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syrup is still syrup in a sippy cup (olivia & benjamin)

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Mar 3 Aoû - 10:07
tw: alcool, alcoolisme, adultère, mal-être

Ma vie est un désastre.
Chaque jour qui passe me force à me questionner un peu plus sur les choix que j'ai pu prendre ces derniers temps. Mais je ne dois pas me plaindre. Je ne peux pas me plaindre. C'est seul, que je me suis mis dans cette situation. C'est de mon propre libre arbitre que je me suis enfoncé, chaque minute un peu plus profond dans les mensonges que j'ai créé. Coincé, comme dans un sable mouvant, au début, je restais immobile, donc, je ne sombrais que petit à petit. Mais plus je réfléchis, plus le temps passe, plus les choses prennent une tournure inattendue. Tout va si vite désormais. Tout va trop vite. Et je sens le sable se refermer au dessus de ma tête, m'emprisonner, m'étouffer.

J'ouvre la portière de ma Tesla, une belle voiture parfaitement propre et rangée,  ma fierté, je ne la prête jamais à personne, surtout pas à Olivia. Il ne faudrait pas qu'elle ouvre la boîte à gants. Le soleil est déjà partit, il faut dire qu'on joue à cache cache en ce moment. J'évite la maison, alors je pars tôt au travail, et je rentre de plus en plus tard le soir, la pâleur de ma peau aurait pourtant bien besoin de croiser les rayons du soleil quelques temps.

Quand tout ça sera finit, je prendrai des congés. Je pense parfois, rêveur d'un futur idyllique, dans lequel mes problèmes s'évaporeraient. Une utopie qui n'arrivera jamais, parce que même quand je serai libéré de mes mensonges, ma vie sera loin d'être belle, tout cela n'est que le début d'une longue descente aux enfers, dont je suis loin de voir le bout. Pourtant, quelques jours en Egypte ou sur une île déserte me ferait un bien fou. Accompagné de la seule personne qui ne me jugera pas, et gardera le même regard chaud qu'il me porte déjà. Oh, on en est loin Benjamin. Un pas devant l'autre, mes chaussures claquent contre les pierres qui mènent à l'entrée de ma maison, et je tente de passer la porte discrètement, les filles doivent être au lit à cette heure-là, et tant mieux. Je vais pouvoir me hâter à la seule activité qui m'aide à dormir ces derniers temps, sans avoir peur d'être dérangé.

Sacoche jetée sur la table de la salle à manger, je me dirige rapidement vers la vitrine derrière le mini bar, et attrape une bouteille de mon pêcher mignon favori du moment. Je la secoue et plisse les yeux pour regarder ce qu'il en reste, elle est bien trop légère. Tiens, je l'ai déjà finie celle-là aussi ? Ce n'est pas la première fois que je me fais avoir ces derniers temps, parce que je replace toujours les bouteilles vides dans la vitrine, pour que personne ne se rende compte qu'elles disparaissent plus vite que d'habitude. Alors, je range la bouteille de whisky terminée où elle était pour en ouvrir une nouvelle. Debout derrière le bar, je ne prends qu'une gorgée directement au goulot, avant de décider que non, je n'en suis pas là. Je ne peux pas boire directement à la bouteille. En même temps, je ne me vois pas boire dans un verre de whisky non plus et le mettre directement dans le lave vaisselle, Olivia ne doit pas se poser de questions. Alors, c'est d'un mug que je me munis, et je le remplie beaucoup trop de ma boisson préférée, pour la siroter en paix.

Les yeux fermés, je finis mon mug presque d'une traite, un si bon whisky gâché, mais ça ne m'empêche pas de me resservir instantanément. Trop préoccupé par mes pensées qui hurlent bien trop fort dans ma tête, je n'entends pas de bruits de pas, et je suis totalement surpris lorsque j'entends la voix de ma femme, à quelques mètres de moi. Je ferme les yeux une nouvelle fois, longuement, pour me donner la force de déglutir. « Je ne pensais pas que tu étais réveillée. » Je tente de glisser doucement la bouteille de whisky loin de moi, et empoigne mon mug, et comme pour la distraire, je lui demande. « Je ne t'ai pas réveillé j'espère ? » Pourvu qu'elle ne voit pas la bouteille près de moi, qu'elle ne se rende pas compte de ce que contient mon mug. Je n'ai pas la force de discuter, je n'ai pas la force de grand chose, de toute manière.

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Mar 3 Aoû - 23:28
Olivia sortait à peine de la douche quand elle entendit les pneus de la voiture de Benjamin faire crisser le gravier de l’allée. Il était plus de minuit, mais elle ne s’en étonna pas. Ça faisait des mois que son homme rentrait à des heures plus qu’indécentes. Des mois qu’il ne dormait qu’une poignée d’heures par nuit. Olivia ne lui avait jamais adressé le moindre reproche. Son mari était un grand garçon, loin d’être stupide en plus de ça, alors s’il décidait de se ruiner la santé au travail, elle ne pouvait rien y faire. Certes, leur vie de couple en pâtissait. Mais Olivia se persuadait que ça n’était qu’une phase, que pour X raison, la charge de travail s’avérait monstrueuse ces derniers temps, ça finirait par se calmer.

