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Les années rendent les souvenirs plus beaux. (Jonas)

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Jeu 21 Nov - 23:19
Isra se souvient des moindres détails. Du code la porte d'entrée, à la voix nasillarde du concierge auto-proclamé du rez-de-chaussée. Et puis il y a le papier-peint vert fleuri, le parquet rayé par le déambulateur de la voisine, le carreau cassé, les lumières fatiguées... Le souvenir vivace de Jonas qui déboule dans l'escalier avec Anya sur les épaules... Leurs sourires, les bras écartés qui imitent un avion (ou un oiseau, nous ne saurons jamais). Le cœur rate un battement ou deux, alors qu'elle déglutit péniblement. Les moindres détails de l'immeuble lui agressent les sens et l'instinct, comme si la bâtisse toute entière lui disait de dégager, lui hurlait qu'elle n'était plus la bienvenue ici. C'est probablement vrai. Après le sang qu'elle a versé entre elle et Jonas, il n'y a plus aucune raison qu'on la veuille où que ce soit près d'ici.

Et Isra se sent stupide. Profondément stupide, là, devant cette porte. Voila douze minutes et trente-sept, trente-huit, trente-neuf secondes qu'elle est dans le couloir, le poing qui tantôt grimpe pour frapper contre la porte, tantôt retourne le long de son corps. Elle ne se souvient plus tellement de ce qui l'a conduit ici. Ou plutôt ne veut-elle pas l'admettre. Incapable de s'occuper de sa propre fille. Mais elle sait que lui peut. Elle sait aussi qu'il l'écoutera, et lui donnera l'aide dont elle a besoin. Mais Isra ne demande pas d'aide. Jamais. A personne et sous aucun prétexte. Encore pire quand elle s'en sent malhonnête. Parce qu'elle est malhonnête, n'est-ce pas ? Envers Jonas, envers Anya...

Non, Isra. Non. Il a perdu votre fille... S'il lui était arrivé quelque chose ?
T'as le droit d'être en rogne. T'as le droit de lui en vouloir.


Et comme si on avait appuyé sur le mauvais bouton de ses humeurs, la colère froide monte et le visage se ferme. Son doigt s'écrase sur la sonnette. Elle a prévenu par sms qu'elle serait devant sa porte à vingt-et-une heures trente pour parler d'Anya. Il est près de vingt-deux heures, mais elle sait qu'il est là. Il est toujours là pour sa fille. Et ça lui fait un peu mal au cœur, un peu mal contre les côtes, parce que le temps d'une seconde, avant que la porte s'ouvre, avant que le visage de Jonas apparaisse dans l'encadrement, elle sent l'amour qu'il lui porte. Elle sent l'amour qu'ils ont vécu. A deux, puis à trois. Surtout à trois.

A trois ? T'étais jamais là, Isra, fais pas semblant.
Et ça lui paraît lointain. Tellement lointain. Les années rendent les souvenirs plus beaux. L'idéal rend la vérité plus supportable.

« Bonsoir. »

Il n'y a pas une once de chaleur dans le timbre ou sur les traits. Elle suinte une telle neutralité que cette dernière ne peut être que fausse, préfabriquée et envoyée là, sur le devant, pour qu'elle ne laisse rien échapper, ni aigreur ni émotions biscornues. Tu l'as aimé, aussi, Isra. Tu te souviens ? Oh, elle se souvient. On plonge facilement dans le bleu de ces yeux. Et à chaque fois qu'elle est au bord de la falaise, sur le point de s'y précipiter, elle se souvient du pourquoi ; pourquoi elle l'a aimé, oui, mais aussi pourquoi elle ne lui fait plus confiance.

« Je suis en retard, désolée. » Elle aurait pu dire que c'est à cause d'Anya, qu'elle a mis trois quarts d'heure à réussir à la coucher, et deux autres à essayer de préparer un repas décent pour le lendemain. Mais Isra préfère éviter de parler de leur fille autant que possible. De leur quotidien. Peut-être parce qu'elle ne veut pas le blesser. Peut-être parce qu'elle a honte de se l'être approprié. Elle se sent voleuse, pas tout à fait légitime, mais quand même. Elle est sa mère, et elle essaye de faire les choses bien. Elle fera toujours mieux que cette andouille qui a failli la perdre. Elle ne peut que faire mieux, hein ? Elle se racle la gorge, détourne un peu le regard. « Je peux entrer ? » Elle comprendrait que non. Ils peuvent très bien faire ça dans le café, au bas de la rue, aussi. « Ça ne sera pas long... J'aimerais juste qu'on parle des retours qu'on m'a fait à la dernière réunion parents-profs. » Dans sa bouche, ça sonne bizarre, parce que c'est probablement la première à laquelle elle assiste de toute sa vie.

