Les dernières semaines s'étaient montrées chargées, pleines d'émotions. Tout s'était enchainé à une vitesse ahurissante, si bien qu'Elizabeth n'avait pas vu le mois de mai passer. On était déjà en juin, le milieu de l'année et il s'était passé tellement de choses ces dernières semaines, que la jeune femme n'avait pas eu le temps de penser à l'anniversaire de la mort de son fils. Il s'était éteint en mai, l'année dernière. Ca aurait dû la détruire, mais il s'était passé quelque chose. Comme si le destin avait décidé qu'il fallait qu'elle passe à autre chose, qu'elle avance.

Il y a quelques semaines, une mère et sa fille s'étaient présentées à l'hôpital. Une hispanique, qui ne parlait pas un mot d'anglais et dont sa fille faisait l'interprète à l'âge de six ans. Une petite fille courageuse, qui s'était tenue auprès de sa mère jusqu'à ce que celle-ci ne décède. Son état s'était dégradé tellement vite qu'ils n'avaient pas eu le temps de faire quoi que ce soit. Elizabeth avait eu le coeur brisé, devant cette fillette qui pleurait sa mère. Comme elle avait pu pleurer Mathéo. Elle s'était assise à ses côtés et avait attendu qu'une assistante sociale n'arrive. Quand celle-ci s'était montrée, la décision avait eu le temps d'être prise par Elizabeth. Jusqu'à ce qu'elle ne trouve une famille, elle était prête à accueillir la fillette.

C'est ainsi que Sofia était arrivée chez elle. Ca faisait plusieurs semaines, qu'elle vivait à ses côtés. Ca faisait du bien à Elizabeth, d'avoir sa présence à ses côtés. Sofia était un vrai rayon de soleil, qui était triste de la mort de sa seule parente mais qui avait réussir à rebondir d'une vitesse incroyable. Elizabeth admirait son courage. Sa force. Et elle aimait l'avoir à la maison, passer du temps avec elle. Elle avait même ralenti sa cadence de travail, pour être présente pour la fillette.

Aujourd'hui, elle voulait présenter Sofia à ses deux meilleures amies. Elle n'avait pas eu le temps de les voir ces dernières semaines, si bien qu'aucune des deux ne savait qu'elle servait de famille d'accueil à cette petite fille. Il était temps qu'elle sachent la raison pour laquelle la blonde s'était montré si silencieux et si occupée.

Quand Alika et Jia sonnèrent à la porte, Beth s'y précipita. Sofia était dans ses bras, celle-ci venant de tomber et de se blesser. Sa tête était posée sur son épaule, cachant ses beaux yeux noirs.

- Bonsoir !, s'exclama la blonde, faisant entrer ses deux meilleures amies alors qu'elle caressait son dos. Elle avait convié les deux jeunes femmes à dîner, c'était peut-être la première fois depuis la mort de Mathéo qu'elle faisait ça.

La blonde murmura quelque chose à l'oreille de la petite fille, un léger sourire aux lèvres. La petite fille hocha la tête, levant celle-ci pour regarder Jia et Alika.

- Bonjour, murmura-t-elle d'une voix timide.
- Je vous présente Sofia, sa maman est décédée à l'hôpital il y a quelques semaines et... Elle marqua un temps de pause pour regarder la fillette en souriant, quelque chose qui n'était pas arrivé depuis longtemps. Je l'ai accueilli chez moi en tant que famille d'accueil.

Elizabeth était heureuse de présenter l'enfant à ses deux amies, puisqu'elle ferait partie de sa vie pour un moment. Ca faisait quelques semaines qu'elle l'avait prise sous son aile...mais elle pensait déjà à l'adopter. Le courant passait trop bien; et il semblait qu'elles se guérissaient l'une et l'autre.

- Ce n'est pas ma maman, répondit Sofia en fonçant les sourcils, un peu sur la défensive. Elle tourna la tête vers Elizabeth et prit un air désolé, se rendant compte de ce qu'elle venait de dire. Je suis désolée Beth.
- Ce n'est rien trésor, répondit-elle en souriant, replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de l'enfant. C'était trop tôt, pour qu'elle prenne ce statut. D'ailleurs, elle peut-être que Sofia ne l'appellerait jamais "maman". Et ça lui allait. Elle était déjà heureuse de l'avoir dans sa vie.

Elle fit un large sourire à ses amies, rougissant un peu aux compliments et aux félicitations.

- Merci, les filles.

Elle marqua une pause, avant de se pousser pour les laisser rentrer. Sofia était toujours agrippée à elle, blottie dans ses bras comme un koala à son arbre.

- Allez-y, rentrez.

Elle ferma la porte derrière elles, les invitant à avancer dans le salon. Ca semblait beaucoup plus lumineux, vivant qu'il y a quelques mois. Tout avait repris vis, comme si elle était sortie des ténèbres.

- Vous voulez boire quelque chose ?