La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Never Goodbye. (Pace)

@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 17:39


U N           P A S

Sans avancer.
Sans respirer.

D E U X           P A S

En plus.
En moins.

T R O I S           P A S

Autant de l o u p é s dans le poitrail. Autant de pertes, dans le plexus. Autant de pas, qui saccagent tout.

T U    T E    S O U V I E N S    ?

Non. Il se rappelle jamais de ce que c'est. Tu sais, ce truc étrange, là, qui donne l'impression de vivre. Y'a qu'une clope, au bout de son bec usé, d'à force de s'être pris des putains de vitre dans la gueule. Brisé peut-être, fendillé c'est sûr. Une clope, comme phare, comme lumière dans l'obscurité. Peut-être bien que t o i, t'as le mot. Qui lui échappe, sans cesse. Ce machin incertain qui glisse entre les d o i g t s si rapidement. À peine caressé, parfois, qui se casse l'instant d'après. Animal sauvage, rompu à l'exercice. Bête a b s en t e.

E
N

F
U
I
T
E

Ou peut-être qu'il s'agit juste de l u i, qu'a été si souvent absent, qu'a été si souvent ce type qu'a jamais su rien en faire, de tout ça. Qu'il y a que comme ça, qu'il peut se reconnaître. Que s'accepter. Peut-être que personne saura jamais lui dire le mot correctement. Peut-être que c'en est terminé depuis longtemps, qu'il avait déjà tout donné pour mieux se b r i s e r aux contacts d'un seul être. Tout cramer un beau jour, pour plus jamais se savoir souffrant. Envolé, les oiseaux se cachent pour mourir. Et peut-être bien que ça n'a même pas de sens. Qu'il fait que marcher dans le vide, qu'il y a même pas de fil sous ses pieds, qu'il se croit équilibriste alors qu'en fait, en fait, y'a rien.

R I E N     S O U S     S E S     P A S

Mais il marche quand même. La cigarette qu'il consume, dans l'idée que ça pourrait être celle qui, e n f i n, saurait combler ses cris, ses peines, ses erreurs. Qu'elle achèverait enfin l'o e u v r e. Laquelle ? Allez savoir. Y'a juste lui, tout seul. Avec son bec qui s'est fendu, qu'a pris le coup de trop ou peut-être bien le bon, e n f i n. Lui et sa clope qui d'une latte, se réduit un peu plus en cendres. Celles qui tombent, sur les chaussures, sur un bout de manche de sa veste. On aimerait lui dire j o y e u x   n o ë l mais y'a nul lutin pour ça. Juste les rues crades du bronx, les gueules cassées et les pensées qui fourmillent. Les godasses qu'écrasent le sale et le laid, sans comprendre qu'il est déjà pris dans la mélasse. Tout ce qu'il peut entendre, Jorje, c'est ce son lointain. Qui lui fait tourner les yeux, vers cette drôle de ruelle. C'est toujours, t o u j o u r s comme ça, dans les films, dans les livres, dans la vie aussi.

R
I
E
N

N
'
E
S
T

B
E
A
U

Alors tout est permis.

"Arrêtez." Sa voix sonne comme un tombeau, sans luciole. Le regard posé, sur deux tronches, sur une troisième. "Cassez-vous." Il n'est pas une figure d'autorité. Juste un type un peu con, qui se croit encore fort. Qui se croit capable de protéger les gens alors qu'il laisse les soleils décliner. Et la pluie tombe encore, bien assez vite. Une érafflure, trois fois rien. Une arcade qui se rappelle que son sang est chaud, contrairement à ce qui lui sert encore de c o e u r. Un remerciement dans l'air, du paumé qui s'éloigne bien assez vite, après le coup d'éclat. Et Jorje qui reste, là, juste là, dans ce bout de ruelle, face au cadavre de sa clope éteinte et de sa dignité jamais retrouvée. Qui va juste se rallumer une cigarette, pour oublier encore et encore la disparue. Qu'il a jamais cherché, tu sais. Une inspiration, plus de pas.

P L U I E     D E     P A S

Ça ira, murmure la nuit.

« Tu le vois ce gamin, là, perdu dans ta rue
qui regarde les immeubles qui grattent ton ciel ?
C'est pas tant eux qu'il mate, plutôt tout ce qui va pas avec, 
comme la misère ambiante, comme la merde 
qu'il écoute à longueur de temps. 
Cliché ambulant, capuche sur le crâne
pour cacher le crâne à moitié rasé
qu'à moitié pour cacher les cicatrices
pour pas avoir l'air d'avoir fait la guerre
parce qu'il a fui celle-ci et la retrouve
finalement, entre tes rues, dans tes yeux.
Comprends qu'il se sent comme écrasé par la foule des buildings,
qu'il se sent tel l'obus qui éclate au milieu d'un champ de mines. »


Lui n'avait plus jamais rien dit.

@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 20:37
never goodbye
@jorje garcia

comment t'es arrivé là ? à quel moment tu t'es glissé dans son dos comme l'ombre sans corps que t'es ce soir ? cette nuit. demain. pour l'éternité. la silhouette qui tremble, le froid saisissant, le froid qui a meurtri la carcasse et qui s'attaque à l'esprit. les mains qui cherchent, qui tâtent les poches, en vain. désespérément. écrasé par le poids, les immeubles qui t'étouffent, la cage thoracique qui se fissure. l'eau qui ruisselle sur ton crâne dénudé, qui glisse dans ton col, dans les pores de la peau, qui s'infiltre sous le tissu, le long des cils, de l'arcade, du nez, comme des larmes le feraient. comme un torrent de larmes le ferait. et la cigarette à ta bouche bien trop trempée pour espérer un jour être allumée. morte avant d'avoir vécu.

dans tes veines,
l'héroïne pour endormir la douleur.
(ce qu'il en reste)

et y'a l'homme.
l'homme que t'a repéré au fond de la ruelle, que t'as péniblement rejoint de quelques pas violents. tu planes plus. ça se précipite, ça se bouscule. les pensées, les gestes, les m a u x. t'as perdu le fil de tes idées. tu dois t'arrêter avant d'être à sa hauteur, respirer pour pas l'étouffer. et dans son dos, tu te redresses. ça te coupe le souffle. côte fêlée au creux des os. t'es là pourquoi déjà ?

— t'as pas du feu ?
rallume-moi, comme un murmure
r a l l u m e . m o i, dans une prière

et la voix comme étouffée par la pression inexistante d'une lame contre ta gorge pâle. la voix cisaillée par une trachée enflée, par un hématome dans ton cou dénudé. ecchymose trop récente, teintée d'un rouge fade, presque noir sous l'absence de lumière. contusion qui s'étend et qui se perd, qui descend à la clavicule comme une gangrène. le corps qui se nécrose pour plus souffrir, pour que ça s'arrête. silence. et il b e u g l e ton corps, il te hurle de cesser. il s'exprime par ta voix souillée, blessée, éprouvée. toi, t'es sourd à ses suppliques, tu restes sourd à ses hurlements. comme ton père tu restes sourd aux pleurs de l'enfant s i l e n c e. et le coup reçu, bien visé, imprimé là, gravé dans le marbre de ta carcasse. un coup de pied, sûrement, quoi d'autre pour faire autant de dégât. un combat perdu encore un et la sensation de pas être à la hauteur. de jamais être assez bien. silence. t'as le menton levé, la blessure comme une proie offerte aux prédateurs. et le vent qui plante ses crocs sans vergogne dans ta jugulaire, et le froid qui t'arrache les cordes vocales en y plantant ses griffes. le règne animal aura ta peau, tendre, doux, fragile pace. et toi, t'as l'audace d'être encore un peu vivant, encore un peu entier. t'attends quoi, pour crever,
p a c e ?

silence

et tu le regardes sans le voir. ça percute pas dans ton esprit, ça percute pas. le son de sa voix, sa silhouette, son visage que t'imprimes pas. tes pupilles étrécies se fixent pas. t'as pas croisé l'iris sombre de ses yeux, t'as pas regardé ses cernes, t'as pas décrypté son teint terne, t'as pas cherché à apprécier ses lèvres et le sourire qui pourrait y naître. ses cheveux en vrac, sa crinière bouclée, sa barbe mal taillée, sa mâchoire carrée, ça t'échappe. et ton regard il dérive, trottoir, immeuble, ses fringues, tes pieds, trottoir, tes pieds, son cou, tes pieds, ses pieds, tes pieds. la descente plus violente que la montée, plus douloureuse que les blessures éveillées. le manque de morphine, le manque d'apaisement, le manque de discernement. et ta respiration au rythme incertain. sans doute que l'air a du mal à passer dans ta gorge souillée. sans doute que tes poumons ont perdu le rythme, quand l'héro a imposé le sien.

il te reste un bout d'étoile ?
un petit coin d'incertitudes à partager ?


nauséeux, tu fermes les paupières, saisis la clope à tes lèvres entre deux doigts. et ton autre main s'écrase sur ta sale gueule sans douceur, en chasse l'eau, frotte tes yeux clos, avant que tu ne relèves le visage. que t'affrontes enfin sa mine défaite. tes cils courts qui battent l'air et dans un éclat de lumière, ça te percute comme un train. son faux air de justicier. tes doigts lâchent la cigarette, elle s'écrase sans un bruit dans la flotte. tu le sens même pas. tu sens plus rien. rien que le froid. et au lieu de tendre la main, au lieu de chercher à recevoir un briquet, un zippo, au lieu de chercher à te cramer avec son feu, de brûler les chairs, de défoncer la peau, réduire en cendre ce qu'il te reste d'humain, tu souris.

