Morgana avait le sentiment qu'elle pourrait s'endormir sur son bureau, ayant les yeux lourds à cause de la fatigue. William, la jeune femme et le reste de l'équipe avaient décidés de rester toute la nuit pour avancer sur l'enquête. Ca faisait plusieurs jours qu'ils planchaient sur les indices, si bien qu'ils avaient eu une piste qu'ils n'avaient pas pu faire attendre. C'était la première fois qu'ils réussissaient à si bien avancer, ça faisait plusieurs jours qu'ils ramaient. Ils sentaient qu'ils se rapprochaient de la fin de l'enquête, alors aucun d'eux n'avait chômé. Après une journée de travail, ils avaient enchaînés sur une longue nuit. Morgana était épuisée, sentant qu'elle n'était plus aussi efficace qu'elle l'était en début de nuit. La fatigue commençait à se faire ressentir.

La brunette fit un sourire, quand William décida qu'il était temps de partir se reposer. Lorsqu'il attrapa sa main pour l'aider à se relever, celle-ci fut attirée dans ses bras pour qu'il puisse l'embrasser. La policière poussa un léger grognement contre ses lèvres, détestant qu'ils s'affichent en publique. Bien sûr qu'il n'y avait plus aucun secret à leur relation, mais elle n'était toujours pas tactile devant tout le monde. Et ça semblait amuser William, à son grand malheur. Il continuait, encore et encore...sûrement pour la faire râler.

- Allons-y, répondit-elle d'une voix remplie de fatigue. L'épuisement pouvait se lire sur leurs visages, ils avaient réussi à tenir toute la nuit parce qu'ils n'avaient pas eu une minute pour se poser... mais maintenant qu'ils allaient rentrer, le corps des policiers semblaient afficher la fatigue qu'ils avaient réussi à retenir toute la nuit.

Morgana attrapa le casque de moto dans ses mains, les deux parents étaient heureux de pouvoir rentrer à la maison et d'avoir quelques heures de repos, avant d'aller chercher les enfants à l'école. Enfin...c'est ce qu'ils pensaient, jusqu'à ce que William ne reçoive un coup de téléphone et que son regard ne change. Morgana su qu'ils n'auraient pas le droit à ce repos mérité, quand la voix de son compagnon changea et que ses traits se tirèrent.

Quand il raccrocha et qu'il lui annonça ce qu'il s'était passé, le corps de Morgana se tendit. La dernière fois qu'ils avaient fait une connerie, ils avaient eu une longue conversation et ils semblaient avoir compris. Pourquoi recommençaient-ils ? Est-ce que ça allait devenir habituel ? Les enfants semblaient se léguer contre eux, entre Saeed, Gabriel et Stan. Il n'y avait qu'Angela qui semblait ne pas poser de problèmes, encore qu'elle semblait un peu abattu et triste. William et Morgana essayaient de comprendre pourquoi, mais elle ne voulait rien leur dire.

- Je te jure, je vais les étriper, répondit-elle en mettant son casque pour grimper derrière William.

Quand ils arrivèrent au collège, Morgana marcha d'un pas rapide jusqu'au bureau de la directrice sans attendre son compagnon. Les deux adolescents étaient assis sur des chaises à côté de la porte, l'air mi désolés, mi énervés. Lorsqu'ils croisèrent le regard de la brune, Stan baissa la tête et Gabriel se redressa.

- On voulait juste défendre Angie, commença-t-il pour se défendre.

Morgana le fit taire en un signe de main, elle ne voulait rien savoir tant qu'ils n'étaient pas dans le bureau de la directrice. Et elle ne dirait rien, déjà assez énervée comme ça. Il valait mieux qu'elle se taise, qu'elle se contienne.

Morgana haussa un sourcil, avant de sourire. William n'avait aucune idée d'à quel point les enfants grandissaient rapidement. Saeed était trop jeune pour qu'il s'en rendre réellement compte.

