Nell avait commencé à s’acclimater à ses nouvelles fonctions. Donner des cours à l’université de Columbia lui rappelait sans ancienne vie, à Austin lui permettant de retrouver cette sensation d’être à sa place. Tous les changements récents dans sa vie, sans parler du fait qu’il n’a toujours aucune nouvelle d’Heather, sa petite amie depuis plus de trois ans, font qu’il a du mal à vraiment se lier aux gens et à apprécier New-York tel qu’il le devrait. Il a tout de même lié contact avec quelques collègues ces dernières semaines, mais rien de bien concret.

Alors que son cours vient de se terminer, Nell est contraint de passer par la case rangement avant d’aller boire un café en salle des professeurs. Ce n’est pas si reposant qu’on pourrait le croire, la vie de prof de sport, surtout quand on enseigne à la fois au lycée et à l’université. Mais cela n’est par pour déplaire au français qui a bien besoin d’occupations pour maintenir son esprit occupé.

Le brun s’affaire à démonter un plongeoir pliant quand ses pensées recommencent à faire des siennes. Sa vie d’avant, les menaces… Son cerveau est en ébullition et son regard se perd dans le vide, pile poil en direction de jeunes étudiantes qui ne doivent même pas être majeures, en maillot de bain dans la piscine. Un long moment, il reste ainsi, fixe, totalement déconnecté de la réalité, jusqu’à ce qu’il entende enfin une voix qui le ramène sur terre.

« C’est à moi que vous parliez ? » demande-t-il à un homme qu’il n’a encore jamais vu, si ce n’est peut-être seulement aperçu.

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Melyna ne suit pas les cours de sport, son domaine c’est plutôt les sciences. Mais ça ne l’empêche pas de se rendre de temps en temps à la piscine pour pouvoir faire quelques longueurs. Après tout, elle est publique et elle ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas en profiter autant que les autres tant qu’elle ne dérange pas durant les heures de cours. Et comme cet endroit sert aussi pour les élèves de lycée, elle fait attention aux heures auxquelles elle s’y rend. Elle profite d’une journée où elle n’a pas cours, puisque les professeurs sont absents, pour y aller à l’heure qu’elle a envie.

Elle se change rapidement, avant d’aller poser ses affaires dans un casier libre. Code habituel, elle est assurée que personne n’aura accès au contenu. On ne sait jamais après tout, on ne peut pas avoir confiance en tout le monde. Bonnet de bain à la main, elle s’avance jusqu’au bassin, attendant d’y être pour le mettre sur sa tête car elle trouve ça complètement ridicule. Elle lève les yeux sur un jeune homme qui a les yeux river sur des jeunes filles en maillot de bain. La jeune femme hausse un sourcil directement. Bien sur que des mauvaises idées lui viennent en tête. Elle s’approche de lui rapidement, croisant les bras contre son ventre avant de tousser légèrement pour pouvoir attirer son attention. « - Ne vous gênez pas surtout ! » Dit-elle dans un premier temps. Il ne l’entend pas. Ou il fait exprès de ne pas l’entendre ? Elle a envie de le pousser dans l’eau pour lui faire comprendre mais elle s’abstient de tout geste pour éviter les problèmes.

« - Bien sûr que c’est à vous ! Mais vous êtes tellement occupé à faire le pervers que visiblement vous ne m’avez même pas entendue. » Dit-elle en levant les yeux au ciel avant de soupirer longuement. Il est hors de question pour elle qu’il continue son activité par contre. Elle ne supporte pas ce genre de chose. Surtout envers des gamins alors qu’on voit bien qu’il n’a pas du tout leur âge. « - Je ne sais pas ce que vous espérez comme ça, mais vous n’avez pas intérêt à toucher à l’une de ces filles. » Dit-elle assez déterminée à lui faire payer son action pour le moment.

Le cerveau a cette faculté, lorsque vous n’écoutez pas vraiment, de tout de même enregistré ce qui vous a été dit, même si vous n’en avez pas conscience sur le coup. C’est ce qui s’était passé à cet instant, alors que Nell reprenait pied dans la réalité, quittant ainsi le monde de ses pensées. « Le pervers ? » Il regarde son interlocutrice, incrédule et presque désolé d’avoir été pris en flagrant délit d’une telle chose, même si ce n’était absolument pas volontaire et qu’il n’a maté personne. C’est ce qu’elle croit, à en croire les paroles qui suivent, directes et sans mauvaise interprétation possible. Après quelques secondes de flottement pendant lesquels il remet toutes les choses en place dans son petit cerveau, il trouve bon de s’expliquer, avec les armes qui sont les siennes, c’est-à-dire très maladroitement.

« Non… Je ne les regardais pas… » Il tourne la tête, à droite, à gauche, comme s’il cherchait un soutien qu’il ne trouvera pas. « J’étais juste dans mes pensées. » Finit-il par avouer, bien conscient qu’on risque de ne pas le croire. De toute manière, on le croit bien trop rarement. « Le regard dans le vide… bien qu’en direction de la piscine. » Vas-y, Nell, enfonce le couteau, tend le bâton pour te faire battre, t’as pas assez d’ennuis comme ça dans ta vie. « Enfin… c’est pas du tout ce que vous croyez quoi ! » Visage neutre, incapable de sourire et bientôt, cette mine désolée. Et ce n’est pas comme s’il pouvait se vanter de ne pas s’intéresser aux étudiantes, parce qu’il est déjà tombé amoureux de l’une d’elle, eu une aventure avec une autre, même si cela remonte à bien des années en arrière, et il sait pertinemment que ça pourrait lui arriver de nouveau un jour, si Heather n’était pas dans sa vie. « La plupart sont encore mineures… » Il ajoute comme si ça allait lui donner un argument supplémentaire.