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(annley) your lips move, but i can't hear what you're saying

@ Invité

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Sam 7 Mai - 17:32
[tw : mention de crise d’angoisse, cris, dispute] Wes s’échappant en claquant la porte aura suffi à mettre un terme définitif à toute notion de self control chez Anneke. Si elle avait jusqu’alors – tant bien que mal et plus mal que bien, je vous l’accorde – tenté de faire croire que tout allait bien en sauvant les meubles, la dernière intervention de son colocataire a déclenché en elle une vague de colère qu’elle ne s’explique pas. Enfin, si : il suffit d’analyser la situation deux minutes pour comprendre que le vase était au bord du débordement depuis la veille déjà. Au moment où elle avait mis les pieds dans ce taxi, il était déjà certain que ça allait finir par dégénérer. Ajoutez à cela un manque de communication évident interprété comme au mieux, un oubli, au pire, du mépris, et voilà ce que ça donne : un Wes qui craque totalement, une Ann qui ramasse les morceaux, et au milieu, deux amis qui se retrouvent mêlés à une histoire qui les dépasse totalement et qui doivent se trouver bien embarrassés. Mais la brune est trop aveuglée par la colère pour faire fonctionner ses neurones. Aussi, ses capacités d’analyse s’en trouvent réduites à néant, annihilées par les flashes de la veille et les sentiments contradictoires que ce baiser et l’attitude de Wes ce soir amènent avec eux.

Je suis vraiment désolée, faut que j’y aille, faites comme à la maison surtout, désolée, vraiment. Elle s’est confondue en excuses à la hâte, les yeux rivés sur la porte d’entrée de l’appartement pendant tout ce temps, déjà debout et prête à en découdre. C’est simple : Wes n’avait pas le droit de se comporter de la sorte. Feindre la désinvolture au point d’inviter une amie à la maison, sans jamais évoquer la veille, sans laisser le moindre indice qui puisse mener à la conclusion qu’il faudrait peut-être parler de choses sérieuses, puis en faire une crise digne d’un adolescent en laissant le soin à sa colocataire de recoller les morceaux, c’était petit. Ça ne lui ressemble pas non plus. Pas qu’elle sache. Et Ann pense pouvoir prétendre le connaître un minimum, après avoir partagé non seulement un toit mais jusqu’à l’intimité de leur faiblesse psychologique durant des mois. Dans tous les cas, elle n’a pas la force psychologique de feindre que tout va bien lorsque de toute évidence, il y a un problème. Aussi, elle se précipite à l’extérieur, abandonnant Elior et Debbie à leur triste sort au milieu d’un appartement qu’ils ne connaissent même pas.

« Wes ! » Elle l’appelle une ou deux fois, d’abord en chuchotant presque – elle n’a pas non plus envie de partager tout cela avec l’immeuble entier, c’est déjà suffisamment gênant d’avoir impliqué des amis dans cette sombre histoire. « Wesley ! », finit-elle cependant par crier, plus fort, en l’absence de réponse de sa part. Ann descend les escaliers quatre à quatre, aveuglée par la colère, la tristesse, l’incompréhension, tout un tas de sentiments bien trop violents pour une adulte fonctionnelle de trente-sept ans, et arrivée à hauteur de son colocataire, elle souffle en pointant l’étage du doigt : « C’était quoi ça ? » Sa voix tremble et elle a tous les maux du monde à garder sa crédibilité. « T’avais pas moins dramatique comme sortie ? T’as câblé ou quoi ? Prendre l’air, je rêve, prendre l’air de quoi, on passe un bon moment avec tes potes, là. Pas les miens, Wesley, les tiens. Si t’avais pas envie d’inviter Debbie fallait juste pas le faire et lui épargner l’embarras. » Une chose est sûre, Ann est une véritable adulte dramatique et n'appelle jamais son colocataire par son prénom complet... qu'elle le fasse autant de fois d'affilée n'augure pas grand-chose de bon.

