Carla avait eu une soirée bien trop arrosée la veille, au point qu’au milieu de la nuit, elle avait appelé un inconnu. Elle avait trouvé le numéro de son téléphone mais était bien incapable de savoir comment il était arrivé là. Les souvenirs de la conversation sont vagues, mais en se réveillant, elle avait ressenti une étrange sensation de bien-être comme elle n’en avait que très peu connu dans sa vie. Ça l’avait suivi toute la matinée et son sourire n’avait pas quitté son visage une seule seconde, même lorsqu’un de ses collègues avaient fait une énième remarque machiste. Elle était restée pensive également, comme absorbée hors du monde, au point que Jaden la ramène à la réalité plus d’une fois, ce matin-là. Heureusement, elle finissait son travail à midi et devait aller manger chez Briséïs ensuite et sans doute passer l’après-midi avec si l’autre brune n’avait rien de prévu.

Ni une, ni deux, à l’heure convenue, Carla monte sur sa trottinette électrique et se met en route. Une petite halte dans une petite épicerie, histoire de ne pas se ramener les mains vides et rapidement, elle est devant la porte de chez sa meilleure amie. Toc. Toc Toc. Toc. Leur code secret. Oui, Carla peut se montrer un brin enfantine lorsqu’elle s’y met, elle adore les petites plaisanteries entre amis. « Ouvre ! J’ai mal aux pieds avec mes talons ! » Pas patiente pour un sou. Quelle idée aussi de parcourir la ville en talons aiguilles… Elle se maudirait. Ou plutôt, elle maudirait bien sa mère à cause de qui elle a ces fichues habitudes vestimentaires. Dès que la porte s’ouvre, c’est son plus beau sourire qui s’affiche et elle entre dans l’appartement en faisant comme chez elle. « Ezra n’est pas là ? » Ce n’est pas qu’elle ne l’aime pas, bien qu’elle ait toujours eu cette sensation que cet homme n’est pas assez bien pour son amie, mais elle a besoin d’un moment rien qu’entre filles.

Briséïs ne travaillait pas aujourd’hui et elle était toute seule pour la journée, son fiancé ne rentrant que ce soir. Elle avait alors prévu de voir sa meilleure amie. Elle en avait besoin également et peut-être qu’elle pourrait lui parler, se confier à elle. Elle savait qu’elle pouvait se confier à elle, sans qu’elle ne le dise à qui que ce soit. Elle n’allait pas parler de son fiancé, de comment ça se passait avec lui évidement. Elle avait juste envie de se retrouver avec Carla parce que ça faisait un moment qu’elles ne s’étaient pas vues toutes les deux.

La brunette prépare de quoi manger pour accueillir son amie et en profite pour faire un peu de ménage chez elle. Elle met un peu de musique en fond, pour éviter également de penser à certaines choses. Elle finit par regarder l’heure et entendre toquer à la porte. Elle sait qu’il s’agit de Carla alors elle éteint son enceinte et sourit. « Je suis là ! Je t’ai dit les chaussures c’est mieux que ça. » Elle lui dit en rigolant, la laissant entrer chez elle. Elle non plus n’est pas à l’aise avec des talons même si elle en met pour sortir. « Non, il travaille et sera là que ce soir mais c’est pas grave, on sera là toutes les deux. » Elle lui dit en souriant. « Le repas est bientôt prêt, j’espère que tu as faim ! » Elle lui dit en vérifiant celui-ci. « Tu veux boire quelque chose en attendant ? » Elle lui propose tout en sortant deux verres. « Bon dis moi, comment est-ce que tu vas toi ? Quoi de beau ? » Cela fait un moment qu’elles n’ont pas été toutes les deux.

