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Smells like a curse | Charlie & Anastasia

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Mer 11 Mar - 18:21
Smells like a curse
Charlie & Anastasia

« 'Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore.»
Les paroles des psychiatres résonnent encore dans ses oreilles, l’autorisation tant attendue enfin délivrée, et, sous cape, s’éveille une nouvelle joie. Aujourd’hui, c’est la reprise du cours d’une vie qui lui a été arrachée. Brutalement. Silencieusement. Puis, lentement. Elle s’était sentie partir, s’enfonçant dans un labyrinthe qu’elle ne se souvenait pas avoir pénétré, s’égarant sans cesse entre une potentielle entrée et une potentielle sortie, incertaine même de leur existence.

Et elle quitte la salle de classe, sa salle de classe, pour la première fois depuis son arrivée ici. Une matinée d’introduction qui s’était parfaitement bien déroulé, et une première approche avec les élèves mitigée, mais elle est bien incapable de déceler les moindres points négatifs, tellement l’enthousiasme teinte sa nouvelle vie d’une couleur rosée. Ce n’est pas tant qu’elle est profondément et intimement persuadée que cette vie est magnifique, c’est surtout qu’elle s’y raccroche comme à un radeau. Parce que, pour la première fois depuis deux ans, elle respire enfin. Elle a cessé de courir après ses propres souvenirs qui ne demeurent que dans l’esprit des autres, elle a cessé de s’acharner à rentrer dans son propre moule, à suivre ses propres pas sans comprendre pourquoi elle avait choisi telle ou telle direction. Elle a cessé de lutter contre celle qu’elle était, elle s’affirme, elle emmerde ceux qui se plaignent d’incohérence. C’est un renouveau. Une nouvelle vie. Sa nouvelle vie.

Elle ignore les élèves qui murmurent, qui la regardent en coin en partant, ceux qui ricanent en la traitant de tarée, ou qui soupçonnent une consommation excessive de stupéfiants. C’est qu’elle sourit beaucoup, Ana, qu’elle rattrape les mois passés à se chercher, mais aussi et surtout ceux passés dans le silence. Séquestrée sur son lit d’hôpital, à hurler sans que l’on ne l’entende, à écouter ce silence comme une vieille musique, réaliser trop vite que les visites s’espacent et que bientôt, ses proches ne viennent plus. Ou alors, c’est qu’ils ne parlent plus, qu’ils restent là à la regarder sans prononcer un mot ; parce qu’elle change, Ana, de jour en jour, même dans un sommeil profond, elle oublie, et les docteurs sont formels, elle ne sera plus jamais la même.

Alors, un immense sourire peint sur son visage aux traits angéliques, elle sort précipitamment de la salle de classe. Elle se dirige presque en courant vers la salle des professeurs, impatiente de rencontrer enfin ses collègues du département des langues et de littérature, mais aussi les autres, ceux dont elle ne comprendra pas toujours les propos mais dont la seule présence sera rassurante. Parce qu’elle vaudra toujours mieux que ces mois d’attente, seule, dans une chambre d’hôpital gelée. C’est fou, comme une pièce dépourvue d’amour peut être dépourvue de toute chaleur.

Au détour d’un couloir, elle serre trop le mur, son pas festif la propulsant contre quelqu’un. Heurtés de plein fouet, ils chutent lourdement sur le sol, sous les regards surpris des derniers élèves à ne pas encore avoir rejoint la cour de récréation. Elle relève ses yeux vers la victime de son excès de joie, nullement déconcertée. Au contraire, en reconnaissant l’un de ses collègues, aperçu quelques heures plus tôt sur le trombinoscope que l’on lui avait rapidement présenté, elle semble se gonfler d’une excitation presque enfantine. Parce que tout est trop réel, cette fois, c’est une existence qu’elle s’autorise enfin à vivre.

« Oh, je suis tellement désolée, vraiment je n’ai pas fait attention ! Tout va bien ? Rien de cassé, j’espère ? Tu as fait tomber ça, attend, je vais t’aider ! », s’exclame-t-elle, entre la culpabilité de l’avoir heurté et la joie de ne plus se sentir seule.

Elle lui tend l’un des manuels qu’il avait en main avant d’être projeté au sol, sans réaliser qu’il aurait probablement été plus utile pour les deux professeurs de se relever avant de ramasser les affaires éparpillées. A genoux dans le couloir, elle ne peut s’empêcher de faire glisser ses yeux sur le-dit manuel, et s’étonne de ne pas comprendre un traitre mot du titre. Elle pense toutefois reconnaître la langue, sans en être intimement persuadée.

« Tu es professeur d’italien ? Oh, je ne me suis pas présentée, j’ai la tête ailleurs ! Je suis Anastasia Shepherd, professeure de littérature et de langue française, c’est mon premier jour ici ! Enfin, on me surnomme souvent Ana, c’est plus court, surtout qu’on sera amené à beaucoup se côtoyer, alors… voilà ! », annonce-t-elle avec entrain, le regard pétillant.

Elle est heureuse, de se sentir autant entourée, de voir que tant de personnes formeront son quotidien désormais. Des gens qui ne portent pas de blouse blanche. La petite brune le fixe, lui dont les traits auraient dû crier quelque chose, mais qui se sont enfoncés dans le gouffre d’un oubli absolu. Le brun, foncièrement italien, si reconnaissable avec ses cheveux d’un noir caractéristique, lui qui a un visage que l’on n’oublie pas. Et pourtant. Pourtant, elle l’a oublié. Rayé de sa vie, son cerveau ayant choisi de nier ses dernières années de vie.

« Et toi… tu es… ? », demande-t-elle avec excitation.

Tout dans son attitude dévoile l’honnêteté de cette question. Elle n’en sait rien. Elle n’a même pas d’impression étrange, aucun pressentiment, rien. Elle attend sa réponse avec une grande joie, ravie de faire la connaissance de quelqu’un qui partage la même profession, la même ambition. Elle ignore pourquoi son regard devient si particulier, c’est le déni qui appose un voile sur cette réalité qu’elle façonne de jour en jour, qu’elle adapte à la personne qu’elle est désormais, faute d’avoir trop longtemps tenté de faire l’inverse. Les souvenirs, ils ne reviendront jamais, elle en est persuadée. Et, parfois, elle oublié avoir été quelqu’un d’autre, pendant quelques années, elle jurerait avoir toujours été si pimpante. Elle ignore cette méfiance constante, ces regards de crainte, cette attitude de rejet de toute personne qui s’approchait. Elle exècre les fantômes qui dansent dans son regard, ceux qui restent cloués sur un trottoir qu’elle a eu tôt fait d’arpenter, ceux qui s’allongent sur le bitume, entre les bris de verre et une carrosserie en gondole. Elle l’ignore. Alors, elle sourit, la fille de l’oubli.  
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Dim 22 Mar - 17:49
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smells like a curse  ;
Charlie & Anastasia


