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La Plèbe (tw : pensées pas cool)

@ Invité

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Sam 14 Déc - 11:27


La Plèbe (tw : pensées pas cool)
feat @Leone Castelli

Destin ou non, le jour de son rendez-vous à l’hôpital universitaire de New York, les douleurs étaient revenues, plus fortes que les jours d’avant. Ornella s’était réveillée avec un sous-vêtement souillé, la colère lisible sur ses traits malgré un visage impassible. C’était la deuxième culotte qu’elle mettait à la poubelle cette semaine, ça commençait vraiment à l’agacer.  Le bas de son dos le lançant comme après avoir porté des talons aiguilles durant 24h, elle se résigna à porter une protection hygiénique pour éviter de nouvelles fuites. Tout ce sang gâché, n’importe quoi. Elle ne savait même pas si la coupe menstruelle était une bonne idée avec ce qu’elle avait ! Elle avait changé,  ne supportant plus les tampons, mais peut-être que du silicone, ce n’était pas mieux. Bon, elle en aurait des questions à poser à ce cher gynécologue italien. Heureusement pur lui, qu’il était italien, bien que les origines de sa famille prouvent à la Sciarra qu’il n’était surement pas friand des épopées vengeresses de la Cosa Nostra. Mais bon, elle allait consulter en tant que propriétaire d’un casino, pas Parrain de la plus puissante mafia italienne. Ça aurait été difficile de s’intégrer à la plèbe en arrivant avec un tel titre. Parfois, il fallait bien qu’Ornella descende de son petit trône pour gérer des soucis d’ordre purement humain. Foutu cancer.

Le trajet jusqu’à l’hôpital fut rapide, elle avait mis ses écouteurs, n’appréciant pas partager sa musique avec le chauffeur. Elle aimait se sentir dans sa bulle à ces instants où l’humanité la frappait de plein fouet, lui prouvant par a + b qu’elle aussi, pouvait être fragile dans cet univers.  N'adressant la parole à personne, un simple coup de menton remercia Milo, son chauffeur personnel. Seule dans la rue officiellement, elle était pourtant surveillée de près par Andrea, son garde du corps, en jean aujourd'hui qui avait pris un faux rendez-vous pour un supposé don de sperme. Elle passait à 9h, lui à 12 mais lui était arrivé en avance rien que pour la surveiller comme à son habitude. Car les rendez-vous de ce genre, Ornella n'en était pas à son premier bien que ce soit la première fois qu'elle rencontrerait ce médecin.
Vêtue d'un pantalon de coton simple et d'une chemise noire, elle attendait son tour, assise dans la salle d'attente, les bras croisés, le menton haut. Une femme en face d'elle était s enceinte que pendant un instant, la signora se demanda si elle était au courant des douleurs que l'accouchement engendrerait. Elle hésita à lui dire quand son identité fut appelée. Elle avait hésité à se trouver une fausse identité mais à vrai dire, il n'y avait que les couards qui agissaient ainsi ! Peut-être qu'avec un peu de chance, si la rumeur de son cancer du col de l'utérus filait entre les doigts des médecins, les hommes arrêteraient de la regarder comme un gibier à mettre au four.

- Bon courage.

Qu’elle murmura à l’attention de la future mère, avec le plus faux des sourires.

@ Invité

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Sam 14 Déc - 18:06
Saluant sa patiente, la compagne de cette dernière et leur petit garçon, Leone les raccompagna jusqu’à la porte de son bureau avant de leur donner rendez-vous pour la prochaine échographie et de retourner s’asseoir rapidement, le temps de rentrer quelques données pour le système informatique de l’hôpital, puis de consulter son emploi du temps. Les plages horaires consacrées aux consultations étaient généralement parmi les plus chargées, car il s’agissait de voir le maximum de personnes en un minimum de temps, puisque ni les journées, ni le nombre de médecins disponibles n’étaient extensibles. Et il s’agissait également de véritables rollercoasters émotionnels, s’il pouvait s’exprimer ainsi, puisqu’il passait généralement du coq à l’âne, ou plutôt d’un problème de fertilité à une première consultation gynécologique en passant par une ménopause précoce, voir un cancer. Bref, le panel était large, les larmes courantes, de joie comme de douleur, et comme souvent, l’italien ne pouvait s’empêcher de penser que son métier lui faisait accéder aussi bien au sublime qu’au cruel.

