Le réveil était difficile pour une Soledad qui n’avait pas dormi de la nuit et qui avait jugé bon de crécher dans un des canapés du studio. Elle avait bien sûr évité de ramener de l’alcool sur place, mais autant dire qu’elle avait fait la fermeture des bars de bon matin. Ce fut les voix de certaines personnes du cast qui la réveillèrent et un grognement sortit de sa gorge enrouée. Elle n’avait aucune envie de sociabiliser depuis quelques jours et depuis un certain soir où son cœur avait été brisé de nouveau par sa faute.

Soledad se redressa doucement et appuya ses pouces contre ses paupières pour empêcher les tâches lumineuses de danser devant elle, ce n’était en rien agréable de devoir travailler avec une gueule de bois monumentale, mais elle n’avait pas trouvé meilleur moyen pour trouver le courage de venir. Ses mains tremblantes de fatigue vinrent rabattre la capuche de son sweat sur ses traits épuisés. « Ouais, ouais, j’arrive… Tu peux me prendre un café ? » lâcha-t-elle à une amie de la série avant de finalement trouver le courage de se lever.

C’était bien la première fois qu’elle osait se ramener dans un tel état au boulot et les regards semblaient plus qu’inquiets à ne pas la voir sourire de toutes ses dents. D’ordinaire, elle était toujours là avec sa bonne humeur et son humour décadent, toujours à rechercher la présence de Hope, mais aujourd’hui, il semblait que seule la solitude lui convenait comme compagnie. C’était bientôt l’heure. Un large soupir et elle engloutit son café d’une traite. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer, elle allait y survivre.

Soledad salua ses collègues avant de se rendre dans le studio qui leur était dédié. C’était à peine si la latina rasait les murs pour éviter tous les regards. Elle se posta là où il fallait et claqua le casque sur ses oreilles. Professionnelle malgré la migraine qui lui bousculait la cervelle et l’envie de pleurer qui lui titillait les tripes. Savoir que Hope n’allait pas tarder, que son odeur allait de nouveau emplir la pièce, c’était bien trop difficile à gérer.

Les yeux étaient fixés sur le texte comme dans une envie de s’y perdre définitivement. Il était difficile de continuer à faire comme si de rien n’était quand le cœur n’était plus assez puissant pour chasser les mauvaises pensées et que la gorge se nouait à chacune d’elle. Les lèvres se pincèrent comme dans un réflexe quand elle entendit la porte derrière elle s’ouvrir pour projeter cette odeur insupportable qu’elle adorait pourtant. Pourquoi avait-il fallu enregistrer des scènes de ce couple d’amies et pourquoi pas plutôt enregistrer quelques poignées de scènes avec la doubleuse de Scorpia ou d’Entrapta ?

Soledad prit une grande inspiration alors que les mauvaises pensées s’agitèrent comme une marée pour fracasser le peu de calme qu’elle avait instauré dans son esprit. Qu’il était douloureux de pouvoir penser, ressentir, aimer. Il aurait été bien plus simple que d’être un chat ou de ne pas être sur cette Terre tout court. Ses doigts tremblants de stress vinrent jouer avec le bout des pages du script alors qu’on s’activait à allumer l’écran pour leur afficher les scènes.

Sa voix résonna dans le studio et son ventre se tordit aussitôt. Cette voix qu’elle avait toujours adoré entendre, qui la faisait frissonner de la plus douce des manières et qui maintenant la terrifier pour ses effets. « ‘lut… » se contenta-t-elle de dire le regard toujours fasciné par les mots qui dansaient étrangement. Peut-être aurait-elle dû dormir cette nuit au lieu de noyer son chagrin dans l’alcool. Une adulte pas foutue de gérer ses peines de cœur, elle était bien ridicule celle qui prônait l’amour de soi.

« Et toi ? » A quoi bon répondre à la question si c’était pour mentir ? Pour lui avouer que non rien n’allait dans sa vie depuis que ses lèvres s’étaient apposées sur les siennes dans un besoin désespéré de lui exprimer ce qu’il se tramait réellement en elle. Qu’elle était prête à tout pour effacer ce moment de sa mémoire, qu’elle n’aurait jamais dû désirer de la faire sienne. Non, il n’était pas bon de parler de toutes ces choses ici, surtout avec la fâcheuse tendance d’Hope à ne pas dire ce qu’elle pensait réellement. « On peut commencer ? » lâcha-t-elle avec irritation en direction de ceux qui géraient les choses techniques.

