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Every girl’s first hero will always be her brother ✘ Kenneth

@ Invité

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Ven 6 Mar - 23:01
Every girl’s first hero will always be her brother
ft. Kenneth Myers


    Le geste est d'une précision chirurgicale, le cadre se fracasse à quelques centimètres du visage de son mari, le verre se brise dans un tintement cristallin et la photo virevolte telle une plume avant de s'écraser face contre terre. Le temps se suspend un instant, plongeant la pièce dans un silence de mort. Ce calme n'est que de courte durée, la surprise laisse place à l'incompréhension et la colère. "Mais t'es complétement malade ! Tu veux me tuer c'est ça ?" Attrapant le cadre suivant sur le rebord de la commode prête à dégainer mon prochain projectile. "C'est pas l'envie qui manque, mais je te ferai pas ce plaisir !" J'enchaîne les munitions qui me tombent sous la main alors qu'il esquive, se protégeant derrière un coussin capturé à la va vite sur le canapé. "Calme toi, t'es folle, je vais te faire interner !" Des menaces, c'est tout ce qu'il trouve, ça y est il va vouloir me faire croire que c'est moi qui ai un problème il me prend vraiment pour la dernière des connes. "Je suis folle ? JE suis folle ? tu me traite comme une moins que rien depuis un an, tu te tapes la ville entière et n'essaie même pas de nier j'ai toutes les preuves qu'il me faut ! Tu avais dit oui lorsqu'on s'est juré fidélité et à peine une semaine plus tard tu te tapais déjà une de tes pétasses !" Je ne sais pas si c'est le fait de lui exposer le fait que j'ai des preuves concrètes contre lui, ou simplement qu'au bout d'un an à me faire marcher dessus je me rebelle et lui balance tout au visage, après tout à ce moment précis je n'ai rien à voir avec la mariée douce et docile que j'étais douze mois plus tôt, mais il est surpris, il cherche presque ses mots. "Et tu vas faire quoi ? Tu penses vraiment que tu peux quoi que ce soit contre moi ?" Je jette à ses pieds mon dernier projectile, me retourne et empoigne la valise et mon sac qui m'attendent dans l'entrée, au moment de passer la porte je me retourne un dernier instant, après une grande respiration je lui balance le coup de grâce. "À partir de maintenant c'est mon avocat qui te contactera, toi et moi on divorce !"

    C'est lorsque je sors dans le couloir, puis l'ascenseur, puis la rue sans qu'à aucun moment il ne tente de m'arrêter, me suivre ou de me rattraper que je réalise que mon mariage est terminé pour de bon. J'ai vingt-six ans et enfin je me réveille et je ne pense qu'à moi. Dans le taxi, je reste silencieuse après avoir indiqué la direction de l'aéroport au chauffeur, puis en arrivant au guichet je me surprends à sourire lorsque je demande, comme dans un film, un billet pour n'importe quel vol pour New York. Avant d'embarquer je préviens mon frère de mon arrivée par un message des plus sommaires : Je monte dans l'avion pour New York, je serai chez toi en fin de journée. Durant le vol, je sors de mon sac à main un carnet totalement difforme qui s'il n'était pas retenu par un élastique cracherait un flot de photo qui me font remonter le temps. La gamine qui sourit, le bras de son grand frère autours de ses épaules, j'ai l'impression qu'elle a disparu il y a une bonne dizaine d'année, lorsque Kenneth est parti de la maison pour de bon, lorsqu'il a fallu rivaliser avec ce fantôme qui ne revenait à peine pour les fêtes de fin d'année ou un anniversaire spécial de temps à autre. Il avait réussi sa vie lui, il pourra certainement m'aider à remettre la mienne sur les rails, à reprendre un nouveau départ dans sa ville. En feuilletant les pages je ne peux m'empêcher de tomber sur les visages un peu fermés de nos parents, j'ai l'impression qu'ils savent qu'en quittant mon foyer et mon mariage je jette un peu de déshonneur sur notre famille, ils me jugent au travers des années et du papier photo. Je referme le carnet dans un claquement qui fait sursauter ma voisine et le range rapidement en m'excusant et passant rapidement mes doigts sous mes paupières avant que les larmes ne ravagent mes joues. Des milliers de pensées se bousculent dans mon crâne et la première revient en boucle en m'entendant annoncer ce divorce à mon mari. *Mon avocat … il va falloir que je m'en trouve un d'avocat*.

    Un peu moins de deux heures plus tard, l'avion se pose à l'aéroport JFK en allumant mon portable je lis la réponse de mon frère sur mon écran :Appelle-moi quand t'es à l'aéroport, je viens te chercher. Tout en récupérant mon bagage, j'entends sa voix au bout de la ligne et manque de m'étouffer avant de me reprendre. "C'est moi, je suis arrivée, le temps de passer la sécurité et je serai dehors, où est-ce que je te retrouve ?"

    Le rendez-vous pris, je m'installe dans le hall, observant les gens autours de moi, leur imaginant des vies et essayant de trouver ne serait-ce qu'un infime embryon d'idée de ce que ma nouvelle vie, ma véritable vie allait bien pouvoir être désormais.

