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and daddy made a soldier out of me w/ Melchior

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Sam 30 Jan - 15:33
Candace avait rarement été aussi contente de savoir son père dans le Queens, plutôt qu'à l'autre bout de la ville, dans la maison familiale de Staten Island. Non, non, pas contente, elle n'en avait pas la force. Soulagée ? Oui, c'était le bon mot. Soulagée. Avec le temps, elle avait fini par se faire à son déménagement et, après tout, la maison et tous les souvenirs qu'elle y avait attaché restaient dans la famille. Malgré les chamailleries et la propension de son frère aîné à l'irriter — de tous ses frères, really, ça tenait du talent inné à ce stade et ils n'avaient guère de scrupules à en abuser — Candace avait été rassurée de le voir l'installer. Elle avait beau militer au quotidien pour voir des changements bouleverser toute une institution d'injustices, paradoxalement, elle gérait assez mal le phénomène dans sa vie privée. L'idée de voir la maison de son enfance mise en vente l'avait horrifiée, purement et simplement, mais Reggie, bless his heart, avait calmé ses craintes. Craintes qu'il partageait peut-être, Candace n'en savait rien. Elle évitait les confidences susceptibles de mettre en lumière sa fragilité, avec ses frères du moins. Elle était la plus jeune, la seule fille aussi, et malgré les complaintes, les yeux levés au ciel et les sermons qu'elle ne se privait pas de leur servir à la première occasion, elle aimait à s'imaginer forte et fiable dans leurs têtes. Story of her life, really. Un rôle qui devenait lentement un masque difficile à porter, au fur et à mesure que la fatigue s'accumulait, lourde sur ses épaules qu'elle imaginait pourtant suffisamment larges pour porter le monde. Ou, à défaut, son monde.

Son entrevue avec Bianca était très certainement la goutte d'eau et pour la première fois depuis bien longtemps, en quittant l'association, Candace eut envie de courir se réfugier dans les bras de son père. D'oublier un instant qu'elle était une adulte responsable et indépendante, et de redevenir une gamine encore insouciante qui pouvait tout lui raconter sans peur. Et, par bonheur, elle n'avait pas besoin de traverser tout New York en retenant ses larmes. Il suffisait juste de changer de stations sur le chemin du retour, l'avantage de vivre de nouveau dans le même quartier.

Elle se traîna jusqu'à l'appartement du paternel, Cautious Clay dans les oreilles et son habituelle resting bitch face remplacée par un air plus grave encore, utile pour repousser inconnus comme proches, et se glissa sans bruit à l'intérieur avant d'abandonner son double des clés et ses affaires dans l'entrée. Il était certainement encore un peu trop tôt pour croiser son père chez lui mais Candace n'avait pas la moindre envie de plonger dans l'adrénaline et le stress du rush du restaurant. Là-bas il faudrait sourire, feindre que tout allait bien, répondre aux habituelles questions polies qu'on lui posait. Oui, son stage se passait bien, non, elle ne s'était pas réconciliée avec Esteban. Oui, ses journées étaient bien remplies et non, elle n'avait pas l'intention de se tourner vers la restauration à son tour. Oui, non, sourires et accolades, les rires des employés et la sollicitude de sa tante, un cirque qu'elle n'était pas prête à affronter, d'autant plus qu'un moment d'intimité avec son père n'était jamais garanti. Elle soupira en se laissant tomber sur le canapé, une tasse de café fraîchement fait à la main et son portable dans l'autre. La patience n'était pas son fort mais ça valait mieux qu'un breakdown en public. Elle était prête à attendre, toute la nuit s'il le fallait, si ça signifiait entendre la voix rassurante de son père lui affirmer que tout se passerait bien.

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Lun 1 Mar - 14:51
Une fois n’est pas coutume, il est assez tôt quand Melchior quitte le restaurant aujourd’hui. Sa présence n’est pas nécessaire pour le service du soir, étant donné qu’il y a eu moins de réservations que d’habitude et qu’il n’y a pas d’absences parmi les salariés. Et comme il devait passer à la banque pour quelques histoires de paperasses, il avait souhaité bon courage à tout le monde et leur avait dit à demain. Au fond, ça lui parait toujours un peu étrange, que le restaurant soit ouvert sans qu’il y soit présent, tant il a donné de son temps et de son énergie à cet endroit. Ça sera sans doute toujours bizarre. Mais après ne pas avoir eu d’autre choix que d’y passer ses journées, ils ont trouvé un certain rythme, et il peut donc ralentir un peu. Et puis il fait parfaitement confiance à sa sœur pour s’occuper de tout. Tant qu’un des deux Jordan est présent, il n’a pas de crainte à avoir. C’est donc en sifflotant un air de U2 qu’il marche les quelques pâtés de maisons qui le séparent de la banque, puis de chez lui.
Alors qu’il s’apprête à glisser la clé dans la serrure, il remarque qu’il y a de la lumière sous la porte. Aurait-il oublié d’éteindre en partant ? A moins que… Il entre et s’avance dans l’appartement, pour trouver Candace dans son canapé. Il secoue la tête, en souriant néanmoins. Peu importe qu’elle ait grandi maintenant, la voir ainsi, chez lui, ça lui rappelle des souvenirs. « Hello sunshine ! » Mais cette scène n’est plus vraiment habituelle. Alors, même si elle lui fait plaisir, il se demande ce qui amène sa seule fille chez lui aujourd’hui. Melchior retire son manteau et le pose sur l’accoudoir du canapé avant de s’assoir à côté de Candace. « Comment tu vas ? » Il la connait assez pour savoir que quelque chose la dérange, mais aussi pour savoir qu’elle préférera aborder le sujet d’elle-même. Seule fille parmi quatre hommes en grandissant, Candace n’a jamais aimé montrer ses faiblesses. Question de survie sans doute.

