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Lend me a hand [PV Leah]

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Sam 25 Juil - 23:04
Avec un soupir à fendre l’âme, Claire regarda sa montre, et envoya un regard peu amène à la note qu’elle était en train de déchiffrer, stylo en main pour l’annoter avant de la reprendre pour en rédiger un résumé un peu plus digeste. Qu’y avait-il de plus barbant que l’analyse statistique ? L’analyste statistique appliquée à la balistique, avec des pistes d’amélioration en termes de résultats. Bref, ses neurones se heurtaient depuis plus d’une heure trente à cette horreur, qui lui prenait donc un temps précieux, qu’elle aurait préféré employer ailleurs. Déjà qu’elle était venue plus tôt exprès pour réussir à partir à une heure décente … Tant pis, elle finirait cela le lendemain, car elle risquait d’être en retard, à force, pour son rendez-vous du soir. Aussi rangea-t-elle le tout dans le premier tiroir de son bureau, récupéra sa veste et ses quelques affaires qui finirent dans ses poches, avant d’éteindre les lumières et de fermer derrière elle. En chemin, elle salua ceux qu’elle apercevait lorsque les portes étaient ouvertes pour supporter la chaleur régnant à l’étage, s’arrêta pour discuter deux minutes avec un capitaine l’ayant hélée, avant de sortir et de traverser à grandes enjambées les quelques artères qui la séparait du Park Avenue Plaza. Elle évita à peine un type au costume impeccable et au téléphone vissé à l’oreille qui marchait droit devant lui comme si, tel Moise en Egypte, les flots de passants devaient forcément se séparer devant son auguste personne, ce qui lui fit rouler les yeux au ciel. Décidément, il y avait des choses dans ce quartier qui ne changeraient jamais.

Enfin, elle arriva devant l’imposante tour aux soixante-treize étages, vérifia l’heure sur sa montre et constata que, du coup, elle se trouvait maintenant trop en avance. L’appréhension commença à la gagner, en témoignait ses mains moites. Ce qu’elle pouvait détester ce sentiment de devoir aller expliquer tous les détails de sa vie privée à une inconnue pour obtenir quelque chose qui n’aurait pas dû faire débat. Mais elle avait été négligente, n’avait pas relancé, se convaincant qu’il n’y avait pas besoin, que les arrangements du quotidien suffisaient. Pourtant, en tant que flic, elle savait que le doute n’était jamais profitable, qu’il fallait toujours éviter de laisser des affaires en suspens, sous peine qu’elles deviennent de véritables plaies plus tard. Sauf qu’on pouvait être la personne la plus conscience au travail, et se convaincre qu’il était préférable de ne pas chercher le conflit dans sa vie personnelle. Alors elle avait abdiqué. Et désormais, elle s’en mordait les doigts, obligée de quémander auprès des amis, des connaissances, des témoignages sur l’honneur en sa faveur, et donc à payer une fortune pour exposer son cas à un avocat, en espérant que tout ceci ne serait pas vain. Histoire de calmer ses nerfs ainsi que l’agacement qui montait en elle, comme à chaque fois que ses pensées s’égaraient sur sa situation présente, la commissaires-adjointe farfouilla dans les poches de sa veste en cuir pour y récupérer un paquet de cigarettes et un briquet. Au point où elle en était, autant s’encrasser les poumons et passer le temps. Perdue dans le concert de klaxons et de bruits de pas autour d’elle, Claire laissa son esprit vagabonder, réfléchissant pêle-mêle à ses dossiers en cours, à sa prochaine soirée JDR à décaler, à James et au fait qu’elle allait vraisemblablement manquer son anniversaire à … Non, son père, elle n’allait pas y songer.

Alors à la place, elle laissa son cerveau imaginer Leah Edelman, d’après le portrait que lui en avait fait Isaïe. C’était lui qui l’avait recommandée, quand elle avait émis, lors d’un de leurs cafés matinaux, son souhait de trouver au moins un conseil juridique. Apparemment, il avait travaillé avec elle sur une affaire de trafics d’êtres humains en rapport aux réseaux de passeurs, et dixit son supérieur, elle était efficace et avec un bon caractère. Pile ce qu’il lui fallait donc. Elle s’imaginait une femme en mode experte d’affaires, les lunettes et le visage sec, ce qui la fit rire devant ses propres stéréotypes, surtout qu’elle savait mieux que quiconque qu’il valait mieux éviter de se fier aux apparences, ou de s’imaginer des prototypes ridicules. Mais dans le confort de son cerveau, c’était toujours amusant de laisser son imagination travailler de la sorte.

Ses rêveries furent interrompues par l’irruption sur son bout de trottoir d’une très belle femme qui sortait du building et se mit à farfouiller dans son sac pour en ressortir un paquet de cigarettes. Probablement une des innombrables employées de l’endroit qui s’accordait une petite pause avant de remonter et enfin terminer ces journées qui n’en finissaient plus. Discrètement, ses yeux remontèrent sa silhouette, avenante, et un très léger sourire apparut sur ses lèvres. La beauté était toujours un ravissement à découvrir, même au milieu du bitume et du fracas des passants. Surtout, peut-être, dans cette cacophonie et alors qu’une journée passablement désagréable n’allait pas manquer de se poursuivre. Un instant, Claire hésita, avant de s’avancer et de proposer son briquet, cigarette au coin du bec et sourire en coin de rigueur :

« Je peux vous proposer du feu, que nous puissions encrasser de concert ce petit coin de bitume ? »


Tendant le briquet aux couleurs du NYPD à la jeune femme, elle attendit de son côté, expira un peu de fumée qui alla rejoindre la pollution locale et y ajouter son modeste écot, avant de déclarer, probablement pour passer le temps avant que chacune ne remonte et s’oublie, dans le flot de leurs vies qui ne s’arrêtaient jamais, surtout pas ici, au cœur battant et vibrant de New York :

« Pause bien méritée avant la fin d’une rude journée ? »

Sa voix chaude, légèrement rocailleuse, grave pour une femme, couvrait sans trop de mal le tohu bohu local, tandis qu’elle avait calé son casque de moto sous son bras, l’autre occupé à tirer des bouffées de sa cigarette.

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Lun 27 Juil - 23:26
Se redressant dans son siège, c'était à présent à son tour de parler, de poser les bonnes questions au témoin qui se trouvait juste devant elle et de démontrer aux jurés que l'accusation avait tout simplement tord. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'elle travaillait sur cette affaire, l'adversaire était coriace mais Leah n'était pas du genre à laisser tomber les gens et les causes tant qu'elle n'avait pas tout tenté pour pouvoir obtenir gain de cause à son client. Même avec ses talons de dix centimètres, elle ne manquait pas d'être fluette, et de ressembler à une enfant face à des hommes et à des femmes qui pouvaient avoir très largement l'âge de ses parents. Être prise au sérieux avait toujours été un véritable combat pour elle, mais cette jeune femme qui ressemblait à une adolescente sous bien des aspects, avait néanmoins un tempérament de feu qui ne pouvait nullement laisser indifférent quand on la voyait en face. Elle se leva donc, réajustant discrètement sa jupe tailleur et elle fit quelques pas en direction du témoin, un sourire innocent sur les lèvres, on lui aurait sans doute donner le bon dieu sans confession, et pourtant, elle pouvait se révéler aussi féroce qu'une lionne. Elle commença donc à poser les questions qu'elle avait préparé pour l'occasion, sans se démonter une seule fois face à l'homme dont elle sentait le regard sur elle, la fixant avec un certain dédain et ne manquant pas de la détailler des pieds à la tête avec un petit sourire appréciateur. Il avait confiance en lui, en sa parole et elle était certaine qu'il avait appris son texte par cœur pour cette pitoyable représentation devant la cour de justice présente ce jour-là. Mais Leah n'était pas née de la dernière pluie, et tout le monde savait que le diable se cachait dans les détails. Petit à petit, elle sentait la belle assurance se fendiller lentement mais surement, pour le plus grand plaisir de l'avocate. Son homologue de la partie adverse tentait tant bien que mal de garder une contenance mais pour autant, elle pouvait sentir un certain agacement venant de sa part, ce qui la faisait tout simplement jubiler. Elle lui décocha un sourire quelque peu méprisant avant de se rasseoir. Il fallait du temps pour le jury de délibérer sur la question, la prononciation du jugement et de la sentence viendrait pour le lendemain, tout le monde fut prier de rentrer chez lui. Leah assura à son client qu'elle se chargeait de tout et qu'elle était confiante pour son avenir.

