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Campaigners [PV Marisol]

@ Invité

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Ven 14 Mai - 16:35
« Bonjour Madame Pedretti, bonjour Lorenzo, ourf, tu n’es pas léger dis donc toi … »

Dès qu’il était entré, le gamin s’était précipité sur Leone, qui le souleva naturellement de terre et le cala dans ses bras, pour la plus grande joie du petit garçon, avant de continuer à parler à sa mère. Cette dernière accueillit chaleureusement le gynécologue, après tout, c’était lui qui avait opéré son fils à la naissance, et après quelques mots échangés sur sa candidature, l’italien invita la mère de famille à l’accompagner dans les étages de l’immeuble pour le présenter aux voisins, officiellement, et officieusement pour avoir un abord plus aisé avec ces derniers. Une heure plus tard, il redescendait, son tas de prospectus étant bien descendu. Quant au môme, il rechignait à descendre, mais un rappel à l’ordre de sa génitrice le convainquit de le faire. Leone ébouriffa les cheveux du garçonnet de sa main puis le regarda rentrer chez lui, avant de traverser la rue pour rejoindre Marisol et le reste de l’équipe qui faisait du porte à porte cet après-midi avec lui. Avisant son amie qui ressortait avec un autre militant, il les salua chaleureusement avant de demander :

« Alors, comment ça se passe de votre côté ? J’ai de bons échos en face, en tout cas, ils prennent les flyers de campagne et on a deux personnes qui vont passer au local demain pour les démarches afin de s’inscrire sur les listes électorales. Dans l’immeuble suivant, la concierge connaît très bien ma grand-mère, glissez-lui un mot de sa part, elle devrait vous accompagner … Histoire de faciliter les choses.

Allez, j’y retourne ! »


Récupérant un nouveau lot de prospectus, Leone repartit de son côté de la rue, et en fut quitte pour deux nouvelles heures de porte à porte, souvent chaleureuses, parfois tendues, mais en tout cas riches en discussion. Appliqué, le candidat notait sur son carnet ce que les habitants lui disaient de leur environnement, des problèmes du quartier ou de leurs ennuis personnels. Ainsi, il orienta l’un vers un partenaire associatif pour s’enquérir d’une aide afin de débloquer une allocation due mais non perçue, promit de regarder de plus près la question du terrain de foot en friche depuis un moment, et accepta de se rendre à la réunion des copropriétaires pour présenter ses idées et répondre aux interrogations la semaine d’après – qui heureusement se tenait le soir, ce qui signifiait qu’il serait disponible. Il faudrait juste qu’il ne dorme pas pendant … un moment. C’était envisageable. Une fois sorti, il retrouva à nouveau ses comparses, et après un rapide bilan, ils s’attablèrent tous à la terrasse d’un café restaurant afin de se désaltérer. Une tournée de boissons plus tard, Leone sirota sa limonade avec un soupir bienheureux, avant de se tourner vers Marisol et de demander :

« Alors ? Pas trop mécontente d’avoir sacrifié ton après-midi pour être invitée au moins six fois de suite à manger des pâtisseries ?

Personnellement, j’ai vu plus de sucre que dans un mois entier, je crois … »


Un léger rire lui échappa. Puis, redevenant sérieux, il sortit un plan de la rue et entreprit de barrer les immeubles déjà visités. Il restait encore un sacré chemin à parcourir, mais au moins, en prenant leur temps, ils étaient certains de convaincre, ou du moins d’essayer, tout en récupérant les doléances des uns et des autres. Son téléphone dans la main, casant les nouvelles obligations dans son agenda déjà lourdement chargé, Leone continua :

« Vous avez récupéré des invitations diverses ? Qu’on voit si ça peut rentrer dans l'agenda … Sinon, je demanderai à quelqu’un de me représenter, même si c’est toujours moins efficace … mais bon, je n’ai hélas pas encore appris à me démultiplier. »

Pointant un immeuble à quelques encâblures, il ajouta :

« Pas la peine de s’attarder dans celui-là. Aucune chance, ce sont les seuls évangélistes du coin, et autant dire que mon nom leur donne des boutons. Enfin, on va essayer, mais à mon avis, la réception ne va pas être aimable. J’en ai trois de la même famille qui campent devant la clinique en permanence.

