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Welcoming a new family member ft. Aleksej

@ Invité

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Sam 7 Nov - 11:17
Welcoming a new family member ft. Aleksej Source

- Tu vas le tuer ! Ne le tue pas !

Je suis en train de finir mon jogging quand j’entends cette voix de fillette sur gauche. Je m’arrête brutalement de courir et cherche d’où viennent ces cris. Très vite, j’aperçois une petite fille aux cheveux blonds, en larmes, qui cherche à s’extirper des bras de sa mère qui la retient comme elle peut tandis qu’un homme à la carrure imposante sort de chez eux. Le père ? Peut-être bien.

- Ca suffit, arrête de chouiner. J’avais dit non !

L’homme tient une laisse au bout de laquelle une petite boule de poil parvient difficilement à suivre la cadence donnée par l’armoire à glace.
Le pressentiment qui s’empare de moi ne m’indique rien de bon. Je vais encore m’engager dans un truc qui ne me regarde pas et ce, pour sauver potentiellement une vie si les cris de la petite fille sont vrais.

- Il va le tuer, maman ! Fais quelque chose !
- Il avait dit non, chérie. Je suis désolée.

La scène qui se déroule sous mes yeux est pour le moins surréaliste. On se croirait dans l’ouverture d’un téléfilm de Hallmark, c’est presque ridicule. Malheureusement pour moi, les pleurs et les cris de l’enfant sont aussi réels que ce chiot qu’un homme est en train de traîner de force je ne sais où.


- Excusez-moi ?
- Qu’est-ce que vous m’voulez ?
- Qu’est-ce que vous faîtes à ce chien ?
- Ca vous r’garde pas.
- Maintenant que j’ai vu ce que j’ai vu, si, ça me regarde. Donc répondez à ma question. Qu’est-ce que vous faîtes ?

La mère ne résiste plus sous les mouvements brusques de la petite et la lâche. Elle nous fonce dessus avant d’attraper le chiot en essayant de l’extirper de sa laisse. Je reste hagarde devant une telle détermination.

- Il va le tuer, je veux pas !
- Du calme, du calme, dis-je à la petite en me mettant à sa hauteur et en posant ma main sur les siennes qui sont en train de s’acharner sur le noeud de la laisse. “Il ne va rien lui arriver.”
- T’as entendu la dame, il va rien s’passer, dit l’homme.

Il ne m’en faut pas plus pour comprendre qu’un destin funeste se profile pour l’animal. Je ferme les yeux une demi-seconde et me reconcentre sur la petite fille.

- Comment tu t’appelles ?
- Hannah.
- Moi, c’est Solveig. Et lui, comment il s’appelle ?
- Boule.
- Boule ?
- Oui, parce que quand il dort ça fait comme une petite boule.
- D’accord. Alors, écoute, Boule ne peut pas rester à la maison, apparemment.
- Mais je veux pas qu’il lui fasse de mal. C’est juste un bébé chien.
- Je suis d’accord. Ecoute, je peux t’aider, tu as envie que je t’aide ?

Je lève les yeux vers l’armoire à glace dont je sens que sa patience s’effrite un petit peu plus chaque seconde. Je dois agir vite. Très vite.

- Vous allez sauver Boule ?
- C’est bien mon intention.
- Laissez tomber, il est pas à vous c’chien, réagit l’homme.

Je me relève et le regarde avec sévérité.

- Visiblement, il n’est pas à vous non plus.
- Si. C’est à elle.
- Mais vous n’en voulez pas, si ?
- Non, on a pas l’temps et l’espace pour un chien.
- Alors laissez-le moi.
- Quoi ?
- Laissez-le moi.
- C’pas à vous.
- Combien vous en voulez ?

Je connais ce genre de type. Quand on parle générosité, il n’y a personne mais dès qu’on parle d’argent, ça se bouscule au portillon. Je sors mon portable de ma poche arrière de jogging.

- Alors ?
- Vous voulez l’payer ?
- Combien ?
- $250.
- Ok. Donnez-moi votre numéro de téléphone. Vous avez Venmo ?
- Ouais.

En trois minutes, l’homme se retrouve avec $250 sur son compte bancaire et moi, une laisse en main avec, au bout, un chiot perturbé.
J’ai promis à Hannah qu’elle pourrait voir le chiot quand je le promènerai. Je lui ai donné mon numéro de portable. Elle a eu l’air soulagée et m’a fait promettre d’acheter un joli jouet pour Boule. Je lui en ai fait la promesse.


Il est 20h00, je suis censée rentrer de mon jogging sous peu et me voilà avec un nouveau chien.
Après quelques minutes de marche, je regarde le chiot qui trottine à côté de moi.

- Bon. J’imagine que tu fais partie de la famille, maintenant. Faut-il encore le dire à ton père d’adoption…


Ce n’est que lorsque j’arrive dans notre rue que j’entends un sms à Aleksej.

20h26 :Je t'ai acheté quelque chose. Tu devrais ouvrir la porte.

J’ai conscience que je n’ai pas tout à fait acheter le chiot pour Aleksej mais...vu la tension qui règne à la maison depuis des jours, ça lui mettra peut-être un peu de baume au coeur.  