Les éclats de voix finissent par voler dans la classe, couvrant le bruit ambiant, jusqu’à ce que tous les yeux soient braqués sur Mike et Louisa, en train de hurler dans le fond de la classe. Charlie les observe un instant, interdit, avant de se lever et de leur ordonner de sortir d’une voix ferme et sonore, qui fait sursauter tout le monde. Mike et Louisa n’envisagent même pas la possibilité de protester. Ils se taisent, quittent le local, talonnés par Charlie, qui referme brutalement la porte derrière eux. Il prend une profonde inspiration et opte pour la conversation d’adulte à adulte, qui semble d’abord tout à fait prometteuse, jusqu’à ce que la cloche sonne juste au-dessus de leur tête, faisant vriller les tympans de Charlie et des deux élèves. En moins de deux secondes, le troupeau d’adolescents sort en trombe de la classe, piétinant pratiquement les trois personnes se trouvant sur leur chemin. Charlie roule des yeux, rejette l’idée de régler le problème et balaye l’air de sa main pour inviter Mike et Louisa à récupérer leur sac avant d’aller rejoindre les autres dans la cour. En quelque sorte, on peut considérer que le problème a été réglé malgré tout puisque les cris ont fini par cesser. Charlie hausse les épaules en soupirant, retourne dans la classe, embarque son sac et ses bouquins avant de sortir et de fermer la porte à clef derrière lui. Il poursuit son chemin sans regarder où il va, impatient de retrouver la salle des profs… Puis finalement, non. Il a déjà mal au crâne à cause du brouhaha constant qu’il subit depuis la première heure de cours, alors il peine à croire que ce bourdonnement incessant puisse cesser au vu de la cacophonie qui règne constamment dans cette pièce qui regroupe tous les employés de l’école.

Nouveau soupir quand une masse violente et lourde vient le percuter de plein fouet, sans qu’il ait demandé quoi que ce soit. Le choc est tellement brutal que Charlie tombe à la renverse, et voit ses manuels se répandre sur le sol du couloir. Des rires moqueurs fusent d’un peu partout, jusqu’à ce qu’il parvienne à se redresser, lentement, pour pouvoir poser les yeux sur l’espèce de char d’assaut humain qui vient tout juste de lui foncer dedans. Il aurait presque envie de rire tant la situation est ridicule, mais quand il croise le regard de cette fille, il est à deux doigts de suffoquer et de s’étrangler avec sa propre salive. Anastasia ? Non… Comment c’est possible ? Qu’est-ce qu’elle fiche ici ? Pourquoi ? Il cligne plusieurs fois des yeux pour s’assurer qu’il n’est pas en train de rêver, que le choc n’est pas en train de le faire complètement halluciner. Il la dévisage avec un certain dédain, se demandant quand elle va enfin le reconnaître, se mettre à paniquer et ramper sur le sol pour fuir vers une autre dimension. Mais non. Elle affiche un immense sourire radieux, un peu désolé quand même, et se jette sur le manuel perdu de Charlie pour le lui rendre. Il lui arrache presque des mains, un regard hostil braqué sur elle, avant de tourner la tête vers la bande d’élèves qui les encercle et les regarde toujours en ricanant. « C’est bon, dégagez, vous n’avez rien d’autre à faire ? Oust ! » s'époumone-t-il en faisant de grands gestes, comme s’il essayait de faire fuir des moustiques prêts à lui sucer le sang. L’attroupement finit par se dissoudre et toute l’attention de Charlie se centre à nouveau sur cette espèce de folle d’Anastasia. « Ca va, merci. Heureusement, je ne suis pas encore assez vieux pour commencer une ostéoporose et me briser le bassin à la première mauvaise chute. » lâche-t-il ironiquement sans lui retourner la question, en se redressant sans lui tendre la main pour l’aider. Il la déteste toujours et s’il le pouvait, il la pousserait pour la faire tomber à nouveau sur le sol.

Il croit suffoquer quand Anastasia lui demande s’il est professeur d’italien. Elle fait exprès d’avoir l’air aussi stupide et niaise ? Ce n’est quand même pas possible qu’elle l’ait déjà oublié, après l’expérience traumatisante qu’ils ont vécu. « Donc, tu travailles ici. » lâche-t-il sèchement. Comment aurait-il pu imaginer qu’il puisse avoir la poisse au point que le destin ait décidé de lui coller Anastasia comme collègue. Il y a plein d’autres lycées à New York. Il fallait vraiment qu’elle vienne travailler ici ? « J’aurais dû m’en douter, tu es un peu jeune pour avoir un enfant de l’âge de nos élèves. » répond-t-il en la toisant avec mépris, la dévisageant de la tête aux pieds, en prenant soin de se faire désirer avant de répondre à sa question. Il écarte un instant son manuel de son torse, contre lequel il l’avait plaqué, pour y lire les quelques mots d’italien se trouvant sur la couverture. Anastasia semble avoir établi son hypothèse sur des observations plutôt que sur des souvenirs, pour déterminer que Charlie enseigne l’italien dans cette école. C’est troublant. « Oui, en effet, je suis prof d’italien… Et de littérature. Nous serons donc amenés à nous côtoyer énormément, bien plus que prévu… » répond-t-il en réutilisant les mêmes mots que la jeune femme. Non, vraiment, il ne peut pas avoir autant la poisse. Toujours parée de son sourire disproportionné, Anastasia lui demande alors qui il est. Un haussement de sourcils involontaire trahit sa surprise. Charlie observe avec attention son visage, espérant y déceler le moindre signe qui lui prouverait qu’elle se moque de lui, se paye sa tête, mais non. À part de la joie et la plus candide honnêteté, il ne voit rien d’autre. C’en est presque insupportable. Elle ne peut quand même pas l’avoir oublié. « Charlie Moreno. » répond-t-il simplement, espérant voir apparaître une lueur, même infime, au fond du regard d’Anastasia, mais rien. Si elle tient à jouer aux plus fins avec lui, il ne compte pas se laisser avoir aussi facilement. « Tu as commencé quand ? Tu remplaces quelqu’un ? Je ne t’avais jamais vue avant aujourd’hui. » Ici, en tout cas, c’est la première fois qu’il la voit. Et elle est plus lumineuse que jamais, rayonnant comme un soleil radieux, alors qu’il ne l’avait encore jamais connue sous cette facette. Maintenant qu’il peut analyser un peu mieux son comportement, il n’a pas l’impression de reconnaître la jeune femme qu’il a connu par le passé.
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Dim 29 Mar - 1:18
Smells like a curse
Charlie & Anastasia

« 'Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore.»
Son humour la déconcerte mais ne saurait faire chavirer son sourire radieux, solide malgré les remarques acerbes, et ce regard plus sombre que ce qu'elle n'aurait pu imaginer. Elle se dit que cela doit faire partie de sa personnalité, sans entendre cette voix silencieuse au fond de son inconscient, qui s’époumone mais demeure muette, et tente d'exprimer ce dont la brune est censée se souvenir. Non, il ne s'agit ni d'une attitude habituelle, ni d'une allure qu'il maintiendrait avec les autres collègues, mais ça, elle est loin de s'en douter. Parce qu'elle est si heureuse de voir un collègue que cela fait taire toutes les hypothèses opposées, et que si la joie l'atteint elle, enfin, alors ce doit forcément être le cas pour tout le monde.