Rapidement, il chercha le dossier suivant, le compulsa en diagonale histoire d’avoir à nouveau tout en place, et se leva pour ouvrir à nouveau afin de faire signe au secrétariat, qui appela le nom en question. Souriant, comme toujours, Leone tendit la main à la femme à l’élégance racée malgré les vêtements simples qui arriva. Ornella Sciarra, donc, puisqu’il pouvait enfin mettre un visage sur l’imposant compte-rendu des antécédents qui lui avait été transmis se porta à sa rencontre. Tout en lui serrant la main, le chirurgien déclara, affable :

« Madame Sciarra, je suis le docteur Castelli. Entrez, entrez. »

Son bureau avait la particularité d’être assez dénudé, au sens où, contrairement à plusieurs de ses collègues, il n’aimait pas afficher des photos d’enfants qu’il avait aidé à mettre au monde ou à concevoir sur ses murs, compte tenu de la teneur de certaines de ses consultations, trouvant la chose maladroite. Il les avait sur son ordinateur, et c’était bien suffisant. A la place, il y avait de grands posters de prévention pour les infections sexuellement transmissibles, les dépistages des cancers féminins, et plusieurs numéros d’urgence pour différentes situations. Une petite pile de flyers était disposée sur une table à l’entrée, près de la porte, disponible pour être prise discrètement en s’en allant. L’une des rares choses personnelles était ses diplômes, accrochés discrètement dans un coin de la pièce, et une ou deux photos personnelles sur son bureau, tournées vers lui. Sur le côté, il avait également une commode avec quelques jouets, afin de faire patienter les petits pour soulager les femmes qui ne pouvaient faire garder leurs enfants pour une consultation. Désignant les sièges, Leone ajouta à l’adresse de sa patiente :

« Asseyez-vous, je vous en prie. »


Lui-même retrouva donc sa place derrière son bureau, et il ouvrit sur l’ordinateur le dossier numérisé de la visiteuse, envoyé lors de son enregistrement à l’accueil et lors de la prise du rendez-vous. Le motif donné pour la visite était inscrit, corroborant les informations obtenues chez le médecin vu précédemment. Et comme souvent dans ces cas, Leone préférait ne pas commencer de but en blanc par le véritable objectif du rendez-vous, ou du moins ce qu’il pensait être ce dernier. Ou du moins, l’amener avec autant de tact que possible, parce qu’à vrai dire, il ignorait si elle voulait un second avis, entamer un traitement, s’il s’agissait de quelque chose fait dans l’urgence ou presque … Bref, et tout simplement, c’était à son avis beaucoup mieux pour établir un contact sain.

« Alors … si j’ai bien compris, vous venez me voir pour des douleurs pelviennes accompagnées de saignements importants et répétées, c’est bien cela ? »

D’abord, caractériser le problème immédiat. Ensuite, cerner ce dont il se trouvait être le symptôme.

« Je ne vous mentirais pas, compte tenu des informations contenues dans votre dossier médical, et des derniers résultats de vos analyses que j’ai, il est probable que ce soit dû au diagnostic qui a été posé par le confrère que vous avez vu avant moi.

Ce sont des symptômes courants dans le cas des cancers du col de l’utérus. »


Les faits étant posés, Leone arrivait à la dernière partie de ses introductions classiques :

« Néanmoins, avant toute chose, il serait sans doute mieux, pour vous comme pour moi, que vous me décriviez votre parcours, quels sont les symptômes que vous ressentez, maintenant, et avant, que j’ai une vision plus complète de la situation. »

Du moins, si vous le souhaitez. »

@ Invité

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Ven 3 Jan - 19:44


La Plèbe (tw : pensées pas cool)
feat @Leone Castelli

Le gynécologue était comme on lui avait décrit : l’air assez jeune, souriant sans en faire trop, avec un léger accent qui trahissait ses origines. Rien de très inquiétant en vitrine mais Ornella était très bien placée pour savoir qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Sur le papier, elle avait l’air d’être une de ces femmes contemporaines, prônant l’indépendance et l’égalité des sexes. En réalité, elle prônait bien l’indépendance et l’égalité des sexes mais avec un soupçon de totalitarisme sans même chercher à le dissimuler. Contemporain, c’était vite dit.
Serrant la main au médecin, elle se l’essuya discrètement sur son pantalon avant de prendre place sur la chaise. Pas très confortable, elle aurait préféré un fauteuil molletonné mais elle n’était pas ici pour se faire faire une pédicure. De toute façon, l’un et l’autre n’était pas très agréable quoi qu’en dise ls magasines.

D’un signe du menton, elle acquiesça face à la demande du gynécologue. Les mots, elle les entendait sans vraiment les écouter, quelque peu curieuse de mieux comprendre l’homme qui était assis en face d’elle. Ornella était quelqu’un de curieuse, appréciait comprendre les autres sans pour autant s’y intéresser. Plus on démêlait le faux du vrai dans une personnalité montrée hors de la sphère intime, plus on était apte à contrôler l’autre. Et bien qu’il s’agisse de son gynécologue, il était important que la signora sache exactement quoi faire si cet homme se réveillait être acheté par un clan adverse ou même par sa propre famille. Bien que la Cosa Nostra soit régie d’une main de fer, certains avait encore des difficultés à accepter qu’une ragazza, encore plus la petite Ornella Sciarra soit aux commandes d’une société centenaires et patriarcale. Contemporain, oui c’était vraiment vite dit !

Laissant son sac à main sur ses genoux, le visage aussi avenant qu’elle le pouvait, Ornella adressa un large sourire à son médecin. On avait beau dire d'elle qu'elle était un requin, il était certain que sa dentition n'avait rien de celle d'un squale : plus alignée et polie, ça n'existait pas.

