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Let's talk about you ~ Marisol

@ Invité

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Mer 8 Avr - 12:13


Let's talk about you
ft @Marisol Murphy-Paredes

Il reste à regarder la façade sur le trottoir d’en face pendant deux bonnes minutes. Il ne sait pas quoi penser de tout ça, de maintenant. Il sait que rentrer dans le café et s’attabler face à Marisol signifie rouvrir d’anciennes plaies qui se sont à peine fermées.
Il en cauchemarde toujours la nuit, se réveille certains matins avec l’impression étouffante d’avoir été humilié pendant son sommeil. C’est le cas, dans ses rêves.
Il revit sa séquestration, les coups, les menaces, toutes les fois où il a été rabaissé à rien.
Il en a parlé à Jan sur la terrasse l’autre soir, un peu. Il sait que le brun s’ouvre à lui, alors il essaie de faire des efforts. Le problème, c’est qu’il n’est pas certain d’y être prêt. Jan a eu presque une décennie pour ouvrir sa parole. Même si rien n’est comparable, Aran a eu à peine plus d’un an.
Il en parle avec son psychologue, mais il a l’impression de ne pas avancer voire de reculer certaines semaines.
C’est aussi pour ça qu’il est là.
Ce n’est pas que pour parler du Venezuela et de sa crise, des migrants qu’on ignore, de la politique hypocrite des grandes puissances qui laissent les populations dépérir pendant que les hauts dignitaires s’enrichissent toujours.
Il s’agit aussi de lui aujourd’hui. Il a réussi à se persuader qu’il a aussi le droit d’avoir souffert. Oui, d’autres ont vécu pire que lui. D’autres n’ont pas survécu au voyage, mentalement ou physiquement. Certains se sont retrouvés sans rien, pas même un toit.
Ça ne veut pas dire que lui n’a pas le droit de souffrir, de l’exprimer. Il portera aussi, modestement, la parole des autres. Il ne va pas déclencher de révolution. Il va juste parler d’eux.
C’est ce qui se répète en traversant la rue.
L’air est frais. C’est sa période favorite de l’année. Quand le matin, il fait un peu froid et qu’on devine que l’après-midi sera chaude.
Il rentre, une petite cloche sonne.
L’odeur de café le détend immédiatement.
Marisol est assise à une table, un peu plus loin, dans un angle. Il se surprend à en être rassuré.
Aran sourit en s’avançant vers elle. Une poignée de main est échangée alors qu’il la salue. Aujourd’hui, leur rapport sera davantage professionnel qu’amical, même s’il le sait, l’un n’empêche pas l’autre.
C’est la première fois qu’ils se retrouvent dans cette situation, alors c’est un peu étrange.
- Comment tu vas ?
Un serveur s’avance vers eux pour prendre une commande. Il prend un grand café. Pas qu’il ait soif. Mais boire permet de se cacher derrière sa tasse si besoin ou de créer de silences salvateurs parfois.



Italique:

@ Invité

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Jeu 9 Avr - 21:04
Dieu merci, le café où elle doit retrouver Aran n'est pas très loin de chez elle, sinon, elle risquait d'être en retard. Et s'il y a bien une chose que la mère de famille n'aime pas, c'est le manque de ponctualité. D'abord, cela véhicule des stéréotypes qu'elle s'efforce d'éviter depuis des années. Et ensuite, ce n'est tout simplement pas respectueux. Or, si elle prêche le respect et la courtoisie à ses enfants, la moindre des choses c'est qu'elle le mette en pratique.

Son petit Miguel en sécurité à la garderie, Marisol se presse donc de rejoindre Everything Goes et s'attable dans un coin cosy. Le rush des gens pressés prenant un café à emporter avant d'aller travailler est passé et ne reste que quelques étudiants plus ou moins studieux et groupes d'amis qui ont le luxe de pouvoir bruncher en semaine. La brune a tout juste le temps de s'installer et de sortir son matériel qu'Aran fait son apparition. Il lui tend la main, ce qui est plus formel que d'ordinaire, mais la situation s'y prête. Marisol la serre, non sans un sourire lumineux. Elle commande un grand café au lait auprès du serveur, avant d'enfin répondre à la question « Ca va très bien, merci. Et toi? Tu te sens prêt? »

Marisol prend un crayon et ouvre son carnet, puis pose un enregistreur sur la table. « Tu préfères qu'on continue l'entretien en espagnol? Ah et je t'enregistre uniquement pour que mes citations soient exactes, je ne diffuserai pas l'audio et ne le transmettrai à personne, à part toi si tu en veux une copie. Et si une question te met mal à l'aise, que c'est trop dur pour toi de parler de quelque chose, tu me le dis et on passe à autre chose. Aucun problème, ce qui m'importe c'est que tu sois à l'aise et qu'on raconte ton histoire. » La journaliste - titre qu'elle n'a plus tellement eu l'occasion de se donner dernièrement - dissimule sa propre nervosité à travers le filtre du professionnalisme.

