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Though we don't share the same blood, you're my brother and I love you (pv Roman)

@ Invité

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Mer 18 Mar - 0:06

C'était une période bien étrange que tous traversaient actuellement. Lenny ne savait quoi en penser. Son lycée avait été fermé le temps de la quarantaine et il n'avait donc plus de travail auquel se rendre pour le moment. Ses journées et leur douce routine avaient été complètement jetées par la fenêtre et Lenny avait bien du mal à s'en relever.

Il avait passé les derniers jours dans son appartement, quittant à peine son lit, négligeant son hygiène, oubliant de manger et de boire, ne le faisant que lorsque son corps se rappelait finalement douloureusement à lui. Les gens lui faisaient peur, en cette période. Tout le monde se jetait des regards en coin, avec cette méfiance qu'il avait l'habitude de voir à son égard, mais pas envers autrui.  

Tous tenaient leur distance et évitaient les contacts physiques autant que faire se peut. Lenny s'était surpris à penser qu'il aurait aimé que cela soit le cas après que tout soit passé. Qu'on continue à respecter son besoin d'espace, que l'on cesse d'outrepasser ses limites et de lui imposer un contact tactile qu'il ne voulait pas, qu'il n'aimait pas, qui lui faisait du mal. Mais il voulait surtout que les choses reviennent à la normale.

Au bout de quelques jours, il avait reçu un coup de fil de son cousin et frère adoptif, Roman, qui lui demandait s'il voulait bien faire quelques courses pour lui et les lui apporter. Lenny s'était douté que c'était surtout une manière pour lui de s'assurer qu'il aille bien dans ces temps difficiles, mais il n'avait pas rechigné. Il aimait son frère, sa famille, et n'avait pas forcément l'occasion de les voir.

La dernière fois, c'était après l'explosion de gaz à son immeuble et Lenny n'était absolument pas en état d'interagir proprement avec son tuteur ou son frère. Aujourd'hui, les choses seraient mieux. Il espérait.

Sortir était anxiogène. Lenny avait peur d'être arrêté et d'être incapable d'expliquer qu'il se rendait chez son frère, qu'il avait besoin de lui pour ses courses. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Réussir à réunir toutes les nécessités au supermarché où il avait l'habitude d'aller ne fut guère aisé, mais il y était finalement parvenu tant bien que mal.

Il avait été soulagé d'apercevoir l'immeuble où vivait son frère, montant quatre à quatre les escaliers. Il ne détestait pas les ascenseurs, mais il était mal à l'aise avec la proximité que cela créait et encore plus en ce moment, où il ne voulait pas se retrouver enfermé avec une personne suspicieuse, qui lui transmettrait à coup sûr son stress et son angoisse.

Il avait toqué à la porte, évitant la sonnette et son bruit strident, avant de rentrer avec les sacs, prenant tout juste le temps de saluer son frère, déballant les courses méthodiquement avant toute chose :

"J'ai tout ce qu'il te faut. Avec tout ça, tu devrais pouvoir tenir une bonne semaine. Certains produits de nécessité ont été difficiles à obtenir et... et j'ai dû... euh..."

Lenny rougit, avant de marmonner d'une petite voix :

"J'ai dû... voler... un pack de papier toilette dans le caddie de quelqu'un. Il... euh... Il en avait pris un tel stock, il ne restait plus rien. Il ne m'a pas vu, je crois. Je ne voulais pas le confronter et me battre. Je déteste ça. Du coup, je l'ai... volé."

Lenny se tortillait, mal à l'aise devant son admission, continuant à sortir et ranger les courses, reprenant son bavardage à toute vitesse, comme s'il évacuait toute la nervosité accumulée par une avalanche de mots :

"Je t'ai pris du chocolat, aussi. Un petit lot de tablettes. Je... euh... Tu peux toujours en manger, non ? Ou ce n'est pas le cas et j'ai fait une bêtise ? Je n'arrive pas à m'en rappeler !"

Sa voix était montée légèrement dans les aigus à cette dernière phrase, terminant de ranger les courses, commençant à faire les cent pas dans l'appartement en se frottant vigoureusement les jambes. Il avait besoin de se calmer... Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Calme. Calme. Calme. Il avait répété à mi-voix ce dernier mot, plusieurs fois, jusqu'à ce que sa respiration s'apaise, que sa course folle se ralentisse.

Enfin, il accorda pleinement son attention à son frère, s'approchant de lui, respectant une distance pour éviter de le contaminer, mais également parce qu'il n'avait jamais été très tactile. Pas de son initiative en tout cas. S'il le lui demandait, Lenny lui ferait un câlin. Mais rarement sans être sollicité.

"Voilà, tout est rangé, à portée de main si nécessaire. Les courses sont faites."

Lenny pouvait mettre ça derrière lui, penser à autre chose, se consacrer à Roman. Oublier le stress, la routine envolée, la difficulté à planifier quoi que ce soit. Glissant son petit doigt à ses lèvres pour le mordiller, il marmonna entre deux mâchouillements nerveux :

"Tu vas bien ? Tu ne t'ennuies pas trop ? Ton père est venu te voir ?"

Lenny n'avait jamais appelé son tuteur "Papa". Cela oscillait entre "Monsieur", son prénom, le titre d'Oncle, selon son humeur, son état d'esprit, son énergie. Il n'avait qu'un père et ce père était affreux et Lenny ne voulait pas l'oublier. L'oublier, ce serait risquer de faire les mêmes erreurs. De lui ressembler. Et ça, il ne pouvait pas se le permettre.

"J'ai envie de retourner au travail. Je n'avais pas prévu de vacances. Demain, je suis censé prendre le métro ou la voiture pour aller travailler et je ne vais pas le faire. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas bien."

En période de stress, Lenny avait du mal à sortir de sa bulle, à se focaliser sur autrui. Ses problèmes prenaient toute la place et il peinait à en sortir, à mobiliser pleinement son empathie, à s'extirper de ses pensées et de ses préoccupations. C'était le cas actuellement. Mâchonnant durement son doigt, Lenny fixait le sol, ses pensées essayant désespérément de s'ordonner, de mettre un peu de stabilité dans sa cervelle, dans sa vie actuelle, sans grand succès.

@ Invité

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Mer 25 Mar - 16:21
Devoir rester enfermé chez toi pour ta propre sécurité sans que personne ne te le reproche pour une fois... Le rêve absolu pour toi, n'est-ce pas ? Tu aurais préféré que cela se fasse dans d'autres circonstances à vrai dire. Tu ne sais pas comment cela se passe dehors, tu te fis seulement à ce que tu entends à la télévision et à ce que te racontes ton meilleur ami qui continue sa petite vie, lui. Sauf que cela impacte la vie de tout le monde et habituellement, toi tu as tout ton temps libre pour aller faire les courses, t'occuper de tout ce qui faut pour l'appartement. Aujourd'hui, tu as dû demander de l'aide. Et dans ton entourage, mis-à-part celui que tu as toujours considéré comme ton grand frère, Lenny, tu ne vois pas qui appeler d'autre. Tu n'as pas envie de le mettre dans cette situation plutôt délicate, voyant la situation dans les supermarchés tant les gens paniquent mais tu ne peux pas faire autrement sur ce coup-là. En même temps, cela fait quelques temps déjà que tu ne l'as pas vu et prendre des nouvelles de quelqu'un par message, c'est une chose, l'avoir en face de toi en est une autre. C'est avec un grand sourire que tu accueilles ton frère adoptif – le genre de sourire sincère, heureux de le voir même si ce n'est pas dans des circonstances idéales. Tu le salues à ton tour, avant de le suivre pour l'aider à ranger les courses dans les placards à ta hauteur. « Merci beaucoup pour les courses, Lenny. Tu as bien fait pour le papier toilette, tu sais. Les gens agissent avec tel égoïsme... A croire que ça va remplacer la sauce pour accompagner leurs cinquante paquets de pâtes. ». Tu lèves les yeux au ciel, quelque peu irrité d'un tel comportement. Tu te demandes bien ce qu'ils vont faire avec autant de papier toilettes, le manger ? C'est n'importe quoi. Pas pour rien que les américains sont souvent ridiculisés dans les médias. « Heureusement que j'ai toujours le droit de manger du chocolat ! C'est ma nourriture de survie. ». Tu souris à Lenny, faisant de ton mieux pour le rassurer. Il n'a rien fait de mal, loin de là. Et quand bien même il se serait trompé pour quelque chose, tu ne lui aurais pas fait remarquer. Pas la peine d'ajouter un stresse supplémentaire et de toute façon, ce n'est pas le cas. Il a pensé à tout, comme à son habitude. « J'ai mon ordinateur alors tout va bien. J'ai appris à papa à utiliser Skype pour qu'il puisse vérifier que je suis toujours vivant alors ne t'étonne pas s'il t'appelle bientôt... Il ne préfère pas passer ici pour le moment, au cas où. ». Tu hausses brièvement les épaules, pas plus touché que cela. C'est pour ton bien qu'ils ne passent pas, tu sais qu'ils ne feraient pas autant attention que Lenny. Toi, tu as toujours fait attention aux microbes et ce genre de chose bien avant qu'une pandémie se déclare. Mais avec ta maladie, tu te dois de faire d'autant plus attention aux autres. « Vois cela comme une occasion de faire toutes les choses que tu as pu retarder sans culpabiliser de perdre du temps. Je suis sûr que tu as encore tout un tas de livres à lire chez toi, non ? ». Changer sa routine, c'est compliqué pour beaucoup. Tu comprends le ressenti de Lenny, toi-même tu n'aimes pas lorsqu'il y a des imprévus... surtout à ce point-là. C'est la première fois que cela vous arrive et il est clair que personne ne connaît la bonne manière de réagir face à tout cela. « Rester chez soi, c'est protéger les autres. » que tu ajoutes juste histoire de lui faire comprendre que si, c'est bien ce qu'il fait. Même si cela change sa manière de vivre pour le moment. Tu espères pour lui (et pour les autres) que cela ne durera pas trop longtemps tout de même. « Et venir chez moi, c'est avoir droit à de la tarte aux pommes. Tu veux une part ? Quelque chose à boire ? ». Tu te diriges vers le salon tout en parlant à ton frère, où se trouve la tarte aux pommes déjà découpée en tranches égales par tes soins sur la table basse. Ce sera toujours plus confortable pour discuter.

