Mes pas résonnent dans ce couloir que je ne connais que trop bien. Je n’ai pas ma veste blanche, je n’ai pas mon stéthoscope, ni même ma carte de travail, tout simplement parce que ce n’est pas mon hôpital, mais c’est celui du Staten … celui oui j’ai perdu ma femme. J’ai eu du mal à me décider à refranchir ces portes. Je ne voulais pas venir, mais c’est ma filleule et je pas ne pas aller la voir. Mercy m’a prévenu. Je lui ai dis que j’irais. Je tiens toujours mes promesses.

Je respire un grand coup et je la vois à travers la porte de sa chambre. Mon cœur se sert dans ma poitrine. Elle n’a pas la même chambre qu’avais ma femme, heureusement, mais toutes ses ressemblent plus ou moins. Je me revois quand elle est morte. Je me revois là attendant qu’on vienne m dire que tout s’est bien passé, puis je les revois avec leur air désolé. J’avais compris, j’ai souvent le même air quand je dois annoncer que quelqu’un est mort.
Je pousse la porte et j’avance. Elle est là allongée. J’ai demandé à son médecin quelles étaient ses séquelles, il sait que je suis médecin aussi, il n’a pas eu besoin de m’en dire beaucoup plus pour que je comprenne ce que ça signifie. J’espère juste qu’elle sentira que c’est moi, mais j’en suis persuadé, quand on perd un sens les autres se développent, mais ça ne veut pas dire qu’elle saura tout de suite se repérer dans l’espace et encore moins reconnaître quelqu’un alors je m’installe à coté d’elle et comme je vois qu’elle semble réveillée je lui dis :

« Bonjour Hazel. C’est Wes. Je suis désolé de ne pas être venu tout de suite.
»

Je pose ma main, sur la sienne. Je ne sais pas vraiment si elle envie qu’on lui tienne la main, si je peux faire ce genre de chose, mais je l’aime comme une troisième fille alors ça m’est un peu égal de savoir ce que je peux faire ou non. Je veux juste qu’elle aille bien qu’elle sente qu’elle est entourée.

« Ton … ton père m’a prévenu. »

C’est un sujet délicat, ses parents, je le sais et je sais aussi que sa mère n’a pas été des plus aimante et des plus facile, je sais que Mercy fait tout son possible pour rattraper tout ça. J’imagine à quel point ça doit être compliqué pour tout le monde.

« Je suis vraiment content que tu sois encore avec nous et je ferais tout pour que tu t’en sortes. »

Je ne sais pas si elle voudra que je sois là pour l’aider, je ne sais pas non plus si elle veut parler ou pas, mais peu importe, je serais là, quoi qu’elle veuille.

Les hôpitaux... Ces gigantesques bâtiments au sein desquels des bataillons de blouses multicolores s'efforçaient de   porter soin et réconfort à ces patients qui en avaient tant besoin. Ca, c'est la vision quelque peu naïve et bien idéalisée, que Hazel en avait à une époque pas si lointaine mais qui, désormais, était révolue et enterrée bien profondément ! Les hôpitaux désormais pour elle ? Rien que des labyrinthes de couloirs et de salles où des soignants peu amènes et toujours trop pressés, la transbahutaient comme si elle n'eut jamais été qu'un vulgaire paquet. Les hôpitaux ? Rien que des antres de l'horreur où la souffrance, la peur et le désespoir se mêlaient à en former le plus instable et dangereux des cocktails. Et, oui, il arrivait de plus en plus à Hazel de se sentir plonger si complaisamment dans sa fureur, qu'elle en vienne à avoir peur de ses propres réactions. Elle n'était pas ainsi ! Elle n'était pas cette femme qui à un instant se perdait dans son désespoir au point de presque vouloir mourir pour, le suivant, ne parvenir à chasser ces idées trop noires qu'en puisant sa force dans la plus destructrice des colères ! Non, elle n'était pas cette femme. Ou, plutôt, elle ne l'était pas avant... Maintenant... Maintenant tant de choses étaient différentes...

« Ne t'excuse pas Wes ! »

Avait-elle dit dans un sourire sincère et en nouant chaleureusement ses doigts à ceux du médecin qui était venu la visiter. Elle ne lui en voulait, en effet, pas le moins du monde. Comment l'aurait-elle pu alors qu'elle ne savait que trop bien quelles douleurs ce lieu pouvait éveiller en celui qu'elle considérerait toujours comme son oncle et parrain quoiqu'il puisse arriver.