Certes, elle a renoué des liens avec quelques connaissances dans le milieu des médias, elle explore des pistes d'entretiens avec plusieurs de ses ami·e·s... Mais on ne peut pas dire que Marisol ai vraiment la sensation d'être au sommet de sa gloire, au top de sa forme. D'ailleurs, elle a parfois la désagréable impression d'exploiter ses proches à des fins personnelles. Ce n'est pas le cas, puisqu'elle leur demande leur avis, les traite avec un profond respect et veut avant tout diffuser un message, parler des causes qui lui tiennent à coeur en leur donnant un visage humain, une histoire touchante. Mais il y a cette petite voix dans sa tête, qui questionne son intention, ses méthodes. Qui doute. Une voix qu'elle fait taire, en respirant profondément et en se concentrant sur l'instant présent. Elle doit bien à Aran de faire le meilleur travail possible et d'être présente à 100%.

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Lun 13 Avr - 11:43


Let's talk about you
ft @Marisol Murphy-Paredes

S’il se sent prêt … Il ne le sait toujours pas.
Il jette un regard au café librairie. Il y a l’odeur du bois, qu’il apprécie, qui se mélange à celle puissante du café. Les couleurs se mêlent dans les étagères chargées de livres, avec leurs couvertures bariolées et dépareillées, leurs tailles si variées et leur aspect neuf ou d’antan.
L’atmosphère le détend, lui remet un peu les idées en place, lui rappelle qu’il n’est pas là pour en sortir mal.
Il est sorti de ses pensées par la longue tirade de Marisol. Il ne dit toujours rien pendant quelques secondes, hoche la tête mécaniquement sous les nouvelles informations. Il a l’impression étrange de moins bien la connaitre tout à coup. Elle semble comme lui, dans un autre rôle qu’à son habitude, qui chamboule ce matin leur relation.
Il se redresse sur sa chaise, comme si se raffermir physiquement allait aider mentalement.
Leur boisson arrive, il remercie le serveur et prend une gorgée avant de se lancer.
- L’espagnol est mieux … L’anglais me freine, je ne peux pas tout exprimer avec.
C’est l’inconvénient de s’exprimer dans une langue qui n’est pas la sienne depuis son plus jeune âge. Les nuances s’échappent et la subtilité avec.
Il regarde ses mains. C’est là qu’il se rend compte que ses doigts se tortillent. Il pose ses paumes à plat et relève le regard.
- Est-ce que tu veux parler de quelque chose en particulier ?
Il a un léger sourire, pour essayer de les détendre tous les deux.
- On peut y passer des jours sinon.
Politique, économie, migration, corruption, répression, il y a beaucoup de choses que l’on cache dans son pays.
Il y a aussi des merveilles, de la bonté et du bonheur. Mais en quittant le Venezuela, même lui avait oublié tout ça.


Italique:

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Sam 18 Avr - 14:39
Avant que le serveur ne s'en aille à nouveau, Marisol demande une carafe d'eau, une portion de yaourt au muesli pour elle-même et l'encas de son choix pour Aran. Elle préfère avoir tout sous la main plutôt que d'interrompre l'entretien ou être dérangée.

A la demande de son sujet du jour, la journaliste poursuit la suite de la discussion en espagnol. Elle doit l'avouer, c'est également plus facile pour elle. Evidemment, la brune a toujours parlé anglais à la maison avec son mari - même si elle parle aux enfants en espagnol - et a une certaine aisance avec les langues de manière générale. Néanmoins, l'usage de leur langue natale commune - malgré les écarts régionaux - leur permettra une conversation plus fluide et naturelle. C'est le travail de traduction dans quelques semaines qui s'annoncent compliqué. Mais chaque chose en son temps.

