Les premiers jours avaient été un peu comme des vacances, il fallait bien l'avouer. Se retrouver dans une ville que je connaissais très peu, je n'étais venue qu'une ou deux fois à New York et je la découvrais encore en tant que touriste tout simplement. Pouvoir passer du temps avec mon frère et prendre également du temps pour moi, pour faire le point et essayer de savoir comment allait se dérouler la suite. Il fallait se rendre à l'évidence, même si je n'étais pas la plus à plaindre je ne roulais pas sur l'or non plus.

Trouver un toit, trouver un job, me construire une nouvelle vie, ma vie. Voilà ce qui était au programme. Trouver un logement avait été ma priorité et j'avais pu compter sur Kenneth et ses contacts, il avait demandé à l'une de ses connaissances de bien vouloir m'héberger chez elle. Un superbe appartement qui devait faire au moins quatre fois celui du mien à Chicago, un peu plus et il m'aurait fallu une boussole pour m'y retrouver. Jules Ainsworth et moi étions presque l'opposée l'une de l'autre, je n'avais pas eu le temps de vraiment discuter avec elle, nous nous croisions plus qu'autre chose dans son palace, elle m'avait dit de me sentir comme chez moi mais j'étais bien mieux que chez moi car ici, je ne devais de compte à personnes.

Les diverses pensées qui se bousculaient dans ma tête m'avaient fatiguée la veille, j'avais été me coucher tôt et prévu de me mettre en quête d'un travail dès le lendemain. Cela devait faire au moins une demi-heure que je fixais le plafond, l'heure avait dû avancer, tournant la tête vers la table de chevet je soupirais en découvrant que seules six petites minutes s'étaient écoulées depuis la dernière fois que j'avais regardé l'horloge au mur. Je me retournais à nouveau, fermant les yeux comme pour donner le signal à mon cerveau de bien vouloir me laisser dormir encore une heure au moins. Sans succès. Je décidais donc de profiter de cette journée dès ces premières heures et filais prendre une douche avant de m'habiller en cherchant dans mes maigres affaires un jean et un t-shirt un peu ample d'une couleur qui avait dû être d'un bleu roi il y a quelques années. Faire du shopping et refaire ma garde-robe, voilà ce que je ferai de mon premier salaire quand j'aurai trouvé un job !

Le plus doucement possible, ne sachant si Jules dormait ou non vu l'heure plus que matinale, je me dirigeais dans la cuisine afin de me préparer un café. Alors que je partais en expédition à la recherche d'une tasse, ouvrant un placard après l'autre, un bruit me fit presque sursauter. Les clés dans la serrure, des pas et une Jules encore toute apprêtée faisait son entrée dans la cuisine. Machinalement je souris en versant le café dans une tasse, relevant le visage vers elle, je désignais ma tasse. "Je t'en sers un peut-être ?" N'attendant pas vraiment sa réponse, je sortis un second récipient avant de le remplir et le poser devant elle, m'installant sur l'une des chaises hautes qui se trouvait près du comptoir. "06h00 ta marraine la bonne fée est plus généreuse que la mienne on dirait, passé une bonne soirée ?"