On entre, on leur explique poliment, on met l’accent sur les travaux dans le quartier, le centre communautaire pour les jeunes lié à l’initiative des devoirs de la paroisse, on évite le rayon santé exceptionnellement, peut-être que ça va éviter de les énerver, et on voit. Si ça part en live, on n’insiste pas.

Ça convient comme plan d’attaque ? »

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Dim 16 Mai - 16:47
En bonne journaliste, Marisol a toujours un calepin à la main et une capacité à prendre des notes très rapides et très claires, du moins pour elle. Elle transcrira évidemment tout ça en un compte-rendu qui ne sera pas truffé d'abréviations diverses et de mots en espagnol. Pour l'heure, elle hoche la tête et griffonne, écoutant la mère de famille lui expliquer qu'elle veut juste un endroit sécurisé pour que ses enfants jouent et un peu de verdure. « Vous allez au Bronx Park parfois, c'est à deux pas d'ici? Et vous savez, les jardins botaniques sont gratuits le mercredi pour les résidents de la Ville, ça fait une sortie sympa. » Elles discutent encore un peu, convenant que c'est très pour un dimanche en famille mais que, quand on travaille et que les enfants ne sont pas si grands, ce serait bien d'avoir un petit quelque chose près de chez soi. La jeune maman accepte le prospectus et la remercie d'être venue, apparemment, le concurrent Républicain ne s'est pas donné dans de mal. La remarque est faite avec une moue dédaigneuse que l'on ne retrouve pas en dehors du borough et qui fait sourire la brune. Toutes ces scènes lui rappellent son adolescence, son propre quartier pas si loin d'ici, où sa mère est sans doute en train de s'affairer dans le restaurant familial, qui résonne lui aussi d'accents et de vie.

Elle ressort de l'immeuble, après avoir été alpaguée par une collègue pour venir discuter avec un couple de personnes âgées hispanophones, ce qui n'arrangent en rien la nostalgie qui serre le cœur de Marisol. Après leur avoir expliqué que, si, ils avaient le droit de vote à cette élection et accepté une boîte de crème glacée contenant une variété de pâtisseries, l'équipe retourne sur le trottoir pour s'équiper en flyers. Les températures commencent à être agréables et la journaliste ferme un instant les yeux, absorbant les rayons du soleil comme une plante en pleine photosynthèse. Leone fait alors son apparition, au pas de course comme toujours. Elle sourit et répond, pas tout à fait au même débit mais avec enthousiasme néanmoins. « Ca se passe plutôt bien oui! Il y a pas mal de gens qui te connaissent et t'apprécient et tes propositions plaisent bien dans l'ensemble. On a aussi des gens qui doivent s'inscrire sur les listes! » L'idée de contribuer à redonner ses droits aux communités marginalisées, à ces gens qui ont abandonné tout espoir en la sphère politique lui fait chaud au cœur. Ce sont des gens comme Leone, AOC, Ilhan Omar ou Cory Booker qui font changer les choses. Remplissant son tote bag d'une nouvelle fournée de prospectus en diverses langues, elle repart à l'assaut de l'immeuble suivant avec un large sourire.

