l’excitation est palpable. elle se matérialise dans tes sourires joviaux. dans ton incapacité à rester en place, les yeux plein d’étoiles. cet état est alimenté par une seule et unique situation ; tu vas passer la soirée avec ta vénus. à cause de la crise mondiale récente, tu as dû rester cloitré chez toi, un peu comme tous les habitants de la planète terre. t’étais dans l’incapacité de voir tes amis, de travailler avec tes mannequins, de fouler le sol de ta ville préférée. t’avais mis entre parenthèse ta vie toute entière ainsi que les petits plaisirs qui te rendent de bonne humeur. certes, lors de ladite crise, une cohabitation inattendue avec dante avait vu le jour. maintenant que t’y penses jesse, c’était tellement facile avec lui. au début, t’avais peur. peur de laisser ta solitude accoutumée prendre le dessus et rejeter la présence du jeune homme. ce n’était pas le cas. ce n’était vraiment pas le cas. comme si ton corps et ton esprit s’étaient connectés aux siens, acceptant et surtout adorant l’avoir dans les parages. le fait qu’il retourne chez lui t’a plus au moins déboussolé, comme si t’étais habitué à le voir tous les matins, lui et son sourire taquin. le vide avait repris sa place légitime sur ton quotidien, te rendant à la fois vulnérable et farouche. pendant cette longue période passés ensemble, tu ne t’es pas attardé sur la signification de tes sentiments. là encore tu les fuis, préférant reprendre le train-train paisible de ton existence au lieu de faire face à des questionnements incessants. des “et si” martyrisant les murs de ta bulle de protection. c’est mieux ainsi, oui vraiment.

tu secoues de la tête. tu n’as pas le temps de te perdre dans tes réflexions contrariantes. tu dois sortir tout de suite si tu veux être à l’heure. ponctuel et surtout enthousiaste, tu quittes ton appartement en prenant la direction du manoir el jaamil. au bord de ta voiture, garée à l’entrée, tu envoies un texto à ta princesse, l’avertissant de ton arrivée. en attendant, tu allumes une cigarette que tu coinces entre tes lèvres. tu ne sais pas trop où vous irez. peut-être manger un truc, boire un verre ou vous promener au bord du lac voire décompresser dans un parc d’attraction. en réalité tu t’en fous. tant qu’elle est à tes côtés, tant que sa main est dans la tienne, le reste n’a guère d’importance. le simple fait de la voir, de la serrer dans tes bras, te suffit pour oublier tes maux, tes doutes et tes peurs incessants. là voilà, toujours aussi belle. toujours aussi rayonnante. un réel éclat de douceur et de magnanimité. tu descends de l’habitacle juste pour la prendre contre toi. tu t’en fous des consignes sanitaires. tu t’en fous des protocoles, tu as besoin de cette dose comme un junki en manque de sa poudre blanche. un baiser sur son front et tu t’éloignes légèrement, gardant ses mains dans les tiennes. « t’as pas idée à quel point tu m’as manqué. tu vas bien ? » tu le regardes, encore et encore. comme pour t’assurer de ne pas être en plein rêve. de baigner dans la réalité absolue. et ça, ça ranime ton myocarde. « dis-moi, qu’est ce qui te ferait plaisir ? » toi, tu suivras ses envies et ses caprices. c’est comme ça.