Je ne saurai même pas dire depuis combien de jours Jaden est décédé. Le monde s’est arrêté de tourner lorsqu’Arya m’a annoncé la nouvelle et je n’arrive pas à redémarrer. Je suis comme une vieille bagnole à l’arrêt, à attendre que le mécano vienne et fasse son travail. Mais rien n’y fait. Les moments avec Jules m'apaisent mais quand elle quitte l’appartement, c’est un peu comme si mon éco-système s’effondrait encore et toujours. Prostré sur le canapé, le regard dans le vide, la porte d’entrée s’ouvre et je ne relève pas le visage. Je ne sais pas si c’est Arya ou Jules mais que ce soit l’une ou l’autre, elles savent qu’elles peuvent faire comme chez elles ici. Ce n’est que lorsque je sens un poids à côté de moi que je tourne le visage vers cette personne. Jules. Hi. Que je souffle en embrassant doucement ses lèvres. Aujourd’hui, j’en ai envie. J’en ai assez de marcher sur des oeufs, de ne pas trop savoir ce qu’il en est de nous deux. Monogame ? Fidèle ? En couple ? Il y a tellement de possibilités et d’options qui pourraient nous convenir - me convenir - mais pour le moment, je suis surtout en pleine réflexion personnelle. Est-ce que ce métier est ma vocation ? N’ai-je pas peur d’y laisser ma vie comme mon meilleur ami vient d’y laisser la sienne ? I think we should talk. À propos de tout. Ou peut-être de rien, je n’en sais plus rien. J’ai l’impression d’être perdu, de ne plus savoir où je veux aller, ce que je veux faire. Ou peut-être bien que c’est l’inverse. Je sais exactement ce que je veux faire, vers quoi je veux me diriger. Tout se bouscule, tout se mélange mais je sais qu’à la sortie de la tempête, ce sera elle et moi.

Jules tournait en rond dans son appartement, son téléphone à proximité espérant secrètement que Charles lui téléphonerait ou lui enverrait un message. Mais rien n’arriva. Elle soupira et elle enfila sa veste, appela son chauffeur et lui donna l’adresse de Charles sans rien dire de plus. Elle n’avait pas envie de parler aujourd’hui. Elle savait ce qu’il ressentait, savait pertinemment ce qui traversait son esprit et ça lui brisait le cœur plus que de raison, elle demanda à son chauffeur de s’arrêter à un take away, prit deux plats de pâtes et une bouteille de vin italien avant de remonter en voiture. Son cœur qui battait plus fort que de raison, la tête qui tournait, la nausée bien trop présente. Elle détestait ce sentiment, l’impuissance, incapacité de ne rien faire, de ne pas être capable d’absorber sa tristesse et ses malheurs. Lorsque la voiture se gara devant l’immeuble de Charles, elle intima à son chauffeur de ne pas l’attendre, qu’elle resterait ici pour la nuit et lui demanda de ne rien dire à son père parce qu’il n’avait pas à savoir. Il n’avait pas à se mêler de cela. Pas besoin de savoir. Elle monta en s’insinuant dans l’entre bâillement de la porte et elle n’eut pas besoin de toquer pour entrer vu que la porte était ouverte. Elle trouva Charles dans le canapé, et s’installa à côté de lui après avoir déposer le take away sur la table, ensuite, sa main qui trouvait sa cuisse, elle lui rendit son baiser, en fermant les yeux. Hi babe murmura t-elle du bout des lèvres, sa main offrant à la cuisse de Charles une caresse compatissante, laissant le silence prendre place entre eux deux, pas un silence gênant, un silence qui était rassurant. Parfois ils n’y avait besoin de rien dire, mais la seule présence d’une personne qu’on apprécie faisait amplement le travail. La phrase flotta dans l’air et Jules le regarda, est-ce qu’il en avait assez d’elle ? Est-ce qu’il en avait assez de ce qu’ils avaient ? Jules n’avait pas envie de le laisser, Jules n’avait plus envie de le laisser partir. What’s up ? demanda t-elle d’une voix tremblante, elle fronça les sourcils Are you gonna break with me ? Even if we didn’t put words on what we are ? s’enquit-elle en passant une main tremblante dans ses cheveux. I- I don’t want that.