Ce n'est pas tant qu'elle y croit, à cet optimisme assez mal placé. C'est juste que, pour une fois, elle décide de provoquer son destin, de peur qu'il ne lui lâche une fois de plus la main. Elle veut être heureuse, alors, elle maximise ses chances, elle relance les dés, elle rejoue les cartes. Jusqu'à ce que ça marche. Parce que, dans cette vie, tout doit être parfait, il le faut, c'est un nouveau départ qui lui est offert. Une chance de recommencer la course, d'oublier le retard. Une véritable chance.

Alors, quand il répond ironiquement, elle se contente de rire, comme s'il avait quelque part simplement voulu rire avec elle. Il se relève et ne lui propose pas son aide, et elle se dit qu'il doit être individualiste, ce professeur; et puis, peu importe, elle s'est déjà remise sur ses pieds. Il est des choses sur lesquelles elle n'a jamais eu besoin de réfléchir, qui se sont faites d'elle-même; des choses que ses proches d'avant salueraient en disant "ça, au moins, ça n'a pas changé". Ce doit être le cas de cette aptitude à prendre soin d'elle-même sans se soucier que les gens le fassent en retour, n'oubliant jamais la personne par laquelle on n'est jamais mieux servi. La réalité, c'est qu'elle ne s'attendait même pas à ce qu'il lui propose une quelconque aide, et si elle se souvenait de ses premières années d'université, elle réaliserait peut être pourquoi. La solitude appelle la solitude, même au milieu d'une foule, même au milieu d'une cacophonie insoutenable où mourrait le silence.

« Mh, c’est vrai, mais tu réaliseras sûrement tôt ou tard que tu as plus de chances de croiser des adultes professeurs que des parents d’élèves, ici, à cette heure de l’après-midi. », réplique-t-elle avec un clin d’œil presque provocateur, face au ton méprisant qu’il avait employé.

Et elle la garde, sa foutue bonne humeur, serpentant sans mal entre les marques d’une absence d’affection aussi palpable. Parce qu’il la toise, mais qu’elle s’en fiche ; au fond, tout peut s’apparenter à un jeu, dans cette nouvelle vie qu’elle choisit. Alors, s’il s’agit de sa façon de s’adresser aux autres, elle s’y fera ; à moins que ce ne soit lui, qui devra se faire à des réponses cinglantes adressées en retour avec un immense sourire innocent. Il y a un certain piment qui ne l’a jamais quittée, cette fois, elle l’utilise simplement pour relancer les conversations plutôt que pour les éteindre. Au fond, elle commence à apprécier cette image qu’elle se façonne de lui, cet air nonchalant, cet humour pince-sans-rire. Elle n’imagine pas une seule seconde que l’animosité puisse être réelle, et non un simple jeu ; comment le pourrait-elle, c’est une nouvelle rencontre à ses yeux.

Il dévoile enfin son nom. Une ombre passe dans son regard pourtant illuminé, comme si elle avait la sensation de passer à côté de quelque chose. Mais quoi ? Ce nom n’a étrangement pas le même retentissement que lorsqu’elle en entend un nouveau ; peut être est-il similaire en consonance avec celui d’un personnage d’un des romans qu’elle a pu lire récemment, peut être était-il porté par un reporter au journal télé du matin. Les hypothèses sont vastes et variées. Elle les chasse du revers de la main, insouciante ; il n’y a de problèmes que là où on veut bien les voir. Du moins, c’est ce que disait l’auteur d’un livre philosophique qu’elle a lu dans le métro, l’autre jour.

« C’est mon tout premier jour, c’est peut être aussi pour ça que tu ne m’as jamais vue auparavant ! En fait, j’ai déménagé à Brooklyn, et j’ai été mutée ici dès que j’ai pu reprendre le boulot, pour faire court. Et toi, ça fait longtemps que tu travailles ici, c’est ça ? Oh mais ça tombe bien, je vais avoir besoin d’un guide pour mes premiers jours ! »

Elle lui adresse une moue taquine, persuadée que sa bonne humeur parviendra à libérer Charlie de toutes les tensions qui semble enfermer au fond de lui. Anastasia, elle est persuadée d’être en train de l’aider, même un peu, sans se douter que c’est de sa propre présence que naissent la plupart des plus sombres angoisses. Elle n’évoque jamais ce qui a pu justifier cet arrêt de travail, encore moins la rééducation à l’hôpital. C’est un déni délibéré, mais un déni tout de même, qui entoure son passé enfoui dans un mystère créé de toute pièce. Interdiction formelle à sa famille de lui raconter les circonstances de l’accident. Elle s’est endormie et est rentrée dans un arbre, c’est l’excuse qu’elle s’est inventée, et à laquelle elle se raccroche les rares fois où elle daigne y penser plus d’une seconde.

« D’ailleurs, cette allure presque dédaigneuse, elle est naturelle ou c’est pour impressionner tes élèves ? », demande-t-elle finalement en arquant un sourcil, mutine. « Je ne vais pas te juger, du peu que j’ai pu remarquer, ça a l’air de fonctionner… La fin justifie les moyens, en éducation comme partout, hein ? »

Elle hausse les épaules, plaisantant comme s’ils étaient de proches amis. Mais c’est également sa façon de rappeler que son joli petit minois ensoleillé n’est en rien synonyme d’imbécilité, et que si elle décide de ne rien dire quant au comportement de quelqu’un, ce n’est pas qu’elle ne l’a pas remarqué, mais qu’elle choisit de faire abstraction. Parce que cette journée, elle doit être parfaite, et elle le sera. Indépendante de la réalité, sa perception est déjà toute tracée : ce sera une belle journée.
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Sam 4 Avr - 21:59
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Charlie & Anastasia