- Je ne doute pas du diagnostique posé par le Dr Faller, Dr Castelli. Je n’ai juste pas apprécié la façon donc cet homme insinuait que j’étais responsable de mon cancer.

Le ton bien choisi, les trémolos ajoutés par parcimonie sur la fin de la phrase, Ornella était avant toute chose une manipulatrice hors pair. Depuis toute jeune, elle avait cette faculté à fasciner quiconque la rencontrait, ce qui lui permettait de jouer de son intelligence plutôt que de ses charmes. Vu la petite poitrine qu’elle affichait et sa taille menue, elle n’aurait pas été très loin dans cette branche d’affaires. Son intelligence lui avait ôter pas mal d’épines du pieds quand elle y repensait !

- J’ai vécu trois avortements, dont un clandestin quand j'avais 19ans et qui n'a pas fonctionné.

Au terme clandestin, les yeux se baissèrent, la lèvre mordillée, feintant la gêne. L’homme en face d’elle comprendra aisément de quelle technique clandestine elle parlait. À vrai dire, ça avait été surement l’une de ses plus grandes douleurs physiques, même une balle reçue ne faisait pas autant pleurer. Mais jamais elle n’en avait parlé plus que ça, jamais elle n’avait raconté à qui que ce soit, même à Pietro, son confident, ce qu’elle avait fait pour empêcher la naissance de Dexter. Finalement, elle n’avait pas regretté bien que ces derniers années avaient remis en question cette pensée. Sacré Dexter, bien le fils de sa mère quoi qu’on en pensait.

- Les deux autres ont eu lieu à mes 27ans et à mes 41ans. Selon lui, les avortements peuvent aggraver les risques de cancer.

Faisant une pause avant de reprendre aussi vite, l’émotion trahissait légèrement sa colère envers cet homme qui avait jugé bon d'emettre un avis sur elle en tant que femme au lieu de se taire et de faire son travail.

- Même si c’est véridique, j’ai trouvé ça culotté de remettre en cause mon choix en tant que femme de ne pas avoir d’autres enfants. Je prenais la pilule mais mon rythme de vie rend parfois difficile la prise à heure fixe. J’ai eu des oublis, j’en suis responsable mais nul besoin de me blâmer pour ça.

Faisant un geste de la main, elle replaça son dos correctement dans la chaise, ayant avancé un peu en parlant plus précipitamment avant de reprendre.

- Pardonnez mon agacement, peut-être que ce docteur ne voulait pas dire ça mais je l'ai pris ainsi. Ça m'a beaucoup blessé.

L’air faussement attristé pris, il y avait malgré tout un peu de vérité là-dedans : elle qui avait travaillé comme personne pour qu’on oublie sa condition de femme dans un monde faits de loups misogynes, avoir l’impression que cette même condition rendait son avenir incertain l’énervait. Elle aimait sa féminité et même s’il avait pu choisir, Ornella aurait opter pour le genre et le sexe féminin malgré toute les difficultés que ça comporterait. Et elle ne partirait pas de ce monde avant d’avoir enfoncé dans le crâne de ces italiens qu’une ragazza était aussi capable de gérer une mafia qu’un homme, voir mieux selon elle. Et ça n’était pas un cancer qui allait l’arrêter alors qu’elle avait vécu bien pire au cours de ces dernières décennies.

@ Invité

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Sam 11 Jan - 18:53
Parfois, Leone se demandait sincèrement pourquoi certains de ses collègues avaient choisi la spécialité de gynécologie-obstétrique quand il entendait ses patientes lui parler de leur médecin précédent. Et quand il entendait certains parler, en fait. De son point de vue, quand on choisissait de travailler dans ce domaine, cela n’incluait pas uniquement le fait de mettre au monde des bébés, aussi joyeux cela soit-il. La santé des femmes ne se limitait pas à leurs fonctions reproductives, tout de même … Pourquoi donc, de surcroît, était-ce l’une des rares spécialités où les choix des patients allaient être à ce point questionnés ? Cela n’allait jamais, à en croire quelques-uns. Bon, peut-être en pneumologie, pour les fumeurs, mais sinon … Enfin, sérieusement, un cancer, c’était un cancer. Personne ne demandait à une personne souffrant d’un cancer de la prostate son nombre d’éjaculation par mois, même si on savait quel rythme était le plus bénéfique statistiquement parlant ! Et accessoirement, on ne passerait pas de lois pour l’empêcher de le faire, aussi. Bref, dès les premières explications de sa nouvelle patiente, le trentenaire avait senti qu’il allait encore devoir réconcilier quelqu’un avec la médecine parce qu’un imbécile n’avait pas su se taire. Ce qui, autant être honnête l’agaçait particulièrement. Il n’avait qu’à choisir une autre spécialité, ce docteur, et garder ses jugements à l’emporte-pièce pour lui.