Hi babe Le doux son de sa voix et l’impression que tout va aller mieux. Je sais que ce n’est pas le cas mais j’aimerais que ça le soit. Pourtant, je crois que la décision que je viens de prendre et celle pour une vie un peu moins bancale, un peu moins foutoir. De toute façon, ça sert à quoi de ne pas dire ce que l’on pense, ce que l’on veut, ce que l’on ressent. La vie est trop courte, il ne faut pas la gâcher avec des conneries comme celles avec lesquelles je me berce depuis quelques temps. Il y a ce truc avec Jules et ce n’est pas en repoussant ce que je ressens que ça va arranger les choses. Alors j’y vais, je me lance, maladroitement parce que je ne suis bon qu’à ça. What’s up ? Sa voix qui tremble, je souris légèrement. Elle est belle, elle est douce, elle est celle qu’il me faut. L’indépendance, la liberté, la bonté, tout est dans ce petit bout de femme. Et moi, je sais que je fais le bon choix. Are you gonna break with me ? Even if we didn’t put words on what we are ? Je continue de la regarder, impassible. C’est la première fois depuis de nombreux jours que je me sens à nouveau est moi. C’est agréable. I- I don’t want that. Moi non plus. Mais je la laisse filer toutes les pensées qu’elle a avant de me lancer. Je ne fais pas cela pour la faire se sentir mal ou quoi que ce soit mais je veux juste qu’elle vide son sac pour qu’elle puisse le jeter et non pas le conserver dans un coin de sa tête. Jules… Je souffle son prénom, lui adresse un léger sourire et glisse ma main dans ses cheveux. Neither do I. Comme ça elle peut laisser le stress aux pieds du canapé et m’écouter. Jaden dying made me think about everything. About my life, about my work, about what I want, about who I want it with. Un tri. Il m’a mis au pied du mur, ce con. Il m’a forcé à me poser les bonnes questions, à vouloir donner les bonnes réponses pour ne pas regretter. I want us to be official. Les mots sont soufflés, non pas parce que j’ai peur de les regretter mais parce que je ne veux pas qu’ils la brusquent. I want you to be my girlfriend. Like officially my girlfriend and not the cute girl I’m having sex with for months. Je la regarde et me sens plus léger, c’est fou l’effet que ça a de parler. What do you think about it ? Il faudrait peut-être que je lui demande son avis à la demoiselle, non ? Et j’attends. Si elle dit non, c’est que ça ne devait pas arriver mais vu la panique sur son visage il y a quelques minutes, je pense que je suis sain et sauf.

L'atmopshère est bien trop lourde et rempli de questionnements, de choses qui pèsent sur l'esprit. Jules aimerait bien que tout explose d'un coup, arracher le pansement d'un seul coup pour ne pas avoir à subir la douleur qui précède une conversation compliquée. Et il y a tant de choses qui vont et viennent dans son esprit, elle se demande s'il en a assez d'elle, s'il ne veut plus d'elle. Est-ce qu'elle a été trop envahissante ? Est-ce qu'elle aurait dû le laisser vivre son deuil sans se soucier de ce qu'il ressentait ? Non, elle n'en aurait pas été capable de toutes façons. Elle n'aurait pas pu le laisser seul avec son malheur. Jules… Elle le regarda, sentit un frisson qui lui parcourait l'échine alors qu'il passait une main dans ses cheveux et elle lui sourit. Sourire tremblant, commissures des lèvres qui s'étirent fébrilement. Neither do I. Elle souffla discrètement et tenta de calmer les battements affolés de son coeur, elle n'avait pas prévu que le palpitant s'active de manière si prononcée. Jaden dying made me think about everything. About my life, about my work, about what I want, about who I want it with. Oh. Oh. La clarté commençait à se faire voir et elle se mordilla nerveusement la lèvre pas sûre d'où cette conversation était en train de les mener, mais certainement vers quelque chose de beau. Quelque chose qu'il leur ressemblerait très certainement. I want us to be official. I want you to be my girlfriend. Like officially my girlfriend and not the cute girl I’m having sex with for months. Elle le regarda, haussa les sourcils