Car, même si elle en a soupé des campagnes électorales qui empiètent sur sa vie de famille, Marisol est prête à consacrer du temps à celle de Leone. Il faut savoir faire la part des choses dans la vie. Et peut-être que Sofia pourrait l'accompagner à certains événements, se faire une idée de ce que le travail de terrain représente, de comment la vie des new-yorkais peut changer concrètement à travers la mobilisation. Rien à voir avec les galas de charité et la convention du DNC. La petite équipe trouve sans mal la concierge en question, qui s'extasie de voir le petit Castelli - une dénomination discutable, vu la taille de l'intéressé - œuvrer pour le bien de son quartier. Elle fait quasiment le travail à sa place et les invite de multiples fois à passer la voir, pour un cafecito, pour discuter. Nul doute qu'elle doit avoir des choses intéressantes à raconter sur la vie locale, alors la journaliste prend note, sans rien promettre. On ne sait jamais quand avoir une concierge bavarde de son côté peut être utile.

Enfin, une pause se profile et tout le groupe s'attablent en terrasse et Marisol se délecte de l'immense thé glacé bien frais que le serveur lui a apporté. Elle rit légèrement avec son ami, désignant un carton posé un peu plus loin. « C'est la récolte d'aujourd'hui déjà et je me suis clairement fait une nouvelle amie, la concierge qui connaît ta grand mère. Anna a de la concurrence pour ce qui est du nombre de fois où je suis obligée de dire non à une gentille mamie! » Prenant une mine un rien plus professionnelle, elle ajoute. « Mais sérieusement, ça me fait très plaisir d'être là. C'est important ce que tu fais et je suis contente de t'aider comme je peux. » Elle sourit à nouveau chaleureusement et sirote sa boisson, laissant Leone repartir sur la stratégie. Amusée, elle roule des yeux en le regardant essayer de rajouter des heures à ses journées déjà bien trop chargées. « Leone, honey, tu ne peux en effet pas être partout. Et tu ne seras d'aucune utilité aux gens que tu représentes si tu t'effondres d'épuisement. Je te ferais tout suivre dans le compte-rendu de l'équipe ce soir, mais tu dois te ménager, sinon, tu n'iras pas au bout. » Marisol s'entend être maternaliste et protectrice, mais c'est plus fort qu'elle. C'est comme ça que fonctionne la famille après tout.

Le candidat lui désigne alors un immeuble dont une de ses collègues de campagne lui a déjà parlé, en termes moins élogieux encore. S'il y a bien une chose qui hérisse le poil de la mère de famille, ce sont les fondamentalistes religieux qui prennent les préceptes qui lui tiennent à cœur, qui sont au centre de sa moralité et sa perception du monde, et les tordent et les transforment en propos haineux et arriérés. C'est à cause de gens comme ça que les religions de ce monde peinent à évoluer avec leur époque. Ne réprimant pas vraiment un air un peu dédaigneux, la brune soupire et hausse les épaules sans conviction. « Je suppose que oui, avec un peu de chance, il y aura bien quelqu'un qui entendra le message et ça sera au moins ça. Mais je suis d'accord qu'il faut qu'on fasse attention et il vaut mieux qu'on ne soit pas trop nombreux. » Ses yeux se tournent naturellement vers un groupe de jeunes bénévoles, d'origines et d'apparences diverses, illustrant comme dans une parfaite photo de campagne le multiculturalisme du quartier. Mais que les bigots de l'immeuble d'en face n'accueilleront certainement pas avec bienveillance. Et, naturellement, l'instinct maternel de Marisol s'éveille et il ne lui semble absolument pas nécessaire de les traîner dans cette situation désagréable au mieux, toxique au pire.

@ Invité

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Jeu 20 Mai - 15:58
« Parce que tu arrives à lui dire non, toi ? »

