Ton plus gros problème à l’heure actuelle ? Vous avez déjà eu l'impression que vous ne vous remettrez jamais d'un drame ? Que ces sentiments de négativité, de solitude, de tristesse ne partiraient jamais ? Un drame que vous ne pouviez pas éviter, et pourtant, vous ressentez une certaine culpabilité ?
Pourquoi lui et pas moi ? Je n'ai pas de partenaire de vie, pas un job qui me passionne vraiment, je ne révolutionne pas le monde. J'aurais certainement laissé moins de chagrin derrière moi. stop. Je ne peux pas penser comme ça, je ne peux pas laisser les pensées parasites contrôler ma vie. Je dois aller de l'avant, même si cela veut dire arrêter de me morfondre dans le deuil de mon meilleur ami.

Une addiction à déclarer ? (Le café et les réseaux sociaux comptent aussi bien entendu on est là pour être honnêtes). Je n'ai jamais réussi à me séparer de mes cigarettes. J'arrête une semaine, puis je reprends six mois, et j'arrête trois jours, et je reprends un an. J'ai entendu dire que si je n'y arrivais pas, c'est que la volonté n'y était pas vraiment. On m'a conseillé des hypnotiseurs, mais je n'ai pas encore passé le cap. La clope après une représentation, c'est ce qui me calme, et ce sont les cinq minutes où je peux fermer les yeux et demander à Mike s'il a bien senti le public ce soir, si je m'en suis bien sorti. La clope au boulot, c'est pour faire passer le temps, c'est la petite pause de l'après-midi qui me déstresse un coup. La clope avant de la retrouver, c'est pour me reconcentrer, et me forcer à penser à Mike. Cette clope là, elle m'empêche de tout gâcher entre nous, elle m'empêche de foncer la tête baissée.

Comment s’est terminé ta dernière relation ? Des relations sérieuses, je n'en ai pas eu beaucoup. La dernière en date... commence à dater. Je suppose qu'elle s'est plutôt bien terminée, puisqu'on est colocataires maintenant. Et que je m'entends à merveille avec son adorable copine.

Le dernier texto que tu as envoyé ?   « les gars, j'ai acheté Mario Party, j'espère que vous avez rien de prévu ce soir, je compte bien vous dégommer » , envoyé sur le groupe qu'on a créé avec mes colocs.

Ta relation avec tes parents on en parle cinq minutes ?  Pour vous dire la vérité, je suis un fils à maman. J'ai toujours été très fusionnel avec elle, et je l'appelle plusieurs fois par semaine. Pas tous les jour non plus, je ne suis pas ce que certains appelleraient un  « Tanguy ». Elle est la personne la plus importante pour moi, et elle le sait. Quand j'étais plus jeune, elle m'avait fait regarder plusieurs films avec des personnages principaux queer, en faisant toujours des petites remarques pour me faire comprendre que si je venais à faire mon coming out, ça ne serait pas un problème. D'ailleurs, quand j'ai fini par leur expliquer que j'étais pansexuel un soir à table, les mots qui sont sorti naturellement de sa bouche ont été des plus adorables. « As long as the person you bring me home takes good care of you, I'm sure I'll love them, dear. Now, Bear, can you please hand me the salt ?  » La dernière phrase, elle l'a prononcé en me faisant un clin d'oeil. Pour me prouver une énième fois que c'était normal, et que je n'avais aucun soucis à me faire.
Avec mon père, notre relation est plus pudique. Il ne m'a jamais dit qu'il m'aimait ou qu'il était fier de moi, probablement parce qu'il n'a pas été élevé comme cela. Je suis parfaitement conscient qu'il m'aime, il a son propre langage, et même si ce n'est pas un langage parlé, il sait se faire comprendre à travers des gestes, les services qu'il tient à me rendre. Il a lui été un peu surpris quand j'ai fait mon coming out, et je ne suis pas sûr qu'il ai compris ce que ça voulait dire « pansexuel ». Mais il a essayé de comprendre, et m'accepte comme je suis, c'est tout ce qui compte, non ?
ps : oui, ma mère m'appelle « bear ». Parce que « teddy bear ». c'est bon, vous avez fini de rigoler ? On peut passer à autre chose?

En dehors du boulot, des études, tu fais quoi ? Il m'arrive de fréquenter des bars, surtout l'Overkill, où passent de super musiques. On s'éclate pas mal avec mes  colocs, qui sont des super personnes qui ne se prennent pas la tête. Je suis assez sociable, mais je consacre clairement presque tout mon temps libre à mes représentations. La magie et la comédie restent pour moi des passions, et depuis que j'ai replongé mon nez dedans l'année dernière, je ne sais plus m'arrêter. Ah, j'aurais peut-être pu le compter comme une addiction du coup ?

Un fait peu glorieux à nous raconter ? L'amour interdit et probablement en sens unique que je ressens depuis des années. Une attirance que j'ai tenté de repousser au début. Parce que je ne pouvais pas, parce que ce n'était pas bien.  Parce que vouloir poser mes lèvres sur les siennes c'était mal. Parce que rêver d'être à la place de celui qui la serre dans ses bras la nuit c'était mal. Parce que rêver de prendre la place de mon meilleur ami c'était mal.
Quelque part, je crois que j'ai fini par abandonner. Désormais je réprime mes sentiments, sans avoir jamais agit. Elle n'a probablement aucune idée de ce que je ressens, et il ne vaut mieux pas qu'elle sache. Je passe de trop bons moments avec elle, et si elle finit par me repousser, me demander d'arrêter de la voir, je serais anéanti.
Je ne l'ai jamais confié. Parce qu'ils diraient certainement que je me complais dans cette situation, si je ne fais plus rien pour qu'elle change.
Et peut-être qu'ils ont raison. Qui sait.