c'est furtif, intense, soudain, saisissant. mais il est mort ton sourire, il est déchiré. il a tellement mal, le sourire du gosse qui découvre que le père noël existe pas. le sourire de la désillusion. il est où le super-héros de tes comics de garnement ? t'entrouvres les lèvres, comme pour prononcer son nom, mais y'a aucun son qui sort. alors, tu te rappelles pourquoi t'es là et tu cherches ta clope du regard, dans ta main d'abord, avant de la repérer au sol. t'as pas le courage de te baisser ça te ferait trop mal, t'as déjà du mal à marcher. alors tu reviens à lui, comme si tu te rappelais soudainement de son existence. et t'es même pas certain de l'avoir remis. pas sûr de le (re)connaître ou de l'avoir un jour connu. vraiment connu. ça t'angoisse, son nom qui t'échappe, l'incertitude à tes tripes. et tu le perds, le sourire. il s'efface lentement. il disparaît de ton visage d'enfant.

dans la pénombre,
avec ce regard,
avec ces blessures,
avec ce visage,

toi tu planes, garcia
moi j'm'écrase


@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 21:08

Y'a une comète qui s'écrase aux côtés de Jorje, lui, l u i, la constellation qu'a plus jamais su se rallumer. Des étoiles mortes dans un ciel morne, trop pollué pour distinguer les contours de tout ce qui pouvait le composer. Peut-être pour ça qu'il s'encrasse les poumons, ouais. La comète demande à se relancer, dans ce ciel dégueulasse qui cesse pas de faire dégouliner les gens de tout ce qu'ils auraient pu vivre de joyeux. C'est quand le bonheur, dis ? Et ses prunelles se relèvent, sur le gosse, le g a m i n aux allures de conquérant, la comète qu'a filé droit dans le ciel, dans le noir et la crasse, qui s'est entaché de tout mais qui reste là, la carcasse fracassée et abîmée, des couleurs pleins la gueule et ça le déchire peut-être un peu plus, Jorje. Parce que lui, il le reconnaît, ce foutu gosse-là qui se fout toujours en l'air à défaut que le père le fasse encore. Pourquoi tu fais ça, gamin ? Mais y'a pas les mots qui sortent, ni quoi que ce soit. P o u r q u o i ? Il se tait, ouais, comme toujours et observe juste la silhouette qu'a trop cramé dans le firmament, qui s'échoue à ses côtés.

Dis, Jorje, tu voudrais pas être son phare ?

Les iris se posent sur le gars, sur l'abîmé, l'autre naufragé. C'est qu'ils ont pas fière allure. Qu'ils ont rien, même. Des touts petits riens qui pourraient former un grand quelque chose, s'il s'en donnaient la peine. Mais les fables ont toutes cette morale affreuse à la fin. Le monde s'est cassé la gueule et doit faire en sorte de le répéter sans cesse. Alors y'a une pogne qui s'agite, qui cherche après le feu qu'il a rangé y'a peu. La clope tombe, s'écroule à défaut qu'ils le fassent d'eux-mêmes. Jorje fume, observe l'autre qui se meurt, le sourire qui naît pour mieux se crever à son tour. C'est fugace et ça p u e ce truc qu'il veut pas tellement comprendre non plus. Tu voulais pas qu'il te voit comme ça, pas vrai ? Aucun son, encore.

I
N
C
A
P
A
B
L
E

L'âme tressaute, la pierre se fendille encore. Ou c'est peut-être juste une étoile qui essaye de se raviver, dans tout ce qui peut se dégager de l'instant. Qui réclame de v i v r e un peu mais qui s'écrase en même temps que le reste. Alors les doigts, ils cherchent plus après un feu. Parce que la nuit restera no i r e, petit. Et il inspire, vient à dénicher la clope qu'il avait coincé entre ses lèvres qui, elles, ne se sont pas soulevées. Reste juste là, p l a n t é, tel un drapeau sans patrie qui continue de flotter quand même, au milieu d'un tas de gravats. T'es venu le trouer ou le brûler, dis ? Une inspiration, et la clope qu'il tend, tout proche de la bouche qui s'était illuminée, un bref instant. Sans un mot, dans un silence plein de f a t a l i t é. Ou peut-être bien que c'est ce qu'il peut faire de mieux, pour respecter l'i n t i m i t é du moment présent. Juste tendre sa clope, la proposer, lui dire que o u i, il a. Mais y'a plus rien à cramer, au bout de son feu. Alors il propose directement ce cierge, à leur douleur commune, qu'a rien à partager pourtant.

G
U
I
D
E
-
M
O
I

Dans le noir,
dans le froid,
dans le tard.

Inspiration. "T'as une sale gueule, ce soir." Qu'aucune nuit noire ne saurait me cacher. Pogne qui s'élève, dans une tentative de nager à contre-courant, peut-être. Qui vient à effleurer un recoin de gueule, juste pour lui faire lever un peu la tête. Prend un peu d'air, Pace. "Mais tu restes beau quand même." Et le relâcher. Bouffée d'espoir. Il baisse la sienne, pique du nez, regarde le mégot à terre, alors que les doigts quittent la chair, sans jamais l'avoir molesté. S o u r i r e. "Faut pas traîner tard le soir, Pace." Ironie palpable. Des faux airs de bienveillance. Il taquine à sa manière, appuie sur des plaies sans se soucier de ce qui va en suinter. Il étale ses paroles, laisse le gosse en disposer comme il le souhaite. Et en attendant, en attendant, y'a sa clope qui devient de la cendre, qu'on la fume ou non. Peut-être bien que vous en êtes, des cigarettes, qui finiront entre les lattes d'un quelconque plancher.

D É J À     C O N S U M M É S

@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 22:50
never goodbye
@jorje garcia

ses regards durent une éternité. ça t'arrache un frisson, le long de l'échine. un presque rien, qui t'effleure à peine. dévisagé, dévoilé, mis à nu. t'es comme un gosse perdu, face à un étranger. qui a pas le courage de demander son chemin, pas les couilles d'ouvrir la bouche pour appeler sa mère, plus assez de larmes pour hurler sa peine. il a des yeux noirs, l'homme. on peut s'y contempler. on peut se perdre dans les reflets. on peut y affronter son propre regard, effet miroir un peu fissuré. c'est pas lui que tu regardes pace. c'est toi que mates, dans ce putain d'éclat d'âme. et tu t'y plonges dans cette foutue obscurité. tête la première, tu prends même pas la peine d'arrêter de respirer. t'emplis tes poumons de cet air putride, de cette éternité souillée. et ça te martèle un peu plus le crâne à chaque seconde ; il ressemble à quoi ton père ? il a le même regard ? il est aussi usé, aussi détruit ? il est mort en dedans, lui aussi ? et tu l'affrontes, son regard, tu le soutiens tellement que t'en oublies de fermer les paupières. tu l'as vu si souvent, défié avec tellement de rage et de fierté. tu le connais par cœur, cet air. tellement que ce soir, t'as juste envie de le fuir. qu'il cesse de glisser sur toi comme il le fait. qu'il cesse de t'épier, de te juger. lui. toi. qui te déçoit le plus au fond ?

toi
toujours toi
toujours toi, gamin

tu serres les mâchoires, baisses le nez, sans le quitter du regard, l'ombre d'une culpabilité qui entache tes traits. ça dure un instant, un claquement de doigts avant de s'effacer, balayé par la pluie qui creuse les sillons abimés de ton visage. tu suis les mouvements de sa main comme un animal farouche, sauvage, menacé par la moindre esquisse, le moindre geste. mais y'a rien de menaçant, chez lui. tu l'as jamais craint, t'as jamais craint la plaque, l'uniforme, les barreaux. t'as jamais rien lâché, jamais rien fait d'autre qu'encaisser. encaisser ses mots, ses piques, ses discours, ses silences. il comprend lui ? il comprend ce qu'il se passe ? il comprend ce qui te bouffe et t'empêche de vivre ? il peut répondre à tes questions ? non, il préfère le silence (toi aussi) alors, tu fixes la clopes qu'il te tend. méfiance latente, ça s'envole quand tu vois la fumer glisser entre ses lèvres. va et vient incessant de ton regard, son visage, sa main. t'esquisses un pas, un seul, tu franchis ce qu'il restait de distance en voyant qu'il ne bouge pas. et t'es pas hésitant, quand tu tends enfin la main dans sa direction. la clope entre deux doigts, un léger mouvement du menton, à peine perceptible. comme un remerciement, que tu formuleras jamais.

tu la portes à tes lèvres, inspires, longuement. déchires ta gorge et tes poumons à coup de nicotine flamboyante. mais t'as pas fini ta latte qu'il l'ouvre enfin. et ça t'arrache comme un rire, ironie mordante à fleur de peau. t'as une sale gueule, pace, tu l'as toujours eu. ce soir est comme tous les autres. une r o u t i n e qui s'est installée depuis des années. la douleur comme tout. ça se lit dans ton regard. ça devrait pas t'étonner, garcia et puis, y'a ses doigts qui frôlent ton visage, te fond lever le menton, juste assez pour réveiller la douleur, juste assez pour t'agacer (pour la forme, pace). la langue qui claque contre le palais. sifflement de serpent perfide qui s'étouffe entre tes dents serrées.