Si Olivia n’était pas déjà couchée à cette heure-ci, c’est parce qu’elle avait passé la soirée au casino. Elle n’avait pas mis Benjamin au courant, mais ça importait peu, car elle savait qu’il ne lui demanderait rien. Et si jamais il lui demandait, il oublierait sa réponse dans la seconde. Non pas parce que ça ne l’intéressait pas, mais parce qu’il avait autre chose en tête. Résignée, Olivia enfila son pyjama en lin et coinça ses cheveux bruns dans sa serviette de bain entortillée. Jetant un œil par la fenêtre, elle aperçut les phares de la Tesla s’éteindre. Bon sang, Olivia détestait cette caisse. C’était tape-à-l’oeil, déjà, et puis ça leur avait coûté un rein. Elle secoua la tête. Elle n’arrivait pas à se débarrasser des réflexes économes qu'ont les gens issus de classes sociales moins favorisées. En tout cas, sa voiture de kéké, il pouvait se la garder : Olivia la lui cédait avec plaisir.

La brune s’assit en tailleur sur le lit en attendant Benjamin. Elle espérait glaner quelques minutes pour qu’ils se parlent, qu’ils se racontent leur journée, qu’ils se moquent ensemble des collègues péteux de Benjamin ー ce qui était mesquin, mais personne n’en saurait jamais rien, puisque ça resterait dans l'intimité de cette chambre. Au bout de quelques minutes, Olivia l’entendit trafiquer au rez-de-chaussé. Intriguée, elle enfila ses sandales et se glissa dans les escaliers. Elle le trouva derrière le mini-bar, affairé à Dieu savait quoi. D’abord un peu moqueuse, elle croisa les bras, presque amusée de le surprendre. « Ben ? »

Son petit sourire disparut bien vite. « Désolée, je ne voulais pas te faire peur. » Benjamin avait l’air d’un faon pris dans les feux d’une voiture, ce qui ne la rassura pas. Il ne fallait pas être un génie pour deviner que quelque chose clochait. En plus de vingt ans à ses côtés, elle avait appris à identifier les mimiques de son mari : celle qu’il arborait à l’instant n’était pas synonyme de bonne nouvelle. « Non je ne dormais pas. Qu’est-ce que tu… » Le mot « faisais » resta coincé dans sa gorge. Cette bouteille de whisky à moitié vide, pourquoi essayait-il de la cacher ? Honnêtement, s’il n’avait pas fait autant d’efforts pour l’éloigner de lui, Olivia ne l’aurait pas remarquée, mais là… Boire un verre, un seul verre, après le travail, ça ne la choquait pas, elle n’avait jamais émis le moindre commentaire sur la consommation d’alcool de Benjamin. Alors pourquoi portait-il la culpabilité sur son visage ? « Benjamin, tout va bien ? » Olivia fit quelques pas vers lui, doucement, comme si elle avait peur de le brusquer. Il y avait forcément une explication à tout ça.

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Jeu 5 Aoû - 17:03
tw: alcool, homophobie internalisée, homophobie, adultère

J'ai la nette impression d'être un enfant que l'on surprend à faire une bêtise. Si je tente désespérément de cacher les bouteilles vides, c'est bien parce que je sais que je bois un peu plus que d'habitude, en ce moment. Mais je me dis aussi que ce n'est qu'un remontant, le jour pour m'aider à traverser mes dures journées, le soir pour faciliter l'endormissement. Ce n'est que passager, simplement pour m'aider à survivre à un difficile passage de ma vie. « Ne t'excuses pas. » je lui réponds machinalement, avant de poser mon regard sur ma femme, je fais de mon mieux pour sourire, mais je sais que je n'y arrive pas. Cela fait un moment que mes sourire sont plus tristes, que je n'arrive plus à penser à autre chose qu'au chemin chaotique que ma vie a prit. Et surtout, plus je mens à Olivia, plus mes mensonges sont mauvais, comme si j'avais explosé mon quota, mais jamais trouvé le temps de le recharger. En même temps, l'envie est de moins en moins au rendez-vous, parce que je ne veux qu'une chose : que tout ça s'arrête. Me réveiller un jour sans aucun problème, que tout se soit réglé dans mon sommeil. Que je n'ai plus rien à faire. Malheureusement, ça ne sera pas le cas, et mon petit doigt me dit que le jour où le problème sera "réglé", ma vie sera changée du tout au tout.