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Dim 8 Mai - 23:27
La porte claqua derrière lui et Wes, à présent seul sur palier, ressentit un intense soulagement. Il n'aurait pas été capable de rester une minute de plus dans cette ambiance délétère sans exploser. Mais immédiatement après, le soulagement laissa place à la honte. Il avait agi comme un abruti colérique et c'était d'autant plus surprenant venant de lui, Wes, l'homme à la patience légendaire (pour preuve il supportait Elior depuis des années). Bon. Maintenant qu'il était là, debout sur le paillasson, il avait l'air bien bête. Laisser Ann se débrouiller avec des invités qu'elle connaissait à peine faisait de lui un bel égoïste, mais il n'avait pas la force d'y retourner. Alors autant faire ce qu'il avait dit, à savoir prendre l'air, fumer une cigarette devant l'immeuble et surtout : essayer de mettre de l'ordre dans ses sentiments. Car le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il régnait dans son petit cœur un sacré bordel. Surtout depuis qu'Elior avait évoqué le fameux date. À cause de ça, le musicien s'était mis à repenser obsessionnellement à l'événement de la veille… Ce baiser était devenu un sujet tabou à la minute même où Ann avait pris la fuite. Plus il y songeait, moins il était capable d'en reparler, et plus il avait l'impression que le problème venait de lui sans réussir à mettre le doigt dessus.

Peut-être qu’il aurait été plus sage qu’Ann le laisse se calmer tout seul. Il aurait suffit de le laisser quelques minutes dehors, à respirer l’air pas si pur de New York, pour qu’il regagne l’appartement avec ses yeux de chien malheureux. Hélas, ce ne fut pas l’option qu’elle choisit. Wes comprit qu’il allait en prendre pour son grade quand, entre deux paliers de l’escalier, il l’entendit l’appeler par son prénom complet. Il s’arrêta sur une marche et pivota vers elle. Jamais il n’avait eu l’occasion de la voir aussi en colère et jamais il aurait cru en être un jour la cible. Il y avait quelque chose de l'ordre de l’absurde dans cette situation : Ann et lui étaient censés former un duo inattaquable, en tout cas c’était ainsi qu’il voyait leur relation. À mi-chemin entre le chagrin, la déception et le courroux, il se replia aussi bien mentalement que physiquement, les épaules voûtées, les mains dans les poches de son hoodie et l’air franchement pas commode. « C'était rien, j'ai juste besoin de respirer cinq minutes, c'est tout. » Une mauvaise foi royale dont il n’allait pas tarder à payer le prix.

Pour faire court : Wes reprochait à Debbie d'avoir fait du charme à sa coloc, il reprochait à Elior d'avoir mis (exprès) les pieds dans le plat et il reprochait à Ann son silence douloureux à propos de la veille. Bref, le brun était sur les nerfs, sa colère n'épargnait personne, et le ton accusateur d'Ann n’arrangea rien. Il s’emporta. « Un bon moment ? Vraiment ? On passe tout sauf un bon moment, n'essaye pas de me faire croire que c'était pas super gênant pour toi aussi ! » Il l’avait bien noté, son jeu d’acteur médiocre. Mais Wes était incapable de lire entre les lignes, il ne comprenait pas ce que ça signifiait. Il y avait trop d’informations contradictoires (le date, le baiser, la fuite, le mutisme, la comédie peu convaincante) pour qu’il puisse décrypter la situation. Au contraire, tant de signaux contraires le rendaient triste et désagréable.

Et puis vint le moment où il décida qu’il pouvait, lui aussi, user de sous-entendus. Tandis que ses yeux se posaient sur Ann pour la première fois depuis l’intervention d’Elior, il répliqua : « Debbie y est pour rien et tu le sais très bien ! » Ça n’était pas tout à fait vrai, si Debbie n’avait pas fait du gringue à Anneke, il n’aurait pas pété un câble de cette façon. Mais, au fond, ils savaient tous les deux pertinemment que Debbie n’était pas le vrai problème.

