Le Meow Parlour:

Un jour off comme elle en a rarement. Sage, un peu hyperactive sur les bords et un peu trop gentille sur les bords ne peut s’empêcher d’accepter des heures supplémentaires, des remplacements dans des Starbucks autre dans la ville. L’argent, il manque en fin de mois et son petit job de barista n’est clairement pas suffisant. Un jour de repos bien mérité donc, les cernes en témoignent sur son visage, les traits un peu creusés mais le sourire toujours aux bords des lèvres. Sage a enfilé une de ses tenues les plus confortables, un simple jean taille haute avec un pull rose, ses cheveux toujours retenus dans un chignon rapide, une paire de vieilles converses aux pieds et son réflex fermement retenu au tour de son cou. La vérité, c’est qu’un jour off n’est pas toujours un jour de repos pour Sage, c’est l’occasion pour elle de célébrer sa passion : la photographie. Elle vibre pour ça, pour les jolies couleurs, pour l’ambiance d’une ville vivante et immense comme New York.

Alors, Sage arpente les rues à la recherche d’endroits photographiables, à la recherche de l’inconnu, d’une jolie histoire à raconter. Elle passe dans les parcs, capture dans un cliché un moment fugace, un baiser volé de jeunes amants, une envolée d’oiseaux. Ces moments de vie qu’elle aime tant, ces instants qui font vibrer son cœur et que ses parents ne comprennent pas. Sage aime se perdre dans les rues, dans les impasses, dans ces lieux que personne ne prend plus le temps de voir, de regarder. Sage, c’est cette âme d’enfant dans un corps d’adulte, l’émerveillement. Les gens de New York sont des gens pressés, des personnes qui courent après le temps, toujours pressés, le palpitant qui dépasse la limite autorisée et qui oublie de vivre. Ses pieds fatigués se perdent dans une rue, un endroit inconnu qu’elle découvre.

MEOW, ses lettres énormes, blanches, texture meuble IKEA. Les yeux pupille de Sage se dilatent. Un endroit pour les fanatiques de chats. C’est l’extase. Les boules de poils qui sautent, grimpent partout, un mélange de pelage, des longs des courts, un mélange de couleurs fascinant. Son regard d’artiste vrille et Sage ne peut pas s’empêcher de bloquer devant cette devanture, elle se fait pousser par les passants pressés l’obligeant à s’approcher un peu plus. Un genou à terre, l’appareil dégainer, elle mitraille l’intérieur, puis vérifie quelques clichés et elle zoom qu’un client. Elle sourit en reconnaissant cette chevelure qu’elle sert souvent au Starbucks. Loup, l’introverti, celui qui dessine dans les coins du café, celui que Sage a repéré, a qui elle a déjà parlé et qui la repousse toujours sans succès. C’est ce qui la décide à pousser la porte. D’un pas décidé, elle entre un peu trop précipitamment et interpelle le jeune homme. « Hey Loup ! » Un grand signe de main et un large sourire. On pourrait croire qu’ils sont amis, peut-être mais pas vraiment. «  T’aimes les chats ? » Captain obvious.