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I shall pass

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Dim 24 Nov - 23:05
« Ouvre cette putain de porte, connard ! » T’as à peine ôté ton uniforme pour descendre à Brooklyn et défoncer à moitié la porte de Noah. Tu t’es glissé dans l’immeuble en laissant une petite vieille passe et tu n’as même pas daigné prévenir de ton arrivée par un autre message que « t’as intérêt à t’ouvrir ou je brule ton paillasson et ton chat ». Tu trépignes devant la porte fermée, la frustration qui gronde et grimpe le long de ta colonne pour s’insinuer et se lover dans ton cœur et ton cervelet comme un perfide serpent. Ils n’ont pas le droit de jouer à ça et de faire croire que Riley est là. Riley est morte, disparue, tu as fait son deuil et elle t’aurait au moins prévenu toi si ça n’avait pas été le cas. Tu aurais gardé son secret. Votre père était mort pour elle, de ne pas l’avoir revue.
 
Tu n’es pas habitué à ce genre d’émotions. Tout coule habituellement sur toi et tu te moques tellement de ceux qui ne parviennent pas à gérer leurs émotions. Te voilà comme un con, un adolescent en mal d’amour perdu devant une porte. Les yeux cernés de rouge, pour une fois difficile à dire si c’est uniquement le travail de nuit ou aussi l’émotion qui te t’étreint. « OUVRE. CETTE. PORTE. » Tu ponctues chaque mot par un coup de poing contre l’huis.

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Dim 24 Nov - 23:40
Dieu que j’étais heureux que Dahlia soit de garde. De un, je n’étais pas prêt à mener avec elle une discussion à couteaux tirés autour de Riley et de deux, je n’avais aucune envie qu’elle assiste à celle qui se préparait entre mon meilleur ami et moi. D’aussi loin que je me souvienne, Tom avait toujours été là, parce qu’il était le jumeau de mon ex-fiancée et qu’il était, à mes yeux, digne de confiance (en plus d’être particulièrement drôle). Sous ses airs de sale type arrogant, c’est un gars chaleureux et plein d’humour. J’aime sa compagnie. A cet instant présent, j’apprécie bien moins son arrivée en fanfare : il va alarmer les voisins. « J’arrive… » hurlais-je en enfilant un survêtement à la hâte, doutant cependant qu’il puisse m’entendre. La colère obstruait ses tympans et n’était-elle pas normale ? Sa sœur était rentrée. Je ne l’avais pas averti moi-même. Il avait sans doute dû l’apprendre par sa mère, bouleversée d’être repoussée par son bébé. J’avais été le seul autorisé à m’entretenir avec la disparue en tête à tête. Quand on fut témoin de la complicité qui les liait, Tom avait largement matière à être furieux. Quant à moi, je regrettais amèrement d’avoir été l’élu et d’avoir fait le choix stupide de le cacher. Je me serais senti moins penaud en ouvrant la porte. « Tu veux faire flipper mes voisins ? Ils vont nous envoyer les flics. Entre. Et, s’il te plaît , arrête de hurler comme ça. Je n’avais pas l’intention de te laisser dehors. » Je l’ouvris en grand et il fit une entrée aussi fracassante que ses coups sur le bois. « Alors, dis-moi ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Question idiote presque insolente. Pourquoi ne suis-je pas capable de sentir le moment où il faut l’ouvrir et celui où il est temps de la ferme ? Pourquoi ?  

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Dim 24 Nov - 23:47
T’as les synapses engluées par la rage et la rancœur, le nez pris également par le sentiment de trahison qui t’étreint. Lequel t’a fait le plus de mal ? Ton ami ou ta sœur ? Les deux ? T’as le nez bouché, comme si rien ne pourrait sortir ni de tes yeux, ni des sinus, les canaux lacrymaux bouchés par une congestion de près de 30 ans. Tu le repousses brutalement à l’intérieur, des deux paumes sur le torse. T’as l’habitude de le toucher, t’es du genre tactile mais cette fois ça n’a rien d’une caresse. « Je les emmerde tes voisins, putain ! » Tu claques la porte derrière toi, peu regardant quant au bruit ou au risque de fendiller l’huis. « T’allais attendre combien de temps avant de me le dire, connard ? Vous avez pas assez de buter mon père, vous voulez aussi crever ma mère ? » C’était évident, il était le seul à pouvoir être au courant, le complice infâme de cette funeste blague. « Tu joues au con depuis tout ce temps, c’est ça ? Ca va, ça t’a bien fait bander de détruire la famille ? Et ta copine ? » Tu le chopes par le col du t-shirt qu’il a à peine enfilé et tu serres en relevant les mains. Tu n’es pas quelqu’un de violent d’habitude, ni de brutal mais t’es complétement aveuglé par le chagrin, la trahison et une douleur sourde qui te donne envie de chialer comme tu ne l’as pas fait depuis avant tes dix ans.