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Lun 9 Mai - 12:05
A quelques marches de Wesley, tremblante de rage, Ann attend ses explications sans grande patience. Bien que son visage soit déformé par la colère, c’est l’attitude désinvolte que transmettent les mains qu’il fourre dans ses poches qui provoque en elle une nouvelle montée d’adrénaline dont la brune se passerait bien. Elle ne s’approche pas plus, consciente de son envie pressante de le secouer au sens littéral du terme. Car pour l’instant, il n’explique rien, ne parle de rien, n’ose même pas la regarder et ça la rend folle. Elle ouvre la bouche, prête à répliquer sur le même ton, lorsqu’il daigne enfin planter son regard dans le sien. Et ce qu’Ann y lit n’augure rien de bon.

Tremblante, elle décide de croiser les bras pour ne pas trahir sa faiblesse. Il faut dire que c’est comme cela qu’elle gère la pression : son corps entier se met à trembler, elle voit – littéralement – flou, et elle dit des choses qu’elle finit par regretter. L’avantage, c’est qu’il lui en faut beaucoup pour sortir de ses gonds. L’inconvénient, c’est que ce n’est encore jamais arrivé en présence de Wesley, et qu’aujourd’hui, c’est carrément dirigé vers lui. Sa dernière petite pique lui est revenue comme un coup de fouet en plein visage, il n’y a pas d’autres mots : elle a la confirmation à demi-mots qu’il n’a absolument pas oublié la veille. Mais si elle pourrait passer vingt minutes à s’apitoyer sur son sort à se demander à quel point il se sent détaché de la situation – probablement beaucoup, vu qu’il ne l’a pas mentionné la moindre fois avant et qu’il ne le fait toujours pas vraiment -, elle a d’autres chats à fouetter.

« Debbie n’y est pour rien, je confirme, là-dessus on est d’accord. », elle siffle. Il est gonflé d’insinuer qu’Ann ait pu blâmer Debbie pour la sortie de route de son colocataire. Elle a bien vu qu’il s’était fermé bien avant la petite pique d’Elior, et si elle n’a aucun doute qu’il s’agit de la goutte qui a fait déborder le vase, elle est bien curieuse de savoir ce qui a bien pu l’amener à faire un caprice au départ. « She’s not the one who’s acted like a freaking idiot here. You slammed the door for fuck’s sake, what the hell was that about? » Elle pose la question une seconde fois, un peu plus sèche que la première, plus accusatrice également. Il ne va pas s’en tirer sans qu’elle ait eu un semblant d’explications, c’est certain. « Et ne me dis pas encore une fois que t’avais besoin d’air, je te jure Wes, c’est à quinze ans qu’on claque les portes parce qu’on a soudainement deux neurones qui se touchent. » Le regard d’Anneke s’assombrit et elle serre ses bras un peu plus contre sa poitrine. Son regard toujours planté dans celui de son colocataire, elle déploie un effort phénoménal pour articuler correctement pour compenser son accent étranger qui ressort avec la colère. Elle ne lui laisse pas le temps d’en placer une, cependant. Elle a tant de choses à lui reprocher que les paroles coulent toutes seules, incapables de les retenir : « Alors oui c’était gênant et en effet toi et moi on sait très bien pourquoi, mais la politesse élémentaire veut qu’on évite de se tailler en claquant la porte. Y’avait mille choses à faire plus adaptées que ça, genre expliquer à ton pote que c’est pas le moment. Et c’était pas à moi de m'en charger, moi je le connais pas Elior, j’ai juste fait ce que je pouvais pour ramasser les pots cassés puisque visiblement t’avais décidé que ton téléphone était plus intéressant que le bien-être de tes invités. » Et de sa coloc, au passage, elle est morte de honte rien qu'à l'idée de recroiser un jour Elior et Debbie. Mais elle ne s'inclut pas dans l'équation, consciente qu'elle fait partie du problème. « Je te rappelle que c'est toi qui m'a invitée, alors si t’avais plus envie de me voir ce soir finalement, suffisait de me demander de vous laisser tranquille. Mais il aurait fallu communiquer pour ça. Avec de vrais mots. » Parce qu'on parle des rois du textos, tout de même. Elle ne compte plus le nombre de fois où, plutôt que d'aller frapper à la porte de l'autre pour proposer à boire, à manger ou simplement vérifier leur présence à l'appartement, ils préfèrent s'envoyer des sms. « Evidemment pour ça, faudrait que t'aies pas la flemme de venir me parler en face. » Petite pique directement liée à ladite conversation numérique de ce matin, pour peu qu'on puisse appeler ça une conversation. Dire qu'Ann avait mal pris que son ami puisse avoir la flemme de venir lui adresser la parole est un euphémisme. Cela dit, elle n'aurait jamais ramené ses petites fiertés personnelles sur le tapis en temps normal, consciente de l'humour sarcastique de Wesley qu'elle partage d'habitude et du fait qu'il tentait probablement une boutade qui serait - on y revient - bien mieux passée en face à face. Mais Anneke est terriblement vexée, et triste, et en colère. Alors ses paroles fusent au fil des souvenirs de ce qu'elle peut bien reprocher à Wes. Ça a au moins le mérite de la défouler, à défaut de régler son problème.