et se mit à rire, rire nerveux encore. Pas un rire moqueur, mais un rire nerveux parce qu'elle ne savait pas quoi dire, cela faisait bien des années que cela ne lui était pas arrivé, elle qui avait l'habitude de ne pas s'attacher, de ne pas accepter d'être exclusif avec quelqu'un, elle n'avait jamais eu envie de se poser avec une autre personne qu'avec Aidan, elle avait été sevrée à l'époque quand il avait disparu, quand il était parti sans rien lui dire. Alors elle avait prit la décision de ne plus s'attacher, mais il était arrivé, elle avait refusé de se dire qu'il pourrait se passer quelque chose entre eux parce qu'il était avant tout un client, et elle n'avait pas envie de passer pour la briseuse de ménagé, mais il était resté, c'était accroché. Et puis finalement, elle avait cédé. Incapable de résister à la tentation. What do you think about it ? Elle fit mine de réfléchir, une petite moue sur le visage et elle se leva pour s'installer sur lui, ses deux jambes qui entourèrent sa taille alors qu'elle déposait ses lèvres contre celle de son petit ami ? Étrange appelation mais qui lui plaisait au fond. I want us to be official as well. But I liked the fact that we were somehow official without anyone noticing. expliqua t-elle en l'embrassant une nouvelle fois But I do want us to be official, like, it's gonna be cheesy as hell but I want to wake up next to you and knowing that I'll be able to see you on the evening. I want to be here when you'll feel sad, overwhelmed or if you have something in my mind that makes you happy. Like, I wanna be here for you, everyday, every minute and every hour.   Elle l'embrassa une nouvelle fois avant de rire Was that too cheesy for you ?

Je n’aurais pas dû commencer par ça, par lui dire qu’il faut que l’on parle. Ça n’annonce jamais rien de bon, ce genre d’entrée en la matière. Je suis plutôt doué en discussion, en communication mais depuis le décès de mon meilleur ami, mon monde est sans dessus dessous et c’est du grand n’importe quoi à l’heure actuelle. Il parait que c’est normal. Selon le psychologue que ma mère me force à aller voir, j’ai beaucoup perdu cette année et il faut juste que je m’adapte à tout cela. Le départ de Jane que j’ai pourtant voulu mais aussi la disparition de Jaden. À côté de cela, il y a eu beaucoup de très beaux moments - Jules en est d’ailleurs un - mais ouai, c’est plus difficile que ce que je pensais. Moi qui pensait être prêt à tout, c’est la plus grosse blague de l’année. Comme quoi, même les gens qui sont prêts ne le sont jamais réellement. La période de deuil est longue et douloureuse, il y a un peu de tout. Du mieux et des jours où tout est difficile. Il y a des prises de positions aussi, des remises en questions et je refuse de vivre ma vie entre deux portes, ne sachant jamais réellement ce que je veux, ce que je souhaite. Mon coeur ouvert, la discussion débutée, j’arque un sourcil quand elle se met à rire. Bon, je sais que je suis drôle en temps normal mais là, je ne comprends pas vraiment. Mes yeux ne la quittent pas et encore moins quand elle se lève. Est-ce qu’elle va prendre ses affaires et quitter la pièce ? Je m’en remettrai - aucun doute là dessus - mais est-ce que j’ai besoin de cela en ce moment ? Clairement pas. Mais en même temps, je ne voudrais pas qu’elle reste avec moi parce qu’elle a pitié, parce qu’elle voit que je ne vais pas bien, que je m’écroule doucement. Et puis, elle est sur moi et m’embrasse doucement. Ah. Bon. Il semblerait que je me sois fais des films - ou plutôt des cauchemars - et que tout va bien. Mes bras autour de sa taille, je la regarder et l’écoute. I want us to be official as well. But I liked the fact that we were somehow official without anyone noticing. But I do want us to be official, like, it's gonna be cheesy as hell but I want to wake up next to you and knowing that I'll be able to see you on the evening. I want to be here when you'll feel sad, overwhelmed or if you have something in my mind that makes you happy. Like, I wanna be here for