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The one where Joey dates Rachel - Ann

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Mar 10 Aoû - 1:05
Le musicien était de bonne humeur. Sans qu’il sache expliquer pourquoi, l’angoisse avait décidé momentanément de lui ficher la paix. Il savait que le répit serait de courte durée, qu’elle reviendrait au plus tard demain dès l’aube, mais en attendant, il comptait profiter de sa soirée. Il s’était résolu à prendre l’affaire à la légère, chassant l’once d’agacement qu’il ressentait envers Elior. Organiser un faux date avec sa coloc, sérieusement ? À trop regarder Friends, voilà ce qui finissait par arriver. En plus, dans l’histoire, Wes se retrouvait avec le rôle de Joey et franchement, il aurait préféré être Chandler. Enfin… Il s’était promis de ne pas râler. Et puis, Ann avait l’air de s’amuser de la situation. Il n’y avait donc aucune raison d’être gêné. Vraiment aucune.

C'est à grand renfort de Google Maps qu’ils trouvèrent le restaurant. Levant le nez de son téléphone, Wesley eut une seconde d’hésitation. Il tourna la tête vers Ann. « Heu, tu m’avais pas parlé d’un truc pas trop guindé ? » Ça n’était pas l’impression que donnait la devanture. Le brun prit un instant pour examiner leur look. Merde, on va encore passer pour des cons. Il soupira. Non Wes, on ne ronchonne pas. Résigné, il haussa les épaules. « Bon bah, c’est pas comme si c’était la première fois qu’on était pas dans le thème… T’es prête ? » Question rhétorique, ils n’allaient tout de même pas faire demi-tour, pour la simple et bonne raison qu’il aurait été dommage de rater un repas entièrement et gracieusement offert par Elior.

Ils s’installèrent à la table qu’on leur indiqua. S’il avait joué le jeu à 300%, Wes aurait pu tirer la chaise d’Ann pour qu’elle puisse s’asseoir. Sauf que le musicien et la galanterie désuète, ça ne faisait pas deux, ni trois, mais à peu près trente-sept. Lorsque le serveur s’approcha pour leur proposer un apéritif, il s’exclama : « On va prendre votre meilleure bouteille de champagne ! » Machinalement, il baissa le regard vers la carte. Ses yeux s’arrondirent lorsqu’il repéra le prix à quatre chiffres du champagne le plus haut de gamme. Le but, c’était emmerder Elior, pas le forcer à contracter un emprunt, il était prof, pas propriétaire d’Amazon. « En fait, on va prendre votre meilleure bouteille de champagne à moins de 150$. » Il regarda le serveur s’éloigner puis concentra son attention sur Anneke, un petit sourire désolé au coin des lèvres. « Dans quoi je t’ai embarquée encore... »

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Mer 18 Aoû - 17:23
L’idée avait d’abord paru très, très mauvaise à Ann qui n’avait jusqu’alors que vaguement croisé Elior qui clairement ne la connaissait pas. S’il la connaissait vraiment, il aurait su qu’elle n’avait jamais foutu les pieds à un véritable date et que ce n’était pas la peine de lui demander d’éduquer Wes en termes de drague. Puis, voyant que ce dernier le prenait à la rigolade, elle s’était prise à trouver le plan, si pas foireux au possible, au moins complètement barge. Peut-être même bien qu’elle avait besoin d’une aventure qui la sorte de l’ordinaire histoire de lui rappeler qu’on peut très bien vivre dans un appartement sans roues motrices et tout de même s’éviter la routine. Sans compter sur ce sentiment bizarre qu’elle avait ressenti au fil de sa discussion avec Elior, comme un pincement au cœur qu’elle avait identifié comme de l’égoïsme et dont la culpabilité avait fini par la faire accepter. Cette histoire de faux date avec son coloc et ami depuis ce qui semble être trois millénaires – quatre ans tout au plus -, bien que tirée par les cheveux, avait donc fini par l’amuser une fois qu’elle s’était assurée que cet Elior qu’elle connaissait à peine respecterait l’unique condition qu’elle lui avait posée : réserver dans un endroit, je cite « pas trop guindé ».

Aussi, alors même que Wesley s’arrête à l’endroit présumé du restaurant, Ann lève les yeux vers la devanture, en couinant un « T’es sûr que c’est la bonne adresse ? » inquiet avant qu’il ait le temps de parler à son tour. S’il n’y a pas de pingouins en queue de pie là-dedans, à en croire le regard courroucé qu’elle jette à l’intérieur par la baie vitrée, ce restau est tout de même rempli de rois et reines des affaires en tailleur ou en petite chemise slash petit pull noué sur les épaules, le genre de beau monde dont Ann a plus l’habitude de rayer les Volvos scintillantes que de côtoyer. Et ne parlons pas de leurs accoutrements à tous les deux, plus appropriés pour un buffet à volonté chez pizza hut que pour… ça. « Ah si si, » elle répond en grimaçant, à moitié amusée – déjà qu’elle a presque imposé cette soirée à Wes, elle ne veut pas non plus que ça se passe dans un environnement qui les rend mal à l’aise -, « je me rappelle utiliser spécifiquement ces termes-là. Et je crois bien qu’Elior a dû me répondre un truc comme quoi fallait pas que je m’inquiète et figure-toi que j’aurais peut-être dû ne pas le croire. » Elle hausse les épaules. Wes ne se formalise pas, semble même prendre le tout avec philosophie et elle s’en voit soulagée. Elle le suit donc à l’intérieur non sans avoir acquiescé : elle est prête, du moins elle n’a pas trop le choix, et peut-être même qu’ils se rendront compte en partant qu’ils ont eu tort de croire qu’ils n’ont pas leur place dans ce genre d’établissement. Un peu d’espoir, bon sang !

Ils s’installent à table et un serveur arrive à la seconde même où ils posent leurs divines – il faut bien qu’elles le soient, dans un établissement pareil – fesses sur leur chaise. Ann doit se retenir de pouffer jusqu’à ce que le serveur s’éloigne. « It’s okay Wes, c’est moi qui t’ai embarqué là-dedans. Je suis désolée. » Elle hausse les épaules puis se penche sur la table pour chuchoter : « Et puis regarde un peu ce qui nous entoure, on peut prendre ça comme une étude sociologique de comptoir. Dis-moi ce que tu bois, je te dirai qui tu es, something like that ? » La brune se rassied correctement, croise les bras sur sa poitrine et gratifie son ami d’un sourire vaguement amusé. D’ailleurs, le champagne arrive en même temps que les cartes et ils se font servir de manière si fancy que la brune ne peut se retenir de ricaner, cette fois. Aussi, elle lève son verre, un rictus amusé au coin de la bouche. « A Elior et à son pauvre portefeuille, du coup, il mérite bien qu’on trinque pour lui ! Il doit sacrément t’aimer, mine de rien. » Pour être prêt à organiser et payer tout ça sans garantie que son pote en sorte grandi et prêt à faire des ravages tel un gros lover – d’autant qu’Ann n’a pas du tout l’intention de se lancer dans un cours de séduction -, il faut être attaché, en effet.