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Mer 11 Mai - 22:21
Ann était à bout de nerfs, n’importe qui aurait pu le deviner à ses bras croisés, sa mâchoire crispée et son corps fébrile. Si les circonstances avaient été différentes, Wes n’aurait pas supporté de la voir dans état, et encore moins d’en être le responsable. Il se serait répandu en excuses, aurait fait le serment de lui préparer de bons petits plats à chaque repas au lieu de commander des pizzas, bref, il aurait pu vendre père et mère pour se faire pardonner. Mais la situation était inédite. Et pour cause : la veille, ils s'étaient embrassés. Eux, les meilleurs potes du monde. Si ça avait plutôt bien commencé (très, très bien commencé selon Wes), ça s’était surtout terminé dans les larmes. De quoi retourner la tête du musicien et flinguer son calme olympien.

Ann visa immédiatement là où ça faisait mal, puisqu’elle exigea à nouveau qu’il explique la  raison de sa crise. Wes ne parvenait pas à déterminer si elle en ignorait réellement la cause ou si elle cherchait simplement à lui faire dire qu’il était jaloux – ce qui, soyons honnêtes, aurait été franchement cruel. Comment lui expliquer que le numéro de charme de Debbie lui avait fait de la peine sans passer pour un garçon possessif, à savoir : un salaud ? Il était terrifié à l’idée qu'elle ait cette image erronée de lui, alors il préféra se taire, quitte à ce qu’Ann le déteste pour son silence. « Doesn't matter. » Pas sûr qu’opter pour la nonchalance soit la meilleure solution… Mais nonchalant, Wes ne le resta pas bien longtemps.

Le déclencheur fut peut-être le fait qu’elle le traite d’idiot, ou le fait qu’elle l’engueule comme si elle réprimandait un petit garçon, toujours est-il que Wes cessa de retenir sa colère. Il laissa libre court au sentiment d’injustice qui lui grignotait le ventre. « C'est MOI l'ado de quinze ans ? C’est MOI qui manque de politesse en me taillant sans explication ? C’est marrant, ça me rappelle un truc pourtant ! » Il eut un rire qui sonna faux. Plus question de faire des sous-entendus désormais, ça lui était trop insupportable de tourner autour du pot. « Parce que ouais, je m'en souviens parfaitement, figure-toi. Et j’aurais pas craché sur un SMS pour éviter d’attendre comme le dernier des abrutis ! » D’attendre et de s’inquiéter, surtout, mais ça, il préféra le garder pour lui. « C’est un peu facile de me demander de communiquer avec de vrais mots après ça. » Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Wes n’en était pas à son premier râteau et habituellement il prenait ça avec philosophie. Certes, sa petite fierté personnelle s’en trouvait légèrement blessée sur le moment, mais pas au point de se mettre dans tous ses états. Jamais il ne s’était autant énervé pour un simple lapin.

