☆ ☆ ☆Ce soir, Erin passe la soirée avec Brane, chez lui et plus exactement dans cette maison qui a été autrefois la sienne. Désormais c’est un poil plus compliqué. S’il y a toujours son nom sur l’acte de propriété, Erin ne se voit pas y déposer ses valises. Elle les a déposer chez sa sœur et ça lui convient très bien, pour l’instant. Le pour l’instant qui dure depuis deux ans quand même. Mais avant que la soirée n'arrive, que le soleil ne se couche, il va falloir que les heures s’écoulent. Et Erin est un petit être impatiente d'être déjà à ce soir. Malheureusement, elle ne connait pas encore la formule magique pour avancer le temps. Pas le choix, elle doit prendre son mal en patience et s'occuper jusque là. Debout un peu après six heures, elle commence la journée par du sport. Erin part courir une bonne heure dans un parc non loin de son appartement. S'en suit un petit-déjeuner à base d'une multitude de fruits puis une douche. Quand elle sort de la salle de bain, l'heure sur son téléphone indique qu'il est à peine 9 heures 02, Brane doit à peine rentrer de sa garde. Encore dix heures à tuer, au moins. Si Erin s'active à faire de la compote de pommes, elle sait très bien que d'ici trente minutes, sa mission est déjà finit. Le ménage a déjà été fait hier et sa sœur vient de partir bosser. L'actrice pourrait simplement s'allonger sur son lit à songer à la vie, mais la jeune femme se décide à sortir à l'extérieur pour faire les boutiques. Erin a besoin de nouvelles chaussettes. Ce n'est qu'une excuse pour se donner bonne conscience. Erin oublie vite cette histoire de chaussettes, ses yeux craquent pour tout et n'importe quoi aujourd'hui. Des chaussures, des robes, des chemisiers, des vestes : tout y passe. Si l'actrice se calme à un moment, c'est uniquement parce qu'elle se rend compte qu'elle n'a plus assez de mains, ni de bras pour porter ses achats. Cela ne l'empêche pas de faire un dernier détour dans sa boutique de sous-vêtements favorites. Trois ensembles plus tard, Erin est prête à rentrer chez elle. C'est là que son regard est séduit par une vitrine. Certes c'est une boutique pour homme, mais elle voit totalement Brane dans cette veste en jeans. D'accord, il en a surement déjà trente-six mais Erin est certaine qu'il n'a pas ce modèle en particulier. Alors Erin se fait plaisir, elle dégaine sa carte bleue plus rapide que la lumière. Puis tant qu'à faire, elle craque aussi sur un petit haut blanc pour son mari. Bon le soucis c'est qu'elle ignore la taille que Brane porte. Elle est tenter de lui envoyer un message mais vu l'heure il doit dormir. A la place, elle demande de l'aide au vendeur en lui présentant une photo de Brane. Lui, il a une meilleure idée : glisser un ticket sans prix afin qu'il puisse venir l'échanger si la taille ne convient pas. « AH ! Oui ! » dit-elle spontanément, séduite par cette idée. C'est donc les bras chargés et sans chaussettes qu'elle rentre jusqu'à son appartement. Et c'est tout juste, midi ...

Il n'est pas encore dix-neuf heures, Erin n'a toujours pas reçue de messages de la part de Brane mais elle en a marre d'attendre dans cet appartement. Au pire, elle le réveillera. Au mieux, il sera content de la voir (du moins elle l'espère). C'est donc toute fraîche et toute pimpante qu'elle arrive jusqu'à Staten Island, son paquet cadeau dans les mains accompagné d'une petite boite de compote maison. La compote c'est la vie. Elle sonne et attend avec impatience qu'on vienne lui ouvrir. Chance pour elle, Brane est réveiller ou alors il a un jumeau qui ouvre la porte. « Je ne savais pas à quelle heure je devais venir, je suis peut-être en avance, mais je suis là. » avoue-t-elle pour justifier sa présence. Autrement dit, il n'avait plus le choix maintenant de la supporter pour les prochaines heures. Sans attendre plus longtemps, elle dépose ses lèvres sur les siennes puis elle se faufile jusqu'à l'intérieur. Elle pose ses affaires à l'entrée et tend le paquet qu'elle a dans les mains à Brane. « C'est pour toi. J'avais juste envie de te faire plaisir. » dit-elle et dans ses souvenirs Brane adorait les cadeaux. « Ce n'est pas grand chose et si ça ne te va pas, parce que je n'étais pas certaine de la taille, tu peux échanger. » affirme-t-elle. Si Erin est enthousiaste par cette soirée, elle a l'impression que quelque chose ne va pas du côté de Brane. « Je te réveille ? Tu t'es lever du mauvais pied ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? Quelque chose s'est mal passer au boulot ? ... » demande-t-elle avec étonnement. Erin quand elle stresse, elle pose toujours trois millions de questions. Et la tête que Brane tire l'inquiète. Il veut peut-être la mettre hors de chez lui, lui dire que c'est finit ... Erin, elle est pas venue ici pour souffrir.

