Lizzie tourne et retourne dans son lit, sa fille endormie à ses côtés, Roxanne qui la rejoint en pleine nuit, son doudou au bout de la main, toute endormie. Parfois, il faut savoir faire des concessions, c’est ce que dit Lizbeth alors qu’elle pose une main sur son front. Comment va t’elle expliquer ça à la petite ? Comment va t’elle faire pour lui expliquer que l’homme qu’elle va rencontrer aujourd’hui est son père. Elle n’avait jamais pensé ne serait ce qu’une seconde que ça arriverait. Elle n’était pas préparé à ça. L’éventualité d’une rencontre. L’éventualité qu’un jour, Adriel est le moindre pouvoir parental sur la petite, lui qui n’avait pas voulu en entendre parler à peu près cinq ans auparavant. Bientôt cinq ans. La fete d’anniversaire déjà en préparation même si ce n’est qu’à la fin de l’été. Alors qu’elle sort du lit d’un pas chancelant, elle jette un œil bienveillant sur la petite, a presque envie de la réveiller juste pour s’imprégner de son odeur de petite fille. Juste pour la garder contre son cœur comme quand elle était petite, et qu’elle avait ce pouvoir sur la cheffe de pouvoir l’apaiser avec ses petits bras autour de son cou. Elle se fait un café, envoie ses directives pour le service de ce midi à Ezra et elle se prépare doucement, salue Katie qui profite de cette journée off pour faire un peu de tourisme. Elle n’est pas sereine Lizzie. Parce qu’elle a peur, peur que sa fille lui échappe. Égoïstement elle aurait voulu la garder avec elle pour toujours.

Quand Roxanne est habillée, sa peluche dinosaure au bout de la main, Lizzie attrape ses clés de voiture et elle se met en route. Elles chantent toute les deux à tue-tête, ça apaise un peu les battements effrénés du palpitant. Un message à son frère et sa sœur pour se donner du courage. Lorsqu’elles arrivent au point de rendez-vous, Lizzie déglutit avec difficulté, sa main qui passe sur son front pour tenter de calmer l’angoisse qui l’a prise dans tout son corps. En proie d’une anxiété qu’elle ne se connaissait pas, elle ferme les yeux un instant « Ça va Maman ? » demande Roxanne qui voit bien que sa mère est trop agité pour que ce soit normal. Elle la regarde à travers le rétroviseur intérieur, se pince les lèvres et lui offre un sourire « Oui, mon cœur, ça va. » Et la mascarade commence, elle sort de l’habitacle, récupère Roxanne, vérifie qu’elle a tout le nécessaire pour elle. Des pansements, une bouteille d’eau, un encas, tout est là. Sa fille au bout de la main, elle rentre et se positionne près des jeux pour enfants, Roxanne qui s’extasie de pouvoir faire du toboggan. Et elle la laisse faire, attendant Adriel sur un banc à proximité, toujours un œil sur la petite. Quand il arrive, elle lui fait un signe discret de la main et elle le laisse venir à elle. La lèvre inférieure qu’elle ne cesse de mordre par automatisme flagrant. Un automatisme qui démontre qu’elle aurait bien voulu être ailleurs qu’ici. « Hey, elle a voulu venir au parc pour jouer au toboggan » prononce t-elle avec une voix douce et maîtrisée pour ne pas qu’il voit à quel point l’esprit est perturbé. Roxanne qui leur fait signe, Lizbeth lui répond avant de se tourner vers le brun « Comment tu te sens ? » peut-être aussi anxieux qu’elle, peut-être moins. Elle n’en sait rien la blonde. Mais tout ce qu’elle espère, c’est que ça se passe bien.