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Dim 18 Avr - 23:19

TW: fatigue/charge mentale, deuil (et métaphores bancales)

Depuis toute petite, elle se plaisait à s'imaginer solide, aussi solide — sinon plus — que ses frères, presque aussi solide que son père. Elle puisait dans cette idée la force d'avancer, jour après jour, et de faire parfois les choix difficiles. Parce qu'elle n'en avait pas d'autre, de choix. Pas d'autre option que de garder la tête haute et encaisser, peu importe ce qu'elle pouvait entendre et voir. Parce qu'elle manquait d'expérience dans un univers où l'ancienneté faisait foi de sagesse, parce qu'elle restait une fille dans une famille d'hommes, parce qu'elle était femme racisée dans un monde de blancs. Parce qu'il fallait se dresser, robuste et endurant, pour survivre. Elle s'était construite sur cette idée, avait empilé les briques de son existence les unes après les autres sur cette certitude mais à peine arrivée à vingt et quelques années, Candace n'était plus sûre de rien. La fatigue, peut-être, et un trop plein de rancœur qu'elle avait jusque-là gardé soigneusement en bouteille et balancé dans un océan d'excuses qui, lentement mais sûrement, la noyaient. Pas le temps, pas d'intérêt, d'autres problèmes à gérer. Pour quelqu'un qui avait officiellement la procrastination en horreur, elle s'y adonnait sans vergogne à l'abri des regards.

Elle aurait donné cher pour retourner à l'insouciance de ses six ou sept ans, quand son plus gros souci se résumait à une grossièreté répétée par l'un ou l'autre de ses frères. Courir se réfugier dans les bras de son père avait du sens, à cette époque-là, et ne s'accompagnait pas de la sensation profondément désagréable et destructrice d'avoir échoué. Candace n'avait pourtant rien raté, ni ses examens, ni les objectifs dictés par son patron qui accompagnaient ceux que lui murmuraient cet infatigable besoin d'en faire toujours plus, de se battre toujours plus fort. Mais elle était fatiguée, écrasée par tous ces petits regrets fugaces qui lui rongeaient le cœur en silence. Vraiment, Bianca et son retour inattendu était le problème de trop, la goutte d'eau qui menaçait de détruire le barrage de ses émotions, prêt à déverser ses torrents . Bianca et le collier, ce maudit, merveilleux collier auquel Candace s'était raccrochée avec autant de force qu'aux souvenirs de sa mère que pouvaient lui narrer ses proches. Ce stupide collier qu'elle avait cru disparu à jamais, lâchement volé par une fille colère, dont elle avait refusé de pleurer la perte. S'apitoyer là-dessus, c'était réouvrir le chapitre d'un deuil qui lui était presque étranger. De sa mère, elle ne gardait que quelques images, flashs colorées que complétaient les anecdotes familiales et les photos encadrées, accrochées ou glissées entre les pages de ses livres préférés. Des larmes, elle ne se souvenait pas d'en avoir versé au moment fatidique mais la mémoire avait ses secrets et ses réflexes protecteurs. Il y avait eu des instants de chagrin, plus tard, devant l'amour maternel que recevaient ses camarades de classe, devant la sollicitude des mères de ses ami·e·s, devant les instants de complicité auxquels elle avait le malheur d'assister. Oh, Candace n'avait pas manqué d'affection, loin de là, mais si fantastique qu'avait pu être — et restait — son père, combler un tel vide relevait presque de l'herculéen. Et peut-être, oui, peut-être que Candace ne lui avait pas rendu la tâche facile, mais at the end of the day, il était là, toujours là, et pas sa mère. Sa mère, elle, restait figée sur papier glacé, emprisonnée dans des bibelots comme le fameux collier retrouvé, accroché à la hâte à la sortie d'El Halito de crainte d'être perdu à nouveau.