- Crois moi, elle va avoir neuf ans et on aura à peine le temps de cligner des yeux qu'elle en aura quinze, répondit-elle d'un air amusé. Et tu verras que ça sera ça avec chacun des enfants, je ne me remets toujours pas que Gabriel ait déjà quatorze ans. Elle avait toujours le sentiment que c'était hier qu'elle avait dix-neuf ans et qu'elle mettait Gabriel au monde, qu'elle tenait ses petits doigts dans sa main et qu'elle caressait sa joue de bébé. Pourtant, ce n'était plus le cas. Il était devenu un adolescent avec des convictions, des peurs, des passions, et bien d'autres choses. Ca l'ébranlait de savoir que son fils grandissait à une vitesse folle.

Quand il lui demanda si elle savait qu'il l'aimait, Morgana pencha légèrement sa tête sur le côté et lui fit un doux sourire. Elle aimait, lorsqu'il lui rappelait ça. Bien sûr qu'elle savait qu'il l'aimait, mais c'était des mots qu'elle appréciait beaucoup entendre.

- Moi aussi, je t'aime, répondit-elle en posant sa tête sur son torse et laissant William l'attirer dans ses bras. Elle passa l'une de ses jambes sur les siennes, ses bras autour de lui et ferma ses yeux pour profiter de ce moment de calme. Elle s'était blottie dans ses bras, cherchant l'endroit où elle se sentait le mieux pour une petite heure de sommeil. Elle s'endormit rapidement, la fatigue la rattrapant à une vitesse ahurissante. Bien qu'elle était inquiète, ça faisait plus de vingt-quatre heures qu'ils étaient réveillés et ça commençait à être difficile d'être réveillée.

L'heure passa trop rapidement, quand William la réveilla, elle avait l'impression qu'elle avait pu dormir cinq minutes seulement. Elle se sentait un peu nauséeuse, encore dans le brouillard à cause de la fatigue.

- Hmm... Grogna-t-elle en enfouissant sa tête dans le cou de William. Morgana était toujours une personne qui avait du mal à se réveiller, encore moins après la nuit de travail qu'ils avaient eu. J'ai besoin d'un café, murmura-t-elle d'une voix rauque, se redressant pour s'asseoir. Si elle ne se leva pas tout de suite, elle se rendormirait dans les bras de William aussi vite qu'elle s'était réveillée. Elle changea de vêtements, pour porter quelque chose de plus confortable avant de quitter la chambre. Elle trainait presque des pieds, son énergie drainée et son envie de rester au lit, plus forte que l'envie de sortir de dessous les couvertures.

Elle prit une grande tasse de café, avant de suivre William pour prendre la route de l'école. Morgana avait préparé un biberon pour Rose, que les garçons pourraient lui donner pendant qu'ils allaient chercher les plus jeunes. La jeune femme ne donnait presque plus le sein au bébé, parce qu'avec la reprise du travail et des horaires aléatoires, c'était devenu trop contraignant et trop fatiguant. Alors, un biberon serait parfait.

Le chemin jusqu'à l'école fut rapide, la classe de Saeed était la première sur le chemin alors ce furent leur premier arrêt. Le petit garçon semblait fatigué, de mauvaise humeur et surtout agacé. Morgana se demanda si ce n'était pas en rapport avec Angela. D'ailleurs, celle-ci semblait éteinte quand ils virent la récupérer. Ca inquiéta la maman, bien qu'elle connaisse les raisons de de cet état. La brune fit un long câlin à sa fille, la prenant dans ses bras pour la serrer contre elle. Quand ils rentrèrent à la maison, il y eut tellement de choses à faire qu'ils n'eurent pas un moment de calme pour discuter avec Angela. Ca frustrait Morgana.

Au moment du dîner, elle fonça les sourcils voyant sa fille dévorer son repas. Elle mangeait comme si elle n'avait pas mangé depuis longtemps. Ce qui n'était pas normal. Saeed sembla remarquer la confusion de la brune, puisqu'il prit un air sérieux. Un garçon a volé le déjeuner d'Angie, ce midi, annonça le petit garçon, l'air contrarié. Angela s'arrêta de manger, se crispant et baissant le regard. Il fallu un instant pour que le cerveau de Morgana réalise ce que Saeed venait de dire.

- Quel est le nom de ce garçon, Saeed ?, demanda-t-elle d'une voix douce bien qu'elle bouillonnait de l'intérieur. Cependant, elle gardait son calme devant les enfants. Est-ce que c'est le garçon où tu as uriné dans son cartable ?

