Este a donné rendez-vous à Oscar dans un petit musée qu'il affectionne tout particulièrement. En ex étudiant en art, il a toujours affectionné ce genre d'endroit. Se balader de longues heures dans les musées lui permet souvent de se retrouver, d'expier le stress des longues journées de cours. Sa semaine n'a pas été particulièrement bonne et passer du temps avec quelqu'un de complètement extérieur à tout ça lui fait du bien. Ils ont l'air d'un duo un peu étrange à marcher tous les deux dans les allées de la galerie. On les prend sans doute pour un père accompagné de son fils, même s'ils ne partagent pas grand chose à l'exceptions des bouclettes. Un œil plus avisé pourrait y voir autre chose et s'en trouver gêné.

- Je dessine un peu moi aussi, rien d'exceptionnel, mais je me débrouille.

Este a toujours été attiré par l'art, ce qui explique sûrement son choix d'études initial, même si étudier les Sciences Politiques lui aurait probablement simplifié la vie pour faire une école de droit ensuite.

- Tu as un passe-temps en dehors du travail ?

Le regard du brun s'arrête sur une peinture qu'il étudie avec attention. Il est passé devant celle-ci une bonne dizaine de fois et pourtant, elle attire toujours son regard. Il s'approche un peu, entrainant Oscar par le bras avec bonne humeur.

- C'est celle que je préfère, les couleurs sont magnifiques. J'ai déjà essayé d'avoir un bleu pareil, mais je n'ai jamais réussi.

Oscar n'a pas pour habitude de se promener dans les musées. La culture est un luxe réservé aux gens qui ont les moyens, et tel n'est pas son cas. Il lui est arrivé, de temps en temps, d'accompagner Irene, d'aller voir des expositions gratuites ou de réussir à se faire inviter au théâtre, mais à l'exception de ces événements rares de sa vie, il ne fréquente que peu les musées. Alors il s'est trouvé un peu embarrassé quand Esteban lui a proposé de le rejoindre ici, parce qu'il a peur de passer pour un con. Il ne se fait pas d'illusion sur l'étendue de sa culture, il n'est pas prétentieux, et voit plutôt la réalité en face.

- Oh, vraiment ? Tu dessines quoi ?

Il se laisse entraîner jusqu'à une peinture que le jeune homme affectionne et détaille pendant de longues secondes. C'est vrai que c'est beau. Il n'a aucune idée de l'artiste, ni même du mouvement, de l'époque ou de quoi que ce soit d'autre du genre, mais il doit bien reconnaître que c'est beau.

- Tu fais plus que dessiner alors, si tu fais des recherches de couleurs, nan ?

Il penche la tête curieusement et lui offre un sourire.

- Moi j'aimais le théâtre.

Il soupire un peu, et cache l'émotion étrange qu'il ressent chaque fois qu'il parle de ça. Il n'ose même pas s'exprimer au présent - les échecs successifs ont laissé sur sa passion un goût amer et un peu désolant.

Esteban aime le calme des musées et on peut aisément lire dans ses yeux toute l’admiration qu’il a pour les artistes exposés. L’histoire de l’art lui manque parfois d'ailleurs, même s’il est certain de sa décision concernant le droit qui semble un choix alors facilement insolite pour un gamin comme lui qui a toujours montré un intérêt pour des discipline plus artistiques. Pour autant, il n’a pas amené Oscar ici pour l’ennuyer avec ses artistes préférés ou même ses projets d'avenir. A l'inverse, il est surtout là pour passer du temps avec lui dans une atmosphère tranquille, où il espère partager un peu de son univers même s’ils n’ont pas le même. Aussi, il ne remarque pas la gêne d'Oscar, le décalage qui devrait le frapper, ce même décalage qui aura raison de leur semblant d'histoire un jour ou l'autre.

Quand Oscar le questionne, Esteban hausse les épaules avec un air rieur. Il dessine beaucoup en réalité, peint quand il est satisfait des esquisse. Il a déjà offert un tableau à ses parents. Rien d'exceptionnel encore une fois, mais l'activité le détend.