Il était temps pour elle qu'elle rentre au cabinet dont elle allait bientôt être l'associée, elle avait encore un rendez-vous en fin de journée, un rendez-vous qu'elle ne voulait certainement pas manquer et surtout elle ne voulait pas être désapprécié par la personne qui lui avait envoyé sa nouvelle cliente. Après tout, elle ne connaissait pas encore la situation de cette Claire Wellings dont Isaie avait pu lui parler, ce n'était après tout pas à lui de confier des choses privées sur une de ses collègues de travail aussi proche pouvait-il être d'elle. Leah ne pouvait que reconnaître qu'elle appréciait sincèrement la personnalité du capitaine de police de New York. Ils avaient eu tous les deux un très bon feeling en travaillant ensemble, et si elle pouvait lui rendre service, elle en était profondément heureuse. Elle passa donc un long moment à travailler dans son bureau, une tasse de thé à porter de mains ainsi que de la viennoiserie française à laquelle elle ne pouvait pas résister. Elle n'avait pas eu le temps de manger ce midi, étant en audience à ce moment-là, mais elle n'en restait pas moins gourmande, et elle avait tout ce qu'il fallait dans ses placards, et au besoin elle venait à abuser un peu de son assistant lui demandant d'aller lui chercher quelque chose à manger. Elle s'était installée confortablement dans le canapé présent dans son bureau, elle avait retiré ses chaussures à talons qui étaient une véritable torture et elle avait ouvert un peu sa chemise, se mettant ainsi plus à l'aise pour pouvoir travailler.

Mais le temps s'écoulait, peut-être trop rapidement, et son rendez-vous n'allait pas tarder. S'assurant que la femme en question n'était toujours pas arrivée et demandant expressément à ce qu'on la prévienne dès qu'elle se serait présentée à l'accueil. Elle avait remis ses chaussures de torture et elle était alors descendue en bas de l'imposant immeuble pour pouvoir discrètement fumer une cigarette. Elle n'était pas une grande fumeuse, elle savait se contrôler sinon, nerveuse comme elle l'était, elle finirait au moins un paquet par jour, pour autant, de temps en temps cela lui faisait plaisir et surtout cela avait le don de lui calmer les nerfs. Mais si elle arrivait à mettre la main sur son paquet, il semblait impossible qu'elle retrouve le briquet qui allait de circonstance. Elle fut surprise dans sa recherche, par une femme aux cheveux coupés courts, à l'allure masculine mais qui avait indéniablement une certaine beauté, et un regard pétillant de malice. Elle se mit à lui sourire alors. « Je vous remercie sincèrement, vous me sauvez la vie sur l'instant. » Elle rit légèrement avant de prendre le briquet et d'allumer sa cigarette venant à prendre une taffe sur celle-ci avant de lui rendre l'objet, remarquant à cet instant que c'était un briquet de la police. Était-elle juste un agent de police en fonction, peut-être la cliente qu'elle attendait ou juste une femme qui avait fait un tour chez ses amis de la police et en avait profité pour récupérer le briquet. « J'étais en audience ce matin au palais de justice et nous avons fini au milieu de l'après-midi, après il a fallu faire l'administratif courant et j'attends un dernier rendez-vous et je pense qu'après tout ça j'irais boire un verre pour décompresser ! Mais vous semblez avoir eu le même type de journée que moi … Je vous dirais bien de boire un verre ensemble après le travail mais je ne sais pas à quelle heure je finirais. » Elle lui fit un clin d'oeil, Leah avait besoin de sortir et était clairement en manque de vie sociale ses derniers jours, et elle n'avait pas envie d'aller seule dans un bar pour se faire accoster, ce n'était pas son envie du jour. Elle tendit la main vers la femme. « Je ne me suis pas présentée, je m'appelle Leah Edelman, et vous puis-je connaître votre prénom, maintenant que nous polluons ensemble ce petit coin de bitume ? »

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Mar 28 Juil - 0:20
"Je savais que mon brevet de secouriste ès nicotine me servirait un jour."

La réplique avait fusé, les lèvres de Claire s'ourlant comme souvent dans ces moments d'une mimique joyeusement taquine, de celles qu'arboraient les petits garçons confiant leur redoutable plan d'attaque à leurs amis, sous leurs yeux émerveillés et pour leur plus grand plaisir mi-vantard, mi-amusé par cette situation qu'ils créaient d'eux-mêmes. Le rire s'ensuivit, se conjugant à celui de la femme à ses côtés, que ses yeux détaillèrent un peu plus, maintenant qu'elle était plus prêt, tout en restant suffisamment discrets pour éviter un malaise éventuel, la plupart des gens n'aimant évidemment pas être dévisagés. C'était tout le problème de sa profession, qui avait tendance à donner rapidement la mauvaise habitude d'être observateur, que ce soit de son environnement ou des personnes le traversant. Rapidement, durant son temps dans le Bronx, la jeune inspectrice d'alors avait appris à embrasser d'un seul regard l'entièreté d'une personne, à se souvenir d'un ou deux détails marquants et de les retenir, avant de s'attaquer à l'allure générale, les tics et manies, les expressions ... Puis il y avait les interrogatoires, avec leur science consommée des silences, de tout ce que pouvait trahir un coup d'oeil en coin, un mordillement de lèvre, des mains qui tremblent ou encore un pied qui bouge nerveusement tout seul. Alors bien sûr, cela n'était ni une science exacte, ni applicable à toute la vie sociable, mais dire qu'une telle expérience ne laissait pas de traces dans le quotidien aurait été profondément malhonnête. A vrai dire, ce n'était qu'un aspect de son métier dont elle ne pouvait se défaire, mais il était particulièrement prégnant. Surtout quand ce qu'il y avait à regarder était aussi intéressant puisque, autant ne pas mentir, elle n'était pas aveugle, et admettait donc volontiers que sa comparse d'enfumage était de ces beautés qui, à n'en pas douter, faisaient tourner la tête à bien des hommes, et également à quelques femmes d'un simple claquement de doigt et moue appuyée. A une époque lointaine, quand elle avait connu la gloire du ring et l'ivresse des fans, elle devait confesser ne pas avoir été beaucoup plus glorieuse, de ce point de vue, que le mâle moyen. Le désir, après tout, n'avait pas de sexe. Et l'idiotie non plus. Tant qu'elle était à l'heure et en forme à l'entraînement, du reste, son coach n'avait jamais été regardant, sauf en période de compétition intense, alors, à dix-huit ans, en quittant le Texas corseté ... Oui, de telles silhouettes avaient vite eu raison de ses vélléités de vie sage, si tant est qu'elles aient existé un jour. Heureusement, l'âge avait eu raison de ses emportements pas tout à faits adolescents, mais presque, même si, comme elle aimait souvent à le dire, les belles choses étaient faites pour être admirées, et parfois, révérées, de loin, puis de près parfois, lorsque la lumière se tamisait, et qu'évidemment, on n'y voyait plus assez, qu'il fallait se rapprocher, tout doucement, tout simplement ... et peut-être alors que la vénération prendrait des formes moins saintes. Mais cela était pour un autre jour, une autre vie. Dans celle-ci, il n'y avait qu'une appréciation discrète, ainsi que le remerciement secret à quiconque se trouvait dans les cieux pour avoir offert un petit instant de plaisir visuel au milieu de cette journée interminable, et avant l'épreuve qui l'attendait.