@ Invité

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Lun 9 Mar - 14:48
Every girl’s first hero will always be her brother.

Lorsque le téléphone a vibré sur la table de chevet, j’ai ouvert mes mirettes engluées dans un râle, et j’ai roulé dans mes draps sur le bon côté. J’ai cligné doucement des yeux pour libérer mes cils et j’ai attrapé le smartphone en baillant. Un rayon de soleil s’est accroché à l’écran et m’a rebondit dans la figure. J’ai grogné. La journée était visiblement déjà bien entamée ; comme je n’avais plus besoin de réveil, ces derniers temps il m’arrivait souvent d’en gâcher la première moitié dans mon lit.
J’ai déverrouillé le téléphone avec l’empreinte de mon index, sans savoir quel choc je m’apprêtais à subir.

Ma soeur. Dans l’avion. Pour New-York. Pour venir me voir. Aujourd’hui.

Mon cerveau a pris son temps pour compiler ces informations. J’ai cligné des yeux, un peu hagard. Et, subitement, j’ai percuté.
Ma soeur ?!? Je crois que si je m’étais trouvé debout, je me serais cassé la figure. Mon coeur a loupé un battement, et j’ai ouvert grand la bouche. J’ai relu le message, une fois, deux fois, jusqu’à être bien certain de me n’être pas trompé. Catastrophe! Quelle mouche l’avait piquée, de débarquer ici à l’improviste ?!
J’avais tout à coup très chaud. Mes mains tremblaient, mes poils s’étaient hérissés. L’angoisse s’est emparée subitement de moi; l’arrivée d’Erin, c’était comme voir mes plus mauvais rêves se réaliser !

J’ai mis un coup de pied dans la couverture puis j’ai bondi hors du lit tout en m’arrachant les cheveux. J’ai tourné dans la pièce comme un lion en cage.
Je n’avais pas mis ma famille au courant de mes récentes déboires, de mes échecs professionnels. Aux yeux de nos géniteurs, j’étais le fils parfait, le garçon qui a fait de longues études et qui en tire profit. J’avais suivi la voie qu’ils avaient tracé pour moi jusqu’alors, et en conséquence j’étais aujourd’hui incapable de trouver les mots pour leur expliquer mon fiasco, incapable d’affronter leur courroux et leur déception. Et aux yeux de ma petite soeur, qui, je le savais, avait toujours souffert de la comparaison avec moi, j’étais le grand-frère modèle, et j’avais bien trop honte de ma situation actuelle pour la partager avec elle également. Mais puisqu’elle débarquait ici, elle finirait pas tout découvrir ! Je n’avais plus de travail, j’avais changé de logement par manque d’argent, j’étais accro au poker. Joli tableau Kenneth ! Pour qui allais-je passer ?! Je n’étais pas, plus, le frère accompli. Comment éviter la désillusion ? C’était déjà trop tard, j’étais coincé !

J’ai inspirée une grande goulée d’air. Chaque chose en son temps.
D’abord, il fallait éviter à Erin de se pointer à mon ancienne adresse, et aussi de la laisser se promener seule, sans repères, dans New-York. Impossible de l’imaginer, elle, son joli minois et ses courbes de femme, sans protection dans la Grosse Pomme. J’ai récupéré d’un geste vif le smartphone que j’avais laissé sur le lit, et j’ai tapé rapidement un message.
Appelle moi quand t’es à l’aéroport. Je viens te chercher.
Une fois que je l’aurais récupérée, je verrais bien comment aborder le - les ? - sujet(s).

L’heure du repas du soir approchait lorsque j’ai reçu son appel. Une heure que je me rongeais les ongles dans l’un des cafés de l’aéroport, à tourner et retourner tant de questions à m’en farcir le citron. A observer le monde passer, puisqu’ici l’on fourmille à toute heure. A me demander comment lui avouer la vérité. Ou comment ne rien lui dire. Ou encore, pourquoi cette visite ? Cela ne lui ressemblait pas, à Erin, de sauter dans le premier avion juste pour me voir. J’étais inquiet. Pour elle. Pour moi.
J’ai laissé sonner deux fois, pour faire semblant de ne pas avoir été scotché à mon téléphone depuis que j’avais reçu son premier message. Pour ne pas trahir l’anxiété qui me tenait depuis lors. « J’te récupère à la sortie, dans le hall ! Bouge pas plus loin, j’arrive tout de suite ! » J’ai raccroché.