- Plein de trucs, ce qui me vient par la tête, des animaux surtout, j'ai encore beaucoup de mal avec les visages, même si je m’entraîne. Et oui du coup je peins un peu. Mais encore une fois rien d'exceptionnel.

Este s'empare de son bras et trottine avec lui en direction d'une nouvelle peinture quand Oscar aborde le sujet du théâtre. Le brun fronce les sourcil en l'entendant parler au passé.

- Tu n'aimes plus le théâtre ?

Question innocente toujours, Este est assez doué pour ça.

Oscar se prend au jeu et se laisse entraîner entre les peintures. Toute occasion d'apprendre est bonne à prendre, parce que même si sa vie ne l'a pas toujours mené à des connaissances culturelles particulièrement élaborées, on ne peut pas dire de lui qu'il est désintéressé du monde qui l'entoure, au contraire. Il apprécie de savoir des choses, d'en apprendre à chaque instant. Il voit cette visite comme une joyeuse perspective d'amélioration de lui-même, même s'il a peur d'être ridicule auprès d'Esteban, ce jeune homme à peine majeur qui a déjà l'air d'en savoir beaucoup plus que lui sur beaucoup de choses. Il acquiesce quand le brun lui raconte ce qu'il dessine - ou peint - et lui offre un sourire.

- J'aimerai bien voir.

S'il est d'accord, évidemment, il n'impose rien - jamais. Il n'est pas contraignant, Oscar, sa personnalité est plutôt arrangeante, et il n'a jamais eu pour habitude de bousculer les autres, ni de s'imposer dans leur intimité. Alors qu'ils changent de pièce pour aller observer une autre peinture, cela dit, Esteban lui met un pied en plein dans son intimité - sans le savoir, cela dit, et Oscar ne peut pas vraiment lui en vouloir. S'il avait voulu esquiver le sujet, il aurait répondu qu'il avait pour passion le chant des oiseaux et la conversation serait passée à autre chose.

- Si, j'aime beaucoup le théâtre. Mais le théâtre, en revanche, ne m'aime pas.

Il s'offre un rire léger qui cache en réalité une blessure toujours douloureuse et hausse une épaule.

- Mais je fais plein d'autres choses. Il parait que je cuisine bien.

Quand Oscar lui annonce qu'il aimerait bien voir, le sourire d'Este s'agrandit et il sort son téléphone de sa poche. Le barman a de la chance, il a quelques photos de ses créations sur instagram. Habitué de l'application, Este fait dérouler les photos de lui à moitié habillé où il joue les artistes torturés pour déboucher sur quelques peintures et dessins qu'il a postés il y a quelques semaines de cela. Le gamin se débrouille, du moins c'est ce que disent ses très nombreux followers, même si ce ne sont pas ses photos les plus commentées. Este dépose son téléphone entre les mains d'Oscar pour qu'il puisse mieux regarder. Il a l'habitude avec ses parents. Il faut leur laisser choisir la distance à laquelle regarder les photos.

- Tu aimes ?

Besoin de reconnaissance ? Sans doute un petit peu. Le brun récupère son téléphone et revient bien évidemment sur le sujet du théâtre qui soulève tout un tas de questions qu'il aimerait poser à Oscar. L'homme est bien mystérieux et Este se laisser soudainement dévorer par la curiosité.

- Le théâtre aime tout le monde puisqu'il aime les gens, ce sont eux qui lui donnent vie. Pourquoi tu dis ça ?

Este est pour sa part très expérimental en cuisine, et ce n'est pas forcément pour obtenir un résultat très glorieux. Il adore ça cela dit. Autrefois, il cuisinait beaucoup avec son père Alejandro. Depuis que leurs relations se sont détériorées, il le fait bien moins souvent. Pour le bien de l'humanité sans doute.

- La cuisine c'est bien aussi. Je ne suis pas très doué cela dit.

Esteban n'est pas un jeune homme pudique. Il n'est pas non plus du genre à se faire prier - et c'est une chose qui plait relativement à Oscar. Voilà qu'il se retrouve donc avec le téléphone du brun entre les mains, à regarder les photographies de ses oeuvres d'un oeil appréciateur - et un peu admiratif. Il a du mal à comprendre comment certaines personnes peuvent être dotées d'autant d'atouts à la fois. Esteban est intelligent, cultivé, bien élevé, poursuit des études et est paré d'un talent certain pour la peinture - et il en passe.

