Elle voulait et devait prendre son courage à deux mains Leja. Les dernières affaires qui étaient chez Joshua, elle devait les récupérer. Non pas qu’il les menaçait de tout jeter à la benne à ordure si jamais elle ne venait pas les récupérer avant le temps imparti, mais il y avait cette robe qu’elle voulait récupérer, cette paire de chaussures et surtout un bijou que lui avait offert sa grand-mère et un livre qui avaient une valeur sentimentale pour elle qu’elle se devait de récupérer avant qu’il ne se décide tout de même a tout balancé sans réfléchir. Quand elle est partie à l’époque, elle avait prit ce qu’elle pensait être toutes ses affaires mais Quand elle avait ouvert ses cartons, elle s’était rendue compte qu’elle avait oublié diverses choses et chaque jour, elle reculait l’échéance. Alors qu’elle fermait les lumières du meow parlour, la boule dans la gorge qui ne cessait de grossir parce qu’elle angoissait, elle jouait nerveusement avec ses doigts dans le métro, sur le chemin de son ancien immeuble. Elle était des plus stressées et elle ne voulait pas se perdre la tête. Elle envoyait unmessage à Ross pour l’après. Après qu’elle ait récupéré ses affaires, quand son coeur serait sans dessus dessous. Elle aurait bien besoin de Ross pour la prendre dans ses bras et lui dire que tout ira bien. Que ce n’est qu’une mauvaise passe. Que c’est terminé maintenant. Ross lui dirait tout ça mais pour le moment, elle doit vaincre ses démons. Elle déglutit et se pointe devant l’immeuble, regarde le bâtiment qui semble si haut, comme s’il touchait le ciel. Elle souffle, ouvre et ferme ses mains avec rapidité pour calmer les battements de son coeur avant d’entrer dans l’immeuble. La poigne est trop forte si bien qu’elle manque de tomber et elle monte les escaliers deux à deux avant de monter au premier étage, et quand elle voit ce couloir, elle revoit leur dernière dispute, celle quand il lui dit que de toutes façons elle n’est rien, que ce n’est qu’une sous-merde. Qu’elle ne réussira jamais. Elle souffle avant, à petit pas pour ne pas se faire entendre, de peur qu’il soit ici. Elle attrape ses clés, auquel il ne reste plus rien, pas un porte clé. Elle la déposera dans la boîte aux lettres en partant. Parce qu’elle ne voudra plus jamais revenir. Sa main en forme de poing en face de la porte, elle veut toquer pour savoir s’il est là. Et elle sursaute quand elle entend une voix. Elle se sent si faible, tellement peu sûre d’elle quand elle est ici. tu n’es qu’une merde qu’elle entend l’esprit lui murmurer, comme s’il était là, dans sa tête. Elle se tourne alors, les yeux dans le vague, les yeux qui crient à l’aide sans qu’elle ne le veuille vraiment. « Wyatt ? » demande t-elle, bien qu’il n’ait pas changé. Et le sourire devient réel, contamine le regard alors qu’elle se jette contre lui pour lui offrir une accolade. Elle l’a laissé derrière elle et n’a jamais vraiment prit le temps de prendre de ses nouvelles. « Je ne sais pas s’il est là, je ne pense pas. » explique t-elle, la clé toujours dans la main moite. « Je ne pensais pas te voir ici ! Je suis venue récupérer mes dernières affaires après tout ce temps… Mais comment vas-tu ? » demande t-elle, parce qu’au fond c’était ce qu’elle attendait. Une personne qu’elle connaissait, quelqu’un qui l’avait vu dans tout ses états, quelqu’un qui comprenait.