« Je suis obligée d’en porter ! » Soupire-t-elle. Obligée ? Non. Elle s’y oblige elle-même, à cause de ce fichu pacte qu’elle a fait avec sa mère il y a des années de ça. Comme si c’était encore d’actualité. La vérité n’est-elle pas qu’elle aime ces tenues bien trop féminines en contraste avec sa personnalité ? Fort possible. Elle hoche la tête en apprenant qu’elles ne seront que toutes les deux. « Tant mieux ! J’avais très envie d’un moment rien qu’entre filles. » Son sourire s’allonge alors qu’elle se met davantage à l’aise et pose sa veste sur le dossier d’une chaise. « Comme d’hab ! » Un véritable ventre sur pattes. Il ne faut pas juger la jeune femme sur sa corpulence frêle, parce que dieu sait ce qui se cache là-dessous. « Ouais, ce que t’as ! Une bière, maybe ? » Elle n’aurait pas à reprendre le service dans l’après-midi, et elle ne risque pas de se prendre une amende au volant de sa trottinette, alors autant en profiter. C’est sans aucun doute pour ces raisons qu’elle n’a toujours pas de voiture et qu’elle ne veut pas en avoir. Le permis, elle ne l’avait passé que parce qu’elle y avait été contrainte dans le cadre de son métier. « Oh… Je… Oui, ça va. Toujours les mêmes emmerdes au boulot, mais ça va. Tant que j’peux continuer à profiter de ma vie en dehors… » Son sourire s’élargit. Carla ne vit que pour ses amis. Elle en a des tas et elle connait tout le monde partout. Bien sûr, les vrais amis, elle les compte sur les doigts d’une main, et en dehors de Claire et Briséïs, la liste est plus que courte, pour ainsi dire inexistante. « Et toi alors ? C’est moi ou tu as l’air plus fatiguée que d’habitude ? »

Briséïs portait aussi des talons durant les soirées pour son boulot et ce genre de choses. Pourtant, en réalité, elle avait une paire de chaussure de ville quelque part avec elle. Lorsque tout ceci était terminé, elle les enfilait. « Mais non, on est que toutes les deux alors tu pourrais porter des tongs que je m’en fiche. » Bon d’accord, elle qui travaillait dans la mode ne trouverait pas ça très classe mais peu importe. C’était sa meilleure amie alors elle ne la jugerait pas, peu importe ce qu’elle mettrait. La brunette se dirige dans la cuisine pour en sortir deux bières du frigo. « Tu as de la chance j’ai ce qu’il faut. Tiens. » Elle lui donne après avoir décapsulé les deux bouteilles. Son fiancé en buvait alors il y en avait toujours au moins quelques-unes au frais. Ce n’était pas ce qu’elle préférait de son côté mais elle voulait bien accompagner Carla pour ce soir. Elle lui demande comment ça se passe dans sa vie actuellement. Elles se parlent par message mais bon ce n’était pas pareil. Il y avait forcément des choses qu’elles ne se disaient pas par message. « tu es sûre ? Je veux dire, on ne t’embête pas trop au boulot ? » Elle sait bien que sa meilleure amie a eu quelques soucis au travail. Il n’y avait pas énormément de femmes qui faisaient ce métier alors elle pouvait être embêter par certains collègues. La brunette savait qu’elle se défendait bien mais bon quand même. Ce n’était pas facile tous les jours et parfois, on pouvait se laisser faire. Il y avait des jours où c’était sûrement plus difficile. Briséïs boit une gorgée de sa bière. « Un peu enfin disons qu’entre le boulot et les préparatifs pour le mariage je n’ai plus beaucoup de temps pour me reposer. » Elle ne lui dit pas que c’est compliqué avec Ezra et que les choses ne se passent pas aussi bien que ça. Elle ne lui dit pas que parfois, elle pleure en silence dans son lit, en attendant que la douleur passe. Elle ne part pas, elle est toujours là. « Je suppose que ça ira mieux dans quelques semaines. » Elle tente de vouloir être rassurante. « Ca a l’air d’être prêt, on passe à table ? » Elle change aussi de sujet.