Quand elle se réveille, elle met un instant à se demander où elle est, et le bras posé sur sa poitrine lui fait remonter les souvenirs de la veille, elle est encore sortie et puis, elle a encore fini dans le lit d’un parfait inconnu. Enfin encore, elle s’est bien calmée Jules. Parce qu’elle est censée être fiancée, parce qu’elle est censée avoir une vie bien rangée. Quand elle sort du lit, elle entend l’homme avec qui elle est rentrée hier soir qui grogne avant de se tourner et elle lève les yeux au ciel, attrape son sac à main, enfile un sous-vêtement propre et se brosse les cheveux avant de retrouver sa robe et ses chaussures un peu éparpillés. Elle essuie le maquillage qui a coulé, et sort de l’appartement sans un bruit, sans un mot, comme une voleuse en somme, elle regarde l’heure, il est beaucoup trop tôt mais elle a envie de retrouver son lit. Alors elle appelle un taxi, attend devant la porte de l’immeuble qu’il daigne se pointer, et elle monte dedans, indiquant son adresse, avant d’envoyer un texto à une amie pour savoir si elle était vraiment saoul hier soir. Et à en croire sa réponse, elle a un peu trop abusé sur le martini et sur le gin tonic, elle a donc été plus gin que tonic. Tristesse. Quand le taxi la mène en bas de chez elle, elle sort un billet vert sûrement trop important de son porte feuille et elle entre dans l’immeuble, saluant le portier d’un geste de la tête bien trop discret avant de se jeter dans l’ascenseur en soupirant, ses yeux rivés sur son téléphone portable. Quand elle passe les portes elle n’entend pas un bruit, tant mieux. Elle lève son regard du téléphone, rien. Et puis, elle s’approche de la cuisine, et elle sursaute en voyant quelqu’un. Heureusement qu’elle est sobre, parce que sinon, elle l’aurait attaqué avec une poële, elle ne se serait pas souvenue qu’elle héberge la soeur de Kenneth ici. « Euh … oui ? » Et elle la regarde, avec un sourire en coin avant de s’installer sur le tabouret « Merci. » Et elle attrapait la tasse de café pour en boire une gorgée. « Ouais, une soirée fortement alcoolisée. » prononce t-elle en haussant les épaules avant de reprendre une gorgée de café. « Tu te plais bien ici ? » Demande t-elle en souriant un peu, cherchant à faire la conversation parce qu’elle tente d’être gentille Jules. « Tu m’as l’air bien matinale… Tu as prévu quelque chose aujourd’hui ? » Trop de conversations ce matin, ou du moins, pour une gueule de bois, et un mal de tête carabinée. Mais Jules ira se coucher après, et ça, c’est tout ce qui compte.

Entendre Jules me donnait envie de sourire, ce n'était en aucune manière de façon moqueuse, non la voir aussi libre de faire ce qu'elle voulait quand elle voulait me montrait que l'on pouvait vraiment être qui on veut sans trop se soucier de ce que les autres pouvaient penser. C'est l'impression qu'elle me donnait en tout cas. Après la soirée qu'elle qualifiait elle-même de très alcoolisée le café devrait lui faire le plus grand bien. "On a qu'une vie non ? Enfin c'est le genre de truc que mon frère pourrait dire je suppose." Bien sûr que Kenneth était plus libre que moi, il devait faire la fête quand bon lui semble alors que je suis plutôt casanière, mais je sens que maintenant que je suis ici, les choses vont peut-être changer, je vais peut-être changer.

J'avalais une gorgée de café et reposais ma tasse. "Je me plais beaucoup plus ici qu'à Chicago en tout cas ! C'est vraiment gentil à toi d'avoir accepté de m'héberger, je connais pas vraiment les amis de Kenneth mais je suis ravie qu'il et connaisse !" Bon j'avoue je ne savais pas trop ce qu'il y avait entre eux et pour être honnête je n'avais pas trop envie d'avoir de détails sur le sujet. "Un peu du mal à dormir, c'est le désavantage de m'être couchée tôt sans doute, je pense que j'irai me balader et continuer à chercher du boulot, il faut vraiment que je trouve quelque chose, autant pour m'occuper l'esprit que pour mes finances." Et comment qu'il fallait que je trouve un job, je devais m'assumer désormais et je ne voulais pas que Vikram puisse dire d'une manière ou d'une autre que j'avais besoin de lui et que je devais revenir. Je ne pouvais pas remettre les pieds là-bas, mariée ou non il ne me reverrait pas à part éventuellement pour signer les papiers du divorce, et ce jour-là je veux pouvoir lui balancer ma nouvelle vie, mon nouveau départ en pleine face !

"Je vais devoir trouver un avocat aussi …" avalant une ou deux nouvelles gorgées du breuvage caféiné je la regardais et je ne sais pas si c'était le fait qu'elle soit dans un état proche d'aller s'effondrer dans son lit et de ne pas se souvenir de ce que je pourrais lui raconter ou le fait que ce soit quelqu'un de suffisamment proche de mon frère pour qu'il me confie en quelque sorte à elle. "Je ne sais pas ce que Kenneth t'as dit ou pas à mon sujet, mais je suis mariée à un connard et je me suis cassée de chez moi en demandant le divorce." Simple, clair, précis, elle m'hébergeait autant qu'elle sache qui vivait sous son toit.