J’ai passé une main fébrile sur mon visage, et me suis composé un air serein. Comme quand j’étais à la bourse, et que je tenais à faire savoir à Vanya que j’évaluais le risque que nous prenions comme nul. J’ai ri jaune. J’étais rien qu’un clown.
J’ai marché à grand pas jusqu’à ces fameuses portes où l’on attend famille, amis, amants. Où les gens se retrouvent en effusions de joie, se tombent dans les bras et s’embrassent entre sacs et valises. Où toute une rangée de pancartes tournées dans le même sens attendent de trouver leur cible.
Je me suis mis un peu à l’écart, à l’arrière, et je l’ai cherchée dans le hall.
Puis je l’ai vue. Elle était assise sur l’un de ces bancs inconfortables que l’on trouve dans tous les aéroports du monde, tenant sa valise contre ses genoux.
Je crois avoir ressenti un certain soulagement. Comme tout à coup apaisé de la savoir là, auprès de moi. Cette soeur que je chérissais tant. J’ai agité la main et crié son nom. J’ai avancé vers elle en même temps, inconsciemment, et j’ai fini par ouvrir grand mes bras pour l’accueillir, comme l’avaient fait tant d’autres personnes ici. Je l’ai serrée un moment contre moi puis je l’ai relâchée.
« Ca va ? Tu as eu bon vol ? Tiens, laisse, je m’occupe de ta valise ! » J’ai marqué une pause et j’ai plongé mes yeux dans les siens. « Erin… Je suis content de te voir. » Sans oser poser à voix haute cette autre question, qui prenait forme dans ses airs fatigués, dans les plis soucieux de son jeune visage.
Qu’est-ce que tu fais là ?.

@ Invité

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Lun 9 Mar - 21:55
    Je n'attends pas longtemps après avoir raccrocher et entendu la voix de mon frère, je suis perdue à des millions d'années lumières, dans mes pensées diverses et variées lorsque cette même voix me fait redescendre sur terre. Il y a quelque chose de réconfortant lorsque l'on se trouve dans un lieu peu connu et que quelqu'un vous appelle par votre prénom. Encore plus lorsque cette voix est familière et vous enveloppe. Lorsqu'il s'approche et m'ouvre ses bras, je n'hésite pas une seconde et m'y plonge profitant de ces quelques instants suspendus et lui déposant un baiser sur la joue lorsqu'il me relâche s'inquiétant de savoir comment s'est passé mon vol, et attrapant ma valise. Le voir là, face à moi alors que rien n'était prévu, plonger mon regard dans le sien que je connais si bien et qui m'a manqué, j'ai l'impression que je vis une sorte d'expérience extracorporelle. Cette sensation étrange qui vous envahie lorsqu'on sait que dès que certains mots seront prononcés, rien ne sera plus jamais pareil. "Le vol ça a été, et j'ai discuté avec une jeune femme sympa en passant la sécurité, rien d'exceptionnel."

    Rien d'exceptionnel, tu parles, ma vie entière est en train de voler en éclat mais comme d'habitude je ne montre rien, je garde le sourire, après tout c'est bien ce que maman m'a appris. Souris ma fille, tu peux penser ce que tu veux mais le garder pour toi est plus important que d'exposer tes soucis au reste du monde, personne ne s'en soucie. On peut comprendre pourquoi c'est vers mon grand frère et non vers mes parents que j'ai voulu me tourner, je les aime ça ne fait aucun doute mais je vais devoir prendre un peu mon temps et retrouver mes esprits avant de leur annoncer la nouvelle. Passant mon bras sous le sien, je lui emboitais le pas. "Moi aussi je suis contente d'être là, comme je ne savais pas si tu étais en ville et comme je ne voulais pas trop m'imposer, j'ai pris une chambre pour les trois prochaines nuits, mais j'aurais besoin de toi pour la suite …" arrêtant mon pas avant que l'on franchisse tous les deux la portes du terminal, je me tournais vers lui et sans trop oser le regarder dans les yeux, je me lançais, sans filet. "J'ai quitté Vikram et je vais divorcer !"

    Ça y est, c'était fait, j'avais un poids de moins sur le cœur et les épaules, bien sûr tout était à faire désormais, trouver un avocat, lancer la procédure de divorce, réussir à tourner cette page et pouvoir enfin devenir la vraie Erin que j'avais véritablement envie de découvrir. J'avais un peu d'appréhension, j'avais un peu peur de la réaction de mon frère, lui à qui tout réussissait me voyait débouler dans sa vie avec mes problèmes et mes états d'âmes. Osant lever le regarde vers lui, j'attendais sa réaction, prête à tout que ce soit de la colère, de la déception, de la froideur. J'avais peur que désormais mon frère ne me regarde plus de la même manière.

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Mer 18 Mar - 17:04
Every girl’s first hero will always be her brother