Les images commencèrent à défiler sur l’écran et Soledad fit tout son possible pour se focaliser sur ses lignes. Plus vite travail était fait, plus vite elle pourrait s’échapper de cette pièce encombrée de mauvaises pensées. Tout se battait désormais dans son crâne et il lui était impossible de savoir où se mettre. Les émotions avaient sorti leurs crocs pour se battre et conquérir le trône, mais aucune ne trouvait la faille de l’autre, le champ de bataille était un véritable carnage. Pourtant les mots ne se bousculaient pas dans sa bouche et là se trouvait son véritable professionnalisme, il n’était pas question de laisser quelque chose transparaître.

Mais ce n’était pas le cas pour sa comparse qui s’emmêler les pinceaux et dont les intonations n’embrassaient en rien les expressions faciales de son personnage. Serait-elle tout autant troublée par la situation que l’hispanique ? Pourquoi le serait-elle après tout ? N’était-elle pas dans une si belle relation avec son fiancé de toujours ? Soledad aurait-elle fait basculer les fondations d’une vie trop parfaite ? Des interrogations qu’elle ne se posait même plus, elle préférait oublier et jouer avec quelqu’un d’autre en attendant que tout ceci se tasse. La question de Hope lui fit redresser la tête et froncer les sourcils. Une pause n’était clairement pas ce qu’elle souhaitait elle, cela ne faisait que retarder sa libération. Elle put sentir son regard sur elle et vint lui rendre après une hésitation.

Ses lèvres se pincèrent et le nuage qui pesait sur ses pensées ne vint que s’épaissir davantage. Il pouvait être dangereux que d’accepter de l’accompagner, cela pouvait retourner le couteau dans la plaie encore et encore. Il était possible qu’elle lui avoue son grand amour pour Owen ou quelque chose de plus terrible encore. « Si tu veux. » Elle avait bien trop peur qu’un refus ne fasse que retarder la chose. Elle glissa un regard aux autres personnes dans la pièce « Désolée, vous savez Hope et ses caprices. » C’était cinglant, gratuit mais elle n’avait pu s’en empêcher. Parce que question caprice, Soledad n’avait pas son mot, elle qui avait embrassé une fille inaccessible.

Soledad quitta alors la pièce dans un lourd silence et croisa les bras une fois la porte fermée derrière elle. « Tu comptes vraiment prendre un café ou c’était une excuse ? » Elle avait bien sûr gardé sa capuche qui cachait une grande partie de ses traits épuisés et l’éclat terne de ses yeux pourtant rieurs d’ordinaire.

Il était horrible pour Soledad de se montrer aussi mauvaise envers celle qui faisait battre un peu plus fort son cœur, mais il était bien plus simple d’ignorer ses sentiments que de les assumer pleinement. Surtout lorsqu’ils n’étaient en rien réciproque, certes, elle restait hantée par la chaleur de sa main contre sa nuque et de la douceur de ses lèvres lorsqu’elle avait répondu à son baiser, mais tout ça c’était terminé et elle devait l’oublier. Il était drôle de voir que sa gentillesse ne se soldait que par de la douleur, qu’il s’agisse de cette fille magnifique ou de cet homme qu’elle avait souhaité épouser.

Soledad aurait apprécié ne pas faire de pause et déterminer rapidement son travail pour ne plus sentir son parfum emplir furieusement ses narines, mais ce n’était pas du goût de Hope qui semblait encline à discuter pour son plus grand malheur. Il était hors de question – pour son petit cœur- que d’évoquer cette maudite soirée où elle avait fait la bêtise de laisser la passion dominer la raison. « Si tu proposes. » lâcha-t-elle simplement sans aucune amertume dans la voix, elle regrettait déjà sa pique de toute à l’heure.

