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Please don't call my ex - Elior

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Dim 7 Mar - 19:44
Pour montrer à Anneke qu’il avait quand même un semblant de vie sociale, Wes allait de temps en temps traîner chez ses amis. Il y faisait exactement la même chose que chez sa coloc, c’est-à-dire perdre son temps. Ce jour-là, c’était chez Elior qu’il avait décidé de s’échouer. La compagnie exubérante du jeune homme lui faisait du bien. Lui non plus n’était pas au mieux de sa forme ces derniers temps, mais au moins il ne se laissait pas dépérir comme le faisait le musicien.

Encore une fois, ils s’étaient chamaillés pour choisir la playlist. Mais finalement, Elior avait gagné – comme d’habitude. À croire que Wes lui laissait toujours la victoire. Il avait râlé, critiquant les goûts de son ami avec toute la mauvaise foi dont il était capable. Il jouait très bien le snobisme. Mais à le voir tapoter le rythme du bout du pied, il ne devait pas détester tant que ça.

Alors qu’il se laissait tranquillement bercer par la musique, silencieux, Wes réalisa qu’il avait égaré son portable. Il se leva en jurant. Il entreprit de retourner tous les coussins du canapé : rien. Elior ne lui prêtait aucune attention, il avait le nez plongé dans son téléphone. Wesley trouva une peluche d’Adam coincée sous l’accoudoir et la balança au visage d’Elior pour attirer son attention. « T’as pas vu mon portable ? » Il poussa un soupir las, laissant tomber ses recherches aussi vite qu’il les avait entamées. Flemme. Il devait l’avoir oublié chez Anneke, voilà tout. Tant qu’il était debout, autant aller se resservir un verre de soda.

Ce n’est qu’en revenant de la cuisine qu’il tilta. Depuis le début, c’était sur son smartphone qu’Elior pianotait frénétiquement. « Ça va je te dérange pas ? T’écris à qui là ? » Il protesta mollement : « Pas de conneries s’il te plaît. » De toute façon, ses conversations ne contenaient rien de compromettant. Pas de ragots. Encore moins de sextos. Que des messages laconiques, mono-syllabiques. Il se laissa retomber, pas tellement inquiet. « Tant que t’insultes pas des gens en te faisant passer pour moi… Et que t’évites de recontacter une ex… » S’il avait su ce que trafiquait son ami, il se serait rebellé davantage.

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Sam 13 Mar - 19:48
Je me tape mon meilleur karaoké, et je sens le regard de Wes qui se veut si accusateur posé sur moi. Il fait semblant, je le sais, je le connais. Il me dit que les chansons que j'écoutes ne sont pas cool, que le rythme n'est pas entraînant, me regarde les chanter comme si ma vie en dépendait avec un sourcil haussé. Mais au fond, c'est ça qu'il aime chez moi, je le sais. Surtout que je ne considère pas que j'ai eu à me battre tant que ça pour la choisir, cette playlist. Je finis toujours pas avoir ce que je veux, surtout en face de Wes. 
Il faut dire ce qui est, mon ami commence à me faire pitié à flâner de canapé en canapé, j'ai parfois l'impression qu'il attend simplement que le temps passe, que la vie suive son cours, et je me demande si il vit encore réellement autrement qu'à travers le passé. J'aimerais pouvoir l'aider à bouger ses fesses, à sortir un peu plus, à rencontrer du monde. Mais je le connais, si je mentionne ne serait-ce qu'une seule fois mon idée, il ne va pas aimer, va ronchonner comme un ours mal léché. Alors, je vais devoir m'en charger tout seul, prendre la vie de mon frère en main moi-même, puisqu'il semblerait n'est pas capable de le faire sans qu'on le pousse un peu. 

Je profite donc d'un moment d'inattention, et alors que je chante High Hopes de Panic! At the Disco avec tout l'air qu'il me reste dans les poumons, je pique le téléphone de Wes. Vous savez pas la meilleure ? Le gars a même pas de mot de passe quand on veut sortir de son écran de verrouillage. Mon petit doigt me dit qu'il va en mettre un au moment où il a récupéré son portable. En deux trois clics, j'ai déjà téléchargé Tinder sur son smartphone. Je l'ignore totalement quand il me demande où est son téléphone, il a même pas remarqué que je l'ai dans les mains. Le con. Je prétends simplement être à fond dans ma chanson, parce que vous savez, "i always had high high, hopes". Au moment de choisir une photo de profil, je fouille dans ses selfies, qui franchement eux aussi me font pitiés. « Non mais tu sais pas du tout te mettre en valeur, toi. » que je lui réponds simplement alors qu'il vient à peine de se rendre compte de ce qu'il se passe. « Recontacter une ex ? Tu me prends pour qui ? » Je soupire, et ajuste ma posture sur le canapé, toujours en train de fouiner dans ses photos. « Je te fais un compte Tinder, mon cher ami. Tu as besoin de compagnie. » Et je finis par en sélectionner une pas mal, où il rigole avec une de ses potes, il me suffit simplement de rogner la photo pour couper la fille, et voilà. Au moins on voit son joli sourire. « Faudra qu'on prenne des photos de toi, des plus potables que ça. Je mets quoi en description ? » Je pianote sur son téléphone rapidement, et lis à voix haute pour lui faire part de ce que j'écris. « Passionné de musique... besoin de faire de nouvelles rencontres... » Je ne saurais même pas deviner comment il va réagir face à la situation, mais je ne m'en fais jamais, Wes est une bonne pate, et je sais que je pourrais faire presque n'importe quoi avec lui que je m'en sortirais indemne. Et là il a vraiment besoin d'un coup de pouce, il est grand temps pour lui de se reprendre en mains.

