Comme un chef d'orchestre, mes mains ne cessent de mouver dans tout les sens. C'est ainsi que je dirige les quelques employés qui sont venus m'accompagner pour cet extra. Un évènement dans un endroit que j'affectionne particulièrement, et pour lequel j'ai volontiers accepté de cuisiner. Et si je bataille pour faire une belle mise en place, c'est que l'on vient de me prévenir qu'une personne va venir photographier le buffet avant qu'il ne soit attaqué. L'idée d'immortaliser mon travail me plait. Le perfectionniste que je suis, est juste un peu à cran sur le moindre détail qui peut trainer. Et je suis loin de me douter que la seule chose mal accordée dans ma symphonie, est sur le point d'arriver. Mon petit serveur me chuchote que la photographe semble s'approcher, mon corps fait un demi-tour pour pouvoir observer et surtout, sourire. Sauf qu'il s'efface illico dès que mes yeux se posent sur toi. Le sang qui ne fait qu'un tour, le coeur qui s'emballe un court instant et le souffle coupé. Vous connaissez? C'est les traumatisme d'une douleur intense éprouvée il y a quelques années. Le souvenir de comment tu m'as laissé, l'épuisement de mon corps suite à l'abandon et l'incompréhension. Ouais, t'as piétiné mon coeur, ma confiance et ma fierté. Ainsi que les quatre ans de relation, l'addition est salée. Et si j'avais conscience que tu ne vivais pas si éloigné de moi, je n'avais jamais pensé être amené à te reparler. Se reparler pour se réparer. Le concept me laisse perplexe. Et le contexte ne s'y prête pas, faut rester professionnel bien que j'ai envie de me la jouer comme toi, et fuir. Puis, je sais que ni l'un ni l'autre ne voulons faire le premier pas, parce que ce serait juste donner tout le pouvoir à l'autre. Et surtout se prendre une grande claque de silence et de mépris. De silence méprisant. De chaque côté. Qui répondrait à l'autre? Qui le ferait? Pour recommencer encore? Se reparler. Je ne comprends pas la requête. J'espère qu'elle n'est pas sérieuse.. Putain, je crois que si. Pourtant, incapable d'agir pour la mettre en oeuvre. J'ai activé la protection de mon être, comme un gilet pare-toi ; c'est encore trop t'accorder de privilège que de me comporter ainsi. Allez Alfy! Que je me dis, prenant une bonne inspiration avant de marcher pour me tenir face à toi. La main qui s'avance, les lèvres qui s'étirent non sans difficulté. "Bonjour Jolene." Je ne vais pas confesser que je suis ravi, parce que ce ne serait pas vrai. Et moi, mentir, ça ne fait pas parti de mes valeurs. Mais en revanche, je suis un vrai gentil. Et si t'avoir dans mon champ de vision me ramène a la peine du passé, mon organe lui, ne ressent aucune rancoeur. "Comment tu vas?" Aucune question n'est posée si la réponse n'est pas sincèrement attendue. Dis moi que tu me connais encore malgré le temps qui a filé.