Comme après chaque garde, Brane s’impatiente à l’idée de retrouver un semblant de paix. La nuit a été mouvementée. Trop mouvementée. Le brun a enchaîné les interventions, le rendant tout simplement incapable de fermer les yeux plus de dix minutes. Retrouver son lit ne pourra lui faire que du bien. Il quitte la caserne après avoir salué l’ensemble des pompiers et s’engouffre dans sa voiture à la hâte. Par chance, il n’a que quelques minutes de route. Aucun risque qu’il ne s’endorme sur la route. Avant de démarrer, il prend le temps de vérifier ses messages, répond en priorité à ceux de sa sœur et de sa femme. Un léger sourire vient égayer son visage fatigué lorsqu’il pense à la soirée à venir. Du temps avec Erin, il en a besoin. Il doit lui pardonner son départ précipité, quand bien même il ait encore du mal à l’accepter. Il doit aussi apprendre à la respecter de nouveau, comme il la respectait du temps où il avait l’impression de la connaître par cœur. Non pas qu’elle soit devenue une totale étrangère à ses yeux aujourd’hui, simplement les années de séparation ont creusé un énorme fossé entre eux, en plus de briser une partie importante de leur complicité. Ils doivent reconstruire tout ça, ensemble. Et reconstruire un mariage qui a autant souffert, ce n’est pas simple quand les deux personnes qui le composent sont une femme ambitieuse pleine de rêves et un homme aussi fier que rancunier.

Brane lâche un soupir, chasse ses réflexions les plus négatives d’un hochement de tête, puis démarre son véhicule. Attentif sur la route, il atteint prudemment sa destination. La voiture retrouve sa place réservée dans l’allée, et Brane n’a plus que quelques pas à faire pour enfin se sentir chez lui. Le Brun apprécie toujours de retrouver sa maison après de longues heures de travail. Il se débarrasse de ses affaires dans le hall d’entrée et gravit rapidement les marches de l’escalier pour aussitôt s’enfermer dans la salle de bain. Il profite d’une longue douche chaude pour détendre ses muscles et évacuer la pression. L’adrénaline l’ayant gardé éveillé une bonne partie de la nuit, il lui faut toujours un peu de temps avant de calmer ses nerfs. Brane sort de la douche un peu plus apaisé que lorsqu’il s’est glissé sous le jet d’eau chaude, mais sent encore son esprit trop vif pour aller dormir. Une serviette de bain enroulée autour de sa taille, il redescend dans la cuisine à la recherche d’une pâtisserie ou d’un gâteau à grignoter. Assis sur l’une des chaises hautes, il mange un croissant de la veille en parcourant les dernières actualités. Et puis, ça le frappe de plein fouet. Bien qu’il soit généralement le genre de personne à rester loin des tabloids, le gros titre évoquant le prénom de sa femme le captive. Il survole l’article, pour n’en retenir que l’essentiel : Erin Pierce figure apparemment parmi le casting d’une nouvelle série. Brane a la sale impression de se prendre une coup de massue. Elle lui aurait dit, non ? A moins que le schéma ne se reproduise… Il y a douze ans de ça, Brane aurait pu mettre sa main à couper que sa femme n’accepterait jamais une proposition de casting sans lui en parler avant. Maintenant, il n’est plus tellement sûr de rien.