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Ven 19 Mar - 22:10
Wes ne réagit pas aux commentaires désobligeants d’Elior sur sa galerie photo. En revanche, le reste le fit littéralement bondir du canapé. « T'es en train de faire quoi !? » Il pria pour avoir mal entendu, mais hélas pour lui, son audition était impeccable. Dépité, il leva les yeux au ciel en marmonnant. « Retenez-moi, je vais le tuer. » Il adorait Elior. La plupart du temps. Mais là, honnêtement, il avait juste envie de lui faire bouffer son petit sourire de renard. Comprenez-le, lui n’aurait jamais osé se mêler de la vie sentimentale d’E… Oh. D’accord, Wes faisait souvent des petites insinuations concernant la relation entre Moira et son ami. Mais c’était subtil, tout en finesse… Pas vrai ? Il prit une mine suppliante, muni de ses plus beaux yeux de merlan frit. « Arrête ça Elior, sérieux. Rends-moi ce portable. » Tentative vaine, bien sûr.  Elior était impitoyable.  

Wes décida de changer de stratégie. D’un mouvement vif, il tenta de récupérer furtivement son portable, mais son ami fut plus rapide. Second échec. Il soupira bruyamment et se résigna à écouter Elior lire à haute voix ce qu’il écrivait. « « Besoin de faire de nouvelles rencontres », tu te fous de moi ? Qui met ça ? Tu veux me faire passer pour un dalleux ? » Il ferma les yeux une seconde et se massa les tempes, comme si toute cette histoire lui collait une migraine d’enfer. La situation l’agaçait. Elle l’agaçait beaucoup, même. Ça se ressentait dans l’acidité de son ton. « C'est pas possible d'être aussi... Excédant. » Mais il en fallait plus pour énerver le musicien. Il n’avait pas envie de se battre avec Elior, il allait la jouer beaucoup finement que ça… À savoir attendre patiemment et se désinscrire de l’appli dès que son téléphone reviendrait en sa possession.

Et puis pour être tout à fait franc, tout ça le vexait. Il avait trente-neuf ans et besoin de personne. Merci bien. « T'es gentil mais je suis un grand garçon, je peux gérer ma vie amoureuse tout seul. » Bah quoi ? Ladite vie amoureuse se trouvait au point mort, il ne pouvait le nier. Mais c’était comme pour tout, rien n’était linéaire, il y avait forcément des hauts et des bas à un moment donné. Non ? « Je vais me passer des vos conseils, Docteur Love. » La dernière chose dont il avait envie, c’était bien de se rendre à un rencard. Ça demandait beaucoup trop d’efforts. Paraître sous son meilleur jour, il n’y avait rien de plus épuisant. Sans compter que depuis ces derniers mois, il n’était pas certain d’avoir encore un « meilleur jour ». Non, vraiment, le jeu de la séduction, ça le blasait rien que d’y songer. Il préférait largement traîner sur le canapé d’Ann en mangeant des chips. « Et puis j'ai pas la tête à ça en ce moment. J’ai pas besoin de « compagnie », comme tu dis. » En un sens, Wes n’avait pas tort : il lui fallait régler beaucoup de choses avec lui-même avant de s’investir dans une nouvelle relation.

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Mer 24 Mar - 19:19
La réaction de Wes ne m'étonne que à moitié, et il faut dire qu'au début, je le laisse s'énerver tout seul dans son coin. Je pianote sur le téléphone, ne lui accorde même pas l'ombre d'un regard, parce que je sais qu'il va se calmer. Il s'énerve un peu dans le vent, et je sais que ça finira par redescendre, et que très vite, il comprendra que j'ai raison. Bon, je ne pense pas qu'il me remerciera tout de suite, mais ça viendra. La vérité, c'est que Wes a besoin de reprendre sa vie en mains, et je veux l'aider à le faire. Après tout, il me doit bien ça, parce qu'il ne se gêne pas, lui, et se mêle de mes histoires de cœurs lorsqu'il s'agit d'envoyer des pics à Jay dans son dos depuis son départ ou de tenter de me caser avec Moira. Et puis, si c'est pas moi qui l'aide à remettre le pied à l'étrier, je ne sais très franchement pas qui est-ce qui va s'en charger. « Allez, ça ne te coûtera rien d'essayer. Et au pire, ça te fait quoi, hein ? » Je repose enfin mon regard sur lui, un regard beaucoup trop curieux, et même un sourire narquois qui vient habiller mes yeux pétillants. « Même si c'est juste pour te trouver un plan cul, j'suis sûr que ça fait looongtemps que t'as pas passé la nuit avec une fille. »


Wes a beau faire ce qu'il veut, tenter de reprendre rapidement son portable, me demander d'arrêter, rien n'y fait. J'ai l'impression à ce moment précis d'être plus immature que mon propre fils, même Adam ne ferait jamais ça avec personne. Mais il faut que quelqu'un s'occupe de Wes, je ne supporte plus de le voir seul à vivre dans le passé. « Laisse moi faire. J'vais pas te faire passer pour un dalleux, voyons. » Je me lève à mon tour, le téléphone toujours -bien entendu- en mains, comme pour l'éviter, s'il faut jouer au jeu du chat et de la souris, je peux le faire très longtemps. « Excédant ? Moi ? Mais jamais ! Je peux savoir ce que tu veux dire par là ? » Je m'appuie contre le mur en face de lui, juste à côté de la télévision alors que je cherche toujours à peaufiner sa petite description. J'essaye d'embellir un peu la situation de Wes, je ne vais pas écrire 'vagabon qui vit sur le canapé de ses potes à la recherche d'une fille qui me fera bouger de ma vie ennuyeuse.' Même si... la triste réalité s'en rapproche plutôt pas mal. « Docteur Love va t'accorder une séance de conseils gratuite, c'est bien parce que je t'aime bien. »

Je redirige une nouvelle fois mon regard vers mon ami, un regard un peu moins taquin cette fois-ci, mais presque inquiet. Si je fais tout ça, ce n'est pas pour embêter Wesley. Je le vois s'approcher des quarante ans et j'ai déjà l'impression qu'il en a soixante, je me demande toujours s'il ne fait pas une petite déprime, en espérant que ce n'est pas quelque chose de plus profond. Alors, sa dernière remarque me force un peu à reprendre un ton sérieux, à essayer de comprendre. A être là pour lui s'il a besoin de parler, puisqu'il a toujours été à mes côtés pour me soutenir. « Pourquoi t'as pas la tête à ça ? T'as la tête à quoi, exactement ? » Ca ne paraît pas comme ça, mais je fais vraiment ça dans son intérêt. C'est ma façon à moi de lui montrer que je suis là, près à lui tendre la main.