Il écouta donc en silence la femme en face lui expliquer pourquoi elle se trouvait dans son bureau, à savoir, comme il l’avait compris, qu’elle n’avait pas apprécié les propos de son précédent médecin. Cela rendait les choses à la fois plus simples et plus compliquées. Plus simples, car le problème n’était pas l’acceptation d’un diagnostic difficile et douloureux, ce qui pouvait arriver et n’était jamais simple. Plus compliquées, parce que personne n’aimait désavouer un confrère d’une part, et parce qu’il fallait rétablir une confiance brisée d’autre part, ce qui n’était jamais aisé. Elle avait confié son expérience, et on l’avait utilisé contre elle. Très agréable, n’est-ce pas ? Accessoirement, c’était comme d’habitude un tissu d’âneries, ce qui avait définitivement le don de l’énerver. Se battre contre des ignorants était une chose, contre des individus avec la même formation que lui en était une autre. Enfin, heureusement que ses années comme bénévole au Planned Parenthood lui avaient tanné cuir de ce côté. A force d’entendre la même ritournelle, du reste, il connaissait ces arguments par cœur. Un avantage certain. Une fois qu’elle eut terminé, Leone lui offrit un sourire sincèrement contrit, avant de répondre doucement :

« En vérité, je crains que c’était exactement ce que mon confrère voulait dire, et j’en suis vraiment désolé, c’était hors de propos et non professionnel. En effet, il s’agissait de vos choix, et juger votre passé n’aidera pas à améliorer le présent.

Accessoirement, ce sont également de véritables légendes urbaines. Etudes après études, le collège des gynécologues-obstétriciens de ce pays démonte ces rumeurs … mais manifestement, cela ne sert à rien. »


Gentiment, il ajouta :

« Un avortement clandestin peut en effet avoir des risques, mais précisément parce qu’il n’a pu être réalisé dans des conditions optimales, et à vrai dire, nous aurions plutôt été face à des infections ou des difficultés au niveau de la procréation. Ce qui n’a apparemment pas été votre cas. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’avoir un accès plus aisé, pour éviter des complications immédiates. »

Etrangement, il était à peu près certain que son éminent collègue ne serait pas non plus d’accord pour cela. Et vraiment, on se demandait pourquoi !

« Ici, nous allons nous concentrer ensemble sur votre état actuel, et quand j’aurai un panorama actualisé, je pourrai vous proposer un protocole adéquat de traitement, avec un éventuel panel d’options. A moins que vous n’ayez commencé quelque chose suite à votre dernière consultation … ? »

@ Invité

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Mer 15 Jan - 9:48


La Plèbe (tw : pensées pas cool)
feat @Leone Castelli


C’était intéressant, de voir un médecin en dénigrer un autre tout en mettant les manières pour éviter de l’avouer au patient. Pourtant, à travers les mots du Dr Castelli, Ornella pouvait sentir son animosité (même si cet homme n’avait pas l’air d’être quelqu’un de bien méchant) et sa colère d’avoir des retours aussi difficiles de la part d’une patiente. Ça ne faisait que quelques minutes qu’elle le connaissait mais elle l’aimait bien. Pas pour son avis tranché sur le Dr Faller, non, ça, elle n’en avait cure. C’était plutôt sur sa façon de présenter les choses et de descendre son collègue sans que ça soit compréhensible. Un certain talent pour les mots et l’enrobage, Dr Castelli, bien que son métier l’en oblige certainement. C'était amusant.

Souriant légèrement à l’italien, elle acquiesçait simplement à ses dires sur les avortements clandestins. Non, ça n’était clairement pas la meilleure des méthodes mais à l’époque, et surtout quand on provenait d’une famille où la religion interdisait les avortements, il n’y avait pas d’autres solutions. À cet âge, elle n’avait pas encore le pouvoir de décision et même maintenant qu’elle l’avait, Ornella se recevait toujours des remarques acerbes dans le dos, de ses collègues masculins et même féminins (ce qui était le pire quand on y pensait). Et puis, le premier enfant, dans la mafia sicilienne, avait toujours été perçu comme un don du ciel, encore plus quand c’était un garçon. Le poids de la patriarcalité était toujours aussi lourd, même en 2020.
Heureusement pour eux, l’avortement avait échoué, Dexter était né. Heureusement pour elle, personne n’avait appris ce qu'elle avait essayé de faire. Sa famille l'aurait tué sur le champs malgré son statut d'héritière.

Le regard toujours ancré dans celui de l’homme, elle fit un dernier geste de la tête, toujours aussi souriante avant de reprendre.

- Je n’ai rien commencé, mon emploi du temps est assez fourni bien que je puisse l’organiser à ma guise.

Passer des heures à l’hopital pour se recevoir des rayons en pleine figure, ça n’était clairement pas une priorité pour elle. Sa santé dépérissait, peut-être mais sa soif de pouvoir, elle, ne faisait que s’accroitre d’années en années. Elle n’avait jamais été si puissante, si respectée, ça n’était pas un foutu cancer qui l’a mettrait au sol. Une balle, peut-être, et encore.