« Ouais sûrement, enfin il serait sûrement du genre à dire ça oui. » sourit Jules en lui répondant, elle le voit même le dire avec un sérieux puis se mettre à rire parce que c’est comme ça qu’il est, il fait semblant d’être sérieux avant de perdre tout notion. Jules appréciait la tasse de café dont elle buvait une gorgée, au moins ça aura peut-être le moyen de faire redescendre un peu tout l’alcool qu’elle avait ingurgité. Puis elle lui demande tout de même si elle se plaît. Jules n’a jamais vraiment eu besoin de faire la causette comme ça, à cette heure, et elle sourit à la réponse d’Erin, elle ne peut s’empêcher de rire un peu heureux qu’il te connaisse, si elle savait, c’est plus Jules qui devrait être heureuse de le connaître mais elle se contentait d’hocher la tête pour la remercier discrètement avant de prononcer « Je suis ravie de l’aider en tout cas. » Et elle sourit encore, elle ne peut s’empêcher de sourire, peut-être dû à l’alcool. Jules fait mine de réfléchir, est-ce qu’elle devait l’aider à trouver du travail ? Peut-être. Au moins, elle servirait définitivement à quelque chose « Peut-être que tu pourrais aller voir dans un café ? A moins que tu aies deux mains gauches. Et après tu peux toujours faire du sport, ça aide à dormir. » Quand Jules n’arrive pas à dormir, il n’est pas rare qu’elle fasse du yoga pour pouvoir calmer son esprit et après il n’est pas rare qu’elle puisse faire une nuit complète sans se réveiller. « Et si jamais tu as besoin, je peux te dépanner un peu d’argent. » après tout, si elle l’héberge, elle peut au moins lui donner quelques billets verts pour qu’elle puisse vivre convenablement son aventure new yorkaise. Jules tique à la mention d’avocat ,elle ne veut pas l’envoyer en justice pour une raison qu’elle ne connaît pas ? Elle a les meilleurs avocats du pays, alors il ne vaut mieux pas qu’elle essaye. Puis, elle entend la raison et elle boit une gorgée de café en écarquillant les yeux. Elle n’était pas prête parce qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’elle parle de la sorte, elle la voyait plus comme quelqu’un qui ne jurait jamais. Il fallait le dire, Jules était brusquée. « Tu as bien eu raison ! » Oui Jules était pour la libération des corps et des âmes quand la tristesse prend le dessus. « Si c’était un connard, tu as bien fait. » Jules s’autorise à lui prendre la main pour la serrer un peu avec un visage compatissant. Et elle vide sa tasse de café d’un coup « Si t’as besoin j’ai des noms, je peux essayer de voir avec mon père aussi si jamais. » Même si elle ne lui a pas parlé depuis quelques temps, elle pourrait lui demander ça. « Et si jamais tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas à m’envoyer des messages quand je ne suis pas là, je peux passer à l’épicerie pour toi. » Jules est bien trop gentille, peut-être parce que c’est la soeur de Kenneth ? Sûrement, ça doit être ça.

Elle acquiesçait, je ne savais pas comment et depuis combien de temps Jules connaissait mon frère, mais s'il y avait quelque chose entre eux, comme il ne m'avait rien dit je ne préférais pas savoir de quelle nature était leur relation. Je crois que je voyais toujours mon frère comme lorsque j'étais ado et qu'il avait quitté la maison, ne pas savoir grand-chose de la vie privée de Kenneth était à la fois une bénédiction et une malédiction. Je ne lui avais pas vraiment connu de petite amie officielle après tout, enfin il ne m'en avait jamais présentée, et je ne pense pas que Jules tenait ce rôle-là pour lui, elle avait l'air bien trop indépendante et libre de faire ce qu'elle veut de voir qui elle voulait. Est-ce que c'est ce genre de relation que mon frère avait, lui aussi il était indépendant. Je savais pertinemment que Je préférais penser à autre chose et me concentrait sur ce que me disais Jules. J'appréciais ses idées même ce n'était pas l'idée que j'avais en tête. "J'ai été serveuse quelques étés mais j'avoue que cette période est derrière moi et que j'en suis contente, je ne dénigre absolument pas ce job, mais je vais continuer mes recherches pour un poste d'assistante je suis douée dans ce que je fais, par contre pour le sport, je pense que trouver un endroit pour aller courir me fera du bien !"