Elle m’a servi des banalités et un sourire un peu fade. J’ai froncé les sourcils, puisque n’ayant pas de réponse à ma question. Il y avait quelque chose de louche dans tout ça ; j’ai deviné un sujet sous-jacent qu’elle n’osait pas aborder. Mais quoi ? Bien sûr, je pouvais me tromper. Peut-être n’était-ce que le fruit de mon imagination. Peut-être projetais-je sur elle l’inconfort que j’avais à la savoir ici lorsque je ne lui avais rien dit de ma situation actuelle. Que je voulais deviner sur son visage l’appréhension que j’avais à tout lui raconter.
Je n’avais pas la prétention de dire que je connais Erin par coeur. Les dix dernières années, j’avais vécu à New-York, loin du reste de la famille, et la Erin dont que je me représentais avait bien grandi depuis, l’adolescente chétive s’effaçant au profit de la femme accomplie. Avec un travail, une belle maison, et un mari. Tout l’inverse de moi, ai-je soudain pensé, et mon coeur s’est serré. Mais après tout… elle était mon unique soeur. Nous avions vécu tant de moments ensemble, tant d’années sous le toit familial. Des fous rires aux puériles disputes, du soutien moral dans les moments importants aux crises de jalousie pour une prétendue inégalité… tout cela ne s’oublie pas. Non, il y avait bel et bien quelque chose qu’elle me cachait.
Mais je n’ai pas osé demander quoi. J’avais trop à lui cacher moi-même.
J’ai haussé les épaules, comme pour me dire qu’elle finirait bien par me dire ce qui l’amenait ici à un moment ou à un autre, puis j’ai embarqué sa valise.

Alors que nous nous gagnions la sortie, et que je hochais doucement la tête à ses propos tout en réfléchissant à comment loger ma soeur autrement qu’à l’hôtel alors que j’étais moi-même actuellement fauché, elle s’est soudainement arrêté et m’a lâché. J’ai fait un pas ou deux de plus vers la sortie. « J'ai quitté Vikram et je vais divorcer ! » Les mots ont résonné puissamment dans le hall, avec toute l’énergie qu’elle avait insufflé à sa voix pour les prononcer. Elle y avait certainement mis tout le courage qu’elle avait pu rassembler pour passer aux aveux. Moi, je me suis stoppé net, et, en me retournant d’un coup vif, je lui ai fait des yeux de poisson. Grandes ouvertes les mirettes, deux billes bien rondes et stupéfaites. J’ai lâché la valise, qui est tombé en avant à cause du poids dans un grand fracas, mes bras ballants à mes côtés. « Qu’Quoi ?! » j’ai bégayé, prêt à tout sauf à un tel aveu. Mon flair ne m’avait pas trompé, mais je n’avais pas osé telle révélation. J’ai bondi vers elle en une grande fente en avant et je l’ai prise par les épaules. « Mais… comment ? … et… euh… pourquoi ? T’es sûre de toi ?! » Je me doutais que ce n’était probablement pas la meilleure réaction, et pas les meilleures questions à lui poser. Comment tu vas ? ou bien Si c’est ta décision, je te soutiens auraient sûrement été mieux. Mais elle m’avait pris de court.
J’ai rouvert la bouche en grand, puis je l’ai refermée, par peur de dires d’autre bêtises. Quelques regards s’étaient tournés vers nous. J’ai décidé de fuir cette mesquine attention.
J’ai saisi ma soeur par le bras, tout en me penchant pour reprendre sa valise, et je l’ai traînée vers l’extérieur. Je me suis arrêté brièvement sur le trottoir et je lui ai dit soudainement :  « Papa et Maman… ils savent ? » Je me suis mordu la lèvre. C’aurait été épouvantables qu’ils l’apprennent. Je me doutais cependant qu’Erin ne leur avait certainement pas annoncé la bonne nouvelle, et que son arrivée à New-York s’apparentait à une fugue, un repli. « Viens, on va se prendre un café et tu vas me raconter tout ça. »

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Lun 30 Mar - 23:22
    Bien entendu lui balancer la véritable raison de ma venue à New York, comme ça, brutalement et sans détours avait sans doute été un choc pour lui mais je ne savais pas comment le dire autrement, je ne me voyais pas tourner autour du pot pendant des heures ou des jours et ensuite essayer de lui faire comprendre que mon couple était définitivement mort. Comment ? Pourquoi ? Si j'étais sûre de moi ? J'avais presque envie d'éclater de rire en voyant sa réaction, et je ne pouvais pas l'en blâmer, je lui balançais ça à la figure et il sortait ce qui lui passait par la tête en premier. Ses mains sur mes épaules se relâchaient quelques peu avant de me laisser libre. Il ramassa ma valise qu'il avait laissé tomber sur le sol et se dirigea vers la sortie en m'y entrainant. Je ne répondais rien pour le moment ce n'était pas vraiment le moment et l'endroit pour me lancer dans des explications à cœur ouvert.

    Une fois à l'extérieure il m'interroge sur nos parents. "T'es complétement fou, tu penses vraiment que s'ils étaient au courant je serai là ? Vivante ?" J'exagérais bien sûr nos parents ne seraient pas capable de me faire du mal, mais me blâmer et m'accuser de jeter la honte sur notre famille pour au moins dix générations, alors là, ça oui, je savais que j'en prendrai pour mon grade ! Cela faisait environ dix ans que Kenneth avait quitté la maison il ne savait pas vraiment ce qu'avait été ma vie et mon quotidien avec nos parents et à quel point ils me répétaient que ma vie serait réussie lorsque je serais mariée et aurait des enfants. Malgré le fait que nous sommes au vingt et unième siècle, nos parents sont encore bien ancrés dans le passé pour ce qui est de certaines traditions.