Malgré toute la fatigue accumulée, Brane n’arrive pas à dormir aussi bien qu’il le voudrait. Il s’agite et ressasse encore et encore cet article de presse people au point de le relire plusieurs fois. Au final, le brun ne parvient pas à obtenir le repos dont il a besoin. Il est intense, Brane. Quand quelque chose ne va pas, son corps le lui fait ressentir. Il gratte une heure ou deux de sommeil, mais pas plus. Alors il finit par se lever, allume sa PlayStation et se plonge corps et âme dans les jeux vidéo. La sonnette de la porte d’entrée l’oblige à quitter sa partie en fin d'après-midi. Sans surprise, il retrouve Erin, venue profiter de la soirée avec lui. « Non c’est bon, je dormais pas. » Lâche-t-il sans faire le moindre effort pour camoufler son air bougon. Un bref baiser plus tard, Erin se faufile à l’intérieur de chez lui, les bras chargés de paquets en tout genre. Brane, il aime les cadeaux. Pourtant, quand sa femme lui colle un paquet dans les mains, il réagit à peine. Et évidemment, elle remarque sa douce mine d’homme pas content. Abrupt dans sa façon de parler, il essaye pour une fois de ménager ses paroles. De ne pas s’emporter tout de suite, quand bien même il bouillonne intérieurement. « C’est vrai ce que j’ai lu ? T’as accepté de tourner dans une nouvelle série ? » Brane lâche le cadeau de sa femme et attrape son portable. Sans aucun mal, il retrouve l’article qui lui a causé tant de soucis. « Pourquoi je suis toujours le dernier au courant ? On avait pas dit qu’on en parlerait tous les deux, cette fois ? Ou alors tu me la fais encore à l’envers et tu comptes partir comme la dernière fois ? » Le ton monte d’un cran. Brane, c’est quelqu’un de sanguin et d’extrême. Il n’est pas doué pour mesurer ses réactions. « T’as vraiment un talent fou pour me rappeler que je serais jamais aussi important que ta carrière. » Ça le blesse, une fois de plus.

☆ ☆ ☆Erin a peut-être passer les dix dernières années loin de Brane et l'un comme l'autre a évoluer à sa façon. Si sur certains points, ils ont changer, Erin connait assez Brane pour savoir quand quelque chose ne va pas. Elle n'a pas besoin d'un livre pour le comprendre, quand quelque chose agace Brane c'est écrit en plein milieu de son visage. Le problème c'est que l'actrice n'est pas médium, ni ne possède de pouvoir divin pour découvrir ce qu'il se passe dans la tête de son mari. Le plus simple pour elle, c'est de simplement poser la question à Brane. Et sa réponse l'angoisse ... Elle craint d'avoir fait encore quelque chose de mal. Ou le simple fait que Brane veuille mettre fin au semblant de relation qu'ils semblent avoir retrouver. Erin est perdue et elle a besoin des mots de Brane pour comprendre, quitte à ce que ça lui fasse mal. « C’est vrai ce que j’ai lu ? T’as accepté de tourner dans une nouvelle série ? » De quoi ? Où est-ce-qu'il a pu entendre cette information ? Ce n'est pas l'envie de reprendre les tournages à Erin qui manque mais encore faudrait-il qu'elle passe des auditions pour décrocher un rôle ou juste qu'un directeur de casting la contacte. Et aux dernières nouvelles, elle n'a pas reçue de propositions. La jeune femme n'a même pas le temps d'ouvrir la bouche pour se justifier et clarifier la situation que Brane lui met un article devant les yeux. « Pourquoi je suis toujours le dernier au courant ? On avait pas dit qu’on en parlerait tous les deux, cette fois ? Ou alors tu me la fais encore à l’envers et tu comptes partir comme la dernière fois ? » Erin comprend la détresse de Brane. Elle-même est surprise en voyant son nom dans un article. Mais Erin est déçue de voir que Brane la croit encore capable de lui cacher ce genre de chose. Elle lui a promit de faire des efforts, ça n'est pas pour le poignarder dans le dos de la sorte.  « T’as vraiment un talent fou pour me rappeler que je serais jamais aussi important que ta carrière. » C'est sur ces mots qu'Erin réalise que regagner la confiance de Brane ne sera jamais pas chose facile. « Je dois aussi t'avouer que le Prince Harry à décider de quitter Meghan Markle pour me demander ma main, j'attend même son enfant. » avoue-t-elle en tentant d'être crédible mais son rire la décrédibilise la seconde suivante. « Comment tu peux croire ce genre de chose ? » demande-t-elle en lui rendant son téléphone. « Je t'ai promis qu'on en parlerait à deux avant de prendre une décision comme celle-ci. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. » confesse-t-elle. « Alors non Brane je n'ai pas accepté de tourner dans une nouvelle série, je suis juste aller rendre visite à une amie sur le-dit tournage qui se déroule à Harlem. » dit-elle un peu agacée. « Je sais que c'est compliqué pour toi de me faire à nouveau confiance, mais si tu commences à croire tout ce que tu peux lire sur moi, on ne va jamais s'en sortir. » ajoute-t-elle. Le ton qu'elle offre à la conversation ne lui plait pas, elle n'a pas envie d'une énième scène de ménage. Erin a juste envie de passer une soirée tranquillement avec Brane. Elle ne demande rien d'autre, juste ça. Plutôt que d'exprimer encore sa déception sous une nouvelle forme, Erin préfère détendre l'atmosphère à sa manière. « Du coup, je vais peut-être offrir ce cadeau à mon nouveau futur mari ou bien le garder pour moi. » dit-elle en le narguant tout en récupérant le cadeau qu'il avait lâcher au sol quelques minutes plus tôt. « J'sais pas si tu le mérites, ni même si t'es assez sage pour l'avoir. » poursuit-elle, une pointe d'amusement dans ses paroles. Mais son sourire s'estompe quand son regard se pose sur le paquet. C'est étrange, il n'a plus la même allure que quand elle lui a donner et l'odeur qui s'en dégage lui met la puce à l'oreille. « OH ! Heureusement que tu aimes la compote. » déclare-t-elle avant de se mettre à rire. Le bocal qu'elle avait soigneusement préparer pour Brane s'est juste déverser sur son cadeau. Bon, maintenant, elle espère que la taille conviendra à Brane parce qu'elle doute qu'elle puisse retourner le produit.

