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ballade à la lune (arco)

@ Invité

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Mer 20 Nov - 22:51



lune, quel esprit sombre
promène au bout d’un fil,
dans l’ombre,
ta face et ton profil ?


Elle brille la lune. Elle brille. Elle caresse les lieux, de sa douce lumière. Elle les décrit, les esquisse, pour qu’on ne puisse que les deviner sans vraiment les connaître, sans les découvrir vraiment. Juste des ombres, qui grandissent, s’étirent dans la pénombre. Difformes. Immenses. Juste assez pour se sentir toute petite, minuscule. Perdue. Se perdre. Se perdre dans la nuit. Se perdre sous la lune. Se perde dans les rues d’une ville qu’on ne connait pas et qui ne nous appartient pas. Étrangère. Vagabonde. Le coeur au bout des pieds pour te mener où elle veut — où bon lui semble. L’envie de connaître, d’apprivoiser ces gratte-ciels, de se repérer et d’être peut-être enfin chez soi. Un jour. Quelque part. Gabrielle elle n’avait pas de chez elle. Gabrielle c’est un oiseau. Gabrielle elle n’a pas de cage, elle bat des ailes dans le vide, sans but précis, juste par plaisir de sentir le vent battre contre ses plumes. Elle dort où elle peut — au presbytère, elle qui ne croit pas en un dieu quelconque. Elle qui croit seulement en l’homme. L’homme et sa folie. L’homme et sa démesure. Elle qui cherche toujours un refuge.



Lui c’est son refuge. Le refuge de ses nuits de trop lourde solitude. Gabrielle elle aime, et elle a peur d’être seule. Gabrielle elle veut être indépendante, par peur trop trop s’attacher. Gabrielle elle veut vivre, alors qu’elle a besoin de s’accrocher. S’accrocher à l’autre. Offrir son coeur. Donner son âme. Lui, elle l’a rencontré parce qu’elle avait la mort qui lui tiraillait le vendre. La faim qui lui crevait la panse. Pas un rond. Pas un sous. Juste ses yeux pour pleurer et son ventre pour crier famine. Elle aurait pas osé lui demander, parce qu’elle a sa fierté déplacée, la peur d’avoir honte. Il l’a fait pour elle. Elle lui en sera toujours redevable.


Alors elle avance. Elle prends une décision. Une destination. Elle traverse la ville à pas feutrés, traversant les rues, passant devant les vitrines des boutiques de luxe, avant de s’enfoncer vers les quartiers qu’elle connait mieux, ceux où elle se sent plus à l’aise — ceux moins fastueux, moins luxueux. Elle cherche ce restaurant, ce lieu qu’elle connait, où elle est allée tant de fois ces quatre derniers moi. Elle espère qu’il sera là. Il n’est pas si tôt que ça finalement. Peut-être est-il déjà trop tard. Le temps, le moment déjà passé. Mais elle avance. Elle espère.

lune en notre mémoire,
de tes belles amours
l’histoire
t’embellira toujours




« Bonsoir. »



Elle est toujours aussi peu bavarde. Elle aime pas s’encombrer de mots. Les gestes plutôt. Lire dans le regard. C’est mieux. Elle préfère. Elle est arrivé dans la petite rue derrière le restaurant où il travaille. Lui. Arco. Arco et ses yeux de soleil. Elle lui sourit — un des rares. Elle sait qu’il l’attend. Comme souvent. Comme tous ces soirs. Elle avance, plus décidée, les mains dans les poches, le nez rougit par le froid. Fragile elle ne l’est pas. Elle a tout affronté Gabrielle. La faim. La vie. Le froid. Il l’a déjà vue vulnérable. Il l’a déjà prise en pitié. Elle n’a plus rien à craindre. Tout du moins c’est ce qu’elle croit.