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Sam 7 Nov - 13:59


En lisant le sms que Solveig venait de lui envoyer, Aleksej fronça les sourcils. Il posa sa cuillère en bois sur le plan de travail et réduit le feu sous sa sauce. Solveig était partie faire un jogging pendant qu’il s’occupait du repas. Il essayait de lui donner tout le temps dont elle avait besoin pour décompresser. Cuisiner était aussi le moment pour lui de faire le vide, de se concentrer sur les ingrédients, les odeurs. Et pas sur le reste. Rester concentré sur quelque chose sur laquelle il avait le contrôle.

Il ne comprenait pas bien pourquoi elle avait besoin qu’il descende. Quelle idée avait pu lui traverser la tête alors même qu’elle était censée se la vider ? Ses premières pensées avait envisagé quelque chose de lourd, peut-être d’encombrant qui justifierait de l’aide. Mais il n’était pas tout à fait sûr d’apprécier le mystère qu’elle laissait planer dans son message. Le Danois n’avait jamais été un grand fan des surprises. Il aimait le contrôle, la réflexion et la planification. C’est comme ça qu’il avait toujours vécu.

Quand il ouvrit finalement la porte de l’entrée, son regard se posa d’abord sur la jeune femme. Ses lèvres un peu pincées, ses grands yeux marrons qui le fixaient avec intensité, comme s’ils allaient le transpercé. Il connaissait ce regard. Celui de la détermination. Et du défi. Ce n’est que quand son attention fut attirée par la boule de poil qui trônait à ses pieds qu’il comprit. Son visage se figea, stoïque et livide. C’est ce qui arrivait généralement quand Aleksej se faisait submerger par une vague de pensées, d’émotions et de questions.

Il se frotta le visage avec lassitude avant de faire un pas en arrière et de rebrousser chemin, abandonnant Solveig sur le pas de la porte avec sa nouvelle acquisition. Une fois dans l’appartement il rejoignit la cuisine pour mettre le poisson dans le four. La jeune femme n’était pas très loin derrière.

“Le repas sera prêt dans une vingtaine de minutes…

C’est tout ce qu’il avait été capable d’articuler. Il enclencha le timer avant de prendre la direction du bureau. Il se laissa tomber dans sa chaise lourdement et fixa l’écran noir de son ordinateur. La journée avait été longue. Chaque jour il avait l’impression que les obstacles administratifs le séparaient de plus en plus des combats qu’il voulait mener. Il n’avait pas non plus le même entrain. Il avait plus de mal à se concentrer depuis quelques semaines et attendre que les heures s’écoulent devenait un véritable calvaire.

Dans sa tête, un chaos sans nom. Il soupira. Il ne voulait pas se disputer avec Solveig. Il ne voulait pas qu’elle soit le bouc émissaire de ses peurs et de ses frustrations. Mais malgré cela, il ne pouvait pas empêcher les questions de tournoyer dans sa tête. Elle n’était pas du genre à prendre des décisions impulsives, alors pourquoi ça ? Ce n’était pas une décision qu’on pouvait prendre à la légère. Et si Maroon ne s’entendait pas avec. Et qui prendrait le temps de le faire dresser ? Est-ce qu’ils avaient vraiment assez de place pour un deuxième chien ? Et si les résultats étaient mauvais ? Et si elle tombait vraiment malade ? Qui s’occuperait de ces chiens ?

C’était une décision qu’ils auraient dû prendre ensemble. Une décision qui impliquait de prendre des responsabilités alors même qu’Aleksej repoussait toutes les siennes. Mais il n’était pas prêt à mener ce combat-là non plus. Il avait surtout besoin de quelques minutes pour reprendre ses esprits et sa respiration qui avait commencé à s’emballer.

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Sam 7 Nov - 21:10
Je me doutais que revenir à la maison avec un autre chien que Maroon ne rendrait pas forcément Aleksej heureux au point de sauter au plafond mais...je ne m’attendais pas à une telle réaction de sa part. Je déteste quand il a cet air stoïque. Je n’arrive pas à déchiffrer et cela me met particulièrement mal à l’aise.

Nous rentrons, il file rapidement à la cuisine et puis s’en va dans le bureau sans un mot si ce n’est pour me dire que le repas sera prêt dans une vingtaine de minutes. A quoi joue-t-il ? Pourquoi me fait-il subir un tel traitement d’ignorance ? J’ai conscience que ce chiot est une surprise mais je n’ai pas pu faire autrement.

Maroon s’approche de moi quand il me voit mais, surtout, il remarque la petite boule de poils à mes côtés. Il ralentit mais se rapproche toujours, la truffe suffisamment en avant pour venir voir de quoi il s’agit. Je ne bouge pas, je le laisse faire son investigation. Je tiens encore Boule en laisse donc si un truc venait à ne pas bien se passer, je pourrais vite intervenir. Mais je connais Maroon. Il ne fera rien de méchant.

Boule se rapproche de Maroon aussi et les deux commencent à se renifler avant que Boule commence à remuer la queue. Il est apparemment drôlement heureux de rencontrer l’un de ses compères. Maroon lui, ne réagit pas plus que cela. Il n’a pas l’air particulièrement contrarié, si bien que je le vois qui file dans son panier pour se coucher paisiblement.

- Vous êtes vraiment très accueillants ce soir, dans cet appartement, dis-je en détachant Boule, réalisant qu’il n’y aura pas de conflit canin.