Mains dans les poches de son sweat, l’hispanique suivit la blonde, son regard fixé sur sa douce silhouette qu’elle avait longuement désiré dans ses rêves les plus fous et qui, désormais, hantait le moindre de ses cauchemars. Pourquoi n’avait-elle pas jeté son dévolu sur une bêtasse le temps d’une nuit plutôt que de s’enticher d’une déesse déjà vouée à épouser un idiot de mâle. « Sans blague. » claqua-t-elle à sa remarque sans vraiment prendre le temps de peser ses mots. Il fallait dire que la plaie était encore béante et que le manque de sommeil n’aidait pas à calmer ses maux. « Que veux-tu ? J’ai fait une connerie en t’embrassant, y’a pas grand-chose à dire de plus. Tu veux quoi ? Des excuses ? Revenir en arrière ? Désolée, mais ce n’est pas possible. »

Sa migraine commençait sérieusement à être douloureuse et l’envie de prendre la fuite lui saisit la gorge. Si elle écoutait sa petite personne du passé, il n’aurait jamais été question de respecter l’homme qui partageait la vie de la blonde. Il était bien plus simple que d’obtenir ce que l’on souhaitait le plus au monde pour le jeter plus tard n’est-ce pas ? Mais ce n’était plus cette Soledad maintenant, il n’était plus possible d’être le Diable sans éprouver des remords par la suite.

La situation lui échappait complètement et pourtant, il lui était impossible de réfléchir convenablement. Comment avaient-ils fini par en arriver là ? Qu’avait-elle fait pour provoquer une telle réaction de sa part ? Lui qui avait tout fait pour la sauver du monstre Dépression, le voilà qui prenait la fuite, quel con. Les larmes l’empêchaient de voir correctement son cœur se déchirer mais lui faisaient comprendre qu’aucune machine arrière n’était possible, tout était terminé et pour de bon. Les poings se serrèrent et l’envie de le passer à tabac lui saisit les tripes, lui qui méritait tant venait de devenir son pire ennemi en une fraction de secondes. Il aurait été trop gentil de lui trouver des excuses alors qu’il avait laissé l’égoïsme dicter le moindre de ses gestes. Il s’en allait parce qu’il avait bien trop peur de voir son petit monde changer. Elle hurla à s’en briser les cordes vocales et balança la première chose qui lui passa sous la main. Le vase se fracassa sur la porte désormais fermée et seule la solitude la réconforta de sa présence.

Putain de passé de merde qu’elle aurait tout fait pour oublier, mais encore faudrait-il qu’elle comprenne qu’elle avait besoin d’aide pour enfin d’aller de l’avant. Parce que Soledad se laissait clairement guider par les fantômes d’un trop douloureux passé et d’une maladie qu’elle pensait soigner. Mais la situation n’aidait pas à ce qu’elle se calme, au contraire, tout ce qui était trop longtemps contenu commençait doucement à se craqueler, les barrières n’étaient plus assez solides. Pourtant, sa main tremblante parvint à attraper la boisson chaude sans la balancer plus loin et elle trouva même le courage de retirer sa capuche pour laisser apercevoir sa face fatiguée. Sans oublier le magnifique œil au beurre noir qui disparaissait peu à peu, le bon vieux souvenir de sans-abri qui avait défendu sa bouteille à tout prix.

« Tant mieux. » répondit-elle simplement en trempant ses lèvres dans le chaud breuvage, elle regrettait presque de ne pas sentir une légère dose d’alcool dans son verre, mais elle s’interdisait de céder à la boisson au travail. Soledad peina à garder son esprit concentré tellement ce dernier voulait se réfugier dans le brouillard de la migraine, histoire de ne pas devoir réfléchir, mais ça n’arrangerait rien à la situation. Les questions la firent grimacer et sa poigne se raffermit sur le gobelet qui manqua de gémir presque de douleur. Il était douloureux de songer à tout cela sans sentir l’égoïsme empoigner sa gorge déjà bien nouée. Il était simple de lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, mais elle avait bien trop peur de la voir fuir de nouveau comme elle l’avait vu fuir lui.