- Les douleurs sont parfois compliquées à gérer, tout comme les pertes de sang mais… Je ne suis pas pour les rayons ou un traitement lourd qui m’empêcherait de continuer à travailler normalement.

Pas vivre, pas aimer. Travailler. Ornella savait ce que de tels traitements lui couteraient et de plus, il était fort possible que ça se perçoive sur son physique et son énergie. Tout sauf ça, elle qui avait tenu toute sa vie ce masque de fer, elle n'allait pas le laisser s'effriter pour une quelconque maladie.

- Je suis ménopausée, mon utérus ne me sert plus, je ne vais pas me fatiguer à me battre, j'ai d'autres combats bien plus importants à mener.

Il y avait dans sa voix une fierté puissante, d’être une femme pour qui les choix étaient déjà faits. Sa féminité l’ennuyait ? Soit, elle n’en avait pas besoin concrètement. Ce n’était pas son utérus qui faisait d’elle une conquérante.

- Mais je suis bien entendu ouverte à vos conseils, sinon je ne serais pas là mais sur une table de chirurgie avec le Dr Feller.

Le sourire ponctua le nom de l'ancien médecin. Car lui aurait été facile à acheter à la différence du Dr Castelli qui avait plus de jugeote que beaucoup de ses hommes réunis.

@ Invité

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Mer 22 Jan - 17:28
Hochant la tête tout en notant les précisions de sa patiente vis-à-vis des douleurs et des pertes, Leone ne put s’empêcher de penser qu’il arrivait au moment critique de l’entretien. Il y avait deux cas de figures, généralement, dans de tels cas. Les premières patientes, comme dans les autres branches de la médecine, suppliaient souvent de garder leurs organes, ce qui était éminemment compréhensible, notamment pour celles ayant des projets d’enfants. Les secondes, et c’était là une particularité notable de l’exercice gynécologique, préféraient opter, parfois préventivement, pour une ablation de l’organe concerné. Pour autant, il n’était pas certain, dans les deux configurations, qu’il soit possible d’accepter, d’encourager, ces demandes, tout simplement car il était entièrement possible qu’elles mettent en danger la vie de la personne face à lui. La question était simple : Ornella Sciarra avait-elle seulement la capacité d’affirmer une telle position sans y laisser la vie ? Car oui, à cet instant précis, le chirurgien savait qu’il allait devoir poser, même sans informations complémentaires, des mots qui auraient un sens particulièrement fort. Bien entendu, il aurait pu botter en touche et attendre les nouvelles images. Cependant, il avait déjà, au vu des premiers résultats envoyés par son collègue, une opinion assez correctement formée, et doutait très fortement qu’il change … si ce n’est en pire. Préférant néanmoins regarder à nouveau, le trentenaire se leva et, prenant les scans posés sur son bureau, alla vers un tableau blanc et les attacha avant d’allumer la lumière pour mieux les observer. Il resta un instant à nouveau à les observer avant de se tourner vers sa patiente, qui devait sans doute attendre son jugement, son avis, son conseil. Cherchant les bons mots, tout en doutant qu’il y en ait réellement, Leone prit une inspiration avant de déclarer :

« Afin d’être certains, j’aimerai de nouveaux scans, pour bien constater l’évolution que je pressens au vu de ces premiers résultats. Néanmoins, je préfère que nous ayons une vue globale et entièrement actualisée avant de prendre la moindre décision.

Je peux vous envoyer maintenant, ou un peu plus tard dans la journée, mais le plus tôt serait le mieux. »


Objectivement, il n’y avait que peu de temps à perdre, et compte tenu aussi des délais parfois pour prendre les nouveaux rendez-vous, même si, évidemment, suivant les situations, il pouvait en ajouter ou en déplacer certains, l’italien avait toujours tendance à préférer agir vite, surtout qu’il avait d’excellents contacts dans les services afférents de l’hôpital, aussi il était toujours plus utile d’en profiter. Et là, de son point de vue, la situation l’exigeait. Pour autant, il avait l’intention d’être honnête, afin que la femme face à lui n’ait point d’illusion, d’espoir qui risquait, à presque quatre-vingt-dix pour cent, d’être déçu, et cruellement.

« Maintenant … je tiens à être parfaitement honnête avec vous, Madame Sciarra. Je ne tiens pas à préjuger des résultats nouveaux qui vont nous parvenir, mais je pense que vous et moi savons tous les deux qu’il y a fort peu de chances qu’une amélioration naturelle se produise, surtout à un stade avancé.

Il est … possible que l’hystérectomie seule, voire une ovario-hystérectomie, soit l’ablation des ovaires et de l’utérus ne suffisent pas. Voilà pourquoi je désire avoir des images nettes, car compte tenu de vos symptômes et des images dont nous disposons déjà, je crains que les parois utérines soient atteintes … Ce qui signifie, pour être parfaitement clair, qu’aucun chirurgien, aussi doué soit-il, ne pourra retirer l’intégralité des cellules cancéreuses avec son bistouri. »


Leone n’avait caché la vérité à ses patientes. Il essayait de dire les choses avec tact, avec dignité, mais estimait que tout patient avait le droit à une information juste et honnête avant de prendre toute décision possible.