« Des tongs ? » s’exclame aussitôt Carla comme si son amie venait de formuler le plus gros sacrilège au monde. « Je me ferais tuer si ça venait à se savoir ! » La jeune femme se souvenait encore de l’admiration qu’elle pouvait lire dans le regard de sa mère, quand, enfant, celle-ci faisait faire tous les concours de miss imaginables à sa fille. Carla avait fini par avouer à sa mère que c’était son rêve à elle, mais pas le sien, et elle avait alors pu voir dans les yeux de sa chère maman, une déception immense. A compter de ce jour, elle s’était mise en tête de tout faire pour ne plus la décevoir, et c’était entre autres passé par des choix vestimentaires qui ne collent pas du tout avec sa personnalité et ses goûts. Donc, non, impossible de porter des tongs à moins d’être à la plage, des fois que ça causerait un arrêt cardiaque à la matriarche. Oui, Carla peut parfois être un peu superstitieuse…

Un large sourire prend place sur son visage alors qu’elle voit déjà la bière se profiler. Celui-ci diminue à l’évocation des moqueries à son boulot. Elle hausse les épaules, tentant de laisser tout ça de côté. « Disons… pas plus que d’habitude. » Se battre chaque jour pour garder le peu de crédibilité qu’on a, il faut vraiment en vouloir pour ça. « Je commence à me trouver de solides alliés, ça aide ! » Elle pensait entre autres à Jaden, Becca ou encore Claire qui, un à un, petit à petit, l’aide à prendre confiance en elle et à s’affirmer davantage, à se trouver plus légitime aussi. « J’imagine. » En réalité, elle n’imagine rien du tout. Elle n’a même jamais eu d’histoire sérieuse, alors… Elle hoche la tête quand son amie propose de passer à table. Visiblement, elles ont toutes les deux envie de parler de tout sauf de ce qui fâche. « Tant que tu promets de ne pas m’obliger à porter une de ces horribles robes de demoiselle d’honneur, tu peux me faire manger absolument tout ce que tu veux ! » Gourmande et pas difficile pour un sou, c’est toujours plaisant d’avoir la brune à table.

Elle se met à rire Briséïs parce qu’elle sait bien que sa meilleure amie n’irait pas porter de tongs. Ce n’est pas pour elle et puis sa mère ne le voudrait pas. Elle ne comprenait pas trop la brunette puisque de son côté, ses parents n’avaient jamais vraiment imposé quoi que ce soit. Elle avait toujours été libre tout comme son frère même s’ils étaient assez protecteurs envers elle. « Mais non, promis je te couvre ! » Elle n’avait pas pour autant envie que sa meilleure amie soit malheureuse mais c’était compliqué. Les relations avec les parents pouvaient l’être. « Mais tu sais, tu ne devrais pas t’empêcher d’être toi-même et de porter ce qui te plait. Puis ici, elle n’est pas là pour le voir. » A moins qu’elle ne suive sa fille jusqu’à chez Briséïs mais elle ne pense pas. Elle avait déjà rencontré sa mère mais bon, elles n’étaient pas proches toutes les deux.

La brunette se renseigne sur le boulot de son amie afin de savoir comment ça se passe. Elle sait que c’est parfois difficile parce qu’elle est une femme et que certains l’embêtent par rapport à ça. « Tant mieux alors, je suis contente si tu as des collègues qui sont là pour toi-même si je sais que tu sais te défendre. » Ce n’était pas pour autant le plus facile. Les choses ne l’avaient pas été pour elle non plus mais elle s’était donné les moyens de réussir. « Bah.. elles sont pourtant bien mes robes, non ? » En réalité, elle n’avait pas encore définitivement choisi celles qu’elle désirait. Ceci dit, elle se disait que ses demoiselles d’honneur pourraient porter ce qu’elles désiraient. « Mais d’accord, tu pourras porter ce que tu veux. » Elle voulait qu’elle porte quelque chose dans lequel elle se sentirait bien. « D’ailleurs si tu as une idée dis moi, même si on a pas beaucoup avancé sur les préparatifs ces temps-ci. » Si seulement c’était l’unique problème.