Elle me demande si tout va bien, encore une question à laquelle je ne peux pas répondre. Non, Olivia, rien ne va. Je crois que je ne t'aime plus, mais je ne peux pas te quitter parce que cela voudrait dire assumer ma relation homosexuelle au grand jour, et je suis loin d'être prêt pour ça. Alors je reste Olivia, je reste par dépit, je reste parce que je n'ai pas d'autre choix que de garder tout pour moi, de ne rien avouer, de ne rien assumer. « Bien sûr. Mes journées sont difficiles en ce moment, c'est tout. » Je fais danser mes doigts sur le comptoir du mini bar, retente un sourire par défaut, et continue de lui poser des questions sur elle, sur sa vie, pour éviter d'avoir à mentir, encore et toujours. « Pourquoi tu n'étais pas encore au lit ? » Et je m'assois sur un tabouret, mes jambes trop fragiles pour supporter le poids du monde que je semble porter sur mes épaules. « Tu as passé une bonne journée j'espère ? » Meilleure que la mienne ? Car moi, Olivia, j'ai passé la journée à penser au désastre que serait ma vie si tu apprenais ma relation avec Axel. A l'effondrement de ma vie sociale, au coming out que l'on devra forcer de moi, au dur regard des autres que je vais devoir supporter. A la déception aussi, que tu ressentiras toi, et mes parents également. Le fils prodige était un homo depuis tout ce temps ? Allez hop, jugé, détesté, déshérité, mit dehors, au revoir la douce vie de parfait privilégié à laquelle j'ai eu droit toute ma vie.

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Jeu 12 Aoû - 14:20
Olivia n’était pas dupe. Elle voyait qu’il avait un peu trop bu. Oh, il le cachait admirablement bien, un inconnu se serait certainement laissé berner. Mais pas de chance pour Benjamin, Olivia était une femme suffisamment observatrice pour remarquer les signes qui ne trompaient pas. Elle nota la tendance inhabituelle de ses yeux à papillonner, c’était comme si son regard était incapable de se fixer. Benjamin se donnait tant de mal pour paraître normal (c’était évident qu’il réfléchissait à chacun de ses gestes) que le moindre détail qu’il ne contrôlait pas devenait aberrant. « Ben, tu as bu ? » Elle le testait, juste pour voir s’il oserait lui mentir. Au fond, qu’il mente ou non, elle savait déjà qu’elle ne lui en voudrait pas.

Comme pour le prouver, elle s’approcha encore et posa sa main sur la sienne 一 geste de soutien pudique. Olivia devinait que derrière l’ivresse de Benjamin se cachait un appel au secours. Elle était pourtant loin de se douter du vrai problème et de l’état de tourmente dans lequel se trouvait son mari. « Je ne sais pas comment t’aider. Si ça ne tenait qu’à moi, je prendrais volontiers une part de ta charge de travail. » Elle ne mentait pas. Égoïstement, elle aurait adoré mettre le nez dans son boulot. Même si ledit boulot ne la faisait pas rêver, c’était toujours mieux que s’échiner à tromper l’ennui. En plus, Olivia était persuadée d’en être capable. Jouer avec les chiffres, elle y arrivait autant que Benjamin. Elle soupira. « On pourrait peut-être, je ne sais pas, prendre un week-end rien que pour nous ? Oh, sans parler d’un grand voyage, plutôt quelque chose de simple... » Olivia se fichait des Caraïbes et autres destinations soit-disant idylliques. Rester à NY lui convenait très bien. Elle avait seulement envie (et c’était peut-être naïf de sa part) qu’elle et Benjamin partagent à nouveau des morceaux de quotidien. Qu’il lui tienne la main au cinéma, qu’elle le fasse rire en imitant l’accent des bourgeoises... À l’évidence, elle l’aimait encore. Olivia ne croyait pas à la passion : la fièvre de leurs premières années de relation s’était évaporée mais ne l’embêtait pas plus que ça. Ce qui lui manquait en revanche, c’était la spontanéité.

Elle fut surprise que Benjamin cherche à en savoir plus sur sa soirée. Elle sourit, interprétant (à tort) ce subit intérêt comme une attention délicate. « J’étais de sortie, ce soir. » Curieusement, la brune n’avait pas envie de s’étendre davantage sur le sujet. Comme si elle désirait garder le jazz pour elle, rien que pour elle. Benjamin savait déjà tout de sa femme, excepté ce petit détail. C’était simple : plus il s’éloignait et plus Olivia ressentait le besoin de conserver un jardin secret. D’accord mon chéri, tu as tes secrets, ça ne me dérange pas car je te fais confiance, mais dans ce cas, j’aurai aussi les miens. « Je n’ai pas vu le temps passer, il y avait du monde au Planned Parenthood ce matin et j’ai passé l’après-midi dans le jardin. On a pas idée d’avoir autant de plantes, ça demande un entretien pas possible. » Ils avaient les moyens d’employer un jardinier, mais Olivia s’y refusait. Des domestiques, et puis quoi encore ? Au moins, en tondant la pelouse, elle avait l’impression d’être à peu près utile.

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Lun 23 Aoû - 22:10
tw: alcool, homophobie internalisée, homophobie, adultère, mal-être

Mes efforts son vains. Olivia comprend, et malgré mes tentatives, il est impossible pour moi de lui cacher l'état dans lequel je suis actuellement. Non, je ne suis pas aussi entamé que la fois où j'ai du appeler Samuel, ça, ça n'arrivera plus. Mais disons que ma vision n'est pas la plus claire possible, que je dois me concentrer pour voir les détails de la pièce. Et surtout, pour articuler mes phrases correctement. Le problème, c'est qu'après un certain nombre d'années, on se connait trop bien, et il y a certaines choses qu'on ne peut plus cacher à l'autre. Malgré le talent que j'ai récemment acquis pour le mensonge, je sais que je ne pourrais pas me sortir de cette situation. Du moins, pas ce soir. « Juste un peu, » j'opte donc pour la vérité, pour une fois, et avoue mon vice de la soirée. Oh, si seulement le verre de trop était le seul pêché que j'avais commis ces derniers temps. Le véritable problème est celui dont ces verres résultent, celui qui me tourmente et m'empêche de dormir la nuit, celui qui fait barrière à mon cerveau et à mes pensées. Elle se rapproche, mon cœur se serre, et pose sa main sur la mienne. Impossible pour moi de retourner la pareille, impossible de serrer sa main en retour, can't be a lover and a cheater at the same time.