Je souris quand elle me dit qu'elle pourrait me dépanner si j'avais besoin d'argent, si je n'acceptais pas d'argent de la part de mon frère je n'allais pas accepter de la part d'une de ses amies. "C'est gentil, mais plus vite je serai retombée sur mes pattes, plus vite je pourrai enfin vivre ma propre vie." Elle avait l'air presque choquée par la manière dont j'avais parlé franchement et lui avait dévoilé la raison de mon arrivée à New York, apparemment Kenneth ne lui avait pas tout dit à mon sujet, c'est bien cela me prouvait qu'il savait tenir sa langue. Quoiqu'avec lui on ne savait jamais. "Et encore connard, je suis presque trop gentille pour parler d'un homme qui m'a trompée dès le premier jour de notre mariage, ok ce n'était pas forcément l'homme que j'aurais épousé si j'avais eu le choix total de ma décision, mais je croyais que ça pourrait marcher, j'ai très vite déchanté alors si je peux le lui faire amèrement regretter, j'y prendrai un immense plaisir." Ho ça oui, je me resservis une tasse de café, proposant d'un geste à Jules de remplir à nouveau la sienne qu'elle venait d'avaler d'un trait.

"Je suis désolée je parle trop et trop facilement mais j'avoue que si tu connais des noms de cabinets d'avocats que je pourrai appeler, je ne dis pas non." Jules me donnait vraiment l'impression d'être une jeune femme non seulement indépendante, libre mais sympathique et souriante, bon peut-être pas trop ce matin en particulier, mais malgré le fait qu'elle était vraiment à l'abri du besoin financièrement elle avait accepté de m'héberger alors que je n'étais clairement pas de la même catégorie sociale qu'elle. Mon frère avait vraiment des fréquentations dans les hauts milieux. "Ce serait plutôt à moi de te proposer de faire quelque chose pour toi, après tout tu m'héberges, ce serait la moindre des choses !"

« Ah oui c’est sûr que si tu es plus assistante que serveuse, il vaut mieux faire quelque chose que l’on aime, plutôt que de reprendre le chemin d’un boulot que l’on va subir. » C’est d’ailleurs pour cela que Jules fait des études dans la communication parce que c’est ce qu’elle veut faire, et ne pas poser ses fesses sur le fauteuil de son père parce qu’elle est la fille de et qu’elle doit reprendre les rennes de la banque. Non, elle n’en a pas envie et elle l’a fait savoir dès le début, dès qu’elle avait eu le choix dans ses études. Bien que la communication n’était pas le souhait de son père elle a réussi à lui imposer. Pour une fois. « Et si tu veux courir, je te conseille Central Park, mais c’est le spot de tout les coureurs ça, si tu veux un peu de tranquillité je te conseille Riverside Park qui est tout aussi bien. » prononce Jules avec un sourire en prenant une nouvelle gorgée de café « Ou si tu veux j’ai un tapis de courses dans la pièce à côté de la salle de bain. » Histoire que si elle n’a pas envie de sortir, elle puisse faire du sport quand même. Puis Jules proposait de l’argent, au moins, elle serait sûre qu’elle ne se ferait pas voler si elle lui proposait gentiment, même si elle était sûre qu’elle avait beau proposer de l’argent, si elle voulait la plumer, elle le ferait quand même. « Oui c’est sûr, je comprend, mais tu sais que si jamais tu as besoin, tu peux me demander. » Elle insiste Jules, parce qu’elle ne supporterait pas de se faire voler une seconde fois, par des personnes de la même famille en plus. Jules écarquillait les yeux quand elle l’entendait parler. « Pardon ? Le premier jour ? On pourrait lui couper ce qui lui sert d’entrejambes, ça lui apprendrait la leçon. » Elle souffle Jules, elle déteste les infidèles, elle a toujours assumer ne pas vouloir s’engager mais quand elle était dans une relation, elle n’allait pas voir ailleurs, c’était une règle d’or et surtout une règle de respect. Elle tendait sa tasse Jules, quand Erin lui proposait et elle en reprenait une gorgée pour faire passer son aigreur. Jules parcourait son téléphone à la recherche d’un avocat, et se basait sur les commentaires « Je pourrais peut-être te conseiller Maître Blackheart, ou encore Maître Gardner » Elle hausse les épaules « Tout dépend sûrement du budget que tu peux mettre pour un avocat, je suppose que les honoraires changent. » Et Jules savait que ça pouvait rapidement changer, passer de quelques dollars à des milliers. « Ne t’en fais pas, tu ne m’embêtes pas. » Jules sourit. « Après tout on peut essayer de coordonner pour faire des choses ensemble si tu veux ? Est-ce que tu as besoin de faire du shopping ? Si jamais je peux t’emmener faire les magasins ? On n’a jamais assez de vêtements. » rit-elle en repensant à son dressing. « Ou jamais assez de chaussures. » Elle hausse les épaules en reprenant une gorgée de café « D’ailleurs, tu manges de tout ? Si jamais tu as envie de truc spécifiques, marque les moi sur une liste, je les ferais livrer. » Oui parce que Jules ne va pas vraiment faire les magasins, du moins pour faire les courses, elle préfère se faire livrer, ça prend moins de temps, et ça évite à sa jauge sociale d’être augmentée de façon à finir par l’agacer.