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Lun 25 Nov - 0:34
Bingo ! Mes recommandations passent à la trappe, faute à la colère qui émane de mon visiteur. Elle sue par chaque pore de sa peau et elle me déstabilise. Dois-je insister sur mon voisinage ? Est-il bon de me compromettre en excuse sans trop comprendre ce qu’il me reproche ? Certes, j’ai joui du cadeau empoisonné d’un moment en tête à tête avec ma fiancée, mais je ne l’ai pas réclamé. Je n’ai pas souhaité non plus. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais même pas envisagé probable que la jumelle réapparaisse. Dès lors, je trouve cette réaction de mon meilleur amie injuste, à défaut d’être excessive ou incompréhensible. « Tu divagues, Tom. Je ne te l’ai pas dit parce que je savais que ta mère le ferait. C’était son rôle, pas le mien. » tentais-je maladroitement, sans doute trop puisque les accusations qui suivirent, elles, étaient sans queue ni tête. Qu’insinuent-ils exactement ? Que je la cache depuis les lustres ? Que je suis au cœur d’une combine dégueulasse dont le but était de l’éloigner des siens ? Que j’ai participé à une manigance lâche montée de toutes pièces ? « Putain, mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu t’entends parler ? Tu crois que j’aurais pu faire un truc pareil ? Oui, ton père est mort.» Homme qui, de surcroît, je tenais en haute estime. « Mais, je n’ai rien à voir là-dedans et tu le sais très bien. Je l’ai appris ce matin, quand on m’a demandé d’aller à l’hôpital. » J’aurais soufflé dans le cul d’un poney que j’aurais obtenu plus de résultats. Impossible de lui faire entendre raison et, dès lors qu’il m’attrape au collet, je réagis plus vivement que je ne l’aurais souhaité. Je le poussai, me dégageant d’un geste brusque. Je l’ai pas cogné, mais c’était moins une. « Laisse Dhalia en dehors de ça. Laisse-là loin de cette histoire tant que tu as pas réussi à reconnecter deux neurones. »

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Lun 25 Nov - 0:45
T’es pas capable de penser sereinement, la peur qui t’a toujours étreint – celle d’être laissé de côté, abandonné, de voir les autres continuer leur chemin – t’explose au ventre et te bouffe les neurones. T’as tellement mis de confiance en Riley et Noah que t’es comme un con, quasiment surpris, qu’ils aient osé te trahir. Pourtant tu es le premier à pérorer qu’on ne peut faire confiance en personne, à ne laisser personne t’approcher suffisamment pour pouvoir avoir une main assez prégnante sur ta vie pour risquer de t’esquinter. T’avais raison, putain et ça, ça te détruit. « Je le sais bien ? JE LE SAIS BIEN ? Je sais rien, ouais ! Vous êtes tous des connards, des … je savais que j’aurais jamais dû te faire confiance ! » Ne pas assumer et te renvoyer la balle est une goutte de poison dans la mer agitée de tes émotions. Il te traite avec mépris, te demande de te calmer, t’injure par ses mots. Sois un homme pour une fois Noah. « Dhalia, tu vas aussi profiter de sa naïveté, hein ? T’as pas eu assez de baiser ma sœur, faut que tu nous encules aussi tous les deux ? » Tu persifles, frustré d’avoir été repoussé, rageux et rageur. Tu retournes vers lui, cette fois plus violemment encore, les poings serrés et prêt à lui en coller une, lui défoncer la mâchoire, lui exploser la lèvre, le nez, l’arcade. Tu veux que la rage – le chagrin – se transforme, tu veux le détruire comme tu te sens à l’intérieur. « T’es qu’un fils de pute ! »

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Lun 25 Nov - 22:44
Il souffre. Je l’entends, mais la douleur n’a jamais été un passe-droit. J’ai beau ne pas être tout blanc dans cette histoire, je refuse d’être diabolisé. Ces accusations qu’il me lance au visage, elles ne sont qu’un ramassis de connerie. Je ne suis ni un monstre ni un traître. Je suis, comme lui, victime d’une situation que je n’ai pas désirée. Je la subis, au même titre que lui. « Tais-toi, Tom. Tais-toi avant de dépasser les bornes. » Je haussais le ton cette fois. Je pouvais encaisser qu’il me pousse, qu’il me saisisse au collier, qu’il m’agresse physiquement. Il faut bien exhorter la rage par les poings quand les mots demeurent coincés dans la jugulaire. En revanche, je tolère moyennement les allusions à ma fiancée, les insultes envers mon sens de la morale. Plus simplement, je déteste qu’il crache sur mes histoires d’hier aujourd’hui.  « Putain, mais tu vas fermer ta grande gueule » finis-je par hurler avec une agressivité à peine dissimulée. « Je te dis que je l’ai revu pour la première fois aujourd’hui. La première fois depuis toutes ces années. » Tentative vaine. Il n’écoute pas. Il ne comprend pas. Il me jette au visage l’insulte de trop. Alors, je lui décoche un coup de poing pour l’obliger à fermer sa gueule. Je le regretterais, j’en étais certain. En réalité, je m’expliquais à peine mon geste tant il fut plus fort que ma raison. C’était trop tard cependant. Plus tard – demain ? – il faudra assumer. En attendant, ça fait du bien d’extérioriser.