Une fois les paramètres de l'entretien établi et toute la nourriture et les boissons sur la table, Aran lui demande par où commencer. Une excellente question s'il en est. « Je me disais qu'on pourrait commencer par ton parcours? Où vivais-tu avant ton départ, quel était ton métier, qu'aimais-tu faire? » Une brève pause, elle fait tourner la cuillère dans la mixture de céréales et de crème. « Et qu'est-ce qui t'as poussé à partir... » Sa phrase reste suspendue dans l'air un instant, le poids de la question imposant le silence.

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@ Invité

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Dim 26 Avr - 18:21


Let's talk about you
ft @Marisol Murphy-Paredes

Le crumble qu’il a commandé a l’air délicieux …
Il regarde la part de gâteau quand Marisol commence la conversation, la vraie, celle qui les intéresse tous les deux mais qui pétrifie Aran le temps de quelques secondes.
- Je me disais qu'on pourrait commencer par ton parcours ? Où vivais-tu avant ton départ, quel était ton métier, qu'aimais-tu faire ?
Il respire profondément avant de relever la tête et le menton. Il n’a pas à avoir honte de son passé et s’il est là, c’est qu’il refuse maintenant de le trainer comme un poids.
- Et qu'est-ce qui t'as poussé à partir ...
Parle !
C’est ce qu’il se dit quand les mots se bousculent au bord de ses lèvres mais qu’aucun son ne sort. Il a tant à dire … C’est la manière de le présenter, de rendre tout ça réel pour quelqu’un d’autre, de s’ouvrir à une personne qui lui rend les mains moites et la bouche sèche. Tout ça, c’est son passé et ses sentiments.
- J’ai grandi dans la banlieue de Caracas. On n’était pas modeste, on n’était pas aisé non plus. Mes deux parents travaillaient, ma mère comme infirmière, mon père comme professeur dans une école privée. J’ai deux sœurs et un frère alors ça alourdit forcément le budget.
Il hausse les épaules, comme pour rendre la chose plus anodine et moins sérieuse. Il n’a jamais eu faim, mais les vacances, elles ne se déroulaient pas toujours là où il l’aurait voulu.
- Je suis parti assez vite pour m’installer à Maracaibo et je bossais déjà dans la sécurité, mais dans une grande entreprise, comme Amarante, mais uniquement au Venezuela.
Il hésite à prendre une gorgée de café, mais craint que ça ne le coupe dans son élan, d’avoir du mal à reprendre après. Alors il continue.
- La crise a commencé en 2012 et … Je suis parti parce que je ne vivais plus là-bas.
Physiquement, il y était. Mentalement … Il se détériorait à vitesse grand V.
- La crise économique a vidé les supermarchés, les hôpitaux ne pouvaient plus nous soigner, il fallait tellement de billets pour acheter des pâtes et les gens ont commencé à se détester.
Lui-compris. Sa haine de l’utilisation des failles du système par les plus aisés ne l’a pas quitté. Il a connu la misère en quittant son pays à pied, encrant cela profondément dans sa personnalité.
Mais tout ça, ce ne sont que quelques mots d'introduction. Ça ne peut en rien révéler l'étendue de la catastrophe, tous les problèmes qui s'accumulaient chaque jour, l'impression d'être abandonné et les sentiments qui leur rongeaient le cœur.
Ce n'est que le début de ce qu'il peut dire avant de vraiment vider son sac. Il se répète qu'il peut le faire et pourtant, plus il parle, plus il en doute.


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Lun 27 Avr - 21:43
tw: exil, situation de crise, immigration

C'est parti. C'est une sensation étrange, un peu grisante, que de focaliser toute son attention sur une personne. Une part de son cerveau écoute chaque parole d'Aran, tandis qu'une autre analyse, prend au vol quelques mots clés qu'elle griffonne sur son carnet. Il ne s'agit pas de retranscrire l'entretien, l'enregistreur est là pour capturer, non seulement les mots, mais le ton, les silences et les différences de volume. Non, il s'agit pour la journaliste d'identifier ce qu'elle devra préciser ou vérifier plus tard, les lieux qu'elle devra illustrer, les noms qu'elle devra clarifier. Aran partage une histoire personnelle, individuelle, qui vient illustrer un propos plus vaste. Et ça, c'est à Marisol et personne d'autre de le contextualiser dans un article digeste pour le démocrate lambda qui veut se cultiver un dimanche matin. Vaste entreprise.