@ Invité

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Ven 22 Nov - 22:47
La stabilité, ça n’a jamais été l’truc à Arco. Le sentiment d’appartenir à un ensemble par contre, il en a toujours rêvé et jamais il n’aurait pensé que ce serait dans un taf qu’il trouverait ce semblant de sentiment. Ce n’était que des collègues au fond, mais des collègues qu’il allait voir chaque jour, des collègues à qui il souriait quand il les croisait dans les allées et des collègues avec qui il aimait être, qu’importe leur galère du moment. En même temps, Arco, suffisait d’être un peu sympa avec lui et ça lui allait. Bonne pâte, on avait aussi vite compris qu’il ne disait rarement non quand il était question de remplacer en dernière minute. L’gosse faisait n’importe quoi pour être apprécié, intégré. Aimé aussi, mais ça c’était peut-être trop demandé.
Ce soir encore, il a remplacé, il aurait dû finir il y a plus d’une heure, mais la blonde a dû partir. Une urgence, a-t-elle dit. Une urgence très bien montée et au volant d’une Mercedes, Arco le sait, un soir il l’a suivie. Juste pour savoir, par curiosité. Il ne lui a jamais rien dit à ce sujet et quand elle a demandé s’il pouvait lui sauver la vie, il s’était contenté d’opiner du menton. « T’inquiète, je gère » qu’il avait répondu et il avait effectivement géré, à sa manière. Au fond, il aimait bien faire la fermeture, ça lui donnait l’occasion de récupérer un plat ou deux et ce soir, ce serait penne al salmone. Il ne savait pas trop si la fille de la lune aimait le poisson, mais le saumon ça passait toujours. Dans le doute, il n’avait pas pris les gambas, c’était pas pratique à grignoter sur l’pouce. Les penne non plus, mais il avait pris soin d’emprunter des couverts qu’il remettrait en place demain. Ce serait con de se faire virer pour une foutue fourchette.

D’un dernier sourire doux, l’gosse attrapait son blouson et s’enroulait le menton d’une écharpe. Les nuits se faisaient fraîches et à peine un pas dehors, le plastique blanc du petit sachet lui sciait déjà les doigts. A cause du froid. Tournant l’nez à droite et à gauche, il espérait que la petite étincelle soit-là. Ils ne se donnaient pas vraiment rendez-vous, ils s’attendaient juste. Se cherchaient un peu aussi. Comme un appel aux âmes perdues, ces âmes qui n’appartenaient à rien ni personne.

De l’ombre, elle s’avançait alors et un joli sourire vint étirer le coin de ses lèvres. Son bonsoir sonnait comme un petit miaulement dans la nuit. Petite chatte sauvage, mais téméraire. Féline et libre. Douce et agile. Il l’aimait bien Gabrielle, même si elle ne parlait pas beaucoup. Ce n’était pas nécessaire, Arco entendait les mots qu’on ne prononçait pas.

« Salut »

Elle a le nez rouge et le visage blême, elle a sans doute erré un moment, parce qu’il a prit du temps, probablement. De son pas suave, il traverse l’espace entre eux pour une tendre accolade qui ne dure que quelques secondes, assez pour que ses joues parsemées de soleil lui glace les siennes et d’un même mouvement, il achevait d’enrouler son écharpe moutarde autour de sa gorge fragile.

« Penne al salmone, ça ira ? Elles sont encore chaudes. »

@ Invité

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Mer 27 Nov - 1:04



Fut un temps ou Gabrielle avait peur. Avait peur de la nuit. De cette nuit noir, vaporeuse, mais angoissante. La nuit qui enveloppe et qui perds. La nuit qui surprend. Cette nuit là. Gabrielle en avait peur, plus jeune. Peur de rencontrer quelqu’un d’indésirable - un homme, surement. La mauvaise rencontre. Celle semblable à un point de non retour. Celle qui ne pardonne pas. Qui fait mal. Elle ne se rappelle plus vraiment de cette époque là, quand elle n’avait pas encore compris qui elle était, quand elle se cherchait encore, entre la petite fille parfaite et l’envie de liberté et d’évasion. Elle n’osait pas sortir le soir. Elle n’osait pas rencontrer les gens. Parler aux inconnus. Elle n’était que chrysalide. Elle la voilà papillon. Papillon de nuit, voletant de ville en ville, de rue en rue, sans but précis. C’était ça Gabrielle. L’insaisissable.


Arco, elle aurait pu le laisser la saisir. Arco l’homme soleil. Parce que là, maintenant, à cet instant, il était symbole de douceur et de sécurité. Deux choses que Gabrielle n’avait plus connu depuis des mois. Depuis des années. Mais deux choses dont elle avait besoin d’une manière presque épidermique, physique. Et elle l’effleurait du bout des doigts grâce à ce jeune homme.  
Elle sent ses bras qui se renferme autour de son corps frêle. Il n’est pas gros non plus. Mais cette étreinte lui rappelle les siennes. À lui. Celles du début. Avant que tout vrille et vacille. Elle sourit à cette idée. En souvenir de cette idiote qu’elle a été. Idiote. Bernée. Infantile. Les bons mots. Elle attrapait alors le petit paquet qu’il tenait entre ses mains - son petit paquet, rien que pour elle - et l’avança doucement près de son visage pour en sentir l’odeur. La chaleur contre ses mains. Son ventre qui crie famine, bruyamment, si bien qu’elle laisse échapper un éclat de rire, comme pour masquer sa gêne possible.