« J’en sais foutre rien Hope. » Le reste du café fut avalé d’une traite. « Cette soirée tourne en boucle dans ma tête et je commence sérieusement à en avoir marre, tu vois ? » Finalement, il était impossible d’intérioriser encore et encore. « Je pensais que c’était dû à l’alcool ou j’en sais rien, mais non, j’arrête pas de me demander pourquoi tu m’as pas repoussé directement au lieu de m’embrasser en retour. » Le gobelet fut écrasé dans sa paume comme tous les jolis rêves qu’elle s’était fait d’elles deux. « Parce que depuis j’en souffre, parce que je peux pas ignorer ce que je ressens pour toi, alors j’en sais rien si ça doit être tendu comme ça, mais peut-être encore faudrait-il que tu m’éclaires sur la situation. Parce que tu dis jamais rien. »

Premier jour et Soledad ne réalisait pas encore qu’elle s’apprêtait à devenir la voix d’une héroïne de dessin animé. Un tournant dans sa carrière qui battait un peu de l’aile depuis la rupture de ses fiançailles, mais un tournant qui lui donnait l’envie d’espérer de nouveau. Elle s’était présentée un peu à l’avance, comme à chaque fois qu’elle était stressée, et attendait sagement que le reste du casting pointe le bout de son nez. Ce fut à cet instant qu’elle la vit pour la première fois et autant dire qu’elle avait eu le don de la marquer. Hope Fawkes, co-star et doubleuse de la meilleure amie de son personnage, quelle ironie pour le futur. Elle n’avait pu que remarquer sa beauté innocente qui rayonnait et son sourire qui avait détruit ses maigres barrières d’un claquement de doigts. Mais Soledad s’était promis de ne plus se laisser faire, de ne plus tomber dans les filets des sentiments amoureux.

Le gobelet écrasé finit dans la poubelle la plus proche alors que la latina venait d’avouer que des sentiments s’étaient mêlés à leur relation pourtant amicale. Ce mot la faisait bien rire, qui venait embrasser désespérément une amie dans l’attente d’une envie réciproque ? L’ambiguïté était présente depuis leurs premiers échanges et pourtant, elle avait eu la bêtise de se voiler la face. De ce fait, elles se retrouvaient dans un sacré merdier et Soledad sombrait de plus en plus dans cette dépression qu’elle ne voulait pas voir. « Perdue. » soupira-t-elle en croisant les bras, commençant à faire les cent pas.

Les pensées commençaient à être trop nombreuses, trop encombrantes dans son crâne qui peinait déjà à tenir debout avec la migraine. Au moins, Soledad avait eu la gentillesse d’être honnête et de lui donner toutes les informations suffisantes pour lui répondre. Mais ce ne fut pas réellement le cas, la blonde était perdue et dépourvue de réelles solutions. Le cœur se serra de nouveau et l’amertume envahit sa gorge. La Soledad d’autrefois aurait sauté sur cette occasion pour s’immiscer dans le cœur de la belle, mais l’actuelle voulait fuir ce genre de situation.

Il s’agissait d’un scénario rêvé pour un film romantique typique d’Hollywood, mais elles étaient dans la réalité et l’une d’elles avait déjà suffisamment souffert de cette situation. « Stop. » Lâcha-t-elle afin après de longues minutes de silence. « J’arrête. » Elle se passa les mains dans les cheveux dans un soupir à fendre l’âme. « Si tu es perdue alors je ne peux rien faire pour toi. » Soledad ne voulait pas souffrir, ne voulait pas devenir la maîtresse d’une femme honteuse de son orientation, ne voulait pas être un jouet que l’on jette après l’avoir brisé. « Je vais te laisser le temps, je vais te laisser tranquille. Tu en as besoin et j’en ai besoin. » Elle planta son regard dans le sien, le visage toujours de marbre. « Peut-être que tu auras un jour les idées claires, je l’espère pour toi. Mais d’ici là, il n’y a plus rien d’autre que du professionnel entre nous, je ne veux pas gâcher le beau projet de ces filles. » Elle plongea ses mains dans ses poches, la

Soledad aurait aimé être une personne qui se laissait guider majoritairement par la raison, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Elle avait toujours eu cette fâcheuse tendance de prendre des décisions dans un élan de lucidité avant de les envoyer balader quelques heures, voire minutes plus tard. Elle savait, au plus profond d’elle-même, qu’il fallait qu’elle s’éloigne au plus vite de cette fille avant de définitivement ne plus pouvoir s’en passer, de tourner la page et d’enterrer une amitié qui était, pourtant, si belle et rafraîchissante dans sa vie monotone. Les mains tremblaient dans ses poches mais elle préférait cacher son état, elle ne voulait pas que Hope s’inquiète ou se pose trop de questions. Soledad savait très bien qu’après cet enregistrement, elle deviendrait une loque, un trou sans fond qui enchainerait les bouteilles dans le but certain de ne plus se réveiller. Pourquoi n’avait-elle toujours pas compris qu’elle avait besoin d’aide ?

