Quand elle se tourne dans le lit, elle peut encore sentir les bras de Noam contre sa peau et elle sourit Lou, même si elle n’ouvre pas les yeux. Elle n’a pas envie de se lever ce matin, elle a une journée off, elle aurait préféré que Noam en ait une aussi mais visiblement non. Peut-être qu’elle pourrait squatter un plaid de l’appartement, et retourner chez elle pour se coucher mais non, elle est bien ici. Ce n’est que quand elle a froid qu’elle se rend compte qu’il vient de partir. Elle fait une moue et elle tend l’oreille pour entendre la douche, elle s’enfonce alors dans l’oreiller et puis quand il revient dans la chambre, il lui annonce qu’il doit partir mais qu’elle peut prendre son temps. Évidemment qu’elle va prendre son temps. Espen n’est pas là, donc elle peut vivre dans sa vie dans l’appartement. C’est pour cela qu’elle sort du lit après une bonne vingtaine de minutes pour aller prendre une douche, elle chantonne sous la douche, elle prend son temps, l’eau chaude détend ses muscles et quand elle en a fini, elle coupe l’eau, entoure son corps d’un serviette et elle se regarde devant le miroir, elle aurait dû dormir plus, les cernes qui marquent son visage prouvent la petite nuit qu’elle a passé, après tout, ils sont sortis, sont rentrés au petit matin mais ne se sont endormis qu’après une longue conversation qui parlait de tout et de rien, de son travail à elle, de son travail à lui. Avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre, juste pour le plaisir. Parce que c’est ça qu’elle aime avec Noam, ils ont des conversation légères puis d’autres plus profondes, parce que c’est comme ça que ça se passe, ils se laissent simplement vivre et ne se prennent pas la tête. Et c’est ça qu’elle aime chez Noam, qu’il ne force rien, qu’il n’impose rien. Ils peuvent se voir trois soirs de suite, et puis ne plus se voir pendant une semaine, rien que s’envoyer des messages. Ça fait du bien. Quand elle finit par sortir de la salle de bain, elle se dirige jusque dans la cuisine pour se servir un café. Puis elle entend du bruit, elle se retourne alors et tombe sur un inconnu. Sa tasse dans une main, son autre main pour que sa serviette ne tombe pas, elle n’arrive pas à parler « Euh… Je, salut ? » Elle n’arrive pas à parler plus. « Je ne sais pas si tu cherches Noam mais il n’est pas là… Il a dû partir. » Et elle, elle a l’impression qu’elle est rouge tomate, qu’elle pourrait faire la signalisation tant son visage est rouge. « Il savait que vous, que tu venais ? »

Comment ose-t-il te dire non pour une soirée parce qu'il préfère la passer avec sa copine plutôt qu'avec toi ? Oui, tu es très remonté contre Noam. Mais en même temps, tu n'as pas d'autres amis que lui alors peut-être que tu devrais faire l'effort de te lier avec d'autres plutôt que de passer tes journées à le faire chier à sortir le soir. Disons que les applications de rencontre, ce n'est pas très concluant et tu as de toute façon l'impression de perdre tous tes moyens à présent face à n'importe quelle femme. Tu n'es pas même pas certain d'avoir envie de retenter quelque chose, que ce soit une relation courte sans attache ou une relation longue. Malheureusement, Noam a ce que tu nommes des obligations conjugales (même s'il n'est pas marié, pas encore du moins) contrairement à toi et ne peut pas passer tout son temps libre avec toi uniquement... même si tu estimes que ta compagnie ne peut qu'être la meilleure. C'est donc dans l'optique qu'il ne puisse pas t'échapper que tu te rends chez lui ce matin-là, certain qu'il ne travaille pas. Comme à ton habitude, tu ne prends pas la peine de toquer – quitte à faire peur à son colocataire parfois – et ouvre la porte qui n'est pas fermée à clé. Noam est donc bel et bien chez lui, le bougre. Et il ne te prévient même pas. Sauf qu'en te frayant un chemin dans l'appartement, ce