« Merci. C’est parfait. Tu as mangé ? »

Elle allait lui proposer de partager. Elle n’allait jamais avaler tout ça de toute façon. Avec le temps, elle avait pris la salle habitude de manger très peu, presque rien. Et elle avait envie de partager. Parce qu’elle lui devait bien ça, à lui. D’un geste, sans attendre sa réponse, un mot, elle glisse son bras autour du sien, et se met à marcher. Elle n’a pas encore un lieu en tête - peut-être que lui aurait une envie qu’il lui glissera à l’oreille. Elle a juste envie de marcher. De marcher et de discuter un peu. Arco et Antek sont les seuls à qui elle dévoile le son de sa voix et les maux de sa tête. Elle n’aime pas parler. Mais avec eux, c’est différent. Elle se sent presque elle-même.

« Tu as passé une bonne journée Arco ? Raconte moi. »



Elle s’intéresse vraiment. Elle veut savoir. Elle est curieuse, parfois.

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Sam 7 Déc - 10:28
Ça avait quelque chose de revigorant, cette idée d’être attendu par quelqu’un, le soir. Quelqu’un qui comptait sur lui, même si ce n’était que dans l’idée de se remplir la panse. Peut-être qu’au fond, ce n’était que ce qu’elle espérait de lui, Gabrielle, un bon repas chaud ? Peut-être, mais Arco ne le pensait pas. En même temps, Arco était passé maître dans l’art de ne voir que les bons côtés des gens et leur prêter des caractères angéliques. Pour Gab, il ne s’était donc jamais vraiment interrogé et peut-être qu’un beau jour, elle ne serait plus là pour l’attendre, le sourire au bout de ses lèvres pâlies par le froid. Arco savait bien qu’il n’y avait rien pour la retenir près de lui et peut-être qu’il s’en était fait une raison. Il savait bien qu’une fois mise dans le bocal, la luciole cessait de briller. Il ne voulait pas qu’elle s’éteigne, même si la tentation était grande.
D’un mouvement délicat, comme si tu tenais un petit moineau entre tes mains, tu lui enfilais ton écharpe par-dessus la tête. Satisfais, tu fis comme si de rien n’était. Après tout, elle semblait davantage en avoir besoin que toi ! Autant qu’elle en profite, toi tu pourrais toujours en emprunter une à Levi ou en racheter une quand tu aurais ta paye.
Puis à la manière d’un serveur aguerri, ce que tu étais d’ailleurs supposé être, tu lui rendis son repas, soigneusement emballé pour retenir la chaleur comme les saveurs. De ton plus bel accent italien, tu lui annonçais le menu. Ton accent n’était de loin pas aussi parfait que tes collègues italiens. Ton nom avait beau l’être, tu savais bien que ce n’était là qu’une décoration puisque de ta famille biologique, tu n’avais plus aucun contact et ce n’était certainement pas les religieuses qui te feraient renouer avec tes terres d’origines. A tes yeux, tu n’étais guère plus qu’un Américain, tu ne te vantais pas d’origines exotiques.
Avant elle, l’estomac de Gabrielle se mit à hurler son impatience et tu pouffais à l’unisson avant de hocher du menton. « Je passe tout mon service à grignoter en vrai » avouais-tu d’un sourire amusé. Tu ne savais pas résister aux bonnes choses.
Emboitant son pas, tu te laissais guider sans chercher à te fixer de but ni d’objectif, à cette heure tardive, il n’y avait plus personne pour t’attendre nulle part. Tu n’aimais pas planifier ta vie de toute manière, tu la prenais telle qu’elle venait, sans chercher à la rendre plus facile ou plus jolie.
« Plutôt oui, j’ai pas fait grand-chose en fait, mais ce soir le service était plutôt tranquille, des gens qui sont restés une plombe, c’est un peu chiant parce que ça fait moins de pourboire, mais bon ça fait aussi moins d’aller-retours à travers tout le restau. Sinon, ils ont dégoté un vieux CD de chants de Noël en italien, tu sais pour que ça fasse plus authentique. Tu savais que ça existait encore les chaînes hi-fi avec lecteur CD ? Quand je pense qu’il y a encore quarante ans, c’était grave hype les cassettes. Du coup ça me fait penser, pour stocker toutes les photos qu’on fait, finalement c’est encore les anciens qui avaient raison, tu sais peindre des toiles à l’huile tout ça. Non seulement ça reste mais après, y’a même des gens pour les foutre au musée et d’autres pour les acheter des milles et des cents. »
Tu bavardais, bavardais et bavardais.
« T’imagine un peu Gab ? Si tu peins notre selfie, d’ici deux cent ans, on sera peut-être des stars comme Mona Lisa »

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