we need to talk

Izzy est complètement perturbée depuis qu’ils sont rentrés de la Californie avec Paul, après la nouvelle année. Elle est de plus en plus perturbée, plus le temps passe mais elle se dit que c’est rien, que ça va passer et malheureusement, ça ne passe pas. Elle a toujours le coeur un peu serré quand elle repense à ce baiser, la façon dont il a eu de prolonger le baiser qu’ils se sont donnés juste pour donner manière de discussions à sa mère, tant elle était pénible. Mais pourtant, ce baiser l’a perturbé alors que c’est elle qui a initié ce baiser. Elle a mal au coeur un peu Izzy, si bien que quand elle est rentrée de l’école, elle est allée se coucher pour faire une sieste avant de se relever pour faire le repas de ce soir, à savoir des légumes au four et une quiche. Parce qu’elle n’a l’esprit occupé que quand elle fait la cuisine ou qu’elle travaille, et c’est la meilleure des choses au monde. Parce que ses pensées sont un peu moins encombrantes, elle peut chantonner comme elle le veut et elle ne pense à rien. La seule chose qu’elle parvient à se dire, c’est que ce n’était qu’un baiser pour donner au change, elle ne devrait rien ressentir parce que Paul aime les garçons, Paul ramène des garçons chez eux, il n’y a jamais eu de filles depuis qu’ils se connaissent. Jamais. Alors qu’Izzy a ramené des filles, des hommes, mais Paul ce n’était que des hommes. Et Izzy se déteste de penser à ça, parce que Paul, il est extraordinaire et que s’ils se mettent à avoir cette conversation, peut-être qu’elle va tout casser. Et qui l’aidera à s’endormir le soir ? Et dans le lit de qui elle se glissera juste pour dormir avant de retourner dans sa chambre ? Qui est-ce qu’elle embêtera au petit matin ? Isobel n’a pas envie de perdre tout ce qu’ils ont, alors elle préfère se taire et s’éloigner un peu, quitte à ce que ce soit encore plus bizarre à ses yeux. Elle s’humidifie les lèvres et met les légumes au four avant de recevoir un message de Paul qui lui demande si elle est à l’appartement. Bien évidemment qu’elle y est, ce n’est pas elle qui sort le plus dans cette colocation, on pourrait même l’appeler la mamie de la coloc, tant elle sort peu. Quand on voit ce que ça donne quand elle boit, elle préfère rester à la maison et faire des jeux de société. Quand elle entend la porte qui s’ouvre, elle sent que son coeur se met à tambouriner dans sa poitrine, et quand il l’appelle, elle lui répond simplement « Je suis dans la cuisine ! » Après tout, où pourrait-elle être d’autre ? Elle met la minuterie du four et elle se lave les mains avant de le voir arriver, elle lui offre un joli sourire quand il se rapproche avant qu’elle ne le regarde. Elle fronce les sourcils quand il lui di qu’il faut qu’ils parlent. Ce qu’elle ne voulait absolument pas. « Tu veux qu’on parle de quoi ? » Idiote, elle sait, c’est cette conversation que tu ne veux pas Isobel lui murmure la conscience alors qu’elle se rapproche de lui pour lui embrasser la joue comme chaque soir qu’il rentre du travail et qu’elle est là et elle récupère la bière en souriant, ah la bière du soir, elle fait toujours du bien celle là. « Oui, les légumes sont au four, et la quiche est prête, donc oui, il faut juste surveiller les légumes. » Elle hausse les épaules avant d’ouvrir la porte fenêtre pour s’installer sur le petit coin qu’elle a aménagé. Elle s’installe en face de Paul, en tailleur et elle prend une gorgée de bière avant de le regarder « Alors, de quoi veux-tu qu’on parle ? » Elle sait Izzy, mais ce n’est pas elle qui lancera cette conversation qui lui retourne déjà le coeur, mais il faut arracher le pansement d’un coup pour que ça fasse moins mal, non ?