La petite bête explore un peu les lieux mais sans trop s’éloigner. D’ailleurs, très vite, il finit par aller rejoindre Maroon et s’allonge à côté de son panier.
J’aimerai être en mesure d’établir un tel climat de confiance avec mes compères. Bravo Maroon, tu as un petit frère, je crois.

Me rendant dans la cuisine, je prépare une gamelle d’eau et une autre de croquettes pour Boule que j’apporte à côté de lui. Il dort déjà. Lui et Maroon feront définitivement la paire, visiblement.
Une fois cela fait, je file à la salle de bain pour me laver et changer de vêtements. J’ai quand même fait mon jogging même s’il s’est vu raccourci de quelques miles.

Quand je réapparais dans la cuisine, Aleks est de retour. Je n’ose pas dire un mot, clairement mal à l’aise par l’accueil que l’homme m’a donné un peu plus tôt.

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Sam 7 Nov - 22:30
Perdu dans ses réflexions, il n’avait pas entendu la jeune femme aller et venir dans l’appartement. Quand son téléphone se mit à vibrer, il se contenta de fixer son regard sur les lettres qui s’affichaient sur l’écran sans pour autant y répondre. Mor… Depuis ce soir où Solveig lui avait dit que quelque chose n’allait pas, il avait minutieusement évité toute conversation avec sa mère. Prétextant un rendez-vous de travail, une casserole sur le feu, un chien à rattraper ou ne répondant simplement pas comme il venait juste de la faire.

Il ne pouvait pas lui parler. Il savait qu’après les premières phrases elle devinerait. Elle comprendrait qu’il avait peur. Mais il ne pouvait pas l’avouer ni l’admettre. Parce qu’il savait que cette peur n’était pas légitime. Que les informations étaient encore trop maigres pour en déduire quoi que ce soit. Seulement malgré tous ces efforts, il n’arrivait pas à la contrôler. Les peurs d’Aleksej ne se fondaient pas sur le présent, elles se fondaient sur le passé. Il ne s’agissait pas d’anticipation mais d’expérience.

Il était exténué, fébrile. Il surchargeait ses journées de travail dans des laps de temps ridiculement courts. Et malgré cela, il suffisait d’un rien pour que ses pensées dérivent. De son incapacité à canaliser son attention sur un seul sujet naissait un sentiment d’inefficacité qui le laissait insatisfait. De ses peurs naissaient la frustration et sa frustration continuait d’alimenter ses peurs. Il avait plongé dans un cercle vicieux duquel il ne savait pas comment s’extirper. Au moment où il avait ouvert la porte sur Solveig et qu’il avait réalisé la situation, il s’était senti submergé. Acculé, il avait le sentiment de perdre le contrôle de sa propre existence.

Il ne voulait pas blesser Solveig. Pas intentionnellement. Mais c’était la seule alternative que son cerveau avait été capable de proposer. Battre en retraite. S’isoler. C’est ce qu’il avait fait au cours de ces quinze dernières années et il lui faudrait probablement encore faire du chemin pour réapprendre à encaisser. À prendre des plâtres. À affronter la vie. Ou simplement à l’accepter telle qu’elle était, incontrôlable. Le timer du four retentit dans l’appartement relativement silencieux.

Le Danois en avait presque oublié la raison de son désarroi. Il concentra toute son attention sur le repas qu’il avait cuisiné et sur le dressage des assiettes. Solveig l’avait rejoint dans la cuisine. Il posa les couverts à leurs places habituelles. Le silence qui régnait dans l’appartement n’était pas celui qui les enveloppait parfois dans un cocon de calme et de sérénité. Il était froid et vide. Il posa leur assiette à l’endroit où ils mangeaient tous les jours.

“J’en ai fait un peu plus, comme ça tu pourras en emmener au bureau lundi.”

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Dim 8 Nov - 18:48
- On va en parler ou tu comptes jouer la carte de l’ignorance encore un moment ?

J’ai conscience que mes mots ne font pas lumière à l’apaisement auquel je rêve secrètement. Malheureusement, il a toujours été particulièrement difficile pour moi de faire comme si de rien n’était lorsque quelque chose me contrarie. Là, c’est le comportement du Danois qui me contrarie.

La cuisine va être le théâtre d’une pièce dans laquelle je sais que ni Aleksej ni moi-même n’avons envie de jouer. Nous n’y échapperons pas pour autant. Je sais qu’Aleks déteste que nous nous couchions fâchés. C’est lui qui a instauré la règle du “on trouve une solution avant de dormir” et j’y ai adhéré. Il est donc impensable de procéder autrement ce soir qui n’est pas vraiment différent d’un autre si ce n’est le fait qu’un chien a été ajouté à l’équation.

- Je suis désolée de t’imposer cet animal. Je n’ai pas eu le choix et je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir à deux fois.

Je réalise que ma décision de sauver cet animal a été aussi bénéfique pour le chiot qu’elle n’a été égoïste à l’égard du Danois. Voilà l’une des raisons qui faisaient que je ne voulais pas m’installer avec quelqu’un, peu importe qui. J’aime avoir la possibilité de prendre mes propres décisions sans devoir rendre des comptes.