« Oh, rien de grave, je te rassure. » Alors pourquoi t'es là ?

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Dim 24 Nov - 1:23


J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir
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feat @Isra Elaihar

Les minutes passent lentement. Jonas a les yeux rivés sur son bouquin, mais il entend parfaitement le tic-tac incessant de l’horloge du salon. Elle a toujours deux minutes d’avance, à la différence d’Isra qui a plus d’une demie-heure de retard. Mais ce n’est pas bien grave, elle, son métier, elle ne peut le contrôler comme celui de Jonas. Elle, elle ne peut pas partir quand une urgence se pose sur son bureau ou entre ses doigts. Les seules urgences de Jonas sont des bourrasques qui renversent les poubelles ou les jeunes qui jouent avec. Ce ne sont pas de vraies urgences, personne n’est en danger, à part le trottoir et les chats errants qui s’empoisonnent en bouffant les papiers. Alors non, Jonas n’a rien à dire sur le retard d’Isra car son retard est légitime alors que sa colère à lui, elle ne l’est pas.

En parlant de colère, il ne lui en veut toujours pas. Il a essayé pourtant, d’être agacé, de se mettre en rogne, de pester contre son ex-épouse. Mais ça sonnait toujours faux, comme un mauvais téléfilm du dimanche qu’on essaye toujours de rendre dramatique alors que le seul drame, c’est le jeu des acteurs. Dans ce scénario, Jonas joue faux, terriblement faux. Il ne peut haïr Isra, tout comme il ne peut être en colère contre elle vis à vis d’Anya. Elle a gagné, sa défense était meilleure, son attaque aussi. L’éboueur avait tellement de rouge dans son dossier qu’il se demande encore pourquoi le juge les a reçu. Il aurait très bien pu envoyer une simple lettre, ça leur aurait moins faire perdre du temps. Qu’importe, il n’y arrive pas, à jouer le rôle de l’ex mari furieux à qui les rires de sa gamine manquent atrocement. Il ne sait pas jouer les hommes tristes alors qu’au fond, il est heureux de voir Isra retrouver Anya. Il est heureux aussi de savoir qu’Isra a trouvé le bonheur au côté de Diana. Et il est heureux tout simplement, de les voir ensembles, toutes les trois. Certains diraient que Jonas se voile la face, qu’il est stupide, qu’un homme aussi altruiste doit cacher bien pire derrière les murs de sa baraque. Qu’ils pensent tout ça, ça ne l’intéresse pas. Être heureux du bonheur des autres, ça semble impensable. Mais Jonas a aimé Isra et Isra a aimé Jonas. Alors pourquoi se détester alors que les souvenirs sont toujours là, que leur bonheur, il n'a pas été rayé de la carte. Il a juste été mis de côté pour une toute nouvelle et une toute aussi belle histoire.

Ça frappe à la porte, Jonas se lève tranquillement et referme le livre avec le marque page en son centre. Il a une mine un peu fatiguée, les rendez-vous chez le psychologue l’épuise plus que les coups de balais dans la cour de récré. Mais c’est souriant qu’il ouvre la porte, un pantalon de coton en guise de bas de pyjama et un gros pull en laine. L’hiver pointe déjà le bout de son nez et il s’est permis de baisser le chauffage depuis le départ d’Anya pour économiser. Isra a l’air… d’Isra. Fatiguée elle aussi, un peu froide dans ses mots, trop brut dans ses explications. Elle le déteste, il le sait mais n’en tient pas compte. Lui, il l’aime et ce n’est pas incompatible à vrai dire. Juste à sens unique.

- Bonsoir ! Euhm, entre, oui, j’ai prépa-paré du chocolat chaud si tu veux.

Il n’y a que lui pour avoir du chocolat chaud à offrir.  Le café lui donne un mal de crâne atroce et le thé, c'est de l’eau aromatisé, rien de très réconfortant ! Il n’a bégayé que sur un seul mot,  travaille dessus et espére qu’Isra le remarquera. Pas pour elle qu’il le fait, plus pour lui. Pour l’image qu’il donne à Anya, pour lui montrer que si lui peut calmer cette spécificité, elle aussi pouvait y arriver avec son anxiété !
Refermant la porte, il lui fait signe d’avancer. Rien n’a vraiment changé depuis leur divorce. A part qu’il y a encore plus de livres et que la moitié de la table du salon est prise par un puzzle géant en cours réalisation.

