♆  Shadow Moon est une étoile qui scintille de mille feux, une créature enchanteresse et surréaliste qui irradie de féminité. Ensorceleuse extravagante sur ses talons hauts perchés qui prolongent des jambes interminables, c'est un personnage fantasque et très théâtral. Audacieuse, un brin insolente, elle ne se démonte jamais, trouve toujours la bonne répartie et se fout complètement des conséquences de ses actes. C'est qu'elle possède un fameux tempérament et elle n'hésitera jamais à dire ce qu'elle pense, haut et fort.
Sous les plumes, les paillettes et les artifices, il s'agit pourtant bien d'un garçon : Loris. Au naturel, il s'identifie au masculin et en dehors de son perso de drag-queen, sa tenue de tous les jours est plus masculine, même s'il conserve toujours l'un ou l'autre accessoire original. Chaque moment de ta vie est une opportunité pour la mode.

  ♆  Enfance Difficile
C'est beau d'avoir une grande famille, c'est beau quand on se sent aimé, entouré et protégé par des gens qui nous aiment et qui nous acceptent tel qu'on est. Mais lorsque le petit enfant grandit dans un univers chaotique, il en reste marqué toute sa vie. Chez Loris, c'était le chaos tous les jours. Et quand son père se mettait en colère, c'était le Big Bang. Le sergent Galente, caricature de l'italien macho au sang chaud était très instable émotionnellement. Policier aigri par le système, il se défoulait souvent sur sa jeune épouse et noyait ses frustrations dans l'alcool. Le dimanche, elle usait de maquillage pour dissimuler ses bleus éventuels et se rendait à l'église au bras de son époux, avec un sourire posé. Madame était danseuse classique. Elle avait appris à endurer un entrainement rigoureux et même avec les pieds martyrisés, elle gardait la tête haute sur scène. C'est ça la fierté : tu n'affiche pas tes faiblesses, tu ne te comportes pas comme une victime et quand tu souffres, tu te tais.

Loris était fils unique mais il avait une multitude de cousins. Bien qu'il aurait aimé trouver en eux des frères, il ne se sentait proche d'aucun d'entre eux, même si la grande famille se réunissait très souvent, chez le grand-père, patriarche du clan Galente. Certains faisaient du foot, d'autres de la boxe, mais ces activités n'intéressaient pas Loris et il préférait s'isoler sur internet, à écouter de la musique ou à dessiner.
Sa plus jeune tante l'emmenait parfois hors du chahut, dans la riche maison des Walton où elle était nounou. Le petit Loris se lia d'amitié avec @Bloom Walton, heureux de pouvoir s'amuser avec cette petite fille et sa cousine, @June Walton, dans un environnement aussi luxueux. Les Walton n'étaient pas au courant mais qui s'en souciait ? Les enfants étaient heureux de jouer ensemble et ils gardèrent contact grâce aux réseaux sociaux.

Loris ne dessinait que des femmes. C'était plus joli, plus gracieux et il pouvait leur imaginer des tas de tenues magnifiques. Loris voulait faire de la danse mais pour le père, il en était hors de question. Et si je faisais comme JCVD ?  Danse classique et karaté, un combo qui avait plutôt réussi à l'acteur légendaire. Très jeune, Loris avait appris l'art de la manipulation, l'air de rien. Son père était champion en chantage affectif, sa mère lui avait appris la résilience. Loris faisait profil bas pour éviter d'énerver son père sans pour autant perdre de vue ses véritables envies. Un exercice périlleux que de savoir doser l'opposition, endurer les punitions en cas d'excès d'insolence et assumer ses choix. Il n'y réussissait pas toujours, loin de là. Obligé de se mettre à genoux pour faire pénitence et recevoir des coups de martinet, il s'entendait répéter à quel point il était "méchant". Tu es mon clou de cercueil Loris!

 ♆  Deuil
Loris n'avait que dix ans lorsque sa mère mourut. Un banal accident de voiture où elle subit de multiples fractures graves et des traumas crâniens. Par la spiritualité, elle avait appris à son fils à faire confiance aux lois de L'univers, elle lui avait apporté de l'espoir en lui affirmant qu'il était né sous une bonne étoile. Elle l'avait encouragé à vivre en harmonie avec lui-même, à être généreux sans rien attendre en retour, à être optimiste. Les derniers jours, les soins palliatifs la plaçaient dans une douce torpeur d'où elle sorti pour offrir à son fils des phrases d'adieu aussi touchantes qu'incohérentes. Comme dans un rêve, elle lui annonça des protections surnaturelles avant de s'éteindre doucement. Le bonheur est toujours à portée de main, mon fils.