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Jeu 1 Avr - 22:49
Elior le connaissait bien. Un peu trop bien même. Il savait que Wes ne lui en voulait jamais longtemps, que son ressentiment retombait toujours comme un soufflé. Même si, pour l’heure, il avait encore une moue fâchée scotchée sur le visage. « Ça me fait que… Que j’ai pas envie de me prendre la tête avec tout ça pour le moment. » Il engloutit une gorgée de soda et soupira. « Les relations amoureuses c’est peut-être le truc le plus compliqué que j’ai jamais vu, et pourtant j’ai fait deux ans de maths à l’université. » … Un vrai philosophe. En couple, Wes n’avait jamais réussi à trouver l’équilibre parfait : tantôt trop accroché, tantôt trop distant ; trop communicatif ou trop secret... Ça paraissait pourtant si naturel, chez les autres, qu’est-ce qui clochait chez lui ?  Il soupira, pour la deuxième fois consécutive. Forcément, quand on se met autant la pression, on finit par faire n’importe quoi. Le ton narquois d’Elior l’arracha à sa réflexion. Sa grimace boudeuse s’accentua. « Hééé, tu peux te garder tes commentaires sur ma vie sexuelle ! » Il rajouta en marmonnant : « Et puis d’abord je t’en pose des questions, moi... »

Le jeune homme le narguait. C’était évident. Il  profitait un peu trop de la tendresse de Wesley à son égard et excellait dans l’art de le faire tourner en bourrique. Et il osait lui demander en quoi il était excédant ? « Tu sais que je t’aime très fort mais là, à l’instant t, j’ai des envies criminelles. » Mais Wes n’était pas complètement stupide. Il avait beau prétendre nourrir des « envies criminelles » – vaste blague quand on est aussi paisible qu’un agneau – il devinait la sollicitude d’Elior derrière ses taquineries. Et ça le vexait autant que ça le touchait. « Écoute, continue si ça t’amuse, mais j’ai pas envie de jouer le jeu de Tinder, c’est pas pour moi et tu le sais très bien. » Il s’étira et allongea ses jambes pour poser les pieds sur la table basse. Pas un instant il ne songea que ça pouvait être du sans-gêne.

Le ton de la conversation se fit moins badin, ce qui rendit le musicien nerveux. « J’ai la tête à… À plein de choses. » Autrement dit, à rien. « Arrête de me regarder comme ça, t’as pitié de moi ou quoi ? » Le fait que son ami le scrute avec autant de peine dans les yeux le déstabilisa plus qu’il ne l’aurait imaginé. L’image de lui-même qu’Elior lui renvoyait n’avait rien de cool, de nonchalant, ou que sais-je. Son reflet était celui d’un pauvre type. Il se redressa d’un coup, comme électrisé. « Pourquoi tu me demandes ça ? » Il avait besoin de s’entendre dire la vérité, que quelqu’un lui prodigue cet électrochoc. Tu ne peux pas t’en sortir seul, accepte l’aide des gens, ça n’a rien de cool se laisser faner.

Wes se leva, comme reboosté par ce micro-déclic. Il adopta son expression la plus sérieuse possible. Lui qui ne savait pas mentir se montra pour une fois extrêmement convaincant. « Bon. Ok, t’as gagné. T’as raison sur toute la ligne. Passe-moi ce téléphone, tu vas voir, je suis un expert en pick-up lines. » Impossible de savoir par quel miracle Elior se laissa berner. Il aurait pourtant dû s’inquiéter de cette soudaine vague de vitalité. Une fois à nouveau en possession de son portable, Wes lança l’« opération sabotage » avec une jubilation certaine. « Ouvrons la bible des lovers, à savoir howtoflirtontinder.com » Une rapide recherche Google lui permit de trouver la perle rare des pires phrases d’accroche. Il lut à voix haute tandis qu’il écrivait, contenant difficilement son sourire moqueur : « hey princess, ‘sup, are you french ? because Eiffel for you. » … Elior allait littéralement le tuer.

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Dim 11 Avr - 11:46
Laissant Wesley blablater quelques instants, je pianote toujours frénétiquement sur son téléphone, et j’avouerai n’avoir écouté qu’un mot sur deux de ses belles paroles. Pas parce que je suis méchant ou égoïste, simplement parce que je le connais par coeur, et je savais déjà ce qu’il allait me dire. C’est la raison pour laquelle je ne lui ai pas proposé, ni même demandé son avis avant de lui créer son compte tinder. « Ben poses-en des questions. Allez quoi, fais pas le gamin vexé, » que je dis avec un poil d’hypocrisie, puisque je suis le premier à me vexer pour un rien, « je veux juste t’aider et tu le sais. »

La provocation, je la continue en lui envoyant un baiser lorsqu’il me dit avoir des “envies criminelles”. Il ne fait peur à personne, surtout pas à moi, le pauvre Wes serait capable de s’excuser après avoir écrasé une fourmis sur son passage. Plus gentil et innocent que lui, je ne connais pas. « Y’a tous les types de personnes sur tinder, chéri. Alors me sors pas l’argument de “gneugneugneu les applications de rencontres c’est pas mon genre”, parce que c’en est pas un. » Je me comporte comme un expert en la matière, comme si j’avais utilisé tinder toute ma vie. Alors qu’en réalité, je n’ai jamais eu de compte sur l’application, puisqu’elle a été créée alors que j’étais déjà avec Jay. Mais j’ai vu des gens autour de moi avoir de belles histoires suite à des rencontres dessus -d’autres ont également vécu des choses moins cool, mais c’est la vie. Que tu rencontres quelqu’un dans un bar ou sur un site de rencontre, je suis sûr qu’on a le même pourcentage de chance de réussite face à la relation.