- Donc, la réunion parents profs ? Pas tro-trop long ? La dernière fois, je me souviens que la maitresse d’Anya m’avait tenu la jambe pendant 1h…

Il a un rire amusé alors qu’il dépose sur la petite table du salon deux tasses propres attrapées dans la commode. C’était son ancienne maitresse, celle de la classe inférieure, avant l’enlèvement. Elle avait voulu expliquer à Jonas qu’Anya devait à tout prix passer des tests de surdouance, ce à quoi l’homme avait répondu qu’Anya refusait. Qu’elle aimait sa classe et ses copains et ne voulaient pas en partir. Ça avait profondément agacé la professeure, il s’en souvient encore un an plus tard.

- Je suis sûr que tu as su mieux te défendre que moi.

Et défendre Anya aussi, mais ça, il ne le dira pas.

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Dim 24 Nov - 19:44
Cet endroit, c'est une partie de son âme. Et pourtant, elle ne s'y sent plus tellement à l'aise. Il y a une ombre, là, au dessus de leurs têtes, qui grignote sa patience et son sang-froid ordinaires. Elle n'aime pas comment Jonas la change. Ces dernières années, avant l'enlèvement de Anya, ça allait encore. Mais depuis que c'est arrivé, les conflits et les problèmes dormants de leur échec marital la prennent constamment à la gorge. Et serrent. Serrent un peu plus fort à chaque fois qu'elle doit s'approcher de lui.

Le voir la fait tiquer.
Le voir aussi serein la fait tiquer.
Le voir aussi gentil la fait tiquer.
Le voir aussi prévenant la fait tiquer.
Le voir dans le froid la fait tiquer.
Le voir l'idéaliser la fait tiquer.
Sa propre inquiétude pour Jonas, encombrante et somme toute involontaire, la fait tiquer.

Déjà, Isra n'écoute plus tellement ce qu'il dit. La tasse brûlante lui éclate dans la main. Putain. La chaleur lui fait lâcher tout ce qu'elle tient encore, des débris, du sang, une certaine forme de frustration, aussi ; rien qui la tire complètement hors d'elle, cependant. Si elle se relève, c'est avant tout pour aller chercher de quoi nettoyer son bordel. 

« Ne bouge pas. S'il-te-plaît. » Demande-t-elle en levant une main qui interdit. » Qu'il ne la suive pas, qu'il ne la touche pas, qu'il ne se précipite pas sur la trousse de soin, et qu'il n'assume plus rien à sa place. « T'en fais pas, je m'en occupe. Vraiment. » Elle présume que rien n'a changé de place, parce qu'elle se dirige machinalement vers la cuisine pour sortir pelle, balayette et torchon. Sa main peut attendre, l'entaille n'est pas profonde. Isra peut toujours attendre. La vie peut toujours attendre. Son mari et sa fille peuvent toujours attendre. Diana peut toujours attendre. Tout le monde t'attend constamment, Isra. Le pire, c'est qu'elle en a conscience. Et elle a l'impression d'y travailler. De là à dire que c'est suffisant...

Comme pour se prévenir qu'on entre dans sa vie, dans son espace personnel, elle reprend la conversation en même temps qu'elle commence à balayer les débris.

« Sa maîtresse pense qu'elle manque d'attention. Elle se distrait beaucoup trop facilement, et elle distrait les autres par la même occasion. Je lui ai dit que c'était peut-être le changement d'environnement, qu'il lui fallait du temps. Mais si je suis honnête... » Accroupie, elle s'arrête un instant et remonte le menton vers Jonas. Ses yeux le fixent, le défigurent. « J'en sais foutrement rien. » Elle a un peu honte de l'admettre. Mais tant qu'à faire, puisqu'elle est ici et puisqu'elle s'est mentalement promise de faire des efforts... « Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas ses antécédents scolaires. Pas dans les détails. A vrai dire, j'avais l'impression que tout se passait bien, jusqu'ici, même. » Il y a une brèche de tristesse qui écaille la colère. A-t-elle été si absente ? La question lui pèse. Un soupir écharpe la gorge. Des fois elle voudrait faire les choses autrement. Recommencer peut-être. « Et Anya... Anya va bien. Anya me dit que ça va bien, en tous les cas. Mais j'ai plutôt l'impression que c'est pour que je ne me froisse pas. Ou que je ne me mette pas en colère ? Je ne sais pas. » Elle n'envisage même pas qu'Anya puisse ne pas vouloir la blesser, la rendre triste. Isra a toujours été un peu obtus, sur l'éducation. Parce qu'elle ne pense (pensait) pas qu'on a besoin de surprotection, parce qu'elle pense que le monde est moche et qu'Anya doit s'y adapter, y survivre ; lui ne le fera pas pour elle.