- Oui, c'est très beau. Tu es bien plus doué que ce que tu dis.

Il lui rend son téléphone portable, qui a eu le temps de vibrer une bonnes dizaines de fois entre ses mains, et poursuit sa visite aux côtés du brun. Les oeuvres exposées ici sont belles, et elles ont l'avantage indéniable de ne pas être complexes aux yeux d'Oscar. Il ne s'agit pas de peintures sombres d'une époque historique lointaine qui lui échappe un peu, plutôt de belles couleurs tendres qui lui évoquent des souvenirs, des impressions. L'horizon s'obscurcit néanmoins légèrement quand le sujet revient au théâtre - Oscar se doute bien qu'il va devoir fournir des explications, maintenant.

- Je voulais vraiment être comédien, il explique en haussant une épaule. Le théâtre, c'était toute ma vie quand j'étais plus jeune, alors j'ai essayé. Plusieurs fois, pendant plusieurs années, des dizaines et des dizaines de casting - mais je n'étais surement pas assez bon, ça n'a jamais fonctionné. J'ai fini par jeter l'éponge en me promettant que j'arrêterai de me mentir en maintenant l'illusion que j'aurais la moindre capacité à faire quoi que ce soit de correct.

Il rit un peu, et puis soupire, parce qu'au fond, ce n'est pas si drôle. C'est même plutôt triste.

- Je suis meilleur barman. Et j'excelle dans l'art de concocter des omelettes.

Este secoue la tête, Oscar dit n'importe quoi. Ce n'est pas vilain, mais ce n'est pas non plus du grand art. Il se débrouille pas mal, il ne va pas jouer les faux modestes, mais il y a des tas de gens qui font beaucoup mieux que lui. Esteban a surtout eu la chance d'avoir des cours de dessin payés par son père, et d'avoir pris plaisir à s'entraîner tout seul toutes ces années. Ses passions ont toujours été encouragées, voilà pourquoi il est capable de peindre un peu. Pour lui ce n'est pas vraiment du talent, juste un peu de chance et une envie de créer.

- Pas autant que les gens sur les murs. C'est pour me détendre surtout.

Souvent agité par une foule de sentiments, la peinture lui avait alors offert une distraction calme et relaxante. Passe-temps surtout, Esteban n'a pas la prétention d'habiller ces murs un jour. Ce qu'il souhaite, c'est devenir avocat, comme Nathan. S'il peut offrir quelques peintures à ses proches pour leur faire plaisir, c'est déjà bien suffisant. L'histoire d'Oscar le touche cependant, et il lui prête une attention indéfectible.

- On ne peut pas toujours gagner sa vie avec sa passion, mais je ne pense pas que ce soit une raison pour faire une croix dessus. Si tu aimes le théâtre, tu pourrais en faire à côté. J'aime peindre et ce n'est pas pour autant que j'aurais le talent pour en vivre. C'est agréable de le faire cela dit. Tu n'as jamais rejoint une troupe ou eu envie de le faire ?

Les yeux d'Esteban se posent dans ceux d'Oscar, il a pour habitude de prendre les histoires des autres très à cœur. Pour lui, ce serait dommage de se priver du théâtre si c'est effectivement quelque chose qu'il aime faire. S'il s'est fait une raison et qu'il est satisfait de son travail actuel, alors cela ne pourrait que lui changer les idées de le faire pour le loisir. Pour Este, c'est au moins une idée à considérer. Une idée peut-être simplette, mais à étudier.

- Les gens qui sont sur les murs sont des peintres professionnels, toi tu veux devenir avocat. Donc être aussi bons qu'eux, ça n'est pas ton objectif, si ? C'est très beau pour quelque chose que tu fais par passion, il explique dans un sourire.