« Tu fais quoi de ta vie, Wes ? » La question est sortie toute seule, elle est passée par aucun filtre. Je ne pèse jamais vraiment mes mots quand je discute avec lui, parce que je sais qu’il va me comprendre. C’est peut-être un tort, je finirais peut-être par vraiment le vexer un jour, mais je suis de ceux qui ont besoin qu’on me prouve que j’ai tort pour que je change mes mauvaises habitudes. « J’dis pas ça pour être méchant, tu le sais. Mais t’es jamais chez toi, t’as pas vraiment de boulot, t’as pas de meuf... » je me pince les lèvres, j’espère que je ne vais pas trop loin, mais Wes a besoin qu’on lui montre la réalité en face de temps en temps. « c’est quand la dernière fois que t’as écrit un morceau ? Et que tu l’as joué devant un public ? Surtout, c’est quand la dernière fois que tu t’es éclaté en faisant de la musique ? » Depuis que son groupe s’est séparé, j’ai l’impression que Wes est tombé d’une falaise, mais il n’a même pas l’air de vouloir remonter en haut. Il fait semblant, mais je le connais mieux que personne. Je sais qu’il ne fait rien pour y arriver.

Profil créé, bio remplie, photos uploadées, je commence à swiper et il y a eu un match assez rapide. Ce qui semble motiver Wes, puisque contre toute attente, il veut récupérer son téléphone pour discuter avec la personne. Cela m’intrigue, mais je le laisse faire, jusqu’au moment où il parle d’un site internet débile. Là je tends le bras, essaye de reprendre ton portable, mais il a déjà envoyé une pickup line atroce. Quand il me l'annonce, il y a un laps de temps qui passe. Quelques secondes, peut-être deux, ou trois, avant que j’éclate de rire. « T’es… pas… t’es pas sérieux ? » J’halète, j’ai du mal à reprendre mon souffle, faut dire que je ne l’avais pas vue venir. Je l’ai cru sérieux, putain comment ai-je pu y croire ? « T’as envoyé ça ?! » Je passe ma tête au-dessus de son épaule, appuyé les avants bras appuyés sur le canapé, pour espionner son téléphone. « J’espère qu’elle va répondre... » je ris encore un peu, quelque part je me dis qu’une histoire d’amour rigolote peut commencer comme ça, non ? Bon, j’suis peut-être un peu naïf, okay.

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Sam 24 Avr - 11:51
Elior répliqua que des questions, Wes n’avait qu’à en poser et ce dernier s’exclama avec un air outré : « Ça va pas non, je veux pas savoir, vous faites bien ce que vous voulez avec Moira ! » Petite vengeance personnelle (et puérile) que de mentionner la jolie blonde. Mais derrière une lourdeur indéniable, Elior s’en doutait sûrement, il y avait chez Wes cette inquiétude de le savoir seul avec Adam.

Lorsqu’Elior lui demanda, de but en blanc, ce qu’il faisait de sa vie, les yeux de Wes s’agrandirent. Il écouta son laïus sans broncher. Les mots le  blessèrent, lui renvoyant à la figure ce qu’il refusait de voir. Pour une fois, il ne rétorqua rien, ne fit aucune plaisanterie pour désamorcer. Il détourna le regard. Elior avait raison, il se laissait aller. Mais maintenant qu’il était allé aussi loin dans le mal-être, il ne savait plus comment s’en défaire. Déprimer était presque devenu confortable, comme un gros édredon douillet qui vous enveloppe, entrave vos mouvements, mais dont il vous est impossible de vous extraire. « Je sais. C’est pas glorieux. » Puis Elior évoqua sa relation avec la musique et Wesley déglutit. Son ami avait visé un peu trop juste. Il répondit indirectement à la question qu’il lui était posée, parce que la réponse directe, ils la connaissaient tous les deux : ça fait longtemps. « Je ne comprends pas pourquoi c’est devenu aussi dur. » Il ne savait faire que ça, de la musique, pourtant. Ȧ une période de sa vie, il était même vraiment doué. Alors pourquoi n’y arrivait-il plus ? Qu’est-ce qui clochait ? « Je vais me faire violence pour reprendre tout ça en main. » Pour me reprendre en main. Parce que le problème venait de lui, et uniquement de lui. C'était bien beau de rejeter la faute sur les autres, sur les membres de son groupe qui ne l’avaient pas soutenu, sur ses parents, sur son frère. Wes était le seul à détenir les clés pour s’en sortir, il commençait doucement à intégrer que cette fois-ci, il n’avait personne derrière qui se planquer. Il ne lui manquait plus qu’une impulsion, une occasion, bref : un sursaut.