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Mar 26 Nov - 11:25
Il hurle et ça te donne l’impression d’être dans ton droit, il arrose ta rage au bidon d’essence, fout le feu à tout ce que tu peux ressentir. T’as les mains qui te démangent, les membres qui tremblent, les pupilles étrécies alors que tu le dévisages. Pas besoin de voir quelqu’un pour savoir qu’il est en vie, pas besoin de le voir pour lui parler, se mettre d’accord avec. Puis il t’explose la lèvre d’un coup de poing dans la gueule. Tu as l’impression que ta mâchoire s’enfonce dans ton oreille droite et tu trébuches sur le côté, te retient à ce qui passe, la tête pulsante, de courtes inspirations par le nez alors que tu fixes le sol avec stupeur. Tu essaies de cracher mais tu baves plutôt, la douleur te donnant l’impression à la fois de rouler en avant et une nausée terrible. Tu poses les deux mains sur le sol et tu te pousses, de toutes tes forces pour te relever. L’adrénaline t’empêche de t’effondrer, comme l’habitude, elle te soutient et te pointe du doigt Noah. T’as pris assez de coups et de mandales, au poste, au travail, dans la vie pour ne pas t’arrêter là. Ca tangue, t’as mal et tu fermes le poing et ce n’est pas son visage que tu vises mais son oreille, puis un coup dans le plexus. Tu veux le pousser, t’as envie de chialer mais t’as trop la vision brouillée par ce que tu identifies comme une rage sans nom mais qui est plus certainement une quantité de larmes que tu ne veux pas laisser couler.

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Sam 30 Nov - 22:23
Le fils de pute ! Moi, bien que je ne mesure pas ma force faute à l’accumulation de frustration tout au long de la journée, je me contentai d’une beigne au visage. Je ne cherchais pas à le paralyser de douleur, juste à le secouer, à l’aider à toucher terre à nouveau, qu’il cesse de déblatérer ce ramassis de connerie sans queue ni tête. Je n’y étais pour rien dans la disparition de son père, celle de sa sœur ou même son retour. Je subissais au même titre que mon meilleur ami. Alors, ce violent coup de poing au cœur de ma poitrine et non loin de ma tempe, je vis mal autant physiquement que psychologiquement. C’est un coup en traître et, pis encore, j’ai le souffle coupé. Je tousse, je suis désorienté, mais je sais. Je sais pertinemment que Tom ne s’arrêtera pas là. Si je ne me reprends pas rapidement, il va se jeter sur moi et me maîtriser sans que j’aie le temps de dire ouf. Mon honneur n’y survivra pas et ma gueule d’ange non plus d’ailleurs. Alors, dans un geste instinctif et désespéré, je ramasse le premier objet qui me tombe sous la paume – la chaise – et je le lance, droit devant, sans viser, sans réfléchir finalement. Je ne saurais dire si je l’ai touché d’une quelconque manière. En revanche, l’adrénaline s’insinuant dans mes veines me dope. Peu à peu, je retrouve mes esprits. Je suis presque prête à encaisser, mais pas à cogner à nouveau. Je n’ai pas envie de ça pour nous. Je n’ai pas non plus envie de le sous-estimer à nouveau. Je préfère parer les coups si nécessaire – et si c’est possible – et d’épuiser mon reste de cohérence à essayer de le résonner. « Arrête, Tom. Si tu veux que tout ça soit de ma faute, très bien. Tu as mal et je comprends. Mais, elle est vivante, putain. Ce n’est pas le plus important ? » scandais-je pas totalement remis et le message entrecoupé d'une toux irritante. Je m'efforce d'être aussi calme que possible, je ne hurle pas cette fois, mais je garde les poings bien hauts et bien serrés, en garde.

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Dim 1 Déc - 22:57
T’es arrêté dans ton envie d’en découdre par une putain de chaise et une douleur qui te fout le feu au visage, encore suffisamment lointaine grâce à l’adrénaline et la colère mais qui te fera probablement regretter cet éclat de sang d’ici quelques minutes. Tu n’y penses pas encore, pas tout à fait, t’as un sale goût dans la bouche, du sang, de la salive, sûrement de la morve. Tu repousses la chaise sur le côté, tu ne penses même pas à en faire une arme et tu t’essuies les yeux d’un revers de la manche. Tu retournes à l’attaque, tu n’écoutes même pas vraiment ce qu’il dit, parce que tu ne veux pas l’entendre, parce que tout n’est qu’un tissu de mensonge, une suite ininterrompue de rancœurs ensevelis sous une croute de déni et de deuil qui explose au contact d’une vérité que tu n’avais pas envie d’entendre.

Tu sais te battre mais pas comme lui, t’es le genre de teigne qui attaque les points faibles ; sous la ceinture, les oreilles, les yeux, le plexus solaire, les tibias. Tu frappes dans le but de gagner, pas dans le but d’être honorable, t’as pas une once d’honneur. En fait, tu veux juste faire mal, tu veux l’attaquer, le frapper, le briser et tu ne cherches même pas à réfléchir à ce que tu fais, tu t’épuises en sanglotant, t’as mal partout, t’as envie de vomir et tu restes comme un con à te torcher le nez, la mâchoire déviée, après un bon nombre de coups échangés et probablement d’objets utilisés dans un but négatif. Tu geins parce que tu n’arrives pas à parler, tu mets ça sous le compte de la douleur mais la vérité c’est que tu ne sais pas verbaliser ce que tu penses et qui te fait mal.