A-t-elle été une si mauvaise mère ? 
Elle se pose la question, c'est déjà ça.
Si elle était du genre à pleurer, peut-être qu'elle le ferait, là tout de suite.

« Je suis désolée. »

Du bordel. Partout. Dans toutes les strates de leurs vies. Et la confiance, en morceaux, qui ne veut pas être réparée. Jonas l'a perdue. Jonas l'a laissée se faire enlever. Probablement qu'ils se méritent l'un l'autre.

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Lun 25 Nov - 19:17


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Il y eut d’abord le bruit des éclats de faïence sur le sol, puis l’injure d’Isra. Jonas resta immobile, les yeux fixés sur la scène. Il ne comprenait pas comment ils étaient passés d’un échange de tasses à… ça. Du chocolat au sang. Des mots doux à l’insulte violente. Il ne bougea même pas quand Isra lui demanda de la laisser faire. Que ferait-il de toute façon ? À part la soigner, balayer et lui dire que ce n'était pas grave ? Elle le connaissait par coeur et si elle l’avait quitté, c’était bien pour ça. Jonas était trop. Jonas était incapable de ne pas s’inquiéter pour Isra, qu’importe sa colère et son dégoût. Alors l’aider à cet instant, ça n’aurait pas rendu la situation plus simple, bien au contraire. Isra ne l’aimait plus car il était lui. Il devait donc apprendre à ne plus être lui pour qu’Isra accepte de lui parler comme autre chose qu'un ennemi.

Trempant ses lèvres dans le chocolat, ça lui coutait de ne pas bouger, d’être simple spectateur de la scène. Isra au balais, Isra avec la pelle, Isra avec le torchon. Il avait presque envie de dire que c’était nouveau, de la voir ainsi. Mais elle l’aurait pris comme une moquerie alors que ce n’était qu’un fait. Mais il y avait plus important que ça. Il y avait Anya, mal à l’école. Anya qui faisait sa tornade et comme toute tornade, emportait les autres avec elle dans son sillage. Anya qui bougeait, criait, rigolait. Anya qui avait plus d’énergie que trois enfants réunis. Anya qui avait mal mais qui ne savait pas comment le dire. Tout comme Jonas à cet instant, silencieux en écoutant Isra déverser tout ce qu’elle avait sur le coeur (et surement dans les tripes pour oser dire qu’elle ne comprenait rien à ce qui se passait.) La gorgée de chocolat suivante fut moins gouteuse, moins sucrée. Elle avait même une saveur amère, au point de lui faire poser sa tasse. Il n’y arrivait plus, à rester calme et à ne pas réagir face à la détresse d’Isra. Elle ne le savait surement pas, elle ne devait pas se voir ainsi mais c’était ce qui se passait : son ex femme demandait à l’aide sans oser mettre les lettres dans le bon ordre. Et Jonas, devant un puzzle, il était incapable de ne pas réagir. Il adorait les puzzles, encore plus quand ils étaient difficiles.

- C’est propre, arrête. Assied toi, je vais désinfecter.

Se levant, lui aussi pouvait avoir une voix posée et un regard adulte quand il e voulait. Isra l’avait connu jeune, sans rides ni cheveux blancs. Les années avaient eu raison de tout ça, lui avait donné une allure plus mature, plus sérieuse aussi.

- Et ne me dis pas n-non, c’est chez moi ici.

Inattendu aussi le ton, un peu dur, un peu froid. Une protection en plus, sur la carapace que Jonas avait enfilé quand Isra avait demandé le divorce. Ou lui. A vrai dire, il ne s’en souvenait plus Jonas. Les douleurs, il les effacait de sa mémoire, ne gardait que les bons côtés, que les beaux souvenirs. Comme celui du sourire de la jeune membre des forces de police, avec son nouvel insigne. Ou encore les je t’aime murmurés au creux du lit. De beaux souvenirs, plus fort que la colère et les cris.
Allant chercher la trousse de soin, il reprit place sur le canapé, se rapprochant de la jeune femme. Concentré sur ce qu'il faisait, les mots étaient ainsi plus simples à déverser.

- Elle voit toujours sa psychologue ? Enfin... Elle ne manque pas d’attention Isra, elle manque de stimulation. Elle s’ennuie à l’école, depuis toujours en fait.