Wes ne voulait pas lire la pitié dans les yeux d’Elior. Dans ceux des autres, à la limite, il s’en foutait. Mais pas dans ceux de son ami d’enfance. Il aurait préféré y voir la fierté, peut-être même, si ça n’était pas trop demander, une forme d’admiration. Bon, pour l’instant, ça n’était pas gagné. Faute d’une autre solution, Wes se mit en tête de faire le pitre pour remplacer la pitié par l’amusement. Et il était fier de sa bêtise. Il guetta la réaction d’Elior avec jubilation, et fut d’autant plus satisfait que ça le fasse rire. L’espace d’un instant, il plaignit son interlocutrice. Il fut pris d’un mini-remord : même si ça n’était pas bien méchant, il lui faisait perdre son temps. Quand son ami manifesta l’espoir d’une réponse, il leva les yeux au ciel. « Bien sûr que non, elle ne va pas répondre, qui répondrait à ça sérieusem... » Son portable émit le son caractéristique d’une notification. « Oh. » Il lut la réponse à voix haute, pour en faire profiter Elior, même si de toute manière celui-ci était déjà penché par-dessus son épaule. « Cute – smiley coeur » Il éloigna aussitôt le téléphone de lui, le tenant du bout des doigts avec une moue dégoûtée. « Hors de question que je date une nana qui répond au premier degré à un message comme ça, c’est beaucoup trop louche, à tous les coups elle va me poignarder au premier rendez-vous. » Wes, exagérer ? Certainement pas. Il secoua la tête, mimant un frisson. « Terrifiante, ton appli. »

Il se renfonça dans le canapé, regroupant toute la mauvaise foi qu’il possédait. « T’as bien vu, j’avais raison, c’est pas pour moi, et pourtant j’ai fait un effort, j’ai testé. » Il fixa Elior droit dans les yeux, avec un sourire espiègle (pour ne pas dire idiot). Une vraie tête à claques.

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Lun 3 Mai - 15:28
Un long soupire, et je lève les yeux au ciel, agacé par la remarque de Wes, même si je sais qu'il fait exprès de la faire. Il veut m'embêter, il veut rétorquer comme un adolescent de quinze ans, et je pense que cela résume bien notre relation à Wes et moi. On se chamaille, on s'embête, on se protège. De vrais frères, quoi. « En quelle langue il va falloir que... » D'un geste fluide de la main, je m'arrête dans mon élan, ça ne sert à rien de lui répéter qu'il n'y a rien entre Moira et moi, il le sait déjà. Je ne veux pas me fatiguer à rien.

D'autant plus que je tourne un peu la conversation, la rend plus sérieuse, avec mes paroles et mes inquiétudes à propos de Wes. J'écoute ses réponses, très peu convaincu. Je penche un peu la tête alors qu'il avoue ne pas comprendre, j'ai l'impression qu'il faut tout lui dire. C'est le moment où jamais de lui remonter les bretelles, lui remettre un coup de pied aux fesses. « Ce sont des paroles tout ça, c'est bien beau. » Je veux qu'il avance dans sa vie, Wes. Qu'il prenne des décisions, qu'il fasse des démarches, qu'il cherche à tourner la page. « Il faut que tu agisses, maintenant. » Il vit dans le passé, à se remémorer "le bon vieux temps", au lieu d'essayer de marquer le moment présent, de le rendre mémorable. Est-ce que c'est une vie, ça ? « C'est devenu aussi dur parce que tu n'as plus rien fait depuis des années. » Je soupire, et hausse brièvement les épaules. « Tu sais ce que je crois ? » Je croise les bras, je prends un ton que je ne prends jamais face à mon ami. J'ai l'impression de m'adresser à l'un de mes élèves qui ne fait aucun effort. « T'es terrifié et tu sais pas comment agir. Pire, même, tu veux pas l'admettre. Du coup, tu te dis que si tu fais rien, restes posé dans ton canapé à attendre que le temps passe, t'as pas besoin de faire face à la réalité. » Je suis dur avec lui. Peut-être même que je l'ai blessé. Mais il a besoin d'entendre tout ça, Wes. Et tant pis, si je dois faire face aux conséquences de mes lourdes paroles plus tard.

L'ambiance se relâche, Wes se cache derrière son humour comme bien souvent. Quitte à parler défauts, vaut mieux en rire qu'en pleurer, non ? J'ai l'impression que c'est un peu son mantra, et je ne peux qu'approuver ce genre de pensées. Même si pour le coup, il semblerait que la pick up line débile que Wes a déniché sur internet ai un minimum fonctionné. Je ne m'arrête plus de rire, Wes est dépité, mieux, il est dégoûté. « Peut-être qu'elle l'a prit au second degré... j'espère en tout cas. » Je tente de calmer le fou rire qui ne semble pas vouloir me quitter. « Allez... réponds lui... ça peut-être drôle. » Je tends la main, essayant tant bien que mal de reprendre le téléphone de là où je suis, appuyé derrière lui contre le dossier du canapé. Je dois avoir l'air d'un véritable gamin. « On va dire que c'est pour t'échauffer aux prochaines discussions avec d'autres filles... »  

Sa mauvaise foi me laisse bouche bée (une expression que j'exagère un peu, bien entendu). « Alors non, chéri, ça, c'est pas avoir essayé. Comme l'a dit une merveilleuse Queen de Dragrace UK.. » Je fais ma meilleure imitation de Tayce, regardant derrière moi comme lui l'a fait dans cet épisode au moment de sortir l'une de ses plus délicieuses punchlines. « The cheek, the nerve, the audacity... » Je m'obstine à faire des références à des émissions que, je sais, Wes n'a certainement pas regardé. Quoi que, j'aimerais tant l'amener avec moi lors d'un nouveau marathon de ma téléréalité préférée au bar avec Debbie. Ca lui ferait du bien de sortir un peu de sa routine, d'ailleurs. Et ses réactions face au drama que montrent ce genre de show risquent d'être priceless.

la fameuse ref qu'il fait:

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Sam 8 Mai - 17:43
tw : mal-être