Malgré son comportement brutal, le père de Loris aimait profondément sa femme, elle était son ancre, l'amour de sa vie. Incapable d'exprimer ses émotions autrement que par la colère, la vie devint encore plus difficile pour son fils à qui il demandait beaucoup trop. Conscient de la douleur de son père qui sombrait de plus en plus dans la boisson, Loris cédait à ses chantages, à la culpabilité de ne pas être ce fils parfait qui aurait pu combler sa peine. De plus en plus aigri, il reportait sur son fils ses ambitions personnelles, cherchant égoïstement à se valoriser auprès des autres avec un fils "parfait" et n'en retirait que du mécontentement et de la déception. Sa tendance à la rancune et à la vengeance le poussait à punir Loris par les coups mais également par des manigances et des manipulations affectives. Surveiller son fils devenait une obsession paranoïaque. Loris ne pouvait pas dissimuler la vérité, oui, il avait embrassé un garçon. C'était venu comme ça, naturellement et il le reconnu avec une insolence suicidaire qui lui valu un bras cassé et deux semaines d'hôpital. Son père ne l'avait jamais battu si durement.

Dans un premier temps, il tenta d'accepter de mener la vie que son père voulait. Il se réfugiait sur internet, caché dans sa chambre. Son tempérament d'artiste l'aidait beaucoup et il appréciait de poster ses dessins sur son blog. Parfois il cousait les vêtements qu'il créait en puisant les tissus dans la garde-robe de sa mère, toujours intacte. Le soir de ses quinze ans, il eut l'idée de les porter lui-même et de s'exposer en photo sur insta. Quand il se maquillait, il avait la sensation de peindre une toile, comme un véritable artiste. C'était lui-même qu'il créait. Un Loris libre et affirmé. Un Loris qui n'avait peur de rien. Un Loris qui croulait sous les likes et les commentaires positifs. A coté de ça, il commençait à avoir des sensations très bizarres. Par exemple il marchait dans la rue et il avait l'impression de se retrouver dans un décor. Il n'avait plus aucune relations avec les gens dans la vraie vie. Parfois il avait la sensation que l'air qu'il respirait était bon pour tout le monde, mais pas pour lui. Se cogner la tête dans les murs pour s’anesthésier, c'était pas forcément un truc très sain.

 ♆  Rupture familiale
L'alcool fait des ravages sur le cerveau humain. Il renforce l'agressivité, la dépression et la paranoïa. Pour on ne sait quelle raison, le père de Loris se mit en tête que le garçon se prostituait. Des ragots de voisinage amplifiés et déformés ? Le jour où son père lui tomba dessus pour l'étrangler de ses propres mains, Loris compris qu'il allait le tuer. Par chance, vu que son père était très alcoolisé, le garçon pu avoir un sursaut d'énergie qui lui permit de le mordre pour s'échapper et fuir dans la nuit, sans rien emporter. Il se cacha dans les ghettos où il erra dans les rues pendant quelques mois. Il était obliger de voler dans les magasins, il dormait dans des squats, il avait assez de débrouillardise pour tenir le coup dans ces milieux de violence. C'était ce qu'il avait toujours connu. Certains "potes" lui donnèrent le gout de fumer des pétards. Ça lui permettait de rester positif, de ne jamais montrer sa peur, d'assumer qui il est et ce qu'il veut être. Et qu'est ce qu'il voulait être ? Il eut une révélation un soir de défonce. Il voulait devenir une diva. Dans les squats, il croisait toute sorte de gens, il se fit pas mal de connaissances mais il ne fallait pas être naïf. Quand on est à la rue c'est la loi de la jungle, c'est le chacun pour soi.