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Lun 2 Déc - 22:51
Ma tête me tourne encore. J’ouvre la bouche pour négocier une trêve. Des sons en sortent, mais le message n’est pas fluide. La communication est parasitée parce que, plus tôt, je manquai d’étouffer et qu’à présent, je souffre d’une putain nausée. J’ai envie de vomir, peut-être même de fuir, non par lâcheté, mais car la situation me fend le cœur. Tom est mon meilleur ami. Nous avons partagé autant de bons moments que de querelles parfois mesquines. Mais, de mémoire d’homme, jamais nous n’avions usé de nos poings pour régler nos différends. C’est triste, finalement. Nous ne méritions pas une telle bassesse. Alors, j’opte pour la garde au mépris de l’offensive. Cette fois, je refuse de cogner, d’autant que je suis parfaitement conscient que l’adrénaline cessera bientôt de me tenir en alerte. Mon stock d’énergie s’épuise à mesure que j’évite les coups portés au hasard. Certains m’atteignent, d’autres pas. Quelquefois, je répliquai en lui jetant des ustensiles traînant sur la table ou sur le plan de travail : un verre sale, une bouteille d‘huile d’olive… Celle-là, c’était une erreur de calcul, celle de trop. Le liquide verdâtre s’est répandu sur le carrelage jusqu’à mes pieds. Résultat, je glissai et tombai lourdement au sol, sur les fesses, ma tête cognant contre la porte du lave-vaisselle. À une époque, nous aurions été hilares. Ce soir, le ridicule de la situation n’amuse pas. Il met juste un terme à cette mascarade et réveille la douleur de mes joues, de mon oeil et de ma poitrine. Je réalise que tout mon corps m’est douloureux. Je me redresse, amorçant une tentative pour me relever, mais je ne le sens pas. Pas encore. « Hé, connard » le hélais-je à mi-voix. Je n’ai pas la force de pousser le verbe plus haut. « Il y a de la bière dans le frigo, si tu veux. » Je lui en aurais bien réclamé une, mais je m’étais bien assez donné en spectacle pour aujourd’hui. « Je ne savais pas, mec. Et ça m’a fait un sacré choc à moi aussi. » Je finis par m’allonger dans la crasse, mes mains endolories cachant mes yeux de la lumière du plafonnier. « Dhalia va me tuer pour tout ça… » Y compris l’état de sa cuisine.

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Lun 2 Déc - 23:04
Tu ne réagis pas à son insulte, tu sanglotes comme un con, comme un gosse et tu t’essuies les yeux avec la paume de ta main. Tu t’appuies sur un meuble pour ne pas tomber, parce qu’au-delà de la bouteille qu’il t’a lancé dessus et qui a fait plus de mal émotionnellement que physiquement, t’as aucune confiance en tes capacités motrices. T’arrives pas à parler et chaque soubresaut te lance des élans douloureux. T’as tellement mal que tu as envie de vomir et tu ne sais pas si la douleur est plus dans ta tête que dans ton corps. Tu t’en fous des problèmes de Dhalia, tu t’en fous de l’alcool, tu t’en fous du fait que ça lui ait fait un choc, tu t’en fous de ses problèmes égoïstes, t’as le nez plein et la mâchoire déboitée et mal partout et t’as juste envie de le frapper par terre, lui dire de la fermer mais t’arrives à rien articuler. Alors tu fais demi-tour, tu glisses à moitié et tu dois rassembler toute ta dignité pour sortir de la cuisine en glissant à moitié. T’as envie de foutre tout par terre mais tu chopes juste le premier truc qui passe pour te moucher dedans et t’essuyer la gueule. Ça pulse, ça te fait mal, tu trembles de tout ton corps et c’est nerveux. T’avances en mode automatique, la tête rentrée dans les épaules.

T’avais été seul, t’avais fait le deuil de Riley et tu ne voulais plus partager ta solitude, tu voulais qu’elle reste morte, égoïstement. Tu ne te sentais pas capable émotionnellement de l’accepter à nouveau dans ta vie et d’accepter que Noah soit plus qu’un ami, que Dhalia soit en porte à faux. Tu te laisses tomber dans le canapé, juste pour être seul, parce que t’arrives pas à voir plus loin que le bout de tes doigts, que t’as trop mal pour l’instant pour descendre correctement les étages et remonter dans ta bagnole.

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Mer 4 Déc - 13:39
Dans l'habitacle de la voiture la musique s'élève lentement, venant s'inviter à mes lèvres. Et je me surprends à chantonner sur ces paroles que je ne peux que connaître, tant elles ont comme émaillé notre histoire à Noah et moi. Elles sont comme autant de bribes de ces souvenirs, si heureux, que nous étions déjà parvenus à nous construire et que, je le reconnaissais humblement, j'avais une bien fâcheuse tendance à oublier ces derniers temps. Entre nous boulots si prenants et exigeants à l'un comme à l'autre, ces horaires qui ne nous permettaient parfois que de nous croiser sur le palier et le mariage qui n'en finissait plus de se préparer j'étais à cran. Et rarement de la meilleure des humeurs. Mais, là, je l'étais. Dans ma tête résonnaient encore l'écho de cette soirée que nous étions parvenus à partager et qui m'avait rassurée sur la force de nos sentiments. Et je ris de ma propre bêtise, de tous ces doutes que j'avais pu avoir mais qu'il avait su étouffer durant cette nuit comme hors du temps. Un feu rouge. Et l'envie de lui envoyer un texto pour le prévenir de mon arrivée. Les choses étaient si calmes à l'hôpital pour une fois que j'avais décidé de quitter plus tôt et de venir rejoindre celui à qui je voulais offrir un autre moment magique et rien qu'à nous. Mais je renonçais, lui ferais la surprise.