La rêverie se finit néanmoins brutalement, et bien différemment de ce qu'elle aurait apprécié. D'abord, elle avait écouté la femme lui expliquer sa journée, déduisant donc qu'elle avait, comme sa première intuition, bel et bien affaire à une avocate travaillant dans l'immeuble. Puis, avait soupesé quelques phrases d'accroche du plus bel effet en entendant parler d'un verre, en sachant très bien qu'elle ne les prononcerait pas, car elle était, presque curieusement, empreinte d'une certaine gaucherie, toujours, à l'idée de concrétiser aussi frontalement une première impression. Il lui avait fallu des semaines pour parvenir à offrir une malheureuse glace à son ex, c'était dire son incapacité chronique à prendre les devants, sauf quand toutes les parties s'accordaient sur le but de la rencontre. Dans une soirée dansante, typiquement, où la danse, à vrai dire, n'était qu'un substitut provisoire à une autre sorte de tango, encore plus enivrant, la question ne se posait pas vraiment. Et cela simplifiait forcément cette partie d'une relation, fusse-t-elle d'un soir, en ouvrant immédiatement le champ des possibles pour ne retenir que la séduction. Oh bien sûr, il y avait aussi un petit manque de confiance en soi après plus de dix ans en couple, à devoir réaprendre à plaire et à aimer. Mais cela, elle préférait ne pas se l'avouer. Et puis après, à quoi cela servirait-il ? De toute manière, ce n'était pas aujourd'hui que tout changerait, sur ce trottoir. Parce que cette femme s'appelait Leah Edelman, et qu'il se trouvait qu'elle était sa future avocate, du moins elle l'espérait. La situation était comique, honnêtement. Et Claire, comme à son habitude, n'y résista pas, serrant la main avancée avant de déclarer :

"Claire ... Wellings, votre futur rendez-vous, et hélas, pas celui d'après travail autour d'un verre, à mon grand regret."

Un nouveau rire lui échappa, avant qu'elle n'ajoute :

"Et moi qui craignait de ne pas trouver votre bureau ... au moins, j'aurai une guide de choix.

Quoique je me sens désormais coupable de ne pas pouvoir embellir votre terrible journée.

Cela dit, au moins, nous sommes désormais certaines de pouvoir terminer nos cigarettes en paix sans risque de retard ... du moins, mutuellement consenti."


Elle lâcha une nouvelle bouffée, le mince bâtonnet se consumant dangereusement, avant qu'elle ne questionne à nouveau :

" Quelle affaire ? Pardon, déformation professionnelle."

Sourire d'excuse, s'amusant presque de sa capacité à se réveiller dès que les termes de justice étaient prononcés. Enfin, elle n'allait pas changer après presque vingt ans de carrière.

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Mer 29 Juil - 21:14
Leah se disait parfois qu'elle ne devait jamais prendre de rendez-vous supplémentaire, les jours où elle venait à plaider au tribunal, surtout quand le dossier était tout nouveau et que cela supposait que le moment risquait de s'éterniser. Généralement, cela faisait double journée, mais c'était ainsi que son métier fonctionnait, elle ne pouvait pas se permettre non plus d'être trop exigeante, après tout, comme Nathaniel lui avait dit, en devenant associer cela voulait dire qu'elle participait forcément à la vie financière du cabinet dans lequel elle travaillait et elle ne voulait nullement le décevoir. Et puis, elle avait le désir de rendre service à Isaie, il avait fait appel à elle sur quelques affaires, et leur collaboration s'était toujours très bien déroulée, une relation de confiance s'était créée ensemble et peut-être même ce qui ressemblait à un début d'amitié l'un avec l'autre, alors si elle pouvait venir en aide à une de ses collègues ce n'était pas plus mal. Et puis il était toujours de nouer des contacts avec d'autres personnes dans la police, après tout la relation qui liait les enquêteurs et les avocats étaient toujours complexes, entre une certaine solidarité mais aussi une certaine méfiance, tout dépendait de quel côté on se mettait, si on défendait la victime ou le coupable, même si parfois la barrière était mince et que les histoires étaient bien plus complexes qu'elles n'y paraissaient. Rien n'était jamais tout blanc ou tout noir. Néanmoins, avoir des contacts et des bons contacts avec des fonctionnaires de police, ce n'était que du positif, on pouvait ainsi demander quelques services de temps en temps, dans la mesure du légal bien sûr, c'était comme ça qu'on se faisait une réputation d'une façon ou d'une autre. En tout cas, elle ferait son maximum pour pouvoir aider sa dernière cliente pour la journée, même si elle devait y passer la soirée, après tout c'était pour cela qu'elle vivait, son métier était aussi sa passion. En attendant, vu qu'elle n'avait pas encore sa cliente sous les yeux, et qu'il lui restait encore quelques minutes avant qu'elle n'arrive, elle avait le temps de se griller une cigarette et d'abîmer un peu plus ses poumons. Et surtout prendre l'air, quoi que cela restait toujours un concept quand il s'agissait de venir faire quelques pas juste en bas d'un grand immeuble. Parfois, elle ne se sentait pas à son aise en plein cœur de Manhattan même si c'était ici qu'elle avait grandis, elle rêvait parfois d'un peu plus de verdure et qui ne se résumait pas seulement à Central Parc.

En tout cas, elle ne pensait pas trouver pareil accueil en bas de l'immeuble. Les personnes faisaient en sorte de passer leur temps à s'éviter, vivant les uns à côté des autres sans pour autant chercher à les rencontrer et à les connaître, la majeur partie de ses pauses cigarettes, se faisait seule de son côté, la laissant divaguer, réfléchir encore et encore aux dossiers qui attendaient en haut. Là, elle ne pouvait que trouver le moment véritablement agréable et la jeune femme l'était tout autant. Leah n'avait jamais été attiré spécialement par les femmes, rien n'avait été tenté dans cette direction-là, même si elle était ouverte d'esprit et qu'elle se disait hétéro-curieuse, la situation ne s'était jamais présentée pour qu'elle vienne à passer le cap. Et il n'en était pas question non plus à cet instant, mais elle ne manquait pas de trouver cette femme à l'allure un peu masculine, belle, et surtout dégageant une assurance telle qu'elle ne pouvait qu'être attractive. Leah lui fit donc un clin d’œil, gardant un sourire léger sur ses lèvres. « Je vous remercie donc de m'avoir secouru, vous êtes une véritable bouffée d'air frais. » Elle lui fit un clin d’œil complice alors qu'elle était tout simplement en train de lui proposer un verre à boire, bien qu'elle savait parfaitement que cela ne serait pas possible, d'une car elle était une inconnue et malgré tout c'était sans doute mal-venu, et de deux, elle n'aurait jamais fini à temps pour pouvoir aller boire un verre à une heure descente, car on était à New-York et la ville ne dormait jamais, il était toujours possible de trouver un bar malfamé ou un truc des plus chics, elle avait ses adresses dans les deux cas, et oui elle ne jouait pas toujours la princesse des beaux quartiers. Elle lui serra sa main avant de se mordre la lèvre et que ses joues se mettent à rougir très rapidement. « On pourra toujours boire un verre après, si on tient encore debout toutes les deux, les premiers rendez-vous sont toujours les plus intenses … » Elle lui fit un sourire malicieux avant de reprendre une bouffée sur la cigarette pour essayer de garder contenance. « Oui je suis toute indiquée pour pouvoir vous emmener là-haut. Ne prenez pas ce que j'ai dit comme quelque chose d'offensant, je me rends juste très disponible pour mes clients et j'aime prendre du temps avec eux pour pouvoir comprendre au mieux la situation et les éléments qui pourront permettre d'atteindre l'objectif recherché. Et si nous sommes bloquées tardivement au bureau, nous n'aurons qu'à commander à dîner. » Elle lui sourit un peu plus, elle s'évertuait à faire au mieux pour ses clients, peut-être trop mais elle n'avait ni compagnon ni enfants, elle pouvait encore se permettre de le faire. « Oh une histoire d'intérêts financiers, de licenciement abusif … Des histoires de la vie courante. »