B E A U
tais-toi

tu le dévisages, entrouvres les lèvres et laisse glisser la fumée. elle forme comme un voile entre vous, dissimule un trop court instant son visage et le tien. y'a que ses yeux que tu vois briller, deux billes noires dans la pénombre. et cette fois, le rictus il se veut moqueur. mais la conviction est morte en même temps que ton âme, minable. t'as tout juste la décence de glisser la clope entre tes lèvres et ton autre main au fond de ta poche. — t'essaies de me draguer, garcia, ou t'as d'la merde dans les yeux ? t'inspires, à nouveau. g a r c i a. même ta mère t'as jamais dit ça. beau. beau. tu l'es pas. t'es comme le béton armé de cette foutue cité. aussi laid. de quel droit, garcia, de quel droit tu dis ça ? dis-le encore une fois. juste pour voir. garcia. son prénom qui t'échappe. c'est plus facile, quand l'uniforme est privé d'humanité. jo. joel. jorje. jorje — quoi, c'est un crime, jorje ? t'écorches son prénom, tu t'inventes un accent qui n'existe pas, le fais rouler sur ta langue, contre ton palais. c'est étonnamment chaud, entre tes lèvres. son identité qui reprend des couleurs, les couleurs d'un pays imaginaire que tu découvriras jamais. la cigarette coincée entre tes doigts, sourire de garnement qui s'estompe,
tu tends tes deux poignets dans sa direction et soutiens son regard.

t'attends
t'attends les fers
t'attends une sanction qui ne viendra pas
(t'attends un brin d'attention)

mais y'a rien. et le criminel que tu n'es pas laisse retomber ses bras, tire une dernière taffe, avant de lui tendre la clope du bout des doigts. sans le quitter du regard, jamais. jamais. — t'es pas vraiment dans ton quartier. que tu t'entends articuler, la fumée soufflée dans sa direction, comme un lien que tu chercherais à créer, une provocation contre un peu d'attention. c'est comme ça que ça fonctionne, que ça a toujours fonctionné. t'en sais trop sur lui, ou juste pas assez. ton menton qui s'abaisse, tes yeux qui vacillent, se détournent un court instant, la douleur qui se réveille à tes côtes, alors que les effets de la drogue s'estompent. atterrissage d'urgence. — ou p't'être que ma sale gueule te manquait. que tu murmures, la main qui distraitement glisse à tes côtes douloureuses et ton regard qui le fuis dans un soupir.

lui aussi, tu le déçois ?
tu sais faire que ça

@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 23:25

Dis, tu crois pas qu'on est sur un bout de banquise ? Qu'elle s'est détachée du reste du monde, qu'on flotte au milieu d'une autre, qu'est aussi glacé que ta peau sous la pluie ? Dis, tu crois pas qu'elle s'est détachée de tout, même de nous deux ? Qu'on se regarde juste, du fond de notre glace qui se barre, qui fond et qui fait que retarder l'évidence ? Dis, tu crois qu'on cherche pas à juste couler sans oser l'avouer à l'autre, alors qu'on a chacun un détonateur, pour finir de noyer l'autre ? Dis, tu vois quoi toi, dans le fond de mes yeux ?

F
I
L
A
M
E
N
T

Z'êtes des bouchers, vous croyez pas ? Dans le creux de vos synapses, vous appelez qu'à ça. Qu'à enfin vous é t e i n d r e, finir votre course dans le fond d'une mélasse qui vous aura tout bouffé, qu'aura sucé toute votre moelle jusqu'à recracher que vos os, qui seront polis et sans doute tout aussi usé que vos âmes. Sans a u c u n doute. Alors il inspire, souffle un rire. Juste nasal, avant que son air de sale con reprenne le dessus, que père la morale ne revienne. "Je touche pas aux gosses et aux paumés." Qu'il souffle, le venin au creux des lèvres, sans cesse. Clope acceptée, visage inspecté, il peut bien ranger ses pognes, murmurer autre chose encore, dans le fond de cette nuit sans aucun sens. La nuit a récupéré ses f i l s et l'un deux s'est encore cassé pour elle. Le gosse tend les poignets, dans un geste qui se veut habitué et qu'aurait su agacer Jorje, dans d'autres circonstances. Dans celles où il aurait eu vraiment les moyens de l'e n t r a v e r, sa comète échouée. Alors il regarde juste le blanc de la peau, le laiteux qui ressort à la lumière crasse des réverbères autour. La ville est fumante, mais eux aussi. Des allures de dragons crevés, qui se confrontent sans plus de c r o c s pour se faire s a i g n e r. Qu'importe, il nous reste les ongles. "Ca pourrait le devenir, ouais." Parce que Pace, il a tout du gosse paumé qui trouvera les embrouilles à toute heure, qui se fera un jour planté dans une rue, une comme là où ils sont. Un jour, ça sera pas que ton mégot que je trouverais. Et en ce sens, faut pas s'attacher. C'est une tête qui un jour cessera de claudiquer, qui flanchera pour de bon et dont le teint palot se retrouvera emprisonné à jamais dans une photographie qu'aucun flic regardera plus de deux secondes avant de se dire que c'est qu'un c a m é de plus qu'a c a n é pour des c o n n e r i e s.

O
U
B
L
I
E

T
O
N

C
O
E
U
R

T'es beau parce que t'es vivant, abruti. Mais la pensée s'échappera jamais, alors que les pognes sont là, à portée des siennes, à portée de fer. Mais y'a que sa rouille à lui pour ça, rien qui fasse assez mal. Maigre sourire, la provocation qui a un écho singulier, dans cet autre être qui est là, au milieu d'un rien, pour former un tout. Une scène pitoyable sans doute, de ce flic qui donne trop d'attention à un gamin dont il a retenu le prénom d'à force de voir sa trogne. Pas pour tout de suite, le papier glacé. Clope tendue, l'ordure qui se mouve pour choper le filtre, le coincer entre ses lèvres qui se tortille un instant, pour inspirer une latte derechef. Jorje regarde, un putain d'instant, cette rue de ce quartier où il est venu se perdre. "Qu'est-ce que t'en sais ?" Qu'il marmonne, l'étreinte avec la tige qui fait que c'est à moitié mâchonné. Les poumons s'emplissent d'un a i r  v i c i é sans aucune honte, sans jamais vaciller. Trop habitués qu'ils sont, à ce que le proprio les tâchent encore et encore. "J'la vois bien assez souvent comme ça, ta gueule." T a c l e. Assumé, quand enfin il déloge de nouveau ses doigts pour refoutre ses empreintes sur le reste de blanc cendré qu'il peut bien rester, qu'a pas encore fini en poussière. Il tire encore, termine sans doute le tout, souffle en l'air l'ode à la v i e fanée.

É
P
I
P
H
A
N
I
E

Mégot lâché. À terre. Pollution. "Bon. Tu m'invites à monter ?" Dans ton foutu quartier. Les doigts viennent chasser le goût de la nicotine, des lèvres, dans un geste m é c a n i q u e. Parce qu'il est rien d'autre qu'une machine, Jorje, au coeur glacé, de pierre qui doit pas plus jamais laisser qui que ce soit y rentrer. Il pince, laisse retomber la main, inspecte du bout des yeux la silhouette qui se tord sous ses yeux. Il reconnaît tout un tas de trucs, en dedans. N'est pas déçu, pas surpris non plus. C'est la vie. Elle et ses galères, elle et sa cruauté. E l l e. "Pas qu'on s'emmerde, ici." Un regard encore, sur l'ensemble. Des poubelles, des bruits, des vapeurs. Pour peu, s'il faisait attention à l'odeur, y'aurait sans doute un vague air de bouffe qui pourrait s'échapper de quelque part. Mais y'a que la pluie qui lui rentre dans le pif, cette odeur particulière qui donne l'impression de sentir le chien mouillé, ensuite. Ca tombe bien, sans doute.

C
E
R
B
È
R
E

T O U J O U R S     E N     C O L É R E

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 0:54
never goodbye
@jorje garcia

au fond de tes veines, le sang se glace. figé dans le temps, figé dans l'espace. gosse. paumé. dans ta sale gueule, pace. bouffe-le, son coup de poing verbal, qu'il te pète les dents, qu'il t'explose l'arcade. qu'il détruise ce qu'il te reste d'âme, une bonne fois pour toute. sale con. s a l e . c o n n a r d. la mâchoire qui se serre, inlassablement. gosse, et t'as envie de hurler. hurler qu'il est mort le gosse, que ça sert plus à rien de s'acharner. qu'il a fini par crever sous les coups et sous la violence, qu'il reste rien de lui, rien d'autre qu'une carcasse, une coquille vide, un semblant d'être humain. paumé silence dans ton esprit. paumé. t'as quoi à répondre à ça ? que t'as ta vie, ton appart', ton mec, tes potes. qu'elle est bien, ta vie. mais tu sais que c'est faux, qu'elle part en couilles (que c'est de pire en pire, alors que tu pensais tout arranger). pince les lèvres et ferme ta gueule. il a raison, pace, et tu le sais. on touche pas aux gosses et aux paumés. ils sont sales, dégueulasses, ils ont rien pour eux, trop de failles, trop de fissures, trop de maux et de violence. t'es le garçon perdu qui a cessé de croire aux fées, l'gamin non désiré d'un nerverland en ruine.