Leone partit dans un grand rire, avant, une fois calmé, d’offrir un grand sourire à Marisol pour la remercier, sans l’embarrasser, d’avoir pris du temps et d’être là, alors que la politique empiétait déjà suffisamment sur sa vie privée. Alors, bien sûr, il y avait une différence entre un engagement personnel et les impératifs imposés par le travail ou l’occupation d’un conjoint. Cependant, elle aurait pu se contenter de l’encourager, comme un certain nombre d’amis, et il ne les blâmait aucunement pour cela, ou de faire des donations, et non de battre le pavé à ses côtés. Chacun faisait avec ses moyens et ses capacités, néanmoins, le fait de lui consacrer du temps de la sorte était nécessairement apprécié à sa juste valeur. Surtout qu’il n’y avait rien de plus fatigant, malgré l’enthousiasme, que ces heures à piétiner, argumenter, parfois avec fermeté. Or il savait que la route était longue jusqu’à Staten Island pour rentrer, et qu’il y aurait derrière la seconde journée, à s’occuper de ses enfants, surtout du petit dernier qui avait forcément davantage besoin de présence. Lui n’avait, forcément, pas à s’occuper de cela, même s’il avait ses propres obligations. En un sens, heureusement : s’il avait été père de famille, il ne se serait probablement pas lancé dans une telle aventure, tant pour protéger sa progéniture que par impossibilité de tout concilier. Amusé par le ton légèrement maternant de Marisol, qui le faisait revenir des années en arrière et rendait palpable l’impression d’avoir réellement une grande sœur, ce qui, dans son cas, était toujours une expérience un peu étrange, vu qu’il n’avait jamais expérimenté la sensation d’appartenir à une fratrie au sens strict, bien que son amitié avec Sirius aille, de son avis propre comme de l’avis général, au-delà de l’amitié communément admise et ressemblait bien plus à une réelle fraternité d’adoption, avec tout ce que cela comportait. En un sens, loin de l’agacer, cela le touchait toujours, que la quadragénaire s’inquiète ainsi pour lui.

« Je sais, ne t’inquiète pas, j’ai même appris à réellement levé le pied. Je suis en train de transférer une partie de mes patientes à une collègue de confiance, au Richmond comme au PP. Je garde un après-midi au PP pour les interventions car il n’y a pas assez de médecins pour les effectuer sinon, mais j’ai limité drastiquement mes horaires dépistage, prévention et consultation, comme à Act Up. Là-bas, il n’y a pas d’actes médicaux nécessitant autre chose qu’une formation généralement, donc c’est moins ennuyeux pour l’organisation.

Promis, j’essaye de ne pas faire trop d’excès. Et puis, je n’ai pas envie de me retrouver élu mais célibataire, donc j’ai intérêt à dégager quelques soirées, même si Dario comprend parfaitement et me soutient et qu’il est suffisamment occupé avec l’agrandissement de sa boîte, il y a des limites à ne pas dépasser … »

Ce qui, dans la bouche de Leone, était quasiment une révolution. Il ne manqua pas de le souligner, dans une marque évidente d’autodérision, en lui adressant un clin d’œil et en disant :

« Tu vois, je grandis ! »

La pause, cependant, devait prendre fin, ils y reviendraient bien assez vite. Ramassant ses affaires, Leone hocha la tête aux propos de Marisol et compléta :

« De toute façon, la foule, c’est rarement engageant … Allez, allons-y. »