Il s'était fait jeter ce soir là. Qu'est ce qui lui avait pris de sortir avec un mec d'un gang aussi ? Il savait que ça allait mal finir. Les poings enfoncés dans les poches d'un jean un peu trop moulant (qu'il avait volé dans un marché), il portait un maquillage léger mais sans doute assez provocateur pour lui attirer des ennuis. Les potes de son ex l'attendaient dans une ruelle, comme dans le plus glauque des films d'horreur. Loris fit demi-tour avec prudence mais ils l'avaient déjà cerné. Deux devant, deux derrière, pas moyen de leur échapper. Les insultes, il fit mine de ne pas les entendre et chercha un moyen de filer. Quand il vit que son ex faisait partie de ses persécuteurs, il ne put pourtant s'empêcher de blêmir. Le mec n'assumait pas. Pire, il se croyait obligé de l'insulter lui aussi, sans doute pour mieux prouver à sa bande, que les pédales le dégoûtaient lui aussi. Pendant quelques secondes, Loris cru vraiment que son ancien ami le défendrait, qu'il ferait quelque chose pour empêcher ce qui allait suivre. Puis il comprit qu'il serait seul. Le premier coup de poing lui coupa le souffle, le deuxième l'envoya à terre. Loris ne pouvait que protéger son visage de ses bras, pendant qu'il se faisait tabasser, à coup de pieds, à coups de poings. Est-ce qu'il allait vraiment crever là ? Ses larmes se mêlaient au sang qu'il crachait.

 ♆  Le bonheur est toujours à portée de main
Durant ces quatre années de galères, Loris n'était pas seul. Il avait cru l'être au départ, adolescent révolté, méfiant et agressif. Pourtant il y avait eu @Hazel Difeable avec qui il partageait ses galères et qu'il finit par considérer comme une sœur. Il y avait eu aussi @Arco Ortolani, où ils se retrouvaient à profiter d'un rayon de soleil, posé sur un banc, à discuter de tout. Comment tenir le coup sans cette petite communauté qu'ils formaient et qui leur offrait un foyer hétéroclite mais chaleureux ? Loris put y panser ses plaies et garder l'espoir, malgré tout. Ni Hazel ni Arco ne l'avaient rejeté, tout au contraire, ce qui lui permit de garder foi en l'humanité et recevoir de l'aide dans les moments difficiles.

Pareillement, sa rencontre avec @Antek Blaszczyk, six mois après sa fugue, marqua un certain tournant dans sa vie. L'Eglise représentait pour Loris un milieu d'intolérance extrême où il s'était fait juger et condamner. On l'avait forcé à se confesser en public sur les baisers qu'il avait osé échanger avec des garçons. On lui avait promis que personne ne l'aimerait jamais s'il continuait sur cette voie. La culpabilité de Loris le blessait et lui rongeait le cœur. Antek eut bien de la patience pour subir le caractère insupportable de ce jeune délinquant qui n'hésitait pas à vandaliser l'église et à la souiller d'excréments de chien, entre autres mauvaises blagues. Après des débuts difficiles, Antek a réussi à apaiser l'agressivité de Loris et aujourd'hui, leur entente et bonne, même si Antek doit subir ses multiples questions concernant cette idée folle de devenir prêtre, surtout si jeune ! Il aide également le garçon à ne pas aller trop loin dans son addiction pour la fumette.

Durant ces années difficile, l'adolescent eut la chance d'être accueilli par une association organisée par @Alejandro Estrella qui aidait les jeunes en difficultés via l'art. Il se sentit accepté par cet homme qui le poussa vers sa passion pour la danse et le spectacle. Loris avait vécu dans un milieu familial très rigide et quand il s'en était libéré en fuguant, il était passé à l'opposé : aucune limites, rébellion totale contre les règles. Néanmoins, Jan a rapidement détecté l'odeur du cannabis sur lui et lui a fixé des limites claires : tant qu'il fumerait, il pourrait rien pour lui. Cette interdiction d'entrer dans l'asso quand il a fumé est frustrante et, bien qu'il n'en soit pas réellement conscient, Loris apprend à se fixer des règles auprès de cet adulte bienveillant.

Depuis quelques mois, l'association de Jan propose des interventions sur la question de genre et les différentes sexualités, ce qui intéresse grandement Loris. Il rencontre encore de gros problèmes d'identité, il ne sait pas où il se situe et en plus de ça, il a développé une grosse culpabilité à ce niveau, qui s'apaise avec le temps bien qu'il ne se sente pas encore stable du tout. Aujourd'hui, il reçoit l'aide de Jan qui accepte de l'accompagner dans des endroits où il pourrait travailler dans le milieu de la danse. La présence d'un homme de confiance l'aidera à franchir le cap, à oser et enfin, à se construire une vie meilleure...