n'est pas sur Noam que tu tombes. Non. C'est sur une jeune femme en serviette qui t'est étrangement familière. Trop familière. Tu es certaine de l'avoir déjà vu quelque part et non, certainement pas ici. Ce n'est pas non plus une ancienne conquête. « Salut. » que tu réponds tout en essayant de ne pas la fixer trop intensément histoire de ne pas te faire passer pour un psychopathe ou la faire flipper. « Non, je voulais lui faire une surprise mais visiblement, ce n'est pas le meilleur moment. » ajoutes-tu avec un sourire un brin moqueur avant de te mettre à fouiller dans les placards à la recherche de tes gâteaux préférés. Noam sait que tu es tendance à lui piquer (ce qu'il fait aussi lorsqu'il vient chez toi) et apparemment, il a décidé de les cacher. C'est aussi un moyen pour toi de te distraire autrement. Parce que là, tu ne sais pas pourquoi, mais tu as l'impression d'avoir loupé un épisode. Ou plutôt, qu'il te manque un chiffre dans l'équation pour réussir à résoudre le problème qui se trouve face à toi, en petite serviette. « Inutile que je me présente, Noam t'a sûrement parlé de moi durant des heures déjà. Il ne peut pas se passer de moi. ». C'est ironique bien évidemment, mais tu gardes un air parfaitement sérieux en prononçant ces quelques mots. « Enchanté... C'est quoi ton prénom déjà ? ». C'est juste son prénom qui t'intéresse à cet instant. Oui, tu as complètement oublié le prénom de la petite amie de ton meilleur ami et alors ? Ce n'est pas comme si son histoire d'amour l'intéressait vraiment... Vous n'en parlez pas vraiment, à vrai dire. Mais soudainement, tu as envie de t'intéresser à elle même si la situation est peut-être gênante pour elle. Pas pour toi en tout cas,tu restes le même en toute circonstance.

Qu’est-ce que cette personne fait dans la cuisine ? Et qu’est-ce que Lou fait en serviette, c’est ce qu’il faut se demander présentement. Mais surtout, pourquoi cette personne est rentrée ici sans frapper ? Louisa aurait pu s’habiller, enfin un boxer de Noam ou même lui voler un tee-shirt trois fois trop large. Lou a envie de se cacher, de se plier en deux pour se cacher dans un placard et n’en sortir que quand Noam sera de retour mais visiblement, l’inconnu/le meilleur ami de son petit ami a décidé de fouiller dans les placards et c’est quand même très gênant. « Dommage, tu as raté ta surprise, si tu veux il sera là dans l’après-midi et moi je serais… partie. » Oui, elle a retenu la leçon et ne restera pas là quand Noam n’y sera pas. Elle ne veut pas revivre une situation de la sorte. Plus jamais elle ne se retrouvera a moitié nue devant une connaissance de Noam qui plus est quand il n’est pas là. Quand il fouille les placards, Louisa reste avec la même position, sa main sur sa serviette, pour qu’elle ne tombe pas. Louisa se met à rire quand il se met à se vanter et elle lève les yeux au ciel en riant, avant de prendre une gorgée de café finalement parce que peut-être qu’elle pourrait réagir avec plus de réflexions. Est-ce qu’elle peut lui dire son prénom, elle se gratte la nuque, en se mordant la lèvre inférieure, puis elle le regarde « Je m’appelle Louisa, mais on m’appelle Lou. » Elle hausse les épaules avec un sourire en coin, toujours autant gênée. « Il n’a pas dû parler de moi, a part peut-être hier parce qu’il paraît que tu voulais passer la soirée avec lui. » Elle se recule un peu avant de lever un index comme pour lui dire qu’il attende deux minutes « Je reviens. » Elle court dans la chambre avant d’enfiler son short et son débardeur, avant de retourner dans la cuisine. « Je me sens un peu plus présentable. » ironise t-elle avant de se réinstaller et de reprendre une gorgée de café. « Désolée de la … petite tenue. Mais tu n’as pas prévu Noam que tu venais ? » Parce que Lou espérait quand même qu’il l’aurait prévenu s’il était au courant.