    J'acquiesçais lorsqu'il proposa d'aller boire un café, et le suis jusqu'au taxi auquel il a fait signe, je m'installe à l'arrière pendant qu'il met ma valise dans le coffre avant de prendre place à mes côtés. Cela fait un moment que l'on ne s'est pas vus et même si j'ai envie de toute lui raconter, je n'ai pas vraiment envie de le faire devant le chauffeur du taxi. Il donne une adresse au chauffeur et je laisse mes pensées s'évader quelques minutes en regardant défiler les buildings jusqu'à ce que le véhicule s'arrête enfin et que mon frère n'en sorte et règle la course.

    Attablés face à face, je fais tourner ma cuillère inlassablement dans mon thé avant d'enfin la sortir et la poser sur la table. Regardant mon frère, je prends une grande inspiration et je me jette à l'eau. "Ça fait des semaines que j'étais prête à partir, mais à chaque fois je me trouvais une excuse mais cette fois c'était celle de trop. Ça fait depuis le premier jour de notre mariage qu'il me trombe et se tape tout ce qui peut avoir deux jambes et une paire de seins. Au début je me suis dit que c'était un égarement de sa part que je devais le lui pardonner pour que notre mariage tienne le coup. Mais il avait beau s'excuser et me faire de belles promesses, à peine il l'avait dit qu'il allait sauter sa secrétaire ou une de ses collègues." Portant la tasse à mes lèvres j'avalais une grande gorgée du breuvage presque brûlant qui me fit tousser un peu. "J'aurais dû faire quoi ? Le laisse se taper la ville entière et jouer l'épouse parfaite, ne rien dire et mettre les petits plats dans les grands pour un connard qui m'a prise pour une conne dès le début ?"

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Ven 3 Avr - 23:04

Every girl’s first hero will always be her brother

J’ai dodeliné de la tête. Bien sûr que non, nos parents étaient dans l’ignorance. Pour les mêmes raisons qui m’avait poussées à taire ma situation actuelle. J’ai tenté de ne rien laissé paraître à Erin. Elle non plus, ne devait rien savoir pour le moment.
J’ai hélé un taxi, et nous sommes montés à l’arrière. J’ai indiqué l’adresse au chauffeur ; c’était celle du café le plus proche de ma nouvelle résidence, où je me rendais parfois le soir, lorsque je ne trouvais rien de plus intéressant à faire. Une fois dans l’appareil, j’ai redirigé la conversation. Si le public de l’aéroport n’était pas digne d’écouter les confidences de ma soeur, ce chauffeur non plus - en tout bien tout honneur, je n’avais rien contre ce brave monsieur, ses gants noirs en cuir qui l’auraient fait passer pour un violeur s’il n’avait pas juste été un maniaque du volant et du levier de vitesses propre.
Nous avons un peu discouru de la pluie et du beau temps, mais je dois avouer que la conversation s’est éteinte assez vite. Elle comme moi, nos esprits pensaient à la conversation à venir. Erin… divorcée. Je n’avais aucune idée des problèmes que pouvaient rencontrer son couple, je la pensais filer un mariage heureux, avoir bientôt des enfants. Je me suis senti un peu absurde, à ne rien savoir de sa vie, à ne pas avoir su déceler tout ça. Je suppose que j’avais été encore plus centré sur moi ces derniers mois qu’avant.

Nous sommes descendus. J’ai récupéré la valise et nous nous sommes installés à une petite table du café à manhattan. Au début, il y a eu comme un silence, sans qu’aucun n’ose reprendre la conversation là où elle s’était arrêtée. Moi, je n’allais certainement pas relancer. C’était ses histoires, ses aveux. J’ai jeté mon regard par dessus son épaule, suivant les mouvements expérimentés de la serveuse débarrassant des tables plus loin, pour ne pas presser ma soeur. Je me suis retenu de ronger mes ongles ; j’étais inquiet.
Et elle s’est lancée, comme un torrent qui jaillit soudain. Au fur et à mesure, mes yeux se sont ouverts jusqu’à ce que j’aie l’apparence d’un hibou. Interloqué, je suis resté bouche bée, sans trop savoir quoi répondre.
Lorsque mon cerveau eut digéré les informations, j’ai viré rouge. « Cet enfoiré de Vikram a fait QUOI ?! » J’ai haussé le ton en me levant à moitié sur ma chaise. J’ai tapé contre la table et renversé un peu de café dans mon élan. Je n’en croyais pas mes oreilles. On avait donné la main de ma soeur à une telle ordure ? Mes oreilles ont sifflé. Toutes mes interrogations quant au choix d’Erin ont disparu. « Ecoutes moi bien. T’as bien fait de venir ici, et j’espère que tu reverras jamais sa sale gueule. J’suis à deux doigts de prendre un billet aller-retour rien que pour lui casser la tronche. » Bon, mis à part le fait que je n’étais ni le plus large ni le plus sportif des hommes.

