La nuit levait tranquillement son manteau pour céder la place au jour. Il roulait doucement à l'aide de ses Rollers. La fatigue engourdissait ses membres, et le brun prit le temps de s'assoir cinq minutes sur un banc afin de détendre ses jambes. Il se frotta les yeux avec énergie, estimant que ce serait sans doute une bonne idée de passer au Starbucks coffee pour s'engloutir une bonne boisson chaude avant d'aller rejoindre son lit. Grisha venait d'arpenter les rues de la ville toute la nuit. Et la soirée précédente, et encore celle d'avant.

Le jeune homme ne fouillait pas toutes les ruelles et cul de sac pour se dégotter un nouveau spot. Non, il tentait de retrouver celui qui se permettait d'achever ses fresques depuis quelques temps. D'accord la première fois, un peu estomaqué, il se persuada que ça devait être une erreur, parce que ce serait bafouer la sainte religion des graffeurs que d'oser mettre la main sur une peinture qui ne nous appartenait pas ! A moins que ce fut une demande personnelle de l'artiste. Et lui, Grisha ne possédait aucun souvenir qui puisse expliquer ce mystère. L'envie le démangeant de tout repeindre en blanc afin de recommencer. Mais à bien y regarder il découvrit quelques petites différences avec sa manière de faire qu'il corrigea directement.  

Ensuite, il hésita à y poser sa signature. le brun éprouvait l'étrange sentiment que ça clocherait, qu'il effectuerait une tricherie sur son art. Alors, en dernier lieu il décida de l'abandonner intacte, et anonyme aux regards qui se poseraient dessus. Grisha ne la considérait plus intégrée au reste de ses créations. Il ne comptait pas y revenir, ni la travailler plus, car il arrivait au brun d'intégrer des nuances au fil du temps à ses graffitis. Cependant malgré lui, ce bug dans la machine bien huilée de ces sorties nocturnes le poussa à vérifier une fois encore.

Ne fut-il pas abasourdi de constater que sa griffe y était apposée. Cendres. Qui ? Pourquoi ? Mais que diable se tramait-il dans le coin ? Tout ébaubi, il ne décolla pas du lieu avant plusieurs heures. Dans l'attente de voir se pointer l'énergumène qui s'amusait de lui. Dégradait sa composition, se substituait à lui, à tout ce qu'il possédait véritablement sur cette terre. Le mettait-on au défi, et si oui lequel ? Dans quel but ? Malheureusement le falsificateur ne se découvrit pas sous la lumière. Parce qu'il n'était pas exclu qu'il roda dans le coin jouant au passant pressé afin de ne pas dévoiler son identité. Et Grisha eut beau observer les alentours il ne remarqua rien de particulièrement suspect !

Tandis que l'usurpateur continuait ses méfaits, et que l'envahissement de ses terres provoquait une amertume vibrante dans les pensées de Grisha. Sa seule possession on la lui dérobait, forcément le brun ne laisserait pas cette injure sans impunité aucune. Mais l'intrus particulièrement agile, subtile et possédant l'avantage visuel de le connaître - du moins Grisha le supposait - volait très loin de lui avec des longueurs d'avance.

Le brun désespérait de jamais lui mettre le grappin dessus, pourtant il s'entêtait, parce que s'il baissait les bras pour la seule activité qui lui tenait à cœur, dans sa tête il ne vaudrait pas tripette. Aujourd'hui, alors que l'aube se prenait le relais , il faudrait lever le pied, puis prendre de repos. Éventuellement tenter d'écrire avant de replonger dans la nuit une fois de plus. Le brun se remit sur pied, prenant la direction de retour quand ses pupilles se figèrent aussi rapidement que son corps.

Là ... Juste devant lui ... On ... Il ... ELLE - précisément - en pleine action sur une de ses ébauches ... La maline, elle professait à l'instant ou tous terminent ou recommencent. Ce moment précis où toutes les têtes se détournent pour passer à l'étape suivante. Certes il aurait dû rouler en silence vers elle mais l'impatience prit le pas et il la héla « Qu'est-ce que tu crois que tu fabriques là ? »



@Paz Mendoza