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Jeu 30 Juil - 21:53
« Ce qui est délicieusement ironique quand j’aide sans vergogne à empoisonner vos poumons … »

Clin d’œil qui répondait au clin d’œil, fugace échange visuel au milieu de celui, verbal, qui réussissait l’exploit de faire rire de quelques banalités susurrées entre deux voitures se klaxonnant furieusement, dans un concert de fumée et de sons biscornus qui retentissaient en permanence, dans cette ville qui ne dormaient jamais. Sans doute pressée d’oublier la raison de sa présence ici, Claire profitait sans vergogne de cette menue parenthèse au milieu de la journée déjà trop remplie et peu engageante. La question de l’identité de sa nouvelle connaissance n’importait guère, puisqu’elles s’oublieraient dans quelques minutes, lorsqu’il faudrait entrer, passer la sécurité et se perdre dans cet antre de la modernité en béton armé pour retrouver les petits affres de l’existence, ses scories qui, sans être de véritables épreuves mettant en jeu la santé, la situation matérielle, n’en demeuraient pas moins douloureuses. Certains les appelaient les choses de la vie. Elle préférait parler des drames du quotidien, de ceux à bas bruits qui a priori n’avaient d’importance que pour ceux qui les vivaient, tristement banals, mais qui, accumulés, pouvaient devenir autrement plus terribles. Heureusement, ce ne serait pas le cas. Elle ne s’estimait pas à plaindre : elle gagnait bien sa vie, avait bien réussi dans son métier, et elle ne doutait même pas de sa capacité à refaire sa vie, même si cela viendrait quand ça viendrait. Il fallait juste … faire avec, se battre et continuer à avancer. Or, comme elle avait l’habitude de le répéter : dans la vie comme sur un ring, elle ne descendait que KO. Et elle ne l’était pas encore. Preuve en était qu’elle se démenait pour récupérer des témoignages en sa faveur, elle prenait contact avec une avocate … et elle continuait à sortir, à profiter des plaisirs simples, sans s’étourdir. Peut-être même qu’elle les appréciait davantage, maintenant qu’elle était libérée du poids d’une conjugalité à bout de souffle et de son poison lent et ordinaire. James lui manquait. Mais elle essayait de ne pas douter qu’ils se reverraient bientôt, imaginant des sorties, des cadeaux … L’essentiel était de ne pas désespérer. Et de se réserver encore des plages de joie, de rire, comme à cet instant précis où la jeune femme face à elle venait de se rendre compte qu’elle parlait à sa future cliente, et rougissait sans que Claire ne sache si c’était dû à sa confusion de s’être épanchée de la sorte ou d’avoir proposé un verre à un rendez-vous professionnel. Un mélange des deux ? Vraiment, la situation était cocasse. Pire, elle excitait son humour, ce qui était rarement une bonne idée. Ne pas taquiner l’avocate davantage semblait presque insurmontable, surtout quand cette dernière avait le don pour les phrases à double sens, à moins que ce ne soit elle qui ait l’esprit mal tourné … Elle n’allait même pas essayer de le nier. Pratiquement vingt ans de police, cela n’aidait pas à ne pas avoir une forme d’humour de caserne, comme certains l’appelaient, à repérer les sous-entendus particuliers ou à apprécier les plaisanteries sombres. L’humour était la politesse du désespoir, d’après le dicton. Et il fallait être très poli face à la misère ou la Faucheuse, pour ne pas devenir complètement fou. Cela servait à instaurer de la distance, de la critique aussi, souvent, à désamorcer les situations gênantes et, souvent, à ne pas s’appesantir sur des pensées sombres. On riait plutôt que de pleurer. C’était sans doute mieux ainsi. On s’étourdissait dans les plaisanteries triviales pour oublier la tristesse, la colère, la tension. Taquiner un collègue, c’était ne pas le laisser aller à sa souffrance intime, lui manifester son intérêt. Alors cet humour, elle le portait en bandoulière, en permanence, et n’hésitait pas à en faire preuve.

« Les rendez-vous les plus intenses sont plutôt ceux où on ne tient pas debout à la fin, je crois. »

Son regard sombre pétilla de malice, tandis que son sourire s’était élargi. D’accord, celle-là, elle était loin d’être innocente. Mais en même temps, il ne fallait jamais lui tendre la perce de cette façon. Et puis, si elle pouvait augmenter son rouge aux joues l’espace d’un temps … pardi, c’était bien trop tentant. Néanmoins, il convenait peut-être d’avoir un peu pitié de la jeune avocate, et de ne pas pousser son avantage trop loin – dès fois qu’elle sentirait mal à l’aise, notamment après ses confidences, ce que semblait indiquait ses excuses, que Claire s’empressa de balayer d’un revers de la main, comme si elle chassait un moustique, pour accompagner ses dires :

« Je n’étais aucunement vexée, je vous assure. Je sais ce que c’est que d’avoir une journée à rallonge ou on enchaîne les sujets, en se disant qu’on aimerait davantage s’attarder sur ces derniers … et les heures supplémentaires quand on s’en donne les moyens.

Techniquement, je trouve même plutôt rassurant que ma potentielle future avocate fasse preuve de tant de professionnalisme.

Cela dit, je vais essayer de ne pas vous accaparer trop longtemps, histoire que vous puissiez retrouver vos pénates et ceux qui vivent à une heure à peu près correcte ? »


Il y avait peut-être un petit-ami, un mari, un amant – une amante – qui attendait son retour, et pour avoir eu longuement des ennuis à propos de sa propre gestion chaotique de ses horaires et d’une trop grande implication dans son travail, elle savait que cela pouvait facilement creuser un sillon funeste dans une vie de couple, de famille. Et puis, in fine, elle restait une femme élevée « à l’ancienne », qui n’aimait pas s’imposer dans la vie des autres, et encore moins des inconnues, fussent-elles charmantes et drôles. Sauf si l’inconnue en question n’avait pas d’endroit où rentrer. Là c’était autre chose. Ou du moins, elle pouvait toujours l’imaginer. Rêvasser, cela n’engageait à rien. Ou même l’envisager à voix haute. N’est-ce pas ?

« Mais si toutes mes bonnes résolutions ne suffisent pas et que je suis un rempart à la solitude … je n’ai rien contre un dîner. La nourriture est toujours meilleure partagée en bonne compagnie. Et c’est une meilleure histoire de la vie courante que le reste, non ?»