J’ai inspiré un grand coup, pour redescendre en pression. Je n’y pouvais plus rien. L’essentiel, c’était qu’Erin était là, maintenant, et qu’elle était à l’abri de ce qui serait bientôt son ex-mari. Je la garderais auprès de moi, et jouerais les chaperons s’il le fallait. J’ai brièvement changé de sujet, pour faire passer mes envies de meurtre. « Concernant l’appart… J’ai déménagé, et... je ne vais pas pouvoir te loger cette fois-ci. Mais t’en fais pas, j’vais te trouver une solution rapidement. » J’ai passé sous silence le pourquoi de mon déménagement. En réfléchissant rapidement, elle ne pourrait deviner ma situation à voir le magnifique penthouse où je crèchais désormais.
Je ne voulais pas lui dire tout ça maintenant. Ce n’était pas le bon moment. Je ne voulais pas plus l’attrister qu’elle ne l’était déjà.
Ou du moins, me convaincais-je du bien fondé de cette pensée.

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Sam 11 Avr - 0:31
    Je l'observe lorsqu'il m'écoute et une fois ma tirade terminée quelques secondes prennent la forme d'une éternité avant qu'il réagisse. Je n'avais absolument aucune idée de comment il le prendrait, s'il était du genre à me dire que j'exagère certainement et que j'avais fait une montagne de peu de chose. Ou alors s'il me comprendrait et accepterait ma situation bien qu'elle ne soit pas très reluisante actuellement. Comparé à lui qui était celui qui réussissait tout j'avais vraiment l'impression d'être une ratée, il avait beau ne pas être marié il n'y avait pas un jour sans que nos parents me chantent ses louanges encore et encore, pour moi il était la réussite incarnée alors me retrouver face à lui, totalement honnête sur ma nouvelle situation était une épreuve. Sa réaction me surpris autant qu'elle me fit chaud au cœur, le voir réagir avec autant de ferveur, son poing tapant sur la table, renversant un peu de nos cafés, je ne l'avais jamais vu aussi agité. Attrapant une serviette j'essuyais machinalement le breuvage caféiné qui avait pris place sur la table. Je l'écoutais me dire qu'il était prêt à aller lui refaire le portrait me confortait dans l'idée que venir auprès de mon grand frère avait été la meilleure idée que j'avais pu avoir.

    J'attrapais sa main dans la mienne et après quelques seconde je décidais de reprendre la parole. "T'as pas idée à quel point je suis soulagée d'être ici et avec toi. Je ne veux plus rien avoir à faire avec lui, je sais que je devrai récupérer des affaires mais je pourrai toujours envoyer quelqu'un." Je savais que la suite n'allait pas être simple, qu'il y aurait toute la procédure de divorce à régler mais cette fois j'étais bien décidée à prendre ma vie en main et ne plus penser qu'à moi et plus à celle que j'étais censée être avec lui. Il m'expliqua ne plus habiter le même appartement que la dernière fois que j'étais venue le voir à New York il y a de cela bien quelques années, je ne lâchais pas sa main pour autant et lui souris. "Je te l'ai dit pour le moment j'ai pris un hôtel, et si je dois refaire ma vie je ne veux pouvoir compter que sur moi-même, je vais chercher du travail, trouver un avocat, je sais que j'ai fait tout dans le désordre mais je n'en pouvais plus." Je savais que mon frère avait réussis sa vie, qu'il avait une bonne situation mais ce n'est pas pour ça que je voulais venir le rejoindre, je ne voulais pas quitter un homme pour dépendre d'un autre. "J'aurai pu aller n'importe où, mais je voulais être près de toi et pouvoir rattraper les années qu'on a perdu en étant loin l'un de l'autre. Enfin si tu le veux bien ?"

    Il n'allait pas me rembarrer, pas maintenant qu'il connaissait le fin mot de l'histoire, et j'avais vraiment envie de renouer des liens plus solides avec mon frère, après tout quand il était parti je n'avais que seize ans, nous ne nous connaissions pratiquement pas en tant qu'adultes. Mais le lien que nous avions enfants, j'avais envie de le retrouver. Mon attention fut attirée par la sonnerie de mon portable, lâchant la main de Kenneth, mon visage se ferma lorsque mes yeux se posèrent sur l'écran. Le montrant à mon frère, le nom de mon mari apparu. Il y avait également une bonne dizaine de messages de notre mère. "Apparemment il s'est chargé de les avertir … Comment je vais leur expliquer Kenneth ?"

