La vie qui se redécouvre,
le bonheur au rendez-vous,
ou, juste, l’amour.

L’amour avec lui. Si naturel, si instinctif. Si beau, si facile. Elle a l’impression que c’est une évidence, évidence pour laquelle elle a pourtant eu besoin de temps. Effrayée à l’idée de se lancer avec Hassan, la femme d’affaires s’est prétextée qu’elle n’avait pas l’occasion, pas l’envie pour une telle relation. Elle s’est persuadée qu’elle préférait une liaison sans avenir… alors qu’elle ne se voyait pas du tout, sans lui. Tant besoin d’être avec lui. Tant envie d’être avec lui. Les journées sont plus légères qu’elles ne l’ont jamais été, car elle sait que le soir, elle va le retrouver. Et ses soirées, elles sont plus merveilleuses que jamais. Peu à peu, ils prennent leurs marques. Il n’y a pas tant de choses qui ont changé véritablement dans leur relation ; si ce n’est que maintenant, ils ne mentent plus quand ils affirment être ensemble.

Mais la complicité est la même,
comme la tendresse,
comme tout ce qui rend Hassan si précieux pour elle,

non, rien n’a tant changé depuis qu’ils se sont dit je t’aime.

Juste, maintenant, leurs moments ensemble prennent une autre dimension. Ils ont un goût d’éternité ; un désir de reviens-y déjà bien ancré, auquel s’est ajouté le besoin d’être perpétuellement à ses côtés. Même quand ils sont en train de travailler, lui qui doit étudier, elle sur un nouveau projet ; ils ne se quittent jamais. Et, ce soir encore, ils passent la soirée ensemble. Soirée particulière, la dernière, avant le mois du jeune qui les attend. Le Ramadan. Jade, elle ne l’a jamais fait un mois entier. Elle s’est essayée à jeûner, une habitude qui il faut l’avouer, ne l’a pas tant changée. Mais elle n’a jamais pris ce rythme de vie, pas même en solidarité avec celle qui lui a donné la vie. C’est différent avec lui. Hassan, elle désire le soutenir, et même faire plus qu’être là pour lui. Elle a envie de vivre les mêmes instants que lui, avec lui, pour eux, pour lui. Sortie d’une douche rafraîchissante après une journée intense au travail, elle est en train de refaire son maquillage, quand elle entend toquer à la porte de son loft. Elle se dépêche de finir sa touche de mascara, puis rejoint rapidement l’entrée pour ouvrir au jeune homme. – Bonsoir toi.

le sourire qui ne ment pas sur ses lèvres,
heureuse de retrouver enfin celui qu’elle aime.

Pourtant, ils se sont vus la veille seulement, mais en ce moment, elle a toujours besoin de se retrouver en sa présence, besoin de sentir qu’ils sont ensemble. Peut-être que c’est normal, après tant de mois à fuir la réalité de ses sentiments. Peut-être aussi que c’est ce dont elle a besoin pour ne pas se laisser à nouveau gagner par la peur, pour être sûre qu’ils ont pris la bonne décision. Princesse approche de lui, pour s’emparer déjà de ses lippes. – Tu m’as manqué. qu’elle lui avoue, sans tabou, sans gêne aucune. Comme si, elle s’autorisait, à se laisser aller ; comme si, elle s’autorisait, à enfin l’aimer. Elle finit par se reculer pour le laisser passer, surtout en réalisant qu’il a les bras chargés. – Wow, tu fais les choses en grand à ce que je vois. qu’elle laisse échapper, amusée, tout en fermant la porte derrière l’être aimé.

(c) calaveras.

C’est étonnant,
comme tout lui vient facilement,
comme elle vit naturellement leur relation,
comme elle l’aime, simplement.

