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Quand deux workholic se retrouvent...[PV Leone Castelli]

@ Invité

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Jeu 31 Oct - 15:12
Le voyage en ferry avait été dépaysant et d’une lenteur affreuse pour la femme pressée qu’est Alexandra. Depuis des années, « prendre son temps » est une notion abstraite voir totalement absurde. Le temps était précieux aux yeux d’Alexandra. Pourquoi ? Tout simplement car la maladie de sa sœur était un ennemi puissant qui joue justement avec le temps. Ce n’est donc pas pour rien que même assise sur un siège privilégié du ferry, là où tellement de monde profite du voyage pour observer la baie, Alexandra préfère lire un article médical ou rédiger des idées qui lui viennent. Si elle avait pris le temps de regarder par la fenêtre, elle aurait vu une eau gris bleu, ondulant à un rythme hypnotisant. Peut-être aurait-elle-même pris le temps de regarder les autres bateaux qui cheminent dans la baie ou même tout simplement leur fierté nationale : la statue de la liberté… Mais non, pendant tout le trajet, Alexandra avait eu le nez plongé dans son carnet de notes. Il lui fallait relire celle-ci pour assurer sa présentation à Richmond.

Le Richmond Medical Center est l’un des centres hospitaliers les plus prestigieux de la ville. Voilà ce qu’on dit un peu partout lorsqu’on se demande quelle est la réputation de cet hôpital. Équipé de toutes les machines de derniers cris, l’hôpital était également reconnu pour les nombreux médecins résidents ayant une renommée internationale. En passant les portes de cet hôpital, Alexandra ne peut s’empêcher de sourire en songeant à ses premières années d’internat qu’elle avait effectué dans cet endroit. Elle sourit d’ailleurs à quelques visages familiers alors qu’elle passe à la réception pour récupérer son badge de visiteur conférencier. Elle poursuit ensuite sa route vers l’un des auditoires, réservé à sa présentation du jour. Son regard noisette ne peut s’empêcher de vagabonder autour d’elle. Elle aurait pu être l’un de ces médecins talentueux qui officie ici. Alexandra se souvient encore parfaitement du jour du chef des résidents dont le visage c’était décomposé lorsqu’elle avait annoncé son départ pour un hôpital moins réputé dans le Queens. Personne n’avait compris son choix. La raison était pourtant simple : l’hôpital était plus proche de son domicile qu’elle partage avec sa sœur. Celle-ci était membre d’une caserne, non loin de plus. Le choix était donc vite fait et puis…cela ne l’empêchait pas de revenir à Richmond pour des conférences ou encore partager ses recherches avec l’équipe de pneumologue d’ici. Bonus à la clé, elle pouvait de ce fait revoir d’anciens amis avec qui elle avait effectué son internat. Leone notamment. D’ailleurs, un sourit nait sur ses lèvres alors qu’elle songe à la perspective de déjeuner avec lui, comme à leur habitude lorsqu’Alexandra est de passage.

L’heure de la conférence approche et Alexandra se prépare au pupitre sur la scène. Elle avait préparé sa tablette et vérifie avec le superviseur technique que sa présentation peut bel et bien être affichée sur grand écran. Une fois ceci réglé, elle parcourt une dernière fois ses notes avant de céder sa place au directeur de recherche de Richmond. Ce dernier accueil les membres du personnel et autre invités conviés à ce colloque sur la pneumologie. Alexandra n’était pas la seule intervenante aujourd’hui mais passait en premier. Comme toujours, une pique de nervosité vient nouer son estomac alors qu’elle s’avance sous les applaudissements jusqu’au pupitre éclairé d’une lumière aveuglante. Parfait, elle ne verrait personne.

Lorsque le colloque se termine enfin au bout de 3 longues heures, Alexandra range avec une pointe d’amertume ses affaires. Rien de concret n’avait été proposé et donc, de ce fait, rien d’utile n’avait été communiqué pour ses recherches sur le remède contre la mucoviscidose. Un sentiment de frustration se mêle à la déception alors qu’elle ferme un brin rageusement la fermeture éclair de son sac. Son regard rendu plus sombre par le tumulte de ses sentiments parcours l’assistance qui se vide. C’est avec une mine accusatrice qu’elle les regarde quitter l’auditoire. Ce n’était pas suffisant. Ils n’avaient pas été assez productifs et elle en est persuadée…Certains prennent ce sujet bien trop à la légère, comme si la mucoviscidose n’était pas une priorité dans l’ordre des maladies génétiques et pulmonaires.