A moins que, au final, ce soit moi qui ne l'ait, la surprise ? Je n'avais pas même fini de grimper les marches menant à notre appartement que des éclats de voix, bien trop familières, m'étaient parvenues. Tom était là ? En soi il n'y avait rien d'étonnant à cela ! Le frère de Riley venait si souvent chez nous que j'en venais parfois à me demander s'il ne finirait pas par emménager... En revanche, je ne pus m'empêcher de me figer devant le ton apparemment si furieux de leurs voix à l'un comme l'autre. Des disputes, même entre des êtres si complices qu'ils en semblaient frères, cela arrive. Mais à ce point là ? Ma gorge s'était nouée et j'avais marqué une pause. Appréhendant de pénétrer chez moi, de voir ce qui m'attendait derrière cette porte que je finis cependant par ouvrir. Pour me figer une fois de plus devant le spectacle qui s'offrait à moi et qui, s'il me musela, ne m'en fit pas moins lâcher mon sac et écarquiller les yeux. Tom est là, affalé sur mon sofa, la tête en vrac et l'air plus abattu que je ne l'ai jamais vu. Et ce fut ça qui, dans un premier temps, me choqua à m'en couper le souffle. L'homme qui se tenait à quelques pas seulement de moi et celui que je connaissais n'avaient rien à voir... Tom était toujours le plus doué pour me faire sortir de mes gonds, enrager même. Il était à mes yeux inébranlable, au moins dans les apparences. Mais celles-ci, pour une raison que je préférais ne pas même imaginer encore, avaient explosé et ne restait plus qu'un homme que je ne saurais décrire autrement que comme brisé.

Et je remerciais ce ciel auquel je ne croyais que si peu de m'avoir permis de devenir médecin. Car sans le sang froid hérité de ma profession, jamais je n'aurais pu faire face à ce que je ne comprenais pas mais me nouait les entrailles à m'en faire grimacer. Sans même encore me préoccuper de mon fiancé je ramassais ma sacoche d'une main, me débarrassant de mon cuir de l'autre et venait jusqu'à celui devant qui je posai genou à terre. Et c'est là que je vis le carnage dans ma cuisine... Sérieusement ?! Mes paupières qui s'abaissaient et un soupir proche du grognement qui s'échappait de mes lèvres … Il valait mieux pour Noah qu'un typhon se soit invité chez nous ! Parce que là, au moins, je n'aurais eu aucune raison de lui en vouloir ! Sinon...

  «  Bouge pas. » avais-je dit à Tom alors que j'approchais mes mains pour mieux examiner sa mâchoire à l'évidence plus à sa place. Même un typhon ne pouvait l'avoir déplacée ainsi ! Et ce fut la voix vibrante de la plus sourde des ires que je sifflais entre mes dents serrés «  Ca peut faire mal, je te préviens. Alors ne bouge pas. C'est déplacé je dois remettre en place.»

Ensuite, ils avaient plutôt intérêt à me fournir plus d'une explication ! Enfilant des gants stériles, sortant prestement des compresses j'avais appliqué mes doigts sur l'arc mandibulaire tandis que mes pouces allaient chercher l'arcade dentaire dans la bouche du policier. Puis, dans un mouvement qui témoignait de l'habitude, j'avais poussé la mandibule vers le bas. Une première fois, puis une seconde jusqu'à ce que je sente la tête regagner la fosse dont elle n'aurait jamais du sortir. Une fois assurée que Tom avait récupéré une mâchoire en place je l'avais dardé de ses yeux sombres.

«  Evites d'ouvrir trop grand la bouche pendant les prochains jours. Et je te ferais une ordonnance pour de la kiné de renforcement. Cela pourra peut-être éviter que tu ne te la décroches encore... »

Puis, me relevant, allant encore très calmement jeter mes gants et mes compresses je m'étais ensuite arrêtée à bonne distance de mon fiancé. Celui que je regardais avec encore, et pour l'instant, plus encore d'incompréhension que de fureur. Même si je, le sentais jusque dans mes tripes, celle-ci n'allait sûrement pas tarder à 'expliquer.

«  Maintenant j'exige des explications Noah ! Et elles ont plutôt intérêts à tenir la route si tu veux que j'oublie l'état de ma cuisine et la gueule de Tom ! Non mais qu'est-ce qui vous prend à tous les deux ! Depuis quand vous en venez à vous fracasser ! »

Puis, mon regard ne lâchant pas Noah.

«  Je veux comprendre ! »

Sinon, c'est clair, je me cassais et les plantais là l'un et l'autre !