« Nous adopterons cependant les solutions suivant les résultats de vos analyses, d’accord ? »

Bien entendu, avec l’oncologie, il pouvait y avoir des solutions pour adapter les traitements préventifs, suivant l’ampleur du cancer. L’idéal, évidemment, serait dans son esprit une thérapie ciblée pour lui permettre d’opérer sans crainte, afin de sauver la vie de sa patiente tout en évitant aussi les risques sur la table qui se profilaient en l’état. De fait, précisément, en l’état et sans indication contraire, Leone était opposé à toute intervention, considérant qu’il n’y aurait que peu d’amélioration comparativement à l’étendue du problème, et qu’il y avait surtout un risque plus que conséquent d’hémorragie fatale. De cela, il ne fallait point douter. Même si ce constat le désolait profondément.

@ Invité

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Dim 2 Fév - 15:35


La Plèbe (tw : pensées pas cool)
feat @Leone Castelli


Elle le regarda faire, resta silencieuse en voyant les radiographies de son corps exposées ainsi à la vue du docteur. Au moins, il faisait attention aux détails et cette caractéristique était appréciable. Par contre, l’idée de lui prendre un peu plus de son temps ce matin pour faire quelques scanners, c’était moins plaisant. Ornella avait beau organiser son emploi du temps comme elle le convenait, ça ne signifiait pas qu’elle pouvait le changer avec la dextérité d’un yogiste. Bien au contraire, chaque heure était souvent occupée, que ça soit pour le casino ou pour la mafia et il était hors de question qu’elle manque une affaire pour se recevoir quelques rayons sur l’entre-jambe. Il attendrait.
Du moins, c’était ce qu’elle souhaitait lui dire avant qu’il reprenne le parole pour lui annoncer une possibilité que personne n’avait encore évoqué avec elle. Par pudeur ou par crainte, ça, elle ne le savait pas mais le médecin généraliste qu’elle avait sous ses ordres n’avait jamais évoqué la probabilité que sa vie serait en danger, plus que son utérus en tout cas.

Prenant la mesure des mots qu’il articulait, la donna resta quelques instants silencieuse, les yeux calqués sur le chirurgien.  Il ne lui faudrait qu'un message tapoté sur son téléphone pour que ce dernier se retrouve avec une balle dans le corps ou ses lèvres cousues. Mais ça ne réglerait pas le soucis de la sicilienne qui, enfin arrivée là où elle aurait toujours du être, se retrouvait potentiellement en danger de mort. Du moins, en danger de mort À CAUSE de son fichu utérus, même pas par la faute de son métier.

- Je comprends. Je ne pourrais pas faire de scanner aujourd'hui, mon agenda est déjà complet mais je peux essayer de me libérer dans les jours qui viennent. Pas besoin de me prendre un rendez-vous, j'ai quelques contacts dans un centre d'imagerie privé.

Car autant, discuter de ses soucis de santé avec un chirurgien, elle n’y voyait pas de soucis mais commencer à mettre d’autres gens au courant, c’était différent. Même si un jour, ses opposants apprendraient ses soucis de santé, elle aimerait contrôler cette information tout comme elle maitrisait sa vie : avec précision et en laissant filer les détails souhaités.

- Je ne vais pas m’arrêter de vivre avec cette information Docteur Castelli et comme vous le dites, nous verrons en fonction des résultats.

Sa voix était impeccable, pas froide, ni attristée. Non, rien n’allait changer le courant de l'existence d'Ornella Sciarra et elle n'était pas du genre à faire des plans sur la comète à cause d'un chirurgien potentiellement trop pointilleux. Et même si ça n'était pas le cas et qu'il avait raison, elle verrait pas la suite comment faire au mieux. Mais pour le moment, elle avait une entreprise à gérer  et une couronne à garder.

- En attendant, avez-vous quelques conseils utiles pour diminuer les douleurs ? Ou m’annoncer que j’allais peut-être y passer était la seule information utile de la journée ?

Le sarcasme pointait enfin le bout de son nez, sans être trop insultant envers le chirurgien. Servi avec un sourire dès plus délicat, il allait surement y voir une tentative de dédramatiser la situation alors qu'au final, il ne s'agissait que d'un pur jugement de la part de la donna : elle s'était attendue à ce que la mort lui arrive par un ennemi ou un frère d'armes sicilien, pas par un homme en blouse blanche dont le professionnalisme n'égalait que le dessin parfait des boucles brunes. Au moins, il était italien, elle avait eu raison sur un point.