Saeed hocha la tête, pour confirmer ce que Morgana demandait. Angela avait toujours la tête baissée, semblant honteuse et ayant les larmes aux yeux. Ca brisait le coeur de Morgana de la voir comme ça.

- On ira voir la directrice, demain, continua la brune d'une voix douce, s'adressant à sa fille. Elle tendit la main pour prendre la sienne, la caressant doucement. Ce garçon n'a pas le droit de t'embêter comme ça, on va faire en sorte qu'il arrête. D'accord ?

Angela hocha silencieusement la tête, la lèvre tremblante parce qu'elle s'apprêtait à pleurer. Morgana se leva et la prit dans ses bras, pour la réconforter. Elle murmura un merci à Saeed, reconnaissante envers le petit garçon pour leur avoir dit la vérité.

Angela regardait William avec ses grands yeux clairs, toujours blottie dans les bras de Morgana. Elle eut un sourire, face aux bêtises que ses frères sortaient, les lèvres s'étirant entre ses larmes et elle hocha doucement la tête aux paroles de Will.

- Papa a raison, mon coeur, confirma doucement Morgana en continuant de lui caresser le dos avec tendresse. Elle sentait la colère de William, ressentant exactement la même chose mais elle essayait de garder son calme. Il ne fallait pas que la lionne explose maintenant. Mais devant le père de cet idiot, ça serait sûrement le cas. Peut-être qu'elle ne garderait pas son calme, comme elle l'avait fait plus tôt dans la journée. Dès qu'il se passe quelque chose, tu nous en parle. C'est très important, pour qu'on puisse t'aider à régler le problème. Elle marqua une courte pause, remettant une mèche de cheveux de sa fille derrière son oreille. Et puis s'il t'embête de trop, un coup de pied entre les jambes risque de le calmer.

- Mais maman, tu nous as dit que la violence ne réglait rien, s'exclama Gabriel, ne comprenant pas pourquoi elle incitait sa soeur à frapper le garçon.

- Taci, Gabriele !, répondit la jeune femme, en levant les yeux au ciel. Elle soupira doucement, avant de poser son regard sur celui de son fils. Il avait le droit à une explication. La bagarre ne résout rien, mais Angie a le droit de se défendre face à cet idiot. Il lui a fait déjà trop de mal pour qu'elle ne reste sans rien faire.  

Morgana marqua une pause, avant de regarder la table. Tout le monde semblait avoir terminé de manger, ce qui lui donna une très bonne idée.

- Vous savez quoi ?, commença-t-elle, l'attention se portant sur elle. Les enfants étaient curieux de la voir comme ça. On va faire un jeu de société, tous ensembles. Angie a besoin qu'on lui change les idées et faire une activité en famille ne peut pas nous faire de mal. Elle fit un sourire aux enfants, avant de se lever. Aller tous mettre vos pyjamas, pendant que je débarrasse la table.

Tout le monde partit, plus ou moins rapidement mettre son pyjama. Saeed fut le premier à revenir, semblant ravi de grapiller quelques minutes de réveil en plus. Ce serait dur de tenir éveiller plus longtemps, parce qu'elle rêvait qu'ils soient tous au lit pour aller dormir mais... cette famille avait vécu beaucoup de tension ces dernières semaines à cause du harcèlement d'Angie, des bagarres des garçons. Ils avaient besoin de se retrouver autour d'un moment plus léger, plus joyeux. Et Morgana voulait que sa fille puisse de coucher avec de belles choses en tête. Alors elle débarrassa la table, espérant qu'elle puisse tenir un peu plus longtemps.

Morgana leva ses yeux au ciel en souriant, passant ses bras autour de compagnon pour se coller à son torse. Elle approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser, profitant du fait que les enfants s'étaient tous éclipsés dans leurs chambres pour se changer.

- On n'est pas de mauvais parents, répondit-elle avec amusement, collant son front à celui de William. On apprend juste à nos enfants comment se défendre, c'est un peu différent. A peine différent, plutôt. Ceci-dit, vu la situation c'était plus que nécessaire. Il savait trop bien ce que le harcèlement pouvait faire, à cause de leur métier. Ils avaient vu des suicides, sur des adolescents poussés à bout par leurs camarades. Dans certains cas, ça durait depuis plusieurs années. Et d'autres cas concernaient des enfants. La jeune femme avait aucunement envie que ça n'arrive à sa fille. Ni à aucun de leurs enfants.