you, everyday, every minute and every hour. Je souris légèrement et accueille à nouveau ses lèvres. Was that too cheesy for you ? Je ne peux m’empêcher de rire légèrement mais ce n’est pas une critique ou quoi. Juste un constat. A little bit. Que je confie en embrassant ses lèvres à mon tour. But that’s you. I’m fine with that. And happy about this cheesy parts of you. Mes bras s’enroulent davantage autour d’elle et j’embrasse son épaule cette fois. I want that too. Be with you every step of the way and being able to build something with you. Je ne dis pas que je veux qu’on emménage ensemble, qu’on achète une maison et qu’on construise une famille. Mais je veux qu’elle sache que je n’ai pas envie de qui que ce soit d’autre, de quoi que ce soit d’autre qui ne la concerne pas. This bastard had to die for me to realize that life can’t be all fun, sex and no attach. Et c’est ridicule quand j’y pense. Mais j’ai toujours été un oiseau fou qui ne voulait rien faire d’autre que de faire la fête, enchaîner les nanas et tout ce qui va avec. I don’t like to say that you’re mine because you are your own person but that’s the idea. C’est bien un truc qui m'exècre et me donne presque envie de vomir. Elle n’est pas ma possession. Ma voiture, oui. Elle, non. That’s far from romantic but you know I’m not that kind of person. J’ai mon charme mais alors la romance, c’est pas trop pour moi. Y a qu’à voir ce moment important de nos vies qui ressemble à la plus banale des conversations. Mais l’émotion qui est partagée est importante et c’est là-dessus que je table.

Je ne sais pas pourquoi je passe par quatre chemins comme ça. Je pourrais aller droit au but et simplement dire les choses. Cependant, c’est toujours ce que j’ai fait et il semblerait que ça ne m'ait jamais été franchement bénéfique. Alors aujourd’hui, parce que je veux que tout soit différent avec Jules, je prends une approche qui ne me ressemble pas forcément mais qui, je l’espère, portera ses fruits. Mon cœur dans ses mains, je l’écoute, souris, l’embrasse. Et je m’en veux d’être heureux dans le moment d’horreur que ma sœur vit mais je sais aussi qu’elle - tout comme Jaden - ne voudrait pas que je me retienne pour quoi que ce soit. Alors, je me lance, elle se lance, nous nous lançons. On prend ce pas en arrière et on saute, sans filet de sécurité mais dans une telle symbiose qu’il ne se passe rien de mal. Let’s build our world. C’est flippant, dis comme ça, mais c’est clairement ce que je souhaite alors j’acquiesce, comme un con, sur de moi avec mon sourire complètement pitoyable. Putain, ça me retournerait presque l’estomac. Me rendre compte de tout cela, réaliser tout cela est terrorisant mais apaisant aussi. C’est la première fois depuis longtemps - probablement depuis ma mise en couple avec Jane - que je me sens à ma place, que je sais que je ne fais pas une connerie. Ça a fini par en être une avec mon ex fiancée mais je crois qu’il était là, le souci : les fiançailles. J’ai voulu être rapide, j’ai voulu avancer mais je n’étais pas prêt. I want you to be happy, I want to regain the sparkle I saw in your eyes the first time I saw you. Un sourire se dessine sur mon visage. C’est aussi ce que je souhaite mais il va me falloir un peu de temps. Je ne sais pas combien, je ne sais même pas si je vais y arriver un jour mais je me le dois, je nous le dois. To be honest, the first time I saw you… I- couldn’t stop thinking about you, and I knew it was inappropriate. I knew it wasn’t fair to think about you. Because you had someone else, someone you made you happy. Je la regarde et ne peux m’empêcher de sourire. Elle ne me l’a jamais dit et j’aime l’entendre. Je pourrais l’entendre à longueur de journée. To be honest, I was not happy. Le jour où j’ai posé mon genou à terre et où je me suis rendu compte de ma connerie, c’était le début de la fin. Vraiment. Je ne pourrais jamais le dire à voix haute, je n’arriverais jamais à le vocaliser comme il le faut mais c’était la fin de moi, de cet homme que j’ai mis trente six ans à construire. Je