Sa cigarette se finissait. D’un geste, elle lâcha le mégot avant de l’écraser sous son talon d’un mouvement vif, laissant les derniers rougeoiements s’éteindre brutalement. Passant une main dans ses cheveux courts pour les remettre en place, un petit courant d’air ayant déplacé sa mèche, Claire indiqua le bâtiment derrière elle, consciente que l’heure avançait :

« Y allons-nous ? »

@ Invité

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Mer 19 Aoû - 14:10
« Je ne vous félicite réellement pas pour cet acte envers ma personne … Surtout pour une représentante des forces de l'ordre d'une des plus grandes villes qui composent notre vaste monde. Et en plus de cela, je suis certaine que vous n'avez même pas honte de vos méfaits ! » Elle lui fit un clin d’œil amusé avant de prendre une nouvelle bouffée sur sa cigarette et de se mettre à souffler la fumée. « J'essaie d'arrêter, et d'ailleurs la plupart du temps je parviens parfaitement à m'en passer et puis de temps en temps je retombe dans mes travers … Enfin ce n'est peut-être pas le pire de mes travers, si on appelle ça des travers par ailleurs. Mais je ne dois rien révéler à un agent de police on ne peut pas savoir ce qui pourrait être utilisé ensuite contre moi et je serai alors dans l'obligation de me défendre moi-même à mon procès. » Le rouge aux joues commençait à monter de plus en plus rapidement au niveau de ses joues, et elle ferma alors les yeux, profitant d'un bref passage du soleil sur son visage comme une douce caresse, au milieu des nuages et surtout des hauts buildings qui entouraient les lieux. Pendant quelques instants, auprès de cette totale inconnue, elle se sentait bien, elle se sentait libre, sans jugement et surtout sans appréhension. Tout était une question de mesure, et malheureusement, elle se rendait bien compte que même si elle était une avocate qui commençait à prendre petit à petit de l'expérience et d'une certaine façon du galon avec son avenir au sein du cabinet dans lequel elle travaillait, elle finissait peut-être que pour autant, elle venait de fêter son vingt-huitième anniversaire, et que même si parfois, elle arrivait à prendre quelques instants pour elle, pour être la jeune femme de moins de trente ans, pleinement active et certaine de son potentiel de séduction. Pour autant, elle se laissait petit à petit enfermer dans son bureau, et même s'il contenait tout le confort nécessaire, même un canapé convertible pour les longues nuits de travail et quand elle n'avait plus le courage de rentrer se coucher chez elle, elle devait bien avouer qu'elle avait besoin aussi de se retrouver un peu et de vivre sa jeunesse comme on le disait. Et elle avait véritablement cette impression à cet instant précis que l'agent de police qu'elle avait à ses côtés était une bouffée d'air frais qui lui faisait un bien fou. Leah regarda donc d'un œil amusé son interlocutrice. « Les rendez-vous les plus intenses sont pour vous ceux où on ne tient plus debout ? Mais si c'est le cas, il y a plein de souvenirs qui s'effacent de notre mémoire … Et certains sont très intenses aussi, ça serait dommage d'oublier un bon coup. » Elle se mit à rire doucement avant de se cacher son visage quelques instants d'une main. Elle n'allait pas être prise au sérieux avec un tel discours.

Leah finit par découvrir son visage, puis elle jeta la cigarette au sol qu'elle écrasa de la pointe de sa chaussure avant de ramasser le mégot et de le mettre dans un petit cendrier de poche. On pouvait se polluer les poumons sans pour autant venir à polluer la planète par la même occasion. « Votre futur avocate ? Vous me faites encore confiance potentiellement confiance après toutes les absurdités que je viens de vous énoncer … Je ne trouve pas que ce soit réellement professionnel, mais écoutez, je suis quelqu'un qui aime plaisanter mais pour autant je suis plus que capable de faire mon travail avec un certain acharnement. On peut dire que je suis une tueuse dans mon domaine … Sans mauvais jeu de mots bien sûr ! Et je prendrais tout le temps qu'il faudra pour pouvoir étudier chaque point de votre dossier et de votre situation, même si cela nous emmène jusqu'au petit-déjeuner s'il le faut. » Elle ne voulait pas que parce qu'elle avait fait quelques blagues, et même d'un genre un peu douteux qu'elle n'était pas pour autant une véritable avocate qui savait ce qu'elle avait à faire et que si elle était là aujourd'hui, à faire ce métier c'est parce qu'elle avait le profond désir de venir en aide aux personnes qui venaient à la contacter pour pouvoir les aider. « Sans vouloir être désagréable, vu l'heure qu'il est déjà, et vu que c'est un premier rendez-vous, je ne doute pas un seul instant que nous irons jusqu'au dîner, à moins que vous ne vouliez pas que je vous représente dans l'affaire qui vous concerne … Si c'est le cas, je connais de nombreux avocats tout aussi talentueux qui pourront vous rendre service et vous aider au mieux … Je peux comprendre qu'entre mon âge et ma taille de minimoys on puisse douter de mes compétences. » Elle hocha la tête. « Nous y allons. » Elle lui fit un sourire avant de lui indiquer l'entrée du bâtiment et de rejoindre l'ascenseur pour pouvoir monter jusqu'à son bureau. Elle observa la policière tout au long du trajet sans rajouter un mot de plus, voulant se recomposer un visage un peu plus sérieux pour pouvoir aborder le sujet sensible et la raison de la venue de Claire Wellings ici. Elle la fit donc pénétrer dans son bureau avant de refermer la porte de ce dernier. « Voulez-vous quelque chose à boire avant de commencer à discuter ? »

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Sam 22 Aoû - 2:41
« Je n’ai pas honte, non. Si grand que soit mon crime contre la santé publique, il me permet d’avoir une conversation en bonne compagnie, alors je n’ai ni regret, ni remord … »

Tandis que Leah achevait sa tirade, Claire s’était contentée d’un sourire et d’un regard un peu plus appuyé, enveloppant, sur la jeune femme, qui avalait autant les mots que la fumée de sa cigarette, l’hypnotisant légèrement sous son débit, lui rappelant une époque plus légère, une où elle avait une vingtaine d’années, à parler à une inconnue dans un bar, de tout et de rien, à sourire pour des riens et à rire de tout, surtout. C’était une époque où la jeune championne allait partir pour Sydney, ou tout était ouvert, la gloire à portée de mains, et surtout avec cette forme de joie étrange de croquer la vie à pleine dents, à prendre les opportunités sans se retourner, et à ne pas réfléchir à ce que l’on faisait. Il y avait, sur ce petit bout de trottoir new-yorkais, au milieu des passants précis, de la fatigue due à une longue journée, des soucis d’adulte, une porte entrouverte sur un monde un peu oublié, celui des conversations faciles et des rencontres. Depuis combien de temps n’avait-elle pas … pris le temps, tout simplement ? Trop, sans doute. Était-ce un produit des années qui s’écoulaient, enfermant dans une routine même les personnes les plus heureuses, à voir les mêmes amis parce que parvenir à se réunir relevait déjà de la gageure entre le travail, les enfants, les parents parfois dont il fallait prendre soin, alors en découvrir de nouveaux, cela devenait difficile. Peu à peu, son univers avait rétréci. Il fallait dédier ce qu’il restait d’une journée à recoller les morceaux d’un vase brisé, dont les fissures se faisaient de plus en plus béantes, et qu’elle avait pourtant, à tant de reprises, réparé, par obstination et par amour, même après qu’il se soit fané, en souvenir des jours heureux et de ceux qui l’étaient moins. Elle ne savait pas exactement à qui elle avait affaire, certes. Mais elle avait l’impression qu’en dépit de leur différence d’âge et de tout ce qui pouvait se trouver entre Leah Edelman et elle, l’autre femme éprouvait un besoin similaire de parler, pour oublier quelque chose. Ou pour se confier, à n’importe qui. Qui se trouvait être une cliente, mais difficile de s’arrêter, quand on avait commencé. Et le pire, c’est que Claire ne pouvait s’empêcher de trouver que le rouge aux joues lui allait bien, et qu’avec le soleil l’éclairant, c’était encore plus charmant. Dangereuses pensées, qu’elle s’efforça de remiser dans les tréfonds de son esprit. Décision qui ne dura que quelques secondes, avant d’entendre l’avocate reprendre ses propos et continuer manifestement sur la pente glissante installée pour rire. Riait-elle ? Oh, oui, même si elle venait de se rendre compte de ses propos. La commissaire-adjointe sentit un rire rauque lui échapper. Et, sans merci, plutôt que de laisser la malheureuse respirer, elle attaqua derechef, toutes ses bonnes résolutions oubliées.

