Quelque chose clochait. Ça ne tournait même clairement pas rond. Et pourtant, je n’étais pas du genre fouine, mais là, j’avais vraiment besoin de quelques explications. C’était à propos de Jules, ma demi soeur. Non, je ne lui cherchais aucun tort. Mais elle semblait filer le parfait amour avec son Castiel, et pourtant, je l’avais aperçue dans un bar… En charmante compagnie. Une compagnie qui ne ressemblait en rien à Castiel.

Heureusement, elle ne m’avait pas vue au bar. On y était allés avec la troupe après la répétition générale, donc autant dire que nous étions nombreux et que je m’étais fondue dans la masse. Mais j’avais passé la soirée à observer discrètement ma charmante demi soeur, et à tenter de comprendre ses agissements. Pas question de la confronter devant cet inconnu. J’étais bien loin de vouloir déclencher une guerre en plein bar, surtout devant mes collègues. Alors j’avais attendu le lendemain, me décidant à me rendre chez elle.

Je sonnais à sa porte, cherchant déjà ce que j’allais dire. Merde, c’était ridicule… Qu’est ce que je faisais là ? En quoi la vie de Jules me regardait, au final ? C’était bien ses affaires. On partageait quoi, nous deux ? L’union de nos parents respectifs, mais à part ça ? Trop tard pour trouver mes mots, Jules avait ouvert. Bon, je pouvais toujours feindre une visite de courtoisie, on s’appréciait maintenant, elle et moi. « Jules ! Salut ! » Merde à nouveau. J’allais pas réussir à retenir mon air interrogateur sur mon visage. Elle allait comprendre que je cherchais des réponses. « Alors euh… Tu vas bien? »

 Ce mémoire a rendre allait rendre Jules complètement folle si bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de râler toutes les trente secondes devant son ordinateur, quelle connerie, pourquoi avait-elle fait des études déjà ? Ah oui, parce qu'elle ne voulait pas se reposer sur l'argent de son père. Quelle idiote, elle regrettait bien ce choix sur l'instant, devant l'écran blanc de son ordinateur et le cursus qui ne cesse de clignoter, la narguant, elle est tellement agacée qu'elle ferme l'écran de son ordinateur, ça ira mieux plus tard. Même si la date fatidique se rapproche de plus en plus. Un jour, elle aura sûrement la motivation divine qui l'aidera à finir, en attendant, elle va s'en coltiner des nuits blanches et ça la fatigue déjà. Elle sortait de sa chambre en claquant la porte avant d'aller se faire un café qu'elle dégustait en fermant les yeux. Quand on sonnait à sa porte, elle râlait un peu avant de se diriger jusque la porte qu’elle ouvrait à la volée, son visage tombant devant sa demi-soeur. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elles n’avaient pas prévu de se voir jusqu’à preuve du contraire, elle l’aurait certainement noter dans son téléphone. « Salut? » Elle n’était pas très réceptive mais elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici. Et puis son visage ne prévoyait rien de bon. « Oui ça va et toi ? » Elle la laissait entrer avant de se rendre dans la cuisine, et elle se tournait vers elle « Tu veux un truc à boire ? » Elle attendait une réponse et lui tendait la boisson de son choix. « Tu m’as l’air un peu trop interrogative pour venir ici sans but, qu’est-ce qu’il y a ? » Demande t-elle en reprenant une gorgée de son café. « Et ne me dis qu’il y a rien, je te connais même si… même si t’es pas vraiment ma soeur. »

Bien que nos premiers rapports aient été houleux, ça allait mieux aujourd’hui entre Jules et moi. Evidemment, c’était toujours bizarre pour moi de voir ma mère se pavaner aux bras de son père. Un homme riche, très riche. Ça avait été un véritable tournant dans ma vie, que je n’avais pas imaginé un instant. Mais c’était ainsi alors autant faire avec. Jules avait son caractère, mais elle n’était pas méchante. Je voyais bien son visage assez fermé là maintenant, mais il fallait dire que j’arrivais un peu sans prévenir. Elle avait l’air seule, un bon point. « Ca va… » Lançais-je, continuant de réfléchir à vive allure sur les questions que je voulais lui poser. « De l’eau ça m’ira merci. » Je bus une gorgée fraiche, manquant de m’étouffer lorsqu’elle avoua que j’avais un air interrogateur au visage. Evidemment. Jules était loin d’être idiote. Et puis, on était pas vraiment soeurs comme elle le soulignait, mais on se connaissait bien maintenant. « Je… Tu… Tu l’aimes vraiment, Castiel ? » Commençais-je à demander, innocemment. La tromperie, c’était l’une des pires choses à mes yeux. Je n’avais pas envie que Jules soit de ces personnes là. Je voulais qu’elle ait une bonne explication à tout ça, que je me sois trompée dans ce que j’avais vu.  