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Dim 12 Sep - 22:38
Son amie semblait aussi désemparée que lui, alors Wesley la rassura sur le ton de la plaisanterie. « My bad, j’aurais dû te briefer sur Elior. Règle n°1 : quand il te dit de ne pas t'inquiéter, c’est qu’il faut que tu commences à sérieusement paniquer. » Se retrouver dans cet environnement hostile ne le gênait qu’à moitié, finalement. Il était persuadé qu’ils trouveraient le moyen d’en rire. Sa coloc dut arriver à la même conclusion puisqu’elle lui proposa une étude sociologique. Le musicien se prit immédiatement au jeu. Se moquer des nantis figurait dans le top 3 de ses activités favorites ー plutôt ironique pour lui qui n’avait jamais fait partie d’un milieu prolétaire. « Le gars assis dans le coin, là-bas, tu arrives à voir ce qu’il a pris ? Avec une cravate aussi moche, c’est forcément une boisson de mec qui découpe des gens dans son garage. » Comme si les yeux du brun lui avaient brûlé le dos, l’homme en question pivota vers eux. Wes gloussa comme un gamin. « Oups, grillé. » Il tenta vaguement de se cacher derrière sa flûte à champagne vide, même pas vraiment gêné.

Vide, justement, ladite flûte ne le resta pas longtemps. Ils furent servis avec mille égards. C’était d’autant plus ridicule que le serveur faisait manifestement beaucoup d’efforts pour ignorer leur allure d’adolescents. D’ailleurs, Ann se mit à ricaner et Wes surprit le coup d'œil de leur voisin de table vers elle. Il y lut ce qu’il avait envie d’y lire, c’est-à-dire du mépris. Il le fusilla du regard. Mêle-toi de ce qui te regarde, toi. Ce crétin de bourgeois n’avait pas intérêt à mettre son amie mal à l’aise avec son air supérieur. En plus Ann semblait disposée à s’amuser, ce qui se faisait de plus en plus rare ces derniers temps, alors ça n’était pas un vieux snob qui allait tout gâcher. Heureusement, la bataille de regards (somme toute assez stupide) ne dura qu’une poignée de secondes avant que Wes ne replonge le nez dans son verre de champagne, égal à lui-même, jamais énervé très longtemps.

Évidemment, le sujet d’Elior revint vite sur le tapis. Après tout, c’était lui le mécène de la soirée. Wes lâcha, un peu dans sa barbe, comme pour dissimuler la tendresse qu’il éprouvait envers son ami d’enfance : « Ouais, c’est un chic type. » Tel un parent trop laxiste, il lui passait tout. Y compris cette idée de date gênante, tentative maladroite de le sortir de la routine confortable dans laquelle il s’était englué. Par chance, Elior avait fait appel à Anneke, peut-être la personne la moins indiquée pour se lancer dans un cours de séduction au premier degré. Wes avait l’impression d’échapper à l’humiliation de sa vie (Un cours ? Et puis quoi encore ? Il possédait déjà ses petites techniques personnelles, d’ailleurs elles fonctionnaient très bien, voilà, merci, bonne soirée à vous) et ça le mettait d’excellente humeur. Il trinqua donc avec enthousiasme, le sourire aux lèvres. « Et puis à nous pour avoir trouvé la motivation de sortir, ce soir. C’est sympa de prendre l’air. » Ça pouvait paraître insignifiant. C’est vrai, ça n’était qu’une simple sortie au restaurant. Mais pour Wes c’était surtout le signe qu’ils commençaient à aller mieux. Décider de se mêler aux gens alors qu’ils auraient pu glander devant une énième rediffusion de Die Hard, voilà quelque chose d’encourageant, non ? Mais Wes déchanta lorsqu’il se retrouva face à la carte. Choisir un menu dans des conditions « normales » s’avérait déjà compliqué, il pouvait y passer des heures, alors si les plats commençaient à avoir des noms incompréhensibles de dix lignes, comment allait-il s’en sortir ? « Une idée de ce que tu vas commander ? » Je jure que la prochaine fois on ira au kebab.

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Mar 28 Sep - 23:38
Si Ann se la joue faussement choquée d’avoir été « piégée » par Elior, la réalité est qu’elle est vraiment contente de pouvoir passer du temps avec Wes hors de cet appartement qu’elle ne peut plus voir en peinture et loin de tout ce qui pouvait ressembler à une salle de concert – ou n’importe quel lieu qui passerait de la musique extrême, soyons francs. Bref, rien qui leur rappelle leur situation, leurs angoisses et certainement pas la déprime qui les ronge depuis bien trop longtemps. Et si ce restaurant est bien trop guindé pour eux, il a au moins le mérite de les sortir un peu et de les focaliser sur ce qui importe : avoir les idées changées et un sourire, même ironique, aux lèvres. Quant au petit jeu qu’elle vient d’inventer pour parvenir à son but, elle se félicite de l’idée et se prend même à rire aux éclats lorsque Wes, dans sa discrétion habituelle, se fait remarquer en moins de trente secondes. « Fais en sorte de pas être le prochain qu’il découpera dans son garage si c’est le cas, j’ai assez peu envie de finir témoin dans un procès long de six mois. » Un haussement d’épaules plus tard, elle continue : « Mate plutôt l’expertise. Watch and learn. » Son regard se pose discrètement sur le couple à sa droite, une ou deux tables plus loin. Faisant mine de réaliser une analyse poussée, elle plisse les yeux, prend deux secondes pour faire semblant de réfléchir, puis chuchote « Martini sans glace, il a bu la moitié du verre mais l’olive est toujours là… Bref, un mec chiant. Sûrement père d’un cadre sup raté à qui il offre les fonds pour créer une nouvelle startup tous les deux mois. »

Le serveur la coupe dans son élan, cependant, et c’est très certainement mieux comme ça. Autant ne pas se faire d’ennemis en terrain inconnu, n’est-ce pas ? Il ne manquerait plus qu’ils se fassent jeter. Cela dit, si la brune remarque le regard noir de Wes, elle n’a pas remarqué celui de leur voisin de table, trop occupée à s’amuser de la situation pour s’occuper de ce que tous ces gens pourraient penser. Inquiète, elle jette une moue interrogative vers son ami qu’elle balaie aussi vite. Le champagne est servi et l’heure est au toast. « Ca fait du bien, oui. Je crois qu’on a besoin de voir autre chose que cet appart. » Et puis, il se pourrait que j’aie un projet dont j’aie envie de parler, elle le pense mais n’ose pas le dire, pas encore. Une petite graine qui se forme dans son esprit depuis quelques jours, quelques semaines. Wes est probablement son plus grand critique après son père, du moins leur opinion compte bien plus que toutes les autres dans la balance pour Ann. Risquer de se voir déchanter n’est pas au programme aujourd’hui, donc. On verra ça plus tard.