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Dim 8 Déc - 21:09
À peine la porte s’ouvrit-elle que je tentai de me relever, prêt à m’expliquer alors que mon oreille bourdonnait et que mon œil droit me brûlait toujours. La lumière était un véritable supplice et, comble de malchance, mes mains enkylosées glissèrent dans l’huile d’olive. Je manquai de tomber une seconde fois, mais je me rattrapai de justesse au plan de travail. Était-il possible d’être plus pitoyable ? Plus grotesque ? Outre les douleurs physiques et cette lancinante envie de rejeter le contenu de mon estomac, j’avais honte, vraiment. Je ne suis pas bagarreur habituellement et, si je n’avais été bouleversé par les récents événements, jamais je n’aurais levé le poing sur mon meilleur ami. J’aurais encaissé ses folles accusations sans broncher dans l’espoir qu’il se calme. Il aurait retrouvé la raison, c’était inévitable. Tom était parfois étrange, mais ce n’était pas un mauvais bougre ou un idiot. Si c’était à refaire, s’il m’était possible de rembobiner le film de cette soirée, j’aurais agi autrement. Est-il cependant utile de me blâmer d’avoir dévoilé mes émotions ? L’indifférence de Dhalia n’est-elle pas une punition trop conséquente ? Elle traversa la cuisine sans un regard pour moi. Sa seule préoccupation était l’état de Tom et je me mangeai son intérêt comme une putain de claque dans la gueule. Certes, il avait besoin de soin, mais je n’en aurais pas voulu à ma fiancée si elle avait opté pour un regard interloqué plutôt que pour celui qui me glaça les sangs. Il était noir, furieux et si la mâchoire de mon agresseur – car c’est lui qui vint jusque chez moi pour me cracher sa bile – était à nouveau en place, la mienne se serrait et s’animait de tic nerveux. « Tu es sérieuse ? » lançais-je faiblement, non sans dissimuler mon agacement. « C’est donc tout ce qui t’intéresse ? Ta cuisine et lui ? » Je pointai le troisième luron de l’index et, tandis que je ressens le besoin d’avancer, je veille à ne pas chuter à nouveau. « Et tu dis vouloir comprendre ? Et bien, moi aussi, j’aimerais bien. Mais, parfois, c’est comme ça, il y a juste rien à comprendre. » Loin de la flaque visqueuse – une part de moi prévoyait déjà de réclamer à sa mère un vieux truc pour débarrasser mon sol de ce corps gras -, j’ôtai mes chaussettes maladroitement, tenant difficilement sur mes jambes. Puis, d’un pas las, je déclarai haut et fort : « Demande à Tom de te raconter. Il te racontera avec plaisir comment il est devenu complètement con. Moi, je vais prendre une douche. » Et qu’ils aillent tous se faire foutre. J’abandonne le navire : cette injustice est une insulte à mon intégrité.

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Dim 8 Déc - 21:21
T’es comme un con dans un état proche de l’amibe à observer le vide, la douleur pulsant de toute part et t’as un hoquet surpris et un grognement de douleur lorsque Dhalia se place face à toi. Tu ne l’écoutes pas, elle ne t’intéresse pas, tu ne sais pas quoi faire de tes mains, de ton corps, de tes yeux, tu te laisses juste gérer par le couple que tu détestes. Tu laisses leur vie te passer par-dessus la tête alors qu’ils râlent, grondent, se montrent les dents pour une raison qui te semble à la fois absurde et ironique. T’as un rire qui t’échappe, sans chaleur parce que tu en éprouves plus pour Dhalia que pour Noah. T’aurais jamais pensé que ça arriverait un jour, ce retournement de situation. Une rancœur bilieuse t’envahit la bouche et tu ne sais pas bien si c’est le goût des gants de plastique ou le chagrin qui te remonte au travers de la glotte. Tu regardes le blond s’éloigner, le venin perlant au bord des lèvres alors que tu t’humectes les lippes dans l’espoir saugrenu d’en avaler le plus possible, rassembler tout pour faire mal alors que c’est toi que tu blesses en faisant ça. « Ton copain est un connard, j’espère que tu sais où tu vas crécher quand il se sera remis avec sa fiancée. L’autre, pas la minorité ethnique. » T’as envie de pleurer, à nouveau, parce que tout un schéma bien huilé jusqu’ici se brise pour reprendre de nouvelles formes incertaines. T’es fatigué, t’as toujours mal, le goût ferreux à l’arrière de la gorge fait écho au rouge sur tes doigts et tu te mets à gratter une plaie sur le dos de ta main, juste gratter, te concentrer sur quelque chose pour retenir l’humidité qui s’amoncèle dans tes sinus. Ce n’est même pas toi qu’on a contacté, c’est lui, c’est Noah, c’est la priorité dans sa vie, dans leur relation, dans tout. T’as la rage au ventre, la haine au cœur et tes synapses sont incapables de se concentrer sur une seule chose. Des idées délirantes, malheureuses, sautent perpétuellement de l’une à l’autre alors que tu éclates en sanglot et tu te mets à pleurer sur le canapé de ces gens que tu as tellement envie de détester. « Pourquoi c’est TOI qu’elle a vu ? »

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Dim 8 Déc - 22:29
«  Je ne l'ai jamais été autant, sérieuse, Noah ! Je veux savoir ce qui se passe ! »

Les mots fusaient, jaillissaient de mes lèvres tremblantes tandis que je faisais face, de toute ma si frêle stature, à celui qui se drapait déjà dans son orgueil. Celui qui m'agaçait si souvent et si fort mais que j'avais, jusqu'à cet instant, toujours trouvé presque charmant. Mais pas là ! Pas alors que je sentais mon fiancé me mentir par omission, me darder de ce que je prenais comme des foudres, pour mieux éviter de me répondre. Il aurait pu me dire n'importe quoi... Me dire qu'ils avaient trop bu, que la fatigue accumulée les avait poussés l'un et l'autre au-delà de leurs limites... Tout, absolument tout aurait été préférable à cette pirouette verbale que me servit Noah et qui me fit siffler entre mes mâchoires si serrées qu'elles en grinçaient de concert. A mon tour de me demander s'il était sérieux en insultant ainsi non seulement mon intelligence mais en, surtout et c'est bien là que je me sentis la plus meurtrie, insultant notre couple ! Ce doigt qu'il lève pour le pointer sur mon patient que j'ai depuis plusieurs longues secondes déjà oublié. Mes sourcils qui se haussent tandis que je ne quitte pas celui qui, avec précaution, avance. Pour venir à moi et enfin me donner les explications que j'estime, non que je sais légitimes ? Non ! Je parie déjà que Noah n'entend rien m'expliquer, préférant comme ces mots me le confirment laisser le plaisir à Tom de planter ce couteau que je sens déjà peser sur mon cœur.