D’un pas assuré, la mine renfrogné, Alexandra finit par quitter l’auditoire à son tour et se dirige à présent vers le réfectoire. Ce dernier était bondé au vu de l’heure du déjeuner. Malgré tout, Alexandra parvient à dégoter une table pour deux près de la baie vitrée et soupire de lassitude alors qu’elle s’installe. Après avoir ôté son manteau, elle attrape son téléphone portable et envoie un message à Leone pour lui signaler son arrivée au réfectoire ainsi que lui donner la position de leur table. Une fois cela fait, Alexandra dépose son téléphone sur la table et passe ses mains dans ses cheveux bruns, les repoussants loin de son visage. Ses pensées se détachent de son entourage immédiat pour s’attarder sur le visage de sa sœur. A nouveau, une boule se forme dans son ventre à la pensée qu’elle avait…perdu son temps ce matin. Fermant rapidement ses yeux, Alexandra tente de réprimer un nouvel élan de colère qui lui fera froncer les sourcils. Bande d’incapables. Ils osent se dire spécialistes, la crème de la crème ? Dans le fond, sans doute que le jugement d’Alexandra est faussé par sa déception. Elle a des intérêts personnels dans toute cette histoire ce qui la rendait particulièrement sensible au sujet.

Ce sera un bruissement de vêtement à proximité de la table qui finira par la sortir de sa morosité. Relevant son visage empreint de déception, Alexandra fera cependant l’effort d’esquisser un faible sourire à l’intention de son ami.

- Bonjour Leone

Elle se hisse légèrement pour lui tendre la joue et ainsi lui faire la bise avant de s’installer à nouveau. Alexandra faisait de son mieux pour chasser ses pensées négatives en présence de son ami mais ce dernier était perspicace et la connaissait assez que pour savoir qu’elle plaquait une expression forcée sur son visage aussi… elle ne se forçait pas à faire semblant. C’était même un soulagement qu’avec lui, elle pouvait se montrer…plus faible. Jamais elle n’afficherait une mine pareille devant Linh. JA-MAIS.

- je suis contente de te revoir. Dis-moi que ta journée a été meilleure que la mienne ?

@Leone Castelli

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Dim 3 Nov - 16:32
« Tu peux vraiment pas … Non bien sûr. C’est complètement idiot de ma part, je suis désolé. Prends soin de toi et du petit, et à quand tu peux. Bises, oui, à plus. »

Soupirant, autant par agacement contre sa malchance que contre son imbécilité, Leone raccrocha avant de fourrer son téléphone dans la poche de sa blouse d’hôpital dans un geste brusque. Il n’avait pas vraiment le temps de trouver quelqu’un pour l’aider ce soir, puisqu’il avait encore plusieurs consultations à venir jusqu’à midi, et sans quasiment aucune pause. Déjà qu’il gagnait du temps en prétextant un besoin physiologique urgent … Pourquoi les jours n’avaient-ils que vingt-quatre heures ? Enfin, il n’avait pas le choix. Respirant un bon coup, il se regarda dans la glace quelques secondes afin de se composer une expression avenante, de celle que l’on voulait voir sur le visage de son médecin en poussant la porte de la salle de consultation, peu importe l’état de ce dernier, puis il sortit. Les rendez-vous s’enchaînèrent, dans une routine qu’il connaissait bien désormais. Il y avait les examens, puis les demandes de biopsies ou d’analyses parfois, les discussions sur les traitements en cours, les vérifications post-op et les consignes pré-op, puisqu’il était programmé pour occuper le bloc pour deux hystérectomies. Et pourtant, même lorsqu’il écoutait les patientes et leurs familles lui parler et qu’il prodiguait conseils et soins, une part de son cerveau demeurait fixée sur sa grande interrogation : comment résoudre son problème pour la soirée, à savoir trouver quelqu’un en urgence capable de tenir la permanence nocturne avec lui à la clinique du Planned Parenthood où il exerçait à titre bénévole. La liste des possibles était courte, puisqu’il avait besoin de quelqu’un d’agréé pour des actes de dépistage. Sauf qu’une épidémie de grippe sévissait, mettant à plat une partie des salariés et des militants, qu’il y avait les absences habituelles … et qu’il se retrouvait donc sans son binôme devant rester chez elle pour s’occuper de son fils malade. Et faire l’ensemble de la prévention seul allait lui prendre le double de temps par personne, donc il n’arriverait jamais à écluser la file d’attente, à moins de fermer à trois heures du matin, ce qui était totalement impensable – les officiers de sécurité avaient aussi le droit de rentrer chez eux ! Peut-être qu’en négociant auprès des collègues au bloc à midi pour tout décaler, lui permettre de finir plus tôt et … non, ça n’allait jamais fonctionner, ne serait-ce que parce que la chirurgie comportait toujours une part d’aléatoire impossible à contrôler.