Il n’en revient pas, il se demande presque si le manque de sommeil n’est pas en train de lui jouer un mauvais tour. Une jeune femme vient tout juste de le percuter dans les couloirs du lycée et il lui a suffi d’un seul regard dans sa direction pour qu’il la reconnaisse : Anastasia. Un frisson lui parcourt l’échine dès qu’il comprend qu’il ne s’est pas trompé, qu’il n’est pas tombé sur le parfait sosie de celle qui tenait le volant le soir où Maddie a trouvé la mort. Non, c’est bien elle, il n’y a pas le moindre doute à ce sujet. Mais comment peut-elle rester aussi stoïque face à lui ? Afficher un sourire aussi radieux, pas le moins du monde assombri par une pointe de malaise ? La scène semble complètement surréaliste aux yeux du professeur d’italien, pour qui le visage enjôleur et rayonnant d’Anastasia n’est synonyme que de malheur et de chagrin. C’est de sa faute à elle si Maddie est morte. Et alors que Charlie ne s’est toujours pas relevé de ce décès tragique, de la disparition soudaine et brutale de sa petite amie, le deuil impossible, Anastasia, elle, semble être en pleine forme. C’est un constat qui le met hors de lui, parce qu’elle devrait souffrir pour tout le mal qu’elle leur a fait. Des sillons de larmes devraient avoir incrusté ses joues définitivement et au lieu de ça, c’est un sourire radieux qui fend ses lèvres. Et son côté madame-je-sais-tout qui répond toujours du tac au tac en toutes circonstances, sans jamais perdre sa bonne humeur, lui donne l’air encore plus agaçante. Elle lui adresse un clin d’oeil, ce qui fait sourire nerveusement Charlie. Il reste quelques secondes silencieux, à la fixer sans savoir quoi répondre, les membres figés par la colère, sans savoir si elle l’a reconnu et le nargue sournoisement, ou si elle ne se souvient vraiment plus de lui et se contente de se défendre face aux attaques de Charlie, qu’elle ne comprendrait pas. « Tu sais, dans ma courte carrière, j’en ai vu des choses improbables. » répond-t-il avec un sourire énigmatique, à la fois affreusement crispé et quelque peu moqueur. Vraiment, il ne sait pas quoi penser d’elle et de son attitude étrange.

Charlie choisit de lui laisser le bénéfice du doute et de jouer la carte de l’ignorance, de l’innocent du village. Il la questionne comme si de rien n’était, essayant de se défaire de cette colère qui le ronge de l’intérieur. Maintenant qu’il sait qu’elle enseigne ici, il aimerait savoir s’il va devoir la supporter longtemps ou si, avec un peu de chance, elle partira d’ici une semaine, au retour de la personne qu’elle remplacerait. Et là, elle lui explique tout ce qu’il y a à expliquer, et lui vend ce poste de guide dont elle aurait désespérément besoin pour ne pas se perdre dans cet immense labyrinthe qu’est le lycée pour quelqu’un qui viendrait tout juste de débarquer. Joie. N’a-t-elle pas senti sa froideur d’entrée ou a-t-elle un petit côté masochiste ? « Ah, ton premier jour… » Premier d’une longue série visiblement. « Je te souhaite officiellement la bienvenue, alors. Et du coup, comment s’est passé ce fameux premier jour au sein de notre lycée ? Tu te plais ici ? » Il espère de tout son coeur qu’elle lui dise que rien ne lui plaît ici, que tous les élèves sont abominables et que les collègues - les pires - sont littéralement insupportables. Il n’a peut-être jamais rien espéré aussi fort. « Moi, ça fait déjà quelques années que je suis ici donc oui, si tu as besoin d’un guide, ce serait avec plaisir. » rétorque-t-il en ayant bien du mal à cacher toute l’hypocrisie qui imprègne cette proposition qui n’est absolument pas formulée de gaieté de coeur.

Anastasia semble véritablement déterminée à le coller, tel un chewing-gum plaqué sur la semelle de ses chaussures et dont il ne parviendrait jamais à se débarrasser complètement. Il aurait beau essayer de gratter la surface pour essayer de retirer l’intégralité de la substance collante et sucrée, il resterait toujours quelques résidus. Cette comparaison est loin d’être flatteuse pour la jeune femme, qui semble faire preuve de la gentillesse et de la bonne humeur la plus candide, alors que Charlie passe pour une espèce de connard aigri et mal élevé. Du moins, ça, c’est quand on ignore la raison pour laquelle il se comporte comme ça parce que, de son point de vue, son comportement est tout à fait justifié. Il manque d’ailleurs de s’étouffer quand elle met les pieds dans le plat pour lui demander pourquoi il se montre aussi dédaigneux. Charlie se met à tousser, à deux doigts de s’étrangler face à une question posée sans le moindre détour, qui le désarçonne bien plus qu’il ne l’aurait cru. « Attends, tu me trouves vraiment dédaigneux ? » Évidemment qu’elle doit le trouver dédaigneux. Si elle ne l’avait pas remarqué, il faudrait qu’elle soit complètement aveugle. « Désolé si t’as eu cette impression, c’était pas volontaire. Je manque cruellement de sommeil et de caféine, ça ne doit pas me rendre très aimable ! » lance-t-il pour tenter de se justifier, alors qu’il se remet en route, lassé de rester planté au milieu du couloir. « Bon, j’imagine que tu as une heure de cours maintenant ? Moi, là, j’ai une pause donc je vais à la salle des profs. On se voit plus tard, peut-être ? » Et comme il peut, il tente de se débarrasser d’Anastasia, pressant le pas pour rejoindre le plus vite possible la salle des profs. Il pousse la porte sans se retourner, priant pour que la jeune femme ne le suive pas à la trace alors qu’il trouve un local entièrement vide. Il va pouvoir se remettre de ses émotions à son aise dans un endroit calme et à l’abri des regards. Il jette son sac au pied d’une chaise, dépose ses manuels sur la grande table et se dirige vers la machine à café, la seule qui soit en mesure de lui apporter un peu de réconfort dans un moment pareil. Il appuie sur les boutons et quelques secondes plus tard, sa tasse est remplie d’un liquide fumant et sombre, dont l’odeur réconfortante fait déjà ralentir son rythme cardiaque. Mais alors qu’il pensait avoir la paix pour un moment, la porte s’ouvre à nouveau et il craint de se retourner et de découvrir le visage d’Anastasia, qui n’abandonnerait sa proie pour rien au monde.
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Ven 24 Avr - 0:40
Smells like a curse
Charlie & Anastasia

« 'Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore.»
Il semble s'intéresser à son ressenti après ce premier jour, et elle ne peut que le croire, puisqu'à première vue, rien ne pourrait témoigner du contraire. Il n'y a aucune raison palpable qui pourrait induire la moindre haine, du moins, aucune raison valable. De telle sorte qu'elle s'efforce de n'en voir aucune, en réalité, puisqu'il est bien plus aisé de manipuler sa propre vision des choses pour se donner raison, que d'abandonner toutes ses chances au hasard.