« Tu ne peux pas m'aider. » ça sort tout seul, peut-être à cause du whisky, peut-être à cause de la fatigue, mais je ne semble plus contrôler chaque mot qui se fraye un chemin entre mes lèvres. Depuis le barbecue de toute façon, plus rien ne va, et j'ai l'impression d'être un simple spectateur de ma propre descente aux enfers. Je ne peux plus rien contrôler, plus prendre de décision, j'avance chaque jour dans ma vie et pourtant j'ai l'impression de stagner, parce que quoi que je dise, quoi que je fasse, plus rien n'a d'importance.
Un week-end ? Pour quoi faire ? Se retrouver dans une maison de campagne, passer une nuit blanche, rongé par la culpabilité et le mépris de ce que je suis devenu ? Tenter de se regarder dans le miroir d'une nouvelle salle de bain, sachant pertinemment que je ne peux plus regarder mon propre reflet sans être dégouté par ce que j'y vois ? Penser à Axel, qui lui, est seul, et pourtant n'a pas l'air de se plaindre autant que je le fais, alors que j'ai tout, que j'en ai trop, d'ailleurs ? Respirer un autre air, comme si la fraîcheur d'une brise différente de celle de New York me fera oublier mes problèmes et m'empêchera d'imaginer la réaction de chaque personne de mon entourage quand ils apprendront que je leur ai menti sur toute la ligne, que je ne suis pas qui j'ai prétendu être depuis tout ce temps ? « Je ne suis pas sûr que partir règle les problèmes. La fuite n'est jamais une réponse. » Et pourtant ce que j'aimerais partir, prendre le large sur un bateau, me réfugier au milieu de l'Atlantique, me cacher, à l'abris des regards. Avec lui, de préférence, pouvoir vivre une douce vie sans personne pour murmurer des ragots et des insanités derrière notre dos. « Désolé. Je sais que tu veux m'aider. Je ne suis pas très optimiste ces derniers temps. » La faute à qui, Benjamin ?

Olivia semble avoir passé une meilleure journée que moi, le sourire que j'arbore désormais est plus sincère, car je suis vraiment heureux qu'elle ne ressente pas de tension dans notre couple. Parce que je ne suis pas prêt à lui expliquer ce qu'il se passe, je compte le faire un jour, c'est décidé, je lui dirai la vérité. Un jour. Pas aujourd'hui. Elle a passé une bonne journée. Je ne vais pas lui gâcher. Je ne peux pas lui faire ça. Et pourtant j'aurais dû, j'aurais dû lui en parler. Mais je n'aurais jamais cru que c'était maintenant le moment d'aborder la conversation ou jamais. Je préfère plutôt m'attarder sur elle, les activités auxquelles elle s'est adonnée ce jour. « C'est vraiment bien que tu passe autant de temps au Planned Parenthood, apporter du soutient à ces associations c'est vraiment une bonne manière de t'occuper. » Elle ne s'amuse pas pendant son temps libre. Elle pense aux autres, elle aide son prochain. Moi, je batifole avec quelqu'un d'autre et quand il s'agit de mon prochain, je préfère le regarder de haut plutôt que de chercher à le comprendre. T'es vraiment un type dégueulasse, Benjamin, s'acharne la voix dans ma tête, qui ne cesse de comparer mes mauvaises actions avec la perfection qu'est la femme qui porte mon nom. « Et je t'ai déjà dit qu'on pouvait engager un jardinier. D'ailleurs, un collègue m'a donné le numéro de téléphone du sien qui fait un excellent travail, je l'ai juste-là... » et j'enfourne ma main dans ma poche, à la recherche de mon téléphone, qui ne semble être nul part sur moi. Pas dans celles de mon pantalon, pas dans ma veste... bravo, Benjamin, je ne suis pas de nature tête en l'air. Alors avoir oublié de décrocher mon téléphone de son socle dans ma voiture est bien la preuve que j'ai l'esprit troublé ces derniers temps. « Mince... j'ai laissé mon portable dans la Tesla... » Et je soupire, exaspéré par moi-même, enfin, par la pâle copie de mon être qui déambule dans mon corps depuis quelque temps.

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Sam 18 Sep - 22:39
TW : adultère

La main de Benjamin demeura inerte dans la sienne, alors Olivia la retira avec un pincement au cœur. Elle ne se départit pas de son indulgence pour autant. Quand il lui avoua avoir bu, elle souffla : « C’est rien. » En réalité, non, ça n’était pas rien. Que son mari boive seul l’inquiétait, noyer ses problèmes n’avait rien d’une solution, ça risquait même de l’entraîner sur une pente dangereuse. Elle aurait préféré qu’il picole avec des amis, ou avec elle, ça aurait au moins eu le mérite de lui changer les idées. Mais ce soir, il semblait perdu, au point qu’il lui faisait pitié. La violence de cette pensée la frappa. Pour la première fois de sa vie, son époux, l’homme de sa vie, lui faisait pitié.

