did you fight the rising tide

This world of us collapse and we live in denial. how do you trust the humankind? how do you mend the broken line from here? how do you breathe the air at night when tears of trees are streaming down? how do you suggest we proceed? cause, there's no time, no, to grieve

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impossible de se concentrer dans une telle nuée d'informations, thulani qui se retrouve comme à chaque fois qu'ael est dans une situation sociale qu'ael ne peut pas maîtriser complètement décontenancé.e. trop de personnes en mouvement, qui ne s'engagent pas comme ael l'aurait souhaité, parce que les policiers sont juste en face, et qu'ael ne l'avait même pas remarqué. trop petit.e pour se rendre compte de la proximité, c'est à force de se faufiler qu'ael aperçut enfin la matraque qui maintenait la foule en respect. petit reniflement de dédain de la part de celle qui ne trouverait jamais d'honneur dans un tel moyen d'expression, face à ceux qui auraient pu comprendre les raisons de la manifestation plutôt que de la réprimer plus ou moins violemment. assez rapidement les prémices de quelques interpellations, les policiers qui échangent quelques signes entre eux, et le début de la fin pour l'étudiant.e en mathématiques qui se demandait ce qu'ael faisait là, encore une fois.

dans le bloc sheru, et quelques amis en commun, le souvenir d'une personne sympathique, vers qui se retourner en cas de problème, s'il y en avait - même si ael avait envie d'être fort.e, de se débrouiller seul.e, de ne plus être le bébé de l'équipe qu'ils constituaient ; difficile après avoir été lae plus jeune dans absolument tous les établissements. la bannière barrée de fer qui tient le coup malgré les matraques qui frappent, et thulani qui se tient prêt.e à faire face, tout à fait à même de tenir tête au plus décidé des hommes pour ce qu'elle estimait juste, le sang de ses ancêtres combattants dans les veines, la fierté d'une féminité qu'on lui a forcé dessus sans rien lui demander, l'honneur de la précarité de travailleurs honnêtes qui n'ont rien que le droit d'exister. puis le tissu qui vient à se déchirer, découvrant quelques visages, pour certains masqués ; pas le sien, parce qu'ael était de toute façon trop reconnaissable autrement, que son air et ses cheveux la suivraient partout.

le coup est parti vite, de ce qui ne se font pas voir et à peine sentir, l'adrénaline ayant rapidement pris le relais pour dépasser la douleur qui vient à peine d'arriver. assis.e par terre en face d'un policier, un peu de sang sur le dessus de visage selon ce qu'ael peut constater, la main posée sur le front comme pour atténuer la douleur et protéger la partie visée. sheru qui lae ramasse au plus vite, pour l'emmener loin, là où ils seraient tous les deux en sécurité. et derrière, qui clopine douloureusement, thulani figueroa, complètement sonné.e.

(c) oxymort & vocivus

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ça avait été secouant, ael ne serait pas du genre à le cacher. les pas précipités alors que les siens se crochetaient dans tous ceux des passants, prêts à lae faire tomber tout le temps. la douleur s'était faite vive et raisonnante, du genre à bien lae sonner pendant un moment. dans sa main celle de quelqu'un qu'ael ne quitte pas, une idée rapide de qui il pourrait s'agir, sans pouvoir en être absolument assuré.e. seulement une main à la peau mâte qu'il tend alors que thulani se retrouve à bousculer tout le monde pour l'éloigner, et seulement après un moment pour que les deux puissent se retrouver.

merci, soufflé rapidement, les mains sur les hanches, le jean désormais taché de sang. mince, j'en ai sur mon pantalon maintenant, comme si quelqu'un d'autre qu'aellui même allait lui en vouloir, le houspiller pour ce fait ; déjà quelques années que lae plus jeune figueroa fait ses propres machines, et s'y est habitué.e. je n'avais vraiment pas prévu que ce serait aussi violent qu'ael laisse dévoiler, encore un peu secoué du coup de matraque qu'ael s'était pris.e tout en n'inspirant aucune crainte pour les policiers, ael pensait. seulement celle d'une jeunesse qui remettait tout en question, pressé par l'urgence d'une terre au bord de l'explosion ; les migrants dedans, les dirigeants dehors, la planète à sauver, les mers à dépolluer.