Elle rouvrit ses yeux, pour les plonger dans ceux de son compagnon. Elle lui fit un sourire, contente d'être avec quelqu'un qui réagisse autant qu'elle le voulait. Ils étaient sur la même longueur d'onde, à ce niveau là.

- Je viendrais avec toi, on va régler ça ensembles, continua-t-elle. Il était hors de question qu'il s'en sorte sans rien, parce qu'elle avait beau être la plus diplômante des deux...la lionne en elle, la mère qu'elle était ; ne pouvait pas laisser cette situation passer sans réagir elle-même. Elle n'appréciait pas la violence, mais elle avait terriblement envie de mettre son poing dans celui du père de l'enfant qui harcelait sa fille.

Bien que les deux adolescents trainèrent des pieds, ils savaient qu'ils n'avaient pas le choix. Il fallu cinq minutes pour que les deux garçons ronchons ne deviennent des clowns, faisant les pitres pour faire rire Angela. La petite fille semblait avoir tout oubliée, riant aux éclats. Ca réchauffait le coeur de Morgana, qui avait l'impression que ça faisait des semaines qu'elle n'avait pas eu l'occasion de la voir rire aussi fort et d'apercevoir une lueur de joie dans ses yeux. La mère souriait, regardant sa fille et toutes les autres personnes autour de la table avec beaucoup d'affection. C'était sa famille, elle était peut-être différente des autres mais au final, ce qui comptait, c'est tout l'amour et la loyauté qui pouvait régner entre eux. Ils se défendaient, se protégeaient, s'aimaient. Voir Stan, Gabriel et Saeed défendre Angela, puis essayer de la faire rire pour la réconforter... ça valait tout l'or du monde.

Cette soirée fut courte, les deux parents n'ayant plus la force de garder leurs yeux ouverts et les enfants ayant école le lendemain. Elle fit de longs câlins aux deux plus jeunes, avant de laisser William lire l'histoire qu'ils réclamaient tous les soirs. La jeune femme partit voir les adolescents, ayant une longue discussion avec eux sur le fait de ne pas se battre. Néanmoins, elle insista sur le fait qu'elle était contente qu'ils essaient de défendre Angela et les remercia pour avoir tout fait pour la faire rire ce soir. C'était très important à ses yeux de souligner ce qu'ils avaient fait de bien, aussi. Quand elle eut terminé avec eux, elle jeta un coup d'oeil à Rose qui dormait à poings fermés et rejoignit la chambre des plus jeunes, afin d'observer William lire l'histoire. Angie avait l'air tellement apaisée, ça la rassurait tellement.

Quand William sortit de la chambre, elle prit sa main et l'attira dans leur chambre.

- A nous, dit-elle doucement après l'avoir embrassé avec tendresse. On a bien mérités cette nuit de sommeil.

Elle s'arrêta au pied de leur lit, passa ses bras autour de son torse et posa son front contre le sien.

- Je t'aime. J'aime notre famille, murmura-t-elle tout doucement. Et même si on me proposait de changer quelque chose, je ne le ferais pas. C'est parfait comme ça.

Morgana emmêla ses jambes à celles de William avec bonheur, se blottissant dans ses bras afin de s'endormir. Quel plaisir de pouvoir s'allonger. Ca faisait plus de vingt-quatre heures qu'ils étaient réveillés, ayant travaillés et géré leur vie de famille. La jeune femme se sentait vidée de toute énergie, surtout depuis qu'elle s'était couchée aux côtés de son compagnon. Ses yeux se fermèrent et elle tomba dans les bras de Morphée, presque instantanément.

Quand elle se réveilla, elle entendait de longs soupirs de bien-être. Rose. William l'avait emmené dans le lit, pour boire son biberon. C'est quelque chose qu'ils faisaient très régulièrement pour continuer à se reposer en même temps. Elle tourna la tête et tomba sur leur bébé entre eux, qui tétait son biberon avec bonheur. Ca la fit tout de suite sourire, appréciant un réveil avec ce joyeux bébé à leurs côtés. Elle se mit à caresser sa minuscule petite main qui tenait le biberon, l'admirant avec beaucoup de tendresse. Quand William la salua, elle leva ses yeux clairs vers lui et se pencha pour l'embrasser.