« Ah non, je l'attends. » que tu annonces de but en blanc. Hors de question que tu tapes de nouveau les bouchons new-yorkais pour revenir dans l'après-midi juste pour la jolie bouille de Noam. Maintenant que tu es dans son appartement, tu y restes jusqu'à ce qu'il se décide à pointer le bout de son nez. « On pourra enfin faire connaissance. » ajoutes-tu avec un sourire narquois. C'est tout de même important de connaître la copine de son meilleur pote, non ? C'est du sérieux entre les deux, d'après ce que tu as compris. C'est peut-être pour cette raison qu'il n'a pas envie de te la présenter d'ailleurs... ou alors il a honte de toi et ne veut pas la faire fuir tout de suite. Ouais, cela peut être une option. Et tandis que tu attrapes finalement le paquet de gâteau qui t'intéresse, tu manques de le faire tomber par terre lorsque tu entends le prénom de la jeune femme et surtout son surnom. Très bien. Tu l'observes et pour une fois, tu restes silencieux. Elle te dit qu'elle revient et tu ne bouges pas de la cuisine, te contentant de fouiller dans ton portable à la recherche de cette photo que ta cousine t'a partagé par Whatsapp lorsque tu l'as harcelé pour qu'elle te montre celle dont elle est amoureuse. C'est dans ce genre de moment que tu te remercies de ne pas avoir désactivé l'option qui enregistre toutes les photos que tu reçois (même si les photos moches de toi que t'envoie Noam, tu t'en passerais bien). Tu espères que tu trompes à cet instant mais lorsque tu retrouves la photo d'Eli avec sa fameuse Lou, tu comprends que sa Lou est celle aussi de ton meilleur ami. « Merde. ». Tu sursautes presque lorsque Lou revient, cette fois-ci habillée. C'est toi qui est soudain mal à l'aise et qui a envie de partir de l'appartement. Non, tu ne veux plus du tout faire connaissance à présent. « Non, j'aime débarquer à l'improviste pour soigner mes entrées. C'est lui qui aurait dû te prévenir de cette éventualité. ». Sur ce coup-là, c'est tout de même Lou qui a fait une entrée remarquée dans sa petite serviette mais bon... Peut-être que tu garderas ce détail pour toi. « Lou... » que tu répètes avant de verrouiller ton portable et de le ranger dans la poche arrière de ton pantalon. « Tu n'as pas une sœur jumelle qui a un prénom qui commence par Lou aussi, par hasard ? ». Elle va certainement te prendre pour un fou mais tu n'as pas envie de te dire que là, face à toi, se trouve celle qui fait battre le cœur de ta cousine et de ton meilleur ami en même temps. « Du genre... Loupiote, Louane ou Louette ? ». Tu n'es même pas certain d'avoir cité que des prénoms... « Au fait, moi c'est Aidan. ». Est-ce que lui balancer ton prénom va aider ? Si Eli ne lui a jamais parlé de toi, elle va passer un mauvais quart d'heure ! Bon, ce n'est pas question de ton égo à cet instant mais plutôt de Lou. C'est gênant. Bordel.

Il veut l’attendre et Lou, elle trouve ça terriblement gênant. Le meilleur ami de son copain l’a vu en serviette comme si elle était chez elle alors que ce n’est pas le cas. Et sa seconde phrase ne la met pas du tout à l’aise. Lou se gratte la nuque avec un sourire gêné « Oui, on peut faire ça. Faire connaissance. C’est un bon moyen de tuer le temps, même si là, elle aimerait rentrer se cacher chez elle et s’enfermer à double tour. C’est même pour ça qu’elle court se changer, manquant de se prendre la porte en se pressant. Et elle se sent beaucoup plus à l’aise d’un coup quand elle revient dans la cuisine, avec l’infime espoir qu’il ne soit plus là. Elle rit un peu quand il parle de soigner ses entrées, là elle est plus que soignée. Et Lou, elle s’en veut encore d’être restée ici quand Noam est parti, mais elle ne s’était pas parée à l’eventualité de croiser quelqu’un qu’elle ne connaît pas dans cet appartement qui n’est pas le sien -obviously. « Elle était soignée ton entrée, j’applaudis. » Elle applaudit même pour appuyer ses mots avant de s’installer sur une chaise de cuisine, parce qu’après tout, elle est bien ici. Même si c’est mieux quand Noam est là. Elle peut avoir le réconfort dont elle a besoin. Elle fronce les sourcils quand il répète son prénom, est presque