La pique sur son texto maladroit du matin le prit de court. Il n’avait pas imaginé qu’Ann puisse se vexer. D’habitude elle ne prenait pas au premier degré ses plaisanteries ratées. Sauf que, bien sûr, tout n’était pas comme d’habitude. Il eut un mouvement d’épaules, excédé. « Bien sûr que non j’avais pas la flemme de venir te parler en face ! J'essayais juste, je sais pas moi, de détendre l'atmosphère… D'ailleurs j'ai pas souvenir que tu te sois déplacée non plus. Et si tu t'étais pas plantée de destinataire, je suis même pas sûr que tu m'aurais adressé la parole ! » Ce dont Ann l’accusait était purement injuste et la seule bonne idée qu’il eut, ce fut de se montrer tout aussi injuste qu’elle… De quoi encore envenimer les choses.

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Jeu 12 Mai - 17:42
Finalement, il se déride. Ses traits s’assombrissent un peu plus, sa voix s’élève et plutôt que de ressentir la satisfaction d’avoir titillé Wes là où ça faisait mal, l’exaspération fait place d’abord à un immense mépris… puis à une culpabilité exacerbée, puisqu’il se met enfin à énoncer – à peu près – les raisons pour lesquelles il a fait tout ce cinéma. Mais la culpabilité qui coupe le souffle d’Anneke n’est pas du tout la même que celle qui vous pousse à admettre vos erreurs, non. La brune n’est pas prête à redescendre, ni même à pardonner à Wesley qui est au moins aussi responsable qu’elle de ce quiproquo. Aussi, elle attaque, un peu bêtement, à court d’arguments : « Nuh-uh, not fair, do not make this about me! Comparer ta petite crise de colère égocentrique à ça ? J’y crois pas ! »

Elle secoue la tête, claquant la langue contre ses dents d’exaspération. Ils n’en seraient pas là sans un simple SMS de sa part, elle en a pris conscience assez rapidement. Le fait est qu’en pleine crise d’angoisse, sortir son téléphone est la dernière chose qui lui serait venue à l’esprit. Et bien sûr que si Wes s’était inquiété, s’il avait tenté de l’appeler pour la retrouver, elle aurait répondu et lui aurait tout expliqué. Mais il ne l’a pas fait, et maintenant, ils en sont là, à se disputer comme deux collégiens dans la cage d’escaliers de l’immeuble. « Et quand bien même, t’as pas eu l’air de beaucoup te poser de questions non plus, que je sache ! », elle souffle sans lui laisser le temps de parler, dans le simple but de lui renvoyer la balle de la culpabilité. Ann est aveuglée par la colère et mettre les choses à plat est la dernière chose dont elle se sent capable. Au contraire : elle a besoin d’éclater. Admettre sa part de torts n’est donc pas envisageable : après tout, c’est lui qu’elle est venue engueuler, pas l’inverse. « Et puis, tant d’efforts pour détendre l’atmosphère, tu veux un scoop ? T’as fait tout l’inverse ! Tu m’as juste donné l’impression d’en avoir rien à foutre ! » Et ça, par contre, c’est totalement vrai. A la base, en lui proposant de boire un café, elle avait en tête de mentionner les événements, s’excuser, prendre sur elle et parler. Puis, Wes était arrivé avec son attitude désinvolte, et elle s’est dégonflée, choisissant le mimétisme par peur d’être déçue ou pire : de se prendre un râteau dont elle aurait bien du mal à se relever.  « Ca m’aurait servi à quoi d’en parler du coup ? Le plaisir de remuer le couteau dans la plaie ? L’amour du ridicule ? Me fais pas rire. » Comme pour le défier, elle est prise d’un rire sans joie, presque narquois. « Tu sais aussi bien que moi que je n’aurais pas – tu sais quoi, je vais le dire, t’as l’air d’avoir peur du mot mais pas moi -, je ne t’aurais pas embrassé sans raison ! J’ai pas soudainement eu l’idée glorieuse de te planter là non plus, tu me connais mieux que ça quand même ! Tu devrais me connaître mieux que… »