De toute façon, les cartes arrivent et le grand dilemme avec. Les yeux ronds, la brune s’applique à décortiquer les noms des plats mais rien n’y fait : elle ne comprend pas ce qu’on lui propose d’avaler. « Euh… », elle hésite. « ‘Cappuccino de crustacés à l’infusion de cèpes’, tu crois que ça se mange ou ça se boit ? » Dans une grimace, elle ricane, pas convaincue. « ‘Royale de lard au jus de truffe’, ah, ça a l’air d’un plat bonne franquette pour qui gagne plus de 50k par an, ça doit pas être assez fancy. » Et quand bien même son propre père pourrait prétendre atteindre ce chiffre aisément, Ann ne s’est jamais reconnue dans ce genre de foule proche de son argent. Elle ne s’est jamais sentie trop aisée non plus, si ce n’est depuis qu’elle comprend la chance qu’elle a de pouvoir habiter gratuitement un appartement en plein centre ville. Mais son style de vie est loin de refléter l’aisance financière dans laquelle elle a grandi, que du contraire. Et toutes ces ambiances guindées ne sont pas sa tasse de thé.

Elle se gratte la tête, un peu désemparée, mi-confuse, mi-amusée. « Je jure que la prochaine fois, je t’invite chez mcdo, ce sera plus simple. A moins que tu sois plutôt burger king, je tuerais pour un whopper, au moins tu sais ce qui sera dans ton assiette ! »

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Jeu 7 Oct - 20:35
Anneke le connaissait depuis si longtemps qu’elle savait exactement ce qui le faisait rire. Il aurait pu littéralement passer toute sa soirée à ricaner en l’observant jouer la profileuse, et ce sans se lasser de la blague une demi-seconde. Avec un hochement de tête appréciateur, il commenta : « Très, très impressionnant. Tu m’avais caché ce talent. » Son regard se posa à son tour sur le couple, cette fois-ci plus discrètement puisqu’il ne se fit pas remarquer. Tandis que son compagnon n’en finissait pas de s’écouter parler, la femme arborait le regard lointain des gens particulièrement bored. Il esquissa un sourire narquois. « Sa nana a l’air de s’ennuyer sec, finalement c’est à lui que tu devrais donner des conseils en séduction. » Empruntant un ton faussement implorant, il ajouta : « Puisqu’Elior te considère comme la grande prêtresse de la drague, ô Ann, aie pitié de ce pauvre homme pété de thunes et visiblement très imbu de lui-même. »

Plein de bon sens, le serveur mit fin à leur petit jeu avant qu’ils ne se mettent à dos tous les clients de l’établissement. Bien que leur duo ne soit définitivement pas sortable en société, Wes ne pouvait être plus d’accord avec la brune : cesser de vivre en ermites leur faisait le plus grand bien. « Je crois aussi. Ça a l’air d’aller mieux, toi. » Il avait l’impression qu’Ann retrouvait petit à petit son entrain légendaire, c’était comme une accumulation de changements imperceptibles pour quelqu’un qui ne vivrait pas en colocation avec elle. Il ignorait ce qui la motivait à ce point. À vrai dire, il ne s’était pas posé la question, appréciant seulement de retrouver des bribes de son amie telle qu’il la connaissait au mieux de sa forme. « J’ai reçu un sms de ma mère tout à l’heure. Elle a vu la vidéo de, tu sais, cette représentation à la Juilliard avec Dgee, et je crois que ça lui a plu. » Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle il racontait cette anecdote à Ann. C’était venu comme ça, au fil de la conversation et de ses associations d’idées. Ça n’était pas particulièrement intéressant, mais cette approbation maternelle le rendait fier comme un gamin. Car si le metal laissait ses parents dubitatifs, un récital de piano semblait les avoir un peu plus touchés, comme s’ils comprenaient enfin le langage de leur fils. Réalisant le caractère puéril de sa satisfaction, Wes se sentit vaguement embarrassé et ne tarda pas à changer de sujet.

Justement, ils entreprirent d’éplucher la carte, qui ressemblait plus à un mauvais poème qu’à une bête liste de plats. L’évocation du mélange fruits de mer-champignons le fit grimacer. La recette lui paraissait dégueulasse (quelle drôle d’idée que cette confusion entre le liquide et le solide ?) mais allez savoir pourquoi, ce soir Wes se sentait exceptionnellement l’âme d’un aventurier du goût. « Aucune idée, ça a l’air immonde maaais… Ça me rend pas mal curieux. » Une fantaisie qu’il risquait de regretter une fois l’assiette devant lui, mais cette soirée était placée sous le signe de la nouveauté, alors pourquoi pas ? Et puis Ann confia son envie de malbouffe, ce qui provoqua un soupir exagérément plaintif chez son coloc’. « I know right, si seulement on pouvait filer à l’anglaise, dommage qu’on ait ce champagne hors de prix à finir... » À moins de le boire cul sec avant que le serveur ne revienne pour prendre leur commande, ils étaient bel et bien coincés, hélas.

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Dim 21 Nov - 11:59
Passer du temps avec Wes est probablement l’une des activités préférées d’Ann, qu’ils soient affalés sur le canapé à mater un nanar ou en faux date stupide et c’est si naturel qu’elle ne s’en rend même pas compte. D’aucuns auraient déjà compris les raisons pour lesquelles elle a accepté ce deal avec Elior, elle n’a même pas commencé ne serait-ce qu’à réfléchir à la question. C’est qu’avec lui, on se marre à tous les coups, surtout depuis que chacun d’entre eux va chaque jour un peu mieux que la veille, un petit pas à la fois. Sa présence est agréable et il est son ami, c’est tout. « Elior ferait mieux de revoir sa notion de pro de la drague, », elle ricane à sa dernière boutade qui lui a arraché, elle, un rire éclatant, « mon dernier véritable succès remonte à votre date à Copenhague en 2019 et autant te dire que mon danois inexistant n’a pas aidé à plaider ma cause. ». Elle parle déjà néerlandais ainsi qu’un français et anglais presque parfaits, il s’agirait donc de ne pas abuser. Ce charmant jeune homme avait été réceptif à son charme naturel – sic -, point barre.