Les deux heures suivantes se passèrent mieux qu’il ne l’avait envisagé. Certes, les habitants n’étaient pas extrêmement emballés par sa candidature, mais les échanges demeurèrent courtois. Ils désapprouvaient ses activités, appréciaient certaines propositions, n’étaient dans l’ensemble pas prêts à passer outre. Deux cependant, un couple d’une cinquantaine d’années avec de grands enfants adolescents, lurent les flyers avec un certain intérêt et posèrent quelques questions sur le projet de nouvelle urbanisation du quartier avec rénovation de la chaussée et installation d’un nouvel espace vert, demandant ce qui serait prévu pour les plus grands, ce à quoi l’italien parla des partenariats envisagés avec la mairie et les associations locales d’aide aux jeunes pour promouvoir la pratique sportive, en profitant notamment du futur terrain de basket. Il leur proposa de venir à la prochaine réunion locale sur le projet, n’obtenant pas de réponse affirmative, mais pas de « non » définitif, ce qui était déjà en soit un progrès. L’atmosphère fut moins cordiale avec leur voisine du dessus, qui lui expliqua poliment mais fermement douter de ses valeurs morales et avoir donc du mal à se projeter sur sa candidature. La terminologie était familière. Dans un pays qui avait tendance à accorder une importance capitale aux croyances des individus, censées refléter leur morale privée, ces réflexions étaient monnaie courante. Il avait à peu près entendu toutes les formulations possibles depuis son adolescence, et son souhait de couper tout lien avec une quelconque religiosité. Cependant, cela lui permettait aussi d’avoir un argumentaire fin prêt. La discussion s’engagea, l’homme arguant de ses valeurs humanistes, de ce que cela signifiait, reflétait de lui, de ce que, in fine, cela signifiait, tant pour lui que pour elle. Parfois, les mots étaient vifs, mais cela restait dans les limites – parfois un peu étirées certes – de la courtoisie. Quand ils sortirent enfin après ce marathon, Leone inspira profondément puis sourit et, se tournant vers Marisol, lui dit :

« Tu sais … je me dis parfois que c’est plus gratifiant de sortir de telles discussions. Je veux dire, c’est agréable, bien sûr, d’être accueilli par des convaincus mais … je n’ai pas l’impression d’avoir réellement gagné quoi que ce soit, j’ai prêché pour des personnes qui auraient voté pour moi quoi qu’il advienne.

Là, peut-être que ce ne sera pas le cas, mais … je ne sais pas. En un sens, j’ai l’impression que ça m’a plus apporté ?

C’est sans doute bizarre. Et un peu masochiste. »


Regardant sa montre, et voyant l’heure avancée, il ajouta :

« Il commence à se faire tard, je pense qu’on va s’arrêter pour aujourd’hui, tu veux prendre un thé à la maison avant de repartir ? »

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Lun 24 Mai - 15:06
Marisol se joint au rire de son ami, les deux enfants d'immigrés ne connaissant que trop bien la difficulté de refuser quoique ce soit à une grand-mère qui veut vous nourrir. « Oh, tu sais, en général j'arrive à dire non à un truc et je me retrouve embarquer dans autre chose. » réplique-t-elle, un sourire toujours au bord des lèvres. Il y a des gens à qui on ne résiste pas, Anna Castelli en fait partie. Et elle a des années d'expérience quand il s'agit d'obtenir ce qu'elle veut. Un jour, il faudra que la brune discute un peu avec elle, voir si ce talent peut s'apprendre. Après tout, ça lui servira sans doute un jour, quand elle voudra faire culpabiliser Sofia et Miguel pour qu'ils lui confient ses petits-enfants pendant les vacances. Mais, fort heureusement, elle a du temps devant elle avant d'en arriver là.

La journaliste écoute alors Leone lui expliquer les stratégies qu'il a mis en place pour concilier sa nouvelle carrière en politique avec la myriade d'obligations professionnelles et caritatives dont son agenda est déjà rempli. Et pour une fois, elle est encline à le croire, il a l'air de s'être réellement organisé pour survivre au rythme usant de la campagne, sans trop sacrificier ses précieux moments de temps libre. Nul doute que la présence de son compagnon dans sa vie doit lui donner une motivation supplémentaire mais, au final, peu importe la raison. L'essentiel est qu'il se sorte de cette élection en bonne santé et prêt à représenter son district. Car, indépendamment de l'amitié qu'elle lui porte, Marisol lui donne toutes ses chances de gagner. Elle a jeté un œil aux pronostics et a convaincu un membre du staff de lui montrer les sondages internes qu'il était en train de réaliser et tout cela semble prometteur. Sirotant son thé glacé, elle hoche donc la tête d'un air approbateur, offrant ensuite un large sourire à Leone.