Il m’est impensable de dîner dans une telle ambiance. Aleksej va devoir prendre sur lui et désamorcer la bombe qui a été enclenchée. J’aime cet homme mais cela ne m’empêchera pas de lui remettre les idées en place si cela s’avère nécessaire. Il ferait la même chose me concernant, je le sais très bien.

Malgré tout, je prends place à table mais ne me sers pas. Je ne le laisserai pas me servir non plus. Nous devons discuter. Il semble en avoir gros sur la conscience depuis plusieurs jours et j’aimerai qu’il s’exprime à ce sujet. Nous savons tous les deux que rien ne va plus depuis ce fameux jour où je lui ai dit ce que la gynécologue m’a dit. Dieu seul sait si Aleksej va continuer d’agir comme ça jusqu’aux résultats de la biopsie prévue dans la semaine du 10. Je ne le supporterai pas. Je peux tout à fait comprendre qu’il soit fortement perturbé, je le suis également mais nous devons nous ressaisir.

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Dim 8 Nov - 20:16
Quand Solveig lui parlait sur ce genre de ton, il faisait généralement en sorte de prendre sur lui, d’essayer de comprendre ce qui les avait amené là. Ce soir, il n’en était pas capable. Il s’approchait doucement de son point de rupture et déployait toute l’énergie disponible pour essayer de contenir le flot ininterrompu de ses pensées. C’était la seule chose qu’il arrivait encore à contrôler. Mais sa coupe était déjà pleine. Elle l’avait toujours été. Il avait oublié trop vite les raisons de ses troubles, se laissant porter par l’adrénaline que lui apportait cette relation. Assis devant son assiette, son regard était fixé sur les piques de sa fourchette qui grattait méthodiquement la peau de son poisson.

“Ne t’excuse pas, s’il te plaît. Ne me fais pas passer pour un monstre sans coeur.”

Sa voix était calme et monocorde. Elle voulait discuter. Soit. Le seul moyen pour Aleksej d’y parvenir était de se débarrasser de l’affect. Des faits bruts, objectifs. Ça il savait faire.

“On a toujours le choix, Solveig et le temps ça ne se trouve pas, ça se prend. Je n’ai aucun doute sur le fait que tu avais une bonne raison et qu’il y a une excellente explication à tout ça. Mais il y avait une tonnes de possibilités différentes. Tu aurais pu m'appeler, m’expliquer la situation. Me demander mon avis ou ce que j’en pensais.”

Il savait qu’elle n’était pas partie d’une mauvaise intention. Il pensait comprendre qu’elle s’était retrouvé devant un dilemme. Mais elle avait décidé de prendre cette décision seule. Et le fait qu'elle cherchait à se justifier ne faisait que mettre le doigts sur un soupçon de culpabilité. Elle savait pourquoi il réagissait de cette manière sans peut-être pour autant être en mesure de le comprendre.

“Tu aurais pu le ramener tout en suspendant ton jugement. Mais tu as simplement décidé que ce serait comme ça. Je sais que tu aimes ton indépendance et que n’aimes pas rendre des comptes. Mais les décisions que tu prends, aujourd’hui, elles n’ont plus seulement un impact sur ta vie, mais sur la mienne aussi.”

Sans parler de Maroon. Mais apparemment ce dernier était bien plus conciliant. Aleksej avait posé ses couverts sur la table et avait croisé ses bras devant lui.

“Au moment où tu m’as envoyé ce message, tu m’as mis dans la position du méchant en supposant d’avance que la pilule serait difficile à avaler. J’aurais juste aimé que tu me laisses le bénéfice du doute… Parce que honnêtement, si tu me l’avais demandé, si tu m’avais dit que tu souhaitais le garder, je ne t’aurais sans doute pas dit non…”

Aleksej avait toujours aimé les chiens. Il s’était tout de suite pris d’affection pour Maroon et avait toujours grandi entouré d’animaux. S’il n’avait tenu qu’à lui, il en aurait probablement pris un en arrivant à Brooklyn mais Lena avait été la voix de la raison, heureusement pour eux. Il avait dû tenir bon face à Rebecka, qui comme tous les enfants passait par cette phase là-aussi. Elle devait d’abord montrer qu’elle pourrait en être responsable. Tout ça était loin mais les souvenirs restaient vivaces.

“Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de se lancer plus en avant dans le débat. Le résultat aurait été le même de toute manière. Nous avons un nouveau chien. Maintenant j’aimerais juste arriver à ravaler mon égo et le sentiment d’exclusion qui va avec et passer à autre chose. Le repas va refroidir…”

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Dim 8 Nov - 20:40
Le chien n’est pas le problème. Le chien n’est qu’un prétexte pour Aleksej en lui donnant l’opportunité de me dire ce qu’il semble avoir sur le coeur, enfin. Je ne sais pas encore comment je dois prendre tout cela mais ce dont je suis certaine c’est qu’il est très important que je reste le plus calme possible malgré les vagues successives que je suis en train de prendre en pleine figure. Il est important de rester digne et de ne pas entrer dans son jeu. Car même s’il ne s’en rend pas forcément compte, c’est un jeu de rapport de force dans lequel nous perdrons énormément si je sombre aussi.