Revoir un visage familier, revoir quelqu’un qu’elle appréciait réellement dans cet immeuble, elle a croisé des personnes, des gens qu’elle ne connaissait pas. Des gens qui sont sûrement arrivé après son départ mais lui est toujours là. Au fond d’elle, ça ne l’étonne pas vraiment. Parce qu’elle a l’impression que Wyatt est et restera ici jusqu’à la fin de sa vie. Elle se souvient encore des soirées à boire sur le toit, enroulé dans un plaid. A boire des bières en se racontant nos vies, des histoires plus ou moins marrantes. Et Leja se dit que ça lui manque un peu, peut-être qu’elle devrait lui dire de venir chez elle un jour, qu’ils refassent leurs soirées comme avant. Mais accepterait-il de venir mettre un pied dans Brooklyn ? Peut-être pas. Elle n’en sait rien, elle verra. La bague que lui avait offert Ross a Noël au bout du doigt, elle se dit que tout ira bien, ce sera bientôt fini, bientôt elle le retrouvera. Et ça ira. « Ça me fait du bien aussi, je ne pensais pas que je te croiserais et encore moins que tu serais encore ici. » explique t-elle avec un sourire en se reculant un peu. Elle ne pouvait pas tourner autour du pot cent ans et elle sentait bien son coeur qui continuait à battre à tout rompre comme s’il ne voulait pas supporter l’entrée dans l’appartement de celui qui lui avait fait autant de bien que de mal. Elle hésitait à lui donner la clé, hésitait à lui donner accès à l’appartement avant elle. Et si Joshua était là ? Et si, et s’il l’a voyait et qu’il lui hurlait des mots horribles comme il avait eu l’habitude de le faire avant ? Elle crevait de peur Leja et elle voulait que ça s’arrête, elle voulait se rouler en boule dans son lit et pleurer. Une dernière fois. « Mais s’il est là ? » demande t-elle d’une petite voix, s’humidifiant les lèvres en se passant une main inquiète derrière la nuque. « J’ai pas envie qu’il te touche Wyatt. » explique t-elle, même si elle se doute que Joshua sait pertinemment qu’elle est toujours avec Ross, qu’importe ce qu’elle voudrait bien lui faire croire. « Je peux y aller si tu veux, et je laisse la porte ouverte ? Comme ça tu sais que je suis en sécurité ? » Ça semblait être un bon compromis mais peut-être pas tant que ça finalement.

Leja se sentait plutôt en sécurité désormais. Parce que Wyatt était là, parce qu’au fond Wyatt avait toujours été là. Présent dans sa vie à des moments plus ou moins réguliers. Pour partager une bière sur le toit, pour squatter l’appart qu’elle partageait avec Joshua le temps d’une chanson, le temps d’une film ou d’une boisson. Et elle n’avait jamais Ô grand jamais eu peur de lui, ni même de ce qu’il aurait pu faire. Malgré ce qu’on disait, Leja n’écoutait pas les bruits de couloirs, elle n’écoutait pas ce qu’on disait. Et Wyatt avait beau avoir fait de la prison, c’était une chose qui le caractérisait mais ce n’était pas une chose qui le rendait plus dangereux ou moins intéressant aux yeux d’Alejandra Wiley. « Peut-être qu’un jour, tu auras ce miracle et tu déménageras. J’espère que j’essaierais au courant ! » s’exclame Leja, même si elle était sûre que ce serait le cas. Parce que quelque chose les lie tout les deux et elle se doute qu’il la préviendra. En tout cas, elle espère. Elle en a assez de se bercer de désillusions. Elle rit un peu à la réaction de Wyatt, en prison serait peut-être un tant soi peu abusé, et même sûrement inutile pour ce qu’il avait eu le mérite de lui faire, mais elle ne retirait pas les mots de Wyatt et les contredisait encore moins « Tu sais, je ne pense pas qu’il aurait mérité de la prison. Mais au moins, j’aurais eu le mérite d’apprendre à être moins naïve. » explique t-elle en souriant tendrement. Être face à quelqu’un qui manipule, c’est compliqué de s’en rendre compte. Mais maintenant que c’était fait, on ne l’y reprendrait plus. Son regard qu’elle plongeait dans celui de Wyatt, elle secouait doucement la tête quand il lui exposait son plan. Et elle sourit à son geste qu’elle voudrait avoir suspendu dans le temps. Et elle sourit encore. « Oui c’est sûr que le bonheur, je l’ai trouvé ailleurs. » Et son âme vagabonde dans les bras de Ross qui l’attend après, qui l’attend pour une soirée mexicain comme ils ont si bien l’habitude de faire. Elle dépose la clé et quand ils entrent, elle est presque soulagée de voir qu’il n’y a personne. Enfin, c’était ce qu’elle pensait. Il arrive à moitié habillé, l’air débraillé, les cheveux en bataille et Leja souffle un peu « Je suis venue chercher mes affaires restantes. » prononce t-elle d’une voix mal habile, se postant à côté de Wyatt, une main sur son bras pour qu’il reste près d’elle « Ah. Ouais, elles sont dans le sac poubelle, dans le placard. Dis donc, tu changes de mec comme tu changes de sous-vêtements c’est impressionnant. » Et Leja a le coeur qui cogne, trop fort. Elle ouvre la bouche puis déglutit et souffle, ses doigts qu’elle bouge avec automatisme comme pour se rappeler que ça va aller. Elle se dirige alors jusqu’au placard de l’entrée, et elle déglutit, récupère son sac, les larmes aux yeux. « Viens Wyatt, on s’en va. » Et elle attrape doucement le bras de son ancien voisin, pour qu’il la suive, pour qu’il ne reste pas là après avoir déposé la clé sur le comptoir, parce qu’elle ne voulait plus rien à avoir à faire ici. Tout était terminé désormais.