Faire quelque chose que l'on aime. Cette phrase de Jules faisait son petit chemin dans mon esprit, ce que je n'aimais pas c'était devoir me lever et aller passer mes journées à subir un job, le peux de temps que j'avais travaillé après mes études je sais que j'étais douée et il devait bien il y avoir quelque part dans New York un cabinet médical ou un bureau qui aurait besoin de mes talents et de mes capacités d'organisation. Je ne savais pas où ce serait dans cette ville, mais j'allais trouver, j'étais bien décidée à tout faire pour décrocher quelques entretiens d'embauche cette semaine.

Sirotant mon café je l'écoutais me donner ses conseils sur les lieux où aller courir je hochais doucement la tête. "Effectivement c'est ce que j'ai pu remarquer, il y a beaucoup de monde à Central Park je me serais crue en plein marathon, alors merci pour le tuyau, Riverside Park, je prends note !" J'avais aussi envie de faire un tour au Botanical Garden mais plus pour me balader que pour aller y courir, je failli éclater de rire lorsqu'elle m'indiqua qu'elle possédait un tapis de cours dans l'une des pièces. Ce n'était pas le fait qu'elle en ai un qui m'avait faire rire, mais le fait qu'il y ait chez elle une pièce attribuée à ce genre d'appareil. "À côté de la salle de bain hein … tu me feras un plan au cas où, je risque de me perdre dans ton palace …" Ce n'était pas de manière négative que je le faisais remarquer mais jamais je n'avais pensé vivre, même de manière temporaire, dans un endroit aussi vaste et luxueux que celui-ci. Demander de l'argent à quelqu'un que je connaissais à peine, cela ne me serait jamais venu à l'esprit, même à quelqu'un que je connaissais je n'oserais pas, on m'a toujours dit qu'il fallait se contenter de ce qu'on avait, ou travailler dur si on voulait obtenir plus, mais l'argent facile n'était pas quelque chose de bien vu par mes parents. À part lorsque cela concernait Kenneth, mon trader de frère était tellement haut sur son piédestal qu'ils n'avaient plus aucune objectivité en ce qui concerne ses agissements, je suis certaine qu'il pourrait causer un accident ou un crack boursier, mes parents trouveraient que c'est tout simplement fantastique, parce que c'est Kenneth ! Je préférais ne pas rajouter d'arguments, mais je savais au moins qu'en véritable coup dur je pourrais toujours faire appel à elle, c'était rassurant d'une certaine manière.