prête à faire de l’ironie mais la question suivante lui coupe l’herbe sous le pied. Qui aurait idée de donner deux prénoms quasi identiques à des soeurs jumelles ? Personne, elle espère « Non, je suis fille unique malheureusement. Enfin, heureusement pour moi, je ne sais pas si j’aurais supporter un frère ou une soeur, plus jeune ou plus âgé. Enfin, j’ai un frère mais c’est le fils de mon beau-père donc ce n’est qu’un demi. » Elle est très bien toute seule, puis quand on voit la situation de sa famille, valait mieux qu’elle soit fille unique. Elle explose de rire à l’énonciation de certains prénoms. « Loupiotte, vraiment ? » Ce serait très bizarre comme prénom. « j’aurais honte de porter ce prénom. » avoue t-elle en haussant les épaules. Ce serait beaucoup trop bizarre. Quand elle entend le prénom Aidan, les sourcils se froncent instantanément. Est-ce que ? Non. Ce serait définitivement trop étrange. Elle ne veut pas savoir. Elle ne veut pas se dire que le Aidan en face d’elle est le cousin d’Eli. « Bien sûr que je te connais. » Après tout Noam lui parle tout le temps de lui. Puis, elle ne veut pas que les coïncidences soient si grandes qu’elle le connaisse d’une autre personne. Elle s’humidifie les lèvres en passant une main dans sa nuque. « Mais je me demande si je ne te connais pas d’ailleurs. » Est-ce que ce serait le Aidan d’Eli ? Elle se mord l’intérieur de la joue. « Tu n’es pas au Rocky horror ? »

Il est rare lorsque tu écoutes réellement une personne parler, Aidan. Car tu t'intéresses rarement à qui que ce soit sans aucune idée derrière la tête. Pour une fois, tu décides de faire l'effort car c'est la petite-amie de Noam et tu sais que cet idiot est amoureux et tient vraiment à elle cette fois-ci. Elle n'est pas une nana de passage alors c'est tout de même important que tu fasses un minimum connaissance avec elle. Seulement, là, tu es totalement déconcentré par la découverte que tu viens de faire et même si tu hoches la tête à ses mots, tu ne retiens qu'une seule chose : non, elle n'a pas de sœur jumelle donc c'est bel et bien la Lou à laquelle tu penses. Tu aimerais rire toi aussi. Sauf que tu viens de repenser à la conversation que tu as eu avec Eli, où elle t'avoue qu'elle a encore des sentiments pour Lou et où tu lui dis clairement qu'elle a qu'à foncer car la personne avec qui est Lou doit sûrement valoir rien. En soit, tu as juste voulu sans aucun remord participer à saccager la relation de ton meilleur ami. Génial, vraiment. « C'est pourtant comme ça que je voulais appeler ma future fille. » que tu réponds avec un bref haussement d'épaule, loin d'être sérieux. Le problème, c'est que tu as l'air plus que sérieux quand tu prononces ces mots tant tu as du mal à sourire. Toute cette situation te perturbe. Un peu trop pour ton propre bien. Cela fait bien longtemps que tu n'as pas été aussi mal à l'aise et tu ne peux même pas le raconter à qui que ce soit car ton seul ami... c'est Noam. Et tu te vois très bien lui taper sur l'épaule et rire avec lui en lui annonçant que sa copine, c'est aussi la fille dont est amoureuse ta cousine. Drôle de coïncidence hein ? « Je vois qu'Eli a du goût quand elle parle de moi. Elle t'a montré des photos de moi en slip doré, j'espère ? » dis-tu avec une pointe de sarcasme avant de passer une main dans ta nuque. Tu es au bord du nervous breakdown tant tout cela te paraît improbable. « Quel est l'intérêt de vivre à New-York si le monde est petit à ce point-là ? ». Est-ce que tu viens de penser à voix haute ? Visiblement oui. Pas que tu ne sois pas content de rencontrer enfin la petite-amie de Noam mais... Pourquoi est-ce qu'il fallait que ce soit elle ? Oh, Lou tu en as entendu énormément parlé par Eli. Et toujours en bien. Elle est géniale selon elle, selon Noam aussi. Ok, tu es vraiment à deux doigts de l'explosion. « C'est la première fois de ma vie où je me retrouve sans savoir quoi dire. Ils ont tous les deux raisons, t'es sacrément exceptionnelle. ». Tu hausses un sourcil avant de chercher de quoi te faire un café. Oh, ce serait plutôt d'un verre de whisky dont tu aurais besoin à cette heure-ci mais autant éviter.