@ Invité

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Dim 12 Avr - 18:01
« Je suis navré si j’ai manqué de tact, Madame Sciarra. Ni si je me suis fait mal comprendre : vous êtes ici, et je vais faire en sorte qu’au contraire, vous surmontiez cela. Dorénavant, nous sommes … comme une équipe, en quelque sorte ? C’est pourquoi je préfère être honnête avec ma partenaire dans cette bataille sur mes estimations de traitement, d’accord ? »

Leone espérait sincèrement que sa patiente n’ait pas mal pris ses propos, ou qu’il ait causé par inadvertance, en pensant que son confrère précédent lui avait fait un panorama complet de la situation, un choc trop important. Il fallait qu’elle ait confiance en lui, et d’une certaine façon, lui en elle : c’était primordial pour l’observance des traitements à venir, mais aussi pour qu’elle puisse poser librement ses questions, lui parler et ne rien omettre. Tisser ce lien, ce partenariat oui, c’était aussi un aspect de son travail. Opérer à la chaîne, tout en omettant l’humain, cela n’avait pas grande importance : on avait beau être un dieu du bistouri, si le reste ne suivait pas, on finissait fatalement par se retrouver avec un élément omis, et une mauvaise surprise au bloc. Il se souvenait encore de ce grand ponte trop sûr de lui, durant sa résidence qui, pour avoir omis un bête scanner dans l’espoir de réaliser sa nouvelle procédure vedette, s’était retrouvé avec un formidable fiasco qui avait fait les choux gras de la presse médicale. Ses oreilles bourdonnaient encore de la tempête, plus tard, qui avait eu lieu, car le fautif ne pouvait être qu’un interne, un résident, bref, un inférieur. Point le grand maître trop pressé, bien entendu. Il s’était promis d’emprunter un chemin différent. Alors oui, il s’attachait à ses patientes, un peu trop, évidemment. Il suivait leurs histoires, leurs malheurs, leurs joies, et quand elles sortaient, il leur offrait des roses ou du chocolat. Mais avant d’en arriver là, il fallait surmonter la peur, la distance, vaincre les défenses érigées pour se protéger, souvent, pour continuer à aller de l’avant. Il lui semblait qu’Ornella Sciarra était de ses personnes qui usaient du sarcasme comme un bouclier déflecteur, du cynisme pour tenir la vérité le plus loin possible et essayer de maintenir cette aura de femme occupée, de dame, en quelque sorte, pour ne pas faire voir ses faiblesses. Il était probable, néanmoins, que ce mur se fendille. Il n’avait cependant pas le courage de le dire. Et puis, mieux valait espérer le contraire. Sortant son bloc de feuilles de prescriptions, il commença à donner :

« Pour les douleurs, je vais vous prescrire des médicaments. Un que vous pouvez prendre quand vous le désirez, et un en cas de douleurs très fortes, pas plus d’une dose par jour.

Je vais ajouter de quoi éviter que votre flore intestinale soit un peu secouée par la prise, et des compléments de vitamines pour vous aider avec la fatigue.

Si vous le désirez, je peux également vous recommander à des confrères spécialisés en médecine alternative, pour une gestion de la douleur différente, en plus des médicaments. J’ai quelques patientes qui ont apprécié la sophrologie, et d’autres qui m’ont recommandé un acupuncteur. Mais ne vous sentez pas obligée, c’est si vous jugez que ça vous fera du bien. »


Effet placebo ou pas, Leone savait, comme la plupart de ses confrères, que si les patients avaient confiance, alors leur qualité de vie n’en serait qu’améliorée. Alors il avait l’habitude de travailler avec des confrères spécialisés dans les médecines alternatives, ce qui permettait d’ailleurs, pour les plus récalcitrantes aux antibiotiques ou autres, de pouvoir les convaincre en douceur de l’importance de se faire soigner avec des méthodes plus invasives. Comme cela, chacun apportait sa pierre à l’édifice sanitaire, et à la fin, cela faisait plus de guérison, ce qui était l’essentiel, n’est-ce pas ?

« J’ai également ajouté du lubrifiant pour éviter les douleurs en cas de masturbation ou de relations sexuelles, car la maladie peut assécher vos muqueuses, comme les médicaments. Au cas où, si cela arrive, vous pourrez l’envisager tout à fait sereinement. »

Mieux valait anticiper et mettre les sujets personnels sur la table directement.

« Compte tenu de vos pertes sanguines, je vous recommanderai l’usage de préservatifs ou de digues dentaires si vous n’avez pas un ou une partenaire monogame et testé. Comme vous êtes fragilisée, les risques de transmission d’IST sont majorés. Mais sinon, il n’y a aucun problème. »

Il avait l’impression d’avoir fait le tour ?

« Je crois que j’ai dit l’essentiel de mon côté. Est-ce que vous avez des questions ? »

@ Invité

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Sam 18 Avr - 9:43


La Plèbe (tw : pensées pas cool)
feat @Leone Castelli


L’agacement disparu assez rapidement en voyant l’air quelque peu déconfit du praticien. Il n’avait pas manqué de tact mais il ne pouvait savoir que l’intérêt de sa famiglia passait avant le sien. Que sa santé, elle ne ferait que la maintenir pour éviter de disparaitre trop vite et laisser la Cosa Nostra dans les mains d’un imbécile. Ornella refusait d’être la dernière de sa famille à porter le titre de Don et le seul héritier qu’elle avait n’était autre qu’un fils qui avait fui pour une simple escapade amoureuse. Elle devait s’accrocher pour être certaine que sa suite serait prise par quelqu’un de valeur et surtout, qui saurait continuer ce qu’elle avait mis tant d’années à mettre en place : une union réelle entre tous les chefs.ffes de Cosca, un entente sincère pour éviter les bains de sang et surtout, les pertes faramineuses dans les finances italiennes.