Une autre part d'elle-même, est mise en pause, afin de ne pas se laisser submerger. Le récit est familier. Une vie tranquille, de classe moyenne, une famille a priori aimante et soudée, un travail, des amis, un bar favori, un itinéraire de prédilection dans les transports en commun, une aventure, une salle de sport. Une vie. Une vie qui n'existe plus, qui sera à jamais transformée en quelque chose d'autre par la force des circonstances. Marisol est mieux placée que beaucoup pour comprendre, même si chaque parcours est différent et qu'elle a indéniablement eu une expérience plus positive que celle de son ami. Mais c'est justement cette empathie, cette amitié qu'elle doit diminuer, mettre en sourdine. Sans la perdre évidemment, personne ne veut se confier à un robot.

Elle le laisse faire une brève pause, boit une gorgée de café. Doucement, elle relance une nouvelle vague de questions. « Tu peux m'en dire plus sur le climat ambiant, les relations entre les gens? Est-ce que ce fut ça l'élément déclencheur, la goutte de trop? » Les rayons de supermarchés dévalisés, les liasses de billets sans valeur, la brune en avait vu des photos, saisi un aspect. Mais cette détérioration du lien social, la perte d'humanité... Ce n'est pas forcément ce à quoi on pense en premier quand on imagine les crises économiques, les camps de réfugiés au bord de l'implosion, les despotes endimanchés. Mais c'est pourtant l'un des nœuds du problème. L'incapacité de certain·e·s à voir leurs congénères comme d'autres êtres humains quand les temps sont rudes. La fin de l'entre-aide, de la justice. Ce n'est pas pire que de mourir de faim, mais ça rend le chemin vers les miettes qu'on vous donne terriblement long et solitaire.

« Tu n'es pas obligé d'entrer dans les détails, tu peux m'en dire plus sur ta vie avant la crise, le contraste avec ta situation d'aujourd'hui, par exemple. » Ce n'est pas beaucoup mieux, mais c'est un des autres points de ses notes que Marisol aimerait aborder et cela laisse au moins entrevoir un peu d'espoir. Ou rend un peu plus irrésistible la chaleur de la nostalgie.

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Mar 16 Juin - 18:45


Let's talk about you
ft @Marisol Murphy-Paredes

Le lien entre les gens. Oui, c’est pour ça qu’il est parti.
Il commençait à détester les autres, à ne plus aimer les gens de son propre pays. Ce n’était le simple agacement d’entendre quelqu’un dire quelque chose que l’on pense idiot ou inapproprié. Ce n’était pas non plus de l’indignation ou de la colère.
C’était plus profond que ça, comme une plaie éternellement à vif et qui était ravivée régulièrement. Il ne les détestait pas tous évidemment.
- Je reviendrai plus tard sur la comparaison entre mes deux vies.
Prononcer les derniers mots, c’est comme une petite révélation. Oui, il a l’impression d’avoir eu plusieurs vies et que le premier Aran Pérez est mort en passant la frontière avec les Etats-Unis après plusieurs semaines de marche en Amérique du Sud, à attendre à des postes frontières aux files interminables, à voir des touristes passer devant lui et ses compatriotes, en bonne santé, avec leur sac à dos bien garnis alors qu’il faisait la queue depuis des heures déjà et qu’il était épuisé.
Il a souvent vu leurs yeux se baisser et les remords, la gêne et la honte se peindre sur leur visage en passant devant la longue file des immigrés. Ça n’enlève rien à la simple action de passer devant, de se montrer plus importants qu’eux aux yeux des douanes et globalement, de la plupart des gens. Ces gens leur rappelaient constamment qu’en partant, ils étaient devenus personne.
Le premier Aran a disparu quand il est rentré dans ce pays qui n’est pas le sien et qui ne le sera sans doute jamais. Ce ne sera jamais comme chez lui, son vrai chez lui. Mais tristement, c’est mieux ici dans sa situation.
- Il n’y avait pas que deux camps, beaucoup des gens avaient des avis plus nuancés et beaucoup aussi essayaient d’abord de vivre le plus normalement ou dignement possible et de s’investir après, s’ils en avaient encore le temps et l’énergie.
Comment trouver les bons mots sans avoir rien préparé ?
- Certains soutenaient Maduro et d’autres, dont moi, non. Il y avait des manifestations où on pouvait s’opposer, il est arrivé que l’armée nous charge. Il y a eu des séquestrations.
Dont lui, mais il n’est pas capable de le dire, pas encore.
- Alors quand tu vois que des gens de ton pays soutiennent ceux qui t’étouffe … Ca met en colère.
Il a un rire nerveux, léger. Il sent la colère monter, comme autrefois. Il pensait que cette étape de sa vie était passée. Ce n’est visiblement pas le cas.
- Les hôpitaux, les transports, la monnaie … J’étais dans une situation où c’était compliqué mais ma vie n’était pas en danger physiquement. Psychologiquement par contre, je crois …
Il se reprend.
- Je sais que je n’allais pas bien. J’ai fait une dépression, j’ai commencé à détester les autres, rien n’allait. Si j’étais resté …
Et bien Aran serait peut-être vraiment mort au Venezuela. Physiquement ou mentalement, il ne sait pas. Il n’y a jamais vraiment pensé à vrai dire.
Il relève les yeux, gardés prudemment baissés depuis le début de sa longue tirade.
- Le Venezuela est un beau pays. C’est peut-être ce qu’il y a de plus douloureux, de savoir qu’on avait des ressources, comme du pétrole et qu’ils ont tout foutu en l’air.
Ils. Ceux qui ont admirablement mal géré le pays.