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Mar 14 Avr - 9:28

Every girl’s first hero will always be her brother

Je me suis radouci en entendant les mots d’Erin. Comment ne pas sourire à telle demande ? « Erin ! Bien sûr que je veux !  » Après tout, j’étais réellement heureux qu’elle soit là. Le timing n’était pas le meilleur, ni pour elle, ni pour moi, puisque nous nagions chacun dans nos propres drames. Mais peut-être, qu’au contraire, c’était le meilleur moment pour rattraper le temps perdu. Pour renouer un lien fort avec mon unique soeur. A deux, nous serions plus forts pour faire face à nos difficultés. Avec elle à mes côtés, je me sentais déjà plus léger, plus à même de redresser la pente dont je ne lui avais pas encore parlé.
J’avais quitté Erin adolescente, et je découvrais à peine la femme qu’elle était devenue. Nous avions tant à apprendre l’un sur l’autre, ai-je songé avec nostalgie. Je savais pourtant qu’importe les remous et les obstacles qu’elle avait dû franchir, elle resterait à tout jamais la bienveillante Erin. Cette soeur si douce, parfois ingénue, qui voit la bonté chez autrui avant leur rudesse. Je lui ai adressé un sourire affectueux, et j’ai serré sa petite main dans la mienne.

Son téléphone a vibré sur la table, et nous n’y aurions sûrement pas prêté attention si les lettres qui s’étaient inscrites sur l’écran avaient été différentes. Mes yeux se sont écarquillés d’horreur. J’ai croisé le regard paniqué d’Erin. « Mais quel enfoiré ! » J’ai encore tapé du plat de la main sur la table, les tasses ont à nouveau vibré, et les regards se sont encors tournés vers nous. J’ai tendu la main en signe d’excuse à la serveuse, en réponse à son oeillade courroucée. « Bon… Pas de panique…. pas de panique. Décroches surtout pas ! » J’étais affolé en vérité. Non pas de l’appel de ce Vikram, dont je ruinerais l’existence s’il ne se trouvait pas à des milliers de kilomètres, mais plutôt du fait que nos parents sachent. C’est lorsqu’il nous faut affronter le jugement de nos géniteurs, que l’on se souvient qu’on reste à jamais leurs enfants. C’est dans ces moments de décision, que l’on se rapporte à leur avis et qu’on craint la punition comme lorsqu’on avait six ans, me suis-je alors dit.
J’ai inspiré une grande goulée d’air, et j’ai soupiré longuement. Voilà exactement la raison pour laquelle je leur avais tout caché. Si j’hésitais encore à leur dévoiler que j’étais sans emploi, je n’hésitais plus désormais. « Buvons tranquillement le café. De toute façon, on est pas à cinq minutes maintenant… Et tout à l’heure, je me charge des parents pour toi ! » ai-je affirmé avec assurance, alors que je tremblais d’avance de cet appel. Mais je préférais m’en charger moi, plutôt que de laisser Erin affronter les reproches de nos parents. Tant de différences entre ces deux générations… Eux, qui avaient été façonnés dans le moule indien, croulant sous le poids des valeurs et du regard de la société, et nous, nés ici, sur le territoire américain, qui embrassions le mode de vie occidental. Ce devait être parfois un choc, pour eux. Mais ce n’était pas une excuse valable.

Nous avons terminé de boire le café. J’ai laissé l’argent sur la table et j’ai emmené Erin à ma suite. Nous avons traversé la rue, et rejoignant l’entrée arrière de l’immeuble, nous avons gagné mon nouvel appartement. J’ai ouvert la porte d’entrée, et les griffes de glitter ont crissé sur le parquet alors qu’il débarquait en trombe pour saluer les arrivants. « Lui, c’est Glitter ! Il est un peu collant, mais pas méchant pour deux sous.  » Glitter était le petit chien d’Alyson, dont Ariadne avait désormais la garde. Nous avons pénétré à l’intérieur, et devant le regard ébahi de ma soeur, j’ai ri. « Ne me regarde pas comme ça ! Je ne suis pas proprio. J’y suis locataire, en quelque sorte... et c’est un peu compliqué à expliquer. Je te raconterais ça un autre jour. » J’ai laissé sa valise dans l’entrée. « Allez Glitter ! Laisse Erin tranquille un peu va… Je t’aurais bien présenté Ariadne, mais elle est au travail ! » jetais-je à la volée, comme une évidence, comme si Erin savait qui était Ariadne. Bah, ça n’avait aucune importance., et je l’ai conduite au salon et ses moultes divans, son énorme télévision et son accueillante pagaille.

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Mer 15 Avr - 21:23
    Savoir que j'avais le soutient de Kenneth fit monter une vague d'émotion et j'étais presque apaisée après une journée riche en rebondissements. Après tout, ce matin j'étais encore chez moi en train de faire mes bagages hésitant à rester ou à quitter notre appartement pour penser à moi, et uniquement à moi. J'avais fait le bon choix en venant chercher du réconfort auprès de mon frère, on avait beau ne pas avoir été proches au court des dix dernières années j'avais l'impression que lui comme moi on avait besoin de se retrouver et ma démarche venait au bon moment. Je hochais la tête en signe d'approbation lorsqu'il me dit de ne pas décrocher, et le savoir de mon côté, avoir un allié dans cette situation avait un effet apaisant. Lorsqu'il me propose qu'on finisse notre café et qu'il appellerait nos parents pour moi, si on n'avait pas été dans un lieu public je crois que je lui aurais sauté au cou tant cela me faisait du bien de retrouver mon grand frère.