Le serveur met cependant fin à leurs bêtises, probablement à temps, d’ailleurs. Ils sont bruyants et dénaturent un peu trop le paysage, il vaudrait peut-être mieux qu’ils sortent rapidement. Les verres tintent l’un contre l’autre et la conversation reprend un peu de son sérieux. Elle va mieux, c’est un fait. Honnêtement, elle n’avait pas eu l’impression d’aller mal, pas tant que ça du moins, mais maintenant qu’elle reprend un peu de poil de la bête, elle n’a plus vraiment de doute. La brune gratifie Wes d’un sourire sincère. « Et toi aussi. » Elle aperçoit à nouveau un Wesley plus confiant, qui a retrouvé la force de monter sur scène, des tas de petits changements qui rendent l’ambiance dans leur colocation bien moins lourde. Il fut un temps où ils se sont complus dans leur malheur. Aujourd’hui, il semblerait presque que les ambitions de l’un tirent l’autre vers le haut et vice-versa. « C’est vrai que c’était très réussi. » La fierté de Wes est communicative et décroche un sourire sincère à Ann. Elle aussi a vu la vidéo. Elle se serait même incrustée pour le soutenir le jour de la représentation si elle s’était sentie légitime de lui demander l’autorisation. « Ta mère a de quoi être fière, c’est bien qu’elle t’en ait parlé. » Venant de l’adulte de trente-six ans qui vit à travers la validation de son papa chéri, c’est tout à fait sincère. Ann sait que c’est parfaitement puéril, mais elle ne peut faire autrement, et n’arrive pas à imaginer que qui que ce soit puisse vivre sans rechercher la validation d’une figure parentale, qu’elle quelle soit.

Le sujet change rapidement cependant. Les conversations sérieuses n’ont jamais été leur fort. Quand bien même depuis le début de leur colocation ils aient laissé tomber le masque quelques fois, on en revient régulièrement à des boutades pour alléger l’atmosphère, probablement par pudeur et par crainte, et c’est précisément ce qui est en train de se passer. Le duo décortique la carte avec une stupeur amusée, prêts à s’enfuir pour de bon. « Curieux, carrément ? Tu serais cap de goûter un plat qui mélange champignons et crustacés ? » Ann grimace. « Ton courage face à des défis sans enjeux me dépasse, Wes, mais je te tire mon chapeau. » Décidément, les fioritures ne leur réussissent pas. Aussi, pour se donner une raison de rester, Ann lève sa flûte de champagne vers son ami, la vide d’une traite et en profite pour les resservir tous les deux. « T’as raison, commençons déjà par finir ça. Ce serait dommage. T’as pas envie de narguer Elior, tiens ? Je suis sûre qu’il trépigne d’impatience d’avoir ton débrief, en plus. » Vu ce qu’il avait été prêt à sacrifier pour revoir Wes dehors, Ann n’imagine pas la moindre seconde qu’il n’attende pas un rapport détaillé des évènements. « Ce serait dommage de le faire attendre sans un petit reportage photo ! »

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Jeu 2 Déc - 21:47
Le musicien passait aussi l'une de ses meilleures soirées depuis des mois. Il avait l'impression grisante de retrouver son lui d'antan, le Wes souriant et blagueur qui ne ratait pas une occasion de ricaner. C'était certainement lié à ce champagne qu'ils sifflaient trop vite. Ou à cette sortie clairement incongrue. Ou encore à la compagnie drôle et spontanée d'une Ann (presque) au mieux de sa forme. Peut-être un peu des trois, en fait. Et puis Ann se mit à raconter son dernier rendez-vous galant, pour le moins… mémorable. Ça le fit rire. « Briseuse de cœurs, va ! » Il avait cette image très cartoonesque du danois complètement béat devant sa coloc. Rien de plus compréhensible : Ann était quand même super canon. Wes ne tiqua même pas songeant cela. La constatation était purement factuelle, on pouvait être ami avec quelqu’un et le trouver canon, ça n’était rien de plus que de l’objectivité. Voilà tout.

Et puisqu’ils en étaient à se raconter leurs dates d'anthologie, Wes se mit à réfléchir à ses meilleures anecdotes. Il n’eut pas à réfléchir longtemps. « J’ai rencontré une fille une fois, je devais avoir 25 ans, elle était super sympa, super drôle, et puis au petit-déjeuner je me suis rendu compte qu’elle était surtout très complotiste. » Il rit à nouveau. « Je te jure, elle était vraiment cool, comment  j’aurais pu deviner qu’elle croyait dur comme fer que la Terre est plate et que le Prince Charles est un vampire ?? »

Évidemment, quand il en vint à évoquer à demi-mot son besoin dévorant d’approbation, Ann ne se moqua pas. Son amie avait cette compréhension de l'autre, si précieuse, grâce à laquelle elle ne lâchait jamais une plaisanterie blessante par mégarde. C'était agréable de savoir qu'il pouvait tout aborder avec elle, sans craindre sa réaction, même si la pudeur prenait parfois le pas sur la confiance. « Tu vois, on s’était dit qu’on s’en sortirait. » Oh, Wes était bien présomptueux, il leur restait encore du chemin à faire, mais au moins ils voyaient la lumière au bout du tunnel. Ils avaient (chacun de leur côté et pourtant essentiellement grâce à l’autre) retrouvé l’envie de faire des choses. Mais ils n’étaient pas là pour réfléchir aux choses de la vie. D’une part parce qu’ils l’avaient suffisamment fait ces derniers mois. Et d’autre part, parce qu’ils étaient là pour tester des plats bizarres et boire du champagne dans des quantités industrielles. D’ailleurs, il n’eut même pas le temps de se rendre compte que sa flûte était vide : Ann l’avait déjà resservi.