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Dim 2 Aoû - 17:31
Marisol tique sur le choix de mot de son ami, sent un vif pincement au coeur en l'entendant parler de ses deux vies. Elle le laisse pourtant parler d'autre chose, comprenant que ce n'est pas ce dont il veut parler pour l'instant. Et, honnêtement, elle est prise d'un instant de doute, se demandant si elle sera capable de l'entendre ou si l'écho de sa propre vie sera trop bruyant. Deux vies. Une à Mexico, une à New-York. Quatre vies. Celle d'avant, la première aux USA, le retour, l'autre retour. Une superposition d'événements, de rencontres, de choix. Car, quel est le plus grand contraste finalement? Là où elle a vécu et quand, ou sa situation personnelle, professionnelle, socio-économique dans ces lieux? Son expérience de New-York en tant que sans papiers et son expérience de New-York en tant que femme de dignitaire est aussi diamétralement opposée que son enfance à Mexico et ses dernières années dans leur villa là bas.

Fort heureusement, la journaliste n'est pas là pour s'interroger sur son existence, mais pour écouter le récit d'Aran. Un témoignage important, qui résonnera pour beaucoup, ouvrir les yeux de certain·e·s. Elle se doit de lui accorder toute son attention. Alors, elle l'écoute, lui dépeindre un pays déchiré, des gens qui ont oublié comment vivre tant ils doivent penser à leur survie. Elle ne juge pas, ce n'est pas sa place. Et la brune a vu et vécu la pauvreté, elle comprend ce que cela peut entraîner. Les gens qui se taisent, qui tentent de vivre leurs vies, signent quelques pétitions, votent en espérant que cela suffira. Ces personnes existent partout et maintiennent, parfois bien malgré elle, le statu quo de ce monde. Nous ne pouvons pas tous être des héros, des résistants, des activistes. Nous devons aussi protéger nos familles, faire au mieux. Oui, cela, Marisol Murphy-Paredes ne le comprend que trop bien.

Elle partage aussi la frustration et la colère d'Aran. De voir la passivité, voire la bêtise ou la haine, engendrer la destruction de son pays, de ce qui nous est cher. Ici, à Mexico, au Venezuela. Elle hoche donc doucement la tête, laisse un silence pour assimiler tout ce qui vient d'être dit, pour le laisser se remettre s'il en a besoin. Puis, elle demande « Est-ce que tu ressens toujours cette colère, cette tristesse? Et est-ce que tu penses que ces émotions peuvent te servir ou est-ce que tu essaies de les contrôler? » Un grand principe de l'activisme, utiliser sa colère comme carburant, pour instiguer le changement. Marisol n'est pas certaine que cela fonctionne toujours, mais elle serait intéressée par son point de vue sur la question. Et, en tant que journaliste, elle sait que les passions humaines, les déclarations sincères peuvent faire toute la différence.

« Et, si tu veux bien, j'aimerais que tu me parles un peu de ta vie aux Etats-Unis. Je ne vais pas te demander de me raconter ton passage de la frontière, sauf si tu veux dire quelque chose en particulier là dessus, mais je sais que c'est un traumatisme pour beaucoup d'entre nous. » Les voyages en bus interminables, l'indignité, les conditions d'hygiène... La brune en a ses propres souvenirs, mais elle sait aussi l'impact que la déportation a eu sur son père, combien cette frontière le hante. Elle ne forcera donc jamais quiconque à lui raconter ce périple. « Mais je serais intéressée par ton acclimatation, les communautés que tu as pu trouver ici, les liens que tu gardes avec le Venezuela... » Vaste entreprise, mais Marisol a toute la matinée devant elle.

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