« Je suis même touchée que tu ais la gentillesse de venir … Je sais à quel point venir en cet hôpital doit t'être pénible... Alors, merci. Et, oui, je suis sincèrement heureuse de te savoir là ! »

Son visage qui se renfrogna pourtant subitement et sa main qui lâcha celle de l'homme dès que celui-ci eut évoqué ce père dont Hazel ne savait toujours pas si elle pourrait jamais lui pardonner son absence, son abandon. Préférant ne pas évoquer un sujet qui aurait sûrement eu vite fait de devenir polémique, elle préféra tenter de dévier leur conversation sur des sujets bien plus gais

« Je sais que si j'ai besoin de quoique ce soit tu seras là toi aussi. Tout comme l'est déjà Aidan. Je t'ai déjà parlé de lui, non ? A moins que mon géniteur ne s'en soit chargé ? Pour en dire du mal j'en suis certaine ! Mais ne le crois pas ! Aidan est un homme bien , lui, et il m'aime vraiment, lui ! » grognant sa colère elle avait passé ses mains dans ses longs cheveux puis haussant les épaules comme pour mieux clore le sujet «Mais comment va ma cousine préférée ? Et toi ? Que deviens-tu ? Raconte ! »

Choisir la vie plutôt que le reste... Choisir la douceur plutôt que la fureur... Toujours... ou, juste pour un instant ?

Elle a l’air contente de me voir, je le sens dans sa voix. Je l’ai toujours considéré comme l’une de mes filles, même si on ne s’est pas toujours vu, surtout ces dernières années. Je n’étais pas toujours présent, autant pour mes filles que pour elle et je m’en veux. Je n’étais pas bien, c’est un fait, mais j’aurais pu être là pour elles, j’aurais dû. Je sais que je n’ai pas toujours été là et je sais à quel point ma fille April m’en veux aussi pour ça, j’ai passé beaucoup de temps à travailler pour qu’elle aie une meilleure vie, pour qu’elle puisse avoir tout ce qu’elle veut et aujourd’hui elle me fait payer mon absence.

« Je serais toujours là pour toi, tu fais partie de ma famille Hazel et tu es entourée, on sera toujours là. »

En disant on j’inclus son père aussi. Je sais que c’est difficile pour elle d’en parler, qu’elle ne s’entends pas avec, elle à ses raisons, mais je suis sur que tout peut se réparer et qu’elle pourra un jour lui pardonner, tout comme j’espère que ma propre fille me pardonnera de ne pas avoir toujours été très présent. Je me pince les lèvres quand elle évoque son père en disant « géniteur ». Je ne suis pas fan de ce terme, pas du tout même. C’est son père quoi qu’il ait pu faire.

« Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais ça reste ton père quoi qu’il ai pu faire. On a qu’un seul père, qu’une seule mère et on ne sait jamais quand ils partiront, laisse-lui une seconde chance Hazel. Il avait peut-être de bonnes raisons. Tu sais April me déteste sans doute autant que tu le déteste, elle m’en fait voir de toutes les couleurs parce que j’ai choisi de lui assurer une belle vie en dépit de mon temps de présence avec elle, je n’ai pas passé assez de temps non plus avec … Mary … et … regarde moi maintenant, je suis là à me dire que c’est ma faute, que j’aurais dû être là. Je suis sur qu’il s’en veut aussi et je suis sur qu’il t’aime aussi. On aime toujours ses enfants, tu le sauras quand tu sera mère, ce que je te souhaite avec ce Aidan si c’est lui que tu as choisi, mais non, il ne m’en avait pas parlé. Quant à April, il n’y a pas grand-chose qui chance, l’adolescence … elle a un nouveau copain que j’héberge et ils passent leur temps à boire et à aller en soirée. J’ai un peu de mal à la reconnaître et Annabelle grandit, elle a bientôt trois ans, je ne l’ai pas prise avec aujourd’hui quand tu sortiras tu pourra venir à la maison et passer du temps avec elle si tu veux. »

Ca lui fera peut-être du bien de passer du temps avec un enfant et Anna sera contente de la voir aussi, elle a besoin d’une figure féminine, je devrais surement retrouver quelqu’un, mais je n’en ai pas la force.