Quand je l’entends me parler de sentiment d’exclusion, c’est une très grosse claque que je prends et celle-ci fait particulièrement mal. En quoi peut-il se sentir exclu alors qu’il sait la quasi-totalité des choses composant ma vie quand je n’en connais qu’un tier de la sienne ?
Même si je ne me suis pas encore exprimée sur tout mon passé, il en connaît les axes majeurs alors que je ne connais quasiment rien du sien. J’ai toujours tenu à respecter le besoin de cet homme quant à ne pas parler des années passées, celles lui ayant causé bien de la peine. Lorsqu’il évoque son ex-femme, je reste douce et compréhensive parce que je le suis réellement. Bon sang, il pourrait aller boire un café avec elle que cela ne me ferait rien. Cependant, je refuse d’entendre Aleksej me parler de sentiment d’exclusion car cela n’a pas lieu d’être.

- Je peux savoir en quoi je t’exclus, exactement ?

Cette question est posée calmement. Comme je le disais, je dois impérativement garder le contrôle sur mes sentiments sans quoi tout dérapera et je ne suis pas certaine que quelque chose sera encore sauvable. Je ne veux pas en arriver à là. Je ne veux pas avoir à me demander si notre couple peut être sauvé ou non. Je ne veux pas que cela nous arrive parce que je crois sincèrement à notre futur et au fait que nous sommes faits l’un pour l’autre et ce, même si nous avons des divergences d’opinions parfois un peu virulentes. C’est ce qui fait notre force. Je le crois du plus profond de mes tripes.

- Ce chiot n’est pas le problème et nous ne le savons aussi bien l’un que l’autre, Aleksej. C’est à peine si tu m’adresses la parole depuis ce rendez-vous chez le gynéco. Tu m’évites, pire, tu évites les sujets houleux.

J’ai conscience que je viens de mettre les deux pieds dans le plat mais je n’ai plus le choix. Il faut que je le fasse parler une bonne fois pour toute. Il faut qu’il lâche ce qu’il a sur le coeur, ça ne peut plus durer.

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Dim 8 Nov - 22:08
Bien sûr qu’elle n’allait pas rester là à encaisser sans rien dire. Quoique, ces derniers temps, il n’était plus sûr de rien. Elle avait beau être capable d’un sang froid incomparable, il était capable de lire entre les mots. Elle le sondait. Elle aurait simplement pu prendre acte de ses paroles mais il savait que ce n’était pas son genre. Solveig ne lâchait jamais. Il ne cherchait pas le rapport de force. Au contraire, il venait de déposer les armes.

“S’il te plaît…”

Il se frotta le visage. Cette fois sa voix était plus chevrotante. Las. Son corps était rompu. Astreint par le poids de ses pensées. Mais la jeune femme n’en avait pas terminé avec lui. Il entendait ses paroles qui résonnaient en écho dans sa tête. Comme les cloches d’une église, assourdissantes. Elle avait raison. Il avait pris grand soin d’éviter toute discorde, il s’était montré prévenant à outrance pensant devoir la préserver de cette ombre qui planait  mais en réalité c’était les vieux démons d’Aleksej qui avaient émergés à la surface. Parce qu’il était obsédé par la maîtrise, il avait laissé son attention se focaliser sur les seules choses qu’il ne pouvait pas contrôler, leur donnant le pouvoir de le contrôler lui. Il poussa son assiette sur le côté. Il ne mangerait plus ce soir.

“Je ne peux pas… Je n’y arrive pas… tout ça… je suis terrifié... “

Littéralement. Tous ces “Et si …” qui tournoyait dans sa tête. Se mélangeant aux émotions d’un passé qui revenait lui bondir au visage. Non, Solveig, le pire n’était pas d’éviter les sujets houleux. Le pire était ce qu’il se passait après. L’absence. Le vide. Le silence. Et perdre le contrôle de soi jusqu’à ne plus se reconnaître, ne plus savoir qui on est.

“S’il arrivait quoi que soit… je ne suis pas sûr d’avoir les épaules pour ça... “


Pas la force. Plus le courage. Aleksej s’était déjà battu contre l’adversité et il avait perdu. Il en était sorti meurtri et malgré les années, ces blessures étaient toujours là, toujours aussi vives.

“Je pensais que les choses s’arrangeaient… mais ce n’est pas le cas.”


Il s’agissait peut-être de deni ou d’une accalmie. Mais il réalisait à ce moment qu’il ne pouvait plus continuer à se mentir, à elle non plus. Sa mâchoire s’était serrée, les mots passaient la barrière de ses lèvres avec difficultés. Ses vitreux et à présent rougis allaient et venaient de manière ininterrompu.

“Je suis en train de me noyer… J’essaye seulement de garder la tête hors de l’eau…”

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Dim 8 Nov - 22:30
Naïvement, je m’attendais à ce qu’il explose mais il n’en est rien. Pire, il s’effondre et je ne sais pas quoi faire pour arrêter ça. Je ne peux pas le laisser dans un tel état. Cela me détruirait de l’intérieur de ne rien pouvoir faire pour lui. Quand je dis aimer cet homme, je ne plaisante pas. Il est tout pour moi à l’heure actuelle et ce, même si je ne le dis pas à haute voix.

Je me lève et le rejoins de l’autre côté de la table. Mes mains viennent saisir les siennes et les serrent juste assez pour lui faire comprendre que je suis là et que je ne vais nulle part. Je suis terrifiée par la souffrance que je lis dans le regard d’Aleksej. Je ne veux qu’une chose : apaiser son coeur meurtri.