La révélation sur mon mari et la raison de notre séparation semble l'interloquer, pourtant c'était tout ce qu'il y a de plus réel. "J'ai commencé à trouver des traces de rouges à lèvres, ses chemises sentait des parfums féminins qui n'était pas le mien. Au début je n'ai rien dit, je n'avais pas vraiment de preuve et mettre fin à un mariage n'est pas très bien vu dans notre famille, ensuite il y a eu les voyages d'affaires comme j'avais des doutes j'appelais son bureau et personne n'était au courant ils nous croyaient en week-end, plusieurs fois je lui ai dit que je savais, il me jurait que c'était pas vrai et au final il avouait en disant que c'était une seule fois et dès le lendemain il se tapait sa nouvelle secrétaire, une barmaid ou je ne sais qui d'autre. Bref le mari parfait, je me demande bien pourquoi je l'ai quitté ?" Je fis mine de réfléchir en me grattant le menton avant d'éclater de rire. Ho bien sûr au tout début je ne riais pas le moins du monde, il avait fallu que j'accepte le fait qu'il ne changerait jamais et que si je ne le quittais pas, je passerais ma vie à être sa femme d'intérieure pendant qu'il se tapait la planète entière. Sortant mon téléphone je notais les noms d'avocats que Jules me donnait "Merci j'appellerai leurs cabinets et je me renseignerai, j'ai vraiment envie et besoin que mon divorce soit officiel pour que je puisse tourner la page." J'observais Jules et ses fringues et même si l'idée de faire du shopping me faisait terriblement envie je pense que je n'aurais jamais les moyens de fréquenter les mêmes boutiques qu'elles, mais l'idée était tout de même séduisante, ne serait-ce que pour le plaisir de se balader dans les boutiques. "Jamais assez de vêtements, je sais pas si tu as vu mais les deux valises que j'ai embarqué, j'ai pris pratiquement toute mon armoire je n'aurais pas assez d'une vie pour porter tout ce que tu possèdes, j'avoue que je ne dirais pas non à une virée shopping avec toi !" Faire les courses était la moindre de choses que je pouvais faire après tout elle m'hébergeait et je lui étais plus que reconnaissante, au moins le temps de me remettre sur les rails, mon envie de vivre ma vie, d'être pour la première fois de ma vie véritablement indépendante restait mon objectif même si cela devait me prendre du temps ou même si je devais me contenter d'un placard à balais, tant qu'il était à moi. "Je mange de tout oui je ne suis pas difficile, et j'aime bien faire la cuisine donc si t'as des envies particulières, je suis pas un chef, loin de là mais c'est toujours plus sympa de faire à manger pour plusieurs que juste pour soi." Reposant ma tasse de café pratiquement vide, je m'accoudais sur le plan de travail, la regardant en souriant, un air de curiosité au fond des yeux. "Et ta soirée alors ? C'était quel genre ?" Elle n'avait rien à me dire, pas d'explication, mais j'étais curieuse et je me demandais comme une jeune femme comme Jules s'amusait.

« Après tu peux aussi aller dans une salle de sport, mais pourquoi y aller quand on peut faire du sport de chez soi ? » Elle pourrait même lui payer un abonnement si elle voulait, histoire de faire la bonne amie, mais elle n’avait pas confiance. Enfin, elle avait confiance mais elle préférait lui proposer son tapis de courses, parce que bon, si elle peut faire des économies. Et si elle a rendu service à Kenneth, il y a encore cette petite animosité qui creuse le coeur quand elle repense à l’argent qu’il lui a volé, alors non, elle ne lui paiera pas son abonnement, à sa soeur. Elle est gentille, mais pas stupide. Jules rit un peu sur la mention de palace « Ne t’en fais pas, je te ferais un plan, mais je n’ai pas un palace aussi grand que ce que tu t’imagines » sourit-elle en prenant une gorgée de café. Son cerveau n’est plus autant embrumé que quand elle est rentrée et elle peut enfin avoir une conversation normale et plausible avec Erin, elle va réussir à comprendre tout ce qu’elle lui dit. Jules fronçait les sourcils quand elle entend la raison qu’elle lui explique, elle souffle et serre un peu les poings. « Mais quel enfoiré. » Les mots sortaient tout seul, elle ne pouvait s’en empêcher. Elle l’aurait en face d’elle, elle le laminerait et lui offrirait certainement un coup bien placé. Elle lui offrait les noms et elle la regardait noté avant de proposer une virée de shopping, après tout, il fallait qu’elle s’achète de nouveaux sous-vêtements et des nouvelles robes de soirée. « On se fera ça dans la semaine ! Je dois aller en cours, mais je finis tôt vendredi. » Elle attrape son téléphone et note la séance shopping avec Erin. « Tu verras, j’ai des bonnes adresses ! Et une carte bancaire reliée au compte de mon père, alors on va pouvoir la faire flamber » prononce t-elle en tapant dans ses mains avec allégresse, pour une fois qu’elle peut dépenser son argent qu’il gagne comme ça, en claquant des doigts. Et l’argent qu’il lui vire sur son compte pour la faire taire, pour qu’elle ne râle pas. « Hum, et bien je réfléchirais sur ce que je veux, mais pour l’instant, j’ai juste envie d’un café. » Et de pancakes. Mais les pancakes, elle a la flemme de les faire, alors elle les ne dit rien. Elle finissait sa tasse et elle passait une main dans ses cheveux quand elle entendait sa question. « Hum, et bien, je suis sortie dans une boîte de nuit, on avait réservé une table, et on a pas mal bu. » Elle grimace un peu en levant les yeux au ciel, tout en riant. « Et puis je suis allé dormir chez un ami… Pour ne pas te déranger en rentrant si tard et voilà. » Rien de bien transcendant et rien qui ne fasse penser à Erin qu’elle est une fille qui ne se prend pas au sérieux. « Et toi qu’as-tu fait hier soir ? » Elle ne voulait pas qu’Erin s’ennuie, alors elle espérait qu’elle avait profité de son salon ou même de la salle de bain mais qu’elle n’avait pas trop déprimé et qu’elle ne s’était pas trop ennuyé.