(t'aurais aimé qu'il te passe les menottes)
pour pas être seul
pour avoir une raison de g u e u l e r

dans cette foutue prison, cette taule que tu connais, jamais très longtemps, mais régulièrement. des incessants allers-retours, la violence qui te colle au train, arrivée trop tôt dans ta vie, cas désespéré, trop tard pour revenir dans le droit chemin. à vingt ans, t'étais condamné. parce que jorje, jorje il a déjà fait ton procès. ça fait des années, qu'il le fait. il croit pas en toi (comment il le pourrait ?) est-ce que tu lui as seulement donné une preuve ? est-ce que tu lui as seulement laissé une chance ? c'est si compliqué de croire en toi, pace. regarde, personne en n'a jamais été capable tes yeux qui se plissent, l'air presque amusé. j'te connais qu'il hurle ton regard. des années que tu le sais, que tu t'es renseigné sur ton bourreau de pacotille. pourquoi est-ce qu'il serait le seul à avoir un dossier ? t'as tout fait pour l'éviter, mais c'était pas bien compliqué. il est pas de ton monde, jorje. t'aimerais croire que ça te donne un pouvoir, que t'as un moyen de pression n'importe quoi. t'as que dalle. alors, tu te tais.

t'encaisses son tacle d'un regard subitement détourné, les yeux d'un gamin qu'on vient d'injustement engueuler. — apparemment pas assez. ta voix est lointaine, pas assez forte pour être totalement assurée, pas totalement virulente. elle est où ta hargne pace ? endormie par l'héro ? t'endors la colère comme t'endors la douleur. t'es pas un camé, pourtant. tu consommes rarement. il le sait, garcia, il t'a vu bien plus souvent bourré que drogué. il t'a vu en dégrisement, il t'a vu trébucher, il t'a vu sombrer. il a vu le pire et le plus dégueulasse. mais il sait pas à quel point t'as mal. à quel point ton corps entier te fait souffrir, à quel point tes os, tes muscles, ta putain d'âme s'épuise à te maintenir debout. mais t'inquiète garcia, on sait tous les deux que je crèverais avant toi.

ses mots
t'interpellent
et tu lèves le regard

tes yeux. tes yeux ternes. un bleu marine plus profond qu'un océan capricieux. les sourcils qui se froncent, un instant d'incompréhension, rapidement suivi d'un éclat de rire, qui se perd dans la nuit. rire sans joie, qui t'arrache une grimace. — tu touches pas aux paumés hein ? qu'est-ce que t'as encore comme venin à balancer ? t'es à peu près certain que ça l'affecte même pas. il a un gosse le garcia, il te regarderait même pas (si tu savais). tu te redresses, de toute ta hauteur, remarque pour la première fois que tu le dépasses légèrement. ça te fait même pas sourire. un vague geste du menton, l'invitation silencieuse. suis-moi, si t'as rien d'autre à foutre suis-moi, si t'oses. suis-moi, si t'as le courage. suis-moi et me lâche pas (me lâche pas, jamais, j'veux pas sombrer)

tu te mets en route. le pas silencieux, l'allure lente. la douleur à chaque mouvement. ton immeuble, à deux pas, te semble bien lointain. tu dis rien, que dalle. y'a que le bruit de la pluie. l'odeur de bitume détrempé, qui occupe ton esprit. tu t'es même pas retourné vers lui pour voir s'il te suit, t'avances en regardant tes pieds. et tu finis par t'arrêter, la main qui se plaque contre un mur de béton, ton buste qui se penche, les yeux clos. nausées plus violentes, tes lèvres pincées. t'as juste envie de rentrer et de t'allonger. ou te laisser glisser, là, sur le pavé — putain. que tu souffles. prisonnier des effets secondaires et de la douleur qui se réveille. de ce goût dégueulasse de tabac dans ta gorge, de sang aussi, de ton précédent combat. ça te fait rire, amer. ta main libre venue se plaquer sur ton visage pâle. t'as chaud, t'étouffes, malgré le froid. mais après un interminable silence, t'inspires profondément en te redressant, ta main qui glisse sur ta nuque glacée.

tu croises son regard et tu vrilles l'espace d'un instant. — je sais. je sais. je sais ce que tu vas dire ou penser. je sais, c'est pitoyable, je sais, je suis qu'une pauvre merde, je sais je suis un raté, un minable. moi non plus je sais pas ce que je fous, moi aussi j'suis juste paumé. putain, garcia, j'suis terrorisé et je sais pas pourquoi.  — c'est la douleur. ta gueule pace. t'as rien à justifier. ta gueule. alors, brutalement, tu te tais. t'en as trop dit. tu te détournes, bifurques vers un porche et, silencieux, tapes les chiffres qui déverrouilles la porte à la vitre fissurée. un coup d'épaule pour l'ouvrir et te voilà à moitié dans le hall de l'immeuble, à maintenir la porte ouverte pour le laisser passer. comme si tu l'invitais. putain il dirait quoi, simon, s'il te voyait ? malone ? livio ? nox ? james ? skander ? tu pourrais tous les décevoir.

t'es comme un pantin désarticulé, pace
tremblant, frigorifié
terrorisé

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 1:45

E N C A I S S E

T'as déjà pris bien plus cher dans la gueule, Pace, pas vrai ? Que ces mots qu'il peut bien balancer, sans faire attention à leur impact. Ou peut-être qu'il sait et que c'est pour ça qu'il les balance. Peut-être qu'il attendait de voir si t'allais protester, si t'allais te d é f e n d r e d'un point ou d'un autre. Mais y'a rien, alors il a continué, a continuer à t'abîmer de tout ce qu'il pouvait. Des coups francs, sans jamais lever la main. Des mots qu'il sifflent, qui s'enroulent autour de la trachée, qui coupe les souffles, qui font baisser la tête. V e n i n qui coule, qui se grave dans un bout de sourire. Vrai que c'est jamais assez, quand on sait déjà la suite de toutes les histoires. Il a vu trop d'horreur, Pace en fait parti. Il sait déjà, Jorje. Il sait, oui, l u i  a u s s i. Alors il peut que sourire, un instant, avant de se perdre encore dans les songes, de se perdre dans ton attitude qui se froisse, qui fait voir la souffrance qui résulte sous les beaux airs. Alors il s'impose, se sait gardien d'une p a i x illusoire et que tu connais plus depuis longtemps, hein, Pace ? Lui non plus. Un air de défi, encore, sur sa gueule d'étranger qu'a tant voulu s'intégrer à ce pays de merde, qu'aura jamais eu de cesse de lui rappeler qu'il était rien du tout, en son sein.

M
I
C
R
O
B
E

Y'a la réponse, enfin, à la provocation. "Oh, j'ai visé juste alors ?" Et les dents qui se font féroces, quand elles s'affichent dans une expression satisfaite. F i n a l e m e n t, il le considère peut-être bien comme un adulte. Un de ceux p a u m é s, qu'ont des éraflures pleins les yeux aussi. Les mains dans les poches, de nouveau, à suivre finalement celui qui brave l'autorité, qu'en fait son monde même, d'usurper des droits qu'ils auront jamais. T'as pas honte de moi, alors ? La démarche a rien de sûre, de son côté non plus. Peut-être que c'est la faute à l'eau qui s'abat sans cesse, qui trempe ses boucles le long de son front, qui lui vole toute son allure. Ou juste qu'il se sent tellement instable qu'il sait plus tellement marcher droit. Ou c'est peut-être comme ça depuis toujours, à l'allure des crabes sur les plages, qui dévient toujours sur le côté. Non, toi t'es un c a b o t. Et puis, y'a le gosse qui s'écroule, qui prend appui pour pas finir éclaté par terre. La pluie appuie sur les plaies, tu sais. Y'a le silence, de son côté à lui. À ce flic, à ce c o n qui bouge jamais, quand les gens ont besoin d'aide. Qui observe, parce qu'il sait que pour cette fois, il n'a pas sa place. Que c'est Pace qui se b a t encore. Et les mots tombent, glissent, l'écrasent. Il sait, ouais. Une inspiration. "Ok." Qu'est-ce qu'il aurait pu répondre de plus, hein ? C'est toujours que ça, que la d o u l e u r. Il se dérobe pas, reste là. C'est comme le phare, dans la nuit, qui malgré la houle reste planté.

C'est toi, ma tempête ?

T
U

T
E

F
R
A
C
A
S
S
E
S

La route reprend. La douleur aussi, pas vrai ? Devant ses yeux, toute la rouille qui se déverse encore. Le clapotis de la pluie, bien vite remplacé par le bruit des bottes dans un hall. Un regard sur le paumé, sur son expression, sur ce qui irradie de lui. P l a n t é, le drapeau. Qui s'en va se faire cramer, quand les pas le font se mouver vers l'intérieur. Il referme la porte, ou aide du moins à ce qu'elle reparte dans le sens arrière. Et il grimpe les marches, Jorje, avec toujours cette même m é c a n i q u e. Pourtant, la machine semble cassée à cet instant. Une main, sur la rambarde de l'escalier si vous devez grimper par-là, vers ce mont qui semble trop haut pour vous, mais surtout  pour l u i. Et la question qui résonne, dans le fond de ses tripes, de sa tête.

Pourquoi j'suis là ?

Et la réponse qui semble si évidente qu'il se tait. É c h e c. Il s'allume une clope, quand vient l'heure de franchir le palier. Quelques roulement, sur la pierre, de son pouce dont l'empreinte est moite, d'à force de prendre la pluie. Puis la flamme, puis la l i b é r a t i o n. Les poumons qui s'encrassent, l'illumination dans le noir. Balayé un peu, avant de plonger dans une vie où il n'a rien à faire. Alors c'est ça ton monde, Pace ? Il tire sur la tige, découvre l'envers du décor. Prend ses aises, à la manière d'un type qu'a déjà tout de fracassé de base, alors qui peut bien continuer. Retire sa veste, la pose dans un coin. Les joues creusées, alors qu'il prend une nouvelle bouffée, avant de souffler dans un nuage de fumée. "T'as une bassine ?" Jorje sait qu'il va sans doute vomir, bientôt. Au moins une fois, pour vider l'estomac des saloperies. Une pogne qui ramène en arrière ses mèches, alors qu'il cherche du regard. "Désape-toi." Des allures de provocation alors qu'il avance, découvre le lieu. "Laisse-moi voir les dégâts." Qu'il dit enfin, un regard dans l'autre. Dis-toi que je verrais toujours pire, Pace.