Le sac a main repris, elle attendait avec une certaine impatience la suite des réjouissances : elle fut agréablement surprise d’une telle liste de calmants. Pas leur nombre mais leur utilité et surtout, la prise en compte d’une possible vie sexuelle, avec ou sans partenaire. C’était assez plaisant qu’un homme en parle, assez rare aussi. Le Docteur Castelli remonta immédiatement dans son estime.
Dodelinant de la tête, elle se releva à peine l’ordonnance en main.

- Je vais opter pour votre liste de recommandations, nous verrons ensuite si une médecine alternative s’avère utile !

Elle avait toujours eu des difficultés à y croire, l’homéopathie, les médecines douces. C’était un univers qui lui était à la fois inconnu et qui ne l'intéressait pas. Mais s'il fallait passer par là pour pouvoir tenir une réunion au Casino sans ressentir un marteau piqueur dans ses reins, elle pouvait faire l'effort d'essayer quelque chose de nouveau.

- Le centre d'imagerie vous transmettra les résultats du scanner et je reprendrais rendez-vous pour plus tard. Merci pour votre temps Dr Castelli.

Pas pour l’aide, les informations, les recommandations. C’était son boulot après tout. Elle n’allait pas le remercier après qu’il lui ait annoncé que son état était certainement moins plaisant que ce qu’elle avait osé croire. Rangeant proprement l’ordonnance dans son sac, elle se retourna avec un simple petit sourire et sortit du cabinet. Se notant dans un coin de la tête de souligner le nom de ce docteur pour se souvenir qu'il était bon, elle prit aussi conscience qu'elle le reverrait. Son dossier allait devoir être passer au peigne fin par sa sécurité. Ornella voulait rester discrète mais elle n'était pas stupide au point de ne pas savoir que même les médecins pouvaient être achetés. Encore plus ceux qui pouvaient endormir les patients et les charcuter.

@ Invité

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Jeu 11 Juin - 13:10
« Je vous en prie. A très vite donc, Madame Sciarra. »

Se dirigeant vers la porte, Leone l’ouvrit pour laisser passer sa patiente, se demandant s’il la reverrait, ou si elle retournerait chez son ancien docteur, ou voudrait un troisième avis, peut-être plus réconfortant. Il espérait que ce ne serait pas le cas, compte tenu de son pronostic. Honnêtement, il était prêt à parier que l’imagerie confirmerait l’étendue de ses soupçons. Cependant, ce n’était pas à lui de décider, comme il ne pouvait pas être certain qu’elle suivrait ses recommandations. C’était cela aussi, le pari de la médecine, et le grand défi de l’observance des traitements quand il y en avait. Et aussi pourquoi il tenait tant à dire les choses, à les répéter au besoin, incessamment, à expliquer toujours, pour instaurer cette relation de confiance si délicate, entre le soignant et le soigné. Cela faisait aussi partie de leur métier, en constituait même en quelque sorte le cœur, contrairement à ce que certains de ses confrères pouvaient penser. Le chirurgien le plus doué serait bien avancé si ses patients ne suivaient pas ses prescriptions et n’avaient pas suffisamment confiance pour tout lui dire, alors que chaque information risquait de se révéler cruciale. C’était par peur du jugement que beaucoup de femmes évitaient de dire certaines choses, compromettant par la même occasion les traitements, ou délayant les effets positives d’une prise en charge rapide. Au cours de sa carrière, en reprenant des dossiers, il avait compris bien vite qu’il s’agissait d’un défi à part entière de la médecine du XXIème siècle. Alors, il tentait d’appliquer tous ces préceptes autant que faire se peut. Il espérait que quelque part, cette fois, il avait réussi, et qu’il parviendrait à soigner la femme face à lui pour lui éviter un parcours qui s’annonçait difficile. Lui tendant sa main en guise d’au revoir, il la regarda s’en aller un petit instant, avant de retourner s’asseoir. Saisissant son téléphone, il appela le secrétariat pour les informer qu’il attendrait dans les jours à venir une transmission d’images importantes, en donnant les références, avant de se recomposer un sourire et d’aller chercher la patiente suivante. Le bal de la journée allait continuer jusqu’à la pause, puis il partirait au bloc. C’était, au fond, un jour sans fin, mais un qui lui importait plus que tout au monde, parce qu’en dépit de ce qui, parfois, pouvait le fruster, Leone savait pourquoi il se levait le matin, le bien qu’il pouvait apporter à la vie de toutes ces personnes qui s’adressaient à lui. Et en ce monde, il se plaisait à croire que c’était à la fois une chance, et un privilège à ne pas gâcher.

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