Entendre les mots de Jules suite à mon résumé de mon mariage raté me fait du bien, car bien entendu moi je sais que Vikram est un bel enfoiré mais l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre cela me conforte encore plus dans l'idée que ma fuite a été la meilleure décision que j'avais pu prendre. Lorsqu'elle me parle de prévoir notre séance de shopping j'avoue que j'ai hâte autant que je la redoute, de toute ma vie je ne pense jamais avoir été dans les mêmes boutiques que peut fréquenter Jules, il est clair que nos moyens ne sont pas les mêmes, si je lui disais que ma mère était du genre à reprendre des vieilles fringues de Kenneth pour les adapter pour moi, elle se ficherait sans doute de moi. "J'ai vraiment hâte de découvrir ta manière de faire du shopping !" Sortant mon téléphone je notais notre rendez-vous moi aussi. C'était bien l'un des rares points positifs de ne pas encore avoir de boulot, j'étais libre comme l'air pour le moment. Trop libre, j'avais terriblement hâte de pouvoir trouver un job, avoir à nouveau des journées rythmées. Bien des gens détestent la routine, moi jusqu'à il y a quelques temps je n'ai jamais connu autre chose, je sais qu'il faudrait que je sorte de ma zone de confort que je me force à changer certaines habitudes. Mais on ne change pas plus de deux décennies de petites habitudes en un claquement de doigt. Je nous resservis toutes les deux de café lorsqu'elle mentionna que c'est tout ce qu'elle voulait pour l'instant. Je l'écoutais lorsqu'elle me raconta sa soirée alors que je buvais mon café, je le reposais en la regardant les yeux grands ouverts. "Attends, tu ne vas quand même pas me dire que t'as dormi ailleurs pour pas m'embêter moi alors qu'on est ici chez toi ??? Dis-moi que t'a découché parce que t'avais envie d'être avec cet ami, je vais me sentir coupable sinon." J'éclatais de rire en espérant qu'elle ne prenne pas mal ma remarque mais j'étais gênée si c'était la véritable raison pour laquelle elle n'était pas rentrée hier. Quant à ma soirée d'hier avalant une nouvelle gorgée de café je la lui racontais rapidement. "Je suis sortie manger un morceau avec Kenneth, et j'ai profité de ton immense baignoire, je crois que j'ai dû y rester deux heures avec un bon bouquin, et comme je voulais me lever tôt ce matin je n'ai pas été me coucher trop tard, je pense que même en rentrant sans faire attention tu ne m'aurais pas réveillée." Pouvoir passer du temps avec mon frère était un plaisir auquel je n'avais pas eu accès au cours de dix dernières années, venir ici, était définitivement la meilleure idée que j'ai pu avoir, aussi terrifiant que pouvait être un changement aussi radical j'avais le sentiment que cette nouvelle vie allait être la mienne, enfin. Je regardais Jules et réalisait que depuis qu'elle était rentrée elle avait peut-être envie d'aller se reposer, se rafraichir ou même finir sa nuit. "Je parle, je parle mais si ça se trouve tu veux aller te reposer, je veux pas t'embêter moi !"