    En quittant le café, il ne nous fallut pas plus que quelques pas pour entrer dans un immeuble et arriver à son nouvel appartement, à peine franchi le seuil c'est une boule de poils en furie qui mis le cap sur mes jambes, Kenneth avec un chien ? Je ne sais pas pourquoi mais ça ne me semblait pas lui ressembler, bon d'accord je n'avais pas beaucoup vu mon frère depuis dix ans mais j'avais l'impression de découvrir un jeune homme que j'allais devoir apprendre à connaître. Après quelques caresses sur la tête du chien je fis quelques pas dans l'appartement qui me semblait gigantesque, je savais qu'un trader gagnait bien sa vie mail là, il devait tutoyer les étoiles pour habiter dans un endroit pareil. Il surprit mon regard qui se posait presque sur chaque coin d'appartement que je pouvais apercevoir et m'expliqua rapidement qu'il était locataire mais m'en dirait d'avantage un autre jour. Chassant gentiment le chien, j'avançais davantage dans l'appartement avant de me faire volte-face lorsqu'il parla d'une jeune femme. "Ariadne ? C'est ta copine ? Tu me caches des choses Kenneth ?" Je lui fis un large sourire, peut-être le plus franc et sincère depuis mon arrivée. "Je ne sais pas qui elle est mais si c'est son appart tu fais fort, elle doit être blindée cette fille ? Ou alors c'est une vieille ? C'est ça ! Tu nous la joue en mode Harold et Maud ? Tu restes chez elle en attendant qu'elle te mette sur son testament hein ?" J'éclatais de rire en espérant secrètement que ma dernière hypothèse ne soit pas la bonne, avant de revenir vers lui et sans crier gare, je passais mes bras autour de sa taille et lui collais un baiser sur la joue avant de rester quelques secondes serrer contre lui. "Merci d'être venu me chercher, merci d'accepter que je reste et d'être là pour moi. Ça fait tellement longtemps que j'ai pas passé du temps avec toi !" Relâchant mon étreinte, je marchais jusqu'à une fenêtre pour découvrir ce qui se distinguait, appréciant en contrebas la ville bien plus grouillante que le quartier de Chicago que j'avais quitter ce matin.

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Ven 24 Avr - 0:17

Every girl’s first hero will always be her brother

Je fronçais les sourcils à l’idée avancée par ma soeur, qu’Ariadne puisse être ma compagne. Non pas que l’idée fut à ce point déplaisante, mais plutôt qu’Erin était à mille lieues de la vérité. J’offrais une moue sérieuse à ma cadette, comme si elle avait abordé un sujet des plus dramatiques - ce qui, d’une certaine manière, était le cas -, mais je me déridais en constatant le sourire éclatant qu’elle m’offrait. Je riais en retour. « Harold et Maude ? Qu’est-ce que c’est que cette référence des années 70 ? Et quelle est cette idée vicieuse qui jaillit hors de cet esprit si pur ? Une grand-mère démoniaque aurait-elle pris possession de mon adorable soeur ?  » Je tirais affectueusement sur ses joues, comme pour y déceler la supercherie, prenant un regard faussement choqué. « Hé beh non! C’est bien toi! Mazette! » Je me frappais la cuisse tout en continuant de m’esclaffer. C’était une blague trop moyenne pour que je m’en amuse autant, mais pour une raison que j’ignorais alors, je riais tant que mes yeux pleuraient. Peut-être était-ce là la retombée du stress accumulé les derniers jours ? Ou peut-être, était-ce plutôt le plaisir de rire de bon coeur, comme je ne l’avais pas fait depuis un moment maintenant ? Ou encore, simplement l’intense satisfaction, le soulagement de retrouver la plénitude des liens du sang ? Je ne m’en inquiétais pas alors, reprenant plutôt mon souffle. « Non, Erin. Ariadne est une, certes bienveillante, colocataire, mais nous n’avons pas ses relations là. Elle est tout à toi, mais je te préviens, pour le testament, t’as encore quelques années devant toi !  » biaisais-je, d’un ton moqueur.

Je ne m’étais pas attendu à ce qu’Erin fonde sur moi et m’enlace, mais la chaleur de son corps contre le mien m’apporta un réconfort que je ne savais pas rechercher. Je la serrais fort contre moi et posais mon nez dans ses longs cheveux. Tu es ma soeur, pensais-je, je te protègerais toujours. Mais je ne dis rien en songeant que j’étais déjà incapable de m’occuper de moi-même, que je tremblais à l’idée de prendre mes problèmes à bras le corps comme elle avait décidé de le faire elle. J’ai frissonné contre elle, puis je l’ai doucement écartée de moi. Je l’ai regardée s’échapper vers la fenêtre. Mes yeux ont superposé sa silhouette avec l’enfant, celle avec qui je chahutais petit. Et j’ai souri pour moi-même, regrettant presque d’être parti dix années plus tôt, mais ô combien satisfait de la retrouver maintenant. Au diable nos parents et leurs principes enchaînants, Erin et moi finirions par trouver notre voie par nous-même.

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