C’est étonnant car elle a fui tout ce qui approche d’un couple durant la grande majorité de sa vie. À se persuader elle-même qu’elle ne peut pas se donner complètement à un homme tout en gardant en tête ses ambitions professionnelles. Elle a préféré sa carrière, la belle, quitte à sacrifier l’idée qu’un jour, quelqu’un l’aime. Mais Hassan l’a aimée. Sans conditions, sans contrepartie. Même quand elle ne lui donnait pas davantage que quelques nuits à partager le même lit. Il a pris soin d’elle ; a veillé sur elle. Lui a donné sa tendresse. Une épaule pour l’écouter, une complicité. Plus qu’une relation passionnée. Plus qu’un amant, il était son ami. Il a pris tellement d’importance, peu à peu, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Heureuse qu’il lui ait offert ce temps, ce temps de se faire à leur relation, ce temps pour appréhender ses sentiments, ce temps pour se faire à cet amour à sa façon. Hassan, il a été d’une patience infinie, pour que le meilleur aujourd’hui reste à venir. Désormais, elle ne voit plus son existence sans lui à ses côtés. Ils partagent tout ce qu’ils peuvent partager. Même les traditions familiales et religieuses, elle veut les vivre avec son amoureux. Ce soir, justement, va être une nouvelle étape dans leur relation. Elle sait qu’il veut profiter de la veille du début du ramadan pour lui faire découvrir plusieurs  plats venus tous droit de chez lui ; tout droit de sa famille. La femme d’affaires a hâte d’entrer dans cette partie de sa vie. Moins encore, toutefois, que de le retrouver, lui. Beau sourire sur les lèvres, quand il la rejoint, mais ce sont ses prunelles, qui parlent le mieux pour elle. Il y a cette lueur dans ses iris quand elle le regarde, cet éclat qui devient de plus en plus grand à chaque fois.

Est-ce que c’est possible d’aimer autant,
est-ce que c’est possible un amour qui grandit constamment,
est-ce que ça va s’arrêter un jour,
car chaque fois qu’elle croit atteindre le maximum,
l’amour s’intensifie encore un peu plus.

L’héritière ne perd pas de temps pour l’embrasser, le sourire qui ne l’a pas quittée, alors qu’ils interrompent leur baiser. Elle a envie de profiter de son odeur, de sa chaleur ; de son parfum, de ses bras contre elle. Mais elle se doit de rester sage au moins le temps qu’il pénètre dans les lieux. Attendrie par les mots qu’il lui renvoie, elle a toujours admiré l’aplomb et le naturel avec lesquels Hassan laisse parler son myocarde. C’est agréable pour elle aussi, enfin, de lâcher prise. Pouvoir se laisser aller, sans crainte de ce qui pourrait se passer. Elle n’a plus peur de trop s’y attacher, trop l’aimer. C’est tout le contraire en vérité, Jade, elle a besoin de sentir qu’il n’est jamais trop éloigné, toujours à ses côtés. C’est la première fois de sa vie que ça lui arrive ; la première fois, et c’est grâce à lui. C’est aussi ce qu’elle aime tant chez Hassan. Il lui donne la sensation d’être la plus belle version d’elle-même ; qu’avec lui, tout est possible. Qu’avec lui, elle peut enfin être qui elle n’a jamais osé devenir. Ensemble, ils se dirigent jusqu’à la cuisine, où le jeune homme peut enfin se délester de tous les sac qu’il a emmenés avec lui. Attentive, elle l’écoute, tout en sortant déjà deux verres pour leur servir à boire. – Je veux bien goûter tout cela mais tu sais que je ne sais absolument pas cuisiner. qu’elle lui rappelle, la voix espiègle. Elle peut bien essayer de jouer les assistantes, ce qui peut être marrant, la chef d’entreprise ayant plus l’habitude de donner des directives, que de les suivre. – Mais je me tiens à ta disposition. Je peux être ta commis pour la soirée. propose-t-elle, sourire ravi sur les lèvres. Joignant le geste à la parole, elle ouvre un tiroir où se trouvent deux tabliers achetés pour l’occasion. Lui et Elle, le cliché ultime. – C’est cadeau.  dit-elle en lui tendant le modèle masculin, juste avant de commencer à enfiler le sien. Légère, avec Hassan, toujours plus insouciante, toujours plus vivante.

(c) calaveras.