France, mars 1989, à l’hôpital de Toulouse, des mères courageuses donnent naissance à leurs enfants. Certains sont seules dans cette épreuve, d’autres sont accompagnés par leur mari. Ce deuxième cas est celui de la famille Carpentier. On dit que c’est le premier bébé du jour Sawyer, pourtant, il était déjà dix heures du matin. Pas une grosse journée pour les naissances. Les Carpentier n’avaient pas de prénom pour elle. Ils y avaient beaucoup réfléchis, autour de repas, d’un film, mais ni la mère, le père ou le grand-frère avait une idée de comment l’appeler. Pendant les premières heurs de sa vie, elle était « le bébé », « la petite soeur » puis son grand-frère, Gabriel, a dit « Sawyer » en référence au dessin animé Tom Sawyer qu’il regardait tous les matins avant d’aller à l’école. D’accord, c’était un nom de famille, et il appartenait à un garçon, mais à défaut de trouver autre chose. Puis, c’était original, ça sonné bien à l’oreille, ça faisait américain, c’était cool.

Poussée par son frère, elle se met à jouer au ballon rond. Dès qu’elle tient debout, il lui pose un ballon devant ses pieds et elle a shooté dedans, d’abord parce qu’il l’a gêné puis après par amusement. C’était cool un truc qui roule, ça lui rappeler les balles qu’elle avait dans son parc quand elle avait quelques mois en moins. Leur mère était réticente à cette idée, mais tous les soirs, après l’école, Gabriel et Sawyer allait au stade de la quartier et ils jouaient au ballon. Sawyer a pris l’habitude de suivre son frère partout. Il était inscrit au foot, elle venait le voir aux entraînements, jusqu’au jour, où quand elle avait cinq ans, elle est venue sur le terrain. On lui a demandé de partir mais elle avait du caractère la gosse, elle est restée. Enfin, elle s’est assise par terre, s’est mis à hurler qu’elle voulait jouer et pour qu’elle arrête enfin, on l’a autorisé à faire un match. Les garçons étaient beaucoup plus grand qu’elle, on ne lui faisait pas de passes, à part son frère qui lui donnait sa chance. Elle n’a marqué aucun but ce jour-là mais sa famille a comprit qu’il fallait l’inscrire au groupe des plus petits. Les entraînements étaient en décalé, ce qui faisait que les Carpentier restait de treize heure à dix-huit heures sur le bord du stade.

Sawyer est devenue meilleure que son frère, meilleure que les autres garçons. Elle dormait avec ses crampons, avait un ballon dans son sac d’école pour pouvoir jouer dans la cours de l’école. C’était interdit d’amener un ballon, mais Sawyer, elle pouvait se remettre à hurler à tout moment, alors l’école a gardé son ballon et on lui donnait à chaque récréation. En classe, elle pensait plus à son ballon qu’au cours qu’elle suivait. Elle s’est fait tapée sur les doigts, par les professeurs mais aussi par ses parents. A chaque mauvaise note, elle était privée de ballon, voir d’entraînement, ça dépendait de la note qu’elle avait eu. Elle a loupé pas mal d’entraînement, elle était vraiment nulle en classe. Vers l’âge de dix ans, sa famille a été appelé par son coach au football, il leur a expliqué qu’il fallait l’amener à chaque entraînement, elle avait du potentiel, on ne devait pas mettre ça de côté.

A douze ans, elle rentre à Clairefontaine où elle se consacre presque exclusivement au football, même si elle doit suivre les cours. Elle était toujours aussi nulle mais elle a été amie avec une intello qui faisait aussi du football. Ensemble, elles ont réussis à augmenter le niveau de Sawyer. A quinze ans, elle joue son premier match avec l’équipe U16. Elle fait sensation. Elle trouve sa place en attaquante, ce qu’elle veut, c’est marqué des buts.

Cependant, comme toutes filles, son corps change, son corps plaît aux garçons au lycée et même aux filles. Ca marche aussi dans le sens inverse, le corps des garçons et des filles lui plait. Un peu déboussolée par l’attractivité qu’elle a vers les filles, elle se met un peu à l’écart de toute relation sociale. Il y a eu cette professeure de sport. C’était un coup de foudre, la première fois que Sawyer l’a vu, elle s’est arrêtée nette, son coeur a loupé un battement, elle a commencé à avoir chaud et on lui dit qu’elle devenait rouge. Déjà qu’elle aimait le sport, elle adorait venir à ce cours là. Mais cette professeure, c’était juste un crush, celle qu’on finit par oublier. C’est en première qu’elle rencontre Gabin. Il a l’air un peu geek, ne sort pas beaucoup de chez lui, surtout quand il pleut. Mais elle l’aimait bien, il était mignon. Il n’avait pas l’air de plaire à beaucoup de filles, mais il lui plaisait à elle. C’était peut-être le fait qu’il soit son contraire qui l’attirait. Ils sont sortis ensemble, jusqu’à leur vingt-sept ans. Elle l’a fait sortir de chez lui, il l’a initié aux jeux vidéos.

Sawyer Carpentier, son nom résonne dans les stades modestes où les féminines ont accès pour jouer leur match. Il résonne aussi dans les têtes des français quand les médias mettent un coup de projecteur sur le football féminin. On connaît sa tactique de jeu, ses buts, son pied droit. On l’aime beaucoup. Elle attire les marques, on voit son visage dans des boutiques comme H&M.

Elle a vingt-six ans quand elle connaît le plus grand tournant de sa vie, qui l’attire vers un enfer dans lequel elle n’a jamais réussis à sortir. Il faisait chaud pour un jour de septembre, pourtant le match n’a pas été annulé. Il y avait une pause fraîcheur pour chaque mi-temps. C’était une grosse équipe en face, le Canada. Sawyer a tout donné, c’était pour une qualification. Elle voulait cette qualification, jouer cet Euro. Elle voulait devenir la reine de l’Europe et ça commencé par ce match. Cinq-Zéro, c’est la raclée que c’est pris le Canada. Sawyer a mis deux buts, coups du coups, dès les première minutes du jeu, de quoi assommer l’adversaire. Elle s’est donné à fond pendant tout le match, même quand elle n’arrivait plus à respirer à cause de la chaleur. Les françaises ont gagnés, elles allaient être qualifiée. Elles ont célébré comme elles savaient le faire, puis elles sont chacune rentrée chez elle.