- Bonjour, répondit-elle avec calme, pour ne pas briser ce précieux moment. Tu as bien dormi ?

Elle souriait à son compagnon, la présence de leur bébé l'ayant tout de suite mise de bonne humeur. Elle reposa son attention sur la petite fille qui continuait de téter tout en regardant sa maman.

- Bonjour ma petite princesse, murmura-t-elle à l'attention du bébé. Tu as l'air d'avoir très très faim...

Rose, qui appréciait toujours que l'attention soit sur elle, se mit à sourire à travers la tétine du biberon. Lui parler assurait presque toujours des gazouillements, des sourires ou des rires. C'était un bébé tellement joyeux, un vrai plaisir de la voir évoluer.

Elle tourna la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir, le petit Saeed les rejoignant en se frottant les yeux. Il semblait encore endormi, sachant qu'il lui restait encore une demi-heure de sommeil, il pouvait totalement venir profiter d'un câlin au lit. Ce qu'il faisait régulièrement, d'ailleurs.

- Bonjour Saeed. Tu as bien dormi, trésor ?, demanda-t-elle en lui souriant. Le petit garçon hocha la tête et vint se blottir dans ses bras pour une longue étreinte.
- Bonjour Nena, bonjour papa... Il avait encore la voix remplie de fatigue, prêt à se rendormir dans les bras de sa belle-mère. Morgana souriait, trouvant ces moments adorables.

- Je dors toujours très bien, dans tes bras, répondit-elle avec un sourire, avant de l'embrasser avec douceur. Lorsque Saeed rentra dans la chambre et se glissa dans ses bras, elle passa ses bras autour du petit garçon pour lui offrir une étreinte digne de ce nom. Elle aimait les câlins, surtout ceux du matin où ils pouvaient profiter du calme. Ce qui ne durait jamais très longtemps, surtout lorsqu'il s'agissait d'un jour d'école et qu'il fallait ce lever. Ce qui fut rapidement le cas. Morgana se leva, pour aller s'habiller pendant que William commençait à préparer le petit déjeuner aux plus jeunes. Ils échangèrent, lorsqu'elle fut prête. Une fois que tout le monde fut prêt, le couple laissa le bébé aux deux adolescents de la maison.

Morgana haussa les épaules, à la question de son compagnon.

- Déjà, je propose une suppression de la console. Surtout s'ils pensent y avoir le droit après les bêtises commises, répondit-elle avec un air de défis. Ils essayaient de les prendre pour des idiots ? Morgana était bien décidée à ce qu'ils comprennent que ce n'était pas le cas. Quant au reste, je te propose qu'on en discute sur le chemin du retour. On aura tout le temps de trouver des punitions adéquates. Surtout qu'à deux, ils risquaient d'avoir des bonnes idées pour que ce soit mémorable. Elle espérait que cette fois-ci, ça les calmerait. Bien que cette fois, la raison pour laquelle Gabriel et Stan seraient punis partait d'une bonne attention.

A l'école, Morgana avait le coeur brisé de voir sa fille si effrayée à l'idée de passer la grille. Elle regarda William, qui s'accroupit devant l'enfant pour lui parler avec calme. La jeune femme fit de même et caressa le bras de sa fille, un sourire rassurant sur ses lèvres.

- Papa a raison, ma chérie, continua-t-elle doucement. Et de toute façon, on va en parler avec la directrice et tu n'auras aucun problème, d'accord ? Angela regarda ses deux parents avec les sourcils foncés à cause de l'inquiétude, avant d'hocher la tête et de les attirer dans un câlin. Elle avait besoin de ça et Morgana répondit à son étreinte avec douceur, si ça pouvait la rassurer et l'apaiser c'était le principal.

L'étreinte dura un moment, avant qu'Angela ne s'éloigne pour retrouver sa classe. William et Morgana se mirent à chercher les parents du garçon, comme des charognards qui cherchaient leurs proie. La lionne qui était en la jeune femme surgissait de nouveau, prête à défendre sa fille. Quand elle remarqua le père, elle se précipita pour s'approcher de lui.