«  Non, Tom et la cuisine ne sont pas ce qui me préoccupe le plus ! Et je préférerais m'occuper de vérifier que toi, tu vas bien, plutôt que de devoir te gueuler dessus pour te soutirer une vérité que je te trouve étrangement bien peu prompt à me dire ! » puis alors que je le vois passer à mes côtés, décidé à prendre la tangente et à fuir dans cette salle d'eau vers laquelle je le regarde partir. «  Noah ! Ne pars pas ! Parles moi bon sang ! Noah ! »


Que pensent-ils l'un comme l'autre ? Que je ne sais pas faire de déductions ? Que de la fureur de Tom et de l'envie apparemment pressante de l'homme de ma vie de s'enfuit je ne relie pas les points ? Et j'ai beau ne pas pouvoir y croire, refuser encore d'y croire, je sais. Il n'est qu'une seule raison possible à toute cette ridicule situation... Celle que me confirment les mots encore plus voilés de celui que je ne regarde pas même quand il vient pourtant de m'assassiner. Ma main qui, si tremblante que j'ai du mal à la contrôler, qui vient se poser sur le mur le plus proche. Mes jambes qui ne me soutiennent plus que par je ne sais quel miracle tandis que mes yeux se ferment et que je tente de retrouver un souffle qui commence à terriblement me manquer. Ma tête qui s'incline, comme déjà prête à être coupée par le bourreau alors que je ne parviens qu'à murmurer, au bord des sanglots

«  Ri... Riley est en vie ? »

J'ai tant prié pour entendre cela ! Tant espéré, des jours et des jours, qu'elle me serait rendue et que les choses pourraient redevenir comme avant... Et maintenant que c'était chose faite c'était mon monde, mon bonheur, que je sentais sur le point de branler à s'en effondrer. Me redressant sans même savoir où j'en puisais la force je me retournais. Délaissant du regard celui qui posait la question qui le taraudait et à laquelle, cruellement, je me chargeais d'apporter la seule réponse valable. Pourquoi Noah et pas son jumeau ?

«  Parce le véritable amour ne s'oublie jamais... »

Et pour la toute première fois de ma vie je me sentais infiniment plus proche de Tom que je ne l'étais de ce fiancé que je regardais la douleur hurlant en silence au fond de mes prunelles. Aurais-je du crier ? Lui reprocher de m'avoir tue une vérité que, de toutes évidences, il connaissait ?. Peut-être bien, en effet. Et je ne peux nier qu'une part de moi en crevait d'envie ! De le faire souffrir comme je souffrais, moi. Envie de tout envoyer balader ! De tout briser ! Et de m'en aller chercher un autre endroit où dormir comme me le conseillait si « aimablement » Tom. Celui à qui je m'adressais en laissant un regard rapide glisser sur lui

«  Je préfèrerais que tu restes dormir ici ce soir. On ne sait jamais tu pourrais avoir une commotion. Et me fais pas chier Tom : quand je dis je préfèrerais comprend j'exige ! Sinon je te jure que c'est moi qui te la déboîte ta putain de mâchoire ! D'ailleurs garde la donc bouclée pendant un moment ! Ca me fera des vacances ! » puis, délaissant ma colère, j'ajoutais, sincère «  Merci de m'avoir dit la vérité. »

J'inspirais alors un grand coup et, sans le quitter des yeux, je m'avançais vers ce fiancé qui, quand la vérité était tombée, avait fait demi-tour. J'aurais pu, sans doutes même un peu voulu, lui hurler à sa face d'angelot perdu tout le mal qu'il m'avait fait ! Tout le mal que je pouvais, en partie, penser de lui en cet instant. Que me cacher la vérité, me mentir, me meurtrissait tant... Mais... Mais je connaissais trop bien cet homme dont je m'approchais doucement comme si j'avais eu peur de le voir s'évanouir et disparaître en fumée pour ne pas deviner sa souffrance. Je savais tout ce que la sœur de Tom avait pu représenter pour lui. Je savais ces rêves qu'ils avaient eu à deux et qui étaient morts quand elle avait disparu. Je savais à quel point cela avait été dur pour Noah d'apprendre à vivre sans elle qu'il aimait si fort ! Et puis nous nous étions trouvés. Mais, toujours, cette douleur était demeurée ancrée à nous. C'était bien là le plus ironique de l'histoire, non ? En disparaissant Riley nous avait anéantis l'un et l'autre. En revenant, elle faisait de même.  

«  Je suis si sincèrement désolée Noah... » une main que j'osais lever pour mieux effleurer sa joue d'une caresse légère et bien éphémère et de nouveau mes mots « Tu veux qu'on en parle ? Calmement ? »

La colère, la douleur et la tristesse abyssale s'agitaient en moi. Mais, ce soir au moins, je les muselais. Ce soir, et parce que je l'aimais assez pour cela, seul Noah comptait. Demain, s'il venait jamais, nous aviserions.