Maintenant que son amie avait salué son courage vis-à-vis du cappuccino de crustacés, Wes ne pouvait plus choisir un autre plat. Question d’honneur. Il n’était jamais lâche quand il s’agissait de défis stupides. « C’est le frisson du risque, Ann, le frisson du risque. » Avant de changer d’avis, il adressa un signe au serveur. Celui-ci leur tomba littéralement dessus, alors que Wes n’avait même pas esquissé son geste. Le musicien eut un léger sursaut. Flippant, le mec. Leur commande fut prise en un clin d'œil. Un peu plus et Wes allait finir par croire que le personnel de l’établissement n’avait qu’une hâte : que sa coloc et lui débarrassent le plancher le plus vite possible. Il haussa les épaules et se concentra à nouveau sur Ann, qui lui parlait d’Elior. « M’en parle pas, il va me réclamer une copie double de détails. » Il soupira, plaintif. De quoi réveiller en lui les pires souvenirs de sa scolarité. « Tu fais la maligne, mais maintenant qu'il a ton numéro, il va te demander des comptes à toi aussi. » Anneke allait faire la connaissance d’un Elior dans toute sa splendeur, avec ce que ça comportait d’horripilant. Wes étouffa un ricanement. Elle n’allait pas être déçue du voyage. « Faudrait qu'on accorde nos violons. » Dans la mesure du possible, si sa coloc pouvait prétendre qu’il était un séducteur né, ça l’arrangerait. « Excellente idée, le reportage photo. On commence par quoi ? Selfie champagne ? »

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Dim 5 Déc - 19:22
« Mais non ?? » Entre deux gorgées de champagne, Ann se délecte de l’histoire de date désastreux d’un Wes encore bébé à l’époque, du moins c’est ce qu’il semble, avec le recul et les années qui passent. Elle est particulièrement drôle, cette anecdote, et la brune ne pense pas ça parce qu’elle sort de la bouche de Wes, pas du tout. « Il y a une théorie sur le Prince Charles ? » Secouée d’un rire incontrôlable, elle ne peut qu’imaginer les détails de ce complot qu’elle ne connaît pas. Pour une fois, elle se complaît dans son innocence, cependant. « Heureusement que tu t’en es rendu compte rapidement, imagine, quelques semaines incognito et elle aurait peut-être réussi à t’embobiner. » Ou pas, le musicien est suffisamment dégourdi pour ne pas tomber dans les théories fumeuses, mais l’idée suffit à la faire ricaner.

Ils s’en sont sortis, oui. En tout cas, c’est en bonne voie pour. Les projets se concrétisent pour l’un comme pour l’autre, laissant apparaître des perspectives un peu plus douces pour les mois à venir. Elle hoche la tête en signe d’approbation, puis lève un regard lumineux vers son ami. C’est en grande partie grâce à son aide précieuse, son soutien, sa présence qu’elle a réussi à se sortir de son canapé. Si Ann se voile la face sur beaucoup de choses qui concernent Wes, elle a tout à fait conscience que sans lui, elle serait probablement encore terrée dans sa grotte à attendre que le temps passe. Pourtant, il aurait été facile de le blâmer : après tout, si Spleen Code avait toujours existé, rien de tout cela ne se serait passé. D’un autre côté, sans la séparation du groupe, ils ne seraient pas là à manger et boire sur le compte d’Elior, chacun la tête pleine de nouveaux projets et riches d’une relation, certes déjà amicale depuis longtemps, mais enrichie et renforcée. Autant dire qu’Ann ne reviendrait en arrière pour rien au monde. « On l’a fait, bravo nous. », conclut-elle dans un sourire en levant son verre. Et ça, c’est quand même une nouvelle qui s’arrose. Alors quitte à boire du champagne hors de prix, autant se resservir, et c’est précisément ce que fait la brune qui sent bien que cette soirée va se terminer dans un traquenard.

Le pingouin-serveur revient si rapidement qu’Ann doit réprimer un sursaut de surprise. Trop occupée à charrier Wes, elle se trouve obligée de faire un choix rapide, peu stratégique d’ailleurs, parmi tous ces plats aux noms inquiétants. L’employé se dandine sur ses deux pieds, forçant Ann à se dépêcher encore un peu plus, et elle finit par jeter son dévolu sur des intitulés au hasard. Lorsqu’il se retire, la brune reporte son attention sur son ami. « Je ne doute pas qu’il va me demander mon avis expert sur ‘La question Wes’. » Amusée, elle en rajoute une couche : « Et je ne manquerai pas de te donner de bonnes notes. Tchatche, 8/10. Style, 6/10 – je le pense pas je t’assure, mais si je te donne plus il va savoir que je le baratine. » La brune rit au fil de sa petite blague qu’elle trouve hilarante. Vraiment, cette situation avait de quoi être un véritable désastre, mais tout tourne bien mieux qu’elle n’aurait cru. Et lorsque Wes propose un selfie champagne, elle opine du chef avec ferveur. « Ah oui, bonne idée, je peux ? », elle demande avant de s’emparer du téléphone du musicien, posé sur la table. Rapidement, elle prend la pose avec sa flûte, se photographie, et repose l’appareil là où elle l’a trouvé. Décidément, cette soirée l’amuse beaucoup – il faudra qu’elle pense à vraiment, sincèrement remercier Elior en sortant, et sans blaguer cette fois.

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Lun 20 Déc - 19:12
Provoquer un rire chez l'autre était toujours extrêmement valorisant. Mais provoquer un rire chez Ann, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, se révélait encore plus flatteur. Wes se rengorgea, un sourire narquois au coin des lèvres, fier comme un paon. « I swear, you can google it ! Il descendrait du type qui a inspiré Dracula… Enfin, je t'avoue que j’ai pas creusé et qu’elle m’a mis à la porte avant de m’avoir expliqué le fin mot de l’histoire – et avant d’avoir réussi à me convertir. » La jeune fille n’avait pas trop apprécié le fou rire incontrôlable du brun quand elle lui avait exposé ses croyances. Avec le recul, il s’en voulait un peu, il avait dû profondément la vexer. Il était tellement bête, à vingt-cinq ans.

De toute évidence, ils se portaient mieux. Soudain, le musicien songea qu'Ann pourrait peut-être développer, dans un futur proche, le désir d'arrêter leur coloc. Parce que sa vie allait se remplir de divers projets et qu'elle n'aurait plus tellement envie de s'encombrer d'un Wes stagnant dans son salon. Peut-être même qu'elle rencontrerait quelqu'un, or avoir un garçon errant chez soi n'est pas l'idéal lorsque l'on veut finir la soirée avec son date de manière… Festive. Oh, Wes savait qu’Ann ne le pousserait pas vers la sortie, mais peut-être qu’à un certain moment, il se sentirait de trop dans sa vie. Cette pensée lui fit l'effet d'une enclume sur la poitrine et il perdit une seconde son sourire. La perspective de réintégrer son appartement bien vide l’angoissait terriblement. Il se ressaisit vite, retrouvant son air guilleret. Hors de question qu'il retombe dans ses vieux travers, à savoir le fait d'anticiper les problèmes et de les vivre deux fois. Ne pouvait-il pas se réjouir pour elle, tout simplement ? Ne pas tout ramener à lui ? Pour l'instant, tout allait bien, autant en profiter. Wes s'enfila sa coupe de champagne d'une traite. Voilà, il se sentait tout de suite mieux. « Je ne sais pas si commander une autre bouteille serait très raisonnable… » Si seconde bouteille il y avait, il se promit de la rembourser à Elior, parce qu'il ne fallait pas non plus abuser de ses bons sentiments. « En même temps, il est vraiment pas dégueulasse… Même s'il tape un peu fort. » Pas sûr qu’ils sortent très sobres de ce restaurant, finalement.