Lui, c'était différent, il n'avait la vocation de rien d'autre que de jouer la comédie sur les planches d'une scène de théâtre. A une époque, il vivait pour ça ; pour ça et pour faire plaisir à Irene. Il n'a rapidement plus eu tellement de contacts avec ses parents, n'a jamais été du genre à avoir trop d'amis - en tout cas, de gens assez proches de lui pour le connaître véritablement - mais le théâtre emplissait ses journées parce qu'il y pensait sans arrêt. Une fois cette vocation là anéantie, il ne lui est pas resté grand chose.

- Si j'ai fait une croix dessus, c'est parce que c'était douloureux d'y retourner en songeant que je n'étais pas bon, ce que tout le monde a été assez d'accord pour me dire, il ajoute dans un soupir. Donc non, je n'ai jamais songé à rejoindre une troupe.

C'est vrai qu'il n'y a jamais pensé. Dans son esprit, le théâtre serait sa vie ou ne serait rien - maintenant qu'il n'est rien, il est plus simple d'imaginer en faire un peu de temps en temps, même si l'idée l'effraie.

- Tu veux manger un morceau après l'expo ?

Il ne sait pas vraiment à quelle espèce de jeu dangereux il est en train de jouer avec Esteban Gardner - son sourire et ses boucles brunes ne le laissent pas indifférent, et son âge ne l'impression visiblement pas assez pour qu'il renonce à le fréquenter.

Esteban lui offre un sourire enthousiaste. Il ne fait pas cela pour se retrouver sur les murs, même s'il se surprend à en rêver parfois. Pour lui c'est quelque chose de plus naturel que le droit et pourtant, Esteban sait au fond de lui qu'il ne changera pas d'avis. Il y a des domaines dans lesquels on peut être doué sans avoir envie d'en vivre. L'art fait du bien à Este, et il ne pourrait pas vraiment tourner cela en activité lucrative. Cela ruinerait sa vision probablement manichéenne de la chose. Este veut surtout sauver le monde de l'injustice, comme son père, et il y a peu de risques pour que cela change.

- Merci pour le compliment.

Il embrasse alors sa joue avec affection, sans doute plus tactile qu'Oscar ne se le serait imaginé. Lorsque la conversation revient sur le théâtre, le jeune Gardner secoue la tête, loin d'être convaincu par l'idée qu'on puisse tout simplement dire à quelqu'un qu'il n'est pas bon et ruiner ainsi tous ses rêves dans un claquement de doigt.

- Peut-être que tu n'a pas eu le déclic à l'époque, cela ne veut pas dire que tu ne pourrais pas l'avoir maintenant. Rejoindre une troupe et le faire pour le plaisir, comme tu le faisais sans doute avant de vouloir en faire ton métier pourrait te faire du bien, reconnecter avec ta passion ?

Qui est t-il pour donenr des conseils après tout ? Este ne peut pas s'empêcher de sortir son téléphone et de taper quelques mots clés qui le mènent rapidement sur le site internet d'une petite troupe de théâtre.

- Regarde, ça à l'air cool, je pourrais venir avec toi si tu veux ! C'est le mardi soir.

Le droit l'occupera sans doute bien plus qu'il ne le pense d'ici quelques semaine, mais l'idée le séduit rien que d'en parler. Este veut toujours faire un million de choses. Son organisation désastreuse le rappelle bien souvent à l'ordre, mais s'enthousiasmer semble faire partie de son ADN. Alors il met son portable dans la main d'Oscar avant de se rappeler qu'il n'a pas répondu à sa question.

- Oui si tu veux !

La jeunesse enjouée d'Esteban est assez plaisante à voir, objectivement. A peine ont-ils parlé de théâtre que déjà, le jeune homme pianote sur son téléphone portable à la recherche d'un endroit où Oscar pourrait pratiquer son art.

- C'est possible, oui, que ça me reconnecte avec ma passion.

Il reprend la phrase en s'autorisant un sourire léger, parce que c'est façon poétique de converser le fait sourire malgré lui ; pas d'une manière moqueuse, plutôt assez tendrement. Oscar s'approche de l'écran et fait mine de parvenir à lire toutes les minuscules lettres qui s'étalent devant lui - ce qui n'est absolument pas le cas, mais il ne va très certainement pas sortir les lunettes qui sont planquées dans la poche intérieure de sa veste, il n'en n'est pas question.