Le temps des consultations touchant enfin à sa fin, il put enfin sortir de son service pour courir jusqu’au réfectoire afin de retrouver Alexandra, son rendez-vous du déjeuner. Présenté comme cela, on eut dit un repas d’affaire, alors que rien n’aurait pu être plus éloigné de la réalité, mais il fallait admettre qu’avec leurs deux emplois du temps de ministres, caler un moment en tête à tête relevait du parcours du combattant, aussi avaient-ils fini par se rabattre sur le plus simple, à savoir les jours où Alexandra se rendait au Richmond pour ses recherches … et où lui-même n’était ni de garde pour les accouchements, ni prévu pour le bloc. Bref, il fallait donc profiter de la moindre opportunité, ce qui était généralement le cas … sauf quand il arrivait avec cent autres choses en tête, comme présentement, ce qui le chagrinait encore plus puisqu’il se sentait coupable, sachant d’ores et déjà qu’il n’allait accorder qu’une attention partielle à son amie, à son corps défendant. Sa grand-mère lui avait déjà dit de lever le pied, ses autres amis aussi … Oui, certes, mais c’était plus facile à dire qu’à faire, quand tout paraissait important, et quand on était comme lui préposé à combler les trous de planning, parce qu’on était célibataire et sans enfant. S’il en fallait un, c’était normal que ce soit lui, non ? Il n’avait pas d’obligation familiale ou conjugale à remplir, et cela ne le dérangeait pas. Cela ne l’avait jamais dérangé, même durant les études de médecine. Alors, il allait faire face, comme d’habitude. Apercevant Alexandra, il s’approcha d’elle et lui rendit sa bise, arborant presque machinalement son sourire affable et facile, avant de rire doucement en l’entendant se plaindre de sa journée. Les grands esprits se rencontraient-ils ? S’asseyant, Leone répondit, l’air ennuyé :

« Disons qu’elle aurait pu l’être. Sauf que l’infirmière avec qui je tiens la permanence nocturne du Planned Parenthood ce soir ne peut pas se libérer, parce que son fils a la grippe et qu’elle n’a personne pour le garder. Et que je ne vois pas très bien comment je vais faire pour tenir la boutique seul dans les temps, ni comment trouver un remplacement d’ici ce soir …

Enfin, je vais me débrouiller. »

Réprimant un bâillement malavisé, le jeune homme ajouta :

« En quoi la tienne a-t-elle été si catastrophique ? Parce qu’à te voir, on dirait que tu es à deux doigts de m’annoncer le retour de la peste noire … »

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Mar 5 Nov - 22:16
Alors que Leone s’installe à leur table, Alexandra observe le visage de son ami, marqué par une certaine lassitude. Elle savait que les journées de Leone étaient lourdes et chargées. Après tout, il était un obstétricien dont la réputation n’était plus à faire. C’était toujours vers lui qu’on se tournait quand un cas devenait plus compliqué notamment. Alexandra avait toujours admiré le calme dont Leone pouvait faire preuve dans certaines situations les plus complexes. Il n’était pas donné à tout le monde d’affronter les difficultés liées à un être aussi minuscule qu’un bébé. Pour sa part, elle s’était rapidement éloignée de cette spécialisation. Alexandra était bien trop sensible que pour pouvoir affronter les aléas parfois dramatiques de ce service. Voir un patient mourir est déjà un échec qu’Alexandra avait énormément du mal à accepter en soit mais si en plus il s’agit d’un nouveau-né… Elle ne ferait guère long feu dans un tel service.