Elior était moralisateur, ou du moins c’est ainsi que son attitude fut perçue par Wes. Celui-ci se braqua instantanément et totalement, comme un animal blessé. Au sens physique, déjà, il se tendit de façon imperceptible et se leva pour faire quelques pas dans le salon. Et puis son ton se fit cassant. « Je t’ai dit que j’allais me bouger, il te faut quoi de plus ? » En dépit de sa nonchalance apparente, Wesley était d’une rare susceptibilité. Il détestait qu’on lui donne des leçons, par principe, même quand il en avait le plus grand besoin. Elior avait raison, bien sûr qu’il avait raison, entendre ses mots était d’une importance capitale, c’était presque devenu vital. Mais peut-être n’avait-il pas choisi la meilleure façon de s’y prendre. « Je te permets pas de me parler comme à un gamin. Je suis pas stupide, merde. »  Au fond, il avait conscience que son ami essayait de l’aider, mais là, il s’agissait d’une question de fierté, d’amour-propre froissé. Ça occultait tout le reste, toute la bienveillance sous-jacente. « Et s’il te plaît, arrête de me bassiner avec ma vie sentimentale ! » Si Wes avait été un salaud, il aurait évoqué le départ de Jay : la vie amoureuse du mari déchu n’était pas beaucoup plus reluisante que la sienne. Mais le musicien ne se montrait jamais aussi fielleux, même au summum de sa colère. « Avant de trouver quelqu’un, j’aimerais déjà que le monde entier semble moins chiant, qu’il y ait au moins un truc qui me donne envie de me lever le matin et qui ne soit pas putain d’insupportable ! » Il avait à peine haussé le ton, mais cette légère variation équivalait chez lui à un agacement profond. Ce qui l’excédait, c’est qu’à entendre Elior, la démarche semblait si simple. Comme s’il n’était qu’un flemmard, qu’il suffisait qu’il se lève un matin du bon pied, et qu’alors tout irait bien.

Mais on ne se refait pas : l'exaspération retomba et Wes se sentit aussitôt mal de s’être emporté. Les yeux emplis de culpabilité et de lassitude, il se tourna vers son ami d’enfance. « Désolé, je suis un con. » Il se rassit et prit son visage entre ses mains quelques secondes, le temps de retrouver ses esprits et son calme légendaire. Entre ses doigts, il souffla. « C’est pas contre toi, c'est plutôt contre la planète dans sa globalité. Excuse-moi. » Il s’était montré égoïste, Elior ne méritait pas ça, au contraire, il méritait toute la douceur du monde. Et puis lui, au moins, ne s’apitoyait pas sur son sort. Pourtant, ce qu’il avait vécu était autrement plus violent que les petites péripéties de Wes. « Je crois que de nous deux, c’est bien toi le plus solide. »

Heureusement, Elior lui offrit une porte de sortie en riant de bon cœur à sa farce. Encore un peu penaud, il se joignit à lui. Le rire tenait parfois vraiment de la délivrance. « M’échauffer… T’es sérieux ? Ton sens de la formule me dégoûte, mec. » Devant tous les efforts d’Elior pour accéder au téléphone, le musicien céda. Le jeune homme méritait amplement une revanche après le cinéma que Wes venait tout juste de lui faire. Ce dernier balança son téléphone, qui atterrit sur les genoux de son ami. « Tiens, réponds-lui, toi, au point où on en est… » La réaction d’Elior à sa mauvaise foi éhontée le fit glousser. « Ah ouais, j’ai vu cet épisode… Bah quoi ? Faut bien que je m’occupe quand je reste posé dans le canap’, comme tu dis. » C’était Debbie qui l’avait converti, à l’époque. Wes devait avouer que le show était plutôt addictif. Entre ça et les émissions de survivalisme diffusées sur des chaînes obscures de la télévision, le choix était vite fait.

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Lun 17 Mai - 16:20
Je l'ai poussé à bout Wes, et je le vois bien. Je l'écoute attentivement parler, parce que c'est exactement la raison pour laquelle je l'ai fait. Je ne lui fais pas un sermon pour m'amuser, non, mais bien parce qu'il semblerait qu'il en ai besoin pour parler. Il dit rien Wes, il laisse la vie couler sans même se confier à personne. Je ne comprends pas comment il fait, honnêtement, pour garder tout ça en lui et jamais craquer. Parce qu'on voit bien qu'il en a gros sur la patate. « J'suis désolé, j'ai pas voulu te brusquer. C'est juste que tu parles jamais. Même à moi, tu ne te confie pas. » Et je hausse brièvement les épaules, pas que je sois vexé qu'il ne me dise rien, parce que je le connais le Takagi, et je me doute bien qu'il agit comme ça avec tout le monde. « Tu devrais parler à quelqu'un, Wes. » Mon regard est de plus en plus inquiet, car tout cela semble être encore plus profond que je le pensais. « Tu sais bien qu'il y a des professionnels de santés qui sont supers et qui pourraient t'aider, justement, à reprendre goût à la vie. » Je remonte mes lunettes sur mon nez, et fais une légère pause dans ma phrase. J'ai changé de ton, il se veut beaucoup moins pointu, bien plus doux. Pas vraiment pour rattraper la manière dont je lui ai montré les choses juste avant, non, parce que ça, il fallait le faire. C'est plutôt pour que la pilule passe mieux, d'une certaine manière. « Et même si tu vas pas voir de pro ou quoi... ben parles en à tes amis. Parle-moi. Tu peux pas toujours faire comme si tout est "chill". T'as le droit de te sentir mal. » Je tente de lui adresser un sourire, pour lui montrer que je m'en fiche qu'il ai haussé le ton. S'il faut, je suis même fier de lui pour l'avoir fait. C'est qu'il en avait besoin, quelque part.

« Je veux pas de tes excuses, j'ai été trop loin, c'est moi. » Et je vais toujours trop loin, je pousse toujours les limites de l'extrême, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Je suis comme ça, et particulièrement si mes amis ont besoin qu'on leur remonte les bretelles ou qu'ils ont besoin d'aide, je suis là pour le faire. « Arrêtes un peu, t'as bien vu mille fois les limites de ma solidité. » Un léger sourire en coin, je détourne le regard et baisse un peu le ton, presque honteux de la vanne que je m'apprête à faire. « Well, après, les limites de ma solidité dépendent bien sûr de quelle partie de moi on parle. » Putain, Adrian déteint vraiment trop sur moi. J'étais à deux doigts de balancer un "comme ma ****" à Wes, dans un moment absolument pas opportun aux blagues mal placées. Au moins, ça détend encore un peu l'atmosphère.

