernando Alonso, double champion du monde. Je ne le drogue pas pour monter dans le kart tu sais. Il y va de lui même. Pas toujours serein, c'est vrai. Il y a des choses qui ne trahissent pas dans notre métier et encore moins sur nos visages. Et la peur au ventre, la peur de remonter derrière un volant est la plus handicapante de tous. Parce que si on a pas confiance en nous et dans l'engin dans lequel on s'assoit, c'est fini. Même pas le début de la fin mais bel et bien la fin. Mais je ne le force à rien, juste à venir et à s'acclimater à ce monde pour lequel il vit et est né. Nous ne sommes que vingt sur la ligne de départ, nous faisons partis des vingts meilleurs conducteurs au monde. Et tu le dis toi même, il y a un an, il avait des douleurs. Il y a UN AN. Et j'insiste bien sur ces mots, mes yeux toujours dans les siens, le ton complètement calme. C'est le passé, il doit se concentrer sur l'avenir. Et j'espère bien que son avenir, ça sera à mes côtés, dans une Haas ou même chez une autre écurie. En tout cas, il y a une chose dont je me rends compte, à ce moment précis, pour mettre dans la tête de Sasha qu'il peut le faire, il va falloir que je travaille le meilleur ami au corps. S'il lui sort les mêmes laïus, je comprends bien mieux l'appréhension constante du Kowalski.