Une autre chose qu’elle admirait chez Leone : la façon dont il avait à se dédier entièrement à son travail. Il n’était ni marié, ni attaché à une famille. Comme elle à vraie dire bien qu’elle ait sa sœur. En fait, ils étaient quasi en tout point similaires sur ce plan-là. C’est pour cela qu’elle se sentait tellement à l’aise avec lui et qu’elle s’autorisait à montrer certaines faiblesses comme ses déceptions par exemple. Lui pourrait comprendre. Lui ne lui dirait pas de lever le pied ou d’abandonner. Il ne soulignerait pas le fait que sa quête pour trouver un remède face à la Mucoviscidose est sans issue, vouée à l’échec. Cela faisait un bien fou d’ailleurs à Alexandra qui, inconsciemment, attendait avec soulagement leurs fameuses réunions à la cafétéria. Souvent, Alexandra se demande ce qu’il se serait passé entre eux si Leone avait eu un attrait pour les femmes. Oh bien sûr, il y avait eu pendant leur première année d’internat une passade, un moment de faiblesse teintée de curiosité. Friends with benefit pendant un soir avant que cela se termine dans des rires amusés par l’absurdité de la situation. Ils n’étaient pas faits pour être amants…mais pour être amis, clairement. C’était toujours auprès de lui qu’elle cherchait conseille lorsqu’il s’agissait de la médecine. Elizabeth était une confidente bien entendu mais sur le plan médical, ce n’était pas toujours aussi simple pour elle de comprendre l’acharnement d’Alexandra.

Alors qu’Alexandra déballe le lunch apporté par ses soins pour Leone et elle, la jeune femme écoute avec attention le souci qui semble tourmenter son ami. Ce dernier semblait un brin agacé voir nerveux. Elle pouvait le deviner à ses mimiques et ce regard qu’elle connaissait si bien.

- tu vas te débrouiller… tout seul c’est ça ? Tu tiens à peine debout Leone…Dis-moi tu as été te reposer entre ta garde de nuit et ton service de ce matin ?

Elle finit par s’accouder tout en croisant ses avant-bras l’un sur l’autre. Un sourit paisiblement vient étirer ses lèvres charnues tandis que son regard se fait un brin malicieux.

- Qu’attends-tu pour me demander mon aide ? Tu sais que cela ne te coûtera qu’une modique invitation au restaurant de mon choix !

Son sourire perd un brin de son éclat cependant lorsqu’il aborde les malheurs de la jeune femme. Alexandra hausse les épaules et dévie le regard pour l’orienter sur la salle qu’elle semble scruter soudain. Sa mâchoire se contracte alors qu’elle repense à l’échec qu’avait été la conférence et ses doigts se crispent légèrement sous la tension exercée par ses mains.

- tu n’es pas si loin de la vérité… Aujourd’hui, il y a eu un colloque invitant les divers services de pneumologie de la région. J’y suis allée dans l’espoir de trouver des pistes pour mes recherches et j’en suis ressortie avec … aucune réponse, rien. La mucoviscidose fait peur car, étant encore loin de la maitrise et compréhension totale des scientifique, difficile de dégager assez d’argent et de moyens pour réellement s’atteler au problème. Je bosse grâce aux dons, à mes exigences que me permet ma réputation au sein de l’hôpital pour avoir un certain budget…mais je dois fournir un résultat à la fin de l’année et j’en suis encore loin. Leone… je…

Son corps se voute un instant alors qu’elle baisse les yeux sur ses bras croisés. Placés ainsi, on aurait pu imaginer qu’elle se protégeait. Alexandra était rarement dans la démonstration de sa fragilité ou de ses sentiments. Preuve qu’elle était réellement déstabilisée.

- … j’ai peur qu’ils finissent par virer mon équipe de recherche, bloquer le budget pour quelque chose qui pourrait rapporter plus gros… j’ai besoin de ces financements pour pouvoir arriver à mes fins.

