Il est passé vingt-trois heures. La représentation de ce soir était particulièrement éprouvante pour Clare qui a de plus en plus de mal à gérer sa situation personnelle en plus de la fatigue physique et mentale qu’impliquent sa situation. Elle sent d’ailleurs que ses problèmes se mettent à affecter sa voix qui l’a entre autres obligée à prendre quelques jours de congé à cause d’une extinction soudaine, un souci jamais rencontré jusqu’alors. Ce matin, elle a proposé à son amie et collègue Constance de l’accompagner au diner – une autre mauvaise habitude qu’il ne faudrait normalement pas prendre – après la représentation, et puisqu’elle a accepté, elles s’y sont rendues ensemble. « Merci d’avoir accepté de manger avec moi… surtout si tard. » Clare s’installe sur la banquette du diner et dépose sur la table un petit cabas rempli de petites attentions qu’elle a emmenées avec elle ce matin, en prévision. « J’ai fait ça pour toi. » Elle a pris le temps. Du temps qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus tout du moins depuis le lancement des Mis et ses huit représentations à la semaine. Entre celle du matin et celle du soir, sur son jour de congé qu’elle consacre à sa chaîne youtube lorsqu’elle en trouve encore le temps. Clare a dépoussiéré sa machine à coudre qui trônait tristement, inutilisée depuis des semaines, au milieu de sa chambre et s’est un peu dérouillée. Elle a confectionné quelques petites choses, une trousse, deux foulards, des cotons démaquillants et leur pochette, tout un tas de petites attentions qu’elle a emmenées avec elle aujourd’hui. « Je sais que tu peux faire mille fois mieux que l’amatrice que je suis mais en les faisant pour m'entraîner je me suis dit que je te les offrirais. Pour te remercier d’être la seule personne avec qui j’ai le droit de discuter de combien chanter la sérénade à Damian deux fois par jour me révulse. » La blonde mime une grimace de dégoût. « Tu l’aurais vu sur scène tout à l’heure, avec son petit sourire, ew. » Mais d’un geste de la main elle chasse cette pensée et hausse les épaules. « Anyways, screw Damian, il réussit encore à me suivre en dehors du théâtre. Comment tu vas, toi ? On n'a pas vraiment l'occasion de parler au travail. »