Des vacances. Cela peut sembler naturel pour tout un chacun, et pourtant, Carla se demande depuis quand elle n’en a pas eu. Bien sûr, elle a le droit à son quota annuel tous les ans, mais à chaque fois, une enquête s’ouvre et on a besoin d’elle de toute urgence ; ou bien elle se contente de partir dans de la famille, ce qui s’avère finalement être plus stressant et exténuant que reposant. Depuis quelques mois, l’envie de partir loin, de s’échapper pour couper de la vie se fait ressentir. Elle a tendance à passer par des hauts et des bas, Carla, depuis un an maintenant, se posant de plus en plus de questions sur sa vie sentimentale, savoir si ça lui convient autant qu’elle le fait croire, d’être célibataire depuis toujours. Elle envie de plus en plus ses amis qui sont à deux, et avoir sa meilleure amie qui prépare son mariage n’arrange rien. Elle est loin de se plaindre de cette situation, et elle arrive même à se convaincre 80% du temps que c’est mieux comme ça. Alors, quand Elizabeth lui avait annoncé quelques jours plus tôt partir pour la France, elle avait vu là une occasion rêvée pour s’évader et s’est donc invitée à la partie. La brune n’a pas vraiment laissé le choix à son supérieur pour tout dire, peu importe si elle s’y prend au dernier moment ou pas. Et est né en elle, un sentiment d’espoir et de renouveau qu’elle n’avait plus connu depuis trop longtemps.

Le jour J, ni une, ni deux que Carla est prête, presque une heure à l’avance. Elle parcoure le tout New-York jusqu’au lieu d’embarquement, légèrement anxieuse à l’idée de prendre l’avion tout de même, étant donné que ça ne lui est jamais arrivée. Elle trimballe derrière elle une valise de taille moyenne et un sac à dos sans doute plus gros qu’elle. On dirait presque une écolière qui s’apprête à faire son premier voyage scolaire. Lunette de soleil sur les yeux, large sourire aux lèvres. Paris me voici ! Comme qui dirait. Et lorsqu’Elizabeth entre dans son champ de vision, elle ne tarde pas à faire de grands signes de la main pour faire part de sa présence. Après quelques politesses d’usage, Carla ne manque pas d’entamer la discussion.

« J’espère que ça ne te dérange pas que je vienne avec toi ! J’avoue… j’ai pas résisté à l’appel de la France ! Depuis le temps que j’ai pas pris de vacances… » Elle rit légèrement, soucieuse malgré tout de s’être imposée de la sorte. « J’te promets, je me ferais toute petite. » Bien sûr, on y croit. Rien que son excitation risque de se faire entendre très rapidement. « En plus, clairement, ça fait depuis notre rencontre que j’ai envie de voir une de tes courses en direct. » Bon, elle n’y va pas que pour ça, et elle ne compte pas embêter l’autre brune outre mesure pendant ses activités professionnelles, mais si elle a l’occasion d’assister à la course, elle ne dira pas non…

Bahreïn, Monte Carlo, New-York, Montréal, Le Castellet, Spielberg. Je ne cesse de voyager et d’enchaîner les aller-retours entre les différents circuits sur lesquels je cours mais aussi des retours express à la maison pour profiter de mes amis et d’Adrian. Je suis exténuée, mon corps commençant doucement à me faire payer les heures de trajets et les heures de décalage horaire. Un jour en BST, le lendemain en UTC-4 pour repasser en CET sous quarante-huit heures. J’essaye de rester caler sur le fuseau horaire européen mais ce n’est pas facile. Je ne peux pas aller me coucher à 18h et me lever à 5h pour commencer ma journée. C’est tout bonnement improbable et ce serait contre productif. Si je rentre, c’est pour profiter des gens que je viens voir. La saison est encore longue mais je n’ai pas trop peur des heures de travail qui arrivent. Je sais qu’il y a une raison à tout cela et je sais aussi que je vais pouvoir me reposer à l’hôtel ces prochains jours. Aucun doute sur le fait que les garçons profiteront avec leurs familles alors que moi, je n’aurais que mon lit et quelques dates sur facetime avec Adrian. Enfin, ma valise prête, mes lèvres sur les siennes, une dernière gratouille à Buzz et je file vers l’aéroport pour retrouver Carla.
Une décision de dernière minute, une invitation en bonne et due forme et nous voilà toutes les deux dans l’aéroport, prête à profiter de la France. Paris pour deux petites journées avant de foncer dans le Sud puisque la course aura lieu sur le circuit Paul Ricard au Castellet. Je ne l’ai pas encore prévenu que nous voyageons en Jet privé mais je compte bien lui faire la surprise, histoire qu’elle soit toute heureuse et émerveillée de la nouvelle. Je lui ai juste dis que je m’occupais de tout et qu’elle n’avait qu’à me rejoindre à La Guardia. Et quand j’arrive, elle est déjà là, ce qui me rassure. Les heures de vol sont assez strictes alors ce n’est pas plus mal. Ma valise derrière moi, je la prends dans mes bras lorsque j’arrive à son niveau et la conversation démarre rapidement. Il n’y a jamais eu aucune gêne avec Carla et ce n’est pas maintenant que ça va commencer. Un sourire sur les lèvres, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. Tu n’es déjà pas très grande alors évite de te rendre invisible. Que je souffle avec un clin d’oeil. Si je lui ai proposé de venir, ce n’est pas pour rien. Ça ne me gêne pas qu’elle vienne et puis moi, ça me fait de la compagnie en plus de lui offrir des vacances dans un pays étrangers. Et tes rêves seront exaucés ! Je te préviens, on voit mieux à la télé que sur le circuit mais ça va être une sacré expérience quand même. Toutes les personnes que j’ai embarqué sur des pistes avec moi ont toujours aimé cela alors, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. Mes yeux sur la brunette, je souffle Allez suis-moi, il y a quelque chose que je dois te montrer. Je me mets en marche vers les portes d’embarquements et avant de passer par les sécurités, on prend un nouveau couloir. Tu as déjà voyagé en avion ou pas ? Parce que c’est toujours impressionnant. Mais en jet, c’est différent. Je préfère. Je peux faire ce que je veux et c’est bien plus confortable, on ne va pas se voiler la face. Et puis… C’est un trajet où l’équipage n’a que moi à s’occuper. Et ça, j’apprécie. Pas imbue de ma personne ou narcissique mais bon.