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Lun 11 Nov - 19:30
« Euh … »

Dormir, tiens, c’était donc cela qu’il avait oublié ! Et dire que Leone s’était juré de laisser les mauvaises habitudes de l’internat derrière lui … Le pire était que, de manière générale, il avait toujours essayé de maintenir une certaine hygiène de vie et de rentrer aussi souvent que possible chez lui, hors gardes et urgences, puisque faire l’aller-retour entre le Richmond et Little Italy était bien trop long dans le court laps de temps entre la fin du service nocturne et les premières visites du matin, auxquels il essayait d’être constamment présent, afin d’interroger ses internes et résidents, et souvent de rassurer les familles qui aimaient voir un visage avenant en se réveillant au milieu du ballet matinal hospitalier. En plus, s’il disparaissait trop longtemps, sa grand-mère avait tendance à l’appeler en furie au milieu de la journée, et il finissait par se faire tirer les oreilles comme un bambino en rentrant. Oui, à trente-quatre ans. En même temps, vu que la brave femme l’avait élevé et avait tellement sacrifié pour lui, il lui pardonnait sans mal cette légère tendance à la surprotection. Mais là, il fuyait son foyer, inconsciemment, et il était à peu près certain que Granna Anna le comprenait et le laissait en paix … pour le moment. Se noyer dans le travail avait toujours été sa spécialité, et il y réussissait aisément. Finalement, il décida de botter en touche par une légère plaisanterie, appliquant ce qu’il appelait depuis le temps « la méthode Sirius », du nom de son inventeur et accessoirement, de son meilleur ami.

« Les micro-siestes, ça compte ? Parce que je suis un expert pour dormir debout. »

Son sourire s’affadit néanmoins en entendant la proposition toute joyeuse d’Alexandra, tandis que son estomac grognait brutalement à la vision des mets qu’elle étalait devant eux, et surtout, de leur flagrance qui venait lui chatouiller si agréablement les narines. Un léger soupir de contentement lui échappa, l’eau à la bouche lui venant. Manger aussi, c’était apparemment quelque chose qu’il avait oublié depuis un petit moment … Ses pensées alimentaires furent cependant interrompues alors que la pneumologue poursuivait en plaisantant, et un bref instant, Leone se tritura les doigts, ne sachant comment répondre. Il était touché de sa proposition, tout en ne sachant si elle avait réellement réfléchi aux implications de cette dernière, parce que le Planned Parenthood n’était, aux Etats-Unis, pas une association qui faisait l’unanimité, loin de là, et il se demandait combien des donateurs pour ses recherches sur la mucoviscidose étaient des fervents républicains, et s’ils préféreraient placer leur argent dans un autre programme, quitte à ce que celui-ci soit mené par quelqu’un avec moins de talent, mais plus conforme à leurs idées. Lui-même payait parfois ses engagements, même s’il n’avait pas trop de mal à trouver du soutien de l’autre côté du spectre politique. Mais voilà, il l’acceptait parce qu’il s’agissait de ses idées, de son temps, de ses choix, et il ne voulait pas les imposer à son amie, du moins pas juste au nom de leur lien, de leur amitié. Et ce qu’elle lui expliquait vis-à-vis de ses recherches, de ses peurs quant au financement venait corroborer ses doutes. Il connaissait cela : tous les projets d’essais cliniques, de recherche courraient après les financements, et parfois, même s’il avait honte de l’admettre, se tiraient allègrement dans les pattes pour décrocher telle ou telle bourse importante, ou encore la faveur d’un donateur généreux. Sans parler des opérations les plus coûteuses : comment donc décidait-on qui il fallait sauver ? Cela avait au moins le mérite de mettre en relief ses propres problèmes. S’il était débordé, c’était de sa faute, après tout. Un sourire doux éclaira donc son visage, et d’une voix de velours, il répondit enfin :

« C’est un peu pour ces raisons que je ne te demande pas ton aide, Alexandra. Parce que je sais que tu as besoin de tous les financements possibles … et que le Planned Parenthood, ce n’est pas franchement l’association qui va te rendre populaire auprès des gros bonnets républicains. Et je suis sûr qu’il y en a qui voudraient financer tes recherches … Je n’ai pas envie de te mettre dans une situation difficile juste parce que je ne suis pas capable de gérer mes propres engagements. J’aurai l’impression d’abuser de notre amitié … »

Ses yeux s’étaient baissé, comme s’il avait honte de dire une chose pareille. A nouveau, il mêla ses doigts, les démêla, signe de sa gêne … avant de serrer brutalement les poings, comme s’il essayait de s’insuffler un courage nouveau, et il finit par dire, avec une légère lueur dans le regard, de celles qu’il avait quand il avait une solution en tête :

« Mais si vraiment ça te dit … viens avec moi ce soir. Juste … ne le fais pas pour m’aider, mais parce que ça te tient à cœur.