Wes observa son amie commander avec empressement, une lueur impitoyable brillant dans son regard. « Si tu savais comme j'ai hâte de voir la tête du plat que tu as choisi ! » Il ne manquerait pas de se moquer quand elle se retrouverait avec des cuisses de grenouille devant elle. Pour ça, on pouvait compter sur lui. En attendant, il lui était impossible de déterminer ce qu’il y avait de plus amusant entre les plaisanteries d’Ann ou bien le fait qu’elle se fasse rire elle-même. « 7/10 de moyenne, c'est honorable. Je n'en attendais pas tant, alors soit ma performance était bien meilleure que prévu, soit tu as noté très généreusement. » Il la laissa le charrier, entra même dans son jeu : c’était de bonne guerre et il attendait le retour du serveur pour prendre sa revanche. Avec un sérieux feint mais cependant tout à fait crédible, il renchérit : « Maintenant il va falloir que tu me files tes meilleures tactiques  de professionnelle pour atteindre au moins les 9/10. »

Jouant distraitement avec ses couverts (il n’était pas sûr de comprendre l’intérêt des quatre fourchettes disposées à gauche de son assiette), Wes assista à la petite séance photo de son amie. Récupérant son téléphone, il s’enquit : « Tu me donnes l'autorisation de poster ça sur insta ? » Personne à part Elior ne comprendrait la teneur du post, mais c’était toute la beauté d’une inside joke.

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Dim 23 Jan - 22:43
« Thank god she dumped you then! », ricane Ann, qui retient à peine un faux air de soulagement. « Un peu plus et je suis désolée Wes mais toi et moi on n’aurait peut-être pas été potes. » Elle sait que son ami est un homme intelligent et plein de bon sens, jamais de la vie il ne se serait laissé avoir par ce genre de théories fumeuses de toute façon. Aucune chance qu’ils ne soient jamais devenus amis, donc. Mais ils rient tant qu’elle ne peut s’empêcher d’en rajouter une couche. Et pour cause : Ann réalise petit à petit que peu importe les bons moments passés, car il y en a eu dans cette coloc improvisée qu’ils ont formée depuis plusieurs mois déjà, leurs sourires, leurs rires n’avaient pendant longtemps été que des illusions, des masques destinés à cacher leurs yeux vitreux et éteints, la dépression qui les a envahis. Rien à voir avec la sincérité qu’elle distingue dans le regard de Wes en ce moment, depuis quelques temps en fait. Ann en est certaine, le sien est également plus lumineux. Elle le sent. Et ça fait du bien. Elle se délecte donc de ce qu’elle voit, cherche à le faire durer un peu aussi. Aussi longtemps que ça durera.

Et quelle meilleure manière de célébrer qu’avec cette excellente bouteille de champagne qui descend bien plus vite que prévu ? « Je suis d’accord, ça tape. Et puis, c’est hors de prix. » Mais grisant. Mais peu raisonnable, sans nul doute. « N’abusons pas de la bonté d’Elior. Mais je crois savoir qu’il y a un chouette bar un peu plus loin dans cette rue… » Ann ponctue sa proposition déguisée d’un clin d’œil complice. Pour la sobriété et la tenue en société, on repassera. Mais après tout, il va bien falloir rincer ce plat étrange qu’elle s’est retrouvée à commander sans trop comprendre ce qui allait terminer dans son assiette. En attendant, elle préfère continuer de plaisanter, histoire d’oublier ces capuccinos de crustacés et autres étrangetés gastronomiques qui les attendent.

Donner des notes à ses amis n’est pas vraiment dans les mœurs d’Anneke, pourtant elle prend un malin plaisir à en feindre quelques-unes à donner à Elior lorsqu’il lui demandera, parce qu’il lui demandera, ça semble bien être son genre. « Mes tactiques, quelles tactiques ? Au fait, yes, tu peux poster ça sur insta. Qu’il ait le seum, un peu, quand même. » Elle rit de bon cœur. « Honnêtement, je n’ai qu’un semblant de tactique et je crains que tu ne puisses pas me la piquer, celle-là. No offense, but you’re only a bass player. » Dans un sourire indiquant qu'elle plaisante, elle se rapproche un peu, se penchant sur la table, et s’exécute. Elle se mord la lèvre inférieure dans une parodie grotesque et susurre : « My dad’s a rockstar. »

Elle ne réussit à maintenir son regard dans celui de Wes qu’une simple seconde avant de pouffer de rire. « C’est stupide et ridicule mais ça a marché deux trois fois. Désolée de t’avoir infligé ce spectacle. » Elle fourre sa tête dans ses mains, virant soudain au cramoisi, le temps de reprendre un peu ces esprits. « Mais toi alors, elles sont où ces techniques qu’Elior semble trouver si misérables ? » Qu’elle soit venue pour quelque chose, quand même…

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Mar 25 Jan - 20:49
Wes accueillit la perspective de poursuivre la soirée dans un bar en acquiesçant gaiement. Enfin un endroit qui leur ressemblait vraiment. Quand il pensait qu’encore quelques mois auparavant, sortir de l’appart faire les courses représentait pour Ann et lui une épreuve insurmontable… Aujourd’hui ils étaient prêts à passer la nuit dehors. Le gap était vertigineux et le musicien était aussi fier d’eux que s’ils avaient fait le marathon de NY.

Occupé à poster la fameuse photo sur instagram, il ne s’attendait certainement pas au petit numéro d’Anneke. La surprise fut telle qu’il avala de travers sa gorgée de champagne. Pris d’une quinte de toux, il mit de longues secondes à se calmer. Les yeux brillants (à cause de la toux, de l’alcool, de l’amusement – et certainement pas because of this strange little feeling he was trying to ignore), il hasarda : « C’était… Hum, original ? » Les mots lui manquaient pour décrire ce à quoi il venait d’assister. Toujours sans pitié, Wes rit en l’observant se cacher entre ses mains. Dans n’importe quelles autres circonstances, le musicien aurait analysé leur échange comme du flirt. Mais pas ce soir. Qui dit faux date, dit faux flirt. Impossible de faire plus logique. C’était clair dans sa petite tête, même s’il avait vu flou/failli s’étrangler l’instant d’avant.