« Will you shut up already ?! » Une voix s’élève du palier du dessus, coupant Ann au vol et l’empêchant de terminer sa phrase. La vieille voisine qu’elle appelle depuis toujours la baronne, jamais contente de rien. Elle la soupçonne d’ailleurs d’être terrorisée par son père, et peut-être même par Wesley à ses heures, vu sa facilité à venir frapper à la porte lorsqu’elle sait Ann seule, mais sa propension à donner des coups de balai au plafond dans le cas contraire. La brune sent son sang ne faire qu’un tour et elle se retourne violemment : « YOU SHUT UP!! Vieille bique,va. », grogne-t-elle plus bas.

Finalement, lorsqu’elle repose le regard sur son colocataire, c’est avec de grands yeux sombres, profondément déçus. Elle baisse un peu le ton malgré tout, reprenant soudain conscience qu’ils se trouvent dans les parties communes de l’immeuble : « Fuck, Wes, you’ve seen me at my worst! I’ve let you in so many times. So. Many. Times. You of all people should have figured out what’s happened to me there! » Elle ne prononce pas les mots cependant. Ne s’explique pas. Parce que c’est inutile, qu’ils ne sont pas disposés à avoir une vraie discussion de toute façon. Et aussi, d’une moindre manière, parce qu’Ann se sent attaquée sur son propre terrain et qu’elle tente de se défendre du mieux qu’elle le peut – et donc, mal. C’est pour cela qu’elle ajoute, la voix rauque, sans pour la première fois depuis le début de cette dispute ridicule ressentir le besoin de hausser le ton pour être entendue : « J’arrive pas à croire que tu me connaisses même pas un minimum depuis le temps que tu vis chez moi. » Pas avec moi ni même ensemble, les formules qu’elle utilise d’habitude, celles dont elle a usé et abusé dès le début pour qu’il se sente à la maison à l’appartement d’East Village - et peut-être finalement car elle souhaitait que ça soit vrai, de façon innocente d’abord, puis peut-être un peu moins. Non, elle a spécifiquement choisi de rappeler qu’il est ici chez elle, et comme une adolescente un peu colérique, elle ne l’a fait que pour attirer son attention. Peut-être le blesser autant qu’elle ne l’est, puisqu’elle n’a plus aucun argument suffisamment important pour retourner la situation à son avantage.

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Lun 16 Mai - 23:56
Wes ne doutait pas de sa part de responsabilités dans la sombre histoire de la veille. Il ignorait toutefois quelles erreurs il avait pu bien commettre. Mais Ann ne tarda pas à lui renvoyer l’une d’elle à la figure. Le brun se mit aussitôt à culpabiliser. Il aurait dû l’appeler. Il aurait dû immédiatement rentrer à East Village pour voir comment elle allait. Mais il ne l’avait pas fait, trouvant plus simple de traîner comme une âme en peine plutôt que de prendre les devants. Se persuader qu’Ann avait besoin d’air alors qu’elle avait probablement besoin de lui, voilà une sacrée connerie. Mais au lieu de l’admettre, au lieu de lui expliquer à quel point il était loin de se désintéresser d’elle, il préféra se défendre sèchement : « Ne me fais pas dire que j'en ai rien à foutre parce que c'est pas vrai ! C'est ton pote de l'Overkill qui m'a dit que t'étais rentrée à East Village. T’étais safe, alors tu voulais que je fasse quoi de plus ? Que je t'inonde de textos ? J'aurais été quel genre de gars oppressant ? »