Le ton qu’employa Benjamin en réponse à la sollicitude de sa femme n’était pas des plus doux. Le brune se tendit, son visage se ferma. L’entendre dire qu’elle ne pouvait pas l’aider lui fit du mal. Mais Olivia ne comptait pas insister. Elle ne ramperait pas à ses pieds, elle ne l’avait jamais fait et ça n’était pas demain la veille qu’elle s’y mettrait. S’il n’acceptait pas son aide, très bien, qu’il en soit ainsi. Être douce et compréhensive, c'était lassant. « Fuir et prendre du recul sont deux choses différentes, chéri. Le premier est lâche, le second est raisonnable et réfléchi. » Raisonnable et réfléchi, deux qualités qu’elle appréciait chez Benjamin, même si ces derniers temps, elles semblaient lui faire cruellement défaut. Très vite, Benjamin s’excusa, alors elle répéta : « Ce n’est rien. On en reparlera quand ça ira mieux pour toi, au boulot. » Un mince sourire, un peu triste, étira ses lèvres. Elle ferait de son mieux pour patienter encore un peu. Elle n’avait pas l’impression d’avoir le choix, de toute manière.

Son homme avait sans doute pour but de se rattraper en la complimentant sur la façon dont elle remplissait ses journées. Pourtant, lorsqu’il parla du Planned Parenthood comme d’une « bonne manière de s’occuper », elle se vexa. Ça la renvoyait à la vacuité de son existence, vide, futile. « Il faut bien que je serve à quelque chose. Et pour ce qui est du jardinier, on en a déjà parlé, Ben, nous ne sommes pas le genre à avoir des domestiques. Et puis jardiner me détend. » Encore une fois, elle utilisait le « nous » au lieu du « je ». Olivia émit un petit souffle, sorte de soupir élégant. Elle s’en voulait d’avoir cédé à cet élan d’aigreur. Elle n’était pas comme ça, d’habitude. Elle ne s’apitoyait pas sur son sort, en tout cas jamais devant quelqu’un d’autre. Olivia était une femme d’action, de décision, elle ne se démoralisait pas. Elle secoua doucement la tête et sauta sur l’occasion quand Benjamin dit avoir oublié son portable dans la voiture. « Ne bouge pas, je vais le chercher. Donne-moi tes clés, s’il te plaît. »

L’air frais la saisit quand elle se retrouva sur le perron. Elle resserra les pans de son kimono autour de sa taille. Déverrouillant les portes de la Tesla, elle se mit à la recherche du portable, qu’elle trouva bien vite entre les deux sièges de l’avant. Olivia s’en saisit et prit une seconde pour souffler, à moitié assise sur le siège conducteur. L’odeur de cuir de l’intérieur de la voiture la dérangeait. Cette fin de soirée la rendait triste. Son mari rentrait ivre et malheureux, et elle ne pouvait rien y faire. Oh Olivia, si seulement tu n’avais pas pris cette seconde pour réfléchir, si tu avais refermé la porte si tôt le portable retrouvé, tu n’aurais pas déclenché cette avalanche de problèmes…

Alors qu’elle allait rentrer se mettre au chaud, un message illumina l’écran du tableau de bord. Le smartphone semblait encore connecté en bluetooth à l’ordinateur de bord de la Tesla. Autant Olivia n’était pas une fouineuse, elle ne se serait jamais permis de lire les SMS de Benjamin. Autant là, le message s’imposa à elle, elle ne put l’éviter. Immédiatement, Olivia changea de couleur. Les mots, équivoques, lui brûlèrent la rétine. Elle les relut plusieurs fois, presque malgré elle, comme pour être sûre de ne pas rêver. Ce n’est que dans un second temps qu’elle comprit qui en était l’auteur. Livide, Olivia se releva lentement, le portable coincé entre ses doigts serrés, à la limite de faire exploser l’écran de verre. Avec l’impression étrange de ne plus rien contrôler, de flotter, elle regagna machinalement la maison, oubliant le froid, oubliant la portière ouverte et les phares encore allumés. Et lorsqu’elle fit de nouveau face à Benjamin, blême, elle mit plusieurs secondes pour réussir à décrocher un mot.  « Ben... » Sa voix se brisa. Elle tremblait. Le téléphone lui échappa des mains pour venir s’écraser sur le carrelage. « Benjamin, tu peux m’expliquer ce qu’il se passe avec Axel Wiley ? »

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Lun 11 Oct - 13:14
tw: adultère, alcoolisme,  homophobie internalisée, self déprécation