« Je sais. » soupire-t-elle bien que Briséïs veuille juste être gentille, et qu’elle a tout à fait raison. A dire vrai, Carla manque d’arguments convaincants et elle le sait pertinemment, pourtant, elle continue la mascarade qu’elle s’impose à elle-même chaque jour. « Je saurais même pas expliquer pourquoi je continue à faire ça… à croire qu’il y a une part de moi qui aime. » Et qu’elle ne veut juste pas l’admettre ? Ou se l’admettre d’ailleurs ? C’est tout à fait possible… C’est sympa, après tout, ce côté double personnalité. Elle aime en jouer. Elle aime surprendre. Elle aime qu’on la croit être ainsi alors qu’elle est tout l’opposé. « Dans le fond, j’pense que j’y trouve mon compte. C’est juste plus facile de tout mettre sur le dos de ma mère… » Et plus facile pour râler quand elle dit que ce n’est pas ses choix, aussi. « Tu me trouverais folle si je te disais que j’ai peur qu’il arrive un truc grave à ma mère si d’un coup, je m’habillais comme bon me semblait ? » Elle ne l’avouait pas facilement et se demande même si ce n’est pas la première fois qu’elle prononce ces mots à voix haute, mais devant sa meilleure amie, elle sait qu’elle peut y aller sans crainte.

Un sourire se glisse sur les lèvres de la brune. Elle adore entendre qu’elle sait se défendre et n’en est pas peu fière. « En général oui ; mais on sait tous que les mariées voulant être au centre de l’attention le jour J, font toujours tout pour s’assurer que leurs demoiselles d’honneur soient… moins à leur avantage. » Elle explique le tout tel un fait avéré, sachant bien qu’elle fera ce que Briséïs lui demandera, sauf si vraiment c’était trop contre nature. « J’pensais… choisir quand je t’accompagnerais aux essayages ? » lance-t-elle tout sourire. Aussi féminine soit cette activité, Carla avait hâte d’y être et de voir Briséïs essayer un tas de robe de mariée. Bien trop sentimental dans le fond, notre Carla, bien qu’elle ne sache pas véritablement ce qu’est l’amour à son âge. « Parait que c’est champagne à volonté… Tu me connais, je ne voudrais pas louper ça. » Son sourire est angélique. Quelle bonne excuse.

Briséïs ne sait pas pourquoi son amie continue de faire cela. Pour faire plaisir à sa mère ? Probablement oui. Elle ne devait pas pour autant faire quelque chose qui ne lui plaisait pas. Elle n’était pas obligée de faire cela devant elle en tout cas. Elle se moquait bien de comment elle s’habillait et tout ça, tant que la jeune femme se sentait bien dans son corps. « Peut-être oui ou tu as pris l’habitude, je ne sais pas. » Elle n’avait pas la réponse à cela non plus mais elle ne pourrait sûrement pas faire ça tout le temps, elle suppose. Elle comprenait ses mots même si cela ne voulait probablement rien dire. « Non pas du tout mais ça va aller, il ne va rien de passer. Le pire qu’il pourrait y avoir c’est qu’elle soit fâchée mais tu es sa fille alors ça ne durera pas longtemps. Elle finirait par comprendre. » Elle l’espère en tout cas. Il n’y avait rien de pire qu’un parent qui soit fâchée avec vous et inversement bien entendu.