Embrassé. C’était bizarre de se l’entendre dire à haute voix, comme si ça rendait l’épisode réel, alors qu’il en était presque arrivé à douter de la fiabilité de sa mémoire. « Ouais, tu m'as peut-être embrassé – ben quoi ?! J'ai pas peur du mot non plus – pour de bonnes raisons mais t'es surtout partie pour de bonnes raisons ! Et j'aurais bien aimé que tu m'expliques, t'as eu mille occasions de le faire depuis ce matin... Quoique j'aurais dû deviner c'est ça ? Mais comment veux-tu que je devine ? Je suis pas dans ta tête, Ann ! » C’est le moment que choisit la voisine acariâtre pour intervenir. Wes n’avait que très peu eu affaire à elle, mais il savait que sa coloc ne l’aimait pas et ça lui suffisait pour la détester cordialement… Sauf que cordial, il cessa brutalement de l’être lorsqu’il pivota vers elle et lâcha, en écho à la voix d’Ann : « Jeez, just go to hell ! » Il la dévisagea tandis qu’elle regagnait ses appartements avec une petite mine outrée. Le musicien secoua la tête. Quel culot de les interrompre alors qu’ils partageaient ce qui ressemblait fort à la dispute de leur vie.

Wes se concentra à nouveau sur leur altercation, l’intervention de la mégère ayant à peine fait redescendre la pression. Il ne parvint pas à soutenir le regard déçu d’Ann, alors il baissa les yeux. Les remords dans sa voix lorsqu'elle lui asséna qu’il n’était pas à la hauteur de ses confessions lui firent de la peine. La boule dans son ventre s’alourdit. Mollement, sans y croire lui-même, il rétorqua : « Visiblement t'es pas dans ma tête non plus, sinon t'aurais capté pourquoi je passe une putain de soirée de merde. » Et puis il s'entendit souffler, un peu plus bas, presque honteux de dire ces mots qu’il allait regretter dans la seconde : « Finalement, t’as raison, on se connait peut-être pas si bien que ça, toi et moi. » Il fut incapable de relever son regard vers Ann. La distance qu’ils venaient de mettre entre eux, il ne la supportait pas. Impossible que cette complicité et cette confiance qu’il accordait à Ann ne soient pas réciproques, pas vrai ? À moins qu’il ne se soit inventé un joli film depuis le début ?

Chez moi. Elle avait dit chez moi. Qu’est-ce qu’il avait cru ? Qu’il s’était érigé au rang de colocataire comme par magie ? Quel imbécile. Évidemment qu’il restait ce parasite dont il est impossible de se débarrasser, le même genre que les petites bêtes qui élisent domicile dans votre plancher et qui le grignotent petit à petit, tout en résistant miraculeusement à la désinsectisation. Les mains toujours fourrées dans ses poches, Wes resserra nerveusement ses doigts autour du tissu de ses manches. Jusqu’à aujourd’hui, il se sentait bien à East Village, il se sentait bien avec Ann, mais peut-être que l’inverse n’était pas aussi vrai qu’il le pensait.

Alors Wes fit peut-être son pire choix depuis le début de la dispute. Il se rendit coupable exactement de ce dont Ann l’accusait, à savoir : faire comme s’il s’en fichait. Et c’est sur un ton aussi faussement qu’odieusement désinvolte qu’il renifla un : « Ça arrive tout le temps, des potes qui se roulent une pelle parce qu'ils sont bourrés, je comprends même pas comment ça peut prendre de telles proportions. »

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Mar 17 Mai - 20:07
Les mots de Wesley sont blessants et si Ann se retourne pour hurler sur sa voisine, c’est en partie pour cacher son visage défiguré par les émotions contradictoires qui l’animent. La gorge nouée, elle est incapable de répondre quoi que ce soit pour le moment, trop occupée à gérer le torrent de peine qui la submerge en voyant cette amitié si saine voler en éclats parce qu’elle avait été incapable de prendre une décision rationnelle sous les effets de l’alcool. Quel gâchis. Elle ne se prive pas de faire part de sa déception, cependant. Et sa petite provocation se révèle très efficace. Tellement qu’il frappe pile ou ça fait mal.