Olivia ne me laisse pas trop le choix et prend la porte pour aller récupérer mon téléphone dans la voiture. Mais après quelques minutes d'absence, je commence à me poser des questions. A t-elle trouvé le cadavre d'une bouteille dans la boîte à gants ? Fort probable. La pensée me traverse à peine l'esprit que mon coeur se soulève. Il faut que j'aille vérifier de moi-même. Je m'apprête à la rejoindre, mort d'inquiétude à l'idée qu'elle ai pu trouver ma faiblesse. Je fais quelques pas vers le hall d'entrée, jusqu'à tomber nez à nez avec elle. Elle a perdu toute couleur sur son visage, le téléphone tombe et le claquage de celui-ci contre le sol me fait sursauter. Je n'entends qu'à peine sa phrase, tout est brouillé autour de moi, mais le nom d'Axel me suffit. Elle sait.  Je ne prends même pas la peine de ramasser mon smartphone, à ce moment-là, il est le cadet de mes soucis. Non, elle n'a pas trouvé de bouteille de whisky vide dans la voiture. Mais je crois qu'elle aurait préféré. « Olivia je peux... » je ne finis même pas ma phrase. Parce que non, c'est faux, je ne peux pas lui expliquer. « Viens t'asseoir.. je vais te... je vais... » Je fais un pas en arrière, le carrelage noir me donne l'impression de tomber dans le vide, une chute qui ne semblera pas s'arrêter de la soirée. Sauf que ce n'est pas le trou du lapin blanc qui m'emmènera au pays imaginaire, mais plutôt un long tunnel vers les enfers. « je suis désolé... » je baragouine, mon coeur bat si vite, il va finir par exploser. « je voulais t'en parler ! » mais t'es qu'une merde, hurle la voix dans ma tête, une merde qui n'a jamais trouvé les mots, j'ai attendu, comme s'il y allait un jour avoir un bon moment qui allait se présenter comme une fleur à moi. « j'ai été lâche... » à chaque fois je m'étais dégonflé, je n'avais pas su réunir le courage d'avouer mes torts. Et Olivia, elle, la douce Olivia qui tentait de m'aider et continuait de m'aimer sans savoir le mal que je lui faisais. t'es juste un salopard, Benjamin. « je ne pouvais pas t'en parler... je n'y arrivais pas... tu te rends compte de ce que ça veut dire... » Un entourage choqué, je n'ai pas trompé ma femme avec la secrétaire du bureau, non, mais avec un homme, imaginez vous le scoop que cela va être dans ma famille. Ma mère va faire un malaise, c'est certain. « j'aurais tellement aimé que ça se passe autrement... » je n'arrive même pas à formuler des phrases longues, mon cerveau semble aller trop vite pour le reste de mon corps, je pose une main sur le mur, qui m'aide à tenir encore debout, persuadé que si je le lâche, mes jambes vont flancher. « olivia... » j'ai l'impression que je dois tout lui dire maintenant, avant qu'elle me pose de questions. Comme si ça allait rattraper quoi que ce soit. Tout ce que je fais à présent, c'est m'enfoncer, plus profond dans le tunnel, et je sais déjà que je ne trouverai pas de lumière au bout de celui-ci. « ça fait des mois que ça dure... je te jure que j'allais tout te dire... » je déglutis, ferme les yeux, et m'adosse complètement contre le mur du couloir. La tête renversée en arrière, les cadres accrochés aux murs semblent jouer aux chaises musicales autour de moi. « j'ai essayé... je n'y arrivais pas... » c'est un murmure qui réussit à se frayer entre mes lèvres, avant que, soudainement, une pensée me vienne et le son de ma voix augmente drastiquement, « je ne savais pas qu'il serait au repas l'autre jour ! je ne savais même pas qu'il avait un frère... je... j'aurais jamais... laissé cette mascarade se dérouler sous tes yeux... » ça ne sert à rien benjamin. elle te haie déjà. pire, même. tu la dégoûtes. et elle a bien raison. tu te dégoûtes toi aussi. un connard, benjamin. voilà ce que tu es. Il faut bien que je me fasse une raison. J'ai joué à un jeu et j'ai perdu. Et dans la foulée, j'ai brisé ma famille, fait souffrir ma femme, probablement Axel aussi au passage, menti à ma fille et à mes amis, perdu toute confiance en moi, oublié mes valeurs, et laissé ma dignité loin derrière moi. « ne me pardonnes pas. » non Olivia, ne fais pas cette erreur. Parce que je ne le mérite pas.

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Jeu 21 Oct - 22:39
TW : adultère

Au fond d’elle, Olivia était persuadée qu’il démentirait. Qu’il lui donnerait une explication logique, rationnelle, et qu’après avoir dissipé le malentendu, ils iraient se coucher sur leurs deux oreilles. Olivia n’était pas du genre à céder aux spéculations et à la jalousie. Hélas, toute forme d’esprit cartésien lui était inutile ce soir, car ce qui était en train de se passer, elle ne l’avait ni prévu, ni cru un jour possible. Olivia était l’archétype de quelqu’un de réfléchi et de prévoyant : elle envisageait tout, toujours, tout le temps. La seule chose qu’elle ne considérait pas utile de remettre en question, c’était son mariage… Elle vécut donc une seconde désillusion, plus terrible encore que la première, lorsque le visage de son mari se décomposa sous ses yeux. Pas besoin de lui en expliquer davantage : elle avait compris.