- Oui. Je peux toujours essayer.

Il se laisse convaincre aussi aisément que s'il ne s'agissait que d'aller boire un verre dans un bar. C'est une de ses qualités, aussi, d'être facile à convaincre, de s'emballer rapidement pour des choses simples.

- C'est noté pour le mardi. Qu'est-ce que tu veux manger ?

Sans y prendre gare, sans faire attention, par réflexe et afflux de tendresse sans doute, Oscar s'empare de la main d'Este comme il réfléchit à ce que lui même a envie de se mettre sous la dent.

Este est un idéaliste, s'emballe lui aussi assez facilement pour des petites choses. Sa spontanéité est presque inébranlable, même s'il  a été élevé par deux hommes complètement différents de lui. Alors il suggère des solutions à Oscar avec un enthousiasme qui éclaire ses traits à mesure qu'il parle et énonce les options qui pourraient s'adapter le mieux aux mode de vie d'Oscar. Loin de remarquer que les yeux de son compagnon ne sont pas aussi performant que les siens, il range vite son téléphone et ajoute avec entrain.

- Je t'enverrai tous les détails demain !

Puis il passe du coq à l'âne comme il en a l'habitude, serrant doucement la main d'Oscar dans la sienne, appréciant cette petite marque d'affection qui lui donne la sensation d'exister pleinement pour quelqu'un. Ce n'est pas quelque chose dont Livio est capable par exemple, et cela rassure Este sur le fait qu'il ne sont absolument pas sur la même longueur d'onde.

- Sushi ? On peut même aller chez moi si tu veux. Bon c'est un peu le bordel, mais si tu me laisse cinq minutes pour débarrasser ça devrait pas être si terrible que ça.

Ca fait bien longtemps que personne ne s'est autant intéressé à la vie d'Oscar, cela dit, et c'est sans doute ça qui fait du bien, plus que le reste. Il a plutôt l'habitude d'être solitaire, s'ouvre à Irene qui est comme sa soeur, à Jan parfois, quand il est dans le coin. Mais la plupart du temps, il gère ses émotions tout seul ; sa vie, aussi. Ses choix. Les choses lui vont comme ça, en réalité, même s'il lui est arrivé, occasionnellement, de se sentir trop seul pour la tâche. En ce moment, il aurait plutôt tendance à manquer un peu de solitude, au contraire. Habiter le canapé d'Irene est agréable mais ne lui permet pas de s'isoler quand il en a besoin.

- D'accord, merci.

Il offre un sourire, et, la main d'Este dans la sienne, se dirige vers la fin puis la sortie de l'exposition.

- Va pour des sushis chez toi. Je peux aller les acheter et te rejoindre, si tu veux avoir un peu de temps avant que j'arrive ?

Nouveau sourire - la vie royale qu'il s'offre en côtoyant Esteban lui coûte cher, cela dit, et il ressent une légère pointe de culpabilité en y songeant. Ce n'est pas comme ça qu'il va pouvoir déménager.

A la réflexion, Esteban ferait sans doute mieux de ranger son appartement. Vu la réaction de son père face à celui-ci, il risquerait peut-être de faire fuir Oscar, ce qui ne serait pas du tout dans ses plans. Pas qu'il soit un as du nettoyage, mais Esteban peut au moins maintenir l'illusion en passant un coup d'aspirateur et en ramassant ce qui traîne. En faisant la vaisselle aussi, potentiellement. La pile n'est pas énorme, mais ça ne fait pas sérieux. Lui est un jeune adulte, Oscar un homme qui fait probablement sa vaisselle consciencieusement.

- Okay, je vais ranger un peu avant que t'arrives alors ! Je t'envoie mon adresse par texto.

Il embrasse sa joue et après un dernier tour dans l'exposition, Este prend le chemin du métro pour arriver le plus vite chez lui et prendre en charge la situation alarmante qui l'attend à la maison. Il n'a vraiment pas envie de passer pour un gamin qui ne sait pas entretenir son appart, même si franchement il a vraiment tout d'un gamin qui ne sait pas entretenir son appart en réalité.