Morgana se sentait dévastée, depuis quelques jours. Liam était réapparu dans sa vie, comme par magie. Huit ans de deuil et des coeurs brisés, tout ça pour un homme qui avait disparu. Seulement disparu. Il lui avait dit, de n'en parler à personnes, mais elle n'y arrivait pas. Il fallait qu'elle parle, qu'elle fasse sortir toute cette peine et cette colère. William s'occupait de Saeed, elle ne voulait pas le déranger. Ceci-dit, il faudrait qu'elle lui en parle. Elle voulait des réponses, que Liam, ou Blai maintenant, ne lui avait pas donné. Et il pourrait l'aider, la soutenir. Il comprendrait sa peine, mais pour l'instant elle avait besoin de Jon. Son ami d'enfance, celui qu'elle connaissait depuis si longtemps qu'elle ne se souvenait pas de leur rencontre.

Elle sonna à la porte de son ami, espérant ne pas croiser Madison. Comment lui dire qu'elle soutenait sa décision, qu'elle trouvait que Jon avait fait de la merde, mais qu'elle continuait à le soutenir ? Elle ne savait pas où se placer, parce qu'il restait son ami et le parrain de son fils. Il restait celui qui l'avait le plus soutenu après la "mort" de Liam, celui qui l'avait aidé à se battre. Sans lui, elle n'aurait pas réussi à se relever. Alors, c'était une situation délicate. Elle ne comprenait pas sa connerie -comme souvent-, mais il restait son meilleur ami. Alors, elle ne pouvait pas l'abandonner et lui mettre un couteau dans le dos. Pas après tout ça.

Son coeur battait à mille à l'heure, alors qu'elle attendait qu'il n'ouvre. Elle tremblait, complètement bouleversée par la tournure que prenait sa vie en ce moment. Des larmes menaçaient de tomber et c'était si rare de la voir vulnérable, elle qui était tellement forte. Morgana dont le caractère de feu l'empêchait de craquer, elle qui n'aimait pas se montrer ainsi. Pourtant, aujourd'hui, elle n'y arrivait pas. C'était plus fort qu'elle, c'était son coeur brisé qui parlait. Son coeur en deuil, depuis huit ans. Un deuil, qui se transformait en un sentiment d’abandon et de trahison. « Jon », murmura-t-elle d'une voix tremblante, quand il ouvrit la porte. « Faut que je te parle ».

« C’est bien lui ! », s’écria-t-elle d’une voix aigüe, comme si elle avait peur qu’il ne la croit pas. Elle le connaissait assez bien, pour savoir qu’il ne la prendrait pas pour une folle, mais elle était dans un état second. Incapable de penser de la sorte. C’était tellement le bazar dans sa tête, elle ne savait même plus ce qu’elle devait ressentir. C’était tellement violent, d’apprendre qu’elle avait enterré un cercueil vide et qu’elle avait fait le deuil d’un homme qui n’était pas mort. Tout la peine qu’elle ressentait s’était démultipliée, elle était en colère, elle ne comprenait pas. D’un autre côté, elle était heureuse de le revoir parce qu’elle avait tellement espéré un moment comme ça, ce qu’elle pensait impossible vu qu’il était mort à ses yeux. Finalement…

« Je… », elle marqua une pause, ravalant ses larmes et marchant jusqu’au salon. Il la guidait dans ce logement qu’elle connaissait par cœur, presque mieux que son propre appartement. Elle s’asseya sur le canapé et fixa un point dans le vide, avant de tourner la tête vers lui et de le regarder dans les yeux. « On s’est parlé. C’était bien lui. », répéta la brune, d’une voix tremblante. Elle était bouleversée par ces retrouvailles. « Cet idiot a laissé une lettre et a cru que je ne le chercherais pas ! Je l’ai trouvé, on a parlé. Il refuse de me dire pourquoi il s’est caché pendant huit ans, il veut rester cacher et n’avoir aucun contact avec nos enfants. Je ne comprends pas, pourquoi il est revenu alors ? Pourquoi ? ». Elle couvrit sa tête de ses mains, se sentant dépassée par la situation. Elle sanglotait, craquant totalement à côté de son meilleur ami. L’un des seuls à qui elle pouvait se confier. « Je le déteste, Jon. Je te jure que je le déteste… autant que je l’aime encore. Pourquoi il m’a fait ça ? Pourquoi il m’a abandonné ? ». Son cœur brisé criait. Il criait de douleur, de peine. Tout ce qu’elle avait ressenti pendant huit ans, laissait place à un fort sentiment d’abandon.