Benjamin lui intima de s’asseoir, ce qu’elle refusa de faire, préférant rester debout, droite comme un i, à trembler comme une feuille. Tu t’es laissée avoir, il t’a eue, tu t’es laissée berner : les phrases, désordonnées, tournaient en boucle dans sa tête. Elle dut fournir un effort surhumain pour faire taire la petite voix qui lui hurlait que depuis le début, elle s’était montrée trop naïve. Benjamin s’exclama subitement qu’il comptait lui en parler. Olivia le dévisagea, incrédule, presque méprisante, tandis que dans ses yeux bruns, la colère menaçait de prendre le pas sur la douleur. « Pourquoi tu ne l’as pas fait ? » Elle éleva la voix. « Pourquoi tu m’as laissée y croire ? » Croire qu’il l’aimait encore, croire qu’ils avaient un avenir. Car depuis qu’ils s’étaient rencontrés, Olivia n’avait jamais imaginé sa vieillesse autrement qu’avec lui. Elle n’avait rien prévu qui ne soit pas avec Benjamin.

Tu te rends compte de ce que ça veut dire... Non, Olivia ne se rendait pas compte, elle était sous le choc, elle n’avait pas la mesure de la situation dans laquelle se trouvait son époux. « Je me fiche de ce que ça veut dire, je pensais 一 quelle conne, quelle conne !  一 que tu me respectais. » Comme si l’humiliation n’était pas assez forte, Benjamin rajouta que ce petit cinéma durait depuis des mois. Abasourdie, elle répéta : « Des mois… » Elle se revit, patiente comme pas deux, à prendre sur elle alors qu’elle se sentait seule à en pleurer. Olivia avait envie d’insulter son elle de la semaine dernière, qui attendait sagement son homme. Et puis aussi son elle d’il y a vingt ans, qui avait décidé d’épouser un menteur. Contrairement à ce que Benjamin croyait, il ne la dégoûtait pas. Ce qui la dégoûtait, c’était cette image qu’il renvoyait d’elle, celle d’une femme bêtement dévouée et suffisamment niaise pour ne pas se rendre compte de la tromperie. Parce qu’elle ne s’en était pas douté une seule seconde. Pas une seule.

Soudain, Benjamin évoqua le barbecue et elle se figea. Les images lui revinrent (surtout cette image d’elle accueillant Axel avec toute sa bonne volonté) et elle fut prise d’un vertige.  Le souvenir, sous ce nouveau jour, était insoutenable. Elle prit appui sur l’accoudoir du fauteuil le temps de retrouver son équilibre. Puis, comme si cet instant de faiblesse n’avait jamais existé, elle se redressa. « Ce soir, je… (Sa voix se brisa, mais, courageuse, elle poursuivit quand même) Je vais aller dormir ailleurs. En fait, je vais partir pendant deux jours. Et quand je reviendrai, je veux que tu aies pris toutes tes affaires et que tu aies quitté la maison. » Il n’était plus question de “souhaiter”, non, au diable la politesse, Olivia voulait, exigeait qu’il parte. Il aurait fallu éplucher le contrat de mariage pour savoir à qui revenait la maison, c’était la première chose à laquelle elle aurait songé dans d’autres circonstances. Mais ce soir, Olivia se fichait des contrats, elle désirait juste que Benjamin soit loin d’elle. Et elle ne voyait pas pourquoi ce serait à elle de se trouver un nouveau domicile, elle lui donnait deux jours le temps qu’il puisse se retourner, après ça ne serait plus son problème, qu’il dorme dans sa Tesla si ça lui chantait.

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Dim 14 Nov - 19:28
tw: adultère, self déprécation

Elle ne bouge pas. Reste droite comme un piquet. A cet instant précis, tout devient réel. Je vois les conséquences de mes actions se dévoiler, et la pauvre Olivia n'a pourtant rien demandé. Elle m'écoute, ne m'interrompt même pas. L'envie de m'enterrer dans un trou et de ne plus en sortir. Elle me pose des questions auxquelles je ne me vois pas répondre. Déjà parce que je ne suis pas sûr de connaître les réponses à toutes celles-ci. Mais aussi parce que peu importe ce que je lui dise, je suis en tort et je le sais. Alors pourquoi tenter de me défendre, particulièrement quand moi-même je ne crois plus être quelqu'un de bien ? « Je n'ai jamais voulu te faire de mal. Je n'ai jamais voulu attenter à ton honneur... mais je sais que ça n'excuse en rien ce que j'ai fait. » Rien ne m'excusera jamais d'avoir prit les décisions que j'ai pris dans cette histoire, d'avoir agit comme je l'ai fait et j'en suis pleinement conscient. Et comme je lui ai dit, je ne veux pas être excusé. Je ne le mérite pas.