Elle avait tant de fois repoussé l'échéance mais aujourd'hui, elle se sentait prête. Prête à l'affronter, prête à lui montrer qu'il n'avait plus aucune emprise sur elle. Qu'elle était heureuse et droite dans ses bottes, et qu'elle vivait sa meilleure vie avec Ross loin d'ici. Même si le Miranda Height avait été un moment de sa vie qu'elle avait particulièrement apprécié, elle était heureuse d'avoir trouvé le chemin de la rédemption à Brooklyn. Les mots sont compliqués à entendre, à assimiler, ils se fraient un chemin dans l'esprit, un chemin dans le coeur et tourne, encore et encore. La même boucle incessante, le coeur, l'esprit, l'esprit, le coeur. Son sac dans les mains, elle serre si fort la anse qu'elle a peur qu'elle se brise et que le contenu qu'il contient ne se déverse sur le sol mais fort heureusement ce n'est pas le cas. Quand Wyatt la pousse derrière lui, Leja fronce les sourcils et les mots de Wyatt la touchent en plein coeur. Les larmes qui lui montent aux yeux, elle sent une boule qui se forme au creux de sa gorge. « T'sais mon gars, c'est pas la peine de la défendre, tu n'as que sa version de l'histoire qui te dit que je l'ai vraiment frappé comme tu sembles si bien l'admettre. C'est elle qui s'éloignait de ses amis, c'est elle qui ne voulait pas les voir mais c'est sûrement moi le méchant dans l'histoire. A d'autres. » Leja se pinçait si fort les lèvres qu'elle ne les sentait plus, alors elle s'éloignait de l'appartement, elle sortait de la pièce, tentant d'attirer Wyatt avec elle. Et quand il sortait enfin de l'appartement, elle le regardait, assise sur les marches qui la séparait des autres étages, elle le regardait en souriant faiblement « Tu sais que tu n'étais pas obligé de prendre ma défense ? » demande t-elle, même si elle se doutait qu'il laurait fait quand même. « Et... ce n'est pas vrai. C'st lui qui m'empêchait de voir les autres.. » continue t-elle d'une petite voix, parce qu'elle a peur qu'il ne le croit lui plutôt qu'elle. « Et c'est Ross qui m'a fait ouvrir les yeux... Tu devrais venir manger à la maison un de ces jours d'ailleurs... »

L’angoisse qui la prend au creux du coeur quand elle voit Joshua qui impose sa présence, comme à chaque fois, Leja se recroqueville sur elle-même, n’arrive pas à réfléchir décemment, les yeux qui s’emplissent de larmes alors que Wyatt la défend. Wyatt qui avait toujours été là pour elle, quoiqu’il en coûte. Wyatt qu’elle avait abandonné quand elle était partie du Miranda Heights, parce qu’elle avait prit le large, parce q’elle avait disparu pour vivre une nouvelle vie. Elle ne peut s’empêcher de sourire, malgré les larmes qui perlent dans ses yeux et elle essuie même une larme solitaire qui vient de glisser le long de sa joue, le coeur qui bat bien trop vite. Elle le regarde et ne cesse de sourire « Merci. Mais je dois t’avouer que tout cela c’est grâce à Ross, c’est Ross qui m’a sauvé. Je n’arrivais pas à réfléchir décemment, je n’arrivais pas à voir le futur sans Joshua et Ross m’a ouvert les yeux. » explique t-elle, du bout des lèvres en passant une main dans ses cheveux. Leja ne peut s’empêcher de laisser sortir ses pensées, de lui dire ce qu’elle pense. Elle serre un peu sa main, touchée par ses mots. Parce que c’est la vérité, il la touche autant qu’il le peut, avec ses mots, sa façon d’être. « Oui, je suis passé à autre chose, c’est tout ce qui compte. » explique t-elle, avec une voix qu’elle espère être sincère. Elle voyait bien la réaction de Wyatt et était heureuse de sa façon de réagir, elle le voyait touché. Et elle se sentait bien. Elle se sentait vivante, maintenant. Alors que quelques minutes plus tôt, elle aurait pu se liquéfier sur place. « Tu verras, je suis vraiment heureuse. » commence t-elle en soufflant un peu, son sourire qui reprend de sa sublime alors qu’elle le regarde « Et Ross… Ross est quelqu’un d’exceptionnel. » Elle pourra le répéter tant de fois qu’il ne le faut pour qu’il le comprenne. « Tu me diras quand tu es disponible ? » Demande t-elle en gardant sa main dans celle de Wyatt « et si tu n’aimes pas quelque chose aussi, je cuisinerais avec plaisir ! »

Tout finit toujours par passer, c'est ce que se dit Alejandra, tout va et vient, l'amour, l'amitié, les déceptions, les petites baisses de régime, un jour tout va mieux, c'est ce qu'elle essaie de se persuader même si parfois c'est compliqué. Compliqué de se dire qu'elle a quitté le navire de cette relation toxique, qu'elle a réussi à se défaire des griffes de ce monstre et que maintenant, elle est heureuse. Encore plus heureuse qu'elle ne voudrait le montrer même. Ross est l'homme qu'elle aime, elle a mit du temps avant de s'en rendre compte mais c'est clair comme de l'eau de roche désormais.