we need to talk
Izzy sait bien qu’elle est différente de Paul sur ce point là, elle accumule les choses jusqu’à ce que ça finisse par exploser parce que la bulle a bien trop grossi. Et elle se doutait que son comportement envers le styliste allait faire quelque chose, allait créer quelque chose, un fossé, ou bien que ça allait leur faire ouvrir les yeux à tout les deux que leur relation est bien trop étrange pour être réelle. Elle a du mal Izzy à se dire que dans quelques heures, peut-être que tout aura changé. Peut-être qu’elle aura tout brisé. Elle rit un peu quand il lui dit qu’il vaut mieux qu’ils restent dans la cuisine, elle grimace « Oui, je risquerais de l’oublier… Et on n’a plus rien dans le frigo alors on serait obligé de se faire livrer. » rigole t-elle un peu et a la colocation, ils ont décidés qu’ils ne se feraient livrer qu’une fois par semaine et c’est déjà fait pour cette semaine. Et le coeur d’Izzy bat bien trop fort, bien trop vite quand les yeux de Paul se plantent dans les siens. Pourquoi ? Pourquoi ça ? Pourquoi lui, surtout ? Elle a toujours eu des problèmes avec ses relations, mais son colocataire est -à son idée- gay, c’est encore pire. S’attacher à quelqu’un qui ne vous regardera toujours comme une amie. Mais ce baiser, la ferveur, le coeur qui bat trop vite, trop fort, le souffle coupé quand les lèvres se sont séparées… Izzy n’avait rien vu venir. Si elle avait su, elle ne lui aurait rien demandé, elle n’aurait pas voulu jouer de sa mère parce que c’est à croire que le jeu se retourne contre elle. Elle se mord violemment l’intérieur de la joue quand il met des mots sur ce qu’il s’est passé, des mots sur cette conversation. Elle prend une gorgée de sa bière en soufflant un peu. Inhale, Exhale lui répète sa conscience alors qu’elle s’appuie sur le plan de travail. Mais tu donnes l'impression de m’éviter. cette phrase qui résonne dans sa tête, alors il a vu, alors il a senti. Il faut dire que ça fait beaucoup trop longtemps qu’elle ne s’est pas endormi dans ses bras, elle fait face à ses insomnies toute seule. Elle fait face aux nuits blanches qu’elle passe et tant pis elle ne dort pas. Elle le regarde aller vers le four pour vérifier les légumes et elle rit un peu avant de se concentrer pour pouvoir mettre des mots sur ce qu’elle ressent, pour pouvoir faire en sorte que les mots sortent correctement et pas comme elle ne voudrait pas qu’ils sortent. Elle souffle un peu et elle le regarde, elle voit bien qu’il est blessé alors doucement, elle se rapproche d’elle et dépose doucement sa main contre la joue du styliste, alors que son regard se plonge dans celui de Paul « Je… » Non, elle ne peut pas être aussi proche de lui pour cette conversation, elle se recule alors un peu et passe une main contre sa nuque en soupirant « Je sais que je suis distante, et… je suis désolée ? » Oui elle est désolée parce qu’elle est idiote d’agir de la sorte, elle est désolée de son idiotie, de sa maladresse sentimentale. Elle est désolée de lui faire du mal, parce qu’elle le voit bien. « Je ne t’évite pas Paul, non, par contre… non. » Elle ne peut pas l’éviter, pas lui. Pas son Paul. Elle ne sait pas par quoi commencer alors elle prend une nouvelle gorgée de bière avant de la déposer sur le plan de travail. « J’ai juste… Ce baiser, il m’a perturbé. » Oui voilà, autant dire ce qui est. « Et puis, et… je ne voulais pas que tu te dises que j’avais des sentiments pour toi parce que ce n’était pas un baiser comme les autres, ce n’était pas un simple baiser. » Elle s’emmêle les pinceaux dans ses mots et se sent tellement idiote. « Enfin je veux dire, on ne s’est pas embrassé comme deux amis s’embrassent. Et déjà est-ce que deux amis s’embrassent de la sorte ? » Elle se trouve si idiote à l’instant T. « Ce que je voulais dire c’est que je ne t’évite pas, je ne t’évite pas et je ne m’éloigne pas. Mais je sais que… je sais que tu aimes les garçons. Et puis … Et puis, je ne voulais pas que tu imagines que je puisse imaginer que quelque chose peut se passer entre nous parce que je… parce que je t’ai demandé de m’embrasser. » Elle ne peut s’empêcher de se rapprocher de lui pour poser sa tête contre le torse du styliste et elle ferme les yeux « Je n’ai pas envie que ça change entre nous… Je tiens à toi, tu le sais hein ? » j’tiens à toi peut-être même bien trop pour le dire, pour me l’avouer voudrait-elle ajouter. « Et j’ai pas envie que tout change à cause de ce baiser… À cause de moi. »