T O U J O U R S     P I R E


Parce qu'on sauve rarement des vies,
quand on se voue à vouloir les préserver.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 2:37
never goodbye
@jorje garcia

la tiédeur du hall et la sensation d'être tout à coup au sec ne t'empêche pas de frissonner. tu contrôles pas et tu cherches pas à contrôler. tu la caches pas, la chair de poule qu'on devine courir sur tes bras, à chaque mouvement, à chaque fois que le tissu de ton blouson dévoile un peu de chair. et t'es là, planté dans tes pompes, immobile un bref instant. où tu le contemples. ses cheveux de jais trempés, son manteau, son air fermé, cow-boy de mauvais western. mouvement fluide, tu t'écartes, t'entends la porte qui se ferme dans ton dos, avant que le silence ne revienne. t'aimerais que l'ascenseur soit déjà en bas ; t'y engouffrer sans mot dire et attendre qu'il soit là, à tes côtés dans l'espace étriqué, pour demander le bon étage, laisser les portes se fermer dans un grincement. la lumière jaunâtre rendrait ton teint plus sale qu'il ne l'est déjà. mais tu t'en foutrais, t'aurais même pas croisé ton reflet du regard. l'arrière du crâne appuyé contre le fond de l'ascenseur, les yeux fermés. concentré sur ta respiration et sur la chaleur de son épaule, que tu sentirais contre la tienne par moment, dans cette foutue cabine trop petite pour vos deux âmes d'écorchés vifs. y'aurait qu'à l'ouverture des portes que tu prendrais la peine d'ouvrir les paupières, te glissant à l'extérieur avec langueur. mais il est en panne, l'ascenseur.

au pied des escaliers et tu tapes un temps d'arrêt, avant d'y avancer. sans respirer, le souffle retenu à défaut d'être court. tes doigts qui frôlent la rambarde sans jamais s'y accrocher tout à fait. et arrivé à ton pallier, l'endurance est éprouvée. la tête qui tourne, mais tu fais comme si tout allait pour le mieux. sur le pas de ta porte, tu tâtes des poches sans frénésie, jusqu'à retrouver tes clefs. elles tintent, résonnent dans le couloir silencieux. quoique si on tend l'oreille, on entend des voisins s'engueuler, à un étage ou deux d'écart. l'unique verrou de l'appartement finit par céder avant que tu n'ouvres totalement la porte, toujours enfermé dans ton mutisme.

et t'entres
sans te retourner
sans vérifier qu'il referme bien la porte après lui

odeur familière de clope. de parfum, aussi. tu balances les clefs sur le meuble, et tes chaussures trempées dans un coin. en dehors du bordel ambiant que tu viens de causer, il est plutôt clean, ton appartement. impersonnel, basique, pauvre, mais propre. tu retires sans attendre ton manteau que tu poses négligemment sur le dossier du canapé, vide tes poches sur le meuble de l'entrée. clopes. argent liquide. tu t'en fous qu'il soit là jorje, qu'il puisse admirer ta paye de la journée. elle est pas bien importante de toute façon, tu l'as perdu ton combat. tu sors même ce qu'il te reste d'héro, le paquet quasiment vidé, tout en lui jetant un regard en biais. t'es pas tout à fait sûr de toi, mais quelque chose te dit qu'il peut pas t'arrêter, s'il est pas en fonction. puis tu lui fais peut-être assez pitié comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche. tout est trempé. foutu.

toi aussi t'es foutu.
haut-le-coeur.
à bas le cœur.

tes yeux glissent sur lui, mais c'est comme si tu le voyais pas. tu mets une seconde de trop à percuter ce qu'il te dit. et ça atteint pas tout à fait ton crâne cabossé. bassine, t'as pas. tu te contentes d'un bref mouvement de tête, pour l'engager à te suivre, encore. (jusqu'au bout du monde jorje ?) t'avances dans le couloir et tout en progressant, non sans difficulté, tu commences à retirer ton sweat trempé, que tu laisses négligemment tomber à même le sol. il fait comment, nox, pour supporter toutes ces saloperies ? t'arrives à la salle de bain et le plat de ta main s'abat violemment sur l'interrupteur.

le rideau se lève
spectacle commence.

et ton torse violacé à cause du froid, couvert d'une constellation de bleus. rouges. noirs. jaunes. apparait enfin. pas étonnant que ça soit si compliqué avec livio, t'es répugnant, et t'es allé beaucoup trop loin dernièrement. elle dégoûterait n'importe qui, ta peau jamais cicatrisée, aux violences superposées. peut-être qu'au milieu du chaos, on peut encore discerner dans ton dos des souvenirs de ton père. là, sous l'encre, sous les tatouages qui te font comme une armure. un dernier rempart. tu sens la présence de garcia derrière toi, mais tu te tournes pas. tu ouvres le placard de la pièce et à son ouverture, y'a des objets qui te tombent dessus. une bouteille d'alcool, des compresses. mais t'engouffres la main dans le meuble sans guère prêter attention aux tubes de crèmes qui tombent, aux bandes, aux pommades, aux gels supposés soulager la douleur. même la serviette à portée de main tu l'ignores, alors que t'en aurais bien besoin. non. de là-dedans, tu sors, entre tes doigts serrés, une boîte d'antalgiques que t'ouvres d'un geste brusque du pouce. et tu lui laisses pas le temps d'agir ou de parler (il s'en fout au fond, non?), t'as déjà avalé deux ou trois cachets, bien décidé à soulager cette foutue douleur avant de dégueuler, quitte à tout retenir dans ta gorge serrée en attendant que ça fasse effet.

quitte aussi à frôler l'overdose
t'as jamais été bien doué pour les quantités
(ta mère a jamais été le bon exemple à ce sujet)

tu refermes brutalement le placard et croises son regard dans le miroir. tu le soutiens le temps d'une inspiration avant de faire volte-face, enfin. le frisson au creux des reins, t'as les mains qui s'appuient sur le bord du lavabo dans ton dos.  — alors, tu vois quoi ? et le sourire qui se glisse sur tes lippes, sur ton visage aux joues creusées. ton buste qui ne cesse de trembler à cause du f r o i d et de la d o u l e u r. des années de combats vains. des années de hurlements silencieux. des années de soins incertains. des années de hargne et de regrets. et la croix tatouée sur ton poitrail se soulève au rythme bien rapide de tes respirations, du fait d'une côte certainement fêlée. il a dû voir pire, garcia. des corps mutilés par dizaine, calcinés, déchiquetés. mais toi pace, toi, tu dois bien être le premier mort qui continue de respirer. le premier cadavre assez fourbe pour encore s'exprimer.

et sous le regard du flic,
l'adulte de vingt-six redevient tout à coup
le gamin de douze que les services sociaux
n'ont jamais pris la peine d'examiner

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 14:41

Y'a eu ce regard, sur  la drogue. T'as rien à dire, t'es pas en service. Pour autant, il sait déjà où ça va finir, parce qu'il a aussi des possibilités en tant qu'homme. Qu'un coup de chasse d'eau est si vite arrivé, en prime. Mais y'a rien, de prime abord, dans son regard, dans ses gestes. Il explore du regard le fouillis d'un appartement qu'il aurait imaginé plus en bordel que ça. Mais non, r i e n. Alors il balance des mots dans le vide, se percute à une nouvelle réalité. Et suit encore, au travers du couloir, jusqu'à cette porte, la lumière d'une salle de bain qu'il jugerait presque un peu trop faiblarde. Comme si le néon aussi en avait trop vu, qu'il était fatigué d'éclairé des précipices avec des gouffres sans fin. Des fonds qu'il ne sert à r i e n d'éclairer. Jorje reste là, sur le pas de la porte. Croisant les bras, quand il comprend le spectacle auquel il va assister. Une épaule qui se pose contre le cadre en bois, qu'attend simplement. Il assiste à la virée en enfer d'un gamin qui sait plus quoi faire de lui-même, qui se jette vers l'avant en espérant réussir à passer les r o n c e s qui parsèment son esprit. Y'a comme des é c h o s dans vos pensées, hein ?

T
U

V
O
I
S

Q
U
O
I

?