Elle écoutait, quand même, les réponses de la blonde et sa mâchoire ne cessait de se serrer encore et encore. C’était en train de se faire, pourquoi est-ce que ça sonnait comme une rupture ? Le souffle s’intensifia alors que la raison voyait le cœur grandir encore et encore au point de prendre toute la place jusqu’à en écraser la raison. Oui, il fallait s’éloigner. Oui, il fallait qu’elle s’empresse de le faire. Mais, elle n’avait pas envie. L’égoïsme et la passion bouillonnaient dans ses veines, et il fallut de cette ultime remarque pour faire vriller le peu de rationalité qui lui restait. Hope avait utilisé la méchanceté de la latina comme pour en rigoler, mais Soledad l’avait interprété autrement.

Au diable la gentillesse pour cet homme qu’elle ne connaissait pas. Au diable les autres et leurs principes de merde, elle savait qu’Hope ressentait quelque chose pour elle, jamais elle n’aurait réagi comme ça, jamais elle n’aurait répondu au baiser ce soir-là. Là. Dans une tentative qu’elle ne pouvait expliquer, Soledad s’approcha de la blonde qui la rendait dingue et glissa une main sur sa joue. Les lèvres semblaient être prêtes à se retrouver de nouveau mais n’eurent la chance de s’enlacer, seul le froid baiser du vide entre elles était là. Quelques secondes à peine s’écoulèrent, son regard brûlant de passion et d’hésitation rencontrèrent celle de Hope, mais rien ne se passa. La raison tira une dernière ficelle avant de disparaître pour de bon. « Bordel… » Soupira-t-elle en reculant de quelques pas. « … J’y retourne. » lâcha-t-elle sans la regarder, prenant la route des studios comme pour s'empêcher de faire une bêtise, sans pour autant faire taire cette envie qu'elle la retienne, la rattrape...

Elle ne la rattrapa et c’était prévisible connaissant la jolie blonde, mais cela devait être un soulagement. Après tout leur passion confuse ne devait pas perturber l’avancement de leur engagement professionnel, on attendait beaucoup d’elles deux, elles régleraient tout ça plus tard quand leurs voix ne seraient pas requises. Elle se passa une main tremblante dans les cheveux comme pour calmer les battements fous de son cœur et se figea presque en entendant la douce voix de celle qui s’emparait peu à peu de son cœur. N’avait-elle pas demandé un temps pour souffler loin de tout le monde ? Décidément, elle n’était pas la seule à changer d’envie toutes les deux secondes. Alors, gentiment, Soledad ralentit le pas pour qu’elle puisse la rattraper et lui glissa un bref regard curieux.

La latina ne pouvait jamais lui en vouloir longtemps, parce qu’elle savait que cette fille ne voulait blesser personne et qu’elle était -surtout- aussi perdue qu’un nouveau né. San qu’elle le sache, Soledad avait un peu trop bousculé le joli décor de vie de sa collègue. Les paroles de Hope la firent doucement sourire, rien d’ironique ou de moqueur cette fois, non un sourire sincère de soulagement alors qu’elle laissa ses doigts frôler les siens comme une douce brise. « Merci Hope. » conclut-elle simplement, non sans se pencher dans sa direction pour déposer un baiser sur sa joue chauffée de toute cette discussion. « Ca compte beaucoup pour moi ». rajouta-t-elle finalement en lui tenant la porte, faisant un signe à celles qui les attendaient depuis tout à l’heure.

Soledad se semblait plus légère que tout à l’heure mais ses pensées restaient bousculées, confuses, littéralement paumées. Devait-elle espérer de connaître autre chose qu’une belle amitié avec cette fille ? Aurait-elle l’occasion de la courtiser ? Peut-être de l’inviter à boire un verre ou aller au cinéma en toute connaissance de cause ? Des espérances que son côté romantique -si bien dissimulé- se languissait de connaître. « Désolée les filles, on est prêtes ! »