Briséïs le sait que sa meilleure amie peut se défendre, elle la connait tout de même maintenant. « Je n’ai jamais aimé être le centre de l’attention alors.. » Elle lui dit en rigolant. Elle était plutôt discrète, elle aimait se fondre dans la masse. « Et tu seras toujours belle de toute façon mais promis, tu ne porteras rien dans quoi tu n’es pas à l’aise. » Elle lui dit avec un sourire. Oui le but c’était qu’elle se sente bien et les autres aussi. « Avec plaisir, quand est-ce que tu peux ? Je n’ai toujours pas trouvé la bonne. » Et ce n’était pas faute d’avoir essayé quelques robes déjà mais elle était probablement trop difficile. « Ah tu veux venir que pour le champagne avoue ? » Elle dit en rigolant mais il fallait bien que ça ait un avantage. « Je vais éviter de trop boire mais je te laisse le champagne avec plaisir. » Elle savait qu’elle ne tenait pas beaucoup alors autant éviter. « Bon sinon on parle de mes amours mais toi ? » Et encore, elle ne lui avait pas tout dit mais elle ne savait pas trop comment alors elle attendait.

Elle hausse les épaules. L’habitude, il est certain qu’elle la prit, mais la peur qu’elle ressent est irrationnelle. Carla est une femme plutôt terre à terre, pourtant, mais allez savoir pourquoi, parfois, elle se fait tout un tas de scénarii catastrophes, finissant par s’effrayer toute seule. Elle hoche la tête, sans grande conviction. Elle aimerait croire que son amie a raison. « Oui, c’est sûr… » Inutile de parler de ça plus longtemps, car ça ne mènerait sans doute nulle part.

« Le weekend prochain ? » propose-t-elle, tout sourire après avoir grandement apprécié le compliment de Briséïs. « Je veux pas te porter malheur, mais c’est pas bon signe quand on ne trouve pas. » Pourquoi est-ce qu’elle dit ça ? Elle s’en veut aussitôt, n’ayant pas tourné la langue sept fois dans sa bouche avant de prononcer les paroles. Sans doute son opinion sur Ezra et ses mauvaises ondes qui la font dire de telles horreurs. « Ou alors, tu n’as pas encore trouvé LA bonne, tout simplement. » tente-t-elle de se rattraper. Heureusement, à parler champagne, ça change tout de suite la nature de la conversation. « Disons que c’est un argument comme un autre. » Haussement d’épaule, comme si elle était l’innocence même. Toute personne qui connait Carla connait également son goût pour les petits plaisirs de la vie.

« Moi ? Mes amours ? » Elle éclate de rire. « C’est toujours autant le néant. » Elle marque une pause. « Le jour où je rencontrerais quelqu’un, il pleuvra de l’huile, tu verras. » Elle s’est presque mise en tête qu’elle finirait vielle fille, à force. « J’crois que je ne sais pas dégoter autre chose que de la friendzone. Tu devais pas me donner des cours d’ailleurs ? » Elle se met à rire, plutôt décomplexée sur sa vie sentimentale. A moins que ce ne soit qu’une facade qui cache la solitude qu’elle ressent trop souvent au fond d’elle.

Briséïs tente d’aider Carla concernant sa relation avec sa maman mais elle comprend que ce soit compliqué. Elle n’avait pas envie de se disputer avec sa mère ni même la blesser mais en même temps, sa mère ne pouvait pas la forcer à faire certaines choses. Surtout que ça ne rends pas service à Carla. Elle savait de toute façon qu’elle était là pour son amie. Elles évoquent finalement le mariage de Briséïs. Son amie devait voir avec elle pour sa tenue. « Ca me va oui enfin on se confirme ça ? » Au cas où. Elle ne voyait pas ce qui pouvait poser soucis mais elles pouvaient avoir un empêchement ou autre. Elle fronce les sourcils et fait un peu la grimace aux paroles de sa meilleure amie. Celle-ci se rattrape de suite. « Je n’ai pas trouvé la bonne non. » Elle lui dit avec un sourire. Elle n’avait pas trouvé, c’était tout simplement cela. Elle avait pourtant fait plusieurs magasins mais il fallait croire que le coup de cœur n’était jamais arrivé. Elle ne peut s’empêcher de rigoler. C’est vrai que venir boire du champagne gratuitement, ça ne se refusait pas.