Comme lui avant. Comme lui dans la vie qu’on lui donnait quand il avait 16ans. C’est en sortant du système que Jonas avait découvert que l’existence pouvait être belle et réjouissante. Les yeux rivés sur les doigts d’Isra, il n’osait pas les toucher alors que les produits étaient sortis. Foutus pansements. Foutu divorce qui lui donnait l'impression qu'il n'avait plus le droit d'effleurer sa peau dorée.

- Donne lui des défis. Pour ses devoirs par exemples, dis lui de les faire en 30 tours de grande aiguille sur l’horloge. Elle les fera en 15 et je te promets qu'elle n'aura aucune erreur. Pareil pour l'école, qu'elle se tienne tranquille en lisant un livre en écoutant sa maitresse. Propose lui ça, ça fonctionnera.

Il releva les yeux, trop bleus, trop vrais. Ça avait toujours été un soucis pour lui, il était incapable de mentir, ça se savait et on en profitait. Victimisé dès son plus jeune age, Jonas n’avait jamais vu le soucis jusqu’à ce qu’on le désigne comme suspect dans l’enlèvement d’Anya. Là, ça avait été problématique.

- Et Anya ne ment pas. Si elle dit qu’elle v-va bien, c’est qu’elle va bien. Au pire, elle ne te dira pas qu’elle a caché des gateaux sous son lit car elle est gourmande mais qu’elle sait que c’est interdit. Mais si elle te dit qu’elle va bien, c’est que c’est le cas. Je… je pense juste qu’elle ne sait pas c-comment agir avec toi car elle ne te connait pas bien.

Ses mots étaient durs, trop durs, il s’en rendit compte mais… C’était la vérité, Anya ne connait pas bien Isra. Baissant les yeux, les mains posées sur ses genoux, il ne savait plus quoi faire avec ses pansements. Il était stupide, se sentait stupide.

- Mais montre lui… Montre lui qui tu es et elle t’aimera très… très fort.

Et ça, Jonas en était certain. Anya était son miroir à la différence qu'elle avait les yeux de sa mère et son courage. Un bout de son coeur aussi, rugissant comme un lion en cage.

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Jeu 28 Nov - 16:34
La sommation l'interpelle, si fort et si loin dans la poitrine qu'Isra finit par déposer le fatras pour retourner s'asseoir dans le canapé. Sa main saigne de douleur comme son cœur d'incompréhension. Ces derniers temps, les repères sont flous, constamment en mouvement, et il lui faut plus d'ouverture d'esprit et d'adaptabilité qu'il ne lui en a jamais fallu en trente-huit ans de vie. Elle n'aime pas ce sentiment. Ce sentiment de n'avoir le contrôle sur rien, ce sentiment que tout ne dépend pas d'elle, ce sentiment de devoir s'en remettre à quelqu'un d'autre. Et Jonas... Elle a aimé Jonas. Qu'est-ce qui leur est arrivé ? Le temps. La vie. Toi, Isra. Tu es arrivée. Tu as changé

Peut-être que le problème, c'est qu'elle n'a pas voulu voir que lui aussi.

A l'instar de Jonas qui n'ose pas tellement la toucher, elle n'ose pas tellement avouer qu'elle ne sait pas ; qu'elle ne s'est même pas franchement attardée sur les rendez-vous psy de sa fille. Pas parce que ça ne l'intéresse pas, parce que les psy ne sont pas des bons à rien mais presque, et qu'elle ne voit pas le problème. Peut-être que si elle l'avait amenée, peut-être que si elle n'était pas à ce point arrêtée dans ses idées, peut-être qu'elle l'aurait su. Peut-être qu'elle aurait su ce que Jonas sait. Pourtant, il y a au moins une chose qu'Isra sait : Anya est plus comme lui que comme elle. Tout ce qu'il a construit, tout ce qu'il a mis en place, c'est dans son meilleur intérêt. Alors quoi ? Vivre enfermé dans une bulle ? Vivre en marge ? On a bien vu les limites que ça a. On a bien vu Jonas arriver au poste. On a bien vu les doigts pointer vers lui. On a bien vu les regards culpabilisants des autres. Probablement qu'elle avait un peu de ce regard, aussi, quand, sans une once de pitié, elle a redisputé la garde de leur fille au tribunal. Sans réfléchir au-delà de sa colère.

Elle aurait dû. Car au-delà de la souffrance qu'engendrent les mots, il a raison : Anya ne la connaît pas, et elle ne connaît pas Anya. Isra a un petit sourire déconfit, et l'air soudain d'avoir pris dix ans. Dix ans de vie qu'elle a manqué. Ils étaient là, pourtant, beaux, elle en noir, lui en blanc. Jamais comme les autres. Puis elle était là, avec eux. Anya.