- Regarde-moi, dis-je. “Je ne vais nulle part. Je n’irai nulle part, d’accord ?”

Même si je sais que ce n’est pas la seule chose qui l’inquiète, je veux commencer par un sujet que je maîtrise plus ou moins. C’est très autocentré, j’en ai conscience mais je n’ai pas d’autre option pour le moment.

- Je sais que des milliers de choses te tourmentent et j’espère un jour avoir suffisamment ta confiance pour que tu me les confies mais je ne t’y forcerais jamais, Aleks. Pour ce qui est de la situation actuelle et celle dont je semble être le sujet principal… J’ai peur. J’ai extrêmement peur de ce que les médecins vont me dire mais je refuse de laisser cette peur prendre le pas sur tout le reste. Je sais que sauver ce chiot est une répercussion de cette peur et je suis encore une fois désolée de ne pas t’avoir impliqué. J’aurai dû et c’est une erreur de ma part. Mais une partie de moi refuse de t’associer et cette partie c’est la peur qui me ronge. Tu as suffisamment eu à faire avec ton passé. Je ne veux pas te rendre malheureux. Ca sonne extrêmement autocentré mais c’est sincère. Je ne veux pas être une raison de plus à tes pleurs.

Pourquoi suis-je encore en train de parler de moi ? A croire que c’est maladif chez moi…
Peut-être est-ce dû au fait que je n’ai pas d’autre support sur lequel me baser pour m’exprimer. J’ai toujours su qu’Aleks se battait contre une partie de lui-même mais ne connaissant rien de celle-ci, je n’ai pas manière à m’exprimer sur le sujet. Il est alors plus “facile” de parler de moi et de ce qui risque de me tomber dessus d’ici à quelques jours… Je n’ai pourtant pas particulièrement envie de tenir de tels propos.

- A l’heure actuelle, nous ne savons pas ce qui nous attend et aussi terrifiant que cela soit, nous devons rester soudés et aussi forts que possible. Tu m’entends ? On ne se laisse pas tomber. Ne m’évite pas sous prétexte que tu as peur, je t’en supplie.

@ Invité

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Mar 10 Nov - 21:50
Le Danois laissa la jeune femme prendre ses mains dans les siennes. Il était difficile pour lui de fixer son regard sur elle. Il se situait entre la honte et l’abattement. Deux sentiments qui ne faisaient pas bon ménage. Il pensait qu’il serait plus facile de l’écouter mais à mesure qu’il entendait les paroles de la jeune femme, il sentait cette boule au fond de son estomac se serrer un peu plus. Il avait confiance en elle. Là n’était pas la question. Il voulait le lui dire mais elle ne lui en laissa pas le temps.

Évidemment qu’elle avait peur. Loin de lui l’idée de remuer tout ça en elle. Ce n’était pas juste envers la jeune femme. Il ne voulait pas qu’elle garde tout ça en elle ou qu’elle ait le sentiment de ne pas pouvoir s’appuyer sur lui. Pourtant c’était peut-être l’un des fondements de ses plus grandes peurs.

“Tu ne me rends pas malheureux… Solveig, tu ne me rends pas malheureux.”


Elle était sa bouffée d’oxygène. Son phare dans la nuit noire. Elle était celle vers qui il rentrait le soir. Celle qu’il avait du mal à quitter chaque matin. Son regard perçant, son sourire en coin. La façon dont elle frottait sa nuque ou la manière dont elle passait ses cheveux derrière son oreille. Autant de petites choses auxquelles il se racrochait quand il sentait le poids de sa conscience l’entraîner vers le fond.

“Je sais que tu as peur… Je voudrais être plus fort… Je voudrais être le soutien dont tu as besoin…”

Voilà où toutes ses pensées l’avaient mené. Les souvenirs, la douleur et l’incapacité de se projeter plus en avant. Et depuis plusieurs jours, tout ça tournait en boucle dans sa tête avec toujours la même conclusion. Il ne voulait pas la laisser tomber.

“Si… si les choses ne s’arrangeait pas… je ne suis pas sûr d’avoir les épaules pour traverser ça une nouvelle fois…”

Il renifla et s’essuya le nez du dos de la main.

“L’hôpital, les médecins… les incertitudes… l’espoir…”

La mâchoire serrée, il mordait sa lèvre avec force pour tenter de garder le contrôle de lui-même. Comment arriver à laisser l’espoir entrer à nouveau dans sa vie alors même qu’il avait pris la décision de l’abandonner. Au prix d’une partie de son âme qu’il ne retrouverait plus jamais. Peu importait ce qui avait motivé leur décision. Il avait arrêté de se battre. Une part de lui ne cesserait jamais de se demander “et si ?”. Une chance sur un million. Une chance sur un milliard. Une chance quand même.

“Tu mérites d’avoir quelqu’un qui pourra t’aider à traverser ça… qui pourra t’accompagner et te soutenir… Je ne sais pas si je serais capable d’être cette personne…”

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Mer 11 Nov - 12:31
Cette soirée ne se passe pas du tout comme je l’aurais voulu. Cela n’est pas vraiment une surprise mais je ne m’attendais pas à ce que tout parte en vrille comme c’est actuellement le cas. Et je ne m’attendais pas à entendre une telle réponse de la part d’Aleksej. Je sais très bien pourquoi il dit ces choses. Je sais qu’elles sont en lien direct avec son passé et avec sa petite fille mais mes connaissances sur le sujet en restent là. Nous n’en parlons jamais donc je n’ai connaissance que des éléments qu’il a bien voulu partager avec moi durant cette année et demi passée à ses côtés.