Sans qu’il s’y soit préparé, ce fut à lui de se prêter au jeu. Avant toute chose, il ronchonna après Elior, qui avait l’audace de qualifier ses méthodes de “misérables”. « De toute façon, pour lui, tout ce qui n’implique pas des paillettes et un dispositif pyrotechnique est misérable, alors bon… » Il haussa les épaules. « Comme tu sais, je suis pas très fort pour tout ce qui est subtilité, du coup je joue plutôt “cartes sur table”. Wait for it. » Tout ça n’était qu’un vaste cinéma. Comme rien n’était vrai, donc, il n’hésita pas à jouer le jeu à fond. Il se redressa sur sa chaise, posa ses avant-bras sur la table et modula sa voix pour qu’elle paraisse plus posée, se préparant à sortir sa phrase magique. « Je passe un très bon moment avec toi ce soir et… (Il fit une pause oratoire, faisant mine de chercher le mot parfait alors qu’il savait pertinemment ce qu’il allait dire)... Je te trouve vraiment séduisante. J’ai envie qu’on se revoit. » Regarder Ann dans les yeux était extrêmement difficile, il ne réussit à maintenir son air sérieux que quelques secondes à peine. Puis d’un coup, il rompit son petit cinéma et s’appuya sur le dossier de sa chaise en riant. « Évidemment, dit comme ça, c’est super nul et un peu ringard, mais hey, mon père est mathématicien alors je fais avec ce que j’ai ! » Heureusement, le champagne annihilait le malaise : sans ça, Wes aurait eu les joues aussi rouges que celles de sa coloc.

Là-dessus, le serveur leur apporta leurs plats, n’ayant sans doute aucune idée de ce qu’il venait interrompre – tant mieux pour lui. Le fameux cappuccino de crustacés ressemblait vaguement à une soupe dans laquelle baignaient trois pauvres crevettes et Wes prit un air absolument désespéré. « Heureusement qu’on a prévu d’aller noyer cette horreur dans de la bière de mauvaise qualité... »

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Ven 4 Mar - 13:28
Que Wesley se moque gentiment ne la laisse pas indifférente, un curieux mélange entre amusement et déception, bien qu’elle n’identifie pas tout à fait l’émotion qui la traverse, se contentant de tiquer face à son cœur qui se serre – un peu, juste un tout petit peu, faudrait pas déconner non plus, encore heureux qu’elle n’est pas vraiment vexée, sa technique est ridicule et puis on parle de Wes, là, le coloc. Pour toute réponse, elle se couvre le visage de ses mains, secouée d’un fou rire ridicule. « On ne se moque pas, Takagi ! », elle prévient en baissant les bras sur la table, et sans vraiment réfléchir à son mouvement, ses doigts se posent sur ceux de Wesley - un geste qu’elle s’empresse de rétracter lorsqu’elle s’en rend compte. Ils n’ont jamais été très tactiles ensemble, à une ou deux exceptions près, parce qu’ils étaient très malheureux. Alors pour faire diversion, elle lui retourne la question en se rasseyant au fond de son siège, croise les bras sur sa poitrine et attend la démonstration d’un air déterminé, incapable de contenir un sourire amusé avant même qu’il n’ouvre la bouche.

Et ce à quoi elle assiste est à la fois hilarant et perturbant. Le regard de son coloc planté dans le sien est étrangement profond, presque hypnotisant, et si elle a conscience que les compliments qu’il lui fait n’en sont pas vraiment, ils sont néanmoins agréables à entendre. Son sourire moqueur se mute petit à petit, seul vestige visible de ce trouble qu’elle s’efforce d’ignorer, et l’éclat de rire de Wes qui vient rompre cet étrange moment arrive à point nommé. Elle l’imite donc. « Ah. Ben y’a du boulot pour faire de nous des séducteurs nés, je te le dis ! » Pas qu’elle ressente le besoin de séduire qui que ce soit, en toute honnêteté. Ann n’en est pas encore là. Elle se plaît suffisamment bien seule et son entourage actuel lui suffit amplement.

Alors que le serveur leur apporte leurs plats, Ann ricane : « Elior n’a pas choisi la bonne personne pour t’éduquer, c’est pas faute de l’avoir prévenu. » Puis, alors qu’elle pose un regard apeuré vers son assiette, elle grimace : « Tu l’as dit, il nous faudra bien ça. » Curieuse, elle se penche vers ce qui ressemble au capuccino de crustacés de Wes, sceptique, et en rajoute une couche : « Enfin au moins, j’ai un repas solide; moi. Tu m’en veux pas si je filme le moment ou tu vas manger… boire, bref, au moment où tu vas consommer ça ? C’est pour les annales, it has to be recorded. »

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Dim 13 Mar - 21:48
Le changement imperceptible dans l’attitude d’Ann n’échappa pas à Wes. Ils avaient passé tant de temps ensemble qu’il leur était difficile de se cacher quoi que ce soit. Il réalisa qu’il était peut-être allé trop loin dans la moquerie et redouta d’avoir bêtement blessé son amie. Embêté, il tenta de se rattraper maladroitement : « Promis, j’arrête de me moquer. Après tout, ça t’a permis d’emballer un danois super beau gosse, je peux pas en dire autant, donc qui suis-je pour juger. » Un sourire mal assuré se dessina au coin de ses lèvres, tandis que le sentiment d’avoir merdé persistait en son fort intérieur. Jusqu’à ce qu’Ann pose ses doigts sur les siens. Alors oui, ils n’étaient pas des plus expansifs et les rares fois où ils s’étaient retrouvés dans les bras l’un de l’autre relevaient plus de la crise de larmes que du hug affectueux. Pour autant, le geste lui sembla naturel. Sans trop réfléchir lui non plus, il effleura le dos de sa main du bout du pouce. Mais Ann replia si vite son bras qu’il crut avoir à nouveau commis un impair. À vrai dire, il commençait à être un peu perdu entre ce qui était du jeu et ce qui ne l’était plus. À quel moment la démonstration d’Ann avait-elle pris fin ? Avant ou après cette main sur la sienne ? La confusion faillit le mettre à l’aise, heureusement Anneke changea vite de sujet et il oublia l’incident.