Morgana passa ses mains sur son visage en poussant un long gémissement. Le pire, c'est qu'il n'avait pas tord. Il arrivait, lorsqu'une situation s'avérait trop dangereuse, que le corps de police cache une personne, lui change son identité et toute sa vie. Dans ces cas là, la personne en question n'avait plus le droit de contacter sa famille. C'était beaucoup trop risqué, même si ça s'avérait être compliqué à suivre. Morgana se disait, de plus en plus, que c'était sûrement le cas de Liam. Une affaire qui avait mal tourné, ils avaient tout effacés pour le faire croire mort. Voilà, pourquoi elle n'avait pas eu le droit de voir son corps.

« C'est possible », répondit-elle d'une voix tremblante. « Mais souvent, quand il y a un conjoint et des enfants, ils sont impliqués et cachés ensembles. Je ne comprends pas pourquoi ça n'a pas été le cas avec Liam. J'étais enceinte, j'avais besoin de lui ». Elle déposa son dos contre le dossier du canapé, laissant sa tête tomber en arrière et fermant les yeux, un court instant. Elle essayait de tout mettre au clair dans sa tête, mais elle avait tellement de questions sans réponses. « J'ai essayé de regarder dans les archives, il n'y avait rien. Je pense qu'il a été placé sous protection, mais ça me rend folle de ne pas savoir pourquoi, ce qu'il s'est passé ».

Elle passa une main sur son visage, épuisée par tout ce stress. Elle avait les traits tirés, par la fatigue. Elle était sous tension, réfléchissait beaucoup et se reposait peu. John avait raison, c'était mauvais pour ce bébé qui grandissait en elle. Oh bordel. Toute cette situation était compliquée. Liam qui revenait, au moment où elle laissait un autre homme entrer dans sa vie... ça allait causer des problèmes, toute cette histoire. Elle posa sa tête sur l'épaule de son meilleur ami. « Qu'est-ce que je ferais sans toi, hm ? ». Elle fit un petit sourire, avant de s'asseoir correctement et de poser une main sur son ventre, toujours plat. « Comment tu vas, toi ? ».

Morgana ne répondit rien, un léger soupir s'échappant de ses lèvres. Il avait raison, quelque part. Ca avait dû être difficile pour Liam et elle essayait de se mettre à sa place en imaginant voir sa famille évoluer sans lui, mais il était parti et elle avait vécu un deuil douloureux. Elle ne savait pas si elle aurait la force de lui pardonner un jour, en tout cas, pour l'instant. Elle se sentait trahi, en colère et profondément triste.

La brunette releva les yeux vers son meilleur ami, lorsque celui-ci s'excusa de ne pas être plus présent et qu'il s'asseyait à côté d'elle. Elle fit un sourire triste, attrapant sa main pour la serrer. « Arrête de raconter des bêtises, Jon », répondit-elle doucement, d'une voix plus calme. « Tu as tes propres problèmes. Tu es déjà très présent, j'ai tellement de chance de t'avoir dans ma vie ». Et elle n'avait jamais pensé le contraire. Il avait toujours été très présent : après l'accident de voiture qui avait coûté la vie à son père, lorsque Liam était mort et qu'il avait été à ses côté à son accouchement, et encore maintenant. Elle n'avait qu'à l'appeler et il rappliquait. Elle s'était toujours sentie tellement chanceuse d'avoir un ami comme lui, loyal et présent. Et elle essayait de faire de même, même si ce n'était pas toujours facile.

Morgana l'écouta parler de ses problèmes avec Maddison, se taisant pour respecter son temps de parole. La brune soupira, lorsqu'il eut terminé. « Tu connais mon avis sur ce que tu as fait », répondit-elle. Elle l'avait déjà engueulé, c'était son rôle d'amie de lui tirer les bretelles quand ça n'allait pas et ça ne servait à rien qu'elle recommence. Là, il avait besoin d'elle. Elle le sentait. Maddison était une gentille fille, elle l'appréciait et elle ne méritait pas ce qu'il avait fait...mais il restait son ami et elle savait une chose : il était profondément amoureux d'elle. « Je pense que la thérapie conjugale est une bonne idée, elle va vous aider à communiquer et à mettre les choses à plat dans un endroit neutre ». Elle lui fit un sourire rassurant, serrant doucement sa main. « Ca va aller. Si tu te bats, tu vas la récupérer. J'en suis sûre... »