Brane a conscience de devoir faire un gros travail sur lui-même, s’il veut que son mariage soit sauvé. Accorder à Erin son pardon n’est pas le problème, puisque d’une certaine manière, il l'a déjà fait. Le plus dur pour lui reste sa confiance en Erin, qu’il n’arrive pour l'instant pas à lui redonner. L’amour qu’il éprouve pour elle n’est pas suffisant, malheureusement. Brane n’arrive pas à se retirer de la tête que la carrière et les ambitions d’Erin demeurent un problème majeur pour leur mariage. Il redoute le moment où une nouvelle opportunité se présentera à elle, et où ils devront affronter les mêmes obstacles qu’ils n’ont pas su dépasser dix années en arrière. Erin se montre d’une patience exceptionnelle avec lui, qui a tendance à faire preuve de mauvaise foi les trois quarts du temps. Et alors que tout semblait s’arranger, un simple article d'un stupide magazine people vient réveiller toutes les pires craintes de Brane. Cet homme n’est pas doué pour faire taire ses émotions. Les réactions parfois extrêmes de Brane sont le reflet de sa grande sensibilité. Perdre Erin une seconde fois ? Il ne le supporterait pas. Il préférerait autant arrêter les efforts maintenant et admettre que rien ne sera plus jamais comme avant, plutôt que de mettre toute son oxygène dans un mariage voué à l’échec. Il ne mâche pas ses mots, Brane. Il suffit qu’Erin s’inquiète de sa mauvaise humeur pour qu’il déballe tout ce qu’il a sur le cœur. S’il n’a habituellement pas peur des conflits, il en vient à craindre la réponse d’Erin. Il n’est pas prêt à l’entendre confirmer qu’effectivement, une belle opportunité de carrière l’attend ailleurs.

Sa réponse le déstabilise. Le Prince Harry ? Qu’est-ce qu’il vient faire dans l’affaire, celui-là ? Brane regarde sa femme sans cligner des yeux, droit comme un piquet. Le temps d’un instant, il se demande s’il peut la croire. S’il faut, elle lui dit exactement ce qu’il veut entendre pour ne pas qu’il s’énerve davantage. Brane doit se faire violence pour se détendre et accepter le fait d’avoir été assez bête pour croire les tabloïds, et rancunier pour penser qu’Erin lui mente droit dans les yeux. De nouveau, il a la preuve infaillible que les efforts doivent avant tout venir de lui. Il lâche un soupir et s’insulte lui-même, sans qu’Erin n’ait besoin de le faire. Elle arrive à lui arracher un sourire en disant vouloir offrir le cadeau à son futur mari. Puis il finit par vraiment rire avec cette histoire de compote. Il récupère le cadeau au sol et le bocal de compote éclaté qu’il va mettre dans l’évier de la cuisine. Brane ouvre le paquet et sourit en voyant la veste, malheureusement tachée de compote. « Merci, » souffle-t-il en posant le vêtement sur la table. Il attrape Erin dans ses bras et la serre tout contre elle, déposant un baiser sur son front. « Je suis désolé. » Des excuses, il lui en doit sans doute beaucoup. Mais celles-ci sont difficiles à ignorer. « C’est moi qui prépare le dîner, pour me faire pardonner. » Brane s’écarte légèrement d’elle et, les deux mains contre ses joues, il dépose un long baiser sur ses lèvres. « On peut faire comment si j’avais rien dit ? » Erin peut même refaire son entrée, si elle le souhaite. Brane sera doux et délicat. « T’as passé une bonne journée ? » Il l’embrasse de nouveau, soulagé de savoir qu’elle ne va pas partir. Erin est là, avec lui, et n’a visiblement pas l’intention d’aller où que ce soit. Brane doit juste se rentrer ça dans le crâne. Et c’est plus facile à dire qu’à faire.