Mon premier réflexe est de faire un pas en arrière, mes mains se séparant des siennes.
Je n’arrive pas vraiment à croire qu’il ait pu me dire qu’il ne serait probablement pas la personne capable de me soutenir si le diagnostic qui me sera annoncé prochainement n’est pas bon. Aleksej a un passé particulièrement difficile et je ne le nierai jamais. Je l’ai accepté. Je savais qu’en m’engageant sérieusement à ses côtés, je devrais faire face à ce terrible passé mais… Je ne m’attendais pas à ce que dans une période trouble comme celle qui s’annonce, il...me laisse sur le carreau ?

Il ne peut pas me faire une chose pareille. Il faut qu’il reste avec moi, qu’il me soutienne.
Oui, ces pensées sont probablement égoïstes mais tant pis. Si les rôles étaient inversés, je ne le lâcherai pas. J’en serai parfaitement incapable. Pourquoi ne pas faire de même à mon égard ? Est-ce que cela veut dire qu’au fond, je n’en vaux pas la peine ?

Des dizaines de pensées négatives envahissent mon esprit et je ne sais pas comment trouver mon chemin dans cette brume de plus en plus épaisse. Il ne faut pas que je m’y noie mais je ne sais pas pour autant comment y échapper.

- Je…

“Je” quoi ? Que reste-t-il à dire ? Rien. Rien ne me vient et pourtant, j’ai ce besoin terrible de dire quelque chose. Comme si la moindre phrase pouvait effacer ce qu’Aleksej vient de dire.

Regardant autour de moi, je réalise brutalement l’impact de son aveu. Je cherche quelque chose qui peut encore me sauver de cette situation mais je ne trouve rien. Je suis seule. Je ne connais pas encore mon destin mais je sais que je serai amenée à l’affronter seule.


- Je crois qu’il est grand temps que tu règles tes problèmes, Aleks. Il y a de fortes chances qu’on m’annonce dans quelques jours que j’ai un cancer et tu viens de me faire comprendre que tu ne serais pas à mes côtés pour l’affronter parce que tu ne le peux pas. Ton passé te ronge de l’intérieur et est en train de détruire ce qu’on s’évertue chaque jour à construire. Alors... Une boule se forme dans ma gorge et me brûle. “Occupe-toi de toi d'abord et reviens-moi ensuite.”

Je ne veux pas perdre cet homme mais je réalise enfin que je n’ai pas le choix si je veux qu’il aille mieux. Son passé le hante toujours et cela ne peut plus durer. Malheureusement, je réalise aussi que notre couple ne tiendra jamais sous le poids de toutes ces choses auxquelles il semble refuser de se confronter.

- Peu importe que cela dure deux semaines ou six mois. J'attendrais.

A l'heure actuelle, c'est la seule promesse dont je suis capable. Je l'aime. C'est une certitude. Mais mon amour pour lui ne peut pas résoudre ses problèmes.

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Mer 11 Nov - 21:04
À la seconde où il avait prononcé ces paroles, il savait qu’il n’y aurait plus de retour en arrière. Le mouvement de recul de Solveig prit d’assaut son corps une nouvelle fois. Il savait qu’elle n’était pas capable de comprendre son geste pour ce qu’il était, parce qu’il ne lui avait pas laissé cette opportunité-là. Il voulait s’ouvrir à elle mais il ne savait pas comment lui expliquer des sentiments sur lesquels il ne pouvait pas mettre de mots. Si seulement il avait été capable de faire les choses dans l’ordre. Cette honnêteté brute, s’exposer au moment où il était le plus vulnérable. Peut-être qu’un jour, avec le recul, elle pourrait comprendre.

Sauf qu’au moment présent, sa confession sonnait comme un désaveu. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Elle venait de lui avouer qu’elle avait peur et au lieu de la soutenir, il venait involontairement de tout remettre en question. Rallongeant la liste déjà longue des doutes et des incertitudes. Et cette bombe qu’il avait lâché sans s’en rendre compte était déjà en train de faire des dommages collatéraux. Il savait qu’elle avait raison. Cela n’empêchait pas chacun des mots de la jeune femme de lui faire l’effet d’une déchirure.

“Je ne veux pas te laisser tomber…”

Je ne veux pas. Mais je ne sais pas. Comment faire. Où puiser cette force-là. Cet homme pourtant grand et de carrure relativement imposante était à présent fourbu, les épaules recroquevillées. Il n’avait pas de réponse à leur problème. Il ne savait pas comment faire le deuil d’un enfant, son enfant. Il ne savait pas s’il le pourrait un jour. Parce qu’à l’origine de toute cette souffrance, il y avait l’amour. Un amour incommensurable et inconditionnel. Un amour sur lequel il ne pourrait jamais tirer un trait. Et les quinze années qui venaient de passer prouvait bien que le temps n’était pas un remède.