Y'a ces yeux qui s'étaient perdus, sur les monts que formaient la peau. Sur les creux aussi, de ces côtes, de ces p l a i e s. Y'avait tout qui se gravaient sans le faire, parce qu'il regardait qu'à moitié, Jorje. Alors il inspire, se redresse à peine, les bras toujours cousus l'un à l'autre. "Un paumé." Réponse. Presque rapide, presque lente. Il sait pas bien s'il a pas répondu directement après la question. Ou si y'a eu un délais d'une seconde ou deux. Mais c'est pas i m po r t a n t, ça. Ce qui l'est, c'est qu'il lui répète qu'il est pas là pour autre chose que l u i. À sa manière, de ses mots qui font mals parfois, qui blessent, qui font te mettre la tronche dans une vérité peu luisante. Enfin, il bouge, se mouve à l'intérieur de la pièce. "Si tu commences à partir dans un trip d'overdose..." U n p a s. "Je t'enfonce moi-même des doigts dans la gorge." Y'a aucune douceur. Juste une p r o m e s s e qu'il ira pas pour crever ce soir. Une nuit de plus qu'il faudra passer. Et le voici déjà à portée de tout. Un signe, vers la douche. "Va te réchauffer." Il le contourne à peine, s'en fout de la p r o x i m i t é. Examine d'une pogne les produits qui sont tombés. Regarde un instant le tout, puis les comprimés avalés. Relâche bien assez vite le flacon, vient à se frotter une paupière. Pour mieux c r o i s e r son propre regard. Et se souvenir, qu'il se fuyait toujours.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 23:20
never goodbye
@jorje garcia

il est terrible, ce spectateur. elle est terrible, sa sentence. qu'il cesse donc de te condamner à mort, avec ses airs d'empereur. mais t'as rien d'un grand gladiateur pace, peut-être juste pas les épaules pour le supporter. et les mots qui accompagnent ses  regards achèvent chaque parcelle de cœur qui subsiste encore. un p a u m é. elle s'imprime dans ton esprit malade cette information indélicate. le ton qu'il emploie, sa manière de le souffler comme une évidence. un paumé pace, quoi d'autre ? pas tout à fait un camé, pas vraiment un mec rangé. un galérien, un minable, un indésirable. et toi, comme un con, tu restes pendu à ses lèvres, alors que ses mots t'achèvent plus encore que ses silences. et t'as pas de défense, t'as aucune défense. tu le dévisages une seconde de trop, avant d'éclater d'un rire qui te déchire les tripes, te détournant presque instantanément, lui présentant ton profil dans un mouvement négatif de la tête. non. non, tu veux pas entendre ça, mais t'as pas le choix. et ton sourire disparaît bien vite, quand on distingue que tu mords l'intérieur de tes joues pour pas répliquer. pour pas craquer

et sa menace enfin
ton regard qui revient glisser sur lui
par en-dessous
le cabot battu par un maître ingrat

d'un geste vague, tu balayes l'air de ta main, chasses ses paroles et sa promesse comme on chasse un nuisible. pas d'overdose. pas ce soir. (pas encore) ça serait trop con.  — pas 'vec un flic sous mon toit. à peine audible, alors que tu baisses le nez vers ta ceinture que t'es déjà en train de défaire. automate rouillé. tu laisses négligemment au sol pantalon et boxer. pas de risque à ce niveau-là, t'es de ceux que l'héroïne ne fait pas bander. de toute façon, il touche pas aux gosses et aux paumés mécaniquement, t'entres dans la douche, refermes à peine la porte vitrée dans ton dos et allumes l'eau. b o u i l l a n t e. elle agresse ta peau gelée et t'étouffes un grognement de douleur, les muscles qui se crispent un peu plus. ça tambourine dans ta tête. le plat de ta main vient d'appuyer contre le carreau. le long de ton visage baissé, l'eau trace son chemin, ruisselle sur tes traits. jorje, tu lui tournes pas le dos par pudeur, tu t'en fous de ta laideur. mais tu lui tournes le dos pour pas qu'il voit ta sale gueule. ta main libre plaquée sur ta bouche, tes hauts-le-cœur contrôlés par ta seule volonté. tes yeux résolument fermés.

respire.
respire.

il est t e r r i b l e ce spectateur, dont tu sens le regard glisser dans ton dos. et elle est terrible, cette confiance a v e u g l e dont tu fais preuve à son égard. ou peut-être que t'as juste les bras baissés, fatalité d'un soir. il pourrait te noyer sous la flotte dégueulasse de brooklyn, est-ce que tu te débattrais ? alors, l'absurdité de la situation te percute de plein fouet, comme une bagnole lancée à toute vitesse, qui te ferait rouler sur la chaussée. ce type qui t'as vu si souvent derrière les barreaux, les poignets liés. ce type que t'as si souvent insulté. ce type que tu hais. ce type qui n'a de cesse de t'envoyer toutes tes merdes à la gueule, encore et encore, sans aucune pitié, aucune compassion, rien que des regards de tyran (comme ton géniteur). au creux de ta main, c'est pas de la gerbe que t'essayes d'étouffer. c'est le bruit de ta peine, un hoquet de tristesse. l'ombre d'un sanglot que t'étrangles un peu plus à chaque seconde. tu fermes les paupières, plus fort encore, te plongeant dans l'obscurité. la flotte sur tes joues ressemble à des l a r m e s, mais personne le verra. en fait, peut-être que si tu fermes les yeux, tu disparaîtras (peut-être que ton père oubliera que tu es là). et cette main qui ne couvrait que tes lèvres remonte un peu plus pour dissimuler ton sale visage. minable. et en dépit de l'eau bouillante, de ta peau réchauffée, t'as le cœur qui gèle à l'intérieur. qui se nécrose un peu plus, glacé. gosse paumé qui crève de honte et répugne la pitié.

gosse
paumé


@ Invité

avatar
   
#
Jeu 5 Déc - 23:50

E T     V O I L À

Il a encore fait des dégâts qu'il sait pas mesurer. Parce qu'on lui dit jamais quand il fait trop mal. Il a les mots qui ressemblent à des crocs. Qu'arrache les rares pansements, en se pensant sauveur. Encore un é c h e c à son actif. Il se doute pas que sous l'eau, y'a une marée haute. Qu'il va dégueuler ses tripes et ses peines, le gosse pour qu'il a cette affection singulière, du flic qu'aimerait bien le voir s'en sortir. Il sait pas, Jorje, les d é g â t s. Qu'il cause, qu'il réveille. Sait pas la place qu'il aurait pu avoir s'il avait été juste un peu plus doux, un peu moins con. Qu'un i d i o t jusqu'au bout. La solitude l'a trop rongé et qu'il a oublié depuis si longtemps ce qu'il en était, des g e n s. Tout aussi paumé que celui d'à côté, sans plus rien à sauver chez lui. Qu'il se dit, chaque jour. Les "ça ira" ont été remplacés par des "va te faire foutre", l'optimisme rongé par le mal qui n a v i g u e si bien en lui. En eux. Alors peut-être bien que c'est lui-même qu'il agresse autant, au travers des autres. Que c'est lui qu'il noie sans arrêt dans la même flaque de merde, sans plus se soucier de ce qu'il emporte avec lui.

S O U F F L E R ?
O
M
B
R
E
R E S P I R E R ?


Y'a juste lui, qu'a récupéré ce qu'il lui fallait. Qui s'éloigne, pour aller tirer la chasse d'eau, pour que la dope s'en aille dans des veines qui sont pas familières, dans les égouts de la ville où elle ne fera de mal qu'aux rats. Il vaut pas mieux qu'eux pourtant, Jorje. Il farfouille, à peine, les aises prises sans rien déranger. Juste une couette d'arraché à son carcan pour la préparer. Abandonnée sur un canapé, lui qui retourne à salle de bain, qui vient à prendre ce qu'il lui faut. Foutu flic. Voué à l'échec, de bout en bout. Même pas capable d'être humain, quand il le faudrait. Toujours h a u t a i n. Il sait plus ce qu'est qu'être désolé, ou peut-être que si, qu'il l'est tellement en continue que les mots lui manquent pour l'exprimer. Il peut qu'attendre après la carcasse usée, qu'il termine de casser. Un bout de fesse, contre le meuble, les bras croisés, une peine qui se fait pas entendre, à côté. Le bruit de l'eau, des formes derrière les gouttes, le verre. L'envie de causer, pour lui dire d'arrêter cette merde, t o u t, puis songer au fait qu'il est personne pour dire ça. Rien, pas même quelqu'un. Un soupir aux allures d'Ulysse qui pour se sauver se nomme personne. Un soupir de personne, un fantôme d'une vie gâchée.

F
R
I
S
S
O
N

Lui aussi a froid, quelque part. Comme si la glace autour de son organe vital était en train de s'étendre à tout le reste. Il lui semble avoir les doigts frigorifiés, à l'image de tout le reste. De cette expression éteinte, si n e u t r e qu'elle sonne fausse. Mais qu'importe, il est personne, l u i. Alors, c'est le mieux qu'il puisse offrir, n'est-ce pas ? Un pouce qui vient à lisser un sourcil, qui vient frotter l'ouverture dans la chair. Une vague pensée, alors qu'il lorgne vers le miroir un instant. Fugacement, à se dire qu'il n'aura qu'à mettre un strap, en rentrant. C'est rien qu'un petit bobo, rien qui ne saura lui faire croire qu'il peut-être encore v i v a n t. C'est deux morts qui traînent dans la même pièce. On dirait le début d'une blague. Sauf qu'ici, personne ne rit. Ou juste jaune. Juste tristement. Les clowns ont été abandonnés dans un coin. Puis sa voix, enfin, qui résonne dans le feutrée de l'intimité. "Tu saurais manger ?" Il attend de savoir, Jorje. Vingt ans qu'il attend, sans jamais savoir quoi faire des réponses.

Faudrait savoir poser
les bonnes questions.