« Merci beaucoup ! Et pour mon premier jour, je dirais qu’il était… extraordinaire ! Je suis tombée amoureuse du cadre, vraiment, l’ambiance est tellement... solaire ! Bon, les élèves m’ont un peu testé, mais j’imagine que ça leur passera quand ils comprendront que je suis de leur côté. D’ailleurs, j’aime penser qu’ils étaient bien plus docile vers la fin du cours ! Alors, certes, il y en aura toujours quelques uns qui remettront en question mes techniques d’apprentissage, mais j’aime encourager à la création, peu importe si ce n’est pas très orthodoxe. Enfin, c’est ce qui fait que ce métier est passionnant ! », s’enthousiasme-t-elle sans percevoir la lueur de déception qui passe dans le regard du professeur d’italien.

Et elle le heurte de son grand sourire quand il propose d’être son guide ; si seulement il s’attendait au renouveau pétillant de sa personnalité, il ne l’aurait pas fait. L’ancienne Anastasia l’aurait jugé de haut en bas, plus par crainte que par dédain, et aurait décliné d’une moue désolée. De telle sorte qu’il aurait été impossible de savoir si elle refusait par politesse et peur de déranger, ou par réelle dévotion à la solitude qui l’habitait. Sans doute n’aurait elle pas été capable de donner la moindre réponse à cette question, d’ailleurs.

Mais c’est qu’elle n’a pas non plus la langue dans sa poche, celle qui a décidé de ne vivre plus que par intuition, au gré de ses impulsions, plutôt que d’essayer en vain de ressembler à une personne qu’elle n’est plus, et qu’elle a complètement oublié. Alors quand elle lui annonce sans ciller le trouver dédaigneux, elle rit à sa réaction. Parce qu’il ne peut pas ignorer à ce point l’être, le professeur, et que même un aveugle, sourd et muet, s’en serait aperçu. En fait, si son dédain était du gaz, et sa remarque une étincelle, le lycée aurait explosé, elle en est persuadée. Mais il s’excuse, alors, au fond, peut être qu’il n’est qu’un simple New Yorkais dédaigneux parmi les autres, de ceux qui tirent la gueule dans le métro, dans la rue, et peut être même sur leur canapé. De ceux qui ignorent les passants, plus par désintérêt que véritable agacement. Alors, elle lui laisse le bénéfice du doute, sans pour autant oublier ses premières impressions sur lesquelles elle refuse de se fonder.

« Tu es tout pardonné, cher collègue ! Et puis, au moins, je suis au courant qu’il faudra éviter les échanges avant que tu n’aies pris ta tasse de café, chaque matin ! », rit-elle, lui donnant un léger coup dans l’épaule.

Sa première salle des profs. C’est un lieu sacré, à ses yeux, non par rapport à ce qu’elle est vraiment, c’est surtout la symbolique qui l’attire. Un nouveau lycée. De nouvelles classes. De nouveaux élèves. De nouveaux collègues. Et, le point d’orgue de tout cela, la salle des professeurs où tout se dit, tout se sait, et rien ne se cache. Il presse le pas, jusqu’à la dépasser au moment où elle s’arrête quelques secondes, happée par une fontaine à eau. Elle en voyait beaucoup, dans les séries télévisées. Mais savoir que son propre lycée en avait une, dans le hall, c’était autre chose. Réaliser qu’un petit détail est vrai, c’est réaliser que, potentiellement, tout l’est. Cela rend tout plus réel, et c’est ce dont elle avait le plus besoin. Lorsqu’elle relève les yeux, Charlie n’est plus là, mais elle a tout juste le temps de le voir disparaître derrière une porte, au loin.

Elle s’y engouffre également, les yeux brillants voguant sur chacun des meubles, sur chaque recoin apte à happer son attention. Anastasia pose ses yeux sur le sac de son collègue, posé au pied d’une chaise, ainsi que sur la pile de manuels qu’elle ne peut que reconnaître, l’ayant aidé à les ramasser quelques minutes plus tôt. Elle s’installe alors à la même table, sans se douter que ce simple geste empêchera le pauvre professeur de s’asseoir ailleurs, à moins d’abandonner l’intégralité de ses affaires, le tout d’une manière assez suspicieuse. Elle le rejoint, presque en trottinant.

« Franchement, tu as raison, rien de mieux qu’un remontant pour bien attaquer la suite de la journée ! », annonce-t-elle en appuyant à son tour sur la case désirée, observant la théine remplir un gobelet en carton.

Elle songe alors qu’elle fera bien de ramener sa propre tasse. Peut être que ses collègues et ses élèves voudront y écrire un petit mot, avec un feutre indélébile ? Ce serait tellement beau, comme geste. Et tellement réel. C’est le plus important. Que tout soit réel.

« Du coup, non, je n’ai pas d’heure de cours avant un petit moment… désolée, tu ne vas pas pouvoir te débarrasser de moi comme ça ! »

Elle ironise, inconsciente de la portée de cette remarque pour lui, qui aurait probablement pu prier tous les dieux pour qu’elle se casse une jambe et retourne chez elle illico presto. Mais non, elle reste là, toute pimpante et joyeuse à ses côtés. Cette fois, c’est le gouffre qui se rapproche, quand elle le regarde avec l’œil complice et le sourire mutin, parcourant la salle du regard une énième fois, plus pour illustrer ses propos que pour y prêter une attention particulière.

« La salle des professeurs… alors c’est là que tout le monde passe son temps libre… Il doit y en avoir, des ragots, à longueur de journée ! Autant sur les élèves qu’entre profs, j’imagine… machin qui ne peut pas voir untel en peinture, ou même qui couche avec qui… Allez, je suis sûre que tu t’es tapé au moins l’une de nos collègues, là bas, j’ai pas raison ? Avoue ! »

Elle désigne du regard une petite table autour de laquelle discutent trois professeures dont le charme n’est pas à questionner au moindre instant. Puis, elle reporte l’intégralité de son attention vers Charlie, sans considérer son interrogation comme déplacée le moins du monde. Les ragots, c’est ce qui fait rire, ou du moins sourire. Ce petit ton léger qui rapproche, les premières plaisanteries, une opportunité à ne pas manquer, elle aurait peur de louper le coche.
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Sam 2 Mai - 0:12
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Charlie & Anastasia