Elle décide de changer de sujet parce qu’après tout, elles ne font que parler d’elle. De son mariage. Elle a envie de savoir ce qui se passe dans la vie de sa meilleure amie. « Quoi ? T’as personne en vue ? Pas même un mec qui te plait ? » C’était une chose que de n’avoir personne dans sa vie mais une autre si elle avait une personne qui lui plaisait. « Des cours pour draguer ? Rencontrer quelqu’un ? » Elle lui demande avec un sourire. « Tu sais c’est venu tout seul moi je n’ai pas trop de secrets. Mais je peux toujours t’aider à faire des rencontres. » Elle connaissait pourtant sa meilleure amie pour savoir que ce n’était pas sa priorité.

Carla hoche simplement la tête. Elles n’étaient pas sans se parler pendant plusieurs jours de toute façon. La brune ne peut s’empêcher de s’imaginer que quelque chose se trame, mais elle ne saurait identifier quoi ; alors pas d’autre choix que de faire confiance à Briséïs, quand elle lui dit qu’elle est heureuse et amoureuse. Elle est sa meilleure amie, donc s’il y avait un problème, elle lui dirait, non ?

« Il y a bien une ou deux personnes que je trouve particulièrement séduisante… » lâche-t-elle. Oui, elle ne se fait pas prier pour reluquer, homme comme femme, quand elle fait la tournée des bars. Des personnes, elle en rencontre à foison et elle se lie très facilement, mais il n’y a jamais cette étincelle qui donne envie d’aller plus loin. « Y’a jamais le petit truc, la vraie connexion qui donne envie de plus. En même temps, c’est pas comme si je cherchais vraiment… » Elle hausse les épaules. Elle se plait à se dire qu’elle vit très bien toute seule, mais ses rêves de prince charmant ont tendance à la rattraper de plus en plus, sans qu’elle ne soit pressée pour autant. Elle a confiance en l’avenir, un jour viendra. « Des nouvelles têtes, j’en croise tous les jours. Tu me connais, je sociabilise facilement. » Un rictus amusé vient se greffer sur son visage. « Sauf qu’on préfère largement m’avoir comme amie que comme petite-amie. » Nouveau haussement d’épaules. « En même temps, j’suis pas facile comme nana. T’en connais des masses toi, des nanas qui rotent, qui pétent, qui boivent ? Je crois que je fais peur. » Elle se met à rire. Elle n’est pas une calamité à ce point, clairement, elle exagère sur ses mauvaises manières, mais il n’en reste pas moins qu’elle a un véritable caractère loin d’être féminin là-dessous qu’hommes comme femmes ont du mal à apprivoiser.

Briséïs préfère parler des relations amoureuses de sa meilleure amie. C’est plus passionnant que la sienne et bon, elle devait juste préparer son mariage et régler ses histoires avec Ezra. Cette deuxième partie serait plus compliquée. En revanche, si la brunette pouvait s’assurer que son amie était heureuse, c’était plus important pour elle. Elle voulait que ses proches soient heureux, quand bien même elle ne l’était pas entièrement. Elle relève la tête de sa tasse en entendant son amie. Voilà qui était intéressant. « Ah oui ? Et qui sont ces personnes ? Je les connais ? » D’accord, cela ressemblait plus à un interrogatoire alors que c’était Carla qui travaillait comme flic mais peu importe. On avait toujours une part de flic en nous concernant nos proches. Elle hoche la tête parce qu’elle s’en doutait qu’elle ne cherchait pas. Elle la connaissait. « Je comprends oui, pas de quoi te marier à ton tour je suppose ? » Elle le saurait tout de même si ça venait à arriver. Elle espérait bien que la brunette lui en parlerait. Il est vrai que la jeune femme devait croiser beaucoup de monde avec son boulot. Ceci dit, ce n’était pas top d’avoir des relations avec des possibles suspects ou témoins mais sait-on jamais. Elle avait connu le coup de foudre de son côté alors, ça pouvait bien arriver. « Mouais.. moi je suis certaine que qu’ils ne voient pas tout le potentiel que tu as. » Elle dit en haussant les épaules à son tour. Peut-être qu’elle disait cela parce que c’était sa meilleure amie mais elle le pensait vraiment. Elle lève les yeux au ciel aux paroles de la jeune femme. « Mais enfin, tu ne serai pas une humaine si tu ne le faisais pas. Et puis ça se trouve, ils sont pires que toi. » Elle lui dit en rigolant. On ne sait jamais après tout. « Je veux bien te donner mon avis en tout cas. » Elle n’est sûrement pas la mieux placée ceci dit.