croyais que c’était la bonne mais non, ça ne l’était pas. Et pas le bon moment non plus. Tout ce qui a suivi n’était qu’un pas de plus vers ma perte, vers ma folie, vers mon aliénation. Je ne suis pas fier de moi mais tout cela est du passé. I bet my brother would have been happy to see us together. Je ne peux m’empêcher de sourire à ces mots, pas franchement sûre de ce qu’elle avance. Si j’avais connu son frère, je pense qu’il aurait entendu parler de ma réputation et m’aurait menacé comme beaucoup d’hommes l’ont fait. Mais lui, je ne l’aurais pas laissé tomber. Parce que c’est comme ça que je me sens avec Jules : incapable de la laisser tomber, de lui faire du mal. I’ll ask Jaden to put good words for me next time I’m going to the cemetery. Que je souffle avec un sourire. C’est presque glauque mais je suis sûre qu’ils forment une alliance pour nous surveiller de là-haut et ça m’éclate terriblement. Si mon meilleur ami n’est pas seul, c’est tout ce que je souhaite. Does my girlfriend want something ? A drink, a meal, a massage, a night of uninterrupted sex ? Un sourire en coin, le regard posé sur elle, je ne peux m’empêcher de laisser l’une de mes mains glisser sur sa cuisse. It seems that the first night in a new relationship is very important. Be prepared to be amazed in any way you might think and even more. Les grands mots, les sourires en coin et mes lèvres sur les siens, je rapproche mon corps du sien, mes mains qui glissent sur son corps, prêtes à la porter jusqu’à la chambre, prêtes à la déshabiller, prêtes à me gifler en chemin pour recadrer si c’est d’un repas et d’un film dont elle a envie. Mais aujourd’hui, ce n’est plus deux égos qui avancent l’un face à l’autre mais bien une union, deux âmes qui avancent ensemble.

Jules n’avait jamais eu l’habitude de désirer quelqu’un d’autre qu’Aidan. Enfin, de désirer passer sa vie avec quelqu’un d’autre qu’Aidan. Et Charles était arrivé, sans crier gare, avec son sourire et ses yeux verts qui n’avaient de cesse de la tourmenter quand elle pensait à ce qu’elle voulait qu’ils soient. Des amis, des amants, une seule entité. Jules avait mit longtemps avant de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait et la conversation qui se tramait ce soir n’augurait rien de bon et elle avait peur, pour la première fois depuis longtemps, d’avoir mis des mots sur quelque chose qui serait mort avant d’avoir commencé. Et pourtant, divers signes lui montraient qu’elle se trompait sur toute la ligne, il s’inquiétait pour elle quand c’était les moments importants qui la ramenaient à son frère, il s’inquiètait pour elle parfois. Il venait chez elle, souvent. Et ce regard, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas croisé un regard pareil, en dehors des charognards qu’elle fréquentait quand elle allait encore dans des boîtes de nuit, ou qu’elle cherchait encore à séduire en allant à des dates qui ne menaient à rien qu’à une nuit charnelle. À rien du tout, et elle ne s’en préoccupait guère, mais avec lui, c’était différent. Avec lui, elle voulait quelque chose de beau, comme il semblait avoir eu avec son ex, celle qu’elle avait connu. To be honest, I was not happy. Elle le regarda et doucement, elle déposait sa main sur la joue de Charles, comme pour apaiser sa tristesse, sa mélancolie. Et elle ne pouvait pas s’empêcher de parler de son frère, parce qu’elle avait besoin d’en parler, pour extérioriser, elle avait besoin de mentionner son frère. I’ll ask Jaden to put good words for me next time I’m going to the cemetery.  