C'est une sorte d'électrochoc. Un morceau de son cœur se détache et la tempête intestine se calme d'un seul coup. Une de ses mains, avec précaution, se pose sur celles de Jonas.

« Je vais essayer. »

Pas seulement la stimulation, ou le psychologue, elle va essayer d'être là. Ça se sent, dans ses mots, dans ses gestes, dans son attitude. Son pouce caresse un tour ou deux, et puis elle prend délicatement le matériel de soins pour commencer à bander sa main. « Je sais que j'ai sept ans de retard. » Sept ans, c'est long. Et pourquoi ? Un bureau, une position, un salaire ? Aider. C'était pour aider, Isra. Sauver le monde. Ou le rendre un tout petit peu meilleur. Par éclairs, par fulgurances, il lui arrive de s'en souvenir. De moins en moins souvent, mais toujours quand elle croise Jonas. Jonas lui rappelle tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle voulait faire, et tout ce qu'elle n'a pas fait. « Mais je vais essayer de me rattraper. » Le côté positif (et ironique) des choses, c'est qu'elle ne pourra sans doute pas faire pire. « Regarde-moi, s'il-te-plaît. » La voix est redescendue de quelques créneaux, est même nimbée d'une douceur surnaturelle. « Je sais que je t'ai déçu. Que je vous ai déçu tous les deux. N'essaye de dire le contraire, tu ne sais pas mentir. Même pour dire des choses gentilles... » Le sourire s'élargit un peu, entre mélancolie et affection.

« Merci pour ton aide, Jonas. »

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Jeu 5 Déc - 17:41


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Il y eut un silence, pas gêné, pas douloureux, juste un silence entre eux d’eux. Jonas ne savait comment agir, voulait juste l’aider et lui prouver qu’elle n’avait ni été une mauvaise épouse, ni une mauvaise mère. Qu’elle était juste ailleurs, plus loin, alors qu’Anya et lui étaient dans le présent, à vivre au grès de leurs envies et du temps. Jonas lui en a voulu, une fois, pas deux, pas mille. Juste une fois. C’était le jour de la réception des papiers du tribunal, quand Isra réclamait la garde complète d’Anya. Jonas n’avait pas compris, n’avait pas su déceler les détails dans le comportement de son ex-épouse qui pourtant, étaient déjà porteur de cette future action en justice. Elle ne l’avait pas soutenu lors de l’accusation contre lui pour l’enlèvement de leur fille, n’avait pas appuyé non plus sa culpabilité mais… Ça aurait suffit à quelqu’un d’ordinaire pour l’alerter. Non, durant cette douloureuse période, Jonas avait compris Isra. Elle était dans le milieu, savait tout ce qui aurait pu se passer pour Anya. Elle avait surement été noyé sous sa peur, sous ses émotions et sur son envie de mettre en avant ses capacités d’agent de police plutôt que de mère. Peut-être, à vrai dire Jonas n’en savait rien. Ils n’en avait jamais réellement parlé, à part elle l’accusant de l’avoir perdu. À part elle, énervée et lui incapable de s’expliquer. Ils étaient en fautes tous les deux, il fallait juste l'accepter.

La douceur des mots d’isra, à l’instar de celle du pouce contre la main de l’homme le surprit. Il ne s’y attendait pas, que la tempête se calme aussi aisément après quelques phrases. Il avait aimé Isra, si puissamment que l’orage qu’elle était, avait surement charmé le soleil qui embrasait constamment le coeur de Jonas Irvine. Ils étaient si opposés que leur union avait été quasi obligatoire. Elle lui apportait du caractère, du mouvement alors que lui, la délestait de ce stress et de ce besoin inconscient d’être la sauveuse d’un monde déjà perdu d’avance. Oui, Jonas était un optimiste mais il était aussi réaliste. Il n'aimait pas voir Isra se perde dans un combat contre lequel elle n'avait aucune chance.

Relevant les yeux sous la demande de la femme, croisant ses prunelles sombres, il eut un sourire en entendant ses mots. Encore des mots qui le touchaient, encore sa voix qui l’apaisait. Même quand elle criait, Isra avait cette faculté sur lui. Comme si Jonas avait toujours réussi a voir au delà de sa colère et que le coeur de son ex-femme était aussi lisible pour lui que l’était l’anxiété de leur fille.

- Tu m’as déçu, une seule fois. Une unique f-fois Isra…

Les prunelles obliquèrent sur la droite, gêné tout à coup de leur proximité et de la conversation qui allait voir lieu. Surtout qu’elle venait de le remercier, pourquoi sentait-il qu’il devrait parler de ce qu’il avait sur le coeur depuis si longtemps ? C'était surement le destin qui choisissait pour lui mais le destin avait clairement un mauvais timing.