il y regarde, et ça lae rassure un peu, parce qu'il a l'air de savoir quoi faire, et de ne pas en être à son premier bobo. sa main se pose sur le front endolori, et apaise la douleur presqu'aussitôt ; magnifique effet placebo. tu penses que ça va demander des points, ou ça ira?, parce qu'il a l'air expert, dans sa façon de se tenir, et qu'ael lui confierait sa vie entière si l'occasion se représentait. mais la manifestation est maintenant loin et thulani ne se sent pas prêt.e de retourner sur le ring pour un certain moment. j'ai eu tellement peur, qu'ael avoue, encore soufflé, l'émotion qui s'exprime au premier plan ; l'enfant qu'on aura rarement vu aussi bavard, maintenant que l'urgence était passé, qu'ael avait survécu à la vague qui s'était assommée sur ael.

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un petit sourire gêné quand on lui demande son âge, c'est vrai qu'ael n'a jamais fait partie de ces personnes qui donnent l'air de vieillir avec les années - fardeau transgenre dont ael avait souvent rigolé, pas trop d'idées de comment s'y repérer. j'ai vingt ans, je suis plus un bébé, qu'ael indique, tout en ayant l'air de l'être, ael devait se l'avouer - les joues d'un enfant, le regard encore trop innocent, les réflexes qui se font encore attendre quand une menace se précipite dans la foule, autant de raisons de douter, qu'il fallait admettre. parce que sans doute qu'on aurait attendu un comportement autre d'une personne majeure, mais que thulani n'avait jamais su comment l'être, déclaré.e comme tel.le avant l'âge même, crise d'adolescence mêlée à des équations complexes qu'ael inventait.  sans doute que c'était le drôle de mélange qui avait provoqué son craquage total, maintenant qu'ael y pensait.

en revanche heureusement que j'ai encore la mutuelle de mes parents, qu'ael indique, carré.e comme toujours, les soucis pratiques qui viennent automatiquement dans son esprit, trop concentré.e sur tout pour ne pas y penser. ce n'est pas el halito qui est prêt de me couvrir avec mon petit travail de comptable, pour l'instant, qu'ael indique, quand ael se relève. avec les années, sans doute plus dit pour ael et formuler à voix haute ses pensées, l'association encore trop fragile pour se permettre de telles dépenses là thulani n'en aurait pas eu plus besoin que ça ; deux parents enseignants suffisaient déjà.

je suis vraiment désolé.e d'avoir interrompu ta manifestation, qu'ael exprime, pas sûr.e de comment le formuler. sans doute qu'il aurait préféré rester dans les rangs, hurler son désaccord à plein poumons et se sentir utile autrement, pensé timidement avant d'avoir un bref mouvement de vertige le temps d'un instant. oh lancé avec crainte, pas de doute qu'un aller vers l'hôpital était nécessaire. je préfère marcher, mais qu'on aille doucement, expliqué timidement, thulani toujours pas friand.e des contacts qu'ael pouvait éviter.

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c'est qu'il respecte ses choix de façon presque religieuse, et que ça lae rassure grandement. d'avoir trouvé l'îlot de tranquillité au milieu d'une foule toujours aussi dense et dangereuse, les gens se bousculant encore jusque sur les trottoirs pour manifester leur mécontentement ; la rage au ventre et une jeunesse pas impressionnée par les coups, à qui on a tout promis et qui est sur le point de tout perdre, à qui on a promis des demain qui chantent dans des voitures de l'espace et qui se retrouve à espérer que la société ne viendra juste pas à s'effondrer. thulani qui observe sans comprendre maintenant qu'ael est en retrait des conflits, les nuées de gens et les cris, le chaos mené par les agents de l'ordre, la bouche entrouverte alors qu'ael en revient à regarder sa main. plein de sang, sans trop savoir d'où il venait vraiment, trop sonné.e pour penser.