Et si tu as besoin, je ferai le tour de nos propres donateurs, voir si ceux qui contribuent à titre privé au Richmond ne seraient pas … très déçus d’entendre qu’il y a des menaces sur tes recherches. »


Le lobbying, il finissait par connaître, entre Act-Up et le Planned Parenthood. Certains trouvaient ses méthodes méprisables, considérant que seules les qualités des travaux médicaux devaient rentrer en compte. Certes. Mais dans ce monde, il fallait se battre avec les armes de ses adversaires, pour espérer triompher. La pureté, c’est beau, mais ça ne menait pas à grand-chose.

« Tu n’es pas seule. Ce que tu fais … moi j’y crois. Je crois en toi, tu sais.»

@ Invité

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Jeu 21 Nov - 10:14
- je m’en doutais

Alexandra esquisse un sourire amusé tout en secouant la tête de gauche à droite. Elle aurait pu lui faire la morale concernant l’importance du repos, le fait qu’avoir ses 8heures de sommeil pouvait s’avérer vital pour le métier comme le leur mais…Ce serait terriblement hypocrite de sa part. Elle pouvait aussi passer des heures dans le labo de recherche, bloquée au-dessus de la centrifugeuse pour vérifier qu’aucune altération n’est possible avec les échantillons précieux ou encore le nez plongé dans des recherches exécutées dans d’autres pays. Sans comptes les heures qu’elle effectuait en consultation, toujours à l’écoute de ses patients. Toutefois, contrairement à Leone, elle n’avait personne qui l’attendais chez elle pour lui faire des remontrances. Certes, elle vivait avec sa sœur mais celle-ci avait également des gardes de nuit à la caserne donc cela tombait plutôt à pique. Bien que Linh savait de temps à autre aussi lui faire remarquer qu’elle devait lever le pied, Alexandra pouvait lui renvoyer la balle et donc s’en sortir sans se sentir trop coupable.

Leone parvient à la faire sourire par son trait d’humour. L’espace de quelques secondes, le visage d’Alexandra s’éclaire, oubliant ses préoccupations du moment. C’était ça, la magie de Leone. Il avait ce don. Il parvenait d’une manière ou d’une autre à l’apaiser, même si cela dure qu’une poignée de secondes

- bien sûr que ça compte mais je doute que cela compte pour le reste des honnêtes gens…Plus sérieusement Leone, je suis la dernière à vouloir te prévenir ou te dire comment gérer ton sommeil mais… « accorde-toi aussi du temps ». C’est ce que je devrais faire aussi selon ma chère sœur notamment. Va savoir ce que cela veut vraiment dire mais bon, j’imagine que c’est un …judicieux conseil ?

En réalité, elle ignore totalement ce que cela pouvait sous-entendre. Prendre son temps ? Quel temps ? Pour quoi faire ? Elle s’éclatait dans son métier. Sa vie en trouvait un sens, SON sens. Sans lui, que ferait-elle de ses journées ? Certes elle aime lire de temps à autre par exemple mais mis à part cela… elle n’en sait foutrement rien. En réalité, Alexandra ne s’est jamais intéressée, vraiment intéressée, à autre chose. La question ne s’est jamais posée à vrai dire. Aller boire un verre ? Avec qui.. ? Et à quoi bon si c’était pour parler de la météo à défaut de pouvoir parler des sujets qui l’intéressent vraiment ; la médecine et la maladie de sa sœur. Certes, il y avait eu Nathan, rencontré pendant son internat à Richmond. Cependant, lui aussi n’avait pas pu la comprendre entièrement et l’avais poussée à faire un choix. Elle avait choisi sa sœur à l’époque et le referait sans hésiter. Malgré tout, la simple évocation de Nathan dans son esprit faisait bien souvent naitre une amertume. Comme un rendez-vous manqué.