@ Invité

avatar
   
#
Ven 6 Déc - 0:37
never goodbye
@jorje garcia

elle est là ta défaite. ce combat acharné que t'as lamentablement perdu. il s'est pas terminé par un coup de pied à la gorge, il s'est pas terminé d'un coup de poing aux flancs. il prend fin d'un simple regard. le sien, les yeux noirs de ce foutu fantôme qui plane depuis trop longtemps. combien d'années ? pour ton bien, qu'il dira. c'est pour ton bien que je le fais. pourquoi le bien fait si mal dans ce cas-là ? parce qu'il le voit pas, ce salopard de  sergent garcia. il voit pas qu'il frappe (un peu) trop fort, ce soir. qu'en face, y'a pas l'adversaire qu'il attendait. qu'il e s p é r a i t. il pourra rien bâtir sur les ruines de ta vie. t'aimerais le lui hurler à la gueule. que c'était y'a dix ans qu'il fallait essayer. faire quelque chose. ramasser ce qui vacillait encore. que recoller les morceaux, ça sert plus à rien. tu restes beau quand même. et tu piges pas, t'as beau chercher, tu piges pas. tu peux pas piger. tu peux pas comprendre dans cet état. t'es pas assez vivant ce soir, pour saisir que c'est justement ça, le plus important. qu'il est mené là, ton combat.

tu sens plus sa présence.
tu sens pas son absence.
dans ton dos, y'a rien.
l e . s i l e n c e

et sa voix qui te ferait presque sursauter, quand tes doigts chassent l'eau de ton visage, tes yeux (rouges) ouverts se perdent sur la faillance. dis quelque chose. silence. si tu parles, je t'écouterais mais y'a rien. si tu l'ouvres, j'te jure que je t'écouterais. le bruit en est brisé. et jorje se tait. dans l'attente d'une réponse de son poulain, sans doute. mais pace, t'es bien incapable d'articuler. le moindre mot, la moindre pensée. ça glisse entre tes doigts, ça se forme pas. he, jorje, tu vois quoi au milieu du chaos ? quelle constellation peut encore trouver quelconque intérêt à tes yeux, quand même celle d'un corps brisé ne saurait attirer qu'un semblant de pitié. ta main glisse le long des carreaux et tu dois serrer le poing pour la maintenir en place. lentement, il bouge ton crâne, mouvement négatif, signe de tête à peine visible. t'as pas réfléchis à la question. t'essaies pas. à la nausée du cœur s'ajoute la nausée de l'âme. et sans prévenir, l'eau que tu coupes, le silence qui s'installe. tout juste brisé par l'eau qui ne cesse de ruisseler. tu sais pas si tu vas t'écrouler ou éclater. boum tapisser de tes tripes les murs, tapisser son corps de ton sang.

tu te redresses, ouvres la porte vitrée, tends la main pour saisir la serviette que tu noues (trop) lentement autour de ta taille. la fatigue comme un démon, dangereuse somnolence. ça serait irresponsable de t'endormir, là, maintenant, comme ça. c'est ce que tu ferais, si t'étais seul. sans prendre la peine de te faire vomir. t'exposer au risque de t'étouffer dans ton dégueulis. dans ta foutue fierté, dignité envolée. garcia, il l'apprendrait jamais, si tu crevais. il arrêterait simplement de te voir. mais pour ça, il faudrait qu'il t'ait déjà regardé. silencieux, étrangement muet, tu lèves le regard vers lui. une main passée sur ton visage pour effacer l'expression qui commençait à s'y peindre, au pinceau de tes émotions maladroites. ses yeux que tu soutiens de moins en moins, la fuite inévitable de l'âme après tant de méchanceté.

j'veux pas m'en sortir
juste arrêter
de souffrir
j'en ai marre
de courir

y'a pas d'étoiles dans le ciel
seulement des nuages
et de la pollution
c'est noir
n o i r
putain jorje
cri de détresse dans le regard
putain jorje, y'a pas d'étoiles dans mon ciel
y'a rien
c'est vide
c'est noir
l'avenir, il est tellement noir


tu te détournes, juste à temps. ça vient sans prévenir, précipité par la buée, par la chaleur suffocante de la salle de bain. et tes genoux, ils heurtent le carrelage avec tellement de violence qu'on pourrait se demander si tu viens pas de te les exploser.  B A M. ça brûle ta trachée, la douleur hurlante qui arrache des larmes à tes yeux. ça te fait d'autant plus mal que t'as absolument rien à dégueuler. l'estomac vide, autant que l'âme. mélange de bile et de salive que tu craches, plié en deux, une main appuyée au sol, qui te maintient en équilibre, l'autre bras tremblant enroulé autour de ton torse. chaque toux t'arrache un gémissement, chaque respiration se fait sifflante. et l'air qui refuse d'aller jusqu'à tes poumons, tant ta gorge est serrée. à chaque seconde, tu te recroquevilles davantage. et ça dure. ça dure. ça dure une éternité.

tout ça dure depuis une éternité.


@ Invité

avatar
   
#
Ven 6 Déc - 1:04

Aucune réponse. À peine un mouvement, qu'attire l'attention sans le faire. T'es devenu muet, Pace ? Alors il se tait aussi, Jorje. R a t e encore une flèche qu'aurait pu atteindre le coeur. Et le monde s'écroule bien assez vite, alors que la buée dessine sur le miroir des traces, qu'il regarde vaguement. Jusqu'à ce que tout bascule, que les genoux claquent sur le sol, que l'ombre s'effondre. Elle n'avait l'air de rien déjà à la base, se confond désormais avec le reste. La bile remonte, se déverse. Il s'y attendait, Jorje. Se doute juste pas que c'est l'émotion qui prime, qui le fait dégueuler à ce pauvre garçon. Et il approche, doucement, se plie en deux, les genoux qui craquent dans le mouvement. Une pogne qui s'i n v i t e sur la peau du dos. "Ne lutte pas." Plus. C'est brutal, comme sa voix s'est adoucie. L'autre main est posé sur le poitrail, pour lui maintenir, qu'il ait plus l'impression que son coeur va se décoller de sa cage. Il ressent les contractions des muscles, se doute soudainement de la douille, quelque part. De cette côte qu'est devenue mauvaise, à l'exercice de conserver l'oiseau entre ses griffes. Alors il maintient d'autant plus, y donne toute sa force, à ce gars à qui il ne doit pourtant r i e n. Pourtant il est là, les os qui grognent alors que lui, enfin, cesse d'aboyer et de mordre. "Relâche la pression." Les prunelles lâchent pas la victime. Le cabot a le mérite de mordre la main pour mieux guider. Je sais pas faire autrement, Pace.

S
A
H
A
R
A

Des allures de désert, alors que la chaleur de la peau est terrible, à cet instant. Le mal s'expulse et Jorje a tendance à dire que tant mieux. Valait mieux ça qu'autre chose. Et quand le cataclysme se termine enfin, il s'en fout bien de l'odeur, des évidences, des rancoeurs. Il approche encore, fait glisser doucement un bras du gosse pour qu'il s'accroche à son cou. "Viens..." C'est si doux. Si p e r t u r b a n t. Jorje qui a un sursaut d'humanité, qui se souvient de ce que ça peut-être parfois, d'aider son prochain. Qui le fait se relever, pour le guider jusqu'au lavabo, pour tirer de l'eau fraîche du robinet, pour en mettre dans le creux d'une paume. Pour venir lui rincer la bouche, en premier. Puis le visage, avec ses doigts glacés. En silence, méthodiquement, comme si... Comme si enfin il avait compris la valeur de ce qu'il avait brisé. Ses prunelles se reposent sur les traits. Qu'il nettoie, sans lave, sans rien d'autre qu'un peu d'Homme. "Me lâche pas." Qu'il marmonne, alors que c'est à lui qu'il faudrait dire ça. Mais le canapé semble loin à cet instant et il peut que remercier sa condition physique, sans doute, pour réussir à traîner Pace par-là. Pour le glisser dans la couette, avec ou sans serviette encore, qu'importe. Pour le foutre dans un cocon dans lequel il pourra trembler, qu'il agitera sans jamais ressortir comme un p a p i l l o n. "J'vais te chercher de l'eau." Qu'il annonce, après que les pognes ont eu remonté assez la couette. Mouvement lent, jusqu'à la cuisine, pour y arracher un verre, pour le remplir, pour revenir. Pour lui donner, dans un geste banale, normalement. Mais qu'à de la valeur, pour une fois.

T I EN S

@ Invité

avatar
   
#
Ven 6 Déc - 11:38
never goodbye
@jorje garcia

à genoux. elle est là ta prière. que ça s'arrête. le corps secoué de spasmes, de tremblements, qui renforcent un peu plus le sentiment d'angoisse latent. pourtant, t'as déjà vécu pire, que tu te dis. mille fois pire. que ça, c'est rien, un pas-grand chose sans importance, une descente un peu violente qui assèche tes yeux et empêche les larmes de couler comme elles le devraient. ça te ferait du bien pace, de pleurer. une fois, juste une fois. de laisser la carapace se fissurer et de déverser un flot de haine peine. tu le sens pas arriver, tu le sens pas se glisser là, dans ton dos, t'as juste l'échine parcourue d'un frisson quand ses doigts frôlent ta peau. n e . l u t t e . p a s. comment on fait pour arrêter de lutter jorje ? comment on peut perdre sciemment un combat, sans essayer, sans tout essayer. t'as passé ta putain de vie à lutter, à prendre les armes, encore et encore. t'as les doigts trop crispés pour les lâcher. et son autre main sur toi, glissée là par surprise, que t'as même pas senti venir. pris en étau. pris au piège. c'est rassurant, au fond. rassurant, de pas être seul à encaisser. rassurant d'être rien de plus qu'un animal en cage. (ils ont la chance d'être soignés)

seul, t'aurais fini écroulé sur le carrelage glacé.
honteux.
(personne ne l'aurait jamais su)