Incapable d’ignorer les coups de poignard qu’il lui assène, le pompon étant d’avoir décrit le baiser de la veille comme n’importe quelle anecdote de potes bourrés, Ann explose une nouvelle fois. Terminé le chantage affectif, fini d’inspirer la pitié. Puisqu’il se fiche totalement de ce qu’elle peut bien ressentir pour lui, s’il n’a aucun scrupule à la blesser et puisqu’apparemment leur étreinte ne voulait rien dire pour lui, il n’est même plus question pour Anneke d’essayer de garder la porte ouverte à une discussion. Et elle possède à présent toutes les armes – et la rage aveuglante – nécessaires pour jouer à son tour à qui enfoncera la lame le plus profond : « Tu passes une soirée de merde parce que tu le veux bien, Wes. », elle grogne alors, exaspérée. Puis, pointant à nouveau le haut des marches du doigt, pour désigner métaphoriquement le moment où elle l'a suivi hors de chez eux, elle l'accuse : « That was me reaching out to you, there. T'avais qu'une chose à dire et on en aurait parlé. » Bon, l’agresser à moitié avait quelque peu annulé la démarche, mais l’idée en le suivant hors de l’appartement n’avait été que de pouvoir mettre un tas de choses à plat. Mais elle ne lui laisse pas le loisir d’en placer une et enchaîne : « Fuck, you’re so unbelievably stupid I could hit you! », elle gémit, sans pouvoir réfréner sa langue maternelle. Qu'il soit incapable de comprendre où elle voulait en venir la dépasse. Lui brise carrément le cœur, en toute honnêteté. Aussi, c'est à son grand malheur plus abattue qu’enragée qu'elle termine de s'exprimer, dans une langue qu'il comprend cette fois : « T’aurais dû m’appeler directement plutôt que de croire sur paroles un type qui n’était même pas avec nous, Wesley. T'as pas à décider à ma place si je suis suffisamment adulte pour donner mon avis sur ce que je trouve oppressant ou pas. En l'occurrence, j'avais besoin de toi. » Pas de son père, qu’elle a malgré tout fini par appeler, pas du silence non plus, pas de personne d’autre que de lui. « C’est le bar que j’ai fui, pas toi. Mais ça évidemment, c’est pas le mec random de l’Overkill qui aurait pu te le dire. Et je t'en aurais parlé si tu m'avais téléphoné plutôt que de m'infantiliser comme le dernier des machos ! Mais bon, t'as préféré te trouver une raison de te plaindre, pauvre malheureux, va. » Cependant, puisque d’après Wes tout cela n'était qu'une erreur – il l'a vocalisé on ne peut plus clairement -, elle hausse les épaules et ne va pas plus loin. Pas la peine d'ajouter pathétique à la liste d'adjectifs qui la qualifient en ce moment. Après tout, ce n’est plus la pitié qu’elle souhaite inspirer, et tout son corps s’est remis à trembler de rage. « How stupid was I to think you were an ally. You're all the same after all, just stupid men with their stupid egos. Well, I guess it doesn't matter anymore. You're right, we were drunk. And it truly was a mistake. »

Ann lève le regard vers le plafond, retenant avec difficulté un sanglot de rage. Elle ne pense pas un mot de ce qu’elle dit. Au contraire, les prononcer lui brise le cœur. Mais elle est si déçue du comportement de Wesley qu’elle avait pensé sincère avec elle jusqu’au bout, qu’ils sortent sans même qu’elle y réfléchisse. La voix rauque, déformée par ses émotions qui s’installent un peu trop confortablement, elle ajoute : « Au moins t'as été clair. On peut pas dire que je l'aurai pas voulu. » Elle déglutit, sentant avec panique ses yeux s'emplir de larmes qu'elle se refuse par fierté à laisser couler devant Wes, probablement pour la première fois depuis qu’il avait emménagé à East Village. Mais puisqu’il semblerait que leur relation ne sera plus jamais ce qu’elle était avant ce baiser de malheur, Ann décide de couper court, une bonne fois pour toutes : « Allez c’est bon, va prendre l'air. On a plus rien à se dire. » Et sur ces mots difficiles, Ann fait volte-face, remonte les escaliers et, à son tour, claque la porte derrière elle, autorisant enfin à sa peine de prendre le dessus sur sa fierté.

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