« Je parlais d’un genre d’ivresse qui laisse d’excellents souvenirs, en effet. »

Les mots avaient roulé sur sa langue pour tomber doucement aux pieds de Leah, avec assurance, sans que l’inflexion de sa voix ne trahisse autre chose qu’un amusement évident. Dans son métier, on échangeait les sous-entendus toutes les trois minutes, dans cet humour de corps de garde, qui allait de la plaisanterie la moins subtile aux jeux de langage les plus ingénieux, la lueur au fond du regard pour en caractériser l’étendue. C’était facile, ainsi, d’oublier les réalités de leur travail, ou simplement de l’existence. Claire y était habituée, à tel point qu’il s’agissait pratiquement d’une seconde nature, qu’il s’agisse d’un sarcasme délicieusement noir ou d’un double-sens parfaitement évident, voire d’une assertion simple, dont la délivrance se passait d’artifices, parce que son plaisir résidait ailleurs, dans la provocation tacitement offerte. Ses répliques avaient toujours eu tendance à claquer, sèches ou chaleureuses, suivant l’interlocuteur et sa volonté. Souvent, elle avait réussi à éteindre des situations de tensions avec une remarque de ce style, destinée à se moquer de la personne l’ennuyant, ou de ceux qui se prenaient un peu trop la tête. Et dans les autres cas, c’était tout simplement une manière de montrer son affection. Certes, quand on la voyait d’habitude, stricte et ferme, peu imaginait l’autoritaire officier capable d’un tel laisser-aller. Comme quoi, il ne fallait jamais juger un livre d’après sa couverture. Ce qui s’appliquait tout à fait à son interlocutrice, présentement. Qui, d’ailleurs, babillait désormais tout un tas de non-sens, comme si trois plaisanteries allaient la faire changer d’avis … Sincèrement, elle avait entendu largement pire. Et mieux valait quelqu’un capable de relâcher la pression qu’un robot débitant des textes de loi avec la précision d’un ordinateur. En termes de rapports humains, du moins, c’était plus évident, et autant prendre quelqu’un qui aimait la vie pour défendre les débris de la sienne. La laissant, une nouvelle fois dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, Claire se contenta d’un sourire en coin rassurant, avant de finalement reprendre la parole, alors qu’elle lui emboîtait le pas :

« Votre capacité à m’empêcher de vous interrompre quand vous avez décidé de défendre votre point de vue plaide fortement en votre faveur comme avocate, Maître Edelman … »

La taquinerie était évidente, mais la policière, magnanime, préféra continuer plutôt que d’embarrasser la jeune femme.

« Sincèrement, vous savez quel métier je fais. J’ai été dans plusieurs unités … difficiles. Si on ne prend pas des pauses, à plaisanter, à discuter, à juste vivre … On devient fou. J’ai beau être quelqu’un à la réputation assez … stricte, dans mon travail, même moi je ne peux pas passer dix heures à un bureau sans décompresser.

Il s’est avéré que pour une fois, votre sas de décompression était une cliente. Qui en avait bien besoin aussi. Nous nous sommes mutuellement rendues service, en somme.

Maintenant, j’ai hâte de vérifier vos promesses d’acharnement ! »


Pendant qu’elles prenaient l’ascenseur, Claire en profita pour glisser, alors qu’elles se trouvaient côte à côte dans la machinerie :

« Promis, si ce premier rendez-vous vous contraint à rester jusqu’au petit-déjeuner, j’offrirai les croissants. »

Un léger clin d’œil et elle s’effaça pour laisser Leah passer à travers les portes – il eut été un peu ridicule de parler de galanterie mais de politesse, oui, cela lui allait fort bien. Elle la suivit ensuite jusqu’à son bureau et, une fois entrée, hocha la tête à son offre :

« Avec plaisir oui, merci. Ce que vous avez, de l’eau sera très bien. »

Loin de sa bière ordinaire, mais honnêtement, elle n’allait pas en demander trop. Et puis, il était temps d’en venir aux faits. Une fois qu’elles furent installées, Claire prit la parole, se disant qu’il valait mieux crever l’abcès tout de suite.

« Si je suis venue vous trouver, c’est pour que vous me représentiez dans le litige qui m’oppose à ma future ex-épouse vis-à-vis de la garde de mon beau-fils.

J’aimerai un droit de visite, au moins. Je l’élève depuis qu’il a un an … et il en a onze maintenant. J’y suis très attachée, mais je crois aussi sincèrement que la préservation de notre lien est dans son meilleur intérêt, sinon je ne ferai pas cette démarche.

Je … nous sommes très proches. J’ai amené un dossier avec des preuves matérielles de mon investissement dans son éducation, et … quelques témoignages de proches. Je ne sais pas si c’est suffisant, mais j’ai pensé …
Enfin, vous verrez par vous-même. »


Soudainement, sa gorge la piquait. Sa voix grave avait pris des intonations atones, qui exprimaient probablement mieux qu’une souffrance aisément discernable la douleur sincère à l’idée de perdre son lien avec James. Et Claire était peut-être une femme qui n’avait pas peur de faire face aux embûches sur son chemin, il en était des intimes qui fissuraient sa carapace. Cela ne la dérangeait pas. Plus. Avec le temps, elle avait appris que ces émotions, pour rentrées qu’elle soit, car elle ne serait jamais une personne expansive à ce sujet aisément, étaient naturelles. Et il n’y avait pas de honte, à ses yeux, à vouloir se battre pour dix années d’une parentalité qu’elle n’avait pas voulue, qui s’était imposée elle par amour, mais qui était là, qui avait grandie, petit à petit.

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Sam 12 Sep - 13:36
Leah était capable d'affronter les juges les plus durs, les plus machos également. Il n'était jamais bon d'être une femme dans un travail qu'on estimait être encore fait pour les hommes. Certains cherchaient à vous piétiner dès vos études, vous rappelant qu'à la fin, vous viendrez à finir à être seulement une belle secrétaire dans un cabinet d'avocats ou une simple consultante dans un service juridique quelconque. Leah n'avait en plus pas un physique facile, bien sûr, il était dès plus agréable à regarder et elle en avait pleinement profité pour pouvoir séduire les hommes qu'elle avait rencontré et qui avaient partagé une nuit en sa compagnie, mais rarement plus. Elle n'était pas très grande, elle avait des grands yeux curieux qu'elle posait sur le monde avec une certaine avidité, mais entre leur couleur éclatante, sa blondeur et sa peau de porcelaine, on aurait dit une véritable petite poupée, trop précieuse pour risquer de la laisser glisser et de se briser en mille morceaux. Même si elle n'avait clairement pas besoin d'être protégée, elle faisait une tête de moins que la plupart des collègues qu'elle pouvait côtoyer au cabinet ou au tribunal, sans parler de sa jeunesse qui semblait l'empêcher d'avoir une certaine crédibilité qui ne faisait que de la rendre plus hargneuse encore quand il le fallait. Pour autant, à cet instant, la jeune avocate était quelque peu fatiguée de sa journée, qui faisait suite à d'autres journées dans le même genre et effectivement, elle commençait à être un peu tendue. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'était pas apte à faire le travail qui était demandé et si elle prenait le temps de discuter avec la policière, qu'elle venait même à plaisanter avec cette dernière et qu'elle se montrait presque culottée dans une certaine mesure, mais elle avait besoin de se détendre et il était clair qu'il en était de même pour la collègue d'Isaie. Sa présence lui faisait du bien, et pendant quelques instants, elle n'était plus enfermée dans ce carcan et dans ce maudit tailleur qui venait à la serrer. Elle ne savait pas en quoi véritablement consistait le motif de la venue de Claire Wellings jusqu'au cabinet d'avocats, mais elle ne doutait pas pour autant qu'il serait agréable de travailler avec elle, pas forcément simple car si on venait trouver un avocat c'est que généralement il y avait un soucis qu'il était important de régler.