« Personne en particulier. Je parlais de manière générale. » dit-elle tout en haussant les épaules. « Ton voisin, tiens, il est séduisant par exemple. » Un exemple comme un autre qui lui vient en tête seulement parce qu’elle l’a croisé dans les couloirs en arrivant. Ça permettrait à cet interrogatoire de ne pas aller plus loin, sans aucun doute. Puis, Carla rit quand Briséïs lui pose la question du mariage, ce qui sert de réponse. Son amie le sait qu’il se passera sans doute des mois, voir des années avant qu’elle ne fasse d’elle sa demoiselle d’honneur à son tour. « Oh oui, c’est vrai que j’en connais des pires ! » Elle se met à rire. Au moins, la personne avec qui elle finira en couple un jour sera au moins sûre qu’il n’y aura pas de tabou possible dans leurs vies. « Tu sais bien que s’il se passe un truc, tu seras la première au courant ! Mais en attendant, à moins qu’il te reste un frère ou une sœur célibataire, je crois que tu ne pourras pas faire grand-chose. » Elle n’est aucunement sérieuse lorsqu’elle dit ça puisqu‘à sa connaissance, toute la famille McFaden est casée. D’ailleurs, elle n’aurait même pas prononcé les mots si elle ne pensait pas que c’était le cas. Les rencontres arrangées n’étant pas vraiment son fort.
« Bon, et si on mangeait ? Ça doit être chaud maintenant ? » s’empresse-t-elle d’ajouter en espérant couper court à toutes ces tergiversions.

Heureusement qu’elle n’était pas en train de boire une boisson parce qu’elle aurait déjà tout recraché Briséïs. Elle ne s’attendait pas à cette réponse de la part de sa meilleure amie même si bon, elle ne pouvait cacher qu’il l’était. Elle n’en avait pas parlé à son amie de sa relation avec Victor, bien qu’il ne se passait rien entre eux. Enfin, elle ne dirait pas la même chose. « Oui c’est vrai il est pas mal. » Elle lui dit en rougissant, espérant que sa meilleure amie n’ait rien remarqué. Elle n’avait pas vraiment envie de parler de cela maintenant. Elle n’en était pas prête. Elle se met à rire aux paroles de Carla pour oublier. « Je crois que je ne veux pas savoir alors. » Elle lui dit en rigolant. Non parce que ça la dégouterait un peu de savoir cela. La brunette n’était pas parfaite et elle avait aussi des défauts. Néanmoins, elle ne faisait pas ce genre de choses ou en tout cas, pas en public. Elle avait un minimum de respect tout de même. « Malheureusement non je n’ai que mon frère mais il a toujours des sentiments pour sa femme je pense alors c’est raté. » Elle fait une petite moue parce qu’elle aurait bien voulu avoir quelqu’un à lui présenter pour le coup. Ce n’est pas le cas mais elle se renseignerait. Elle ne pensait peut-être pas à tout actuellement enfin peu importe. Ce n’était pas urgent ni même comme si Carla voulait être casée toute suite. « Oui tu as raison. » Elle lui dit en sortant le plat et en servant leurs deux assiettes. Elle leur sert de nouveau à boire aussi. « Bon appétit ! » Elle lance en s’installant à table pour manger une bouchée de son plat tout en discutant avec Carla de tout et rien.