Chassant bien rapidement ses pensées qui se mettent à trop vagabonder à son goût, Alexandra se concentre sur Leone et se propose donc pour l’aider pour ce nouveau projet qui semble tellement lui tenir à cœur. Comme toujours, Leone prend le parti de penser aux intérêts de son amie plutôt qu’accepter aveuglément l’offre d’Alexandra. Oui, Leone était un véritable ami. Elle l’écoute donc, touchée alors qu’il la met en garde contre la possible mauvaise réputation qu’elle pourrait avoir en participant à un projet clairement anti-républicain. Il était de notoriété publique que les plus grands financements venaient du côté républicain, paradoxalement. Ayant plus de moyens à disposition et dans une optique d’avenir, ces donateurs espéraient ainsi pouvoir acquérir des services dû, de bons services bien entendu en investissant dans les meilleurs. Ainsi, lorsqu’ils tomberaient malade, le traitement serait accompagné d’un traitement de faveur bien entendu. Malgré tout, Alexandra ne crachait pas sur ce type de financements intéressés. Elle ne pouvait pas compter sur beaucoup de financements donc tout était bon à prendre. Toutefois, cette fois Leone avait besoin d’un coup de main. De plus, bien qu’effectivement, ce genre de dispensaire pouvait attirer le mauvais œil de ses mécènes, elle ne pouvait pas aller contre ses propres convictions et son serment. Tout médecin le prononce lorsqu’il reçoit le permis d’exercer. Le code, la base de leur déontologie. L’obligation et les interdits, le devoir envers les malades…

- j’ai besoin de financements, c’est vrai. Toutefois, je ne suis pas encore prête à vendre mon âme pour cela… Nous avons prêté serment non ? Je viendrai ce soir et je t’aiderai du mieux que je peux. Pas pour toi…mais pour la médecine. Par contre, évite de dire ce genre de bêtises comme « abuser de notre amitié ». Nous sommes amis Leone, alors tu as le droit d’abuser. Je te dirai bien quand cela ne m’arrange pas, tu me connais !

Quand il propose ensuite de faire le tour des donateurs de Richmond, elle lui décroche un sourire emplit de gratitude. Ce sourire s’étend d’ailleurs lorsqu’il lui dit qu’elle n’est pas seule. Alexandra baisse légèrement les yeux alors que ceux-ci semblent devenir un brin plus humides l’espace de quelques secondes. Il n’a pas idée du bien que cela lui faisait. Peu de monde croyait en ce qu’elle tentait d’accomplir. Même sa sœur n’y croyait pas…

- je sais que je peux compter sur toi… c’est bien pour ça que… je veux participer à ton projet Leone. Tu peux AUSSI compter sur moi. Toujours.

@Leone Castelli

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Jeu 12 Déc - 16:53
« Soit alors, je vais aller me réserver des billets pour une pièce de théâtre ce week-end. Je crois que c’est ce que les gens veulent dire, par prendre du temps pour soi. Au moins, ça me fera changer d’air, un peu. »

De manière générale, contrairement à une croyance bien ancrée, Leone n’avait pas de mal à entretenir une vie en dehors de l’hôpital. D’abord, il y avait son travail associatif, et en dehors des contraintes horaires et de la surcharge que cela induisait souvent, c’était aussi un moyen de socialiser, parce qu’il n’était pas rare, surtout chez Act Up, qu’une soirée se finisse dans un bar, voire une boîte gay, et que tout le monde s’amuse un minimum à sa guise, ou simplement en prenant du plaisir à être avec des amis. Ensuite, l’italien aimait sortir quand il le pouvait, même s’il avait passé l’âge des soirées bruyantes et de la sono poussive. Il préférait les week-ends à paresser chez Sirius, ou chez d’autres de ses amis, appréciait aussi les sorties culturelles et avait un énorme faible pour les comédies musicales de Broadway et le théâtre, qu’il cultivait depuis le début de ses études. C’était son petit plaisir personnel, et à choisir, il trouvait plus intéressant de sacrifier une soirée à cela plutôt qu’à rattraper les heures de sommeil en moins. Après tout, dormir, il pouvait le faire en salle de garde en cas de besoin, puisqu’il n’était pas toute la journée sur le pont – du moins, c’était assez rare, il y avait toujours des petits moments de pause. Il avait habitué à son organisme à ce rythme, et veillait à avoir une vie saine par ailleurs, bien aidé par sa condition : pas d’alcool, une alimentation riche mais équilibrée, adaptée à ses besoins … Et puis, au fond, il aimait cette vie à cent à l’heure bien remplie, qui l’empêchait de trop gamberger sur son manque de vie intime, ou sur les ratés de cette dernière. Il se sentait utile, ne manquait pas d’amis … Que demander de plus ? Il ne fallait pas être trop gourmand, ne cessait-il de se répéter, peut-être pour se consoler, et parfois par conviction, parce qu’il savait ce qu’était la privation.

