il est négociant commercial pour General Motors, travaille à Manhattan sur la 5ème avenue, mais passe le plus clair de son temps à voyager pour les affaires. Eva l’a rencontré quand elle avait 20 ans ; connaissance de son frère à l’armée, Brett Fowler lui a fait un enfant avant de l’épouser. Eux deux, c’était une évidence - pour elle, un chemin rassurant, un destin tout tracé ; une aventure à la hauteur de ce qu’elle s’autorisait à espérer.
Mariage d’amour et de raison, situation confortable, Eva a trouvé en Brett un moteur qui bien souvent lui a épargné la prise de décision, peut-être allant jusqu’à l’effacer davantage. Bien installée sur son épaule sécurisante et protectrice, c’est de bon cœur qu’elle l’a laissé prendre leur vie en mains, même si ça ne lui a pas toujours rendu service. ( though I know I'll never lose affection ♪)

elle est danseuse et étudiante à la Juillard School de New York. Les yeux bleus de sa mère, les cheveux blonds de son père, Julia Fowler est une étoile illuminant un ciel trop terne. Artiste dans l’âme, elle fait la fierté de ses géniteurs et rêve d’intégrer une école de ballet en Russie. Mère attentive et dévouée, Eva a toujours encouragé sa fille à vivre ses passions ; quand elle la regarde aujourd’hui, elle est admirative de son courage et de sa force, et surprise bien que rassurée de la savoir indépendante et prête à tout pour accomplir ses objectifs. ( so I sing a song of love ♪)

il est docker sur le port de New York depuis quelques années. Vétéran de la Guerre d’Irak, Harvey Langford quitte le Corps des Marines des Etats-Unis en 2010, après 13 années de service. A son retour en Amérique, il enchaîne les petits boulots pour repartir presqu’aussitôt à l’étranger, engagé dans l’humanitaire, comme une façon de se racheter, ou de penser à autre chose, peut-être. 7 ans plus tard, il entre sur New York Harbor, finalement décidé à se poser et résigné à suivre la trame familiale en devenant docker, comme son père et ses frères.
Il est observateur, plutôt équilibré, et sait respecter ses valeurs même si son travail sur le port lui a donné 1000 occasions de revoir sa morale.
Eva, il l’a rencontrée par hasard, a insisté pour la revoir parce qu’après tout, il est joueur et obtient toujours ce qu’il veut. Eux deux, c’est comme une évidence, même s’ils ont mis du temps à l’accepter. Eva lui doit sa renaissance, son désir de s’ouvrir et de s’épanouir, et de se prendre en mains plutôt que de rester statique. C’est qu’il a bouleversé sa vie en lui ouvrant les yeux et grâce à lui, elle a conscience de pouvoir exister par elle-même au lieu de n’être qu’un atout ou l’extension d’un proche. Elle l’aime et bien évidemment, leur relation n’est pas parfaite, mais Eva a besoin d’être aidée et Harvey reste au premier rang, prêt à briller à ses côtés.
L’infidèle a besoin de temps pour s’affranchir de son carcan, et les tensions viennent entacher parfois ce bonheur imprévu ; l’ancien Marine est impatient de sortir de l’ombre, et comment le lui reprocher ?  ( i’ll get you in the end ♪)

il est décédé l’an passé d’une cardiopathie ischémique, disparition brutale que l’ensemble de sa famille peine encore à réaliser. Persuadée que c’était son rôle, Eva a refoulé sa peine sans même s’en rendre compte, et elle commence seulement à lâcher prise. Les réunions des LEA auxquelles elle assiste parfois, sans régularité, l’aideront probablement à faire son deuil plutôt que de se dérober et de fuir son chagrin. Ce n’est qu’un frère qu’elle a perdu, mais son premier soutien, héros de son enfance qui le reste aujourd’hui. Ils n’étaient plus très proches, se voyaient moins qu’ils auraient pu, et sa cadette a des regrets. Elle aurait dû lui dire combien elle lui est reconnaissante d’avoir contribué à façonné sa vie, de lui avoir tendu la main et permis de saisir ses chances alors qu’elle-même s’en sentait incapable. Elle s’en voudra toujours de ne lui avoir jamais dit combien elle l’admirait, et combien elle l’aimait. Si on ne lui accordait qu’un mot à lui faire remonter maintenant qu’ils sont séparés pour toujours, elle soufflerait merci.
Ne restent plus que les souvenirs, la nostalgie, un vide immense qu’elle s’interdit de ressentir parce qu’elle pense qu’elle n’a pas été à la hauteur de son vivant. Eva est un peu trop douée pour faire semblant, mais ça finira par changer.  ( let it be ♪)

elle est mariée depuis ses 27 ans, mère d’une jeune fille de 18 ans, et décoratrice d’intérieur depuis autant de temps. Eva Fowler ne mène aucun combat, et ne soutient aucun projet. Elle n’est pas féministe, ne milite pas contre l’homophobie et n’a jamais fait de bénévolat. Eva n’est pas végétarienne, elle aime les animaux mais n’a jamais lutté pour étendre leurs droits. Elle ne se bat ni pour l’environnement, ni contre le racisme ; Eva ne changera pas le monde car après tout, elle n’a jamais bien su construire sa propre vie.
Adulte, enfant, elle s’est toujours laissée porter par le courant, guidée par ce qu’on attendait d’elle et par les décisions des autres auxquelles elle se plie volontiers, puisque cette position est confortable, qu’elle s’y sent à l’abri de tout danger. Faire des choix est trop difficile quand ils s’appliquent ailleurs qu’à son métier.
Eva manque d’assurance et même de vie, elle est la banalité même, et n’a jamais été quelqu’un qu’on voudrait apprendre à connaître. Lisse, quelconque, simple, discrète, insignifiante ; ni combative ni forte, ignorée bien souvent, sans intérêt au fond, hormis peut-être pour tous ceux qui usent de ses talents, et pourquoi pas le plaisir des yeux.  
Beauté que l’on remarque au brasier des cheveux, à la peau nivéenne et l’harmonie des traits, Eva n’est qu’une grâce éphémère qui se dissipe au-delà des premiers instants. On l’oublie aussitôt tant elle est effacée, mais qui sait ?
Ça pourrait bien finir par changer. ( here comes the sun ♪)