Elle aurait préféré ne pas le rencontrer, ou plutôt le rencontrer ailleurs. Dans un bar, dans un café, quand elle est dans les bras de Noam. Un autre jour, un autre moment quand elle n’était pas seule et surtout pas quand elle venait de prendre une douche. Elle aurait voulu que ça se passe autrement et surtout que le Aidan dont lui parlait Eli ne soit pas le Aidan dont lui parlait Noam. Le monde est si petit qu’elle se demande bien si elle n’est pas en train de rêver et que dans dix minutes son réveil va sonner et elle va se réveiller et rire de tout cela avec Noam. Mais non, ce n’est pas un rêve, c’est bel et bien la réalité. Elle comprend aussi pourquoi il tentait de savoir si elle avait une jumelle « Je ne pense pas que Noam te laisserait faire. Ni même la mère de ton futur enfant si je peux me permettre. » prononce t-elle en faisant une petite grimace puis un petit sourire. Comme si elle était gênée de dire cela. Parce qu’au fond, Lou est gênée. Gênée de se dire que ce type c’est le cousin d’Eli, le fameux Aidan. Que ce type c’est le meilleur ami de son petit ami. Mais elle n’y croyait pas, a croire qu’elle demandait encore la confirmation, elle a l’impression qu’elle rêve. Elle souffle avant de le regarder en le fusillant du regard « Non mais ça va pas ! » s’exclame t-elle si vivement qu’elle renverse du café sur sa main qu’elle secoue vivement pour laisser partir la sensation de chaud. Et elle le regarde en fronçant les sourcils quand il lui dit qu’elle est exceptionnelle. Ses joues rosissent, et Lou, elle s’humidifie les lèvres avant de le regarder « Comment ça ? » Elle veut savoir Lou. Elle est curieuse, Lou. Elle fronce les sourcils et pointe un placard du doigt « Le café c’est dans le placard de gauche. » A croire qu’elle habite ici. Et elle le regarde faire avant de s’humidifier les lèvres « Comment ça, je suis sacrément exceptionnelle ? Je comprend pas. » Enfin si, elle comprend, mais elle veut confirmation, elle veut qu’il lui confirme que c’est bien le Aidan d’Eli, de sa Eli. « Est-ce que c’est toi, le cousin d’Elisabeth ? » Parce que la question lui brûlait trop les lèvres pour qu’elle ne la laisse pas sortir, pour qu’il parte sans qu’elle n’ait eu le temps de lui poser cette fameuse question.

La réaction de Lou lorsque tu lui poses cette question te fait réagir avec un petit rire moqueur. Ah, ce fameux slip doré… Qu’est-ce qu’il en fait tourner des têtes ! Bon, pas celle de Lou bien évidemment mais sa manière de te fusiller du regard comme si tu lui avais posé une question dés plus gênante est tout de même assez cocasse. « Pas trop à cet instant si tu veux tout savoir. » répliques-tu sans vraiment t’inquiéter pour sa main. Non, cela ne va pas du tout même. Tes gestes se font pressés tandis que tu trouves le café grâce aux indications de la jeune femme et tu te manques presque de casser la cafetière. Pourquoi est-ce que tu restes là, au juste ? Tu dis vouloir attendre Noam mais en fait, tu n’es plus du tout certain de vouloir le voir aujourd’hui. C’est même une très mauvaise idée. Comment peux-tu le regarder en face alors que tu conseillais il y a deux jours ta cousine d’aller fricoter avec sa propre petite-amie ? C’est officiel : tu ne donneras plus jamais de conseils amoureux. Alors que le café coule dans ta tasse, tu te tournes de nouveau vers Lou, les bras en l’air dans un geste purement théâtral. « En chair et en os ! On aurait presque pu se rencontrer plus tôt. » que tu réponds à sa question. Tu attrapes la tasse, bois une gorgée et cherche tes mots avec la plus grande délicatesse – même si tu n’es pas connu pour l’être. « Écoute… Tu fais ce que tu veux mais moi, je préfère faire comme si de rien n’était. Je ne dirais rien ni à Noam, ni à Eli. ». D’accord, pour la délicatesse, on repassera. En même temps, tu préfères mettre les choses au clair directement plutôt que de prendre le risque d’enclencher une bombe à retardement. « J’aimerais juste savoir une chose… Tu l’aimes, à Noam ? » que tu lui lâches de but en blanc, les bras croisés sans cesser de la regarder. Tu ne veux pas que ta cousine souffre. Mais Noam non plus. Si Lou est réellement passée à autre chose, alors tu ne t’amuseras pas à essayer de casser quoi que ce soit. Tu veux juste de l’honnêteté de sa part, et rien d’autre. Même si cela relève du domaine du privé, même si cela ne te regarde pas. C'est tout de même les sentiments de ton meilleur ami et de ta cousine qui sont en jeu et tu n'as aucune envie de les ramasser à la petite cuillère à cause de la même femme. Quel merdier.