@ Invité

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Lun 30 Mar - 20:16
Lenny sentit un profond soulagement l'envahir lorsque Roman l'absolvit de ce qu'il percevait comme un péché, le fait d'avoir volé dans le caddie d'un autre. Il était très mal à l'aise avec l'idée et aurait détesté qu'on lui fasse subir la même chose, mais il n'avait pas le choix. Si cela avait été pour lui-même, Lenny n'aurait probablement rien osé faire.

Mais Roman avait besoin des courses qu'il faisait et Lenny avait donc pris le risque, pour son frère de coeur. Qu'il lui dise qu'il avait bien fait l'aidait à tranquilliser un peu sa conscience tourmentée. Ce qu'il déclara en toute franchise, légèrement embarrassé :

"Merci, Roman. Hmm... Je craignais qu'il ne me voit et d'être en tort pour mes actions. Je suppose que ce n'est pas du vol, techniquement, puisque j'ai payé pour mes courses, mais j'ai quand même pris un objet qu'un autre avait déjà prévu d'acheter pour lui. Ce n'est pas très éthique. J'espère ne plus avoir à le refaire."

Lenny avait du mal à comprendre ce mouvement de panique, ce que la peur poussait les gens à faire, mais il était trop préoccupé par sa propre situation pour y songer davantage. Il ne s'inquiétait pas tant des provisions dont il avait à disposition ou quoi que ce soit dans le genre.

Son esprit était entièrement occupé par l'idée que sa routine avait littéralement explosé et qu'il ne savait que faire pour la restaurer, pour jouir à nouveau de ce sentiment rassurant qui l'aidait à vivre, jour après jour. C'était une situation totalement inédite et il n'était pas équipé pour la résoudre, pour la surpasser.

Il eut un sourire maladroit quand Roman lui fit confirma qu'il pouvait bien manger du chocolat. Lenny aurait détesté lui faire envie sans qu'il ne puisse assouvir sa gourmandise. C'aurait été cruel de sa part. Et s'il y avait bien une chose que Lenny essayait autant que faire se peut de ne pas accomplir, c'était bien de faire preuve de cruauté.

L'inquiétude se fit moins présente, l'angoisse diminuant légèrement. Il avait cessé de tourner en rond, se forçant à retrouver son calme. Triturant ses doigts, Lenny marmonna en réponse :

"T... Tant mieux alors. Je voulais te faire plaisir. Pas... Pas agiter quelque chose devant toi que tu ne peux pas apprécier. Ce... Ce serait juste méchant de ma part."

Et c'était un comportement auquel il était trop familier. Ses camarades de classe qui lui piquaient ses affaires et s'amusaient à le voir essayer de les récupérer, sans grand succès. Son père qui s'emparait de ses possessions pour mieux le punir. Certains de ses thérapeutes qui pensaient que le priver de ses objets de confort l'obligerait à "sortir de sa coquille". Ce qui n'avait pas été le cas.

Faire subir ça à Roman à son tour lui aurait été insupportable. Mais heureusement, il ne s'était pas rendu coupable d'une telle infamie envers son cher frère.

Lenny avait clairement grimacé lorsque Roman lui avait fait savoir qu'il avait appris à son père à utiliser Skype et que l'homme allait probablement l'appeler dans les jours qui viennent. Il était déjà si peu à l'aise avec le téléphone, mais la vidéo ajoutait une autre dimension à son malaise. Toutes ses difficultés, tous ses tocs, tous ses gestes étaient clairement visibles et il devait aussi bien se concentrer sur ce qu'il "dégageait" que ce qu'il était supposé dire. Ce qui ne lui facilitait pas la tâche.

Cela voulait aussi dire qu'il allait devoir prendre le temps de nettoyer son appartement et d'être présentable aussi souvent que possible, au cas où son tuteur l'appelerait sans prévenir. Lenny était déjà anxieux à l'idée que cela se produise, avant même d'avoir eu le moindre appel...

"Je préfère qu'il n'appelle pas. Il va s'inquiéter alors que je vais bien. Peut-être qu'il va me demander de revenir avec lui et je n'ai pas envie. C'est déjà arrivé lorsqu'il y a eu cette fuite de gaz et je ne veux pas que ça se reproduise."

Lenny détestait lire l'inquiétude dans les yeux de son tuteur. Cela lui rappelait qu'il ne serait probablement jamais tout à fait un adulte pour l'homme et ce sentiment le frustrait profondément. Que se passerait-il s'il cédait et passait le reste du confinement à ses côtés ? Lenny serait surveillé, couvé, surprotégé. Son tuteur ne pensait pas à mal, mais cela l'agaçait. Il avait quarante ans. Il n'était plus un enfant.

D'accord, peut-être qu'il n'allait pas aussi bien qu'il l'affirmait. Lenny était anxieux, incapable de s'habituer pour l'instant à la rupture de sa routine, peinant à se construire un planning stable et réconfortant. Mais tout de même. Il n'avait pas besoin de son tuteur. Il était parfaitement autonome, merci beaucoup.

Lenny avait haussé les épaules lorsque Roman lui avait parlé des livres qui lui restaient à lire. Ce n'était pas entièrement faux, mais il avait du mal à se concentrer dessus. Ses voisins faisaient du bruit, sa tête était ailleurs, il avait envie d'être au travail et de faire ce qu'il faisait habituellement à cette heure de la journée. Les mots lui échappaient et ses pensées virevoltaient loin, très loin des pages qu'il tournait d'un geste automatique.

Il avait suivi Roman, les yeux rivés vers le sol, son index entre ses lèvres, mordillant durement la chair dans un geste inconscient. Mais Roman savait toujours trouver les mots pour le sortir de son angoisse et, lorsque ses propos étaient montés à sa cervelle, l'attention de Lenny se tourna entièrement vers la tarte aux pommes qui lui était promise.

Il releva la tête, cessant de maltraiter son doigt, son visage adoptant une expression gourmande instantanément. S'il y avait une chose qui permettait d'adoucir les moeurs de Lenny, c'était bien les pâtisseries, les douceurs sucrées. Il avait hoché la tête avec enthousiasme, agitant brièvement ses mains dans un geste joyeux avant de se forcer à les joindre ensemble, les crispant nerveusement, gêné, embarrassé.

Lenny savait qu'il était en face de son frère et qu'il pouvait se permettre de se détendre, mais c'était plus fort que lui. Il avait toujours ce sentiment que quelqu'un allait l'obliger à s'immobiliser, retenant ses poignets dans un mouvement brusque, lui ordonnant d'avoir des "mains sages". Des souvenirs de thérapies particulièrement éprouvantes, qui le poursuivaient encore à ce jour...

S'asseyant devant la table basse, dos droit, mains sagement posées sur ses genoux, Lenny était visiblement tendu, cherchant malgré lui à être "irréprochable". Ce fut à ce moment-là qu'il se rappela que Roman lui avait demandé s'il souhaitait boire quelque chose et il répondit avec un peu de retard, le regard fuyant :

"Hmm... Si tu as du jus de fruit, cela me va très bien. Ou de l'eau, si ce n'est pas le cas."

Il avait songé à demander du café, mais il était déjà beaucoup trop nerveux. Mieux valait éviter de tenter le diable... Son attention fut à nouveau capturée par la tarte aux pommes sur la table basse, son odeur parvenant à ses narines fines, le faisant saliver d'avance. Sa jambe sautilla légèrement d'impatience, Lenny attendant d'être autorisé à en prendre un bout :

"C'est toi qui l'a cuisinée ? Ca a l'air délicieux. Je suis toujours aussi mauvais en cuisine, alors je subsiste principalement grâce à des plats préparés achetés au supermarché."

Ce qui était loin d'être savoureux. Ou équilibré. Mais Lenny n'avait ni la patience ni l'envie de se mettre à la cuisine, certainement pas pour lui-même, en tout cas. C'était un procédé compliqué et il ne pouvait s'empêcher de stresser à chaque étape, craignant plus que tout l'échec. Mieux valait éviter...

"Hmm... Merci de me proposer tout cela. C'est... C'est gentil de ta part. Je sais que je n'ai pas été très présent ces derniers mois et je n'ai pas d'excuse. Je... euh... je vais faire des efforts pour être là pour toi. Parce que tu es mon frère et que les frères sont supposés être là l'un pour l'autre."

Lenny se mordit la lèvre, tirant ses cheveux du bout des doigts. Il n'était pas doué pour ce genre de discours, aussi bien pour les dire que pour supporter l'émotivité qui s'en dégageait. Mais il avait ressenti le besoin de le dire à Roman, qui méritait définitivement mieux de sa part...

@ Invité

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Sam 4 Avr - 16:24
Que Lenny se rassure, tu ne comptes pas lui demander une nouvelle fois de faire les courses pour toi. Bon, sauf si la situation dure trop longtemps... Mais normalement, là tu as de quoi stocker assez pour survivre un certain temps. C'est une situation exceptionnelle – du moins, tu l'espères – même si certaines personnes s'imaginent dans un film apocalyptique avec bientôt une invasion de zombie. Bon, inutile d'inquiéter d'autant plus ton grand frère avec tes spéculations douteuses dues à ce que tu regardes à la télévision ces derniers temps. Tu sais que tu devrais être inquiet toi aussi, comme lui. Principalement à cause de ta maladie, sachant très bien que tu es une personne à risque. Mais les pensées qui bousillent ton cerveau depuis un certain temps, tu ne préfères pas les confier à qui que ce soit pour le moment. Personne n'a à savoir que tu en as assez, assez de tout cela et que tu as l'impression de passer à côté de ta vie. « Je pense que ça ira mieux d'ici quelques jours. Ceux qui dévalisent les magasins à cette heure-ci sont en train de faire le stock pour chez eux et n'auront pas besoin d'y retourner dans les jours à venir... voire les semaines. ». Question de logique, après tout... même s'il est presque impossible de calculer les réactions des êtres humains dans ce genre de situation car c'est inédit pour la majorité d'entre eux. Toi le premier. Lenny aussi. Mais soit, autant changer de sujet pour le moment car celui-ci n'est pas vraiment le plus joyeux pour des retrouvailles en famille. « C'est réussi alors, ça me fait vraiment plaisir. » ajoutes-tu à l'égard de Lenny quand se pose la question du chocolat, avec un sourire. Difficile de se tromper avec toi, comme tu manges à peu près de tout mais le chocolat... Tu en manges au moins un bout chaque soir en cachette, jusqu'à ce que ton meilleur ami gueule parce qu'il n'y en a plus pour lui. Tu roules alors des yeux à la mention de la fuite de gaz. Pas parce que le sujet t'ennuie, mais tu te rappelles très bien les réactions quelque peu exagérées de ton père. Lenny ne le sait pas mais il t'a appelé à toi aussi, pour t'en parler, pour te demander des conseils par rapport à ce dernier... pour le convaincre de venir passer au moins quelques jours à la maison familiale. C'est ton père tout craché, tu n'es pas vraiment étonné. Lenny a beau être un adulte, ton père continue de le traiter comme un enfant. « Il a parfois du mal à comprendre que nous sommes tout à fait capable de nous débrouiller seuls. ». Parfois est un euphémisme. Ton père ne le comprend pas du tout, en fait. La seule qui n'est pas considérée comme une enfant dans la famille, c'est votre grand sœur, Mad. « Je lui dirais d'en rester aux messages... en essayant de lui faire comprendre de ne pas trop t'embêter. Pas tous les jours en tout cas. Dis-toi qu'au moins, tu n'as pas droit au message à midi pile pour savoir si j'ai bien pensé à manger. ». Tu t'autorises à rire un peu, te moquant gentiment du comportement de ton père. Être surprotégé de cette façon, ce n'est pas simple mais tu préfères avoir des parents présents, qui en fassent trop, plutôt qu'absents. Ils s'inquiètent pour toi, et aussi pour Lenny. Ils ne savent juste pas la bonne manière de le montrer pour vous deux. Tout en prononçant ces quelques mots, tu te rends jusqu'à la cuisine pour récupérer du jus de fruits et des verres avant de retourner dans le salon, servant ainsi un verre à l'aîné. « Oui, c'est moi. Tu me diras ce que tu en penses, je cherche à progresser ! Oh, les supermarchés sont là pour ça de toute façon. J'espère que le self du lycée où tu travailles est correct quand même. » que tu lui lances avec un sourire. Tout le monde n'a pas la patience ni le temps de cuisiner. « Je... Je n'ai pas été très présent non plus. Disons que toute excuse est bonne pour que je reste chez moi. ». Un aveux que tu fais à demi-voix avant de boire une gorgée de ton propre verre. Autant le dire, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre entre vous deux. Tu n'as jamais été doué pour garder des relations sociales, même avec ta propre famille. Tu préfères les laisser venir à toi plutôt que de faire le premier pas, et voilà ce que cela donne. « Je sais que tu es occupé et... j'ai toujours peur de te déranger si je t'envoie un message... que ce ne soit pas le bon moment. ». Cela ne veut pas dire pour autant que tu t'en fiches des gens, bien au contraire. Juste que tu n'es pas doué pour cela, pour demander des nouvelles sans avoir l'impression que tu ennuies peut-être la personne concernée. « Tu sais, tu peux venir manger ici de temps en temps. J'adore cuisiner et... Ce serait l'occasion de se voir plus souvent. Tu auras juste à me dire ce que tu préfères. ». Une proposition comme une autre, pour vous permettre de faire des efforts tous les deux. Tu n'es pas un professionnel de la cuisine mais cela te fait énormément plaisir de pouvoir faire goûter tes plats à ton entourage.  

@ Invité

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Mar 21 Avr - 18:49

Lenny hocha la tête aux propos de Roman, ne pouvant qu'espérer que les choses s'amélioreraient. Il n'était généralement pas à l'aise avec les gens, mais la situation le rendait plus hésitant encore. Il ne voulait pas se faire agresser parce qu'il cherchait à faire ses courses et il détestait avoir à se comporter comme un rustre pour obtenir ce dont il avait besoin. Ce n'était pas dans sa nature...

Il avait rougi, frottant sa nuque, lorsque Roman avait souligné que son idée lui avait fait plaisir. C'était tout ce que Lenny espérait. Roman était son frère, il méritait tous les présents du monde pour le rendre heureux. Lenny n'était pas assez là pour lui et il savait que les gens avaient plus tendance à s'occuper de lui que l'inverse, ce qui le frustrait. Lui aussi voulait être là pour son frère, sans pour autant le couver inutilement. Comme son tuteur tendait à le faire...

Lenny avait grimacé avec compréhension lorsque Roman avait évoqué l'homme et ses tendances surprotectrices. Là-dessus, Lenny et son frère se ressemblaient. Tous deux sous-estimés, infantilisés même. Cela partait peut-être d'une bonne intention, mais c'était particulièrement pesant... Et difficile d'en discuter sereinement, quand Lenny culpabilisait à l'idée de blesser son tuteur, qui avait été là pour lui tant de fois et de bien des manières.

"Est-ce que... Est-ce que tu voudrais que je lui en parle ? Qu'il cesse de t'envoyer des messages tous les jours ? Ou... Ou je pourrais lui dire que je m'en charge et je ferais en sorte de ne pas t'envoyer trop de messages. Mais je suppose que ce serait lui mentir et je ne suis pas très doué pour cela. Je n'aime pas non plus le faire, mais si c'est pour toi, je le ferai."

Lenny était embarrassé par sa proposition, yeux baissés, tordant douloureusement ses poignets dans un geste nerveux. Peut-être que Roman allait le juger stupide... ou il estimerait que sa proposition était malhonnête et en parlerait à son père.

Lenny savait bien que cette idée était ridicule, mais il ne pouvait pas s'empêcher de la craindre et de s'angoisser des possibles conséquences. A croire qu'il était encore ce petit garçon qui cherchait à se protéger des coups de son paternel...

L'odeur de la tarte aux pommes l'avait tiré de ses mauvaises pensées, le faisant saliver. Secouant sa jambe, il hocha la tête lorsque Roman lui demanda de lui dire ce qu'il en pense. Lui demandant sa permission, Lenny entama sa part lorsque son frère la lui accorda, frémissant de plaisir. C'était vraiment, vraiment bon... Il s'apprêtait à le lui dire lorsque Roman reprit la parole.

Lenny l'écouta attentivement, reposant sa part, frottant ses jambes dans un geste qui l'aidait à se concentrer sur les propos de son frère. Il secoua la tête lorsque Roman lui fit savoir qu'il avait peur de le déranger. Il était de la famille et la famille, c'était ce qu'il y avait de plus important ! Même pris d'une affreuse crise d'angoisse, Lenny ferait tout son possible pour être là pour les siens, c'était certain !

Ce qu'il lui fit savoir, étirant un sourire maladroit sur ses lèvres :

"C'est moi le grand frère, ça devrait être mon rôle de venir te voir, d'organiser les choses pour que nous puissions passer du temps ensemble, d'être présent pour toi. Entre nous deux, c'est moi qui suis en tort."

Lenny plongea brièvement son regard dans celui de Roman, avant de détourner les yeux, se focalisant sur sa part de tarte. Plus facile à regarder. Moins intense.

"La famille passe avant le reste. Même si je suis occupé, je trouverai du temps pour toi. Et je viendrai. Mais je devrais aussi faire ça, même si tu ne m'envoies pas de message... Ce n'est pas vraiment simple d'être spontané. Mes journées sont très cadrées."

Ou elles l'étaient, généralement. A l'instant présent, ce cadre avait volé en éclats et Lenny se trouvait perdu. Confus. Anxieux. Il se mordit brièvement les doigts, essayant de calmer le sentiment d'angoisse qui cherchait à l'envahir, avant d'essuyer ses mains et de souffler d'une petite voix :

"On pourrait peut-être essayer de faire quelque chose régulièrement. Un repas toutes les semaines. Ou tous les mois, si cela fait trop pour toi. Toujours à la même date. Mais... Mais tu peux aussi avoir des empêchements, je comprendrai ! Et je... euh... je n'insisterai pas si tu n'as pas envie ou si tu ne peux pas. Je sais que j'ai parfois été difficile à vivre, mais je ne suis plus un enfant et je sais que les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Même si c'était plus facile si c'était le cas..."

Lenny s'était perdu dans son monologue, regard baissé, ses mains frottant frénétiquement ses jambes. Il s'arrêta, s'excusant timidement, reprenant une bouchée de tarte aux pommes.

"C'est... euh... C'est vraiment délicieux. Cela faisait longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose d'aussi bon... Il faudrait que tu m'apprennes."

Lenny ajouta de manière précipitée, se recroquevillant légèrement sur lui-même, comme s'il cherchait à se faire plus petit, à prendre le moins de place possible :

"Mais tu n'es pas obligé, bien sûr ! Tu peux dire non. Je... euh... C'est juste que..."

Lenny se recroquevilla un peu plus encore, tête basse :

"J'aime bien passer du temps avec toi. Et apprendre des choses à tes côtés. Même si... Même si je suis le grand frère et que cela devrait être à moi de t'enseigner toutes sortes de choses. Pas l'inverse. Mais je ne connais rien d'utile ou d'intéressant. P... Papa me disait souvent que je ne servais à rien..."

Lenny se plongea dans le silence, s'enlaçant dans un geste nerveux. Il ne parlait pas souvent de ses parents biologiques, mais lorsqu'il le faisait, il était toujours particulièrement mal à l'aise. Aujourd'hui ne faisait pas exception.

"Peut-être qu'il avait raison..."

@ Invité

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Dim 19 Juil - 20:20
Tu n'aimes pas embarrasser qui que ce soit, surtout pas celui que tu considères comme ton grand frère. Il est hors de question que tu l'envoies parler à ton père qui a visiblement du mal à comprendre les limites à avoir avec Lenny et toi. Pourtant, vous vous ressemblez tous les deux. Bien plus que Mad et toi, ou Mad et Lenny. Sauf que toi, tu n'as aucun mal à mentir à tes parents. Du moins, pour leur faire croire que tout va bien et qu'ils n'ont pas à s'inquiéter. Lenny n'a pas à endosser ce rôle, à mentir pour toi ou à tenter de te protéger car tu as parfois du mal à te faire à l'idée que tes parents te voient comme un enfant à surveiller à cause de ta maladie. Alors tu te contentes de secouer la tête de gauche à droite lorsqu'il prononce ces quelques mots. « Non, surtout pas. Tu n'as pas à leur mentir pour moi. Je commence à m'y faire, tu sais ? C'est une habitude à prendre. Et puis, c'est juste l'histoire de... quelques mois. ». Tu hausses brièvement les épaules, pas certain de ce que tu avances à cet instant. Quelques mois ou plus logiquement, quelques années de plus mais tu n'as pas envie d'y penser à cet instant. De juste profiter de l'instant avec ton grand-frère qui t'a tout de même manqué. Et tu ne peux te sentir que gêné d'avoir l'impression d'avoir raté quelque chose avec lui ces derniers mois, d'avoir la sensation de ne pas avoir été assez là. Peu importe la différence d'âge entre vous deux, peu importe que vos parents ne soient pas les mêmes, Lenny est une des personnes les plus importantes pour toi. Il te comprend, d'une certaine manière. Ne t'a jamais jugé toutes les fois où tu t'es confié à lui sur ton anxiété sociale, sur le fait que tu as du mal à te lier. Tu n'as pas à juger un rôle face à lui, à faire semblant d'être à l'aise dans des situations qui t'incommodent. Alors tu ne peux que le comprendre lorsqu'il te dit que ce n'est pas simple d'être spontané. Toi-même tu es incapable de l'être. Inutile de te proposer quelque chose à faire au dernier moment, tu diras toujours non si tu n'as pas eu le temps de t'y préparer pendant de longs jours avant (sauf rares exceptions). Alors tu ne peux pas lui en vouloir à Lenny. Il a beau s'estimer en tort, toi tu penses l'être aussi. « Mes journées se ressemblent toutes alors je sais que je pourrais être disponible au moins une fois par semaine pour toi. On pourra proposer aussi à Mad de venir de temps en temps ? Je sais qu'elle est occupée avec sa troupe donc elle ne pourra pas tout le temps être là mais... Ce sera l'occasion de se retrouver en famille tous les trois, comme avant. Au moins de temps en temps. On peut essayer. ». Ton frère et ta sœur sont les personnes avec qui tu peux être sans ressentir la moindre source d'angoisse. Leur présence t'a toujours apaisé. « Et si l'un de nous ne peut pas, ce n'est pas grave. Même si c'est tentant de vouloir tout programmer à la minute près, il y a toujours des imprévus et il faut savoir s'y faire. ». Un bref sourire vient s'installer sur tes lèvres tandis que tu prononces cette phrase. Toi le premier, tu aimerais pouvoir être certain que ta journée se déroule comme tu l'as prévu. Mais il peut y avoir la fatigue, ou tout un tas d'autres raisons. Mad a une vie bien remplie et Lenny... Tu ne sais plus vraiment ce qui s'est passé dernièrement pour lui. Ce moment avec lui, c'est d'ailleurs l'occasion de te renseigner un peu. Mais d'abord, tu écoutes les paroles de ton grand frère. « C'est faux. » dis-tu presque aussitôt, avant de reposer ta tarte aux pommes sur la table histoire d'éviter de la faire tomber par inadvertance. Cela te révolte qu'il puisse penser cela de lui. « J'ai toujours pris exemple sur Mad et toi. Tu m'as appris pleins de choses sans même t'en apercevoir. Encore maintenant, je... j'envie ta capacité à toujours aller de l'avant, à réussir à sortir de ta zone de confort. Si tu tiens à m'apprendre quelque chose, eh bien je veux bien des cours pour cela en échange de mes cours de cuisine. ». Il est certain que pour Lenny, cela doit être compliqué d'avoir une estime de lui après ce qu'il a vécu. Mais toi, tu refuses de l'écouter dire ce genre de chose sur lui sans réagir. Certes, tes mots n'ont peut-être aucun impact réel mais ils sont sincères. « Il y a pleins de choses que je n'aurais pas faîtes sans votre soutien, à Mad et toi. Et peut-être que je n'en donne pas l'impression mais j'écoute toujours tes conseils. ». Parce que tu as toujours l'air ailleurs, Roman. Parfois totalement déconnecté même. Alors tu peux donner l'impression de ne pas être bien que tu le sois. Et tu espères ne pas donner cette impression à Lenny. « Tu es un bon grand frère et surtout une bonne personne, Lenny. Ce n'est pas donné à tout le monde, pourtant. ». Tu n'as jamais vraiment été doué pour exprimer ce que tu penses mais pour toi, c'est naturel de le faire à cet instant.

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Dim 9 Aoû - 19:13
Lenny hocha la tête aux propos de Roman, n'insistant pas pour lui rendre ce service. S'il estimait que Lenny n'avait pas à faire cela pour lui, alors il ne le ferait pas.

Lenny se refusait à penser qu'il savait mieux que son frère ce qui était bien pour lui, parce que c'était basiquement ce qu'on lui avait fait subir la majorité de sa vie. C'était tellement frustrant de voir ses propos balayés, de savoir ses requêtes ignorées, parce que ceux et celles à qui il s'adressait pensaient être mieux placés que lui pour décider de sa vie...

Il avait également acquiescé lorsque Roman avait suggéré d'essayer de se voir une fois par semaine et d'inviter également Madison lorsqu'elle le pouvait. Ces moments avec sa famille lui manquaient. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas passé du temps ensemble, tous les trois... Madison avait une vie faite de strass et de théâtre et celles de Roman et Lenny étaient strictement planifiées, ce qui ne laissait guère de place à des retrouvailles spontanées.

Mais Lenny voulait tenter le coup. Même s'il savait que la part d'imprévu qui accompagnerait inévitablement leurs retrouvailles l'angoisserait quelque peu. Il n'était plus un enfant. Il pouvait gérer ses anxiétés. Et les laisser éclater dans la solitude de son appartement, plus tard, lorsqu'il ne dérangerait personne.

"Ce serait une bonne idée. Vous me manquez, Madison et toi. J'aime les moments que j'ai pu passer avec vous lorsque nous habitions tous ensemble. Je suis heureux d'avoir mon indépendance, mais s'il y a quelque chose qui me manque, c'est cela. Ce qu'on a partagé, tous les trois."

Lenny avait la sensation de faire partie d'une famille, lorsqu'il était avec sa soeur et son frère. Bien sûr, il aimait aussi beaucoup son tuteur, mais il y avait toujours chez lui cette part de responsabilité, cette idée qu'il devait s'assurer du bien-être de Lenny, le ménager, le traitant comme plus fragile que Lenny s'estimait être. Et ce n'était pas quelque chose qui manquait à Lenny, ça, non.

Lenny sentit son coeur se serrer aux paroles de Roman. Il ne voyait pas en quoi son frère le considérait comme quelqu'un digne de prendre en exemple. Madison, il pouvait comprendre, il l'admirait également pour tout ce qu'elle avait accompli, mais lui-même... Il n'était qu'un modeste bibliothécaire avec une vie somme toute ennuyeuse. Rien d'admirable.

Un bon grand frère ? Une bonne personne ? Lenny n'avait pas l'impression d'être tout cela. Il essayait juste de survivre au jour le jour dans une société où il avait du mal à trouver sa place. Il pensait même qu'il pourrait mieux faire, porter plus d'attention à ceux et celles qui l'entourent, être plus charitable, plus altruiste, moins égoïste...

Il se mordit la lèvre, glissant un morceau de tarte aux pommes dans sa bouche et se calmant en le savourant, avant de répondre d'une voix gênée :

"C'est... C'est gentil de dire tout ça. Je ne sais pas si je suis vraiment une bonne personne ou un bon grand frère, mais c'est... c'est gentil.

Lenny n'arrivait pas à croire aux propos de Roman, c'était évident. Se frottant les jambes, il poursuivit, le regard baissé :

"Je serais ravi d'apprendre la cuisine à tes côtés. Mais je ne sais pas si je pourrais t'enseigner grand-chose en retour. Je n'ai pas vraiment de recette miracle pour sortir de ma zone de confort, je... euh... je me force, voilà tout. Et cela ne donne pas toujours lieu à des soirées plaisantes, loin de là. Il m'arrive de perdre le contrôle, d'attirer l'attention, d'être insulté de... de manière déplaisante."

Lenny détestait les mots qu'on pouvait avoir à son égard lorsqu'il perdait pied et ne pouvait plus maintenir son masque plus longtemps. Les gens se moquaient ou le prenaient en pitié, et il ne savait pas ce qu'il détestait le plus, parmi ces deux réactions. Il voulait juste que ceux et celles qui n'étaient pas prêts à s'intéresser à la personne qu'il était vraiment le laissent tranquille, voilà tout.

"Mais je... je pourrais t'inviter à sortir, de temps en temps, lorsque ce sera possible. Pour rencontrer des gens et... euh... je ne sais pas. En général, je m'impose ça pour essayer de voir de nouvelles personnes, pour apprendre à converser plus naturellement. Ce n'est pas forcément amusant pour moi, mais j'ai eu des expériences intéressantes. J'ai rencontré de bonnes personnes."

Lenny finit sa tarte aux pommes, se plongeant brièvement dans le silence. Ceci fait, il ajouta, triturant sa manche dans un geste automatique :

"Je pense que tu es un bon petit frère. Mieux que cela, même. Et je suis fier de faire partie de cette famille. J'aimerais pouvoir faire plus pour vous tous. Vous m'avez donné un foyer et de l'amour et c'est quelque chose que je ne pensais jamais avoir. Alors, euh, merci."

Lenny était rouge écrevisse et particulièrement embarrassé. Ne tenant plus, il se leva de son siège, faisant les cent pas et agitant ses mains nerveusement :

"Désolé, je vais me calmer vite, promis. J'ai de plus en plus de mal à... à cacher tout ça."

Lenny montra ses mains, qu'il agitait automatiquement pour évacuer son anxiété :

"Et je devrais le dissimuler, parce que les gens ne savent pas quoi faire de cela et qu'on m'a appris à le faire. C'est juste que... ça m'aide. Et tout est sens dessus dessous, en ce moment. C'est compliqué à gérer."

Lenny voulait juste que tout revienne à la normale. Etait-ce trop demander ?

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Dim 6 Sep - 19:43
Tu ne peux que hocher la tête aux paroles de Lenny. Toi aussi les moments familiaux à trois te manquent. Bien évidemment, Lenny et Madison étant plus âgés, tu t'es retrouvé seul à un moment donné dans la maison familiale avec tes parents et ses années t'ont paru bien vides. Il a fallu t'y faire, bien évidemment. Disons que voir ton frère et ta sœur te réconfortait en quelque sorte, toi qui n'a jamais eu d'amis à l'école (mis-à-part ton meilleur ami que tu as fini par rencontrer au lycée). Ils étaient tes piliers, les seules personnes à qui tu pouvais parler sans avoir l'impression d'être jugé sur ta manière d'être. Même si tu ne leur as jamais avoué, cela a été très compliqué pour toi de vivre sans leur présence. Mais tout le monde finit par devenir un adulte. Toi aussi, tu as pu prendre ton indépendance... même si à l'heure actuelle, tu as l'impression d'être de nouveau un enfant à qui il faut faire attention. La preuve, tu as dû demander à Lenny de faire tes courses. C'est un peu humiliant, cette impression de devoir recommencer à zéro, ne pas être capable. « C'est ce que je pense. Je n'ai pas besoin de te mentir, à toi. » que tu ajoutes lorsque ton grand frère te remercie. Peut-être qu'il ne croit pas en tes propos mais tu es pourtant sincère avec lui. Peu importe l'image qu'il peut avoir de lui, il est et restera pour toi un exemple. La suite des paroles de Lenny te font froncer les sourcils, puis tu détournes le regard vers la fenêtre tout en avalant un morceau de ta tarte aux pommes, l'air faussement pensif. C'est plutôt qu'au fond de toi, tu es révolté. Révolté car tu as beau ne pas être là lorsque Lenny se fait insulter, tu sais ce que c'est. Soit des insultes, soit la pitié. Il n'y a pas de juste milieu. « La société n'accepte pas les personnes qui paraissent... différentes. Ou du moins, qui n'ont pas l'air de rentrer dans un moule. » dis-tu d'une voix calme et pourtant, la lassitude se ressent. Si pour beaucoup New-York ou la vie à l'américaine de manière générale est un rêve à vivre, il y a pourtant de nombreux défauts à notifier. Être homosexuel et handicapé, bien que tu te dois de les assumer, ce sont deux tares pour toi. Ajoutons à cela ton anxiété sociale qui t'empêche de faire énormément de choses et il est évident que tu donnes l'impression d'être... étrange. C'est d'ailleurs le mot qui a souvent été utilisé pour te définir lorsque tu étais plus jeune et que tu étais forcé de côtoyer un cercle social à l'école. Ton frère, même si toi tu ne le vois pas, peut aussi être catégorisé de cette manière. Difficile de trouver sa place dans un milieu bien défini. « Je suis content d'entendre que tu fais tout de même de bonnes rencontres. Ça me rassure. ». Tout le monde n'a pas un mauvais fond, après tout. Mais tu comprends bien que c'est plus compliqué pour lui de faire des rencontres. « Merci, Lenny. Tu fais déjà assez à mes yeux. La preuve, tu es ici. Et puis... Chacun fait ce qu'il peut. Mad te dirait la même chose. ». Tu souris, un peu gêné de recevoir des compliments. Ce n'est pas habituel pour toi mais cela te fait plaisir. Tu ne sais pas ce que tu ferais sans lui et Madison... sans doute pas grand chose, à vrai dire. Tu l'observes se lever et faire les cents pas, terminant tranquillement ta tarte aux pommes. « Prends ton temps. Tu n'as pas besoin de cacher quoi que ce soit avec moi. ». Chacun a sa propre manière de réagir face à l'anxiété. Toi, il faut te laisser tranquille. Que tu t'enfermes dans ta chambre totalement seul. Alors peu importe ce dont a besoin Lenny, tu ne comptes pas le brusquer d'une manière ou d'une autre. « Et tu ne devrais pas avoir à cacher quoi que ce soit avec les autres de toute façon... Tu mérites d'être entouré de personnes qui t'acceptent tel que tu es. Pas de personnes qui veulent une autre version de toi pour leur propre satisfaction. D'ailleurs, tu m'as parlé de rencontres... Tu as fait de bonnes rencontres dernièrement ? ». que tu lui demandes, curieux de savoir les aventures de ton grand frère. Mis-à-part ton meilleur et Kit, tu n'as pas une grande vie sociale. Heureusement, tu as l'association El Halito pour te sortir de ton quotidien mais sinon... Tu as bien du mal à te lier à qui que ce soit, à faire des rencontres. Alors tu aimes entendre Lenny te raconter ses histoires même si ce ne sont que des brides, qu'il ne rentre pas forcément dans les détails. En même temps, cela permet de te parler de quelque de bien, de bons souvenirs... de choses un peu plus plaisantes et légères tout simplement.

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Sam 12 Sep - 0:18
Lenny avait hoché doucement la tête lorsque Roman lui avait fait remarquer qu'il n'avait pas besoin de lui mentir, confirmant ses précédents compliments. Il avait toujours du mal à croire qu'il était la personne que son frère voyait en lui, mais c'était ainsi que Roman le percevait et voilà tout. Esquissant un sourire timide, il souffla en toute honnêteté :

"Tu n'as pas besoin de me mentir. Et je préfère que tu ne le fasses pas. Tout le monde ment tout le temps, sur tout. C'est... C'est épuisant."

Et cela le forçait à ajuster son comportement, à en faire de même ou, tout du moins, apprendre à garder ses réflexions pour lui, car il n'avait rien d'un bon menteur. Lenny ne comprenait pas qu'on lui demande son avis en attendant de lui qu'il ne dise pas ce qu'il pense. S'il posait une question, c'était en espérant une réponse franche, vraie, honnête. Pas qu'on le conforte dans son ignorance ou son ego.

Mais Roman ne ressentait pas le besoin de mentir avec lui et Lenny l'appréciait sincèrement. Il n'avait pas à dissimuler des choses ou à les déformer. Lenny se contentait d'accepter ce qu'il avait à dire et d'être là pour Roman, en respectant ses envies, ses besoins. Il avait toujours pris garde à ne pas le surprotéger ou l'infantiliser, y compris lorsqu'il avait appris pour sa maladie. Il était trop conscient de ce que cela pouvait engendrer...

Roman était différent. Pas exactement comme Lenny, mais il comprenait ce que cela faisait, ce que Lenny pouvait éprouver. Ils étaient destinés à être en marge, exclus, luttant pour conserver la place qu'ils avaient réussi à se construire. C'était une bataille constante qu'il partageait avec lui, mais pas avec Madison, qui avait bien plus de facilités avec tout cela que tous deux n'en auraient jamais. Sur ce point, Lenny se sentait très proche de son petit frère. Il pouvait compatir, en toute connaissance de cause.

Lenny avait haussé les épaules quand Roman lui avait fait savoir qu'il était soulagé qu'il fasse de bonnes rencontres. Il ressentit le besoin de souligner, comme s'il craignait qu'en cherchant trop à être rassuré, Roman vienne à le considérer comme plus vulnérable qu'il ne l'était :

"Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Je fais des rencontres et je vis, voilà tout. Rien d'exceptionnel ou d'insurmontable."

Son sursaut d'humeur eut vite fait de s'apaiser, en particulier après les remerciements de son frère auxquels il ne savait comment réagir. Il fut toutefois sauvé de cet embarras précis par sa propre agitation, le poussant à se lever et à faire les cent pas, battant nerveusement des mains.

Il secoua la tête aux paroles de son frère, avant de réaliser qu'il devrait probablement expliciter sa pensée. Oui, il avait fait de bonnes rencontres dernièrement. Mais Roman avait tort sur un point.

"Il, il, il faut que je cache ça. Mains silencieuses."

Il se força à les immobiliser, mais son anxiété grandit et il fut contraint de reprendre ses gestes, mal à l'aise. C'était trop visible. Trop évident. Les gens s'inquiéteraient. Son tuteur se ferait du souci. Il ne voulait pas que ça arrive.

Lenny prit une profonde inspiration, encore et encore, pour tenter de se calmer Difficilement, il y parvint, mais il avait encore besoin de faire les cent pas, le temps de rassembler ses pensées.

"J'ai rencontré Vera à un bar. Elle était gentille. J'ai son numéro. J'ai fait du covoiturage pour une voisine, elle m'a proposé de la voir encore. Et je me suis fait un ami, Jonas. Il est un peu comme moi. Il a une fille."

Lenny était très succint dans ses propos, comme il l'était généralement lorsqu'il n'évoquait pas ses centres d'intérêt. Il répondrait aux questions, mais ne détaillerait pas plus sans qu'on ne l'invite à faire. Une part de cela était due à son autisme, mais l'autre était née de l'enfance, de ce gamin à qui l'on ne s'intéressait pas, à qui l'on disait constamment de se taire. Se défaire de cet état d'esprit était particulièrement difficile...

"Tu as des questions ?"

Lenny avait appris à ouvrir la conversation. A inviter l'autre à être plus explicite. C'était plus simple, pour organiser ses pensées, ce qu'il voulait dire, à qui il souhaitait le dire... C'était quelque chose auquel il était habitué. Leur manière de communiquer, avec Roman. Son cher frère.

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Ven 6 Nov - 21:37
Tu souris à la remarque de ton grand frère. Faire des rencontres est pour toi quelque chose d’insurmontable et d’exceptionnel justement. Mis-à-part ton meilleur ami, tu n’as jamais eu d’amis… jusqu’à ce que tu rencontres Kit, à ce groupe de soutien. La seule bonne chose qu’a pu t’apporter ta maladie, c’est clairement ton amitié avec lui. Même à l’association El Halito, tu restes dans ton coin le plus possible sans jamais dire un mot lors des réunions avec les bénévoles. Tu es comptable après tout, cela n’intéresse personne ce que tu as à dire… Bon, mis-à-part Jan car c’est toi qui peut lui dire s’il est possible de faire telle chose sans risquer de retomber dans le rouge – même si clairement, l’association se porte très bien depuis plusieurs mois. Enfin bref, tu es tout sauf un être sociable et sortir te procure des crises d’angoisse presque à chaque fois. Autant dire que ce n’est pas vraiment compatible avec les rencontres de n’importe quel type. « Je ne m’inquiète pas. C’est juste que… ça me rassure, dans le sens... où je me dis que je peux essayer aussi. ». Tu es prudent dans tes mots, car tu ne sais même pas si tu arrives à t’en convaincre toi-même. C’est facile de se dire que si ton grand-frère réussit à faire cela, alors tu peux le faire aussi. Néanmoins, cela ne sera pas la même chose le jour où tu te décideras enfin à sortir de ton appartement et surtout de ta routine qui te convient parfaitement pour le moment. La preuve encore une fois que tu prends Lenny comme exemple, à vouloir faire comme lui sans même t’en rendre réellement compte. D’ailleurs, tu vois bien que l’anxiété de ce dernier grandit mais tu fais comme si de rien n’était. Car tu n’as pas à l’empêcher de s’exprimer comme il le souhaite. Il ne le fait pas exprès et il est hors de question pour toi de lui dire d’arrêter. Bizarrement, Lenny est l’une des rares personnes qui t’apaisent malgré ses angoisses évidentes. Sûrement grâce à ce lien qui vous lie. « Oh, j’ai raté quelques épisodes dans ta vie. » que tu dis avec un léger sourire lorsqu’il t’annonce les rencontres qu’il a faite. Tu te rends soudainement compte que cela fait tout de même pas mal de temps que vous n’avez pas discuté de la sorte. Et cela fait du bien de le faire. Tu hoches alors la tête lorsque Lenny te demande si tu as des questions.  « Tu comptes appeler… Vera ? ». Une question sans aucun sous-entendu contrairement à ce que l’on pourrait penser. Tu n’es pas quelqu’un qui s’imagine facilement des relations entre les personnes, certainement pour ton grand frère. Pas parce que tu ne le vois pas avec quelqu’un (tu sais bien qu’il n’a pas passé toute sa vie seul) mais surtout car cela relève du domaine du privé. En plus, tu es totalement à la ramasse pour les relations amicales alors amoureuses… Par contre, tu penses à votre sœur, qui elle, se ferait certainement un malin plaisir à essayer d’en savoir plus sur cette fameuse Vera. « N’en parle jamais à Mad. Pour elle, un numéro  dans un bar, ce n’est pas quelque chose d’anodin. » ajoutes-tu avec un sérieux déconcertant bien que tu tentes de mettre une pointe d’humour dans ta voix… mais c’est raté. En même temps, c’est la vérité. Mad n’est pas la dernière pour essayer de vous caser dés qu’elle sent qu’il y a une occasion. Étrangement (ou pas), elle est beaucoup plus douée que vous dans ce domaine même si son mariage n’a pas duré longtemps. « D'ailleurs, elle n’a toujours pas compris que je compte finir seul avec mes chats. ». C’est une réalité que tu as accepté suite à ta rupture et cela te convient parfaitement.

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Jeu 12 Nov - 21:00
Parfois, Lenny était si focalisé sur ses propres soucis qu'il avait du mal à réaliser que les autres pouvaient avoir des difficultés plus ou moins semblables aux siennes. Roman n'avait pas ses troubles sensoriels, mais cela ne l'empêchait pas de rencontrer des problèmes à sortir, à se lier aux autres.

Sa remarque tira un petit "Oh" à Lenny, qui considéra son petit frère d'un regard songeur. Frottant ses mains sur ses jambes, il suggéra timidement, craignant de dire quelque chose de stupide ou déplacé :

"On... On pourrait planifier une sortie ensemble, quand la situation sera calmée. Tous les deux. Ou même avec Madison, si tu le souhaites et si elle est d'accord. Euh... Tu n'es pas obligé d'accepter, c'est juste une offre. Je pensais que... euh..."

Il ajouta un peu vite, les mots se précipitant hors de ses lèvres :

"Que ce serait plus simple, peut-être, si j'étais là. Je ne sais pas..."

Lenny avait la sensation qu'il n'avait pas beaucoup l'occasion de jouer son rôle de Grand Frère. Qu'il était plus souvent protégé que protecteur et cela le culpabilisait. Cela devrait être l'inverse. Il devrait être là pour son frère et sa soeur plus qu'ils ne l'étaient pour lui...

Entre anxiété et souvenirs, Lenny partagea avec Roman ce qui s'était passé de significatif dans sa vie, ces derniers temps. Il n'avait pas de secret pour sa fratrie, pas pour l'instant en tout cas.

Il lui était déjà arrivé de cacher des relations problématiques, parce qu'il ne voulait pas quitter la personne qu'il voyait, parce qu'il avait du mal à s'imaginer dans une autre histoire "d'amour" et que les mauvais traitements lui semblaient alors inextricables de ses relations de couple... Mais là, Lenny ne dissimulait rien. Il était un livre ouvert pour Roman et Madison, purement et simplement.

Lenny haussa les épaules à la question de Roman, témoignant de son indécision face à son interrogation :

"Je ne sais pas si je devrais l'appeler. Je ne veux pas l'importuner."

Il ne mentionna pas qu'il en avait déjà parlé à Madison, parce que cela lui semblait évident. Ce qu'il disait à Roman, il le confiait aussi à sa soeur. Pas de traitement de faveur. Il ajouta d'une voix songeuse, massant sa nuque nerveusement :

"Peut-être que ce serait mieux d'attendre de voir si elle me rappelle ou me contacte. Cela voudrait dire qu'elle veut qu'on se revoit à nouveau, et sinon... eh bien, au moins, je ne l'aurais pas dérangée ou forcée à accepter par politesse."

Songeant à nouveau au déroulement de cette soirée, il ajouta, par respect pour Vera :

"Même si elle m'a dit plusieurs fois qu'elle était heureuse de passer du temps avec moi. Il se pourrait qu'elle le pensait sincèrement à ce moment-là, mais après coup ? Les gens se lassent vite de moi."

Il n'y avait pas de tristesse ou de colère dans sa voix. Juste une certaine résignation. Il avait l'habitude de ne plus revoir des personnes à qui il tenait, simplement parce qu'elles n'avaient pas de temps pour lui. Au bout d'un moment, cela devenait épuisant de le fréquenter... Il ne les blâmait pas. C'était juste... C'était juste un peu dommage.

La dernière remarque de Roman le fit hausser un sourcil. Glissant son index à ses lèvres pour ronger brièvement son ongle, il lui demanda après coup, sans prendre le temps de réfléchir à ses mots :

"C'est ce que tu veux ou ce que tu crois ?"

Il fallut un instant à Lenny pour réaliser qu'il avait été indélicat et il s'excusa précipitamment, ajoutant d'une voix embarrassée :

"Désolé, je... euh... Tu n'as pas à répondre, je... c'est une question stupide, de toute manière. Tu fais bien comme tu l'entends, je n'ai pas à m'en mêler. Idiot !"

Lenny mordit son doigt un court moment, hargneusement, comme pour se punir. La douleur l'aida à se ressaissir et il marmonna, le regard fuyant :

"C'est très bien de vivre avec des chats. Je pense à en adopter un, peut-être. Il n'y a rien de mal à ça."

Secouant ses jambes, Lenny fit de son mieux pour évacuer le sentiment d'embarrassement et de colère qu'il éprouvait envers lui-même. Si seulement il pouvait réfléchir avant de parler, de temps en temps !

Un peu plus calme, il ajouta :

"Peut-être que je devrais vivre seul avec un chat aussi. J'en prendrais soin. Ou peut-être que Vera va appeler. Est-ce que je devrais chercher à la joindre, d'après toi ?"

Lenny leva les yeux vers Roman, penchant légèrement la tête sur le côté dans une position interrogative. En terme d'amour, il était régulièrement perdu... Surtout lorsqu'il faisait face à de la gentillesse comme celle que manifestait Vera. Il n'en avait pas l'habitude...

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Sam 14 Nov - 15:54
Tu ne te souviens pas de ta dernière sortie avec Madison et Lenny. Tu ne te rappelles même pas si vous êtes déjà allés dans un bar rien que tous les trois… Mais l’idée de ton grand frère te semble être bonne. Sortir avec des personnes à qui tu as entièrement confiance, c’est certainement la bonne solution pour t’éviter une situation angoissante où tu auras l’impression de ne pas pouvoir t’échapper. « Oui… Oui, c’est une bonne idée. » réponds-tu avec un sourire à l’égard de ton frère. « Dodo m’a déjà proposé plusieurs fois de l’accompagner à une soirée mais… Il y a toujours pleins de monde que je ne connais pas et… Je n’ai pas envie de tout gâcher. ». Ton meilleur ami fait assez d’efforts pour toi depuis des mois pour qu’en plus, tu viennes pourrir ses moments de joie avec ses autres amis. Car contrairement à lui, Lenny n’est pas le genre de type qui risque de t’amener dans la dernière boîte de nuit branchée où tout le monde danse collé serré et où il est impossible d’avoir le moindre silence ou coin pour se détendre loin de la foule. Dans un bar aussi, il y a de la musique et parfois des gens qui dansent. Mais ce n’est pas pareil.

La discussion dévie alors sur cette fameuse Vera et cela te fait plaisir de savoir que Lenny a fait une bonne rencontre. Des mots qu’il emploie, la jeune femme doit être une personne adorable. « Tu sais, peut-être que Vera se dit la même chose que toi. ». Tu n’es pas le plus doué qui soit pour donner des conseils niveau relation sociale. Tu es même la personne la moins bien placée pour savoir quoi dire dans ce genre de moment. Tu es rarement le premier à faire le premier pas et c’est pour cette raison que tu n’as que deux amis fidèles autour de toi. Dodo et Kit. « Personne n’a envie d’être la personne qui rappelle la première, je crois. Comme si… Comme si c’était mal de vouloir revoir quelqu’un dont tu apprécies la compagnie. ». Tes sourcils se froncent légèrement en prononçant ces quelques mots. Tu n’es pas certain que ce soit ce que Lenny a besoin d’entendre sur le coup mais tu ne peux qu’être honnête sur ce que tu penses et de tes observations sur les autres personnes autour de toi ayant des rendez-vous. Cela a l’air tellement fatigant de chercher à analyser ce que l’autre peut penser, de savoir quand c’est le bon moment pour le rappeler. Raison de plus pour finir seul avec tes chats, n’est-ce pas ? Alors à la question de Lenny, tu reposes calmement la cuillère sur l’assiette vide de tarte aux pommes. « Je le crois. Ça ne me dérangerait pas non plus, tu sais ? Je pense que l’amour n’est pas fait pour tout le monde. ». Et pas pour toi, clairement. Tu en as assez fait les frais. Tu as conscience que tu es jeune et que cela peut te tomber dessus une nouvelle fois mais… Tu ne te prends pas la tête avec tout cela. « Si tu décides d’adopter un chat, il faut que tu viennes au refuge pour qui je fais famille d’accueil ! Cela va du petit chaton au vieux pépère qui n’a pas eu de chance et qui en mérite une. ». Calme-toi, Roman. Tu es ce que l’on appelle communément une « folle à chat » version masculine. Tes chats, ce sont comme des enfants pour toi. Tu les aimes d’un amour inconditionnel et rien que d’en parler, un sourire éclatant et surtout sincère apparaît sur ton visage. « Tu peux vivre avec un chat et rappeler Vera, cela me semble compatible. Enfin, en espérant qu’elle n’y soit pas allergique. ». Tentative d’humour de ta part, c’est bien que tu es de bonne humeur aujourd’hui… et surtout, que tu te sens bien au côté de ton frère adoptif. « Oui, tu devrais la contacter. Peut-être envoie-lui un message pour savoir quand elle est disponible pour que tu puisses l’appeler sans risquer de la déranger ? Tu sais ce qu’elle fait comme travail ? » lui demandes-tu avec curiosité.

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Dim 20 Déc - 22:43
Lenny avait hoché la tête aux propos de son frère, lorsque celui-ci avait mentionné que son ami avait suggéré de l'accompagner lors de soirées et qu'il avait refusé par peur de l'importuner ou de tout gâcher.

Madison aurait probablement cherché à le rassurer, en lui disant qu'il n'avait pas à s'inquiéter de cela, qu'il ne gâcherait rien, mais Lenny était familier avec ce sentiment que Roman éprouvait. Cette peur de dire la mauvaise chose au mauvais moment, de ressentir une angoisse trop envahissante, qui se ferait ensuite visible, le risque de devenir le centre de l'attention malgré lui, pour des raisons peu enviables...

"Je comprends. Ton ami a probablement de bonnes intentions en t'invitant, mais c'est dur pour les gens de comprendre que ce n'est pas aussi simple que ça. Qu'ils peuvent assurer autant qu'ils veulent que tout va bien se passer, mais que cela risque de ne pas être le cas."

Il ajouta d'une voix songeuse, rétractant son poignet contre son torse et se balançant légèrement d'avant en arrière :

"Je suis conscient que des choses peuvent mal se dérouler, pour toi comme pour moi. Ou même pour Madison, si elle venait être reconnue et dérangée. Je m'y suis préparé. Mais je m'attends aussi à la possibilité de passer un bon moment avec vous deux, et cela est plus important que le reste."

Lenny étira un sourire maladroit sur ses lèvres, qui disparut lorsque Roman lui fit savoir que Vera avait peut-être les mêmes attentes envers lui que celles qu'il avait pour elles et que personne n'aimait être le premier à appeler. Lenny croisa les bras, sourcils froncés d'une manière prononcée, son balancement s'accentuant légèrement :

"Je n'aime pas appeler tout court. Je ne sais jamais quoi dire et je finis toujours par rendre la conversation malaisante. Mais si elle n'appelle pas du tout, peut-être qu'il va falloir que je le fasse... Et si je la dérange, je raccrocherais et je ferais une crise dans mon coin. J'ai l'habitude."

Lenny imaginait déjà la chose, le coup de fil se passant au plus mal, puis la suite des événements, cet instant où il commencerait à gémir furieusement, avant de se frapper ou de mordre ses doigts, jusqu'à ce que la colère soit pleinement passée. Il savait qu'il devrait se reposer sur des mécanismes plus sains, mais ils étaient aussi moins rapides pour le calmer, ce qui le poussait plus volontiers à se tourner vers cette violence qu'il manifestait envers lui-même.

Et il le ferait dans son coin, parce qu'il n'aimait pas obliger qui que ce soit à assister à cela, en particulier sa fratrie. Ils avaient déjà été témoins trop de fois des crises de Lenny durant son adolescence, alors qu'il tentait de processer les traumatismes qu'il avait subi...

Lenny avait eu peur de mettre les pieds dans le plat, mais Roman ne semblait pas prendre ombrage de sa question indélicate, lui répondant en toute franchise. Il hocha la tête à ses paroles, tordant douloureusement ses doigts :

"Je... Je pense qu'il y a beaucoup de formes d'amour et qu'il s'agit de trouver celle qui te convient. Cela peut être romantique, platonique, que sais-je encore. Je n'ai pas encore trouvé et, quand j'ai pensé l'avoir fait, ça s'est mal fini. Peut-être que tu n'as pas trouvé non plus."

Des amours qui s'étaient finis en catastrophe, Lenny en avait connu un petit nombre. Généralement, il se retrouvait à se reproduire le schéma familial, se projetant dans le rôle de sa mère, cherchant la violence car croyant la mériter, d'une certaine façon. C'était "l'amour" auquel il avait été exposé dès son plus jeune âge et il lui était difficile de se détacher de cette image.

Il refaisait souvent les mêmes erreurs, malgré la présence de ses proches, leurs conseils, leur inquiétude. Parce que tout semblait différent, vu de l'intérieur. Parce que la douleur finissait par ressembler à de l'amour. Mais ce n'était pas le cas et Lenny ne souhaitait pas que Roman trouve un jour cette forme "d'amour" dans son existence. Il méritait bien mieux, peu importe la nature de cet amour.

Peut-être était-ce auprès des chats qu'il était destiné à trouver cet amour à donner et à recevoir. Roman aimait vraiment les félins et cela s'entendait, il en parlait avec la même ferveur qui habitait Lenny lorsqu'il mentionnait ses livres. Il eut un sourire à ses mots, frottant ses mains sur ses jambes :

"Je viendrai à ce refuge, alors. Je sais que tu pourras m'aider à faire le bon choix. Si je dois avoir un chat, je veux qu'il soit heureux et il faut donc que nous soyons compatibles. Si c'est un mâle, je l'appellerai Oscar, comme le poète. Et si c'est une femelle, ce sera Dina. Le chat d'Alice dans "Alice au Pays des Merveilles"."

L'idée lui plaisait de plus en plus, et l'enthousiasme de Roman était contagieux. Nul doute qu'il allait céder et se rendre en refuge dès que la situation le lui permettrait... Mais son frère eut vite fait de le recentrer sur leur sujet de conversation de base, grimaçant à l'idée. Lenny avait très envie de revoir Vera, mais la recontacter ? C'était effrayant... Même s'il se doutait qu'il n'avait pas le choix, s'il souhaitait passer à nouveau un moment avec elle.

"J'essaierai de lui envoyer un message. Il faut que je prenne le temps de réfléchir à mes mots, je ne veux pas l'effrayer ou la rebuter."

Lenny haussa ensuite les épaules, affichant un air songeur :

"Je ne connais pas son métier. Mais je pense qu'elle doit travailler avec des gens, parce qu'elle était très sociale. Elle était gentille. Et douce. Je ne pense pas qu'elle me fera du mal, comme les autres. Mais peut-être que cela veut dire qu'elle ne m'aime pas."

Il recommença à se balancer, plongé dans ses pensées. Quelqu'un d'aussi gentil avec lui ne pouvait pas l'aimer... Ca ne fonctionnait pas comme ça. N'est-ce pas ?

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