Elle lui sourit et l’embrasse doucement en passant sa main dans les cheveux de Charles, prenant une gorgée de son verre de vin avant de le déposer sur la table basse en face d’elle. Does my girlfriend want something ? A drink, a meal, a massage, a night of uninterrupted sex ? Elle se mordit la lèvre et posa sa main au dessus de celle de Charles, et elle lui murmura au creux de l’oreille « A night of uninterrupted sex is a good idea. » Elle embrassa sa joue It seems that the first night in a new relationship is very important. Be prepared to be amazed in any way you might think and even more. Elle enroula ses jambes autour de la taille de Charles et l’embrassa, encore et encore. Ses lèvres qui se scellèrent avec celles de Charles, et elle le laissa la guider jusque dans la chambre, quand il s’installa sur le lit, elle se releva pour le regarder et lentement elle déboutonna sa robe pour venir se coller à lui, en s’installant lentement sur lui, les jambes de chaque côté de la taille. Elle colla son front contre celui de Charles et lui murmura une nouvelle fois « I want us to sound like one, I want that night to be soft, to be slow, I want to stay close to you all night. » Elle l’embrassa une fois de plus, le long de sa mâchoire « I wanna be yours. »

Le décès de Jaden m’a remis du plomb dans la cervelle. Je n’arrive pas à croire qu’il fallait que je perde l’homme le plus important de ma vie pour me rendre compte que personne n’est éternel. Pourtant, je le sais. Je l’ai toujours su. On en rencontre des familles en deuil dans la police. On dirait pas comme ça, parce qu’on bosse pas aux urgences, qu’on est pas les ambulanciers mais quand on arrive sur une scène, on voit tout cela. La mort, la détresse, le deuil mais surtout cette incompréhension qui est souvent très présente dans les yeux des gens, des survivants. C’est ce que les gens doivent voir dans mes yeux, dans ceux de ma soeur et même ce qui se voit dans ceux de ma petite amie lorsque l’on approche de dates clés pour elle, son frère et la perte de ce dernier. Pourtant, si on ne fait pas attention, on peut louper bien des choses. Ceux qui ne sont que de passages ne voient rien. Il est facile de ne pas voir cela, de simuler un sourire, un rire, une belle vie alors que la réalité est toute autre. Il n’y a qu’à voir entre Jane et moi. Même elle pensait que tout allait bien, c’est pour dire. La réalité est effrayante mais je refuse de vivre dans le déni, je ne peux plus faire ça. Je dois la vérité à tous ceux qui croisent mon chemin, je dois cela à Jaden qui doit me regarder de là-haut et se dire que je perds mon temps à jouer le gros dur. Un peu de sentiments ne fait de mal à personne. Et la réalité est difficile à avouer mais je me sens comme libéré. Je n’étais pas heureux mais maintenant, je le suis. Grâce à elle. I always have good ideas. Que je souffle en lui adressant un clin d’oeil, bombant presque le torse avant d’en rajouter un peu. Je n’essaye pas de l’amadouer, Jules me connait assez pour savoir comme je suis, pour connaître l’humain que je suis. Un sourire sur le visage, les mains qui s’enroulent autour de sa taille, je réponds à son baiser avec douceur, comme si je n’avais pas envie que ça aille vite ce soir. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai réellement envie de faire l’amour plutô que de baiser et ça, ça en dit long sur tout ce qu’il se passe dans mon corps. Mes mains sous ses fesses, je soulève la demoiselle sans difficultés et l’emmène jusqu’à la chambre. Après, nous sommes tous les deux sur la même longueur d’onde. La température est rapidement montée dans la pièce - dans l’appartement complet - et je profite de la vue de son corps qui se dénude sous mes yeux. Si j’avais voulu rester clean ce soir, ces quelques minutes me montrent que je ne suis qu’un homme et que je suis incapable de lui résister. Rapidement à l’étroit dans mon jeans, je tire sur le tissu avant de laisser ma main glisser sur sa peau. Whatever you want Jules. Whatever you want… Je continue de laisser mes mains s’aventurer sur sa peau et attrape rapidement ses lèvres. Un baiser langoureux mais doux. Et quand mon coeur accélère, prêt à accélérer la cadence, je ralentis le tout autant que je le peux. Sur deux ans, je suis passé de en couple à fiancé à célibataire à de nouveaux en couple, c’est un énorme changement pour moi mais je crois que cette fois-ci, c’est différent. Peut-être parce que pour la première fois, je ne suis pas en couple pour me prouver quelque chose mais bien parce que je le veux.