Leah détourna quelques instants son visage pour pouvoir camoufler le rouge qui venait à couvrir ses joues maintenant. Elle n'allait certes pas jouer la timide, ni avoir honte pour autant de ce qu'elle avait dit mais elle se demandait néanmoins si elle n'avait pas été un peu trop loin dans ce qu'elle venait de lui raconter, sans parler du fait qu'elle n'avait visiblement pas cesser de parler sans laisser réellement la possibilité à son interlocutrice de pouvoir en placer une. Leah vint à se mordre légèrement la lèvre tout en regardant à nouveau Claire avec une légère grimace sur le visage. « Veuillez m'excuser … J'avoue que je me laisse parfois emporter, c'est un défaut autant qu'une qualité, même si cela tient bien souvent plus du défaut qu'autre chose … Je suis en tout cas heureuse que vous n'ayez pas envie de prendre la fuite à cause de ma rapidité de paroles. Et heureuse également d'avoir l'une comme l'autre une identité assez identique par rapport à la façon de travailler et puis si cela peut être un bonus à notre collaboration, autant en profiter. » Mais il était certain qu'elle ferait au mieux pour répondre à ce qu'elle attendait d'elle, si elle venait à juger qu'elle pouvait lui venir en aide bien sûr. De cela, ce n'était clairement pas à elle de le décider, juste d'amener les preuves de ses compétences professionnelles. Elle la conduisit donc en direction de son bureau, elle fut amusée à la réflexion sur les croissants, mais ne répondit rien pour autant à l'attention de l'officier de police, elle ne voulait pas raviver une nouvelle fois le petit jeu qu'il s'était installée entre elles, sinon elle n'arriverait pas à avancer et Claire Wellings pouvait parfaitement avoir ses propres projets pour la soirée, un rendez-vous chez un avocat demandait parfois de s'accorder un instant de détente une fois qu'il était terminé. Leah indiqua donc à sa nouvelle cliente potentielle où elle pouvait s'installer une fois dans son bureau. La jeune avocate alla donc lui servir un verre d'eau, lui posant le verre et la bouteille juste à côté d'elle alors qu'elle se servait de l'eau pétillante de son côté. Elle s'installa ensuite dans son fauteuil, prenant un bloc note sur ses genoux, elle avait toujours eu la nécessité d'écrire pour pouvoir retenir certains détails, à moins que ce n'était qu'un réflexe qu'elle avait gardé depuis ses années d'étude. Elle laissa l'agent de police lui expliquer la situation, ne venant pas à l'interrompre, prenant quelques notes rapides. Le fait qu'il n'y ait eu aucun papier officiel pour une quelconque adoption ou toute démarche officielle pour prouver la place effective de Claire dans la vie de l'enfant pouvait en effet être un frein dans la procédure. « L'intérêt de l'enfant est toujours le plus important pour un juge … Et si vous avez un dossier avec des preuves effectives de votre présence active auprès de ce garçon, cela ne pourra que nous aider … Pour autant, sans rentrer dans les détails de votre vie intime bien évidemment, j'imagine que si vous êtes là aujourd'hui c'est que vous n'avez pu réussir à discuter avec votre ancienne compagne d'un possible droit de visite, c'est ça ? Avez-vous eu la possibilité de faire une médiation avec elle à ce sujet … Et je vais devoir également vous demander quels sont les termes de votre contrat de divorce ? » Ce n'était jamais simple de rentrer dans la vie privée des gens, surtout dans un cas de divorce, si on s'était lié à la personne c'est qu'on avait l'espoir qu'on passe le restant de sa vie à ses côtés. Le bonheur d'un enfant à ses côtés n'était pas chiffrable, et au moment de la séparation, les rancunes venaient parfois à être plus forte que le bien commun et le souvenir des moments agréables du passé, pas toujours si lointain que cela.

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Lun 5 Oct - 15:32
« Disons que mes tentatives n’ont pas abouties. Je crois que l’idée ne lui a pas vraiment traversé l’esprit. Durant sa précédente séparation, la question ne s’était pas posée, comme le père de James n’a pas souhaité conserver un réel lien avec lui. Alors je pense … que pour se protéger, elle a éludé la question jusqu’à ce que je la mette sur le tapis. »

Claire n’avait pas envie de charger son ancienne femme, et cela se sentait dans sa manière de présenter la situation, presque formellement, en tenant compte du traumatisme qu’avait été, pour son ex, le fait de se retrouver seule avec un bébé à peine né. Elle s’était débrouillée pour tout seule pendant un an, et avait à cœur, comme beaucoup de parents séparés élevant sans leur précédente moitié le fruit d’une union avortée, de préserver son enfant comme ses prérogatives de parent. La commissaire-adjointe pouvait comprendre. Elles n’avaient jamais eu une vision similaire de l’éducation, et jusqu’à leur rencontre, sincèrement, elle se voyait sans enfant. Au début, cela avait tenu davantage de la cohabitation qu’autre chose, entre la maternité et elle. Et puis, finalement, pas à pas, l’ancienne boxeuse s’y était faite, et avait découvert quelque chose qu’elle ne soupçonnait pas ne serait-ce que vouloir. Cela n’aurait pas dû étonner chez une membre des forces de l’ordre, ce besoin sincère de protéger, mais quand c’était arrivé, un jour, lorsqu’elle avait récupéré le môme avec des bleus partout suite à une dispute dans la cour de récréation, elle en avait été soufflé. Quand elle en avait parlé avec sa mère, au téléphone, cette dernière avait simplement déclaré, à l’autre bout du fil, qu’elle venait de découvrir les joies et tourments d’être parents. Et depuis ce moment, elle s’était sentie mère, aussi fou que cela aurait pu paraître à la Claire de ses vingt ans, fière et indépendante. La réalité l’avait rattrapée : pour quelqu’un qui appréciait autant l’ordre, difficile de s’imaginer papillonner trop longtemps. Elle appréciait le sérieux au sein d’un couple, alors pourquoi ne pas étendre cela à des enfants ? Sauf que désormais, tout était remis en cause. Quel épilogue tragique à une belle histoire, dont elle aurait pu réussir la conclusion. Elles avaient failli, à vrai dire. Tout aurait été plus simple s’il n’y avait eu que les choses bassement matérielles à se partager.

« Sur le reste, nous nous sommes très bien accordées. C’est un divorce par consentement mutuel, il a bien fallu prendre acte que nous ne nous entendions plus. Nos biens sont divisées équitablement, j’ai amené les accords à ce sujet. Je lui ai laissé davantage lors de la vente de notre appartement, car si ses revenus sont en moyenne plus importants que les miens, ils sont moins stables et l’apport était ainsi suffisamment conséquent pour trouver un nouveau logis plus facilement. »

En tant qu’artiste, son ex-femme était soumise aux lois du marché et à un montant de ventes par essence aléatoire, alors que Claire avait un revenu solide qui ne variait qu’en fonction des primes potentiellement obtenues, et restait donc en moyenne plus élevé. Aussi un tel partage lui avait semblé plus juste, plus logique. Quant aux meubles, chacune avait récupéré les apports personnels et le commun avait été divisé ou vendu. Vraiment, jusqu’à la question fatidique de la garde, tout avait paru idyllique, si tant est que le mot puisse s’appliquer à un divorce. Sans doute, trop manifestement. Après, sans savoir exactement ce qui bloquait, elle pouvait toujours émettre des hypothèses. L’honnêteté la poussait à en faire part à son avocate, peu importe si cela desservait sa cause.  