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Lun 9 Déc - 21:25
Il suffit à Tom de prendre la parole pour que je renonce à me cloîtrer dans la salle de bain jusqu’à ce que retombe ma colère. Ce serait les insulter tous les deux tandis qu’une vérité – LA vérité – éclatait au grand jour. Riley était bien vivante et ici même, à New York. À choisir, j’aurais préféré l’annoncer à Dhalia sans un intermédiaire trop retourné par la nouvelle pour raisonner avec logique. J’y aurais mis plus de formes, assez pour ne pas l’inquiéter. Malheureusement, ce qui est fait est fait, il ne me reste plus qu’à composer avec les données à disposition : « Tu dis de la merde, Tom. Personne ne va quitter personne. » répliquais-je avec humeur, le ton montant tout doucement. Depuis l’arrivée subite de ma fiancée, je m’efforçais de e pas hurler ma frustration, mais j’étais fatigué désormais. J’étais épuisé d'entendre mes proches penser, décider et parler pour moi. Je suis grand garçon, je sais compter jusqu’à dix et je peux lacer mes chaussures. C’est quoi cette putain de manie irritante dont ils sont coupables tous les deux ?

Ça m’agace tant et si bien qu’il me faut rassembler tout mon altruisme pour me radoucir à l’égard de mon meilleur ami. L’heure n’est plus à l’égoïsme ou à la vexation, car je comprenais à présent. J’entendais mieux cette rage qui l’animait grâce à cette question qui en disait plus long sur son état d’esprit que les coups et les reproches sans queue ni tête. S’il était furieux, ce n’était pas tant que sa jumelle puisse respirer – à moins que ? – mais parce que d’aucuns n’avaient jugé bon de l’en avertir. Il n’avait pas été convié aux retrouvailles et, pour en avoir été témoin, je songeai que c’était sans doute mieux ainsi. Il aurait souffert de la froideur de sa petite sœur. Il l’aurait vécu comme un second abandon, au même titre que sa mère elle-même. Quant à moi, je me sentis dans la peau d’un opportuniste repenti. Dès l’instant où je m’acoquinais avec Dhalia, je perdis toute légitimité envers Riley, à commencer par le droit de compter parmi les hôtes de ces réjouissances en demi-teinte. « Alors, c’est ça le problème. » remarquais-je interloqué par la réponse de la seule femme présente. Qu’insinuait-elle exactement ? Quel est donc le sous-entendu caché derrière sa pseudo-évidence ? Que dissimule-t-elle, cette réaction presque trop tendre ? Je me méfie d’instinct et je recule de sa main qui caresse ma joue. « Parler de quoi ? Et pour quoi faire ? » Je me braque, mais comment pourrait-il en être autrement ? Elle pousse la porte, m’ignore, ne s’intéresse qu’à Tom, m’assomme de menaces à peine voilées et l’invite à dormir sur place sans jamais s’offusquer ou s’inquiéter de mon état, sauf s’il s’agit de Riley ? « Normalement, on est supposé être content pour elle. Surtout toi. » Je pointai Tom de mon index. « Mais, non. Vaut mieux tout compliquer, vaut mieux choisir le mauvais coupable aussi. Je ne sais même pas pourquoi on m’a demandé d’être là pour l’identifier et je ne sais pas non plus pourquoi toi, tu n’y étais pas. Je ne détiens pas de réponse. Aucune. Et je n’ai pas envie de payer alors que je me suis réveillé ce matin sans rien demander à personne… et qu’a priori, la nouvelle m’a surpris, tout comme vous. Et, pour ta gouverne… » Cette fois, c’est vers Dhalia que je me tournai. « Je n’avais rien d’un grand amour, car elle ne se souvient pas plus de moi que de vous. Plus rien. Nada. Et pour ça non plus, je ne paierai pas. »

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Lun 9 Déc - 21:37
Tu es bien trop furieux pour les écouter et les paroles de Dhalia ne font rien pour apaiser ce qui te bouffe de l’intérieur. T’as envie de vomir tellement t’as mal, tu respires par a coups et t’as trop chaud, la tête qui tourne, les mains qui tremblent et tu sais reconnaître une crise quand tu en vois une mais réussir à la calmer c’est autre chose. T’es toujours en train de pleurer et tu t’arrêtes que parce que ton corps est trop épuisé pour continuer à produire des signes d’un stress palpable dans ton attitude autant que dans tes mots. Tu ne penses qu’à toi parce que t’as jamais été capable de penser aux autres, t’as toujours observé de loin les crises et les relations en te gardant bien d’y tremper et maintenant que t’es coincé au milieu d’un raz-de-marée, tu ne sais pas comment réagir. Il veut s'expliquer mais t’entends que du fiel parce que c’est ça que tu veux entendre. T’as toujours envie de vomir et les yeux aussi fatigués que tout le reste, t’as un mal de crâne croissant et tu te relèves sans un mot, un regard à peine dirigé vers les deux. T’es pas assez calme pour leur trouver des excuses ou accepter celles qu’on te sert. Tu marches sur un objet qui traine au sol et tu avances en silence vers la sortie, la tête en partie rentrée dans les épaules.

T’es pas content qu’elle soit en vie, t’arrives même pas à l’assimiler, t’arrives déjà pas à l’accepter. T’es dans un état second, le deuil a été fait et a été difficile à sa façon et tu ne comptes pas revenir dessus. T’as été tenu éloigné de tout ça, mis à l’écart, de ta jumelle, on a préféré appeler son ex-fiancé qui n’avait aucun lien officiel avec. T’as la bouche pleine de sang et tu ne peux pas dire si c’est la haine ou des restes des dernières minutes. Tu ouvres la porte et crache quelque part sur le palier avant de prendre les marches en silence.

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