« Mais oui, je suis fière de toi! Sérieusement, je suis contente que tu poses des limites, je me désespérais de t'entendre dire ça un jour! Je suis sûre que Dario est ravi que tu lui ménages du temps et que tu ne rentres pas complètement éreinté tous les soirs. Maintenant, il va falloir continuer comme ça une fois élu! » Elle lui glisse un clin d'œil complice, puis ajoute, avec un rire un peu faux. « Si tu croises mon mari au détour d'une réunion et que tu peux lui dire qu'être politicien et rentrer chez soi avant 21h n'est pas incompatible, ça m'arrangerait. » Marisol se mordille distraitement la lèvre, sans doute aurait elle mieux fait de se taire. Mais voir un homme comme Leone - toujours à se décarcasser, incarnation du bourreau de travail - parvenir à lever le pied et être là pour la personne qu'il aime ne peut que lui causer un léger pincement au cœur. John fait des efforts cela dit et il serait injuste de sa part de ne pas le reconnaître.

Finalement, ils se dirigent en binôme vers l'immeuble des bigots et cela ne se passe pas si mal. Quelques portes leur claquent au visage, mais ils ont tout deux vu et entendu bien pire, malheureusement. De timides discussions, une écoute sur le fond du programme plutôt que sur la forme, sur ce que le candidat Castelli représentait à leurs yeux. Et même un échange vif mais potentiellement productif sur la définition de la moralité. Un vrai cours de philosophie et de théologie, dans les couloirs d'un immeuble un peu défraîchi du Bronx. Marisol écoute attentivement, offre une perspective quelque part entre les deux individus, expliquant qu'être une bonne catholique ne se résume pas à suivre les décisions des pontifes sans réfléchir. Après tout, Jésus lui-même n'a-t-il pas été condamné pour avoir suivi ses valeurs plutôt que le dogme de son époque?

Après de longues conversations et peu de promesses, ils quittent finalement les appartements, plutôt satisfaits. Marisol ne partage pas exactement l'enthousiasme de son ami pour le débat d'idées, probablement infructueux, mais elle sait qu'il a raison. Ce sont les voix indécises, celles qui se cachent dans ce genre de regroupement conservateur, celles qui "n'ont pas d'avis particulier" sur la politique qu'il est important d'aller chercher. Pas celles des gens qui vont voter pour vous dans tous les cas. Elle sourit toutefois et lui glisse un coup de coude taquin. « Si c'est comme ça tous les jours, ouais, je pense que tu es un peu maso! » La brune rit légèrement, puis ajoute d'un ton plus sérieux. « Mais tu as raison, si tu as pu convaincre quelqu'un à voir au delà du bout de son nez, à se poser quelques questions sur ce qui lui est vraiment important, tu n'aurais pas perdu ton temps. Même si je dois admettre que ça m'agace toujours de voir ces gens utiliser ma foi pour alimenter leur bigoterie. » Un vaste sujet, pour une autre fois sans doute.

Glissant son bras sous celui de Leone, elle réplique avec joie à son invitation « Oh oui, ça me ferait plaisir! J'ai tout mon temps, la baby-sitter sera là jusqu'à 20h. » Comme toujours, un rien de culpabilité s'empare de la mère de famille, à l'idée de ne pas être là pour nourrir son fils. Mais elle est dans son bon droit et n'est pas en train de créer un profond traumatisme chez son enfant, qui ne manque ni d'affection maternelle, ni de confort. Elle doit tout de même se le rappeler pour ne pas s'inventer une excuse et sauter dans sa voiture pour faire un détour par le New Jersey avant les embouteillages de la sortie du boulot. Marisol prend donc une inspiration et sourit largement à son ami, tâchant de profiter de l'instant présent.