Je ne suis pas le seul à vouloir faire disparaitre la tension, puisque Wesley tente de me faire rire, ce qui a marché comme sur des roulettes. On est là, à rigoler comme deux débiles dans le salon à cause d'une pick up line horrible qu'il a envoyé à une fille sur tinder. Des adolescents, j'vous dis. Immense surprise, le téléphone atterrit sur mes genoux, et je m'en empare aussi rapidement qu'un voleur s'emparerait d'une pierre précieuse. « Ooooh super, j'lui dis quoi... » Je me pince un peu les lèvres, parce que je ne suis pas certain de si je veux continuer dans l'absurdité de la drague terrible de Wes, ou si je veux vraiment décrocher un potentiel date à mon ami. « Elle est mignonne, en plus ! » je lance à Wes, comme pour voir ce qu'il en dirait, si il serait intéressé. Je commence à taper, « "je pensais pas que tu allais me répondre - smiley qui rigole - je ne te dérange pas, j'espère ?" » Quelle question, si elle répond, c'est qu'on ne la dérange pas. Elior, ça fait maintenant dix ans que t'as pas dragué, et ça se voit. « j'crois que j'suis rouillé, » je murmure à Wes, en me rendant moi-même compte que je ne suis plus fait pour ça.

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Sam 29 Mai - 9:17
Elior lui reprocha d’être trop renfermé et Wes en fut surpris. Il ne se voyait pas comme quelqu’un de taiseux. Il ne cachait pas ses états d’âme. Pire, il avait l’impression qu’il gonflait tout le monde avec ses blagues de plus en plus amères. Lui qui était d’un naturel souriant faisait désormais la tronche environ un tiers du temps. Il se détestait dans ces moments-là, devenir un vieux type aigri le terrifiait, pourtant ces derniers temps il ne pouvait s’empêcher de trouver tout horripilant. « C’est pas que je me confie pas, c'est juste qu'il n'y a rien à dire. » Il poussa un soupir. « C’est vrai, tu veux que je leur raconte quoi, moi, à tes professionnels de santé ? Que je leur parle de mon enfance ? » Il modifia volontairement sa voix pour mimer la situation. « Alors voilà, je suis né dans une famille de bourges, dans un quartier pavillonnaire extrêmement privilégié, je n’ai vécu absolument aucun drame dans ma vie, pourtant là j’ai trente-neuf ans et je suis assez con pour ne pas réussir à être heureux ? » Elior avait grandi à Chicago avec lui, il était bien placé pour savoir que Wes n’avait pas eu l’enfance la plus difficile qui soit. Mais il était aussi bien placé pour savoir que rien n’est simple, même dans les familles qui semblent tout posséder. « Débrouille-toi avec ça Sigmund Freud, bon courage pour trouver la cause de mes faux-problèmes mon pote. » En fait, Wes culpabilisait un peu. Beaucoup. Il n’avait peut-être pas tout pour être heureux, mais il n’était vraiment pas à plaindre. La part cartésienne de lui s’en rendait compte. Alors qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez lui  ? Le musicien leva un peu le pied sur le sarcasme et s’adoucit en constatant qu’Elior déployait des trésors de patience. « Mais je sais que t’es là. J’ai Ann aussi. Je suis bien entouré avec vous deux. » Certes, Wes était entouré par des êtres humains de qualité, mais peut-on vraiment venir en aide à quelqu’un lorsque l’on (au choix) : a) se bat chaque jour pour surmonter la disparition de sa femme ; b) est aussi déprimé que son coloc, si ce n’est plus ?

L'allusion grivoise d'Elior sortait tellement de nulle part que Wes fut pris au dépourvu. Il écarquilla les yeux et se mit à applaudir ironiquement. « Bravo, excellent trait d’esprit, c'était exquis, tout en délicatesse ! » Éminemment sarcastique, il secoua la tête de droite à gauche. « Parfois t’es un vrai tocard, sérieux. » Fallait-il vraiment préciser qu'il n'en pensait pas un mot ? Et que la blague l'avait intérieurement fait beaucoup rire ? Mais Wes se devait de préserver son image (très relative) de poète maudit. Glousser comme un adolescent n’était donc pas envisageable.

Elior se retrouva de nouveau en possession de son smartphone… Pour au final sécher totalement. Alors ça, ça faisait doucement rigoler Wes. L’instant d’avant, Elior bombait le torse, jouait les tombeurs, alors le voir comme ça, l’air tout penaud… Le musicien hésitait entre être attendri et se montrer impitoyable. Bien entendu, il choisit la deuxième option. « Bah alors Dr Love, on galère ? » De toute façon, Wes détestait les échanges épistolaires en matière de drague, il n’y avait rien de moins sincère. Le choix du moindre mot devenait un casse-tête terrible, l’emplacement d’une virgule se transformait en une source d’angoisse infinie. Aussi vieux jeu cela puisse-t-il paraître, lui préférait le cadre d’une soirée, une soirée appart idéalement, où l’on a aucun mal à être spontané. Son attention se reporta sur Elior. Forcément, après avoir passé autant de temps en couple avec la même personne, comme lui, on est un peu moins rôdé au jeu de la séduction. Soudain, Wes eut peur qu’il se mette à penser à Janet. Ah non, pas elle, hein. Il posa une main sur l’épaule de son ami, avant que celui-ci ne se mette à songer à sa femme. « T’en fais pas, c’est pas notre jour c’est tout. »

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Lun 5 Juil - 13:57
tw: agressions homophobes + relation parentale toxique