Ce n'était certainement pas le bijou le plus délicat qui soit, pas le plus cher non plus, pas même un grain de poussière dans l'histoire de l'humanité mais il semblait peser si lourd autour du cou de Candace. Elle aurait eu le temps de le retirer des dizaines et des dizaines de fois avant d'entendre son père arriver, mais elle était trop exténuée pour bouger, engluée dans le canapé, son café finalement oublié dans un coin. Elle se redressa à peine devant le paternel, l'ombre d'un sourire illuminant son visage le temps d'une seconde ou deux. Bien lui monta aux lèvres immédiatement, plus habitude que réel mensonge, mais le mot semblait collé à son palais, incapable de sortir. Avec un soupir, elle se recroquevilla à côté de son père, glissant sa tête sur son épaule en reniflant. Je sais pas, lâcha-t-elle tout bas, les bras crispés autour de ses genoux, je suis tellement fatiguée papa, je sais pas, je sais plus où j'en suis. Et je— ça fait un moment mais c'est- je sais pas comment, comment le dire ? C'est tellement stupide, je sais pas- j'arrive pas à deman— demander de— Sa voix se brisa sur un sanglot qu'elle ne parvint pas à ravaler. Je veux juste, je sais pas, je sais pas ce que je veux. Peut-être que j'ai juste besoin de pleurer un bon coup. Tu le diras à personne ? ajouta-t-elle dans un murmure, osant relever la tête pour croiser le regard de son père, tremblante de honte et de chagrin mêlé.

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Mer 28 Avr - 15:12
Lorsqu’on devient parent, on est bien loin d’imaginer tout ce que cela implique. On est préparé aux nuits sans sommeil, aux responsabilités, aux disputes et aux cris. Tout cela, on l’imagine sans peine. Mais on n’imagine rarement comment seront les choses une fois les enfants devenus adultes. Une fois que, en théorie, ils ne sont plus des enfants. Mais ils restent vos enfants et ça, ça change tout. Et de temps à autre, chaque enfant de Melchior est concerné. Aucun ne fait complètement exception. Et sans doute que ça le rassure un peu. Son rôle de père n’est pas terminé. Ils ont toujours besoin de lui. D’une autre façon. Qui n’est pas toujours plus simple. Mais il donnera toujours tout ce qu’il peut pour essayer d’arranger leurs problèmes, ou au moins pour les adoucir. C’est un rôle auquel il ne s’était pas attendu, lorsque Tracy avait donné naissance à leur première enfant, mais il l’accepte avec plaisir. Ce n’est pas maintenant qu’il va finir par abandonner ses enfants.
Alors, même s’il avait envisagé de s’ouvrir une bouteille de vin et de ne rien faire de sa soirée libre, Melchior ne compte pas mettre sa fille dehors. Si elle s’est retrouvée sur son canapé, en son absence, c’est qu’elle avait besoin de lui. La dernière fois qu’il lui a parlé, elle semblait aller bien. Quelques petits détails qui pouvaient la faire râler, mais rien de grave du point de vue de son père. Mais il sait que ça peut changer facilement. Que Candace a toujours su garder la tête haute, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus. Etre la dernière parmi trois frères en est sans doute la raison. Parfois, Melchior se dit qu’il aurait pu faire les choses autrement, pour que sa cadette occupe une place différente. La place qu’elle aurait dû avoir, si sa mère ne les avait pas quittés si peu après sa naissance. Oui, il regrette de n’avoir pas toujours su être le père présent et encourageant qu’il aurait dû être. Mais il ne peut pas revenir en arrière. Et peu importe. Il aime sa famille comme elle est. Il aime Candace comme elle est. Avec ses forces comme avec ses faiblesses. Cette combinaison rare qui la rend si spéciale. Alors forcément, ses projets pour sa soirée sont immédiatement mis de côté, et il s’installe à côté de Candace sur le canapé. Comme si c’était parfaitement normal de la trouver ici. Comme s’ils étaient encore chez eux, dans la maison de Staten Island, et que Candace rentrait du lycée. Une époque pas si lointaine que ça. Elle pose la tête sur son épaule et rien qu’au rythme de sa respiration, il sait qu’elle retient ses larmes. Son reniflement le lui confirme. Ses mots encore plus. Face à son incapacité à former ses pensées, ses phrases, Melchior se sent impuissant. Son premier réflexe est de passer son bras autour de ses épaules, alors qu’elle parle encore, visiblement très fragilisée par quelque chose. Et Melchior voudrait tellement qu’elle ne ressente jamais cette peine. Il aurait aimé pouvoir l’en épargner. Mais dès le départ, le destin en avait décidé autrement. Alors si elle veut pleurer, ce n’est certainement pas son père qui le lui interdira. Et quand elle pose son regard dans le sien, il essaye de le faire le plus rassurant possible. Il hoche la tête, comme pour répondre à sa question, et presse sa paume contre son bras. « Promis, tes frères ne le sauront jamais. » Parce que c’était forcément d’eux qu’elle parlait. A qui d’autre pourrait-il raconter ça ? Non pas que ça lui effleure même l’esprit d’aller dire à ses fils que leur petite sœur est venue pleurer dans ses bras. Elle est venue chercher son aide à lui. Ou au moins son réconfort. « Tu peux pleurer. Tu peux ne pas savoir ce que tu veux. Tu peux faire tout ce dont tu as besoin. Parce que je sais que tu te relèveras toujours. » De ça, il n’a aucun doute. Même si ça ne cessera jamais de lui briser le cœur de la voir souffrir ainsi.

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