« C’est très amusant il paraît. » Enfin pour Jules, sauf quand elle met dix ans à choisir une paire de chaussures et qu'il n’y a pas sa taille. Là ça l’agace, mais généralement, elle se fait livrer la paire promise chez elle et c’est ce qui lui plaît dans le fait d’être une cliente fidèle, on le lui rend bien la plupart du temps. A l’odeur du café fumant dans la tasse, Jules fermait les yeux un instant. Elle n’avait besoin que de ça pour commencer à faire régir sa journée. Une bonne tasse de café bien chaude. Même si elle retournerait bien se coucher. Jules secoue la tête en levant les yeux au ciel quand la brune s’exclame et s’étonne qu’elle n’est pas rentrée ayant peur que ce soit à cause d’elle. Elle rit un peu avant de sourire en coin « Darling, si je suis rentrée c’est que j’étais trop occupée pour rentrer ne t’en fais pas. » rit-elle encore un instant avant de reprendre une gorgée de café. Elle vide sa tasse d’une traite alors qu’elle lui raconte sa soirée. « oh, vous êtes allés dîner où ? » Demande t-elle, curieuse. Et elle se demande s’il n’a pas utiliser les billets qu’il lui a dérobé pour faire semblant qu’il avait encore de l’argent. Le larcin au bout des doigts et le mensonge au bout des lèvres. Jules serrait la mâchoire quand elle y pensait. Est-ce qu’il ment autant ? Est-ce que les billets verts ont servis à rincer un repas copieux dans Manhattan ? Elle soupire un peu, perdue dans ses pensées avant de regarder Erin qui venait de parler. Est-ce qu’elle veut aller se reposer ? Oui. Finalement, elle en a besoin. Elle souffle un peu et se lève « Oui je vais aller me reposer, t’as raison. » Attrapant sa tasse, elle la dépose dans l’évier pour penser à la nettoyer ou laisser la femme de ménage faire selon l’heure à laquelle se lève « Et tu ne m’embêtes pas. Par contre, la femme de ménage doit passer d’ici deux heures. Ne t’en fais pas, elle ne fait pas de bruit. » prononce t-elle en déposant une main sur l’épaule de la jeune femme avant de se retirer dans sa chambre, avec un éternel sourire sur le visage.

Amusant je voulais bien le croire quand on a comme Jules une carte de crédit reliée à un compte bien fourni, il n'y avait pas de doute, elle devait pouvoir faire son shopping sans avoir à réfléchir ou à devoir se mettre une limite de budget. Les rares fois où je faisais les magasins, j'arrivais toujours au même moment celui de devoir faire un choix entre deux articles pour ne pas dépasser mon budget. L'idée de pouvoir faire, rien qu'une seule fois, sans regarder à la dépense, en étant tout de même raisonnable me donnait vraiment envie de découvrir sa manière de faire. Je pense en effet qu'elle a passé une soirée agréable si elle n'est rentrée que tôt ce matin, encore une fois nous sommes bien différentes, je crois qu'il m'est arrivée peut-être une fois ou deux de passer la nuit ailleurs que chez moi et c'était pendant mes études, chez une amie après avoir passé la soirée à réviser et discuter.

Je ne suis pas encore habituée à tous les quartiers de la ville, je réfléchis un instant avant de lui donner ma réponse. "Je crois que c'était à Brooklyn, Kenneth voulait me montrer la High Line, on a été se chercher à manger dans un petit restaurant donc j'ai déjà oublié le nom et on a été manger dehors, j'avoue je suis encore un peu dans ma phase touriste à vouloir découvrir la ville." Les lumières de la ville depuis la High Line était un spectacle que j'avais apprécié, on avait bu un verre et on n'était pas rentré trop tard comme je voulais me lever tôt. Et pour le moment Kenneth était une des seules personnes que je connaissais ici, il allait falloir que je découvre d'autres personnes pour ne pas être trop envahissante pour lui.

Je souris à Jules lorsqu'elle annonça vouloir aller se reposer, m'annonçant que la femme de ménage serait là d'ici deux heures. "Je serai déjà sortie, je ne vais pas tarder. Repose-toi !" Lorsqu'elle eut disparue dans le couloir, malgré moi bien que je sache que la femme de ménage allait venir, je nettoyais nos deux tasses et les rangeais. C'était plus fort que moi, j'avais pris cette habitude depuis que j'étais enfant, avoir une femme de ménage n'était pas quelque chose à laquelle j'étais habituée et laisser ma vaisselle sale à quelqu'un n'était pas pensable. Retournant ensuite dans ma chambre, je préparais mon sac et quelques dix minutes plus tard je partais à l'assaut de la ville, bien décidée à trouver deux choses aujourd'hui. Un cabinet d'avocat et un travail.