okay pour le taxi, qu'ael finit par indiquer, à moitié paumé.e, suivant sheru comme on s'accrocherait à la dernière personne au monde capable de l'aider, parce qu'il s'était arrêté, parce qu'il avait pris soin d'aellui, qu'ael n'était pas seul et qu'il allait l'aider. j'ai pas particulièrement mal à la tête, bizarrement, tout en sachant qu'il s'agissait de l'adrénaline, juste plus facile à commenter qu'à vivre, ael se devait de l'exprimer. je suis sûr.e que c'est superficiel sans trop savoir sur quoi ael s'avançait, histoire - peine perdue - de le rassurer.

c'est une asso d'entraide pour les personnes migrantes et descendantes de migrants, avec des ateliers sur absolument tout, et pas mal d'endroits où aller. c'est ma maison maintenant, les gens y sont trop gentils. avant j'étais pas habitué.e. parce qu'il fallait voir la vérité en face, le petit génie n'avait jamais été vu.e que comme une menace à écarter dans les domaines qu'ael étudiait. pas vraiment d'amis chez les personnes en âge de conduire quand elles étaient rentrées à l'université, des professeurs trop exigeants, et le mythe de l'enfant savant qui passe doucement, laissant chaque nouveau calcul ou équation juste ce qu'elle était, et pas la prouesse d'une thulani juste en âge de se soucier de son acné. j'aime bien les maths, mais j'en fais plus aussi souvent. avant je travaillais sur ça justement, le doigt vaguement pointé vers la foule, comment les foules suivaient la dynamique des fluides, éviter les attroupements, rendre les comportements plus mathématiques. parce que c'était plus simple d'expliquer en quelques équations pourquoi ael s'était retrouvé.e face à une matraque, que de vraiment faire avec la violence à laquelle ael avait été confronté.e. maintenant je fais de l'étude sur le terrain, pouffé alors que sa main soutenait encore son front ensanglanté. mais oui, j'aime bien les chiffres. et toi?


j'ai littéralement lâché tous mes rps pour te répondre parce que les maths m'ont inspiré.e

(c) oxymort & vocivus

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ça fait du bien de parler de choses qu'ael connaît, et ça lui manque un peu, de ne pas s'éclater les neurones à plusieurs sur une équation particulièrement complexe ou n'importe quel problème donné. les mathématiques ont toujours cet arrière goût de maison, et le burn-out a bien failli la brûler. ça lae rassure, au moins, de se dire que sa passion et l'objet qu'ael étudiait ne changerait pas, contrairement à la terre et aux mille révolutions humaines, que tout resterait stable et adéquat, tranquille et sans encombres. au moins les maths continuent de lui apporter ça, le calme et le sentiment d'importance de connaître un langage qu'on reconnaîtrait comme le plus divin, de se sentir entourée de ses petits et grands nombres - en sécurité. ça lui fait du bien de savoir que c'est partagé. ael n'est pas surpris.e, pas tant que ça étonné.e. sheru a l'air du genre à aimer les sciences, et ael ne l'aurait pas placé chez les artistes ou les plus littéraires de ses amis ; la plupart des membres d'el halito.

il a cet aura que seuls les anciens ont, ceux qui n'ont vu que des chiffres pour une grande partie de leur vie, qui se retrouvent bouche bée devant une matraque, incapable de bouger. de ceux qu'ael appellerait des vétérans, vu le burn out rencontré. trop facile de se laisser emporter, trop de nuits sans sommeil vissés devant des ordinateurs tout le temps allumés, trop de problèmes insolvables qui demandent une réponse à trouver. c'est marrant, je l'aurais parié. ael sourit, avant de reprendre, la main toujours appuyée contre la tête. le trading en revanche c'est dommage, l'urgence rend les nombres bien moins éloquents, j'aurais eu beaucoup de mal à ne pas pouvoir prendre le plaisir de les savourer. ael avait toujours été rapide, mais parce que les chiffres avaient le don de danser et de s'entrelacer dans son esprit étrangement doué, et les seules fois où ael avait voulu forcer l'avait conduit aux pires crises qu'ael avait rencontré.