jules ne s'attendait pas à cette visite, puisqu'elle ne l'avait pas vu depuis bien longtemps. La dernière fois c'était lors d'un brunch chez le père de Jules, quand elle leur présentait officiellement Castiel. Première mascarade d'une longue série, elle avait dû jouer l'énamourée, la nouvelle fiancée avec sa bague qui pèse trois tonnes de mensonge le long de l'annulaire. Mais aujourd'hui, Castiel n'est pas là, c'est facile de mentir quand il n'est pas avec elle, chez elle, puisqu'ils n'habitent pas ensemble, pas besoin d'exposer leur amour dans des cadres ou autre, Jules est très peu friande des déclarations d'amour en public. Néanmoins, même si elles ne se sont pas vus depuis longtemps, Jules n'en est pas pour autant mal polie. Le verre d'eau tendu, Jules s'étonne de la question d'Aloïs « Qui ? » Oh Castiel. Elle fronce les sourcils « Bien sûr que je l'aime pourquoi ? » Elle essayait de revenir en arrière sur ce qui avait pu se passer pour qu'elle doute de ça, et rien ne lui venait. « Pourquoi ? Tu l'aimes bien ? » Mais si elle lui avouait, peut-être que Jules devait avoir une autre réaction que trop cool. Elle essayait de se concentrer pour avoir une bonne réaction mais c'était assez compliqué, alors plutôt que de s'imaginer des choses, elle prenait une gorgée de café, histoire de patienter.

Ils avaient eu l’air si bien ensemble à ce brunch que je ne voulais pas croire que Jules puisse être capable d’une telle chose. Mais pourquoi pas après tout. Je ne la connaissais pas si bien que ça, puis surtout, c’était sa vie. Seulement ça n’était pas moral. Et une part de moi refusait de laisser tomber cette histoire aussi facilement. Parce que quelque chose clochait sérieusement et je voulais mettre la main là dessus. « Pour rien. » Répondis-je en haussant les épaules. Pourquoi cette conversation ne pouvait-elle pas sonner naturellement ? Deux soeurs se confiant sur leurs sentiments, leurs histoires de coeur… Peut-être que j’avais été trop directe. Je manquais de m’étouffer avec ma gorgée d’eau lorsque Jules me demanda si j’aimais bien Castiel. Etait-elle au courant ? Lui avait-il dit que nous nous étions déjà vu, avant ce fameux brunch ? Castiel et moi nous nous étions retrouvés à côté lors d’un spectacle. Et on avait discuté art. Jusqu’à échanger nos numéros. Absolument rien d’ambiguë en soi… Enfin, ça, c’était bien avant que je ne découvre qu’il était le fiancé de ma demi soeur. Je feignais l’innocence. « Quoi ? T’es folle. Je ne te ferai jamais ça. » J’étais pas une voleuse de mec. Puis de toute façon, Jules semblait déjà bien assez occupée ailleurs pour en avoir quelque chose à faire… « C’est juste que je t’ai vue avec un autre mec. » Je lançais ça sans méchanceté, sans jugement, pour ne pas la froisser. C’était peut-être qu’un ami après tout.  

Elle joue avec le feu la rousse, elle le sait, elle le sent. Elle sait que si elle continue, elle va se faire griller et on ne l'y reprendra plus. De toutes façons, si un jour la mascarade se sait, elle n'aura que ce qu'elle mérite, un retour du bâton en bonne et dû forme, le boomerang qui revient dans la figure sans qu'on s'y attende et sans qu'on ne puisse rien faire. « Hm. » Jules est sceptique sur la réponse d'Aloïs mais elle laisse passer, parce que de toutes façons, elle n'a que ça a faire. Restée sceptique et ne pas se faire griller. Elle lui demande quand même si sa demi-soeur n'aurait pas de sentiments pour son "fiancé" des fois que ça se transforme en pugilat digne d'un épisode de Gossip Girl. « Oh ben tu sais, on dit bien que l'amour ne se contrôle pas. » Bon, elle aimerait bien, si tout cela était vrai, qu'elle s'abstienne d'aimer son copain. Mais Jules elle sait bien que rien ne se contrôle. Quand elle lui parle d'un autre mec, Jules ne peut s'empêcher d'hausser les sourcils « Quand ça ? » Parce qu'elle en a vu des mecs, en quelques semaines alors elle aimerait bien savoir avec qui elle a été assez stupide pour ne pas faire attention. « Et où ça ? En soirée au gotha ? Tu sais bien que je vois toujours plein de monde. » tente t-elle de se défendre en souriant, sûre d'elle.