- Je veux simplement que tu sois heureuse tout comme Anya.

Pas de balbutiement cette fois-ci, pas de mots hachés, sentant que la confiance le rendait incapable de se rater.

- Tu es une femme exceptionnelle mais… Tu n’arrives pas à l’accepter. Si tu en prenais conscience, tu…

Il hésita, savait que le terrain était glissant de ce côté-là. Mais bon, il était tard, il était en pyjama, Isra soignait sa main blessée avec des bandes faites pour enfant et elle avait cassé sa tasse. C’était clairement une situation où tout pouvait arriver.

- Tu arrêterais de vouloir sauver le monde entier pour te… préoccuper de toi d’abord et des gens qui te sont importants.

Il n’avait pas flanché, ni des yeux ni des mots. Peut-être un peu du coeur mais avec Isra, Jonas était habitué. Elle n’était pas flic pour rien, son myocarde à lui, elle l'avait déjà un peu flingué.

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Mer 11 Déc - 15:45
Jonas a toujours eu le don de voir chez Isra ce qu'elle est incapable de voir elle-même. Il lit si clairement au travers des lignes de son âme qu'elle ne s'est jamais vraiment donnée la peine de les comprendre. Pas quand ils étaient ensemble, en tous les cas. Et c'est un peu pareil avec Teddy, finalement. Pourtant, elle n'a aucun problème à reconnaître que c'est une flic extraordinaire. Mais une mère ? Une épouse ? Une femme ? C'est encore des rôles qui lui paraissent vaguement formés, comme un objectif qu'elle ne s'autorise pas franchement à atteindre, ou qu'elle pense presque ne pas mériter.

Ses poings se serrent, et le bandage se tâche davantage de rouge. Elle n'a pas mal, pas là où elle voudrait. Car les douleurs du cœur son les pires et qu'il n'y a pas de solutions miracles pour en venir à bout. Ses pupilles deviennent plus perçantes, comme sur la défensive. Elle déteste la sensation d'être ainsi mise à nue.

« J'essaye d'y croire. De toutes mes forces, je t'assure. » 

La voix est crispée. Ce genre de phrases est généralement suivi par un mais qui invalide tout ce qui a été dit précédemment. Or les prises se relâchent, et un soupir résigné fend la gorge pour éclore aux lèvres en un sourire sincère.

« Et je vais faire en sorte de continuer jusqu'à ce que ça devienne vrai. » 

Quand Isra dit quelque chose, ou le promet indirectement, elle s'y tient forcément. C'est sa droiture qui veut ça, une sorte de rigidité morale immuable et indéfectible. Dans bien des cas, ça a tendance à lui desservir, mais au moins, les gens savent à quoi s'attendre, puisque sa rigueur et son honnêteté tiennent quasiment de la légende, maintenant. « Ça fait mal. » Pas sa main, cette histoire. La vérité, aussi. Le sourire se brise un peu, et la douleur se répand dans le brun des iris. Il y a le souvenir de ces jours qui persistent dans le fond de sa tête. Ces jours à ne pas savoir où était Anya. Ces jours à n'avoir que Jonas à blâmer. Elle le blâme encore. L'accusation est silencieuse mais palpable. Pourtant, elle voudrait ne pas. Parce que celle qui souffre le plus de cette situation, c'est Anya.

« Il faudra du temps. »

Pour rétablir le dialogue, pour rétablie la confiance, d'un sens comme dans l'autre. Evidemment, Isra trouve sa colère plus légitime. Mais elle comprend que Jonas aussi, puisse être en colère. Peut-être pas maintenant, peut-être pas devant elle... Ce n'est même pas une hypothèse, puisqu'elle est persuadée que cette fameuse fois où il a été déçu concerne la garde d'Anya (de près ou de loin). « Je n'arrive pas à arrêter de t'en vouloir. Et ça aussi, j'essaye. Formule-t-elle l'informulable. » Au moins, le premier pas est fait. Un autre soupir perce. Et elle se lève. « Je vais m'en aller, je crois. Histoire de finir la soirée sur une note à peu près positive... » Ou pour fuir. Ça aussi, c'est plus facile que de continuer d'en parler. 