« J’ai fait des démarches il y a quelques années pour une adoption ouverte de James, mais j’avais besoin de l’accord de son père, et ce dernier ne l’a pas donné. J’ai imprimé les échanges de mails et les débuts de mes démarches. Les rapports entre le père et la mère de James sont … complexes, et n’ont pas été arrangés par notre mise en couple. J’ai préféré éviter de continuer plutôt que de risquer une dégradation définitive. »

Comme souvent, malgré ce qui se logeait entre les lignes de son discours, Claire était restée parfaitement neutre dans son compte rendu, ne s’attardant pas sur la vérité de certains propos. Ce n’était pas la question, aujourd’hui.

« Pour le reste … je ne vais pas nier que mon ex-épouse et moi-même avions des visions de l’éducation différentes, et que cet état de fait peut jouer dans son refus présent. Je persiste néanmoins à penser qu’elles étaient complémentaires, et que James a bénéficié de cette richesse pour s’épanouir. »

Un instant, Claire se perdit dans ses souvenirs de temps plus heureux, avant de farfouiller dans ses papiers et d’en sortir photographies et factures diverses.

« Il aime beaucoup le sport. Je l’emmenai presque toutes les semaines voir l’équipe de la ville de football américain. Il voudrait en faire au lycée … Mon ex trouve que c’est un sport trop violent, mais vu mon passé de boxeuse professionnelle, je me voyais mal faire des réflexions à ce sujet. »

Malgré l’assurance dans sa voix, sa main tremblait légèrement en serrant les coins d’une photographie un peu jaunie où un petit garçon se trouvait juché sur ses épaules, faisant une holà dans un stade comble, un immense sourire aux lèvres partagés par sa monture, qui le couvait du regard. C’était une image simple, présente dans un cadre sur la commode de milliers de familles. S’arrachant à regret à sa contemplation, Claire posa son regard neutre sur l’avocate et de demander d’une voix aussi contrôlée que possible, mais où perçait distinctement l’espoir :

« Je ne sais pas si cela vous apparaît jouable mais … si c’est le cas, j’en serai très heureuse. Et si ce n’est pas possible, il n’y aura pas de problème. »

Pour autant, elle priait silencieusement pour une réponse favorable. Pour avoir encore un peu d’espoir.

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Sam 31 Oct - 11:27
La discussion repartit sur un ton bien plus sérieux, il n'était plus le temps de s'amuser ni de se taquiner, mais c'était celui de se remettre au travail pour que Leah puisse comprendre la situation globale dans laquelle se trouvait Claire Wellings, sa nouvelle cliente, qui venait à être plongée dans un imbroglio juridique autour de la garde de l'enfant, ou plutôt d'un droit de visite en plein milieu d'une séparation. Comme souvent, les choses se révélaient difficiles et douloureuses, on s'était aimé et on se déchirait pour peu. Souvent, on venait à s'opposer pour des questions purement matérielles, mais dans le cas présent, il semblait que les biens avaient été séparés de manière intelligente, au profit visiblement de l'autre parti qui disposait de moins de ressources financières, ou plutôt de ressources financières irrégulières. Claire n'avait clairement pas été obligée d'agir de cette façon, elle aurait très bien pu réclamer son dû au moment du divorce, c'était après tout légal, elle aurait été pleinement dans son droit et personne n'aurait été lui dire quoique ce soit à ce propos. Pour autant, le partage avait été réglé et donc si le nœud du problème n'était pas les biens mobiliers ou immobiliers, le sujet de conflit le plus important ne pouvait être que l'enfant que le couple avait élevé main dans la main jusque là, ou en tout cas sous le même toit. Le mariage entre les deux femmes avait duré assez longtemps pour que la policière vienne à avoir une réelle influence dans la vie de l'enfant en question. Mais c'était là que le véritable problème venait à se montrer. Elle n'avait pas adopté légalement l'enfant, elle n'avait donc juridiquement parlant aucun droit quel qu'il soit sur le garçon, même pas un simple droit de visite si sa mère en décidait ainsi. Visiblement, il y avait eu une tentative de procédure pour que l'adoption se fasse sans qu'elle ne vienne finalement à aboutir sur quelque chose ou en tout cas elle avait demandé à sa conjointe d'entamer les démarches pour cela. Sans doute que la peur de demander directement au père son accord avait bloqué la situation, pas forcément parce qu'elle s'était remise avec quelqu'un d'autre, mais sûrement que le sexe de la personne en question avait eu son rôle dans l'histoire. De ne pas vouloir être jugée sur sa nouvelle vie, et sur ses nouveaux choix d'existence d'ailleurs, ou tout simplement, puisqu'il ne voulait pas prendre part aux décisions qui concernaient son fils, elle ne voulait pas qu'il puisse avoir un quelconque moyen de pression ou d'ingérence dans la vie qu'elle s'était construite après son départ. On pensait toujours que rien ne pouvait séparer deux être qui s'aimaient aussi sincèrement qu'on puisse l'imaginer au début d'une relation, mais malheureusement le destin venait parfois à éloigner les cœurs.

« Je vous promets que je ferai mon maximum pour pouvoir apporter une solution positive à tout cela. Je ne peux pas vous promettre une solution miracle pour autant, il va falloir malheureusement sur le côté affectif, et sur le fait que vous étiez un membre de sa famille par le biais du mariage avec sa mère. C'est pour cela que je préconise une médiation entre vous deux, avant de devoir avoir une approche sans doute plus, agressive, même si je n'aime pas employer ce mot-là. Des choses seront à ce moment-là déterrer, et si la médiation ne fonctionne pas cela ne sera bon pour personne, et encore moins pour lui. » Elle ne pouvait entrer dans la discussion sur la façon de voir l'éducation d'un enfant, elle ne pouvait qu'imaginer que cela dépendait avant tout de l'expérience de chacun durant sa propre existence puis ensuite des décisions qu'on devait prendre au fur et à mesure de la croissance du bambin. Il n'y avait pas de parents parfaits, on ne pouvait que donner le meilleur de soi-même, et si Leah avait quelques idées sur la façon dont elle viendrait à gérer les choses le jour où elle deviendrait mère à son tour, elle ne pouvait pas savoir ce que cela donnerait avant d'avoir son propre bébé. « On va monter le dossier ensemble, on va prendre tout ce que l'on peut prendre et ensuite je contacterai le médiateur ainsi que l'avocat qui défend votre ex-conjointe et on tentera d'organiser une confrontation entre les différents partis le plus rapidement possible. Je vais néanmoins également contacter le juge aux affaires familiales pour savoir si nous pouvons demander le témoignage de votre fils pour pouvoir entendre aussi ses besoins à lui. » Elle lui sourit doucement. Il était temps de se mettre au travail. Et celui-ci leur prit sans doute plus de temps qu'elle ne l'aurait songé au départ, il semblait que Claire avait préparé au mieux le rendez-vous avec son avocate et Leah après un premier état des faits, trouvait qu'elles avaient assez bien avancé. La soirée était plus qu'entamer puisqu'il était plus de vingt-et-une-heure. Leah se passa une main dans les cheveux avant de regarder Claire dans les yeux. « Il est un peu tard pour pouvoir prendre l'apéritif mais si vous le voulez nous pouvons toujours aller dîner ensemble, après tout je vous l'avais promis ! »

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