@ Invité

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Jeu 19 Aoû - 23:09
« C’est comme ça tous les jours. »

Souriant, Leone savait que peu avaient son entrain inépuisable pour le porte à porte, et encore moins pour les débats parfois stériles sur le palier. Cependant, il admettait avoir une approche un peu hétérodoxe, et privilégier au safe space la possibilité de sortir de sa chambre d’écho réconfortante pour se confronter aussi à ceux avec qui il avait peu en commun à priori, et qui pour beaucoup évoluaient simplement avec un axe de valeurs différents du sien, ce qui ne signifiait pas qu’ils étaient hors d’atteinte sur des questions purement locales. C’était sa conception, forgée après une adolescence passée à protester, mais aussi à s’initier au lobbying, à toutes ces tactiques dont il était devenu peu à peu un expert, et qui continuaient de s’étendre grâce aux réseaux sociaux. Parfois, il regrettait d’ailleurs que cet instantané en si peu de caractères ne laisse que peu de place à la discussion, et davantage à l’invective. L’italien restait, in fine, un homme profondément doux, qui même au plus fort de sa révolte de jeunesse, n’avait jamais été à l’aise avec la violence, quelle qu’elle soit. Peut-être parce qu’il en avait trop été le récipiendaire pour ne pas savoir que cela ne faisait que tendre un peu plus les relations. Peu importe si elle était justifiée d’après une personne : celui ou celle qui recevait l’insulte ne le verrait jamais ainsi – sans parler évidemment de violence physique. Ce dont il avait envie, c’était juste d’améliorer les choses dans son quartier, et si ce ne serait sans doute jamais parfait, et toujours perfectible, si au moins là-dessus, la majorité pouvait s’accorder sur des projets … ce serait déjà ça ? Il pouvait toujours rêver, en bon idéaliste.

En attendant, il pouvait savourer une fin de journée avec Marisol, et en l’amenant chez lui, il savoura le plaisir simple d’avoir une amie avec qui discuter ainsi de tout et de rien, de ses petits pas comme candidat comme des enfants de la quadragénaire, et de choses plus sérieuses parfois, comme sa grand-mère, leurs relations … A bien des égards, Marisol était comme une grande sœur pour lui, celle qu’il n’avait jamais eu, et il se surprenait souvent à considérer qu’en dehors de sa grand-mère et de son meilleur ami, sa famille avait tendance à graviter autour des Paredes, au moins pour une partie d’entre eux. Heureuse rencontre inopinée que ce soir où il avait échangé, en boîte, avec Alej et Nate, quand ils étaient tous bien trop jeunes, et lui le premier. Il s’était immiscé dans leur vie, d’une certaine façon, avait adopté Marisol comme cette dernière l’avait adopté. Et tant d’années après, elle était là, à traverser New York pour l’aider dans sa petite et modeste campagne. Il se sentait flatté, et tellement chanceux. Un beau sourire lui vint tandis qu’il l’installait et lui servait son thé, après avoir bouillir l’eau et choisi le mélange adéquat.

« Tiens, j’espère qu’il te conviendra. »

S’asseyant dans son fauteuil, il en savoura le confort, se reposant enfin après ces journées de travail et de campagne. Peut-être que c’était ça, le vrai bonheur de l’âge adulte : une tasse de thé chez soi avec une amie, en attendant que son compagnon ne rentre pour passer la soirée une fois qu’il aurait dit au revoir et raccompagné Marisol jusqu’à sa voiture. Cette pensée, il la matérialisa finalement par une phrase, simple :

« Je suis heureux que tu sois là. Heureux que tu sois mon amie, tu sais. »

D’une certaine façon, il avait tout dit en quelques mots. Il estimait pourtant qu’ils étaient importants, et qu’elle méritait de les entendre. Parce qu’il les pensait sincèrement. Et parce qu’il ne le savait pas encore, mais sa jolie bulle de bonheur éclaterait bien assez tôt, alors mieux valait profiter de ces moments tant qu’il le pouvait. La vie lui avait suffisamment appris qu’ils étaient fragiles, et qu’il suffisait d’un rien pour tout emporter, balayer, les certitudes patiemment érigées, pour tout devoir reconstruire, encore et encore, tel un Sisyphe des temps modernes.

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