Son regard se figea quand il entendit ses mots comme une sentence qui venait de tomber. Reviens-moi ensuite. Les sourcils froncés, son visage emprunt de désarroi se releva vers la jeune femme. Peu importe que cela dure deux semaines ou six mois. Une phrase qui sonnait comme une interruption contrainte. Il était prêt à s’y opposer mais l’expression du visage de Solveig l’en dissuada. Il n’y avait rien de pire que de voir les personnes qui nous sont chères être blessées, surtout quand on en était la cause.

“Je ferais ce que tu jugeras être le mieux…”

Il sentait son esprit être au bord de la rupture. Il sentait son corps encaisser tous les chocs. Mais il savait que c’était elle qui venait de fournir le plus gros effort. Elle qui était capable de prendre le recul nécessaire pour tenter de sauver le bateau du naufrage.

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Mer 11 Nov - 21:19
Je ne peux que baisser les yeux en l’entendant me dire qu’il fera ce que je juge nécessaire. Ce que je juge être “le mieux”. Il n’y a pas de mieux. Il n’y a qu’une vision troublée d’un futur très éloigné, presque incertain. Je suis la plus sérieuse au monde quand je dis aimer cet homme. Mais l’aimer ne veut pas dire le garder auprès de moi quand je sais qu’il doit régler ses propres problèmes. Je ne peux pas l’avoir à mes côtés en lui demandant de gérer mes problèmes quand je sais que les siens sont encore pires et, surtout, enfouis depuis trop longtemps.

- Tu as besoin de lutter contre tes démons intérieurs, Aleks. Et je te demande de gagner contre eux. Je te le demande pour nous. Pour notre histoire.

Une seule pensée occupe maintenant mon esprit : je suis égoïste.
Je ne rêve que d’une chose : l’aider à passer au-dessus de toute cette souffrance qui l’habite depuis toutes ces années. Malheureusement, je sais que je n’en suis pas capable car de terribles choses s’annoncent aussi pour moi. Nous ne pouvons pas échapper à nos destins et, pour le Danois, je crois qu’il n’est pas imprudent de dire qu’il ne peut plus échapper à son passé. Un passé dont je sais trop peu de choses...si peu de choses, en effet.
Peut-être aurai-je dû le repousser dans ses retranchements lors de certaines conversations un peu tendues. Peut-être aurai-je dû chercher à en savoir plus dès le début de notre histoire. On dit qu’avec des “si” on referait le monde mais je crois qu’on le pourrait aussi avec des “peut-être”.

- On ne peut plus continuer comme ça. Tu as besoin d’aide. D’une véritable aide.

Et je ne peux pas être cette personne car je ne suis pas qualifiée pour. N’est-ce pas terrible à dire ? Je ne prononcerai pas ces mots parce que nous les connaissons déjà; l’un comme l’autre. Encore une fois, aimer quelqu’un ne signifie pas être en mesure de régler ses problèmes.

Parait-il qu’il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même pour être capable d’aimer un autre. Je crois que cette phrase pourtant bien connue prend tout son sens ce soir. Aleksej m’aime, je n’en ai pas le moindre doute. Cependant, je crois qu’il pourrait me donner une plus grande part de lui-même s’il parvenait enfin à s’accepter.

- Je t’aime. Et je n’ai pas envie de mettre de la distance entre nous. Je n’ai pas envie de dire qu’on fait un “break” ou peu importe le terme que les gens utilisent. Mais je crois que ce dont j’ai envie n’a pas sa place ici ce soir. Ce qui importe c’est que tu ailles mieux. C’est tout ce qui m’importe.

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Jeu 12 Nov - 22:02
Aleksej gardait le regard baissé, fixant le sol entre ses cuisses. Les paroles de Solveig ne le rassuraient pas. Elle qui avait pourtant le don de l’apaiser d’un simple sourire. Il savait que le cauchemar venait seulement de commencer et qu’il n’allait pas se réveiller. Elle avait beau emballer les mots dans du papier bulle pour les rendre moins brutaux, le message restait le même. Distance… break… Il savait où elle était en train d’en venir. Cette idée lui était insupportable mais pas autant que de réaliser qu’elle était en train de le protéger lui alors qu’elle aurait dû être en train de se protéger elle.

Il avait honte. Honte de détourner l’attention sur lui alors qu’elle traversait un moment capital dans sa vie. Si les tests ne montraient rien d’anormal, la peur pourrait s’envoler mais les aveux d’Aleksej resteraient. Comme gravés dans le marbre. Et si les choses empiraient… Il ne pouvait pas se résigner à la laisser seule ici. Peut-être que c’était la raison qui l’avait poussé à encourager Solveig à reprendre contact avec sa mère.

“Je ne peux pas te laisser seule ici… et tu dois passer tes examens mercredi…”

À la seule pensée de l’imaginer seule face à une batterie de machines, à des médecins qui ne prendraient peut-être pas le temps qu’ils devraient pour expliquer. Ils devaient y aller ensemble. Aleksej devait l’accompagner. Mais en entendant le discours de la jeune femme, il savait que la situation n’était pas une négociation. Elle venait de décider pour eux et c’était aussi elle qui déciderait quand leur vie reprendrait son cours normal. Si elle reprenait son  cours normal…

“Je… Je t’aime...”

Il valait mieux qu’il s’en tienne à ça. Il avait fait assez de dégâts pour une seule journée.

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