Anastasia est habitée par cet enthousiasme caractéristique aux premières années d'enseignement et ça ferait probablement plaisir à voir, pour Charlie, s'il ne nourrissait pas cette haine à son égard, et dont elle n'a même pas conscience. Voir de jeunes collègues débarquer avec cette soif de faire leur boulot correctement, ça arrive trop peu souvent et ça mérite d'être salué. Mais Charlie, il s'écorche la langue à chaque fois qu'il essaye de dire un truc sympa à la jeune femme. C'est pas de sa faute, c'est plus fort que lui, elle l'insupporte, même si elle s'en rend absolument pas compte visiblement. Pourtant, il va devoir mordre sur sa chique et feinter la plus parfaite admiration parce qu'apparemment, Anastasia, elle est pourvue de davantage de répartie que dans ses souvenirs et l'italien, il est vraiment pas doué à ce jeu-là. Charlie, il gueule parfois et il rentre dans le lard des gens, mais seulement quand il est convaincu d'avoir raison. Là, il a juste l'impression de s'en prendre gratuitement à cette pauvre fille qui n'a rien demandé, comme si elle n'était qu'un dommage collatéral à une mauvaise humeur injustifiée. Il commence même à se demander si c'est bien l'Anastasia qu'il a connue - et qui a tué Maddie, accessoirement - qui se tient devant lui. Elle n'a plus rien à voir avec ce qu'il a conservé d'elle dans ses souvenirs. Elle est tellement... Rayonnante et solaire aujourd'hui. Et s'il se trompait ? Et s'il confondait ? Et si son cerveau faisait en sorte d'associer cette jeune femme innocente à celle qui a détruit sa vie il y a deux ans ? Non, il ne peut pas être devenu fou à ce point quand même. Et pourtant, il y aurait de quoi se questionner. Deux deuils considérables en moins de deux ans, et aucune consultation chez un psy entre temps, ça commence peut-être enfin à avoir des répercussions. Il bat plusieurs fois des cils en relevant la tête vers elle :  « Excuse-moi, je m'émerveillais. C'est que c'est tellement rare d'avoir de jeunes collègues si enthousiastes dès leur premier jour qu'on croit rêver quand ça se produit ! » Et ça, ça le réconforte pas pour un balle, Charlie. L'enseignement, c'est pas un métier facile. C'est pas un métier à la portée de tout le monde. Entre tous les inconvénients qui sont bien souvent voilés par les prétendus avantages liés à la profession, beaucoup de jeunes enseignants abandonnent dès la première année. Mais apparemment, Anastasia se plaît ici et elle n'a pas l'air d'être de ceux qu'on décourage facilement, grâce à quelques témoignages judicieusement sélectionnés et quelque peu exagérés.

Pour parfaire ce tableau de la collègue idéale, joviale et motivée, il s'avère qu'Anastasia n'est pas non plus rancunière. A-t-elle encore beaucoup d'autres qualités cachées qui pourraient discréditer toutes les attitudes aigries que Charlie pourrait adopter en sa présence ?  « Quelle tristesse ! Je n'ai donc déjà plus aucun secret pour toi ? » qu'il demande avec un air désolé, alors qu'il profite d'une seconde d'inattention de sa part pour lui échapper. Il la laisse contempler cette fontaine ordinaire, au travers de laquelle il ne distingue aucune singularité, et fuit déjà vers la salle des profs, soulagé dès que la porte se referme et qu'il constate qu'elle n'est pas sur ses talons. Il pousse un long soupir en espérant ne pas la voir débarquer d'une seconde à l'autre, priant pour qu'elle ait compris le message subliminal qu'il a tenté de lui faire passer. Mais alors qu'il vient de se débarrasser de ses affaires, et de réceptionner sa tasse fumante, il la voit débouler dans la salle des profs alors qu'il pivote sur ses talons. Le bon dieu n'est vraiment pas de son côté aujourd'hui. Il s'installe sur une chaise alors qu'elle se dirige à son tour vers la machine à café pour se servir une tasse. Il se demande s'il doit se forcer à faire la conversation par politesse, ou si elle va finir par abandonner s'il l'ignore sur plus de trois questions, mais cette dernière solution lui donnerait l'air carrément insupportable. Puis finalement, la compagnie de cette Anastasia 2.0. n'est pas désagréable. Bien sûr, il ne reconnaîtra jamais une chose pareille à voix haute.  « Comment pourrais-je avoir envie de me débarrasser de toi ? » C'est vrai. Une personne normalement constituée ne pourrait pas avoir envie de se débarrasser d'elle, parce qu'Ana est tout simplement adorable. « T'as encore beaucoup d'heures de cours aujourd'hui ? Tu finis à quelle heure ? » Questions sans grand intérêt dont l'unique but est de faire la conversation, pour dissiper cette impression qu'il lui a laissée un peu plus tôt : l'impression d'être un connard dédaigneux. C'est qu'il a pas envie que celle-ci perdure, et qu'Anastasia puisse aller demander à leurs collègues ce qui pousse Charlie à se montrer aussi aigri. Elle serait probablement étonnée quand elle apprendrait qu'il ne se comporterait ainsi qu'avec elle, en fait. C'est là qu'elle braque sur lui un regard espiègle, un regard bien trop mutin pour être rassurant. Il tente de ne pas en tenir compte, lui renvoyant son sourire sans comprendre, quand il trempe ses lèvres dans son café. Il l'écoute alors qu'elle énonce son petit discours sur la salle des professeurs et quand elle lui assène cet ultime coup fatal en lui demandant s'il s'est déjà tapé une collègue, il recrache aussitôt son café sur sa chemise blanche. Les jeunes femmes assises un peu plus loin tournent la tête vers eux pour dévisager Charlie et se mettre à pouffer en ajoutant probablement un commentaire moqueur. Heureusement, ce dernier est hors d'atteinte des oreilles de l'italien, qui braque un regard à la fois blasé et incendiaire sur Anastasia. Elle fait exprès de le torturer comme ça ou c'est vraiment involontaire ? En fait, il ne sait même pas quoi lui répondre. Il a envie de lui dire qu'il s'est plus tapé personne depuis Maddie et que finalement, ça lui allait très bien, à lui, de tremper son cornichon dans son bocal à elle. Et ce serait sans doute encore possible si Anastasia n'avait pas existé.  « J'peux te donner un p'tit conseil ? » Il déboutonne sa chemise aspergée de tâches brunâtres, qu'il ne parviendra dans doute pas à récupérer avec le savon disposé à côté de l'évier, mais il va pas pouvoir rester comme ça non plus. Il retire le vêtement souillé, ce qui ne lui laisse plus qu'un t-shirt noir sur le dos.   « Si tu peux éviter de te taper un collègue justement, c'est mieux. T'imagines tous les sourires moqueurs braqués sur toi une fois que l'info finirait par se savoir ? Erreur de débutant que je n'ai jamais commise. » Il se penche un peu vers elle et désigne d'un signe de tête les jeunes femmes installées à l'autre table.   « Des rires moqueurs dans ce genre-là, pendant plus d'une semaine... Insupportable, pas vrai ? » Il en sait foutre rien, Charlie, mais il est plutôt doué pour les suppositions. Il se dirige vers l'évier et tente de faire disparaitre les tâches sur sa chemise avec un peu d'eau chaude et de savon mais rien n'y fait. La chemise atterrit finalement sur un radiateur et elle restera sans doute là pour le reste de la journée. Il donnera cours en t-shirt aujourd'hui. Une fois n'est pas coutume.   « Puis si les profs étaient des bons coups, ça se saurait si tu veux mon avis. » Il retrouve sa place à côté d'elle, reprenant une gorgée de café en espérant qu'elle ne le fasse pas cracher à nouveau. Car en dessous du t-shirt, il n'y a pas d'autres vêtements. Juste son corps frêle qui n'a jamais pris la peine de se développer, même après le passage de la puberté.   « Après, si t'as des vues sur quelqu'un, tu peux me le dire, tu sais. Je te dirai si c'est un bon parti ou pas. » Et il lui adresse ce clin d'oeil curieux en espérant obtenir des révélations. Si une opportunité de lui cramer ses plans s'offre à lui, il se fera un immense plaisir de la saisir.
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Ven 10 Juil - 0:59
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Charlie & Anastasia