Si Jules s'était dit il y a deux ans qu'elle en serait là maintenant, elle se serait ri au nez, elle qui proclamait n'avoir besoin de personne, elle qui proclamait ne pas vouloir s'attacher à quelqu'un d'autre qu'Aidan, la voilà dans de beaux draps, mais elle avait longuement réfléchi et c'était dit que si Charles était apparu dans sa vie, c'était sûrement un signe du destin, elle ne croyait pas au destin, parce que s'il existait, son frère serait encore là avec elle. A lui faire des blagues peu amusante, à lui taper sur le système. Mais Charles était arrivé dans sa vie à un moment où elle en avait le plus besoin et c'était cela qui comptait, elle avait longtemps hésité avant de foncer dans cette relation parce qu'elle avait peur des qu'en dira t-on, signe qu'elle avait grandi. Deux ans auparavant, elle n'en aurait eu que faire qu'il ait été fiancé, parce que si elle l'avait choisi, elle aurait tout fait pour l'avoir avant de se lasser certainement. Mais elle sait qu'elle ne se lassera pas de lui, parce qu'il lui fait comprendre qu'elle est une belle personne et elle avait envie au plus profond d'elle, de lui montrer que lui aussi était une belle personne, quoi qu'il en dise. I always have good ideas.  Elle ne put s'empêcher de rire et leva les yeux au ciel, bouillant presque d'impatience de le sentir contre elle. Et la tension palpable présente dans l'appartement, elle n'avait envie que d'une chose, que cette tension dure le plus longtemps possible, que ça soit inédit ce soir. Alors elle essayait de lui faire comprendre, maladroitement sûrement. Pour la première fois depuis longtemps, Jules avait l'impression de ne pas savoir s'y prendre pour se faire comprendre. Mais ils semblent visiblement sur la même longueur d'onde et Jules trouva enfin les mots qui étaient restés dans le fond de sa gorge. Elle ne savait pas si c'était ce qu'il voulait, mais au moins, il avait ses désirs entre les mains. Whatever you want Jules. Whatever you want… Bien. Ils étaient donc sur la même longueur d'ondes, ce qui fit sourire la jeune femme qui déboutonna doucement un à un les boutons de celui qu'elle pouvait qualifier désormais de petit ami. Ses lèvres qui effleuraient à chaque geste la peau de Charles alors qu'elle se collait un peu plus à lui, vil tentatrice qui retirait doucement la chemise du jeune homme tout en gardant ses lèvres tout contre sa peau, sa main s'aventura sur sa ceinture qu'elle retira en scellant leurs lèvres avant de se lever pour le libérer de l'étroitesse de son jean. Elle se réinstalla sur lui, après avoir ôté son soutien-gorge, l'empêchant d'avoir accès à sa peau en le faisant s'allonger pour entrelacer leur mains au dessus de sa tête « I also, wanna have control babe. » murmura t-elle contre ses lèvres alors qu'elle les débarrassait de leurs vêtements restants avec une habilité qu'elle ne se connaissait pas.

(...)

Allongée sur le dos, Jules fixait le plafond, la poitrine se soulevant à un rythme reposé après une nuit effrenée. Elle ne put s'empêcher de sourire et elle se rapprocha de lui pour déposer ses lèvres tout contre son épaule. « It was the best night ever. » prononça t-elle en l'embrassant, s'échappant rapidement du lit pour pouvoir nettoyer, et elle déglutit en le regardant « Did we just forget to protect ourselves ? » demanda t-elle en ne se rhabillant que de son bas « Babe, did you get up when I was asleep ? »