Bien qu’il soit familier avec la plupart de ses mimiques, Wes passa totalement à côté du trouble de son amie. Pire : il mit son sourire figé sur le compte d’une profonde consternation face au spectacle qu’il était en train de lui délivrer. Car consterné, il y avait de quoi l’être. Il n’était pas spécialement susceptible, aussi la tête d’Ann fit redoubler d’intensité son rire. « Je te le fais pas dire, et encore, ta botte secrète est pas SI nulle que ça. Ça aurait pu marcher sur moi si je te connaissais pas et que j’étais un danois super beau gosse en 2019 à Copenhague. »

Puis le musicien baissa les yeux sur son assiette, affligé. Oui, c’est vrai, Wes avait choisi cette aberration culinaire en grande partie pour faire rire Ann. Et ça semblait fonctionner, puisqu’elle ne se privait pas de le taquiner. Mais tout de même, il faisait un peu moins le fier maintenant qu’il avait le plat devant lui. Il secoua la tête. Ah, qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour amuser sa coloc. Il haussa les épaules, faisant mine de ronchonner. « Bah, si c’est pour la postérité… Fais-toi plaisir. » Il releva un regard envieux sur ce qu’avait commandé Ann. « Tu me laisseras goûter ? »

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Sam 19 Mar - 0:32
Il y a quelque chose de rassurant et de profondément naturel au contact de la main de Wes, comme une impression que les choses sont à leur place. Paradoxalement, c’est aussi la raison pour laquelle elle panique et s’en détache aussi vite. D’une certaine manière, inconsciemment, elle ne s’autorise pas à lâcher prise, parce que quelque chose au fond d’elle sait très bien ce qui se trame. It feels right. Ce quelque chose est bien enfoui, cependant, et elle préfère reprendre une poignée de terre et l’enterrer un peu plus profond encore, de façon très insidieuse. Plutôt fuir, de toute façon, que d’accepter la perspective d’un changement dans cette relation si fonctionnelle et indispensable qu’elle entretient avec son ami. Car c’est ce qu’il est avant tout, un ami, un pilier, et perturber l’équilibre qu’ils se sont trouvés serait risquer de le faire effondrer jusqu’aux fondations mêmes. Et dieu sait qu’elle serait dévastée rien qu’à l’évocation de Wesley quittant sa vie. Alors risquer de voir la prophétie se réaliser… plutôt fermer les yeux et ne pas y penser.

Le subconscient d’Ann choisit donc d’ignorer les signaux, les panneaux qui clignotent, les énormes flèches rouges qui pointent dans la bonne direction, et de continuer sur ce qu’il fait de mieux - se voiler la face. L’excuse est toute trouvée : le contexte y est propice, un faux date, une vanne tournée au ridicule, rien n’indique que son trouble ne soit pas simplement causé par un Wes jouant terriblement bien le jeu. La brune ne voit que du feu dans les manigances de son cerveau et c’est très bien comme cela. Elle vit à merveille ce moment de partage, partageant le rire si communicatif de son ami. « C’est vrai qu’il était sacrément beau gosse ce mec. Un beau gâchis. » Elle fait mine de faire la moue et ajoute en riant : « Et puis bon, on a les bottes secrètes qu’on peut. I mean, je pourrais balancer des mots doux en néerlandais mais pas sûre que ça ait l’effet escompté. I usually scare people to death when I start speaking Flemish. I sound mean, apparently. You Americans are so soft, un rien vous impressionne. » Et si Wes a probablement déjà entendu sa colocataire parler néerlandais avec son père lors de leurs appels réguliers, elle ne sait trop rien de ce qu’il en pense. Elle ne lui a jamais demandé et, honnêtement, s’en fiche pas mal. « Ma rockstar de père est donc une alternative plus safe. Au pire, ça fait marrer. Et tu sais ce qu’on dit sur les gens qui rient, je vais t’épargner la punchline de beauf. »

Un nouveau rire la secoue et elle reporte son attention sur leurs plats. La situation l’amuse un peu plus que de raison. Et tandis qu’elle dégaine déjà son portable, elle rassure son ami en hochant la tête : « Bien sûr. Mais laisse-moi goûter ton truc aussi, y’a pas de raison que tu sois le seul à te mouiller. We’re in this together. » Sans surprise, Ann regrette instantanément sa proposition. Elle tient à jouer le jeu, cependant. Aussi, elle observe la réaction de Wes avec un mélange d’amusement et de réserve – pire sera sa réaction, pire sera l’expérience pour elle aussi.

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Sam 9 Avr - 12:17
Wes disposait de tout un tas d’indices qui auraient pu lui mettre la puce à l’oreille. Le fait qu’Anneke ait pris une place aussi importante dans sa vie, déjà. En à peine plus d’un an de colocation, elle s’était rendue indispensable à son quotidien. Il y avait également cette manie du musicien, celle de mentionner la jeune femme dans toutes ses conversations avec ses amis (« Justement, Ann pense ci… » ; « C’est marrant, Ann fait ça… »). Que personne n’ait jamais rien remarqué relevait du miracle. Dernier indice et pas des moindres : la façon dont il avait refusé farouchement tous les dates arrangés par Elior, excepté celui-ci.

Pourtant, rien de tout ça n’avait réussi à lui ouvrir les yeux. Pour les mêmes raisons que son amie, il refoulait violemment l’idée même de pouvoir être attiré par Ann. C’était tellement plus simple ainsi. Leur duo fonctionnait parfaitement, jamais une dispute, jamais un mot plus haut que l’autre. Mettre cette relation harmonieuse en péril paraissait inenvisageable. Plus jeune, Wes serait tombé facilement amoureux. Peut-être que cinq, six ans auparavant, il n’aurait pas nourri des sentiments aussi platoniques envers Ann. Mais aujourd’hui, le musicien gardait le souvenir amer de toutes les histoires qu’il avait faites foirer, celle avec Debbie en tête de liste. Son subconscient l’empêchait de réitérer les mêmes erreurs avec sa coloc, car si Ann venait à quitter sa vie, il semblait évident qu’il rechuterait instantanément. Et disons les choses : le subconscient de Wes en avait plus que marre de se traîner sur le canapé. Alors non, cette fois-ci, il ne laisserait pas son hôte jouer au con.

« C’est vrai, tu es terrifiante quand tu parles néerlandais. » Il mima un frisson de peur. Évidemment, il ne pouvait pas avouer qu’entendre Ann s’exprimer dans sa langue natale lui était très agréable. Et que parfois, il faisait semblant de lire un livre tout en écoutant la conversation téléphonique entre elle et son père, même s’il n’y comprenait absolument rien. Jeez Wes, what the fuck are you, some kind of stalker ? Il secoua la tête pour éloigner cette pensée et rit à la remarque suivante d’Ann. « On va dire qu’on mise tout sur l’humour. Ça et les anecdotes de tournée, ça cache la misère. » Il lui adressa un sourire complice avant de plonger le nez dans son verre, juste à temps pour qu’Ann ne puisse pas déceler la tendresse dans son regard.

Le reste de la soirée se déroula on ne peut mieux, si l’on excluait la gastronomie douteuse dans leurs assiettes. Heureusement Ann était une femme de parole, c’est donc main dans la main (métaphoriquement parlant) qu’ils affrontèrent les délires d’un cuistot visiblement beaucoup trop inspiré. Et si Wes avait été honnête avec lui-même, il aurait avoué que ce soir-là, quelque part entre leurs blagues et leurs démonstrations de drague catastrophiques, il s’était définitivement passé quelque chose entre eux.

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