Plus j'entends les mots de Wes, plus je me rends compte de la contradiction entre ce qu'il dit et la vérité. Je ne l'ai jamais vu comme ça, et je n'aurais jamais pensé devoir l'aider. Wesley a été pour moi ce que Spiderman est pour les enfants de maintenant. Wes m'a aidé à me relevé quand je me faisais tabasser par mes camarades du lycée. Wes m'a consolé quand je courais chez lui, en larmes après une énième dispute avec mon père à base de « tu finiras avec le sida comme toutes les autres pédales qui écoutent du Madonna en string ! » Wes m'a sauvé, maintes et maintes fois, je l'ai toujours admiré, plus encore qu'un grand frère. C'est complètement bête, parce que je n'imaginais pas qu'il puisse aller aussi mal. Comme si quelque part, pour moi, Wes était trop parfait pour ressentir ce genre de maux. « Wes... » je pose une main sur son épaule, surprit par la chute de sa phrase. Il n'arrive pas à être heureux. Une partie de moi culpabilise un peu, je suis tellement concentré sur moi-même que je ne m'étais jamais rendu compte de ce qu'il se passait dans la tête de mon ami. « je pense que ouais, tout ça tu peux leur dire à ces professionnels de santé. T'as justement l'air d'en avoir vachement besoin... » Un nouveau sourire, qui se veut rassurant alors que moi-même, je ne le suis pas du tout. Comment en est-il arrivé là ? Il n'a même pas l'air de savoir lui-même. « Je pense aussi qu'il faut que t'apprennes à lâcher prise. Je suis sûr que ça te ferait un bien fou. »

Les applaudissements de mon ami, bien qu'ironiques, font sortir le lion en cage. Il ne me suffit de rien de plus pour me mettre à faire une révérence des plus gracieuses, un large sourire sur mes lèvres. Mais lorsqu'il se mit à parler, je m'arrête net, me redresse, un sourcil arqué. « Un tocard ? Comment ça, un tocard ? » Vexé, je soupire et croise rapidement mes bras, me donnant alors la dégaine d'un gamin de six ans. « S'il y a bien quelque chose que je ne peux pas accepter c'est que tu me traites de tocard. Non mais j'y crois pas ! Je suis la grâce incarnée, Wes. Je suis la douce brise d'été qui arrive pile quand tu en as besoin au bord de la plage sous 40°C. » Pour chaque blague assez osée que je n'ai pas l'habitude de maîtriser, je blâmerai Adrian jusqu'à la fin de mes jours. Je traîne trop avec lui, il pervertit mon esprit.

« Ca a déjà été ton jour, à toi ? » que je réponds à Wesley de manière impitoyable. « Bon écoutes, je te propose qu'on fasse un deal. » Je pose le téléphone de mon frère sur la table basse, et le rejoins sur le canapé. Assit sur le rebord de celui-ci, les mains jointes, je hoche légèrement la tête de manière solennelle. « Je veux que la prochaine fois que tu viennes manger à la maison, tu ai décroché un date. » Ma proposition est extrêmement sérieuse, et Wes saura le deviner sur mon visage. « Même si c'est pas avec tinder hein, on s'en fiche ! Mais ça pourrait te faire du bien de faire de nouvelles rencontres ! C'est même super important si tu veux mon avis. » Et si ça peut l'aider à changer un peu d'air, c'est un plus.

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Sam 17 Juil - 14:13
Impossible pour Wes de se voir au travers des yeux de son ami. Ça lui aurait fait du bien pourtant, de se sentir admiré. S’il savait à quel point il l’avait aidé, plus jeune… Mais ça, le musicien ne le réalisait pas. Il n’avait rien fait, à part insulter ceux qui emmerdaient son ami 一 et lui répéter que ce qui le rendait « super cool », c’était précisément de ne pas être comme eux. Rien de très héroïque, donc. Malgré leur différence d’âge (énorme à l’époque bien qu’insignifiante aujourd’hui) il avait traîné le petit bonhomme partout avec lui, souvent à des soirées-garage, l’érigeant au rang de mascotte sans même s’en rendre compte.

Sauf qu’aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, c’était au tour d’Elior de lui filer un coup de pouce. Et malgré tout ce que pouvait prétendre Wes, le jeune homme s’en sortait bien. Lâcher prise, s’autoriser à être mal, en parler… Autant de conseils que Wes rejetait en bloc à l’heure actuelle, mais auxquels il repenserait plus sérieusement, ce soir, avant de dormir.

Tandis qu’il se chamaillaient comme des ados, Wes ricana devant l’air boudeur de son ami. Jamais dans l’excès, cet Elior. « Mais bien sûr, c’est tout toi ça, la douce brise d’été, la caresse du soleil, la fraîcheur des embruns ou plutôt le fucking mosquito qui te prend la tête à 4h du mat’. » Parfois Wes se disait qu’il se laissait trop faire. Quelle patience il avait, tout de même. Ça méritait d’entrer dans le Guinness World Records. N’importe qui d’autre aurait étranglé le jeune homme déjà trois fois. « Rassure-moi, t’es au courant que c’est pas en clashant les gens qu’on leur remonte le moral ? » Wes acceptait de jouer le rôle du cobaye dans les expériences matrimoniales d’Elior pour une seule bonne raison : pendant ce temps, son ami ne pensait pas à sa propre vie amoureuse. S’il fallait subir ses conseils stupides pour que son cerveau tordu se concentre sur autre chose que Janet, alors Wes était prêt à faire le sacrifice. Un grand seigneur, vraiment. Mais bon sang, qu’est-ce que c’était pénible. « Ok, faisons ça. » Il avait dit oui pour avoir la paix, sachant pertinemment qu’il ne ferait aucun effort, préférant très largement déprimer seul plutôt que prétendre aller bien pour avoir la moindre chance de séduire. Il n’arrivait pas à faire semblant, or personne n’était attiré par quelqu’un qui enchaîne les blagues dégoulinantes d’acidité. Au pire, la prochaine fois qu’il viendrait manger chez Elior, il mentirait.

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