Quelle idiote, la brûlure sur sa main lui fait un mal de chien et elle ne comprend pas ce qu’il veut lui dire. Pourquoi est-ce qu’il ne va pas bien ? Elle ne l’a pas agressé, elle n’a pas été impolie alors elle ne voit pas pourquoi il ne va pas bien. Elle rit un peu face à la théâtralité du jeune homme en face d’elle et secoue la tête de droite à gauche en se pinçant les lèvres "Oui, mais j’ose espérer que j’aurais été plus habillée si nous nous étions rencontrés plus tôt." Et pas en serviette, comme si elle était chez elle. Alors que ce n’est pas vraiment le cas, même si elle squatte beaucoup. Elle ne sait pas ce qu’il attend, même si elle se doute qu’il attend son ami mais pourtant, Lou est gênée. Elle hausse les épaules. Elle non plus, elle ne dira rien. Enfin peut-être à Noam mais certainement pas à Eli, dont elle n’a plus de nouvelles une fois encore. A croire qu’elles sont destinées à se retrouver pour finir par s’échapper encore une fois. Se retrouver pour mieux se déchirer. Et Lou n’avait pas envie de ça, Lou avait envie de stabilité. Et Noam pouvait la lui procurer, du moins c’est ce qu’elle espérait, même si elle se demandait sincèrement quand est-ce que ça finirait par merder. Parce qu’elle est trop bien dans sa vie Lou, pour que ça continue ainsi. Elle fronce les sourcils face à la question et les yeux brillants, elle lui répond "Bien sûr que je l’aime vraiment." Parce que c’est Noam, parce qu’il la fait se sentir elle-même. "Je l’aime d’une façon que je n’explique pas. Et que je ne veux pas expliquer parce que c’est nous." Elle soupire un peu et elle se mordille la lèvre "J’étais vraiment au plus bas quand Eli est partie et Noam m’a fait voir que le monde pouvait être beau, alors oui, je l’aime. Vraiment."

A vrai dire, le fait d’avoir rencontré Lou pour la première fois en petite serviette est le cadet de tes soucis à cet instant. Ce n’est pas du tout cela qui te gêne dans cette conversation que vous partagez et qui devient de plus en plus difficile à supporter pour toi. Tu paniques très rarement, Aidan. Tu es le genre de type à être à l’aise dans n’importe quelle situation et à trouver le moyen de t’en sortir… en fuyant. Ce que tu ne vas pas tarder à faire, à coup sûr. « Je débarque souvent à l’improviste chez Noam, tu le sauras pour la prochaine fois. » répliques-tu avec un sourire quelque peu sarcastique. En même temps, Noam ne vit pas seul non plus mais il est clair qu’elle ne risque rien à croiser en petite serviette le colocataire de son mec qui n’est pas hétéro pour un sou. Mais toi, peut-être bien que tu vas arrêter de venir ici sans le prévenir. Tu ne veux plus te retrouver face à la jeune femme tout seul, c’est officiel. Lorsque Lou te dit qu’elle aime sincèrement ton meilleur ami, tu te retrouves le cul coincé entre deux chaises. En même temps, elle n’allait pas te dire le contraire… n’est-ce pas ? Sauf que tu ne sais pas si tu dois être heureux pour Noam ou malheureux pour Eli. Il va falloir que tu lui fasses croire en toute délicatesse qu’il est temps pour elle de tourner la page. Le problème, c’est que tu n’as jamais su être délicat. Même envers ta propre cousine qui est la personne la plus chère à tes yeux. « Super, super, super... » marmonnes-tu avant de boire ton café encore chaud d’une traite. « Eli n’a jamais voulu te blesser, tu sais ? ». Tire-toi, Aidan, tire-toi avant de dire de la merde. Mais hors de question de ne pas défendre ta cousine d’une façon ou d’une autre. « Son monde est trop compliqué pour cohabiter avec le… nôtre. ». Une légère grimace apparaît sur ton visage lorsque tu prononces ce dernier mot. Tu connais très bien le choc des cultures entre la vraie vie et celle du Gotha. Et surtout, tu connais la famille d’Eli, toute cette pression qu’elle a sur les épaules. « Je pense que je vais y aller. Autant raccourcir ce moment gênant, non ? J’enverrais un message à Noam pour le voir. Bonne… journée à toi. Bon bain. Ah non, c’est déjà fait. Bon, à la prochaine. ». Sans demander ton reste, tu poses la tasse de café dans l’éviter et tu fuis l’appartement totalement déstabilisé par cette rencontre.