- Bonjour, dit-elle froidement. Je suis...
- Oui, je vous reconnais, répondit-il en la coupant. Chose que Morgana détestait, bien sûr. Sauf dans certains cas, et celui-ci ne faisait pas partie des exceptions.
Qu'est ce que vous me voulez encore ?
- Mon compagnon et moi avons appris au diner d'hier soir, que votre fils s'amusait à voler le déjeuner de notre fille en plus de la harceler.

Elle marqua une pause, le regard sombre à cause de la colère.

- Comme je vous l'ai dit hier, le harcèlement est puni par la loi. Si j'entends de nouveau une histoire de la sorte, j'irai directement porter plainte et je ne prendrais pas le temps de venir pour avertir.

Il allait de nouveau la couper, mais elle lui fit signe de se taire. Elle avait clairement envie de lui en mettre une, mais ça ne le ferait pas devant une école. Surtout venant de la part d'un sergent du NYPD.

- Pensez à nourrir votre fils et à revoir son éducation, cette situation est inacceptable et j'espère qu'elle ne se reproduira plus. Je ne tolère pas le harcèlement, ni le racisme et je n'hésiterais pas une seconde à aller déposer une plainte.

Elle lança un coup d'oeil vers William, pour voir s'il avait quelque chose à ajouter.

Si Morgana ne connaissait pas William, elle serait probablement effrayée. Et vu la tête que faisait l'homme en face d'eux, il se faisait sûrement dessus. Il avait l'air complètement terrorisé par ce que Will pouvait lui faire, qu'il partit très vite voir son fils à l'intérieur de l'école. Morgana se mordillait l'intérieur de la joue, se retenant d'exploser de rire. Elle éprouvait un énorme sentiment de fierté, vu la manière dont il défendait chacun des enfants... mais elle avait envie de rire de la situation, autant qu'elle voulait lui hurler dessus. Elle était partagée, néanmoins très heureuse de voir qu'il faisait tout ce qu'il fallait pour défendre ses enfants. Il ne faisait aucune distinction entre ceux qui avaient son sang et ceux qui ne l'avaient pas, prêt à défendre chacun d'entre eux de la même manière. Ca la rassurait d'avoir un compagnon qui aimait Gabriel et Angela comme s'ils étaient les siens. Il y avait quelque chose de très réconfortant, parce qu'elle savait qu'ils étaient entre de bonnes mains et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour eux.

Quand l'homme fut assez loin pour ne pas les entendre, Morgana secoua légèrement la tête en souriant.

- T'es irrécupérable, commença-t-elle, mais je t'aime.

Elle passa un bras autour de William, attendant à ses côtés que le père des enfants reviennent. Quand il s'approcha de nouveau, Morgana reprit un air froid.

- Vous avez parlé à votre fils ?
- Oui, il ne recommencera pas, répondit-il d'une voix bien moins assurée qu'avant. Il avait très peur d'eux, ce que Morgana remarqua très rapidement. Elle plissa ses yeux, s'approcha un peu plus de lui et prit le même regard que William. Un sourire, légèrement sadique. C'était très rare de la voir ainsi, souriant avec un côté très froid.
- Bien. Elle marqua une pause, son regard ne quittant pas celui de l'homme. Parce que ce que mon compagnon a dit, s'applique à moi. Je suis prête à faire de votre vie un enfer, si vos fils recommencent à harceler les nôtres.

Il hocha la tête et le regard de Morgana changea. Elle lui fit un sourire, très faux.

- Dans ce cas, je vous souhaite une excellente journée, reprit-elle d'une voix plus joyeuse, paraissant très gentille de l'extérieur mais très fausse quand on connaissait la situation.

Elle attrapa la main de William et s'éloigna avec lui, satisfaite de ce changement de situation. Et s'il recommençait, ils seraient deux à lui faire vivre un enfer. C'était peut-être la première fois que William voyait Morgana comme ça et elle avait le sentiment que ce ne serait pas la dernière. Mais parfois, il fallait un peu abuser de leur autorité...surtout pour protéger leurs enfants d'idiots.