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Sam 14 Déc - 10:25


J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs
feat @Isra Elaihar

La voir ainsi, serrer du poings jusqu’à noyer le bandage de rouge, les mots compliqués à sortir pourtant terminés par un sourire, c’est toujours aussi délicat. Il aimerait la prendre dans ses bras, caresser tendrement sa nuque pour la calmer. Pour qu'elle arrête de penser.  Jonas l’a aimé, l’aimera toujours mais pas comme elle l’aurait  souhaité, pas d’une façon qui aurait sauvé leur couple. Ça n’aurait jamais pu fonctionner éternellement tout les deux et pendant une seconde, Jonas se dit qu’il a surement été une erreur dans la vie d’Isra. Qu’il lui a fait plus de mal que de bien malgré tout ce qu’il pense. La stresser avec ses idioties de livres à commander à la date précise, ses mots mal articulés, sa difficulté à rester sérieux, son rire trop souvent présent. Lui avec Anya, toujours avec Anya. Pas eux trois. Puis, plus d’Anya. Il lui a fait du mal certainement mais il espère qu’un jour, elle lui pardonnera. Jonas aurait du mal à vivre avec cette ombre dans le coeur, lui qui est un soleil que les nuages n’atteignent habituellement pas.
La pensée est oubliée par le sourire d’Isra, ses mots aussi. Ils sont rares, les instants où la capitaine du NYPD se laisse approcher d'aussi près. Même l'homme qui a été son mari a toujours senti une barrière l'empêchant de l'aimer comme elle le méritait.

- Oui...

C’est murmuré, elle ne l’entendra pas valider ce qu’elle avance. Du temps, il en faudra. Des mois, des années peut-être mais avec Teddy, Jonas sent qu’Isra est entre de bonnes mains. Elle est le genre d’âme pure qu'il faut à celle fendillée de la capitaine.  Elle la soignera, elle l’aimera, elle réussira là où Jonas a toujours failli. Elle y arrivera, à la rendre heureuse, à transformer ce regard plein de brumes en des prunelles chaleureuses. Elle y arrivera Teddy. Elle a été sirène après tout, qui d’autre qu’un être merveilleux peut réussir à libérer la chevalière de son épais carcan de métal ? Personne. Dans l’histoire, Jonas était le bucheron, un peu pataud, avec de la bonne volonté mais dont il manquait l’arme principale pour sauver Isra : un peu de magie. Et Teddy, la magie, elle en a beaucoup entre les doigts.
Il avait baissé les yeux face à sa remarque. Elle lui en voudra longtemps, il le sait, a toujours du mal à se dire qu’il est peut-être responsable de l’enlèvement d’Anya. Qu’est ce qu’il peut répondre à ça ? Rien. Lui aussi essaye de s'en sortir comme il peut, écrit pour la plupart du temps à défaut d’en parler de ce traumatisme que fut l’arrestation et tout ce qui en a suivi.  Mais Jonas préfère s’attacher à la colère d’Isra plutôt que de penser à sa propre peur. Aider les autres, c’est moins dangereux, y’a aucune chance de se casser la figure et de se faire plus mal qu'au début.

- Tu as raison. At-tend juste deux secondes.

Partir oui, rentrer chez elle, rejoindre Teddy et les enfants. S’endormir en famille, se réveiller avec des bouilles vous souriant et vous réclamant des céréales multicolores. Oui, Isra a raison de vouloir rentrer, ici, ça n'est clairement pas la même épopée. Ça manque d'aventures, de quêtes de la bonne petite cuillère pour le bon bol de petit déjeuner. Se levant rapidement et faisant quelque pas vers l'immense bibliothèque qui trône dans le salon, Jonas attrape un petit paquet posé sur une des étagères. Le maintenant fermement entre ses doigts, il le tend à Isra.

- C'est le dernier tome du livre pré-préféré d'Anya. Je ne sais pas si tu sais mais main-maintenant tu seras au cou-rant...

Il ne veut pas qu'elle soit mal à l'aise, il ne veut pas qu'elle le haïsse d'en savoir plus qu'elle. Le sourire timide est cachée par l'épaisse barbe, la tête penchée sur le côté, les yeux tendres en regardant le craft brun autour du livre. Il les emballe toujours ainsi, avec minutie.  Il espère que ça lui fera plaisir, que ça les aidera toutes les deux à créer ce lien qui n'aurait jamais du être coupé.

- Si tu en as en-envie, Dis lui que-que tu lui as acheté, que je t'en avais parlé et... Utilise le comme... Comme défi pur l'école, qu'elle le-le lise dès qu'elle a finit ses exercices avec l'ac-accord de son institu-tutrice.

Les prunelles sont encore basses, il lui donne des conseils, ça pourrait passer pour des ordres. Et ce sont ses méthodes à lui, du moins, celles conseillées par le psy. Isra veut peut-être mettre en place quelque chose d'autre. Il n'aurait jamais du lui donner le livre.

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