« Je ne me suis pas vraiment battue, j'ai surtout été bien épaulée. On m'a aidé à me libérer de son emprise, je ne sais pas si j'aurais eu la force de le faire seule. » avoue t-elle, en se frottant les genoux avec vigueur, pour faire passer la sensation de malaise qui commence à naître en elle.

Elle sait qu'il y en a d'autres comme elle, d'autres qui n'ont pas cette chance et qui s'enferment dans cette relation, personne pour les aider, personne pour voir le mal qu'on leur fait et elle aimerait les aider Alejandra, mais elle n'a pas cette force, elle se reconstruit déjà elle-même et c'est déjà bien assez compliqué comme ça.

« Ça fait plaisir à entendre. » rétorque Leja avec son sourire sur les lèvres, parce qu'il n'a aucune raison de se fâner.

Wyatt est sûrement l'une des personnes qu'elle regrette le plus ici, elle ne regrette pas les voisins qui faisaient des fêtes tout les soirs, l'équipe de production qui prenaient leurs quartiers avec un peu trop d'aisance, qui squattait les couloirs des autres étages pensant que l'immeuble était à eux. Jamais elle n'avait pu voir les caméramans qui se permettaient des remarques sexistes quand elle passait devant eux, c'était bien les seuls contre qui elle osait se rebeller, à l'époque.

« Ah ta fameuse salade ! Ça fait bien trop longtemps que j'en entend parler sans avoir la possibilité d'y goûter. Tu verras, on passera une bonne soirée. » explique t-elle, d'une voix qui trahit son impatience.

Elle rit face au geste de Wyatt et passe une main dans ses cheveux, sa main qui se pose sur le reste des affaires qu'elle a récupéré.

« Est-ce que tu veux qu'on aille boire un café ou quelque chose ? Je te dois bien ça, je ne suis pas attendue. Enfin si, mais pas tout de suite, je peux encore profiter un peu de ta présence. » demande t-elle avant de rajouter « Mais c'est moi qui invite. Tu pourras prendre toutes les pâtisseries que tu veux, ça me fait plaisir. »

Et elle est sincère Leja, parce qu'il mérite le meilleur, parce qu'il mérite que tout le monde voit l'étincelle en lui qui l'anime, en dépit de tout ses défauts, Leja elle, ne voit que les qualités.

C'est comme une délivrance, savoir qu'elle ne reviendra plus jamais, ne pas se retourner. C'est comme si les démons qui dansaient, imposants, traumatisants, avaient prit le large et s'était barré, et qu'il ne restait plus rien qu'un brouillard de souvenirs. Et elle n'attendait rien de mieux que Wyatt soit là pour elle, c'était comme une évidence. Il avait souvent été là pour elle, quand ça n'allait pas fort, quand c'était compliqué et elle voulait le remercier, parce qu'il avait été là, aujourd'hui, hier et qu'elle savait pertinemment qu'il serait encore là demain. Elle secoue négativement la tête quand le prénom de Ross s'insinue dans la conversation

- « Non, il ne m'attend pas. Il a encore des rendez-vous alors si je rentre, je serais encore seule un bon moment. » explique t-elle avec un sourire.

Elle fronçait un peu les sourcils quand Wyatt se précipitait sur ses affaires mais elle le laissait faire et elle ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel avant de rire quand il fit une révérence. Encore quelque chose qu'elle appréciait réellement chez lui.

- « Je te le dis et le maintiens, tu pourras prendre toutes les pâtisseries que tu veux ! » rétorque t-elle avant de sortir de l'immeuble, rajustant sa veste pour ne pas attraper froid.

Alors qu'elle avançait, elle détestait le silence qui venait de s'immiscer entre eux deux, si bien qu'elle grimaçait. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, elle qui appréciait les silences dans certains moments, voilà que maintenant, elle avait du mal à y voir quelque chose de positif.

- « Est-ce que tu voudras venir un jour, à mon bar à chats ? Je crois que tu n'es jamais venu ? Je pourrais te faire un prix d'ami. » Ou ne pas le faire payer tout court « Je crois que je n'aurais pas assez d'une vie pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi, vraiment. »