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16 novembre 1999, naissance de l'héritière du Royaume Murphy, aux fondations déjà si bancales qu'il ne faudra que quelques années avant qu'il ne s'écroule.
Le père parti avant même qu'elle n'arrive, Catriona n'a pas vraiment d'autre choix que d'accepter la situation et prend donc ses marques dans une famille éclatée.

Plus gâtée que pourrie, elle apprendra rapidement que dans ce milieu-là, l'amour s'achète avec de l'argent et qu'il suffit souvent de murmurer le début d'un sujet épineux pour se voir offrir une voiture avant d'avoir appris à la conduire. Non pas que l'amour soit totalement inexistant de son quotidien, mais il a toujours été biaisé par l'absence totale de capacité à communiquer de façon mature autour d'une table. Pourquoi perdre son temps à piailler quand on peut aller faire la fête sur un yacht, hein ?

C'est la naissance de sa demie sœur Sofia qui lui a fait réellement percuter qu'elle avait beau avoir de l'argent et de l'influence, elle ne contrôlait rien. Du moins, pas ce qui lui importait du haut de ses 6 ans. Son père était littéralement en train de remplacer sa famille par une autre, dans un pays étranger. C'était pas dans les livres qu'on lui avait conté, ça.
Le sentiment qui est né au creux de son estomac, à ce moment-là, n'est jamais parti. Au contraire, même, il est installé comme s'il était chez lui, à posé ses valises et s'est mis à occuper de plus en plus d'espace jusqu'à lui bouffer les entrailles.
Catriona avait besoin de contrôler quelque chose. Tout, même. Que rien ne lui glisse à nouveau entre les mains. Parce qu'après tout, si on devient maître de son univers, qu'est-ce qui pourrait arriver de grave ? Probablement rien.
Elle s'est donc construit un environnement propice à la réalisation de ses rêves et fantasmes : travailler dur était la règle numéro une, évidemment. Rien ne se fait sans effort. Elle a mené une scolarité brillante, de ses premiers pas à l'école jusqu'à son arrivée en fac de droit. Non, franchement, avec le fric sur lequel elle dormait et son esprit acéré, aucune raison pour qu'elle ne finisse pas aussi célèbre qu'elle l'avait espéré. Tous le monde l'enviait déjà depuis le lycée.

Mais y'avait encore quelque chose qui clochait.
Quelque chose qui tenait en un seul mot : famille. Elle avait beau essayer d'y mettre de l'ordre, ça ne fonctionnait jamais. Et voir la seconde famille du paternel débarquer dans SA ville avait fini de l'achever. Catriona a tenté de s'enfermer davantage dans ce qui la rassurait : travailler, exceller, être admirée. Elle était entourée de personnes prestigieuses, à l'avenir prometteur. Elle sortait avec un éphèbe du même âge, parfait sous tout rapport. Elle cochait littéralement toutes les cases de la réussite sociale.
Ce n'était pas suffisant.
Catriona a commencé à développer des troubles du comportement. Elle avait une routine très précise : chaque chose devait être rangée à sa place, ses gestes étaient accomplis avec une exactitude indéniable, et gare à la personne qui tentait de troubler son organisation méthodique.
Situation vite devenue ingérable.
Elle a rapidement compris que ses angoisses ne la quitteraient pas et à, là encore, voulu prendre les choses en main. Avec l'aide de quelqu'un, cette fois. Avec un peu de patience et beaucoup de détermination, elle réussit aujourd'hui à mieux l'appréhender ses obsessions, tâche qui lui serait probablement encore plus facile si les autres membres de cette famille ne s'évertuaient pas à la plonger dans un chaos perpétuel.

Mais à part ça, tout va bien.
Elle gère, Murphy. Et même si elle ne gère pas, ben... elle gère quand même. Parce qu'elle n'a pas vraiment le choix.
Si jamais elle venait à s'effondrer, alors le monde qu'elle tente de se bâtir se volatiliserait. Et après lui, que resterait-il si ce ne sont les ruines des espoirs auxquels elle s'est toujours accrochés ?