ael rentre sagement dans la voiture, écoute les ordres donnés. tenez ça pour que ça ne coule pas sur la banquette arrière, qu'il propose en tenant un torchon de derrière. sans doute fait pour laver les vitres de base, pas l'idéal, mais rien à vraiment rajouter. t'en fais pas pour la course je peux payer qu'ael ment pour le contenter, parce que c'est de sa faute s'ils sont là, quelque part, et qu'il doit bien lui rester de l'argent à un endroit ; au pire il faudra trouver de nouveaux gosses de riche à qui faire ingérer thalès et pythagore, et ça ira comme ça.

(c) oxymort & vocivus

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merci qu'ael lance au conducteur alors que le torchon est appliqué contre son oeil, l'endroit où le sang commence le plus à s'amonceler. c'est que le visage saigne vite et bien, irrigué comme il est, et que même la coupure la plus superficielle pouvait avoir un effet bien plus grave sur une partie du corps aussi fragile que celle là. au moins j'en sortirais avec une cicatrice de guerrièr.e, qu'ael sourit, conscient.e du fait que ça arriverait ; qu'on verrait toujours sur un coin de sa tête les traces d'une manifestation qu'ael continuerait de défendre jusqu'au bout. l'objectif de celle-ci était louable, et son déroulement ne s'était pas mal passé. pas de regrets. c'est suffisamment rare pour les matheux pour être noté, et ça sera définitivement un sujet à aborder en soirée. parce qu'ael en manquait. parce que personne ne voulait vraiment entendre l'adolescence supposément parfaite d'une personne qui avait tout fait avant les autres, parce que la jalousie était présente et qu'on ne pouvait pas leur retirer ce sentiment, face à aellui, d'avoir raté.  

l'oreille est attentive, quand l'altérité se met à évoquer les mathématiques et analyses auxquelles il s'est livré. qu'est-ce qu'ael pouvait la comprendre, cette fièvre de la réussite qui en venait à l'empêcher de manger tant qu'ael n'aurait pas un peu plus avancé - tant que tout ne serait pas résolu et complet. et la crypto-monnaie, bien que moins intérêt spécifique que les mathématiques pures que thulani avait le plus recherché, avait au moins ce frisson obligatoire qu'ael avait eu la joie de ressentir tant de fois. ça me manque, les mathématiques qu'ael explique, tout simplement, alors que l'adrénaline commence à baisser et la douleur à se faire sentir, pour la remplacer. pendant un moment, je n'ai pas pu regarder une équation sans me sentir malade, mais ça commence à revenir, maintenant. l'overdose commence à passer doucement. l'impression que c'était ce qui lui était arrivé aussi, quelque part, parce qu'on le verrait mal à une manifestation somme toute anticapitaliste s'il continuait à défendre le trading avec tant d'acharnement. je ne voyais plus la magie là-dedans. et ce fut une catastrophe que rien n'aurait pu préparer, à son avis ; pas à celui de sa psychiatre, qui l'avait prévenu plusieurs fois, que ça viendrait, que ça finirait par arriver.

mon front commence à piquer qu'ael finit par trancher, après quelques dodelinements de la tête, le temps de savoir quoi dire, quoi raconter. pas vraiment de sensation globale de la blessure, juste le sang qui s'arrête tout seul de couler, qui lui fait croire que le pire est passé. j'aurai sans doute besoin de points de suture, mais la nausée est passée. le pire est au moins écarté. on cherche des bénévoles qui aiment les maths, au el halito, tu sais. si ta passion peut devenir apprendre des tables de multiplication à des écoliers, ou encore te débattre avec moi sur des projets bien plus compliqués, j'ai encore mes cours de la fac, que j'ai déjà fait mais un peu différents, sur lesquels on peut travailler.

(c) oxymort & vocivus