« 'Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore.»
Elle erre, Anastasia, entre les vestiges de ce que l'on attendait d'elle, et l'admiration de celle qu'elle est devenue. Elle serpente entre les appréhensions et les félicitations, ne se souciant même plus d'accorder la moindre imporance à un commentaire. Ce qui l'importe, désormais, c'est d'avancer. Passée professionnelle des oeillères, elle court, même trop vite. Elle s'échappe, elle oublie la notion du temps, ironiquement. Alors, quand il la complimente sur son enthousiasme et qualifie même sa réaction d'émerveillement, elle hausse les épaules et sourit. Simplement. Parce qu'elle s'en fiche, finalement, de lui plaire en correspondant ou non à l'image d'une professeure parfaite. Ce qui l'importe, c'est juste d'aimer ce qu'elle fait. D'aimer passionnément. Et elle en vient à se demander, parfois, quand elle peine à s'endormir, si cette dévotion toute nouvelle à l'amour de tout et de rien ne vient pas de lacunes de son ancienne vie. Peut être que l'Anastasia d'avant ne savait même pas ce que c'était, d'aimer sans frontières, sans peurs, sans appréhension. Peut être qu'elle se l'interdisait. Et cela pouvait expliquer, probablement, pourquoi elle semblait courir sans cesse derrière un temps perdu. Insatiable. Finalement, heureusement pour elle, qu'elle ne cherche pas à analyser la réponse de Charlie. Elle se rendrait peut être compte d'à quel point il peut sembler hypocrite malgré, lui, ce professeur qui rêverait de la voir déguerpir d'un coup de pied dans l'arrière-train. Mais il en vient à la relancer et s’intéresser à ce qu’elle fait, alors quelque part, c’est peut être qu’il l’apprécie, n’est-ce pas ? Du moins, c’est ce qu’elle se dit sans chercher plus loin, ravie de parler à quelqu’un. Parce que ça, c’est réel. Charlie, il respire, il n’a rien à voir avec ces hommes souriants des posters de prévention dans les salles d’attente des cabinets de médecins ou des hôpitaux. Il bouge, il fait la moue, le soleil se reflète dans ses cheveux ondulés par endroits, le grain de sa peau est parfaitement inégal. Humain. C’est ce qu’il est. Cela lui fait un bien fou, à la petite Shepherd, de s’adresser à quelqu’un qui soit humain, et qui ne porte pas une blouse blanche.

« Je finis à 16 heures, c’est une toute petite journée, mais il ne me reste que deux heures de cours à donner. C’est fou, je ne stresse même pas, qui aurait cru ça ! », rit-elle de bon cœur, un vague souvenir de ses angoisses à l’approche de choses qui importent.

Est-ce un souvenir, ou est-ce seulement une remarque rabâchée encore et encore par ses parents, ces dernières années ? Probablement la seconde solution. Elle ne sait même pas quelle solution elle préfère, finalement. Elle veut juste vivre sa vie, indépendamment d’un ancien tempérament. Mais, parfois, peut être qu’avoir autant changé lui cause des problèmes. A elle, ou aux autres, finalement. C’est sûrement le cas de ce pauvre Charlie qui recrache son café sur sa chemise blanche, sous le regard mi horrifié mi amusé d’Anastasia, qui ne sait pas quoi faire entre être meurtrie de honte pour avoir causé la ruine de sa chemise, et mourir de rire face à sa réaction. C’est un demi-sourire sur les lèvres qu’elle lui tend une serviette légèrement humidifiée grâce à une carafe d’eau. Et ce, malgré le regard incendiaire de Charlie, qu’elle ne semble même pas remarquer. Du moins, pas de prime abord, parce qu’elle s’est retournée en direction des autres professeures qui pouffent de rire depuis leur table. Mais lorsqu’elle pose son regard sur lui, elle se raidit. Ses sourcils se froncent et elle se confond en excuses.

« Je suis tellement désolée, Charlie ! J’ai ruiné ta belle chemise, mince, j’espère que ça part, les tâches de café… »

Et elle serait censée savoir une chose si banale, Ana. Elle le devrait. Mais certains petits détails anodins tels que la capacité à une tâche de café de disparaître totalement son tissu, ont semblé avoir fait leur bagages avec ses plus gros traumatismes. Ainsi, tous ont été supprimés de sa mémoire. Définitivement ? Peut être. Elle s’en fiche. Elle ne s’en formalise plus. Elle n’a plus de larmes à y accorder, de toute façon, alors elle fait avec. Il enlève sa chemise et, halleluia, lui adresse une nouvelle fois la parole. D’abord, elle se raidit. Puis, elle souffle de soulagement. Il ne la déteste pas, n’est-ce pas ? Elle n’a pas tout ruiné dès son premier jour. Du moins, elle essaie de s’en persuader.

« Mh, probablement », fait-elle, incertaine, en haussant les épaules. « J’ai très vite arrêté de me préoccuper de ce que les gens pensent. Je n’écoute même plus. En fait, j’en ai rien à faire. »

Et elle sourit innocemment, sans savoir que bon nombre de personnes donneraient cher pour ne plus se préoccuper autant de gens superficiels dans sa vie. La serviette ne suffisant pas, il se dirige vers l’évier et, penaude, elle hésite à le suivre. Elle y verrait un soutien, une marque qu’elle ne se désintéresse pas du tracas dans lequel elle vient de le mettre. Elle resterait à côté, espérant pouvoir aider, elle montrerait juste qu’elle s’en veut. C’est comme ça que la plupart des gens font, se fait-elle remarquer. Mais il revient très vite à ses côtés, avec un pique provoquant l’hilarité de la petite brune. Depuis peu, elle voit l’humour comme un échange. Il vient de la faire rire, lui permettant de se délecter de cette émotion fugace mais intense qu’est la joie. Elle se doit de lui faire partager ce bonheur. Alors, elle tente de se joindre elle-aussi à la plaisanterie.