Son visage s’illumina d’un joli sourire quand Alexandra lui assura qu’elle ne comptait néanmoins pas vendre son âme au diable pour des financements, et qu’elle était tout à fait volontaire pour l’accompagner. Il espérait juste qu’elle ne regretterait pas sa décision. Néanmoins, elle ne serait pas la première de ses amis et collègues médecins qu’il avait fini par entraîner avec lui dans l’aventure du Planned Parenthood, à la grande joie des gérants de la clinique, qui voyaient ainsi des bénévoles formés, dans des spécialités parfois manquantes. Et on n’avait jamais assez de bonnes volontés, surtout quand on courrait après les fonds, comme la plupart des cliniques qui ne rentraient pas dans les cases des bonnes causes transversales à financer, et se retrouvaient mises à l’index par certains esprits conservateurs – et il n’en manquait pas, dans ce pays d’adoption que pourtant Leone chérissait plus que tout. Aussi finit-il par dire à son amie :

« C’est d’accord. Rendez-vous à la fin de ton service, je t’envoie un SMS et on partira ensemble pour la clinique. C’est dans le Bronx, mais je te raccompagnerai à la fin sur une partie du trajet si tu veux, ça t’évitera de devoir le faire toute seule à pas d’heure. En plus, j’ai un ami qui habite l’appartement au-dessus de chez toi, donc au pire, j’aurai toujours un canapé sur lequel m’affaler si je loupe le dernier métro. »

Parce que Bronx-Queens, ça faisait vraiment une trotte … Si elle l’aidait, autant qu’il lui rende la vie plus facile. Et Leone adorait traverser New York la nuit, surtout quand les jours raccourcissaient et que les décorations arrivaient, que les odeurs dans la rue se mêlaient. Marcher ne le dérangeait absolument pas. Plantant ses dents dans son déjeuner, il avala sa bouchée avant de répliquer à nouveau, se rendant aux arguments d’Alexandra :

« Bien, j’abuserai avec ta bénédiction ! »

La boutade avait le mérite de clore joliment ce bout de conversation, tout en permettant à la jeune femme de laisser l’émotion la gagner discrètement sans que Leone fasse mine de s’appesantir dessus, même s’il l’avait remarquée. Il savait à quel point les chercheurs se sentaient seuls, parfois, à essayer de défendre leurs avancées, et à voir les autres douter de leurs capacités. Mais c’étaient grâce à des personnes têtues et déterminées que des vies finissaient par être sauvées, que la médecine progressait. Lorsqu’elle releva la tête, il lui adressa un clin d’œil et conclut de sa voix apaisante :

« On peut compter l’un sur l’autre ! Comme deux mousquetaires. Il va falloir qu’on recrute pour faire de notre petit groupe de soutien une vraie troupe de héros des temps modernes, tu ne crois pas ? »

Avant d’ajouter avec douceur :

« S’il n’y avait pas eu des personnes comme toi, je ne serai pas là pour te parler. Mais je sais ce que c’est, que de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête … Ta sœur essaye de ne pas se faire de faux espoirs. Quand j’étais enfant, je faisais un peu pareil, même si ma grand-mère me répétait qu’un jour, tout irait mieux.

Le fait est … qu’elle avait raison. Et du coup … je suis persuadé que ce sera pareil pour toi. Même si le chemin jusque là est parfois douloureux et qu’on a l’impression d’être seul à se battre contre le monde. »

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