et progressivement, progressivement la toux se calme. c'est lent, éprouvant. ça laisse un goût amer, une douleur qui s'atténue sans disparaître. t'essaies pas de te débattre, t'essaies pas d'y échapper. la douleur est aussi réelle, aussi présente que l'est garcia. et tu ne peux faire face à aucun des deux, trop concentré sur ta respiration maladroite et sur ta gorge en feu. mais tu la devines, sa douceur, quand il te relève. quand tu réponds à l'invitation tacite, quand ta main glisse sur lui pour s'appuyer sur son épaule. tu la devines, sans la comprendre, sans la cerner. viens comme une main tendue dans le brouillard. dans l'putain de brouillard qui t'entoure. tu te tiens d e b o u t, et l'eau glacée sur ton visage te fait sursauter. gamin fiévreux qu'un parent tenterait de soigner. c'est ça, l'effet que ça fait ? c'est ça, l'affection, l'inquiétude, l'intérêt ? entre les gouttes, entre ses doigts, tes yeux noyés de cet iris trop bleu se relèvent et se posent sur son visage, dans le reflet du miroir. un instant. juste un instant. te confronter à son visage fermé, son air concentré. ses traits où suinte la responsabilité. il te doit rien. alors pourquoi ça semble si n a t u r e l que ça soit, lui, cette nuit, qui occupe précisément cette place dans ta vie ? grognement, ce qu'il te reste de répartie, des tu m'as pas regardé, comme si tu voulais le contredire. (évidemment) tu te laisses guider, étranger à ton propre appartement, jusqu'à ce coin de canapé. (tu le lâches pas, le flic, jamais)

soupir
soulagement

quand tu t'allonges enfin, prends le temps de souffler. tu profites de sa courte absence pour frotter ton visage de tes paumes indélicates, dans l'espoir vain d'essayer de te réveiller, un peu. gueule de bois artificielle, nausée persistante qui s'endort lentement. — putain. inaudible à son retour, qui ne lui est pas destiné, qui n'est destiné à personne en réalité. ton regard se lève vers lui, merci muet, insignifiant au creux de tes p u p i l l e s, quand tu t'appuies sur un coude pour te redresser (ton épaule engourdie craque), quand tu saisis le verre entre ses doigts. une gorgée, seulement, avant que tu ne le reposes, maladroitement, au bord de la table basse. avant que tu te laisses retomber sans douceur sur ton dos douloureux. avant que ton rire rauque ne s'élève un instant, une main glissée sur ton crâne pour te donner un air plus vivant que mort.  — tu fais ça souvent ? materner les déchets de la société, les paumés que seul un miracle pourrait sauver. — nan, réponds pas. dans un souffle, une grimace, quand t'essaies de te redresser, mais que tes os, que tes muscles te hurlent d'arrêter. elle va faire mal, sa réponse, alors, tu préfères ne pas l'entendre. tu serres les dents, l'air de rien, avant de chercher ton portable du regard. tu le repères un peu plus loin. trop loin. — t'veux bien... me l'apporter ? un signe dans la direction de l'objet, le ton presque implorant, incertain. le gamin à qui on a confisqué son j o u e t.

tu sais pas qu'il en a déjà balancé certains.
soi-disant pour ton bien

@ Invité

avatar
   
#
Sam 7 Déc - 13:13

Y'a le cadavre de sa clope, quelque part, dans l'appartement. Qu'il a écrasé, pour s'en occuper d'un autre, bien plus ambulant, qui boit qu'une gorgée. Le regard de Jorje s'est posé dessus, attend le verdict. Arrête de faire ça, qu'il s'attend à entendre. Casse-toi, aussi, éventuellement. Mais non, y'a d'autres mots qui sortent de sous la couette, de ce visage dont il mesure tout l'épuisement. Vous êtes pas dans le même navire, mais vous avez coulé tout les deux. Alors Jorje attend, entend, se demande lui-même s'il fait ça souvent. Il aurait pas su répondre dans le fond, alors ça l'arrange qu'il ne veuille pas la réponse. "Tu poses beaucoup de questions dont tu veux pas la réponse ?" Qu'il demande pour autant, à s'interroger encore et encore, à se dire que la bonne formulation aurait été de dire des questions qu'ont pas de réponse, mais qu'il a retenu au fond de sa gorge. Parce que ça serait un aveu de faiblesse bien plus grand que tout le reste. Que de dire ça, c'était avouer s'être perdu dans des dédales bien plus grandes que prévus. Il pensait en connaître le plan, pourtant.

M
I
N
O
T
A
U
R
E

Il a encore envie de fumer. C'est terrible, ce genre de soirée où le paquet pourrait y passer. Où il a besoin d'un truc entre ses doigts, ses lèvres, pour pas céder à un quelconque autre appel. Comme si c'était son pare-feu à lui, le v i r u s. Il lorgne du côté des affaires qu'on lui indique, avise le portable. Hausse une épaule, vient à aller le chercher, hésite un maigre instant, puis récupère aussi ses clopes avant de revenir d'un pas ou deux et lui tendre. Pas besoin de mots, alors qu'il vient pousser le verre pour se mettre sur le coin de table basse, priant une seconde qu'elle tiendra le choc. C'est qu'il est lourd, la carcasse tellement prise dans des étaux qu'elle en porte tout le poids, désormais. Le briquet est ressorti en même temps qu'une tige de nicotine et bien assez vite, l'air est embaumé par l'odeur de la malbaro fumée. En silence, parce que Jorje, il a rarement quelque chose à dire. Il est juste assis là, l'air pathétique sans doute, à regarder dans le vide, à lorgner dans le hasard d'un truc à regarder. Puis ses prunelles qui reviennent se poser sur le gamin d'à côté. "Tu te sens comment ?" Qu'il demande, finalement, parce que c'est ce qu'on doit faire, quand on est normal. S'interroger de comment vont les gens, ne pas toujours leur mordre la chair, les laisser respirer. C'est pas naturel, chez lui. La seule fois où il a pu réussir, c'est parce qu'il mentait. Tout le temps, jusqu'à dire o u i devant un abruti de prêtre qui l'aurait chassé de son église s'il avait su la vérité. Comme tout le monde.


comme tout le monde.

@ Invité

avatar
   
#
Sam 7 Déc - 23:45
never goodbye
@jorje garcia

tu l'ignores, sa remarque, concentré sur ta respiration tranquillisée (pour combien de temps), sur un mal de crâne naissant et sur cette gêne au fond de ta gorge p e r s i s t a n t e. elle est pas compliquée, la réponse que tu attendais. que t'aurais voulu entendre par-dessus tout, le genre de phrase qu'on ne formule qu'une fois en vérité. N O N. vérité tacite, le silence pour étendard. non. non, mais si je le fais, c'est parce que c'est toi. non, jamais. non, pas si souvent que ça. non, tu vois, tu en vaux la peine. peut-être même que t'es exceptionnel. mais il la ferme et toi aussi. tu ne le sauras jamais. c'est sûrement mieux ainsi. dans cette foutue ignorance, y'a pas d'espoir, y'a pas de déception. alors, c'est vide (vidé) que tu le suis du regard. sa carrure, voûtée, sa silhouette faiblarde qui s'éloigne un instant, roule des mécaniques, ou peut-être que c'est simplement sa démarche, ce pas lourd pas tout à fait familier, mais plus vraiment étranger. et c'est sans le remercier, que tu reprends ton téléphone en main.

sourcils qui se froncent.
le teint rendu livide par la lumière de l'écran.

t'as les yeux qui mettent quelques secondes avant de t'habituer à l'interface du téléphone et t'as l'intuition que tu pourras pas l'utiliser longtemps avant d'accentuer la nausée qui te bouffe. sans attendre, t'ouvres le répertoire des contacts et commences à la parcourir, concentré. mais tu peux pas t'empêcher de froncer le nez à l'odeur nauséabonde de la nicotine. t'as peur que ça réveille ta gerbe. tu dis rien, pourtant. t'as la sensation de rien avoir à lui dire. alors tu la fermes, jusqu'à ce qu'il prenne parole. jusqu'à ce que tes yeux glissent un instant vers lui. — mal. il s'attendait peut-être à une folle répartie, lancée un peu au hasard. ou peut-être qu'il espérait autre chose, un va te faire foutre. quelque part, c'est amusant, d'être aussi franc. mal. tu te sens mal. et après ? il n'y peut rien, il n'en fera rien. cette information n'est là que pour l'embarrasser.

tu te détournes et appuies sur un nom dans les contacts, avant de porter le téléphone à proximité de ton oreille. sans l'y coller tout à fait. une intuition, peut-être. et après quelques secondes, celle-ci se confirme. le numéro que vous demandez n'est plus— — putain ! tu lui laisses pas le temps de bouger, de sursauter ou de s'écarter. d'un geste rageur, tu balances le portable sur la table basse, tout près de garcia. mais l'objet glisse sans trop de bruit et tombe de l'autre côté sans même le frôler. toi, t'as déjà plaqué les paumes de tes mains sur tes yeux, en quête d'un plan b. — fais chier. soufflé d'une voix brisée, où transparaît l'impuissance. soupir, ta langue glisse un court instant sur ta lèvre inférieure, te laissant le temps de reprendre tes esprits, de réfléchir, de te préparer à la suite. mais y'a rien qui vient. ton contact ne répond plus. t'as pas d'autre solution. ce foutu médecin ne donne plus signe de vie et tu continues à te ruiner la gueule. même à l'hôpital, tu ne le croises plus depuis des semaines.

il était le seul à accepter de te voir au black,
à pas te faire payer les soins
m é d o c s
plutôt que médecin ?

— garcia. tes mains glissent sur ton visage, ton cou et s'y arrêtent, là, juste au-dessus de l'hématome. — t'connais pas. silence. — j'sais pas. quelqu'un. d'pas trop r'gardant. nouvelle hésitation. m e n s o n g e. t'hésites pas. tu le jauges. tu le fixes au fond de ses foutues prunelles noires, en désignant d'un geste vague les blessures. avec cette question qui plane comme une épée de damoclès au-dessus de ton crâne. — d'pas trop cher. qu'pourrait faire quelqu'chose. est-ce que tu peux lui faire confiance ?


@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum