Marisol a passé un certain temps à s'assurer que tout serait en place. Plateau de fromages, charcuteries et crudités bien présenté, de la glace et des citrons à foison, une excellente bouteille de leur alcool favori, musique chill mais suffisamment rythmée pour inciter qui en aurait envie à créer une piste de danse au milieu du salon... Miguel est même chez sa grand-mère paternelle et Sofia a sauté sur l'occasion pour aller à une soirée pyjama chez des amies. Le timing n'aurait pu être meilleur. Evidemment, John est à Washington. Il y a moins de 4h de train entre DC et New-York. Un peu plus d'une heure d'avion. Son époux lui a dit qu'il avait une réunion hier et quelques déjeuners d'affaires et autres réceptions vendredi et samedi. Mais il passe tout de même la semaine là bas. Après tout ce temps enfermé dans leur 250 m², c'est sûr qu'il doit avoir besoin de prendre l'air.

La mère de famille tâche de ne pas trop s'attarder sur le pourquoi de l'absence de son époux et prend une grande inspiration pour se recentrer sur le moment présent. Comme on le lui a appris en cours de yoga. Elle est reconnaissante de pouvoir voir son frère et sa soeur en chair et en os, qu'ils soient présentement assis dans son salon cosy, alors qu'elle apporte les verres. Que ses enfants soient en bonne santé et que ses parents n'aient pas trop souffert des récents événements. Gratitude. Reconnaissance.

Marisol revient donc s'installer dans son large canapé d'angle, un sourire radieux aux lèvres. Et il n'est pas feint, elle est sincèrement ravie d'avoir pu enlacer Alejandro et Elena, de pouvoir passer une vraie soirée au calme avec eux. De pouvoir rire et papoter, comme avant, comme si tout allait bien. Car après tout, tout va bien, tout va mieux. Elle sert une généreuse portion dans chacun des verres et les tends aux deux autres. « Salud! A la fin de cette saleté et à nous! » La brune avale son (petit) verre d'une traite et ne manque pas de resservir rapidement tout le monde. Ils ne sont pas venus enfiler des perles, inutile de se leurrer. « Bon, alors, ça va vous deux? Vous n'avez besoin de rien? J'ai eu Maman au téléphone, elle dit que ça va, mais je vais aller la voir dimanche après la messe et parler un peu aux gens de l'immeuble, voir si elle n'essaie pas juste de faire bonne figure. » On a connu mieux pour lancer une discussion légère et une soirée endiablée, mais Marisol a passé beaucoup trop de temps seule dans une grande maison avec un enfant en bas âge. Et ce avant toute épidémie mondiale.

Spoiler:

Alejandro a beau habiter à quelques pâtés de maison de sa soeur Marisol, il ne se sont croisés pour l'instant qu'au supermarché du coin ce qui n'a pas été forcément propice à une longue discussion. Avec les enfants dans les pattes, difficile également de faire le tour des sujets essentiels. Bonne chose cela dit, ils peuvent de nouveau sortir et profiter d'un temps plus clément. Leur mère a pu rouvrir le restaurant, ce qui est une source de soulagement évidente vu les énormes soucis financiers qu'auraient pu provoquer une fermeture plus longue. Enfin, Alejandro se félicite de pouvoir passer du temps en famille, et pour l'occasion, il a d'ailleurs apporté une bonne bouteille de Mezcal tout droit sortie de sa réserve personnelle.

- Je lui enverrais Este au restaurant, il l'aidera ce week-end, ça lui changera d'air.

Inutile de préciser que le gamin n'est pas encore au courant de ce léger détail.  Pour autant, Alejandro s'imagine bien mal qu'il puisse avoir autre chose de plus important à faire que d'aider sa grand-mère à maîtriser le flot de clients avides de bon temps et de saveurs. Pour ce qui est de la santé, il enchaîne avec bonne humeur après s'être emparé d'une olive.

- Sinon nous ça va, c'était agréable de réussir à garder Nate à la maison pour une fois. John est à Washington ? Et toi Elena, c'est réglé ton problème de ballon d'eau chaude ?

Il sert généreusement tout le monde en Mezcal, il ne faudrait pas mourir de soif.

☆ ☆ ☆Elena est bien heureuse que cette crise sanitaire ne soit plus qu'un ancien souvenir. Les dernières semaines ont été compliqué pour l'influenceuse comme pour l'ensemble de la population. Pour l'occasion la brune avait même plier bagage chez sa mère afin de ne pas être seule, puis elle n'aurait pas supporter de ne pas voir sa mère pendant x temps. La famille c'est beaucoup trop important aux yeux de la brune. Bien heureusement la situation est résolue, Elena a retrouvé son appartement et la vie à repris son cours. D'ailleurs, Elena a passer une grande partie de sa journée à répondre à des mails, plusieurs marques voulant collaborer avec elle. Pour certains ça n'est rien mais Elena à la longue, ça l'a épuiser. Elle est d'ailleurs bien heureuse de ne pas avoir besoin de réfléchir à ce qui va se trouver dans son assiette ce soir, étant donner qu'elle est inviter chez sa sœur pour y retrouver également son frère. Juste cette idée suffit à égayer sa journée et à la faire passer plus rapidement.

Avant de partir chez sa sœur, Elena fait un arrêt à la pâtisserie en bas de chez elle. Impossible pour elle de venir les mains vides et une soirée ne peut pas se finir sans un bon dessert. Fêtarde dans l'âme, elle aurait pu passer une bonne soirée ailleurs dans une fête, mais une soirée au calme de temps en temps, ça fait du bien. Elle est d'ailleurs heureuse d'être là avec eux, sur ce canapé, un verre à la main. « A nous ! » lâche-t-elle avant d'avaler à son tour son verre cul-sec. La boisson réchauffe son gosier autant qu'elle lui tire une brève grimace : l'effet du premier verre. « Pourquoi, elle n'irait pas bien ? Je l'ai vu hier et ça allait. » lance-t-elle. Elena aurait-elle louper un épisode ? « Il avait peut-être d'autres projets ce weekend. » dit-elle. « J'oublie parfois que vous êtes des vieux et que tous ces trucs de jeunes c'est plus de votre âge. » décrète-t-elle avant de se mettre à rire. Elena aime bien rappeler à son frère et sa sœur que contrairement à eux, elle est toujours jeune et pimpante. « J'ai du le changer. Ahmed a essayer de s'improviser réparateur mais sa solution n'a pas été très ... concluante. » confie-t-elle, un achat qu'elle n'avait pas prévu mais les imprévus font parti courante de la vie. « Oui comment ça se fait que tu es toute seule ce soir ? » tique-t-elle suite à la remarque de son frère en observant qu'effectivement, ils sont seuls ce soir.

A la mention de leur mère, le frère et la soeur ont deux réactions très différentes, qui font toutes deux sourire Marisol pour différentes raisons. D'abord, voir son pauvre neveu se faire jeter dans une tâche dont il ne sait sûrement rien est assez drôle, il faut le reconnaître. Ce n'est pas forcément la méthode qu'elle-même aurait choisi pour encourager le lien entre Esteban et sa grand-mère, mais c'est une méthode comme une autre. Quant à l'inquiétude d'Elena, elle est touchante pour son aînée, qui a mis un peu de temps à la voir comme la femme - relativement - responsable qu'elle est. Une business woman, une entrepreneuse, qui est sans doute la plus proche de leur chère maman des trois Paredes. Marisol s'empresse donc de clarifier la situation « Je ne dis pas qu'elle ne va pas bien, je veux juste être sûre qu'elle ne fait pas la fière et que le restaurant n'a pas pris un trop gros coup. »

La petite dernière ne manque pas alors de rappeler à ses aînés qu'elle est jeune et pimpante et compatis donc aux malheurs de son neveu. « Hey, traite moi de vieille encore une fois et tu vas voir ce qui va t'arriver! » Menaces semi en l'air, Marisol est certes une pacifiste, mais il ne faut pas trop la chercher. La conversation dérive alors sur les soucis d'eau chaude d'Elena, une histoire que sa grande soeur doit honteusement avouer ne pas avoir suivi. Elle rit toutefois un peu, imaginant Ahmed et sa soeur s'improviser plombier. Mais ses instincts protecteurs la rattrapent vite. « Du coup, tu as changé le ballon? Ca va, ça ne t'a pas coûté une fortune? » Elle sait qu'Elena est indépendante financièrement - et elle aussi fière, un trait caractéristique de la famille - ses campagnes sur Instagram et autres deals d'influenceuse se portent très bien. Mais c'est un business fragile, qui repose sur des tendances toujours changeantes et des entreprises pas toujours très réglo. Alors, elle s'inquiète, évidemment.

Alejandro et Elena l'interroge alors sur l'absence notable de sa petite famille et la brune en profite pour resservir tout le monde et enfiler un nouveau shot. Ils sont là pour ça après tout, non? « John est à Washington pour la semaine, c'était plus pratique apparemment. » Son ton est neutre, ce qui chez elle revient presque à dire froid. « Et puis, quand on a décidé que vous viendriez, j'ai proposé aujourd'hui parce que Sofia est à une pyjama party et j'ai envoyé Miguel chez la mère de John. Je voulais profiter à fond que vous soyez là. » Elle sert doucement la main d'Elena dans la sienne et leur offre un sourire lumineux et on ne peut plus sincère. Son mari ne peut peut-être pas toujours trouver du temps pour elle, mais Marisol peut au moins compter sur sa famille.

Alejandro adresse une petite tape sur l'épaule de sa sœur pour lui rappeler qu'il n'est pas trop vieux pour les représailles. Les jeunes de nos jours, aucun respect, vraiment. Cette petite réunion familiale lui fait du bien cela dit, et il lève son verre à la fin de cette période merdique qui aurait bien failli causer pas mal de dommage dans la famille. Alej et Marisol auraient géré, proposé leur aide pour rétablir les finances de la mère, mais vu leurs égo à tous, il est facile d'imaginer que cela aurait été la croix et la bannière pour faire accepter à Maria Paredes l'idée de recevoir un peu d'argent qu'elle n'aurait pas gagné elle-même. Au commentaire d'Elena sur le ballon d'eau chaude, Alejandro ne peut pas réprimer un rire cela dit, le sujet d'Ahmed est toujours divertissant.

- Peut-être que tu devrais songer à embaucher un vrai plombier, qu'est-ce qu'il a fait encore ?

Alejandro entend souvent parler du colocataire de sa sœur, et ce serait un bel euphémisme que de dire qu'il s'agit là d'un sacré numéro ! En tout cas, il a l'air de prendre la plomberie au sérieux, ce qui peut être un talent utile en période de crise.

- Raconte nous tes histoires de d'jeuns on meure d'envie de les entendre, nous les vieux !

Approchant son verre jusqu'à ses lèvres, il hausse un sourcil accompagné d'un sourire taquin. Sa petite sœur n'hésite pas à le taquiner, alors il en fait de même. Lorsque le sujet dérive sur le mari de Marisol, Alejandro garde tout commentaire pour lui. Pas qu'il n'apprécie pas spécialement John, mais ce n'est pas non plus sa favorite person in the world.

- Et c'est pas une si mauvaise idée que ça, nos hommes tiennent pas le Mezcal de toute façon. J'ai essayé d'initier Nate, il a senti, puis m'a défendu de remplir son shot avec. Pas très aventureux l'irlandais.

☆ ☆ ☆Elena est rassurée, sa mère va donc très bien et jusqu'à preuve du contraire, on ne lui cache rien. « C'est maman. » dit-elle simplement. « Elle avouera jamais ce genre de chose. Mais peut-être qu'elle t'en parlera à toi. » confesse-t-elle, avant de piquer une olive. Alej propose même d'envoyer Esteban afin d'aider leur mère. C'est un beau geste, Elena le souligne. Mais elle ne peut s'empêcher d'y rire. A son âge, elle n'aurait pas eut envie également d'être envoyer pour donner un coup de main. Elle ne manque pas de souligner que son frère et sa sœur sont vieux et qu'ils ne doivent plus se souvenir de cette période lointaine de leur vie. « Même pas peur ! » provoque-t-elle en tirant la langue à sa sœur. Elena fait la fière mais en réalité, elle n'est pas certaine qu'elle sortirait victorieuse lors d'une bataille avec Marisol. « Tu les as acheter où ces olives, elles sont délicieuses ! » demande-t-elle en piquant une nouvelle fois dans l'assiette. Et elle va s'arrêter sinon elle risque de les finir rapidement et de ne pas en laisser aux autres Paredes. « Oh, il a fait le bonhomme avant de me dire simplement d'appeler un plombier, ce que j'avais au final déjà fait. » confesse-t-elle en repensant à Ahmed qui avait voler à son secours lorsque son ballon d'eau chaude avait lâcher. « Pas le choix malheureusement, mais maintenant j'ai de l'eau chaude ! » dit-elle. Heureusement parce que la mexicaine n'aurait pas apprécier une douche froide supplémentaire. « Et rassure toi, j'avais assez de côté pour lui faire un chèque. » dit-elle pour rassurer sa sœur. Les travaux ça n'est jamais donner, mais les imprévus font partit de la vie. Et Elena est assez intelligente pour ne pas claquer son argent en un claquement de doigt. « Bof, c'est plus trop de votre âge. J'ai pas envie d'en rajouter une couche sur le fait que vous êtes presque des dinosaures. » lâche-t-elle avant de rire et de se lever spontanément du canapé en crainte de représailles. La seconde suivante, elle s'installe à nouveau tout en riant. Elena en vient à se demander comment sa sœur est seule ce soir. Son beau-frère est donc en déplacement et ses neveux, ailleurs. « Tu aurais pu me dire que tu étais toute seule aujourd'hui, on aurait fait du shopping ensemble. » s'empresse-t-elle de dire presque déçue de ne pas avoir reçue d'appels de sa sœur dans ce sens. « Je suis libre demain. » glisse-t-elle subtilement. « Tu devrais venir aussi. » lance-t-elle à l'égard de son frère. Si cela ressemble à une suggestion, Elena voit plus ça comme une affirmation. « Whaaaat ? Comment ça il n'aime pas le mezcal ? » demande-t-elle toute choquée par cette révélation. « Tu pourras lui dire que je suis déçue de lui. » ironise-t-elle. En même temps, Elena ne pouvait pas lui en vouloir. C'est un alcool particulier. Puis les goûts et les couleurs c'est tellement différent d'une personne à l'autre.

Elena est visiblement rassurée et pas franchement convaincue que cela vaille le coup d'essayer d'ébrécher la fierté légendaire de Maria Paredes. L'aînée fronce un peu le nez, se demandant si cette visite se soldera par un petit échange vif avec sa mère. Que l'on ne se méprenne pas, Marisol adore sa mère et cette dernière sait qu'elle peut compter sur elle. Mais, elle est partie. Elle l'a laissée être une mère célibataire avec une petite fille et un adolescent aussi ambitieux qu'impétueux à charge. Pour aller retrouver l'homme qui a tout gâché, qui a ruiné sa deuxième chance. Et malgré les années, les hauts et les bas survenus depuis, les rapports entre Marisol et sa mère sont toujours teintés du choix qu'a fait sa fille.

« On verra bien! » se contente-t-elle de dire avec un sourire. Elle hausse vaguement une épaule pour clore le sujet, puis rit un peu face à la bravade d'Elena et Alejandro qui en rajoute une couche. Il faut bien admettre qu'elle sera toujours plus dans le coup qu'eux, même si la petite n'a pas toutes les bonnes adresses. Marisol ne manque donc pas de taquiner la benjamine du clan. « Haha, tu veux connaître les secrets que la sagesse des années procure! » Toutefois, elle lui dit la pure et simple vérité. « Mais sinon, je suis allée à la supérette turque vers l'école de Miguel. » Parfois, les bonnes choses sont au coin de la rue, ou presque.

La benjamine éclaircit ses problèmes de plomberie, visiblement réglés. Marisol est soulagée que sa sœur ai pu s'occuper de tout cela et espère qu'elle est honnête quand elle dit avoir assez d'argent pour payer un plombier. Il y a un quota qu'un Paredes par semaine pour la fierté mal placée. Et c'est le tour de Maria cette fois, pas d'Elena, du moins, c'est ce que la mère de famille espère.

Sa petite soeur s'offusque alors de ne pas avoir été conviée, puisque Marisol avait du temps libre aujourd'hui. L'intéressée lui sourit et se permet une légère correction. « Ah non, mais ils sont partis une heure avant que vous arriviez hein,  je n'ai pas eu la journée à moi toute seule, ce serait trop bon. » Elle rit un peu, d'autant qu'elle n'a pas à se plaindre. Sofia est à l'école jusqu'à 15h, parfois plus tard et Miguel va à la garderie toute la matinée. Mais cela ne veut pas forcément dire qu'elle a du temps pour une après-midi shopping, même si elle est prête à faire des efforts pour se libérer. Surtout si c'est pour Elena. « Et demain, si tu es prête à te lever, on peut faire quelques boutiques le matin, avant que je récupère Miguel. » Elle lance un regard à Alejandro, qui lui est contraint par les horaires scolaires. « Ou si on se dit l'après-midi, pour qu'Ale puisse venir, il faut que j'appelle la nounou et voir si elle serait d'accord pour le prendre à la dernière minute. Et que je prévienne Sofia. » Toute une organisation la vie de famille.

Son frère dénonce alors Nate, qui n'est pas un fan de la boisson préférée des Paredes. Marisol éclate d'un rire franc face à la réaction outrée d'Elena. C'est un choc au début, mais on s'y fait. « Et oui, c'est comme ça quand on épouse un gringo*. John tolère pas si mal, il a bien été obligé de s'y faire en vivant à D.F, mais c'est pas son truc préféré non plus. » C'est le moins qu'on puisse dire, mais de son côté, la brune a une sainte horreur du whisky. Tout l'art du mariage réside dans l'équilibre entre les goûts et besoins de chacun, n'est-ce pas?

« Vous avez faim? J'ai aussi acheter des pizzas, je pensais les faire demain midi mais je peux les faire réchauffer maintenant si vous voulez? » La malédiction de chaque femme est apparemment de devenir sa mère. Et si Marisol en est loin sur certains points, sur d'autres, elle est en très bon chemin. Notamment quand il s'agit de ce besoin constant de s'assurer que tout le monde est bien nourri. Une habitude qui vaudrait le coup d'être analysée et déconstruite, si elle en avait pleinement conscience.

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Les sœurs parlent shopping et rapidement Elena s'offusque comme si faire du shopping avec des gamins était une partie de plaisir. Accompagner Nate acheter des jeans, ça c'est chouette, habiller des gamins de l'âge de Miguel et Lily ce n'est pas de tout repos et il veut bien comprendre que la journée de Marisol ait été agitée et peu propice aux flâneries. Peut-être qu'ils sont vieux, mais c'est une joie qu'Elena finira bien découvrir si elle décide à son tour d'avoir des enfants. En attendant, Alejandro ricane à ses conneries, il n'est pas susceptible. Pas là-dessus en tout cas. Pour ce qui est de les rejoindre, pour ça il faudrait encore qu'il puisse finir à la même heure que ses élèves. Seulement en dépit de la croyance commune, les professeurs de secondaire ne finissent pas à quinze heures, encore moins lorsqu'ils sont directeurs de département. Entre la réunionite et couilles dans les emplois du temps, c'est plutôt sur 18h30 19h qu'il faut tabler. Quand il faut planifier les examens  et revoir les barèmes, cela peut prendre encore plus de temps.

- Je vous accompagnerais bien, mais l'après-midi sera plutôt réservée à la planification des examens pour ma part. Ensuite j'enchaîne avec les cours pour les migrants, c'est pas le meilleur jour pour moi, mais amusez-vous bien toutes les deux !

Alejandro aimerait avoir plus de temps, mais c'est à croire qu'il s'est habitué avec les années à passer son temps à travailler. Avec le salaire de Nate il pourrait sans doute lever le pied un peu, mais têtu comme il est, il éprouve le besoin de travailler tout autant, comme s'il avait quelque chose à prouver. Alejandro gagne beaucoup moins, et avec son égo de Paredes, ce n'est pas toujours facile à vivre. A la remarque sur le Mezcal, il hausse une épaule amusé.

- Ils disent ça, mais quand j'en met dans leur margaritas personne ne se plaint ! C'est l'odeur qui gêne Nate surtout. Il aime la tequila c'est déjà ça, mais je lui ferais part de ta déception. Pour les pizzas j'ai rien contre, c'est toi qui voit, on peut aussi commander si c'est plus simple pour toi.