« Oh, oui, ça se peut… mais je ne sais pas si l’on peut considérer que quelqu’un qui crache sur sa chemise est un bon parti ou non... »

Elle relève enfin les yeux vers lui, prenant un air totalement sérieux. Elle le tient le plus longtemps possible avant d’éclater de rire, ses lèvres s’étant déformées d’un sourire. Prétendre avoir des vues sur lui semblait une bonne blague, dans sa tête. Elle ne se doutait juste pas avoir autant tort. Face à la réaction de Charlie, elle ne peut réprimer le fou rire qui la guette, elle et une apnée imminente.

« Si tu voyais ta tête, Charlie ! »
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Ven 24 Juil - 19:51
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Charlie & Anastasia


Il tente de sonder son regard, son attitude, ses gestes, à la recherche du moindre indice qui pourrait la trahir, lui prouver qu'elle se joue de lui et que cette perte de mémoire n'est qu'un immonde stratagème pour disperser les cendres de son cœur. Mais rien ne permet de déceler le vrai du faux. Anastasia semble pétrie de cette bonne foi agaçante qui le fait grincer des dents. Il n'a même rien à lui reprocher, pas le moindre défaut à pointer, à se mettre sous la dent pour ruminer la colère qui bout au fond de lui. C'est qu'elle semble si attachante en plus... On aurait presque envie de tout lui pardonner. Presque. Si seulement elle n'avait pas tué Maddie dans un accident de voiture.

- Tant mieux. Il paraît que lorsqu'on se rend en classe sans avoir la boule au ventre, ça veut dire qu'on a trouvé la bonne école.

Il lâche cette information avec ce large sourire qui s'apparente à une façade visant à rendre inaudibles toutes les prières qu'il formule intérieurement afin qu'Anastasia ne s'éternise pas au sein de l'école. Les nouveaux vont et viennent, ne restent parfois pas plus de deux semaines. Elle ne serait pas la première à qui ça arriverait et pourtant, il a le sentiment qu'elle, elle va rester, faire son nid, comme si elle était venue ici rien que pour lui, le pourchassant malgré ses tentatives infructueuses pour lui échapper, elle qui le hante tel un fantôme attaché à l'hôte d'un lieu.

Et à la manière d'un poltergeist se manifestant au moment où on s'y attend le moins, Anastasia parvient, en quelques mots, à faire en sorte que Charlie recrache une partie de son café sur sa chemise, ce qui a le don de faire mourir de rire les pintades voisines. Sur le moment, il ignore s'il devrait se dérider ou exploser de colère, mais la deuxième option lui semble quelque peu extrême. Il n'est pas du genre à entrer dans une rage froide pour si peu, lui qui ne s'énerve jamais et qui trouve toujours les bons mots pour détendre l'atmosphère. En plus, le fait qu'elle se confonde en excuses rendrait la crise d'autant plus injustifiées. Ne lui laissera-t-elle donc jamais la moindre opportunité de la détester un peu plus ?

- T'en fais pas, c'est rien... qu'il souffle en acceptant la serviette qu'elle lui tend.

Et elle n'imagine pas à quel point bousiller une chemise, ce n'est que bien peu de choses en comparaison avec tout ce qu'elle lui a volé. Il aurait préféré qu'elle lui salope dix mille chemises plutôt que de lui enlever Maddie mais ça, elle s'en souvient même plus.

- Avec un bon détachant, ce sera de l'histoire ancienne.

Il aimerait qu'il en soit de même pour le chagrin et le deuil mais malheureusement, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Quelques tours de tambour et les sillons humides dans les joues et dans l'âme ne seraient plus qu'un mauvais souvenir... Ce serait beau, non ? Mais la vie aime se montrer cruelle.

Une fois débarrassé du poids de cette chemise qui semble peser des tonnes maintenant qu'elle est partiellement humide, il revient s'asseoir à ses côtés pour poursuivre cette conversation qui n'a ni queue ni tête à ses yeux. Il ne sait même plus comment ils en sont venus à parler de sujets aussi personnels, mais peut-être s'en souviendrait-il si le choc du retour d'Anastasia dans sa vie se décidait enfin à passer.

- Tu as de la chance. J'aimerais pouvoir me désolidariser du regard des autres par moment…

Ce regard qui le poursuit depuis toujours, d'aussi loin qu'il se souvienne. Les gens ont toujours réussi à lui coller une étiquette sur le front, que ce soit celle de l'adolescent coincé, du garçon étrange, de l'étudiant perdu puis de l'homme en deuil. Sera-t-il un jour autre chose qu'un synonyme de la foutue dépression qui le ronge ?

Et Anastasia, elle, avec sa mémoire remise à zéro, comment le perçoit-elle ? Difficile de filtrer la sincérité derrière tous ses sourires radieux et sa bonne humeur naturelle. D'ailleurs, quand elle ose insinuer qu'elle s'intéresse à lui, il la dévisage avec des yeux écarquillés qui ne savent pas trop quoi penser. Elle a l'air parfaitement sérieuse pourtant mais il peine à croire qu'elle puisse lui faire du rentre-dedans d'une manière aussi frontale. Il entrouvre les lèvres, se met à ciler puis, elle explose de rire. Il l'observe avec cet air désœuvré sur le visage, avant de comprendre qu'elle vient effectivement de se payer sa tête.

- Dis-le tout de suite si je suis pathétique au point d'être inenvisageable… souffle-t-il en faisant mine de prendre cette blague au second degré.

Et au fond de lui, sans trop comprendre pourquoi, il se sent un peu froissé. Froissé parce qu'elle aussi, elle ne le perçoit comme rien d'autre que ce type trop fragile et trop brisé pour avoir gardé un semblant de capital sexuel. Car il n'est qu'une carcasse vide, Charlie. Un corps inerte qui ne dégage plus rien d'un tant soit peu attractif depuis bien des années, ce que l'on fait toujours en sorte de lui rappeler, d'une manière plus ou moins détournée.

- Tu es toujours d'une humeur aussi pétillante ou c'est mon concours improvisé de chemise mouillée qui te met dans cet état euphorique ?

Son sourire est quelque peu fané mais il ne veut rien laisser paraître, il ne veut pas laisser à Ana l'opportunité de croire que ses mots ont pu le toucher une quelconque manière.

- Au fait, tu habites loin du lycée ? qu'il demande sur un ton innocent pour tenter de changer de sujet plus ou moins subtilement.

À cet instant, il ne se doute pas encore que cette question, et la réponse qui va bientôt la suivre, risquent de le bouleverser encore davantage.
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