Je laisse Olivia réagir, moi-même prit d'un mal-être monstre qui me ronge un peu plus chaque seconde qui passe. Un blanc s'installe entre nous alors que ma femme m'annonce qu'elle part deux jours, je ne tente pas de la retenir. Je ne veux pas la retenir. Je ne l'aime plus Olivia, et je le sais. Pas du même amour que je lui portais encore deux ans en arrière. Je ne lui demanderai pas de considérer à se remettre en couple avec moi, car je n'en ai plus envie. Pour tout vous dire, même si ça avait encore été le cas, je n'aurais pas tenté de la retenir pour autant. Olivia est une personne formidable et n'a pas besoin de s'encombrer avec un type aussi arrogant et tricheur que moi. Comment même, est-elle un jour tombé sous mon charme ? Qu'est-ce qu'elle a bien pu faire avec moi toutes ces années, alors que tout son entourage ne cautionnait même pas notre relation ? Pourtant, ce qu'elle me dit ne me semble pas logique. « Mais... » je finis par lâcher, après quelques interminables minutes de lourd silence. « c'est à moi de partir tout de suite, non ? » Un soupire, je passe mes mains tremblantes sur mon visage blême, je ne suis même plus certain de savoir discerner ce qui est logique de ce qui ne l'est pas. J'ai l'impression de vivre un cauchemar, qu'à tout moment je vais me réveiller de cet enfer. Malheureusement pour moi, tout cela est bien réel et risque de changer ma vie à tout jamais. « quoi que je peux comprendre que tu ai besoin de te retrouver seule quelques jours. » Je me pince les lèvres, incapable de me mettre à sa place, elle doit se sentir trahie, souillée. Tu ne fais que de te plaindre, Benjamin et pourtant tu es loin d'être une victime. Tu n'es qu'un salaud, un égoïste, une sombre- Je dois faire taire la voix dans ma tête qui ne cesse de me flageller. « Peu importe ce que tu décides, je... je le ferai. » Est-ce que c'est lâche de ne pas prendre de décision comme ça ? Je ne sais plus. Je veux simplement respecter les désirs de celle qui a partagé ma vie toutes ces années. De toute façon, je suis complètement amorphe, et je suis incapable de prendre la moindre décision.
Ma vie est foutue. Et bien fait pour ma gueule.

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Jeu 25 Nov - 18:31
TW : adultère

Olivia fulminait, les poings serrés, tandis que Benjamin se lamentait sur son sort. « Arrête, Benjamin. Arrête de jouer les victimes. Je ne peux pas le supporter. » Il osait geindre alors qu’Olivia avait tout envoyé valser pour lui, à commencer par sa famille. Soudain, elle revit sa mère, à qui elle ne parlait plus depuis des années, s’emporter à l’annonce de son mariage. Elle entendit à nouveau les mots qu’elle avait prononcés : hypocrisie, mensonge, tromperie, superficialité. Mon Dieu, comme tout ce charabia prenait sens, ce soir. Elle eut alors cette prise de conscience qu’elle croyait jusqu’ici improbable : ils avaient raison et j’avais tort.

Que Benjamin ait le culot de la contredire manqua de lui faire péter les plombs. Elle rétorqua, le ton dur : « Oui, c’est à toi de partir, seulement j’ai encore de la considération pour toi et je ne veux pas t’obliger à passer la nuit sur le paillasson. Alors profite du peu de clémence qu’il me reste encore et tais-toi, s’il te plaît, tais-toi, tu en as trop dit. » Olivia tourna les talons et grimpa les marches qui menaient à l’étage. En pilote automatique, elle jeta une valise sur le lit et y balança des affaires, en oubliant la moitié, prenant des vêtements d’été alors qu’elle n’en aurait pas l'utilité en plein mois de novembre. Elle s’en fichait : elle sentait juste qu’il lui fallait partir, là, maintenant. Le plus vite possible. Elle fit quand même un détour pour aller prendre une peluche dans la chambre de sa fille et la fourra dans son sac à main. Puis elle dévala les escaliers.

Benjamin n’avait pas bougé d’un iota. Olivia marqua un temps d’arrêt pour observer son mari, cet homme dont elle était fière encore deux heures auparavant. Cet homme qu’elle continuait à trouver beau, malgré l’état misérable dans lequel il se trouvait ce soir. Elle réalisa qu’il lui faudrait du temps pour cesser de l’aimer, car hélas elle ne pouvait pas l’oublier sur commande, en un simple claquement de doigts. Cette pensée alimenta sa colère. Olivia allait devoir affronter le deuil de leur relation alors que lui l’avait déjà fait depuis bien longtemps. La brune étouffa un rire jaune tandis qu’un doute terrible s’immisçait en elle : l’avait-il seulement aimée ? Parce que certes, il n’avait « jamais voulu lui faire de mal »… Mais y avait-il eu un jour davantage que du respect entre eux ? Olivia n’en était pas sûre, elle n’était plus sûre de rien. La colère l’empêchait de réfléchir correctement, elle qui gardait pourtant toujours les idées claires.

Puis elle songea à la peluche dans son sac et son cœur se serra. Le besoin de quitter cette maison lui paraissait urgent, mais Benjamin et elle devaient avoir une dernière discussion. « Comment comptes-tu faire avec notre fille ? » Le « notre » lui arracha une grimace d’aversion. Elle aurait voulu dire « ma » fille, mais Benjamin restait son père envers et contre tout. Alors, comment allait-il gérer la situation ? Tout lui avouer ? La laisser dans l’ignorance ? Il n’y avait sans doute pas réfléchi. Mais Olivia voulait savoir, et tout de suite.

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